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Halloween.


Rappel des couleurs des dialogues.

L'Équipage des Ombres du Chaos.
NAKAJIMA D. Aoi, Capitaine. Darkred.
MÉRIA D. Valentina, Seconde. Darkmagenta.
MÉRIA D. Marianne, la "Peste". Deeppink.


L'Équipage Mort-Vivants.
Irène MOREAU, la "Sombre Neige", Capitaine et Docteur. Saddlebrown.
Aurore DUFRESNE, la "Sombre Endormie", Seconde. Sienna.
Judith ROSE, la "Sombre Belle", Tireuse d'Élite. Chocolate.
Aniès LOISELLE, la "Sombre Cendre", Musicienne. Coral.
Shahrazad NINTU, la "Sombre Sarah", Dompteuse. Lightcoral.


La Famille Van Beckham.
Alexander VAN BECKHAM, le grand-père, le père de William, d'Adolf et d'Anne. Darkgreen.
William VAN BECKHAM, le père. Darkolivegreen.
Marie-Ange, Elisabeth VAN BECKHAM, la mère. Olive.
Vladimir Alexander Heinrich VAN BECKHAM, le fils aîné. Olivedrab.
Dimitri VAN BECKHAM, le fils cadet. Green.
Edmund VAN BECKHAM, le fils benjamin. Forestgreen.
Elisabeth, Victoria VAN BECKHAM, la fille aînée. Limegreen.
Hélène VAN BECKHAM, la fille cadette. Mediumseagreen.

Adolf VAN BECKHAM, l'oncle, le frère aîné de William et d'Anne. Seagreen.
Anne HOWARD, la tante, la sœur cadette de William et d'Adolf. Lightseagreen.
Alexander VAN BECKHAM, le fils aîné de l'oncle, neveu de William. Darkcyan.
Charles Karl VAN BECKHAM, le fils cadet de l'oncle, neveu de William. Royalblue.

John FEAR, Chef des gardes. Darkslategray.


Les Habitants de Sirup.
Jack FEAR. Black.


Les Marines.
Lieutenant Léopold ŠVEJK. Darkblue.


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 8:06, édité 56 fois
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Du côté de la Famille Van Beckham.
Le village de Sirup compte actuellement quelques milliers d'habitants. Il fut fondé en 1499 par un riche marchand. Depuis, ça n'a pas vraiment bougé. On y trouve beaucoup d'habitations de braves cultivateurs et d'éleveurs et quelques manoirs, le tout, dispersé un peu partout sur l'île. Et la riche propriété des Van Beckham est un élément important dans l'histoire, car il fait l'objet de convoitise. Mise à part ces rares domaines luxueuses, il y a aussi un petit port avec deux ou trois tavernes. Le reste de l'île est constitué de champs et de forêts. Bref, un petit village perdu et sans histoires.

La seule particularité notable de Sirup est d'abriter une très grosse fortune. On dit qu'il a des millions et des millions de Berrys à se faire. L'argent colossal descend directement de mademoiselle Kaya dont on peut apercevoir le grand manoir central de très loin. D'ailleurs, cette fortune attise l'avidité de nombreux pirates...

On dit que la richesse amène la richesse. C'est sûrement vrai. En tout cas, le manoir de la famille Kaya a fait des petits. Et trouvant le coin sympa, plusieurs nobles de Goa se sont achetés des bouts de terrain ici pour en faire des lieux de vacances à la campagne. Et ils y ont bâtis leurs propres manoirs au milieu de la campagne. Le coin pourrait paraître très attractif pour des voleurs, mais ce n'est pas vraiment le cas. Les manoirs sont vides la plupart du temps. Par conséquent, ils sont assez faiblement pourvus en objets de valeur. De plus, des vigiles de permanence sont souvent là et un poil tatillons et musclés. Ils ne cessent pas de surveiller ces maisons en l'absence de propriétaire. Et la densité de la population locale fait qu'on repère très vite les touristes qui rodent, sauf dans un cas précis. Il suffit d'avoir un plan pour contrer cela: comment reconnaître un homme étranger quand son voisin à la même manière d'agir et de s'habiller?

Bien sûr, quand les manoirs sont occupés, l'affaire est évidemment bien plus rentable et en vaut bien plus la chandelle, mais le risque est aussi nettement plus élevé. Sauf encore une fois, si on établit un plan avant, tout devient plus facile et intéressant. L'autre côté avantageux pour des pirates, c'est qu'il n'y a pas de garnison de Marine à Sirup. D'abord, parce qu'il n'y a pas grand monde la plupart du temps, et ensuite, parce qu'il est difficile de profiter de ses vacances quand il y a des uniformes partout. Et la famille présente en ce moment est bien de cet avis.

Les Van Beckham sont issus de la noblesse de Goa. Pour cette soirée, ils se réunissent exceptionnellement sur l'île de Sirup afin de passer de merveilleuses vacances en famille. Le père, William Van Beckham est un homme très riche et influant. Il entretient de bonnes relations avec d'autres familles nobles qui habitent le même royaume, notamment, mais aussi sur North et South Blues. William est un homme d'affaire bon et efficace dans son domaine. Très soucieux du travail, il s'occupe rarement de sa femme et de ses enfants. Même en vacance ou en Week End, il a tendance à finir ce qu'il a commencé la semaine. Toutefois, il compte bien passer du temps avec ses proches cette fois-ci. Du moins, c'est l'effort qu'il a promis. Et avec lui, rien n'est moins sûr. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de son père, Alexander. Ce dernier va célébrer ses 80 ans dans une belle ambiance tranquille. Un grand festin est préparé dans la joie. La fête n'est pas vraiment officielle dans le sens où juste les membres les plus proches sont cordialement invités.

Arrivant avec la quarantaine de gardes et la vingtaine de domestiques, la famille est accueillie par la dizaine de sentinelles qui gardaient le manoir pendant leur absence. Un autre groupe de cinq femmes ont également accompagné les Van Beckham. Ces dernières sont chargées de la protection rapprochée. Employées comme des mercenaires, elles sont beaucoup plus libres et autonomes que de simples ouvriers à la solde des nobles. En échange de leur travail, elles reçoivent de l'argent. Et à l'heure actuelle, elles ont déjà la confiance de leur employé depuis un bon mois déjà. Ainsi, les nobles sont venus en villégiature avec une escorte conséquente. Maintenant, qui peut espérer en tirer profil?

Le château des Van Beckham déborde déjà d'activées en tous genres. Et ils viennent seulement d'arriver. C'est la fin de l'après-midi. Les enfants s'installent dans leur chambre et se chahutent pour savoir qui prendra quel dortoir ou qui couchera dans quel lit. Quant aux parents, ils s'entretiennent dans le grand salon et laissent le soin à leurs majordomes de ranger leurs affaires et aux bonnes de faire le repas de fête. Il est l'heure de préparer l'anniversaire. Alexander arrive ce soir autour de 21h. Des domestiques s'activent pour décorer le séjour et d'autres pièces de la maison. Malgré le bruit constant de chaque chambre, un cri vient rompre l'ambiance pourtant bien animée. C'est la voix d'Elisabeth, la fille aînée. Cette dernière ne peut pas s'empêcher d'aller se plaindre auprès de sa maternelle.

Mère. Je ne retrouve plus ma parure fétiche. Vous savez, celle que vous m'avez offerte à mon 16ème anniversaire. Je l'avais déposé sur mon présentoir pendant que je cherchais une tenue à me mettre, mais elle a disparu lorsque j'eus le dos tourné. Je suis sûre que c'est Hélène qui me l'a volé. Si je ne le retrouve pas, je ne vais pas pouvoir me changer. Et papy sera furieux si je ne suis pas présentable le jour de son anniversaire...

Les adultes la dévisagent. Ce n'est pas le moment de faire une crise de nerfs, surtout aujourd'hui. Que pensera son grand-père si ses petits-enfants lui gâchent le jour de son anniversaire? La mère d'Elisabeth lui explique alors calmement qu'elle a peut-être fait tomber sans le savoir et qu'il est inutile d'en faire un sang d'encre. L'oncle de l'adolescente, Adolf, frère aîné de William, reste quant à lui, outré de voir une telle réaction. Il n'aurait pas permis un comportement pareil à ses enfants. Ses deux garçons sont "mieux éduqués" selon lui. De nature plus sévère, il aurait corrigé sa nièce si cela ne tenait qu'à lui. Il n'apprécie pas qu'on vienne déranger des personnages d'âge mûr en plein milieu de leur affaire, particulièrement quand c'est une mineure. Il faut dire que les préparatifs semblent rendre chaque personne nerveuse. Une fois Elisabeth repartie dans sa chambre un peu ronchonne, Adolf reprend la conversation avec sa sœur Anne et sa belle-sœur. Le sujet tourne autour de son frère qui n'est pas venu.

Frédéric a préféré ne pas venir, car il a malheureusement trop de travail à son grand regret.
Il aurait pu venir quand même et faire comme mon mari. C'est l'anniversaire de son père, tout de même!
Et toi, Anne, pourquoi ton mari n'a pas voulu venir?
Il aurait bien voulu venir et avec joie, mais il est à l'étranger depuis le mois dernier. Il me manque.

William est dans son bureau. Il est trop occupé à finir son travail. Son épouse quitte la conversation pour diriger les esclaves dans leur boulot. Si personne ne vient pour les corriger, ils font n'importe quoi. À croire qu'ils n'ont jamais compris comment on accroche des guirlandes...

De retour dans sa chambre, Elisabeth tombe enfin nez à nez avec sa sœur. Et elle ne se gêne pas pour lui demander des comptes.

Ah te voilà, toi. Rends-moi ma parure ou je m'arrange pour te faire les boulots les plus ingrats que font nos esclaves.

Ne comprenant pas ce qu'il se passe, Hélène est complètement surprise de voir sa grande-sœur la désigner responsable de son malheur. D'habitude, elles s'entendent très bien toutes les deux. La petite cherche à ne pas rompre cette bonne entente. N'aimant pas spécialement son frère Edmund, elle le désigne comme étant le fautif de cette histoire, échappant de peu à la colère de son aînée.

Mais ce n'est pas moi. J'ai vu Edmund se vanter en le montrant à ses frères tout à l'heure...
Edmund?! Rah!! J'aurais dû m'en douter... Je suis désolée, petite sœur.

Sans réfléchir une minute de plus, Elisabeth accélère le pas en direction de la chambre de ses frère en laissant Hélène de côté. Elle la croit instantanément à cause de son obsession par son bijou.


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 5:56, édité 22 fois
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Du côté de l'Équipage des Ombres du Chaos.
Sirup est un excellent endroit pour opérer un grand coup tranquillement à condition d'avoir tous les éléments réunis. Je sais que la famille Van Beckham fête l'anniversaire du grand-père ce soir même. Le simple fait d'être venue dans ce coin reculé permet d'obtenir un très riche butin, mais j'imagine que les cadeaux qui seront offerts au vieux valent autant. Ce sera une surprise. Je ne me suis pas renseignée sur ce genre d'information. Je préfère dégoter des renseignements plus utiles comme savoir le nombre exact de personnes qui sont présents et comment est agencé le manoir. Le plus important est bien évidemment ce qui concerne la sécurité des lieux et du personnel. Et je sais la déjouer. Mon plan est un peu long à se mettre en place. Il se prépare en ce moment même. Mes hommes exécutent à la lettre mes ordres.

Une bonne partie de mes nakamas sont éparpillés partout dans le village pendant qu'une petite dizaine sont avec moi en attendant le bon moment pour surgir. Ceux qui sont dans le hameaux sont plus ou moins coordonnés par ma seconde, Valentina. Plus ou moins, car chacun de mes hommes sont en réalité seul. De un, je tiens à éviter qu'on nous reconnaisse comme des touristes, et de deux, je préfère couvrir un maximum d'endroit pour mettre en place les différents pièges. En effet, Sirup n'est pas un village comme les autres. Il est composé de petits groupes d'habitations isolées un peu partout, ce qui peut être à la fois bénéfique et contraignant. Tout dépend comment on peut en tirer un avantage.

Mon équipage doit créer une diversion pour que je puisse prendre d'assaut le manoir où vivent les Van Beckham. La seule famille de nobles en vacance dans le coin à cette date-ci. Comment vider la maison qui possède les seuls hommes capables de me gêner? C'est simple. Il suffit de les envoyer se balader un peu à l'extérieur. Une fois hors des murs, les sentinelles perdront du temps pour voir ce qu'il se passe et tenter d'arrêter le trouble qui nuit la tranquillité des nobles. Ces derniers ne sont pas venu sur l'île pour avoir des problèmes, mais au contraire, être loin de la ville de Goa et des dérangements. Quand la vigie sera dehors, il ne restera qu'une poignée de gardes pour assurer la protection des propriétaires. Et ça va être un jeu d'enfant pour maîtriser la sécurité restante, rafler un maximum de richesses, et accessoirement, prendre en otage deux ou trois personnes utiles. Rien de bien compliqué. Il faut juste être patient et être sûr de son plan. Et il faut toujours vérifier qu'il ne sera pas déjoué.

Le village est en fête également. Les habitants célèbrent ce soir Halloween. Toutes les maisons sont décorées impeccablement. Les enfants sont dans les rues et viennent frapper aux portes pour demander des bonbons. Une guinguette offre aux villageois de quoi faire la fête et distribue des sucreries. Les citrouilles éclairent les maisons et la place. Les toiles d'araignée en laine décorent les coins insolites. Les gens, petits et grands, sont tous déguisés ou maquillés pour se mettre dans l'ambiance. Et parmi la population, mon équipage est également masqué en squelette, en sorcière et en Jack l'éventreur. Pour ma part, je suis vêtue dans la peau de mon personnage sanguinaire. J'ai ajouté quelques modifications à mon maquillage afin de ressembler plus à zombie ou autre créature démoniaque. Il ne faut pas oublier que le monde me connait comme une actrice célèbre. Je ne peux pas salir ma réputation.

Mon équipe attend qu'Alexander Van Beckham arrive chez lui et mange tranquillement son dîner pour donner le feu vert aux autres dans le village. On est juste à côté du château. J'ai déjà pu observer les positions du personnel qui surveillent à l'extérieur. Mes hommes terminent d'ajuster la charrette aux chevaux. On l'utilisera comme voie de sortie et pour charger nos sacs en quantité. L'objectif est de faire le moins de voyages entre ici et le navire, d'où le besoin d'un véhicule pour faire qu'un trajet. La carriole doit être remplie jusqu'à à ras bord pour que nos préparatifs soient rentables. Je n'aime pas perdre du temps à calculer, à me renseigner et m'organiser à l'avance pour rien.

Mon équipe est à côté de la propriété des Van Beckham. On est sur le chemin de terre qui longe le mur qui entoure le terrain du manoir. Le château n'est pas trop reculé et il n'y a pas trop de bois aux alentours. Sur l'autre côté du sentier, il y a un champ de blé. De la végétation borde un peu sa clôture. Et à notre niveau, on a un croisement en T qui va droit au village.

Soudain, une lueur sur la route apparaît au loin. Il se déplace vers nous. On est sans lampe, car on s'éclaire à la lumière de la lune pour ne pas être repéré. Je fais signe à mes nakamas de se cacher dans un buisson. La charrette est délaissée sur place. Aidé d'une lanterne, le passant arrive enfin. Il remarque le véhicule et les chevaux. Il s'adresse alors aux bêtes comme si elles allaient lui répondre.

— Oh, là, là, là. Mes pauvres. Où est votre maître? Il vous a abandonné? Oh, là, là, là. Comment peut-on laisser des créatures seules sans défense? Aller, je vous amène au village, mes enfants. Le maire doit sûrement savoir qui est votre maître.

Hors de question qu'il parte avec eux. Je suis forcée de sortir de ma cachette. Tant pis, j'improvise. Je n'ai pas fait du théâtre pour rien. Je dois être capable de gérer ce genre de choses. Mes hommes restent à leur place. Quant à moi, je sors alors du buisson en hurlant pour lui mettre la frousse de sa vie. L'inconnu sursaute comme un dingue. Il a vraiment eu peur. Comme quoi, il n'y a pas d'âge pour ce genre de conneries. Le bonhomme est déguisé grossièrement. Je ne vois pas sa tête, car il porte une citrouille comme un casque, laissant des trous pour les yeux, le nez et la bouche. Son vêtement est déchiré à quelques endroits et à d'autres, il y a des retouches. Son tissu est brun et sale. Le plus drôle, c'est qu'il a fourré son costume avec de la paille. J'ai donc affaire à un homme-épouvantail. Après avoir retrouvé ses esprits, il remarque que je ne suis pas un monstre féroce. Il me parle alors pour faire plus ample connaissance.

— Oh! Ce n'est pas un loup. Vous m'avez fait foutu les jetons, vous savez?
C'était le but. C'est bien réussi, n'est-ce pas?
— Oui, j'avoue.

Me voyant un peu plus à la lumière de la lune, l'homme aperçoit plus en détail mon visage maquillé. Il voit la finesse du travail. Il constate que c'est même en relief et que j'ai collé deux cornes sur les côtés de mon front.

— C'est marrant, même les adultes jouent le jeu et s’imprègnent l'esprit de la fête.
Tout à fait. Je m'amuse encore. Vous aussi, je présume? Vous êtes également déguisé... en citrouille?

Tout de suite, l'homme commence à débiter sans s'arrêter, comme s'il avait besoin de parler à quelqu'un. Vu la tronche du type, cet homme doit sûrement être célibataire. Un raté. Limite, il me fait une confidence. S'en est presque gênant.

— Ouais. Marrant, non? En fait, je suis en épouvantail. Oh, vous c'est vachement mieux que moi! Super le rendu. On pourrait vraiment croire que vous êtes un zombie. Vous avez payée un professionnel pour vous faire un costume sur-mesure et un maquilleur pour le visage? J'ai fait le mien moi-même. Ce n'est pas très bien, mais au moins, on se sent bien dedans quand c'est soi-même qui fait le déguisement. Vous ne trouvez pas?

Je n'ai pas programmé une heureuse rencontre. Ce gus commence à me saouler. Je suis pressée. J'attends le bon moment pour faire ma mission. Et j'ai besoin de toute ma vigilance pour mener à bien mon opération. Heureusement qu'aucun garde autour du manoir nous entend. Je réponds quand même quelque-chose pour lui faire plaisir et qu'il ne se sente pas seule dans la conversation.

Euh, oui. Sûrement. Je suis désolée, mais je n'aime pas trop les travaux manuels. Vous ne m'en voulez pas? Je fais ça par des professionnels.
— Oh, mais alors vous n'êtes pas du coin? D'où venez-vous?

Pour un crétin, il a l'air d'avoir de la jugeote. Et en plus, je suis tombée sur un pot-de-colle. J'aurais mieux fait de le tuer. Seulement, c'est prendre des risques inutiles en agissant ainsi. Je lui souris.

Du buisson, au niveau du croisement.
— Ah, ah, ah, ah. C'est très drôle. Vraiment, c'est bien les fêtes, car les gens sont plus conviviales et retombent plus facilement dans l'enfance. On oublie nos malheurs et nos petits tracas pour une soirée magique. On ne voit pas le monde pareil juste pour un soir. Vous avez des enfants?


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 5:57, édité 20 fois
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Du côté des Mort-Vivants
Dans le grand séjour, tout le monde semble préoccupé, sauf une personne. La mère de Marie-Ange est complètement affalée sur son fauteuil. D'un air absent et blasé, son corps fatigué par le voyage donne l'impression que la femme âgée est sur le point de mourir. Pourtant, la mort n'a pas encore sonnée son glas. La vieille ne fait que se reposer. Elle est tellement assommée par le temps qu'elle accomplie à elle seule le rôle du fantôme pour la fête d'Halloween. Il ne manquerait plus qu'elle soit transparente! Une servante est près d'elle et lui demande si elle veut aller s'allonger un moment dans une chambre pour être isolée du bruit constant de la pièce, ce qui serait nettement mieux pour elle.

— Madame, vous ne voulez pas vous reposer dans une chambre au calme?
— ...
— Laissez-moi au moins vous apporter un verre d'eau.
— ...
Laisse. Inutile de la déranger plus longtemps. Ce n'est pas la peine.

Marie-Ange envoie la servante à une autre occupation. La femme ne semble pas se soucier de sa mère plus que ça. Elle préfère que ses esclaves terminent la décoration et qu'ils préparent le reste. Une fois les derniers ordres données, elle se retourne vers les cinq jeunes femmes que son mari a embauché pour leur protection rapprochée. Elle regarde plus en particulier la cheffe de ce quintette. Ces dernières sont éparpillées un peu partout dans la pièce. Certaine ne font rien, d'autres font semblant de faire leur travail.

Irène, la patronne de la bande, attend les nouveaux ordres de la propriétaire sans trop exprimer de joie ou de tristesse. Cela dit, son expression neutre pourrait faire peur plus d'un. D'une apparence froide, Irène donne toujours la sensation qu'elle ne se plaît pas ici. Elle ne laisse paraître ses sentiments que très rarement. Ses cheveux, ainsi que son fard à paupières, viennent renforcer l'effet de mal aise par leur couleur noire d'ébène. Sa peau aussi blanche que la neige accentue également cette impression. Ses lèvres sont d'un rouge extrêmement sombre. Les seules teintures véritables sont ceux de sa robe. Du bleu pour le haut et du jaune pour le bas. Malgré cette touche de gaieté, Irène ressemble à une sorcière. De sa voix rauque, elle demande à sa supérieure ce qu'elle peut faire pour aider. Les gardes de base effectuent déjà leur travail de surveillance avec leur chef d'équipe, John Fear.

Pouvons-nous faire quelque-chose de plus pour vous aider, madame? Préparer le repas, faire la décoration ou apporter d'une quelconque manière notre contribution à cette fête?
C'est gentil Irène, mais nous avons déjà des esclaves pour ça. Votre travail consiste uniquement à nous protéger en cas d'attaque. John reprend déjà le relais. Vous pouvez disposer, pour le moment.

TEXTE

Ah! Et veuillez vous rendre au bureau de mon mari. Il va payer votre salaire de ce mois-ci comme convenu.
Bien, madame. Je vous remercie.

Irène se retourne vers ses compagnons qui se tiennent chacune dans un coin différent du salon. Personne ne la regarde, mais elles écoutent tous.

Inutile d'y aller tous ensemble. Vous pouvez rester là en attendant.

Isolée dans le boudoir au coin du séjour, Judith, une de ses amies, se réjouit aussitôt, car elle espère toujours voir Vladimir déboucher au bout du couloir dans sa nouvelle tenue. Vladimir est l'aîné de William et il est différent des autres nobles. Ce dernier se fait beau pour accueillir son grand-père chaleureusement. À chaque fois que Judith voit le jeune homme, elle a des étoiles dans les yeux. En effet, elle cache les sentiments qu'elle éprouve depuis sa première rencontre. Plutôt discrète, elle est de nature timide, et plus particulièrement, pour parler de ce qu'elle ressent à son égard. Elle ignore s'il l'a remarqué depuis ce jour là, mais elle aspire toujours à voir l'adolescent faire le premier pas.

Judith ne semble pas comprendre pourquoi on ne fait jamais attention à elle. Peut-être que son apparence de zombie n'attire absolument pas le fils de William, tout comme les autres membres de la parenté ou de qui que ce soit d'ailleurs. Naturellement, aucun noble ne porte un intérêt quelconque pour ce quintette de filles de mauvais goût, et notamment, cette lady un peu trop effacée. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir soigné sa chevelure brune et de s'être habillé d'une robe jaune vive. Vêtement un peu en haillons, mais qui se remarque quand même. La jeune femme n'a pratiquement pas de maquillage, contrairement à ses autres camarades. Son teint naturel blanchie sa peau.

Une voix froide avec une pointe d'arrogance s'élève de l'autre côté de la pièce, coupant presque la conversation des nobles qui font toujours part de leurs affaires entre eux. Cette parole appartient à l'une des compagnons d'Irène. Shahrazad. Cette dernière semble sortir de ses préoccupations. Depuis tout à l'heure à son poste de surveillance, elle continue d'observer au travers de la fenêtre haute les lumières du village comme si elle désirait faire la fête dehors et sans faire attention si on l'écoute.

Et on fait quoi on attendant? On n'a pas un travail à faire, normalement?

Shahrazad ne parle pas de la protection à faire auprès des Van Beckham, mais d'un autre devoir particulier que seules les cinq jeunes femmes auront à faire. Elle parle généralement très peu et uniquement pour intervenir dans des moments importants. Elle reste assez silencieuse en temps normal, ce qui met parfois les gens mal à l'aise. Toutefois, malgré son apparence macabre et son caractère peu attirante, elle sait avoir un certain charme. C'est sans doute sa nature récalcitrante qui donne cet effet. Elle ne sait pas rester à sa place et elle est la première à désobéir dans le groupe. Incapable de tenir un ordre jusqu'au bout, ses attitudes rebelles lui attirent parfois quelques ennuies avec les nobles. Heureusement pour elle, Irène arrive toujours à négocier auprès de ses employeurs si jamais Shahrazad refuse de se soumettre à leur autorité. Irène comprend ce que ressent sa camarade parfaitement.

Il faut dire que Shahrazad est plutôt impatiente et peut faire preuve d'entêtement. Elle n'aime pas les humains d'une manière générale, mais plus particulièrement, les gens aisés et prétentieux comme les nobles. Étant la dompteuse parmi ses amies, elle préfère habituellement la compagnie des animaux plus que la civilisation. Elle est plus confiante envers les bêtes qu'en vers les hommes. Malheureusement, son tigre n'est pas accepté dans le salon. On se demande pourquoi. Cela dit, elle voit ses paires comme des exceptions. Elle a une certaine facilité à dresser les créatures. Elle rêve de manger le Peto Peto no Mi pour pouvoir dominer sur les être-humains et les soumettre à son bon désire.

Irène ne lui répond pas. Elle s'éclipse déjà dans les nombreux couloirs du manoir. Elle en profite pour mieux observer les éléments autour d'elle. Elle apprécie la chance d'être libre contrairement aux autres gardes ou aux esclaves/serviteurs. Elle a fait une bonne affaire en venant travailler comme mercenaire pour les Van Beckham. Cela dit, elle ne voit pas faire ce boulot éternellement. Elle a d'autres projets en tête. Ce n'est qu'un mal pour un bien. Comme Shahrazad, d'habitude, elle n'est pas du genre à obéir d'autres personnes. Elle reste cheffe de ses camarades. Mais elle sait ce qu'elle fait. C'est tout à fait normal et prévu. Irène est une maline. Elle calcule tout à l'avance. Et pour l'instant, tout se déroule selon son plan. Il lui manque une dernière préparation pour accomplir son objectif. Dans peu de temps, elle et ses amies quitteront l'île joyeusement. Mais l'heure pour annoncer la démission n'est pas encore venue. Pour le moment, l'heure de réclamer son dû est arrivée. Elle toque alors à la porte. La voix de William se fait entendre au travers de la porte.

Tu peux entrer, chérie.

Amusée par la réaction du patron, Irène entre dans la pièce et répond en rigolant presque. Presque, car elle ne rigole pas habituellement.

Je suis navrée de vous décevoir, mais je ne suis pas votre femme.

Derrière son bureau, l'homme affiche un sourire pour ne pas se sentir con. Il s'empresse de dire quelque-chose pour se rattraper et reprendre son sérieux.

Ça reste entre nous.
Évidement.

Son ton est froid. Pourtant, elle ne fait pas exprès, c'est son timbre naturel. Malheureusement, il pourrait effrayer les plus jeunes. Et le propriétaire n'arrive toujours pas à s'habituer. Réalisant pleinement que ce n'est que la patronne des mercenaires, il demande aussitôt la raison de sa venue.

De quoi avez vous besoin?
Votre femme m'envoie pour que vous nous payer. Après toute l'aide apportée pendant tout le mois, il est temps de recevoir notre paie.
Évidement.

L'homme ouvre un tiroir et sort des liasses de Berrys. Il compte le nombre de billets avant de le donner à la femme qui se tient devant lui. Chacune des collègues d'Irène reçoit sa part. La table en bois d'Adam est magnifiquement décorée dans un style baroque. Diverses objets de valeurs et des papiers importants en vrac sont posés dessus. Un cadre renferme une photo de famille dans un coin. Derrière le noble, il y a une bibliothèque imposante contenant de nombreux ouvrages et volumes. Un meuble et une table sont plaqué contre le mur de gauche et une cheminé richement ornée éclaire la pièce en plus du lustre en cristal. Juste avant le plafond, une frise en marbre cintre les quatre murs plaqué de bois travaillés. Une fois l'argent donné, William ajoute une dernière chose.

Vous mangerez avant nous à 20h pour assurer notre protection pendant le festin. Pour le moment, vous avez quartier libre.


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 6:15, édité 10 fois
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Du côté des Ombres du Chaos
À l'intérieur du village, Valentina, la seconde d'Aoi, marche droit vers son objectif au milieu d'une foule. Un nakama des Ombres est guère plus loin, seulement à quelques dizaines de mètres d'elle. Sirup présente beaucoup d'activités pour sa faible densité. Les habitants sont relativement concentrés au centre de l'île pour cette fabuleuse fête. Néanmoins, quelques cultivateurs et éleveurs restent chez eux un peu à l'écart. Ils veulent être tranquilles, mais les enfants n'hésitent pas à toquer spécialement à leur porte pour avoir des bonbons. Il faut dire que les petits sont un peu taquins. La plupart des personnes sont déguisées pour s'amuser, même chez les adultes. D'autres animent des tavernes et la place principale. Enfin, une poignée d'hommes terminent de préparer le spectacle de minuit. Comment ne pas avoir d'animation de ce genre dans une fête?

Un homme fin et élancé fait son apparition au milieu de ses semblables. Ce dernier se distingue de la majorité. En effet, en plus d'être déguisé en squelette, il est vêtu comme un majordome et se déplace à la manière d'un riche bourgeois. Son style très particulier se remarque facilement. Ici, tout le monde le connait. Négativement. Étrangement, bien que les villageois sachent qui il est, les gentes dames préfèrent longer les murs pour l'éviter. L'inconnu n'a pas pour habitude de sortir dans le village, mais quand il le fait, c'est uniquement pour aller voir un proche au manoir des Van Beckham. Les femmes s'écartent progressivement, sauf une. Si on sait qu'il n'est pas un monstre, mais juste en costume pour faire peur, il n'y a pas de quoi paniquer! Alors, pourquoi un tel mouvement de méfiance?


Jack Fear, "L'Âme de Brook"

Cet homme est le frère aîné de John Fear qui travaille pour les Van Beckham. Même sans fêter Halloween, Jack reste le même. Il est toujours maquillé en squelette et il est toujours bien habillé durant toute l'année. Autrefois, il était au service d'une famille de nobles, lui aussi, mais pour des raisons obscures, il fut viré. Sûrement à cause d'une méprise liée aux filles... D'apparence, il fait plutôt peur, mais au fond, il a une âme gentille et serviable. Canne à la main et tasse de thé bouillante de l'autre, le gentleman ressemble curieusement à quelqu'un... Il a presque tout hérité de lui à l'exception du Fruit du Démon, de sa coupe Afro et de ses aptitudes en musique. Jack est chauve est n'est pas un vrai squelette. D'ailleurs, il n'arrête pas de s'en plaindre. Il constate rapidement Valentina. Il voit qu'elle ignore pourquoi les femmes agissent ainsi. Il ne peut s'empêcher de sauter sur l'occasion pour engager la conversation. Alors, il s'arrête net, puis, fait une courbette bien bas pour la saluer. La seconde reste perplexe en voyant l'homme de 2m66 l'aborder de cette manière.

Yohohohoho!!

Son rire presque pervers rend la situation encore plus cocasse et à la fois gênante. Jack penche sa tête en avant pour que ses yeux globuleux scrutent attentivement le visage maquillé de la cuisinière des Ombres et sa poitrine évidement. Valentina s'est déguisée en vampire. Elle a de fausses dents pour les canines. Son costume est d'un noir profond au style gothique. Après trois battements de cils, Jack se redresse et affirme une vérité.

Vous n'habitez pas Sirup. N'est-ce pas?

Décidément, le plan d'Aoi ne fonctionnement pas très bien. C'est à croire que tout le village arrive à faire la différence entre un touriste et un habitant, même s'ils se ressemblent par leur déguisement d'Halloween. Entendant cela, Valentina devient encore plus méfiante. Son visage reste de marbre et ses sourcils se froncent. Elle pourrait le tuer sur-le-champ, mais ce n'est pas l'heure. Alexander Van Beckham n'est toujours pas arrivé. Elle doit d'abord préparer le terrain. Elle n'ose pas parler. Finalement, tout comme sa capitaine, elle se prête au jeu. Après tout, c'est un jour de fête.

Qu'est-ce qui vous fait croire ça?
Vous ne m'ignorez pas, contrairement aux autres villageoises.

Valentina ne comprend pas et s'enfonce encore plus dans l'erreur. Elle perd sa vigilance.

Pourquoi le devrais-je? Je sais que vous n'êtes pas un squelette, tout comme je ne suis pas un vampire.
Yohohohoho!!
— Pourtant, vous devriez vous méfier de lui. Il est la honte du village!

Un barman rompt le dialogue. Un acte salvateur. Jack n'est pas un méchant, mais il est véritable pot-de-colle qui a la fâcheuse habitude de faire des bêtises. Il part toujours avec de bonnes attentions, mais depuis qu'il a été licencié, il fait n'importe quoi. La seconde des Ombres du Chaos profite de l'intervention du serveur pour arrêter la conversation avec l'homme-presque-squelette. Sans dire au revoir, elle lui tourne les talons et commence à partir en direction de la taverne. Seulement, Jack la retient encore quelques instants.

Excusez-moi, mademoiselle. Veuillez au moins accepter ceci pour me faire pardonner.

L'homme-bâton lui tend un mouchoir brodé et parfumé à la rose. Il s'empresse de demander une chose.

Mademoiselle, pouvez-vous me montrer votre culotte?
Mais, ça ne va pas?! Dégage, sale pervers!

Valentina donne une puissante claque sur la joue du monsieur et se dépêche de se mettre à l'abri dans la guinguette. Accueillie par le barman, la seconde des Ombres s'explique, le visage plein de rage.

Je suis navrée d'avoir agi ainsi, mais il le fallait.

Back se frotte la joue. Il est triste. Il ne comprend pas pourquoi il n'a pas de succès avec les femmes. Le garçon rassure sa future cliente.

— Boarf. Vous avez bien fait. Il ne l'a que mérité, depuis le temps qu'on lui a fait la remarque. Vous savez, Jack n'est pas un mauvais bougre. Il est juste... décalé.

Juste décalé? Il est complètement dérangé, ouais.

Encore énervée, Valentina se pose finalement dans l'établissement pour se détendre un peu avant de passer à l'action. Après tout, Alexander n'est toujours pas là. Quant à Jack, il reprend l'air déçu la route pour le manoir des Van Beckham. Les témoins ont également repris le cours de leur activité comme si ce qu'il s'est passé était normal et courant.


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Du côté des Mort-Vivants

Les amies d'Irène attendent les nouveaux ordres toujours dans le grand séjour. Sur les cinq, il y en a une qui ne tient absolument pas en place, et ce, malgré les deux revendications sévères de Marie-Ange. Quand ce n'est pas Shahrazad, c'est Aniès qui chahute. Elle ne sait vraiment pas attendre en silence, son impatience est incomparable. Même la dompteuse n'est rien à côté d'elle. Étant la plus jeune de son groupe, son caractère d'adolescente lui joue beaucoup de mauvais tours. Heureusement que sa cheffe est une excellente médiatrice entre elle et les nobles.

Depuis son enfance, les parents d'Aniès l'avaient toujours gâté abondamment jusqu'au jour fatidique où ils laissèrent Aniès à elle-même. Elle a encore gardé son âme d'enfant malgré cela. Et même depuis, elle n'a pas du tout grandi. Elle veut toujours jouer et chanter.

Plus petite, elle désirait être connue, vivre de succès dans les opéras du royaume de Dressrosa. Le problème, c'est que sa voix est si stridente en temps normal qu'il soit inconcevable de l'entendre chanter, de peur qu'elle ne détruise les tympans. Il faut dire qu'elle monte facilement dans les aiguës et qu'elle est capable de briser le verre juste en chantant. Comme si ce n'était pas suffisant, son rire est également agressif et haut dans la tonalité. Malheureusement, elle rit beaucoup trop et souvent pour rien. Quand elle fait quelque-chose qu'elle adore ou qu'elle désire faire, elle est complètement sur-excitée. Parfois, son entourage, tout particulièrement les nobles, la qualifient de folle.

Histoire de bien renforcer son côté extravagant, Aniès ressemble aussi bien physiquement que mentalement à une poupée de chiffons complètement désarticulée. S'il y a bien une fille sur les cinq qui fait le plus peur rien qu'en bougeant sa tête, c'est bien elle. Ses mimiques saccadées affichent une vision effrayante, presque macabre. Son crâne penche souvent sur le côté, comme si la colonne vertébrale était inexistante.

Autrefois, ses caprices étaient tellement violentes qu'elle s'était déjà arrachée quelques dents et crevée l’œil volontairement pour obtenir ce qu'elle voulait. Aujourd'hui, elle s'est calmée grâce à Irène. Toutes les cicatrices de son corps sont de sa main. Ses plaies sont mal recousues. Des fils pendent à moitié, deux aiguilles sont encore dans sa chair froide et morne. Son teint est d'un brun pâle. On pourrait même croire qu'il est sans vie.

Son maquillage est maladroitement fait et il bave çà et là comme si elle ne savait pas s'en servir, telle une petite fille de 8ans. Son rouge à lèvre incarnadin contraste légèrement, mais il donne l'effet inverse voulu. Au lieu de la rendre plus élégante, il ne fait qu'accentuer le côté hideux et abject.

Malgré l'effort soutenu pour faire une coiffure, son chignon a des cheveux rebelles dans tous les sens. De même apparence et de même couleur que la paille, ils sont secs et cassants.

Enfin, en touche de gaieté, Aniès ne porte qu'une robe bleue turquoise plutôt modeste. En voyant une telle horreur de la nature, il ne manquerait plus que des aiguillons à mettre sur cette poupée vaudou ambulante pour qu'elle incarne l'esprit d'Halloween à elle seule...

Aniès gesticule sur le tabouret du piano comme un pantin. Limite, elle aurait l'audace de s'asseoir sur l'instrument de musique, mais elle n'a pas assez de courage pour oser. Elle est mécontente parce que Marie-Ange refuse de la laisser chanter le "Joyeux anniversaire". La noble réplique une ultime fois.

Pour la dernière fois, non, c'est non.
Niaaahh!! Ce n'est pas justeeeuh! Je veux chanter pour faire honneur au vieux, moi. Pourquoi, vous seriez les seuls à vous amuser?? C'est trop dégueulasse! Je veux rendre service et on me crie dessus...

Aniès ne se rend pas compte de ce qu'elle fait et de ce qu'elle dit. Elle n'a jamais surveillé son langage et ignore qu'elle manque de respect. Elle ne sait même pas qu'employer maladroitement le mot "vieux" peut lui jouer des mauvais tours. Elle ne comprend absolument pas. Elle reste dans l'étonnement, dans la colère, le dégoût et la frustration.

Je répète une énième fois. Votre rôle est d'assurer notre protection pendant le repas. Point. On ne vous demande aucune initiative de votre part ou quoique ce soit d'autres. Est-ce que je suis claire?

Le jeu de mot est tellement tentant que la gamine hésite à dire "Non, vous êtes Marie-Ange". Avant même qu'elle n'ouvre la bouche, Irène entre à temps et lui fait signe de se taire. Venant de sa vraie patronne, la petite capricieuse obéit aussitôt, mais en ronchonnant. Elle devient docile doucement. Maladroitement masqué, son désir de tuer est quand même perceptible sur son visage. Mari-Ange a la main sur son fouet. Elle ordonne à Irène de quitter la pièce avec ses compagnons. Il ne reste dans le salon que des serviteurs qui terminent la décoration et de mettre la table.

Judith est triste. Elle veut voir Vladimir avant de se retirer. C'est Shahrazad qui la tire du boudoir. Finalement, les mercenaires finissent par quitter la salle avant que les problèmes n'empirent davantage. Le quintette descendent dans le hall et arrive dans la cuisine où une multitude de servantes préparent avec soin et efficacité le repas de ce soir. Les apéritifs sont déjà faits. L'entrée et le repas principal sont en cours. Enfin, une pièce montée est prévue pour l'occasion.

Adolf est soulagé de voir les cinq jeunes femmes partir. Il est plus logique pour lui de voir des nobles, des esclaves et des éventuels convives dignes d'intérêt dans un séjour. Et il est inconcevable de voir des mercenaires qui prennent un peu trop leur aise selon lui. Il s'empresse d'en dire deux mots à sa belle-sœur.

Marie-Ange, tu peux me dire ce qu'il t'a pris d'engager des insoumises pareilles? Pourquoi tu ne les arrêtes pas pour insolence et les vendre ensuite comme esclave à d'autres personnes comme nous? Se serait cent fois mieux et moins contraignant que de répéter les mêmes ordres à longueurs de journée. Regarde autour de toi, tes domestiques savent quoi faire et le font sans grogner.
Ne t'en fais pas, pas plus tard que minuit, elles seront les esclaves d'Alexander. Tout est déjà prévu et sous contrôle. On dirait que tu ne connais pas ton frère...

Le groupe de filles s'isolent légèrement en retrait dans la cuisine pour manger tranquillement. Irène prend la parole.

Patience les amies. Notre heure de gloire arrive bientôt. Je vous demanderais d'être un peu plus dociles. N'oubliez pas que ce soir on s'envole libre et les poches pleines. Donc, s'il te plaît, Aniès, pour la dernière fois, retiens-toi. Ça risquerait de tout compromettre. Et c'est valable pour vous autres.
D'accord.
...
Yeaaahh!!
Mh?
Mais tu le fais exprès, Aniès?!
Je suis désolée...
Ne sois pas désolée. Fais juste ce qu'on te dit.
C'est que je suis siiiii excitée! Quand est-ce qu'on commence?
Aniès... Soupir Judith.
Bon sang. Silence, Aniès!
Oups...

L'ambiance tombe à plat un temps. Aurore, celle qui épaule Irène dans ses différentes tâches, rompt le silence en demandant à sa cheffe comment elles vont faire pour se débarrasser le manoir des occupants concrètement. Elles savent déjà le programme de ce soir et les raisons d'accomplir cette mission seulement maintenant. Il manque juste quelques lignes au texte pour que toutes les filles sachent les détails de l'opération parfaitement. Pourquoi s'en prendre à ses employeurs ici et pas ailleurs?

Irène est une calculatrice. Et elle sait que Sirup offre la tranquillité et la sûreté pour faire une évasion, contrairement au royaume de Goa. De plus, il était question d'éliminer toute une famille de nobles. Malheureusement, quelques-uns ne sont pas venus. Au moins, une bonne partie des membres sont là. De manière discrète, Irène désigne d'un simple regard le gâteau que les servantes préparent. Qui va se méfier du désert? Surtout quand il donne envie. La pièce montée va être le dernier aliment que les Van Beckham dégusteront.

Arrivant avec une tasse de café en main, John Fear revient de l'extérieur pour faire une pause. Pour l'instant, il n'y a rien à déclarer. Tout semble tranquille partout. À l'inverse des nobles, il ne méprise pas ce quintette de jeunes femmes. Cela dit, il n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi elles se déguisent ainsi alors qu'elles n'ont même pas le droit de participer à Halloween au village. Il faut dire que leurs tenues et maquillages habituelles donnent l'impression particulière qu'elles voudraient bien faire la fête. Profitant de son moment de détente, il vient voir Irène et lui pose une question sous le regard intrigués des autres filles.

Tiens, dis-moi Irène. Il y a longtemps que je me posais la question. Je remarque qu'on est Halloween ce soir. Et je trouve ça marrant que toutes les cinq vous soyez exactement prêtes pour le célébrer.

La femme à la peau blanche et aux cheveux d'ébènes explique simplement sans chercher à dire plus, car de toute manière, elle dit la stricte vérité.

Il ne s'agit que d'une simple coïncidence.

Écoutant attentivement, l'homme penche la tête sur le côté, comme s'il n'était pas satisfait. Irène poursuit alors sans trop détailler.

J'ignorais complètement qu'il était coutume sur cette île de se revêtir comme nous, John. Nous nous habillons ainsi depuis 2ans, déjà. Pourquoi?


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 6:51, édité 12 fois
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Du côté des Van Beckham

Le grand séjour est plus étendu en longueur qu'en largeur. La pièce est soutenue par une double colonnade. Les colonnes séparent le salon d'un même entraxe. De larges et hautes fenêtres apportent un éclairage d'appoint. Des rideaux pourpres sont ouverts de chaque côté des baies. Positionnées comme des gades fantômes, des armures vides en fer poli veillent les trois entrées. De grands tapis décorés couvrent le parquet. Entre des demi-colonnes, les murs sont plaqués de boiseries de style baroque à leur base et sont tapissés de motif végétal sur le reste de la hauteur. Une frise en marbre longe les quatre murs au niveau du plafond peint.

Des armes blanches sont accrochées sur les parois. On trouve également une succession d'armoiries et de tableaux de grande valeur. Les toiles ont des cardes d'or fin. Leurs thèmes sont divers. Des représentations de scènes de genre comme celui de la chasse et des allégories sont nombreux. Ces figures variées symbolisent principalement la richesse, la gloire, la beauté et la justice, ce qui affirme encore plus le prestige de la noblesse. Des portraits d'apparats sont également présents en quantité. Accrochée sur la paroi en face de la porte principale, on distingue près de la grande cheminée une magnifique moquette entièrement brodée. Elle montre l'arbre généalogique de la famille. Juste au-dessus du foyer où crépite le feu, une grande toile inestimable dévoile un homme vêtu comme un prince fier et fortuné. Il s'agit de l'ancêtre le plus vieux, le père des Van Beckham.

Des babioles, des vases, des lustres et lampes, et d'autres objets divers en argent, en or ou en cristal sont pour la plupart exposés. Une manière un peu orgueilleuse de montrer sa richesse, en somme. Un gramophone de luxe est posé sur une table. Le mobilier est majoritairement en bois d'Adam. Un mini-bar est dans un coin. L'argenterie et la vaisselle en porcelaine sont rangées dans trois grandes armoires vitrées.


Oncle - Adolf Van Beckham

Le frère de William est un homme froid d’apparence. Il refuse de changer de vêtement pour l'événement. Il pourrait avoir du charme, mais son visage n'affiche rien d'amical. S'il sourit, c'est qu'il a une idée malsaine derrière la tête. Ses cheveux lisses sont d'un noir profond. Il porte un large manteau avec un col en velours et un pantalon de même couleur. Il entoure son cou d'un foulard bleu roi. Sa tenue est quasiment simple, ce qui est plutôt curieux pour un homme avide d'argent. Toutefois, il garde sans cesse avec lui une magnifique canne en bois exotique et somptueux. L'extrémité est une boule d'or massif. L'intérieur est creux pour pouvoir dissimuler une rapière de qualité.

Adolf est un peu "le méchant" des Van Beckham. Il est de nature très bourru et austère. Il assied son autorité sur ce qu'il qualifie "des principes irréprochables et justes". Il est guidé par des raisonnements radicales et rudes que se fixent depuis toujours les nobles de Goa. Il a une confiance absolue sur la puissance que lui procure son statut social. Très désireux d'être un Dragon Céleste, il est prêt à faire beaucoup de choses illicites pour obtenir ce qu'il veut. Il serait presque aveuglé par ses idéologies.

De plus, il est complètement possédé par l'argent. Pourtant fort d'esprit, il a une faiblesse facile à exploiter. Il peut devenir idiot en quelques secondes et faire n'importe quoi en lui tendant de l'argent sous le nez. Bien sûr, voir l'argenterie et les biens de sa propre famille ne l'affecte pas. En plus de cela, il est également macho, même avec sa propre famille et tout particulièrement son épouse. Toutefois, il reste uniquement violent dans ses propos, sans pour autant hausser le ton de sa voix. Ce sont juste les mots qu'il emploie qui font mal. Sa femme ne l'aime pas et elle est bien contente de ne pas participer à cet anniversaire. Elle savoure ce rare moment tranquillement chez elle.

Tout à l'heure, Adolf a fait des efforts pour ne pas être trop dur avec Elisabeth ou Marie-Ange. Il n'arrive toujours pas à comprendre les réactions trop souples de sa belle-sœur. Il trouve aussi que son frère est mollasson de ce côté-là. Pour lui, un noble a autorité absolue sur ses esclaves, ses gardes, ses enfants, ses mercenaires ou autres employés inhabituels, et même jusqu'à ses propres invités. De plus, il sous-estime les personnes qu'il juge inutile, comme les vieillards, les handicapés et petites gens. Malgré ce mépris pour ces personnes, il respecte et admire son père. En revanche, il fait preuve d'irrévérence envers la mère de Marie-Ange. Il la considère comme obsolète. Cette dernière est encore assommée par le voyage. Elle reste à moitié dans l'inconscience dans son fauteuil.


Fils aîné - Vladimir Van Beckham

Tout semble être prêt au salon. Les enfants tardent à venir. Ces derniers arrivent enfin avec leurs cousins. Il ne manque plus qu'Alexander et le festin royal. Vladimir est élégant ce soir, comme toujours d'ailleurs. Bien coiffé et parfumé, son allure lui donne des airs d'homme sûr et fier. Sa tenue est plutôt modeste pour un noble, mais elle est très soignée. Il porte un long manteau vert olive et un pantalon de même couleur. Il est vêtu d'une belle chemise à jabot blanche. Le col est parfaitement ajusté et un émeraude est disposé au niveau de son cou, rappelant la couleur de son vêtement. Un veston noir simple et léger est posé sur sa chemise, ce qui rend l'ensemble plus harmonieux et agréable à voir. Ça montre surtout que la famille est très riche. Le jeune homme y a glissé une montre à gousset en or et finement travaillée. Pour finir, ses mains sont recouvertes d'un gant en cuir noir, ce qui fait écho au veston. Vladimir est d'une beauté remarquable. Judith en serait folle dingue. Le fils aîné de William est acclamé plus que ses frères et sœurs par sa mère, son oncle et sa tante. En voyant cela, il est relativement gêné. Il n'aime pas ce genre de choses.

Vladimir est un jeune adulte séduisant. Chercher le Grand Amour n'est pas sa principale préoccupation, bien que cela soit important pour ses parents. Il reste néanmoins l'héritier incontesté de la famille, celui qui fera perdurer le nom des Van Beckham. Il est donc temps pour lui de se marier, avoir des enfants, et surtout, reprendre l'entreprise de son père. Évidemment, son père a déjà refusé trois fois les demandes de Judith. Vladimir n'est pas aussi impliqué dans les affaires familiales que ses deux cousins Alexander et Charles, les fils d'Adolf. Il n'abuse pas de sa situation sociale et sait respecter les petites gens. Plutôt soucieux des autres, il n'aime pas qu'on méprise la veuve et l'orphelin. C'est pourquoi il n'est pas en très bon terme avec son oncle. Et pour accomplir son rêve chevaleresque, il est extrêmement désireux d'entrer dans la Marine. Seulement, son père refuse absolument. Ce dernier trouve ce choix de carrière insultant et indigne pour des nobles.

Le fils aîné de William ne remercie pas qu'on l'applaudisse. Il trouve que sa famille, et particulièrement sa mère, n'est pas assez altruiste, surtout les uns par rapport aux autres. Un acte qui signifie un manque d'amour, même proche de l'égoïste selon lui. Vladimir se dirige alors vers la seule femme que personne ne veut s'en occuper.

Grand-mère, je vais vous aider. Tenez-vous à moi.
— ...

Sans s'inquiéter des regards outrés, il lève la vieille femme de sa chaise. Incapable de sentir à l'avance, cette dernière s'est urinée dessus. Voyant la marque sur le siège, Vladimir demande aux domestiques de laver cette tache et de l'aider. Deux servantes récupèrent la mère de Marie-Ange et partent dans une chambre pour la changer et la nettoyer.

La femme de William n'attend pas une seconde. Elle ordonne à ses enfants de faire la dernière répétition musicale sous l'écoute attentive des adultes et des cousins. Vladimir s'installe alors au piano, Elisabeth à la harpe, Dimitri à la contrebasse, Hélène au violon et Edmund au violoncelle. Les enfants commencent alors la musique qui accueillera leur grand-père.


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 6:56, édité 8 fois
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Du côté des Ombres du Chaos

À l'intérieur du village, la décoration est particulièrement réussite. Dans la rue principale, un endroit est aménagé comme un cimetière. Il y a beaucoup de citrouilles qui éclairent la zone. Les enfants s'amusent dehors autour des fausses pierres tombales. Un môme vêtu d'un drap blanc court après ses camarades en criant "Bouh!". Une sorcière de bonne aventure propose ses services pas très loin. Dans une taverne, un concours est organisé. Celui qui arrivera à boire le plus de boissons alcoolisées ayant l’apparence du sang, gagnera un prix fabuleux. Un chat noir marche le long du muret qui sépare la zone des vivants et des morts. Des hommes encapuchonnés comme des moines rôdent dans le coin avec des crucifix. Bref, c'est Halloween.

Valentina commande un verre au comptoir. Elle s'autorise un petit temps avant de passer à l'action. De toute façon, c'est dans ce lieu qu'elle compte mettre le feu pour démarrer la première étape du plan d'Aoi. Gérard, le patron qui a été témoin de l'incident de tout à l'heure, sert une boisson alcoolisée à sa nouvelle cliente. Adepte avéré de la guilde des cafetiers, c'est un homme apprécié dans le village. Il connaît même le maire en personne! Soucieux de la vie des autres, il fait preuve d'altruisme remarquable.

D'ailleurs, pour savoir comment va la cuisinière des Ombres du Chaos, il engage la conversation avec elle. N'étant pas très envoûtée d'écouter davantage, elle sirote son verre tranquillement tout en faisant mine de suivre le mono(dia)logue. Acquiesçant de temps en temps d'un mouvement de tête, son esprit devient plus attentif lorsque son interlocuteur prononce le mot "Van Beckham".

Jack rend sûrement visite à son frère, comme à chaque fois lorsqu'il vient à Sirup. Son frère, John, travaille pour les Van Beckham quand ces derniers sont en vacance sur l'île. Vu qu'il ne se voit pas tous les jours, c'est pour cette raison que le squelette se permet d'aller voir ces maudits nobles.
Le squelette?
Hurf. Désolé, c'est comme ça qu'on l'appelle dans le bourg. Certain d'entre nous le surnomme "le pervers", ce qui est quand même plus méprisant et dévalorisant.
Je vois.

L'homme poursuit comme s'il parlait à son ami de toujours.

Je vous avoue que je n'aime pas trop Jack, mais ce n'est pas une raison pour lui manquer de respect. Je suis la rare personne avec qui, il veut bien parler. Il est gentil sur le fond, il faut juste le connaître un peu. On ne le voit pas sortir tous les jours. On dit qu'il hante toute l'année un vieux manoir abandonné. Des histoires pour Halloween à mon avis. Avant, il était majordome dans l'un des nombreux châteaux, mais il a perdu son travail pour une sombre histoire. Entre nous, je pense que ses employeurs l'ont licencié pour des motifs insolites. Je n'aime pas vraiment les nobles. Ils sont méprisants et irrespectueux envers les classes sociales inférieures.

La seconde des Ombres du Chaos fait semblant d'être une parfaite ignare au sujet de l'île. Par contre, elle ne connaît pas l'histoire de Jack.

Je ne savais pas qu'il y avait des nobles dans le coin. Ce John est également majordome?
Je crois qu'il est le responsable de la sécurité.
La sécurité? Oh. Alors, il doit y avoir une armée monstrueuse pour protéger la famille! Ahahah!

Valentina rigole pour faire croire qu'elle a dit une grosse connerie afin d'éviter tous soupçons. Cela dit, Gérard a l'air d'en savoir un peu plus qu'un mec lambda. Jack a tendance à lui raconter ce qu'il peut savoir sur les Van Beckham. Et le squelette sait que les nobles se rendent sur Sirup avec seulement cinquante hommes. Pendant que la femme pirate termine son verre, Gérard répond joyeusement. Il rit aussi pour accompagner Valentina dans son euphorie.

Ah! Mais quand les nobles se déplacent de Goa à Sirup, c'est pour être dans la tranquillité maximale. Il est peu probable de voir tout le personnel séjourner ici. Je dirais une bonne cinquantaine, tout au plus, ce qui est déjà énorme.

Au bout d'un quart d'heure d'échange convivial, la cuisinière des Ombres du Chaos sort la monnaie et se lève.

Gardez la monnaie. Je vous remercie encore pour cette charmante discussion.
C'est moi qui vous remercie. Au plaisir, madame.

Il n'y a même pas besoin de tirer les vers du nez pour obtenir des informations. Les habitants semblent divulguer facilement les propos que les Ombres du Chaos ont besoin de savoir. Ce renseignement est capital, car il change absolument tout le plan d'Aoi. Il est temps de se dépêcher si la capitaine veut faire son opération à bien. Le moment de pause est donc fini, Valentina hâte son pas sans pour autant se mettre à courir comme une dingue. Elle rejoint son compagnon qui est resté dans la rue depuis tout à l'heure. Ils sortent tous deux du village pour se mettre à l'abri des regards indiscrets. Ils sont juste à côté d'un hangar, sans pour autant être trop loin du bled. Valentina actionne alors une fusée de détresse pour rassembler ses nakamas éparpillés partout sur le reste de l'île.

Seulement, aussitôt attirés par la traînée rougeâtre dans le ciel, des petits curieux se ramènent dans les environs pour voir. En soit, ce n'est pas un réel problème. Mais, ces gens ne sont pas les seuls. En effet, des hommes musclés et vêtus en serveur arrivent aussi depuis tous les coins, ce qui surprend presque la seconde des Ombres du Chaos. Gérard se trouve même parmi ces hommes. Étonné de voir Valentina au milieu de nulle part avec une foule de curieux, il s'exprime le premier.

Il y a un problème, madame? Pourquoi ces gens sont là?
Non, non. Il n'y a aucun problème. Je suis aussi surprise de voir autant de monde subitement pour pas grand-chose.

La guilde des cafetiers est une organisation connue et pratiquée dans le monde des tavernes. Il suffit qu'un membre envoie un signal comme celui de la fusée pour attirer les membres à l'endroit désiré en moins de temps qu'il en faut pour le dire l'écrire. Ils sont entraînés pour venir en quelques secondes dans le restaurant où se déroule le bordel. Bagarre qui dégénère souvent. Ils sont là pour empêcher les fauteurs de trouble d'abîmer les locaux davantage plus que la clientèle. Visiblement, aucun signe de bataille de taverne trop violente à l'horizon. La foule est arrivée pour rien. Gérard s'adresse alors à ses collègues.

Fausse alerte, les gars. On peut rentrer chez soi.

Les gens se retirent progressivement, laissant Valentina seule. Gérard ne bouge pas. Il reste immobile jusqu'à ce que ses camarades retournent à leur activité. Il se demande comment ça se fait qu'une fusée éclairante a éclaté à cet endroit, précisément là où se trouve la femme avec qui il a parlé il n'y a pas cinq minutes. Fronçant légèrement les sourcils, il demande à la cuisinière des explications.

Vous avez besoin d'une aide particulière au point d'envoyer un appel de détresse au milieu d'un près?

Valentina n'est pas sotte. Lui n'ont plus. Elle débite alors une justification. Au bout de quelques échanges supplémentaires, l'homme finit par la croire. Convaincu, ce dernier s'en retourne dans son bar. En attendant de voir les Ombres du Chaos s'attrouper vers elle, la seconde s'écarte légèrement du chemin pour être dans le champ qui aborde les maisons périphériques du village. Elle sort un Den Den Mushi et appelle son capitaine.

Pullu, pullu, pullu. Pullu, pullu, pullu. Pullu, pullu, pullu.
Capitaine?
Qu'est-ce qui se passe, Valentina? C'est quoi cette fusée? Tu sais qu'il ne fallait s'en servir qu'au dernier moment.
Je sais, capitaine. Je sais. Il y a du nouveau. On va bientôt te rejoindre...
Quoi?!
Laisse-moi finir!
Dépêche-toi, alors! Tu sais bien que je n'aime pas qu'on me dérange inutilement ou qu'on chamboule mes projets.
Je sais. Mais, ce que j'ai à dire est une bonne nouvelle!
Et donc?
Il n'y a pas cinq cents hommes pour protéger le château, comme tu le prévoyais.
Tu signifies quoi, là?
J'ai des informations sûres. Il n'y a que cinquante gardes à l'intérieur du manoir, pas cinq cents. Tu as dû te tromper. Écoute capitaine, si tu ne me crois pas, demande à l'homme qui va venir vers toi dans pas longtemps, s'il ne t'a pas déjà croisé. Il est très grand et il est déguisé en squelette. Il risque même de te demander ta culotte. Tu verras que je ne dis pas de conneries.
Et je dois croire un inconnu plutôt que ma seconde? Ramène-toi et dis-moi ton plan. Tu as de la chance, notre cible n'est toujours pas arrivée.
D'accord. À tes ordres.
Gotcha!

Quelques minutes plus tard, tous les nakamas du groupe de Valentina se rassemblent. La seconde les briefe rapidement. Ils se mettent ensuite en route. Jack risque d'arriver avant eux. Il y a beaucoup de chemins qui mènent au manoir, au port ou n'importe où. Ces sentiers traversent pour la plupart des champs et croisent de temps en temps des granges et des maisons.


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Du côté des Mort-Vivants
Jack arrive dans la propriété depuis l'entrée principale. Après avoir décliné son identité et révélé ses intentions, les gardes à l'extérieur le laissent aller au manoir. Après avoir toqué trois fois, un majordome lui ouvre la porte richement travaillée. Il arrive alors dans l'immense hall complètement vide.

La pièce est carrelée d'un marbre brun poli. Le carrelage est tellement bien nettoyé qu'on se voit dedans facilement. Centré, un escalier monumental se dresse en face. Le tapis rouge somptueux est déroulé. Deux longs chandeliers en argent positionnés de chaque côté des marches éclairent la salle. Malgré l'effort de l'éclairage et la présence des deux hommes, l'endroit semble être sans vie et peu accueillant. Il n'y a pas beaucoup de mobiliers, mais le peu est de grande valeur. Des vases en porcelaine sont posés sur des tables. Des lampes et des tableaux sont accrochés aux murs. Les toiles représentent des portraits plutôt sombres, comme s'ils participent à Halloween, eux aussi. La grande maison n'est pas hantée, bien que ce soit la sensation que dégage le hall. Des colonnes ioniques en marbre soutiennent la mezzanine du premier étage. Les arcades entre les colonnes sont sculptées de motifs végétales aux écoinçons. Enfin, le plafond laisse apparaître le solivage et la peinture sur les solives.

Le majordome accompagne Jack dans la salle de gauche. Le squelette explique qu'il est venu pour son frère. L'hôte le fait alors patienter dans le petit salon. Beaucoup plus chaleureuse, la pièce est réchauffée par une cheminée en marbre poli. Des tableaux de scènes de genre sont accrochés aux murs en face et à droite de l'entrée. Les parois sont plaquées de boiserie. Deux grandes fenêtres apportent suffisamment de lumières pour éclairer le salon. Le petit séjour est entièrement couvert de moquettes. Les canapés, les fauteuils et les chaises du style XIVème siècle sont en velours. Des armures sont postées fièrement près des ouvertures. Les meubles sont pour certain en bois d'Adam. Il y a beaucoup d'objets de luxe. Des vases et des babioles décorent majoritairement la salle. Une armoire vitrée et des vitrines d'expositions renferment des pièces de collections.

Rapidement alerté, John quitte son poste et se dirige dans le petit salon. Ayant terminé de manger, le groupe d'Irène monte également au rez-de-chaussé pour vérifier l'identité du nouveau venu. Il faut dire qu'elles prennent leur boulot très au sérieux. Elles se trouvent dans le hall et s'apprêtent à joindre John qui s'entretient déjà avec Jack. Après s'être assurées que le squelette n'est pas nuisible à la soirée des nobles, elles vont faire leur travail à l'étage auprès des Van Beckham. L'homme tant attendu arrivera d'un instant à l'autre. Il serait inconcevable qu'elles n'obéissent précisément pas ce soir, surtout si ce dernier devient témoin de leur désobéissance.

À cet instant, quelqu'un à l'extérieur se tient devant la porte et toque. Impatient que personne ne vienne l'ouvrir, il répète son geste. Insistant. Toujours rien.

Bénignité divine! Qu'on m'ouvre cette porte sur-le-champ, avant que je ne pende un de ces souillons faisant office de garde.

Nul ne vient faire portier. Il commence à pousser le huis. Il tombe alors nez à nez sur Shahrazad qui allait l'ouvrir. Sortant en retard du couloir, le majordome débouche à son tour dans le hall. L'atmosphère est tendue. Le visiteur ignore Shahrazad et gronde l'homme de service pour avoir manqué à son travail.

Où étais-tu? Va donc avertir ma famille que je suis arrivé et dépêche-toi!

Shahrazad empêche l'homme d'entrer temporairement. Celui-ci la dévisage, complètement surpris par l'attitude.

Mais enfin! Pour qui tu te prends?! Laisse-moi passer.

L'étranger est toujours sur le seuil à l'extérieur et la dompteuse au travers de la porte entre-ouvert. La jeune femme penche la tête.

Je suis navrée, mais j'ai besoin de savoir qui vous êtes avant de vous laisser.
Mais... Ce n'est pas vrai! Garde! Garde!
Tu es folle, Shahrazad??! Laisse-le entrer, bon sang. Tu ne vois pas que c'est Monsieur Van Beckham?

Alerté par le problème, John vient juste de revenir. Il a devancé Irène qui allait s'exprimer pour présenter des excuses.

Je ne pouvais pas savoir...
Ça se voit, pourtant... Non, mais je vous jure...
Obéis, Shahrazad.

La tension descend. Le père de William reste quand même mécontent d'être accueilli de cette manière. Pourtant, il ne s'agit que d'une simple méprise. Irène s'empresse de demander pardon au nom de sa camarade.

Veuillez l'excuser, monsieur. Il s'agit d'une erreur. Elle ne recommencera plus.

Pour souligner son propos, les autres filles acquiescent à leur tour.

Je ne recommencerai plus, monsieur.
Exact.
Niehn, niehn, niehn, niehn! Rigole Aniès de sa voix la plus stridente.
Elle ne le fera plus.

Les gardes arrivent enfin. Tout semble revenir dans l'ordre. Alexander connait bien John, ça fait longtemps qu'il travaille dans la maison. En revanche, il reste perplexe sur l'identité des cinq folles. Leur tenue laisse vraiment à désirer. Il n'éprouve que mépris en voyant les jeunes ladys. Il est dégoûté de savoir que ce quintette travaillent pour son fils. Sans perdre un instant, il monte l'escalier pour oublier leur présence et cet incident, laissant ainsi le groupe d'Irène stupide. Maintenant que la famille est complète ce soir, elles n'ont plus qu'à bien se tenir pour faire leur mission convenablement et sans débordement... Quant à John, il retourne voir son frère pour s'excuser et terminer son entretien avant de repartir à la tâche.


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Du côté des Van Beckham
Maintenant qu'on sait que l'heureux élu arrive dans quelques secondes, le reste de la famille s'affole. La tension est montée d'un cran tout d'un coup. Tout le monde veut que ce soit absolument parfait, surtout Marie-Ange qui s'est donnée beaucoup de mal pour bien faire. Elle ne tolère pas les erreurs et les échecs. Ce serait la crise et toute la fête tombera à l'eau. Sous la demande de Vladimir, deux domestiques retournent chercher la grand-mère qui n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il lui arrive et où elle se trouve. La pauvre est complètement absente. On fait venir également William qui débarque juste à point. Les cadeaux sont déposés en pile sur une table. La décoration est là. Tout semble être à son comble. Tout le monde est prêt. Au moment où Alexander franchit la porte à double battant plein de ballons de couleurs, des serviteurs lui jettent des confettis roses. Hélène tenait absolument que ces petites rondelles de papier coloré soient roses \o/ Le doyen affiche alors un mauvais air, patibulaire même. Il marmonne pour lui-même. «Combien de fois devrais-je leur dire que je ne supporte pas les paillettes? Tous les ans, c'est la même chose! Ces idioties glissent dans chaque recoin incongru...» Voyant l'aîné se débarrasser d'un mouvement de tête le surplus, la famille se met à chanter tous en cœur.

♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ père.
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ Alexander.
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ grand-père.
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ grand-père.
♪Joyeux ♫ ♪ Anny vert sert!♫
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ grand-père.
...
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ père.
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ père.
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ grand-père.
♪Joyeux ♫ ♪ anniversaire!♫ grand-père.

Alexander n'est pas surpris et n'affiche aucune expression joviale en entendant l’hymne chaleureuse censée lui remonter le moral. Il reste rude dans son apparence. Sa prestance ne lui cache pas sa nature intérieure. Au contraire, il dégage, en effet, une aura paternelle, telle que sa propre famille ne peut que le respecter. Il demeure un exemplaire incontestable de chef de famille et il trouve qu'à ce niveau-là, son fils William, a des tendances de laisser-aller. Alexander est le grand-père noble idéal dans ses manières et sa tenue. Adolf lui voue presque une adoration divine.

Vêtu d'un costume de gradé parfaitement soigné, l'homme aux cheveux blancs presque argentés, démontre sur lui son goût pour les choses propres et impeccables. Sa carrière militaire l'a aidé à forger cette personnalité qui demande d'être toujours rangé et droit. Nonchalant, il ôte sa veste d'un bleu roi peu commun et tissé de fil d'or sur le portemanteau, laissant apparaître une belle chemise blanche en soie. Il regarde toujours la scène devant lui, scrutant le moindre détail. Une attitude, elle aussi, héritée de son ancien métier. Non pas qu'il soit paranoïaque au point d'exiger une grade personnelle efficace au sein de sa famille, Alexander ne reste pas moins un maniaque des principes dans les règles de l'aristocratie et militaire. Par conséquent, il trouve tout à fait anormal qu'il n'a pas été reçu par le majordome chargé d’accueillir les visiteurs. Et bien sûr, il reste encore sceptique en ce qui concerne les cinq jeunes femmes, limite s'il en est choqué.


Grand-père - Alexander Van Beckham
Le visage d'Alexander n'est pas plissé excessivement comme la plupart des vieux hommes, mais sans aucun doute, encore pleine de vie et de charme. Il a toujours le même nombre de rides au coin de l'œil, signe d'une vie bien remplie, riche en rencontres et d'épreuves. Ses yeux d'un jaune vif rappellent la couleur de la citrine qui scintille lorsqu'elle est exposée à la lumière. Flamboyantes et précieuses, ses orbes sont les portes vers une âme ambitieuse et remplie de sagesse. Sa moustache et sa barbe sont parfaitement taillées, tout comme ses cheveux sont impeccablement peignés. Malgré son âge, son physique reste néanmoins bien formé et toujours impressionnant. Un bel homme, en somme. Se mettant à l'aise, il attend patiemment la fin de la chansonnette.

Une fois le chant terminé, les membres de la famille, surtout les enfants, viennent voir Alexander pour qu'il les serre dans ses bras. William s'approche également avec sa femme, ainsi que son frère et sa sœur. Leurs baisés sont moins enthousiasmes que ceux des petits. William engage la conversation.

Ravi de vous voir, père. Votre voyage s'est-il bien passé? Vous avez mauvaise mine...
Hmm, il faut que je te parle justement avant que nous commencions le repas. J'attends d'avoir des explications en ce qui concerne ces chipies extravagantes et indignes de séjourner dans notre belle demeure.

Surpris, William ne s'attendait pas que son géniteur lui fasse cette remarque. Faisant un léger mouvement de recule pendant qu'Anne embrasse à son tour son père, il se gratte le front. Intrigué de devoir faire ça, il répond quand même.

Vous parlez des filles d'Irène?

Le vieux le toise du regard, l'air impatient. Sans parler, son fils comprend qu'il ne doit pas aller par quatre chemins. Son frère en rajoute une louche pour l'enfoncer encore plus, l'air moqueur.

Je te l'avais dit, William. Mais tu n'en fais qu'à ta tête...
Ces jeunes demoiselles constituent notre garde rapprochée la plus performante qu'on n'aura jamais...
Demoiselles? Tu ne vois pas qu'elles sont des moins que rien? Et pourquoi elles ne font pas leur travail, justement?

La tension monte légèrement. Les parents ne font rien, ils savent que cet interrogatoire en bonne et due forme est éphémère et les enfants ne savent pas quoi faire. Hélène a peur que la fête tourne au drame. Que serait une réunion de famille sans engueulade et règlement de compte?

À ce moment-là, la quintette sinistre arrive. Aniès déboule en constatant que les nobles ont finalement chanté pendant son absence. Toujours à faire l'interdit et voulant exprimer son -pardon- à sa manière (donc le plus souvent en faisant n'importe quoi), elle se met à vibrer des cordes vocales pour jouer l'air de la fameuse douce et paisible mélodie nommée "Joyeux Anniversaire". Le verre commence alors à gondoler au bout de quelques secondes, mais Irène interrompe juste à temps en assénant un bon coup dans son ventre. Forcée d'arrêter, la poupée insouciante a le souffle coupé. Net. Tout le monde la regarde. Les réactions des différentes personnes à la vue d'Aniès vont du mécontentement sévère d'Alexander, d'Adolf et de Marie-Ange, de la grimace de dégoût venant d'Anne et de ses neveux, du sourcil levé de la plupart des enfants, de l'œillade "meurtrier" de ses camarades, en passant par le regard perplexe d'Elisabeth et à la mine enjouée de William. La maitresse de maison s'empresse de gronder la chanteuse.

Tu deviens de plus en plus insupportable, Aniès. Nous nous contenterons de toi et de tes caprices de jeune pucelle.

Irène tente de s'intercaler, mais c'est un coup de fouet qui l'empêche d'aller plus loin. Marie-Ange la toise.

Il suffit, Irène. Inutile de la protéger sans cesse. Elle mérite une punition.

La femme de William fait venir John en quelques secondes pour lui donner un ordre.

Enchaîne-la dans la geôle pour qu'elle y apprenne le respect. Et prend soin de la bâillonner, car elle serait capable de s'amuser rien qu'en chantant. Au moins, nous serons tranquilles pour le restant de la soirée.
Bien, Madame.

Contrairement à son fils, Alexander apprécie l'autorité de sa belle-fille. Pour se sentir moins bête, William demande à Irène et ses camarades de rester dans le salon et de faire leur surveillance. Maintenant que tout est en règle, le repas peut être servi. Adolf ordonne aux domestiques de faire venir la nourriture pendant que les nobles s'installent.


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Les différents amuse-bouches et les deux entrées sont maintenant terminées. La vaisselle en argent est renvoyée à la cuisine dans les sous-sols et les plats principaux commencent à être servis depuis l'office. L'ambiance de fête est à nouveau présente, tout est redevenu dans l'ordre. Le groupe d'Irène fait le travail demandé pendant qu'Aniès séjourne dans sa cellule froide. Les cadeaux sont toujours disposés sur la table, ce qui maintient encore en éveille la curiosité d'Hélène et d'Edmund. Ces derniers sont légèrement excités, ils sont plus intéressés par les paquets emballés que par le repas en lui-même. Au bout de la table, entièrement à l'opposé de son papy, la petite dernière avec ses gros yeux tout doux est très impatiente au point qu'elle s'adresse à son grand-père, mais c'est sa mère qui lui réplique sèchement.

Grand-père, quand est-ce que vous ouvrez vos cadeaux?
Un peu de tenue, Hélène! Nous avons déjà parlé de ça tout à l'heure. Tu les verras seulement quand le repas sera terminé.

À côté d'elle, son jeune frère rigole parce que sa sœur s'est fait engueuler. Il retire les haricots de son assiette un à un comme si c'était normal. Sa maternelle ne peut évidemment pas le laisser faire.

Mais qu'est-ce que tu fais?!
Je n'aime pas les haricots verts...

La mère est sidérée, elle ne sait pas quoi dire tellement elle ne s'attendait pas à cette réplique. À ce moment-là, par-dessus son épaule, un serviteur vient apporter d'autres plats sur la table déjà chargée de nourritures variées et s'exprime.

Suprême de volaille et sa légère sauce aux amandes, piment d’Espelette et coriandre. Rôti de porc à la gelée d'aile de libellule. Le majestueux faisan nappé aux paillettes d'Or. Et le caviar de North Blue.

Il y a de quoi jeter l'argent par la fenêtre avec tous les surplus inutiles. Même les animaux exotiques venant de Grand Line au goût immonde sont dans des assiettes juste pour dire que les Van Beckham sont très riches. Ça ne dérange absolument pas la famille de dépenser inutilement leur salaire pour un jour de fête sauf peut-être Vladimir, il faut dire que la richesse n'est pas ce qui leur manque vraiment. Ne se préoccupant pas des domestiques qui disposent sur la table les différents plats, William s'adresse à toute sa famille pour annoncer une nouvelle qui le réjouit.

J'ai vendu notre troisième manoir, celui à Saint-Uréa. On prendra un autre sur...
Quoi?!
Quoi?!
Quoi?!
Tu te rends compte de ce que tu fais? C'était le manoir de votre enfance!
Tu n'as pas le droit de faire ça sans nous en parler avant.
Il avait des salles magnifiques dignes d'accueillir un Tenryūbito!
Est-ce qu'il reste des haricots verts?

William reste perplexe, il ne s'imaginait pas tout à l'heure que son choix allait être contesté. Il pensait avoir fait une bonne chose, car personne ne semblait se soucier réellement de ce troisième château vu qu'il était de plus en plus courant de passer les vacances sur l'île de Sirup. Tout le monde dans la famille était d'accord de passer du bon temps ici pour la tranquillité, plutôt que dans la capitale de South Blue. Il n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi son père, sa femme et son frère sont dans cet état. Très mécontents, ces derniers remettent sur le tapis l'éternel débat sur l'héritage, est-ce que William mérite vraiment d’acquérir les biens de son père après une décision pareille? La tension monte subitement. Vladimir et ses cousins sont un minimum intéressés par la discussion qui commence à devenir peu à peu un sujet délicat. En ce qui concerne Élisabeth et ses cadets, ils préfèrent ne rien faire et manger comme si de rien n'était en espérant que l'esprit de fête aura raison des adultes.

Pendant que ça parle comme dans une assemblée de politiciens, Irène et ses camarades stoppent un instant de surveiller le jardin depuis les fenêtres pour observer la scène invraisemblable qui se déroule sous leurs yeux. Étonnée de voir une telle réaction dans une famille aussi prestigieuse que les Van Beckham, Irène tourne sa tête du côté de ses amies, comme pour chercher une quelconque explication. Shahrazad est dégoûtée et ne peut pas s'empêcher de faire une réflexion négative à l'égard des nobles.

Regardez-les... Des vrais gamins. Irène, on est vraiment obligé de les servir aveuglement?

Sa cheffe ne dit rien, mais se contente d'un geste de la tête pour faire comprendre à sa collègue de ne pas continuer, de peur d'être toutes les quatre congédiées pour de bon. Cela dit, elle partage également les mêmes sentiments que peuvent éprouver Shahrazad, Judith ou Aurore en voyant les riches s'engueuler pour si peu. Elle aussi a sa dose et n'en peut plus de travailler pour ces maudits bourgeois. Elle attend patiemment la fin de cette soirée pour être libre, tel est le contrat. Et à première vue, aucun malfaiteur semble vouloir déranger l'anniversaire. Seulement, les Ombres du Chaos sont bien là en bas dans la propriété et commencent à infiltrer peu à peu le domaine.

À table, ça devient de pire en pire. Les histoires du manoir à Saint-Uréa et du partage des biens ne semblent pas se terminer de si tôt. Les adultes sont lancés pleinement dans le débat et comptent bien finir cette discussion avant le gâteau. Bien sûr, pendant ce temps, les enfants sont complètement délaissés. Et sans doute parce qu'on ne fait plus vraiment attention à lui ou peut-être pour éviter de voir les grands se parler sauvagement, Edmund, isolé dans son coin, réalise alors un acte insensé: Il catapulte grâce à sa grande cuillère en argent un bout de porc baignant de sauce grasse et de paillettes sur sa tante qui se trouve en face de lui. Le projectile touche en plein dans le mille, le liquide dégouline sur les vêtements en dentelles et raffinée et le morceau de viande se perd à l'intérieur du décolletée. Le cadet se tord de rire, oubliant presque la tension qui règne à table. Évidemment, Anne fait des gros yeux, une vive colère fait rougir ses joues.

Non, mais ça...

Elle ne peut pas terminer sa phrase pour engueuler son neveux, car d'un coup, venant de l'office, le chat noir de la petite Hélène saute in extremis sur la table pour échapper à son agresseur, le chien de Charles, l'un des cousins. Le canidé a la fâcheuse tendance de courir après le félin, surtout si ce dernier lui vol sa nourriture. En sautant, le félidé a planté ses griffes sur la nappe. Seulement, avec sa vitesse, il ne parvient pas à s'arrêter et glisse d'un côté à un autre en renversant une bonne partie de la vaisselle. La soupière encore pleine tombe sur la tête d'Adolf, le faisan sur les genoux de Marie-Ange et le plat de haricots sur le buste de Vladimir. Étant un gros molosse, le Terre-Neuve de Charles parvient à se faufiler sous la table pour prendre le chat de court et renverse malencontreusement la chaise de son maître, ce qui a pour effet d'envoyer un autre récipient sur une autre personne lorsque l’adolescent bascule la tête en arrière et les jambes en avant. Tout se déroule tellement vite que personne n'arrive à comprendre ce qu'il se passe. Personne n'est capable de dire un mot pour que ça s'arrête. Cela dit, cherchant un responsable vite-fait, une des victimes s'empresse de désigner Hélène comme responsable à toute cette agitation.

C'est de ta faute, Hélène! Si ton satané chat n'était pas un voleur, on n'en serait pas là!
Mais?! Ce n'est pas la faute à Duchesse...

Et pour faire justice soi-même, Alexander (le fils d'Adolf), empoigne à pleine main la nourriture de son assiette et balance le tout sur sa cousine. Ne comprenant pas pourquoi elle serait la cause de ce désastre, cette dernière riposte avec du caviar. Voulant protéger sa nièce, Anna s'en mêle à son tour. Ainsi, le repas dégénère rapidement en un véritable champ de bataille. Un homard tellement frais qu'il est encore vivant atterrit dans les cheveux de Marie-Ange, le pot de poivre s'ouvre est forme un écran de fumée rougeâtre entre les défendeurs d'Hélène et les accusateurs. En bout de table, tel un médiateur, Alexander (le grand-père) est figé sur place, ne comprenant pas comment tout cela est arrivé. Il est complètement blasé, les yeux grands ouverts. Même son fils William participe au chaos, ce qui le répugne encore plus...

Quant à Irène et sa bande, elles sont outrées. Comment peut-on gaspiller la nourriture alors que des misérables n'ont rien à manger? C'est bien la première fois qu'elles voient les Van Beckham agirent comme des enfants depuis qu'elles travaillent pour eux, ce qui accentue encore plus la haine qu'elles éprouvent à leur égard. Ne faisant plus attention à l'extérieur, le quatuor est trop occupé à observer la Sainte-Scène tellement c'est surprenant. Seulement, toujours renfermé dans ses idéologies, Alexander constate avec mépris que les quatre jeunes femmes ne font pas leur tâche. Son regard croise alors celui d'Irène, ce qui suffit à cette dernière et ses collègues de reprendre leur devoir illico.

Pile à ce moment-là, le maître coq et son assistant arrivent tous les deux depuis l'office en poussant le chariot qui présente la pièce montée monumentale. Depuis la cuisine, le chef a cru entendre le brouhaha d'une fête joyeuse, mais il découvre à la place une bataille sérieuse. Et voir qu'on utilise le fruit de son dur labeur, sa nourriture comme projectile ne le réjouit pas trop. Lui et son apprenti sont figés, le cuisiner ne trouve même pas les mots pour arrêter cette horreur. Il bégaye.

Mais... mais... mais...

Et comme par hasard, un plat emplie de viande et de légume est envoyé en plein dans sa face, un peu comme pour dire "Ta gueule et ne vient pas nous embêter!".


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Du côté des Ombres du Chaos
Une partie de mes hommes font diversion en incendiant la grange qui appartient aux Van Beckham. Et comme prévu, la moitié des gardes se ramènent pour voir ce qu'il se passe et éteindre les flammes qui prennent rapidement de l'ampleur.

Dans la salle à manger, tous les nobles constatent le feu avec frayeur. Ils demandent à John de faire son boulot plus que jamais et espèrent qu'il ne s'agit pas d'attaque de pirates. Par précaution, les aristocrates se regroupent pratiquement en même temps au centre de la salle pour être entourés de leur garde rapprochée. Et Edmund profite de la précipitation pour voler une part du croquembouche tellement sa gourmandise lui fait défaut. Il faut dire que c'est nettement plus bon que des haricots verts. Ainsi, il s’empiffre vite-fait en "catimini" le bout de gâteau coulant de crème pâtissière pendant qu'il se met en sécurité avec sa famille. Les quatre jeunes femmes font immédiatement leur boulot. Elles assurent la protection de leurs patrons en les emmenant aussitôt dans le bureau de William. Aurore est désignée pour garder la pièce pendant que ses camarades s'activent pour repousser les intrus.

Pendant ce temps, mon groupe s'infiltre de l'autre côté du château en passant par la porte de dehors qui mène à la cave au niveau des cuisines. Il n'y a que des servantes qui ont préparé le repas qui sont dans cette salle. Notre arrivée soudaine les surprend sans exception, elles commencent alors à paniquer, mais pour étouffer le moindre appel de détresse, on les passe au fil de l'épée rapidement, sans aucune bavure. Pas de pitié pour tout le monde, même pour les croissants. Tout se déroule normalement. Je balance ensuite mes ordres à une partie de mes nakamas.

Vous, trouvez le passage secret. Ensuite, vous acheminerez le butin sur la charrette. Normalement, le mécanise d'activation doit être près de la cheminée!

Puis, je tourne la tête vers le reste et je continue mes instructions tout en me faufilant dans les escaliers qui mènent à l'office, donc dans la salle à manger.

Dépêchez-vous de me suivre vous autres, il ne faut pas qu'un seul noble s'échappe du manoir et avertir le village.

De notre côté, on ne rencontre pas de gardes, car une bonne partie surveille chaque baie à l'étage et au rez-de-chaussée, prêts à empêcher les agresseurs d'entrer par infraction. Ils sont tous dans le hall, dans les chambres, dans chaque pièce avec une fenêtre, quelques-uns sont même concentrés dans le séjour avec les nobles, sans compter ceux à l'extérieur qui se battent contre Valentina. En gros, ils ne sont pas dans les chambres qui sont les plus intérieurs du manoir, car ils ne se doutent pas que leur ennemie surgisse de ce côté-là.

Une fois arrivé dans l'office, on tombe nez à nez sur le maître coq et son assistant qui tentent de se réfugier je ne sais où. Deux coups de sabre bien placés plus tard et ils sont morts. Je fais ensuite irruption dans la salle à manger, mais il n'y a plus aucun noble. Je trouve alors de dos une poignée d'hommes armés qui braquent tous la porte et les fenêtres. Pour être tranquille et pour profiter de la situation, je commence à éliminer un gus, puis un autre. Bien sûr, mes camardes en font autant aussitôt.

Soudain, venant d'un autre accès, trois pucelles déguisées pour Halloween s'interposent rapidement, sans doute, attirées par les coups de feu. Malheureusement, on se retrouve vite encerclé, mes Ombres tiennent en joue des gardes, les jeunes femmes tiennent mes hommes en joue. On est dans une impasse, ce n'est pas dans le plan. Du coup, la tension monte rapidement. J'analyse la situation et une chose m'intrigue: je ne comprends pas pourquoi elles ne nous ont pas abattu froidement par derrière quand elles ont eu l'occasion. L'une d'elle, sûrement la cheffe, s'avance légèrement et nous demande de ne plus bouger en me menaçant avec sa faux.

Jetez vos armes, pirates. Vous êtes cernés.

Les gardes encore vivants ne comprennent pas pourquoi ils n'utilisent pas cette occasion pour nous tuer. L'un des hommes réplique pour justifie sa pensée.

Qu'est-ce que vous faites Irène? Pourquoi on ne les expédie pas tous en Enfer une bonne fois pour toutes? Vous avez vu ce qu'ils ont fait à Jimmy et aux autres? Je ne peux pas les laisser vivant!
Monsieur Van Beckham m'a donné autorité quand ton chef John n'est pas là, alors ne conteste pas mes ordres. Pour l'heure, ces pirates sont plus utiles en vie, le maître apprécierait d'avoir des vulgaires flibustiers comme esclave, je te l'assure.

Irène fait un grand sourire narquois. En l'attendant parler ainsi, ses copines comprennent aussitôt que leur cheffe à une autre idée derrière la tête. En effet, leur plan de base est chamboulé à cause de notre intrusion inattendue. Irène préfère alors accélérer les choses pour tirer l'avantage plus facilement et sans risque. Vu que le contrat de mercenariat prend fin dès ce soir, les cinq filles comptent bien partir les poches pleines, mais pour éviter de faire le chargement elles-mêmes, Irène aime mieux voir d'autres personnes faire ce boulot pénible à leur place. Et de cette manière, elle pourra prendre de court Aoi et ses hommes quand ces derniers prendront la fuite avec le butin. Il suffit simplement de voler les voleurs quand ils seront moins exposés aux dangers que représente le manoir en vue des circonstances actuelles.

Il y a toujours une raison pour que nos adversaires nous capturent à la place de nous tuer. Et je n'aime pas ça. Ces rosières extravagantes ne m'inspirent pas confiance. Je soupçonne que quelque chose de malsaine se prépare. Peut-être qu'elles ont besoin de nous pour faire pression sur le groupe de Valentina? Je suis comme un otage, ça me répugne et ça me démange, mais je me laisse faire docilement, car tout n'est pas encore perdu. Cette situation ne me plaît guère, j'ai même l'impression que les rôles de chacun dans cette histoire semblent s'inverser.

Pendant ce temps, dans la cuisine, mes nakamas sont toujours dans la recherche. Ils ouvrent les tiroirs pour voir si un quelconque bouton s'y dissimule, ils arrachent la porte des armoires pour vérifier l'intérieur, ils bazardent les étagères pour examiner le coin et toquent sur les murs pour détecter le moindre creux. Alertés tardivement, les gardes arrivent trop tard dans les sous-sols pour sauver les cuisinières. En voyant l'hécatombe, les employés alertent toute la maison en gueulant, puis, ils s'empressent d'arrêter les pirates qui fouillent la cuisine de fond en comble. Légèrement isolé, l'un de mes nakama voit un cagot de pommes Red Winter avec un écriteau posé en évidence.

DANGER EXTRÊMEMENT EXPLOSIF
Il s'approche doucement de la cagette, en prend une, puis l'examine vite-fait. Il se dit intérieurement: «Pfff, ce ne sont que des pommes...» Sans considérer le fruit davantage, il le néglige d'un geste nonchalant en le balançant par-dessus son épaule pour s'occuper rapidement à l'inspection. L'aliment vole alors au travers de la salle jusqu'à percuter le sol au niveau des gardes. À l'impact, l'organe végétal explose à leurs pieds, le souffle balaye la surface en déchiquetant tout, ce qui secoue au passage une partie du manoir.

Dans la salle où je suis, je profite du tremblement qui nous déstabilise tous pour me défaire de la situation. Mes nakamas sont aussi réactifs, un de mes hommes tue un garde et un garde tue un de mes hommes. Tout se passe si vite qu'on a du mal à suivre ce qu'il se passe sans recevoir un sale coup. Le combat nous guide sans nous rendre compte dans un dégagement. Visiblement, les trois filles malmènent plus facilement mes camarades que les autres employés. Et la cheffe me donne du fil à retordre sous l'effet de surprise. Rapidement, chacun des groupes reprennent rapidement position face à l'autre dans le couloir déjà bien abîmé par les nombreuses coupures. Bien sûr, tout le monde menace son adversaire avec son arme. Une faux pointe dans ma direction, moi je tends ma gunblade au visage d'Irène. Elle sait qu'au moindre faux pas, une balle est vite tirée. Elle cherche alors à détendre l'atmosphère.

Qui que vous soyez, vous ne faites pas le poids face à l'équipe mise en place chargée de protéger les Van Beckham. Nous sommes plus nombreux que vous.
Tu crois que je ne vois pas dans ton petit jeu? Tu cherches à gagner du temps. J'ignore qui tu es, mais toi et tes deux zombies, vous êtes là pour autre chose.

Révéler sa personnalité ou ses objectifs quand on veut les cacher n'est jamais plaisant, surtout dans une situation de crise. Et pour le cas d'Irène, elle n'apprécie pas du tout mon arrogance et ma clairvoyance, car à cause de moi, les gardes s'intéressent avec attention au trio de pucelles. Irène grimace tendis que j'affiche un grand sourire. Il faut dire que je ne suis pas née de la dernière pluie, j'ai bien constaté d'un premier coup d’œil que ces femmes sont prêtes pour Halloween pour une seule et unique raison: faire la même chose que mon équipage!


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Du côté des Mort-Vivants
L'Équipage des Mort-Vivants est une équipe de jeunes femmes qui débutent à peine dans la piraterie. Les cinq membres sont toutes des nobles et des princesses qui ont été répudié par leur mari ou renvoyé de leur famille malgré leur rang sans motif valable. Voulant s'imposer d'une certaine manière, ces jeunes femmes se sont vite lancées dans la rapinerie dans le seul but de se venger en volant les trésors des plus puissantes personnes du monde et se faire un nom. Et pour cela, elles comptent bien détrousser la famille Van Beckham magistralement pour commencer.

La singularité de cet équipage est l'accoutrement des différents membres. Les jeunes femmes se maquillent de telle manière, qu'elles ressemblent à des zombies. Elles font cela afin d'oublier leur beauté d'autrefois comme pour faire une croix sur leur passée, mais c'est surtout pour faire peur. Toutefois, elles soignent toujours leur maquillage pour qu'il soit sans défaut, car elles n'ont pas perdu les vieilles habitudes. De plus, elles se vêtent volontairement en haillon, se mutilent la peau, et pour certaines, elles se cousent des parties de leur corps pour s'apparenter le plus possible à un mort-vivant. Elles ont toutes des ongles extrêmement pointus, capables d'entailler la chair aussi facilement qu'un sabre. Elles aiment faire peur aux adversaires qu'elles rencontrent en jouant la comédie et en se faisant passer pour des défuntes revenues à la vie. Et pour ça, elles n'hésitent pas à user de n'importe quoi qui fasse penser à la mort... et/ou qui tue.

Parfois, il peut arriver que ces jeunes ladys adoptent des attitudes de jadis lorsqu'elles étaient entourées d'une famille de nobles, d'esclaves et de richesses. Alors, elles vont presque oublier qu'elles sont des pirates. Par exemple, si elles se cassent un ongle, ce qui est entre nous une griffe, même pendant un combat, elles se préoccuperont instantanément d'y remédier et de se les limer. Il en va de même avec le maquillage pour certaine. S'il n'est pas parfait ou qu'il bave, elles chercheront à s'en occuper...

Aurore, la dernière de toute la bande qui n'a pas encore été présenté, est la seconde d'Irène. Cette jeune lady est aussi intelligente, réfléchie et sage que sa patronne. Elle sait mettre de côté ses sentiments pour faire son travail méthodiquement. Cela dit, quand l'occasion se présente pour agir plus librement tout en bossant, elle le fera avec délice et supplice.

Comme ses camarades, ses vêtements ne reflètent pas la gloire. Au contraire, elle s'habille d'une robe à laçage double et aux teints froids et sans vie. Le vêtement est monté d'une jupe olive, d'un haut noir au niveau du buste et de manches blanches. Une écharpe pourpre autour de la taille apporte des couleurs plus vives à l'ensemble pour un meilleur contraste. De plus, ses longs cheveux d'ors dignes d'une Princesse Raiponce donnent une illusion de gaîté. Toutefois, son rouge à lèvre noir renforce l'âme démoniaque qui incarne Aurore. Sa peau incisée et pâle comme un fantôme pourrait faire peur plus d'un.

Cachée sous l'allure d'une vulgaire paysanne, cette pauvre pucelle renferme une folle aux sombres caractères et à l'esprit dérangé. Et ce n'est pas tout, s'il y a bien une femme dans l'équipage qui adore la souffrance, c'est bien elle. Aurore aime particulièrement torturer physiquement ses victimes avant de les tuer. De plus, on dit qu'elle se parle souvent toute seule, plus notamment quand elle est sans compagnie, un peu comme maintenant en fait. En effet, de son point de vue, elle ne considère pas les nobles qu'elle veille en ce moment comme ses supérieurs, au contraire, ils forment pour elle un magnifique cadeau. Isolée dans le bureau pendant le raffut entre le manoir et les Ombres, elle a tout le loisir de faire du mal aux Van Beckham. Aurore est en réalité le monstre des Mort-Vivants!

Mangeant savoureusement une pomme Red Winter, Aurore est excitée. Enfin, elle peut faire le plus grand mal à ceux qui l'ont maltraité depuis qu'elle est mercenaire pour la famille des Van Beckham. Et ses principales cibles sont, Alexander pour sa nature méprisante, Adolf et Marie-Ange pour les reproches qu'ils ont dites à l'égard des Mort-Vivants. Les autres nobles sont facultatifs bien qu'elle va essayer de ne pas blesser Vladimir à cause d'une promesse faite à Judith. Seulement, avant de se lancer dans des scènes dignes d'une parfaite masochiste, elle va devoir se débarrasser de certains gêneurs comme le grand-père qui a eu une carrière militaire, ainsi que son fils aîné et ses enfants qui ont eu des notions de combat. Jetant négligemment son trognon en arrière malgré les regards sévères de certains, elle sort de sa poche une autre pomme Red Winter. Parfaitement similaire à la première, Aurore ne la porte cependant pas à sa bouche, mais au contraire, s'amuse avec en jonglant, un peu comme un signe d'avertissement.

Vu que personne n'a pris du croquembouche à cause des Ombres du Chaos sauf un, Aurore est chargée de tuer chaque personne dans cette pièce pour ne pas avoir de problèmes par la suite. Cela dit, à cause de sa nature diabolique, elle ne le fait pas tout de suite et attend le bon moment. Et oui, la pièce-montée est empoisonnée et le pauvre Edmund commence déjà à ressentir les effets. Il tombe sur ses genoux, plié en deux, la bouche pleine de bave et de crème. Il se tord de douleur, comme s'il suffoquait. Après quelques secondes où son corps remue dans tous les sens, il succombe net. Et la panique saisie toutes les filles et les cadets. Seuls, impuissants, les deux Alexander, William, Adolf et Vladimir font face à Aurore, cherchant dans son regard une quelconque explication. Énervé, le doyen se lève d'un bond et se dirige vers son adversaire en hurlant de rage et en dégainant son sabre de cérémonie.

Espèce de trublion des bas-quartiers, comment as-tu pu faire ça après ce que ma famille a pu faire pour toi et tes ignobles semblables?! Je vais te transformer en pâté pour chien sur-le-champ vermine insouciante!

Aurore n'aime pas ça. Elle est forcée, de se battre pour sauver sa peau, et pire encore, tuer froidement sans passer par la torture, ce qui la chagrine au tout haut point. Elle balance alors en direction du vieux sa pomme piégée. Celui-ci la découpe parfaitement en son milieu sans se douter qu'il s'agisse d'un explosif. Les deux bouts viennent alors percuter un mur et une personne dans un terrible fracas. C'est Dimitri qui est touché et le souffle lui brûle son corps entièrement. Les Van Beckham ont terriblement peur et se regroupent davantage pour se protéger mutuellement.

Adolf, quant à lui, prend sa canne et fait sortir sa rapière instinctivement. Il est très en colère de voir ce qu'il se passe et d'être obligé de défendre sa famille à la place des gardes. Son père attaque Aurore en premier, mais cette dernière sort une fourche de l'hérétique dans sa main droite et des cisailles crocodiles dans celle de gauche. Avec ses outils, elle bloque à temps le coup mortel. Rapidement, Adolf porte lui aussi son coup, mais Aurore pique la main de son premier agresseur avec sa fourche pour le repousser et pare la rapière. Le frère de Wiliam ne peut qu'exprimer son dégoût.

Tu ne perds rien pour attendre, maudite peste!

Aurore profite d'avoir qu'un ennemi à combattre à cet instant pour échapper l'un de ses instruments de torture afin de sortir une pomme toujours identique aux autres (Il faut dire qu'Irène lui en a fourni beaucoup). Voir simplement le fruit fait que les deux nobles reculent d'un pas par prudence. Et bénéficiant de ce mouvement d'anticipation, la folle aux longs cheveux balance sa fourche l'hérétique dans l’œil d'Adolf. Ce dernier hurle de rage et de douleur en reculant encore plus jusqu'à se cogner le dos contre une armoire. Première souffrance, tout n'est pas encore perdu pour la tortionnaire. Voyant cette horreur, Alexander laisse son fils de côté pour terminer ce combat pitoyable une bonne fois pour toutes!

Du côté des trois Mort-Vivants, la situation se complique aussi. Les gardes ne savent plus si les cinq jeunes femmes travaillent réellement avec eux ou si elles les ont manipulé depuis le début. Irène cherche méthodiquement à retrouver l'avantage avant que ça n'empire de trop. Elle s'adresse alors à eux en fixant continuellement du regard Aoi.

Vous ne voyez pas qu'elle cherche à vous embrouiller? C'est elle qui attaque le manoir à ce que sache, c'est elle notre adversaire!

Et pour montrer à tout le monde qu'elle dit vrai, Irène est forcée de chambouler tous ses plans, même ceux improvisés comme "voler les voleurs". Elle ordonne à ses deux camarades de fortunes de descendre dans la cuisine afin d'empêcher les Ombres du Chaos de voler le butin caché dans la pièce secrète. Et par la même occasion, elles devront évidemment libérer Aniès de sa prison, car elle peut servir. Judith et Shahrazad obéissent immédiatement. Seulement, Aoi n'est pas d'accord de laisser des cibles s'échapper.

Qui dit qu'elles ne vont pas partir avec la richesse des Van Beckham? Je vous le dis, cette sorcière est contre vous.
Tu ferais mieux d'arrêter de parler avant que ma lame ne te transperce!

J'ai perdu trop de temps. Malheureusement, je dois utiliser une carte qui ne me plaît guère. Pour cela, je balance ma poudre d'escampette aux pieds d'Irène. Un écran de fumée se dégage rapidement dans le couloir, ce qui surprend et occulte la vision de tous les occupants. Je profite de cette nouvelle situation pour faire un passage en force, je tire aveuglement devant moi en espérant toucher leur cheffe. Mes hommes font sûrement de même, mais je ne cherche pas à savoir s'ils le font. De toute façon, ils ont ordre d'éliminer toute résistance et de piller tout ce qu'ils peuvent à notre étage. En ce qui concerne Valentina et ses hommes, et j'espère que tout ce passe bien chez eux, ils doivent s'occuper de tout le rez-de-chaussée. Quant à moi, je m'éloigne des gardes pour commencer mon travail. Je défonce alors la porte du bureau en me disant qu'un grand butin m'attend, seulement, je tombe sur une bagarre. En me voyant débarquer, les nobles s'échappent à toute vitesse en me bousculant, sauf deux et deux cadavres. Dans l'espoir d'arrêter leur fuite, Aurore balance une pomme dans ma direction, vu que les aristocrates sont derrière moi. Prenant le projectile comme une menace je le découpe avec ma gunblade. Les deux bouts viennent exploser de part et d'autre de ma position, ce qui me surprend un instant.


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Du côté des Ombres du Chaos
Les Ombres du Chaos sont plus organisés et sont bien au courant des moindres détails à savoir. S'étant débarrassée des ennemis à l'extérieur, Valentina se ramène avec ses hommes au rez-de-chaussée en déjouant la tactique de défense adverse, ce qui réduit considérablement le nombre de gardes restant. Les Van Beckham n'ont plus beaucoup de monde sur qui compter maintenant. Ils s'enfuient tous comme ils peuvent en laissant derrière eux leurs biens. Et vu que le manoir se vide peu à peu, ça laisse aux pirates tout le loisir de fouiller de fond en comble. Chaque forban bazarde dans leur sac tous les objets de valeurs: l'argenterie laissée dans la salle à manger, les cadeaux prestigieux restés sur la table, tel que le Meïtou ou le coffre à bijou ou la tunique de noble richement bordée, les bibelots ayant de la valeur, les pierres précieuses, les meubles en bois d'Adam non volumineux et l'argent en quantité sont raflés et emportés sans exception.

Dans la cuisine, le passage a enfin été trouvé. La cagette de pommes cachait le mécanisme depuis le début. Les flibustiers s'activent méthodiquement pour piller toute la pièce secrète rapidement. Pièce secrète remplie d'or évidemment. Parallèlement, non loin d'eux, Judith et Shahrazad libèrent Aniès et le tigre de la dompteuse. Ce dernier n'a pas mangé depuis longtemps et il est très affamé. Alors pour satisfaire sa faim, sa maîtresse l'autorise à gambader un peu partout dans le château, surtout là où il y a des hommes qui travaillent ici pour les déchiqueter. Simple question de vengeance. Enfin hors de sa prison, la petite poupée désarticulée éclate de joie et hurle d'excitation, un peu comme pour rattraper le temps où elle n'a pas pu le faire à cause de Marie-Ange.

Yeaaahh!! Enfiiiiiiiin libre!!!
Je vais pouvoir à nouveau jouer et chanter joyeusement!! Ça y est, ils sont déjà tous morts?

Judith l'arrête tout de suite d'un geste de la main pour lui faire part d'importantes nouvelles. Elle respire un bon coup avant de s'exprimer, car ce n'est toujours pas facile de communiquer avec une gamine qui ne cherche qu'à se distraire.

Aniès, il faut que tu saches quelle est la situation actuelle. Nous sommes attaquées par des pirates, ce sont des vrais, des professionnels. Ils sont très organisés et ils savent ce qu'ils veulent et où chercher. Toutes les trois, on a pour ordre d'éliminer les employés qui opèrent pour les Van Beckham sans s'interposer contre les forbans, car en les laissant faire leur boulot, on a plus qu'à les voler à notre tour une fois dehors et en sécurité.

Judith attends que son amie lui réponde pour s'assurer qu'elle a bien comprise et qu'elle ne va pas foirer la mission. Aniès sourie presque naïvement, ce qui dévoile une bouche quasi édentée, puis, à cause de son excitation grandissante, elle finit par crier pour montrer son approbation.

Ouuuuuuiiiiii!!!!

Le hurlement se fait vite entendre dans la cave. Les camarades d'Aniès ne peuvent pas s'empêcher de se frapper le front avec leur main tellement l'attitude de la poupée ambulante est exaspérante. Maintenant que les informations sont données, il est temps de récupérer les armes confisquées. La chanteuse s'empresse alors de prendre ses jouets piégés sur une table en sifflant "Joyeux anniversaire".

Le groupe dans la cuisine entend le cri, mais ne fait rien pour vérifier s'il s'agit d'un danger imminent. Cela dit, les pirates restent sur leur vigilance tout en déchargeant la maison de tous ses biens. Aoi va être contente que tout se passe pour le mieux de ce côté-là. Par contre, au rez-de-chaussée ça traîne un peu, surtout à l'étage. En effet, Irène se débarrasse de quelques Ombres pour avoir moins d'ennemis à dépouiller par la suite, disons qu'elle limite leur nombre pour avoir plus de chances de reprendre le butin après. Quant à Aoi, rien ne se passe comme elle le souhaite, car elle a besoin de certain noble et ça commence à chauffer sérieusement de son côté.

Aurore ignore les ordres en ce qui concerne les Ombres du Chaos et s'acharne contre Aoi parce qu'elle a permis sans le vouloir aux nobles de s'enfuir. Mais concernant les Van Beckham, son travail n'est pas terminé et la présence de la capitaine adverse la gêne terriblement, sans compter qu'Alexander lui donne du fil à retordre. Adolf, quant à lui, malgré la fourche de l'hérétique dans son œil, parvient quand même à se battre tant bien que mal. Du coup, il y a un espèce de trois contre un qui se déroule dans le bureau, ce qui met bien en difficulté la pauvre folle. Cela dit, ce n'est pas le même schémas constamment, il arrive parfois que la capitaine pirate s'acharne contre le doyen ou vice versa.

Soudain, Aoi se retrouve désarmée par Adolf. Cette dernière contre-attaque avec sa lame de coude, ce qui surprend l'aristocrate une seconde. Aoi profite alors de cet instant pour tirer de toutes ses forces sur la fourche de l'hérétique, ce qui a pour effet d'arracher le globe oculaire d'un coup. La douleur est tellement insupportable que son adversaire se plie en deux. C'est à ce moment-là qu'elle décide de porter le coup de grâce. Seulement, après avoir repoussé Aurore, Alexander pare la lame d'Aoi de justesse. La bourreau exprime une vive colère en voyant une autre faire ses tortures, elle balance alors des piques dans sa direction. Le vieux et la capitaine se séparent alors pour éviter les projectiles mortels, et malheureusement, c'est Adolf qui s'en prend plein dans le corps. La jeune femme se met alors à menacer tout le monde.

Vous avez beau résister, vous n'échapperez pas à votre supplice!

Pour qui elle se prend celle-là avec ses instruments de tortures? Elle commence sérieusement à m'agacer et elle me fait perdre un temps précieux. Cela dit, elle me débarrasse d'un noble inutile, mais le vieux m'énerve également. Il est super fort pour son âge et il a des aptitudes en combat digne d'un officier de la Marine. Il est temps d'en finir, seulement, la petite pucelle balance encore une fois une pomme. Je roule en avant pour l'éviter pendant que le doyen se met à l'abri. Je me relève ensuite aussitôt et je me mets face à la gamine. Je m'apprête à lui trancher la gorge, mais mon adversaire bloque mon arme avec un gantelet en cuir. Étrangement, le fruit n'a pas explosé derrière moi. Ça devait être un leurre. La jeune femme me repousse d'un coup de tête sans perdre un instant.

Pour esquiver l'attaque de l'autre qui en profite, je jette à ses pieds de la poudre d'escampette. Je me masque alors dans la fumée pour me protéger et l'attaquer par surprise. Parallèlement, la tortionnaire semble utiliser sa dernière carte, car elle projette sa lanterne sur le sol, ce qui met automatiquement le feu au manoir à cause de l'huile qui se répand. Voyant les flammes grandissantes malgré la fumée, le noble active un passage secret discrètement pour prendre la fuite alors que moi je me retrouve coincé entre la folle et la sortie. Quelle ironie! Maintenant, je risque de me faire avoir par mon propre piège. Instinctivement, je sors mon pistolet apache et je tire dans la pièce aveuglement dans l'espoir de tuer ma cible. L'heure tourne dangereusement à cause de ce départ d'incendie. Pourvu que mes nakamas ont fait leur boulot, ça nous évitera de moisir ici. Je provoque mon adversaire afin de la localiser grâce à sa voix.

Ahahaha, je n'ai pas peur des flammes! Ce n'est pas la première fois que je me bats dans un milieu dangereux, idiote.

Aussitôt, arrivant par derrière, un petit pieu en fer pénètre ma chair au niveau de mon bras droit. J'échappe mon pistolet sous l'effet de la douleur. Je suis complètement surprise, ça fait affreusement mal quand on s'y attend pas! Cette folle aurait pu viser ma tête pour mettre fin à ma vie immédiatement, mais elle préfère visiblement me torturer avant, et ce, malgré le danger que représentent les flammes. On dirait que je l'ai bien énervé. C'est à cause de moi que les nobles se sont enfuis et que le vieux s'est fait la malle. Du coup, elle s'acharne sur moi comme une diable. Heureusement que je sais prendre la douleur sur moi.

N'ayant plus d'arme pour me battre, je suis forcée de me défende à mains nues. Je malmène alors comme je peux la gamine qui se la joue bourreau. Malgré ses instruments de torture, j'arrive à lui attraper ses très très longs cheveux et je les utilise contre elle. Dans un premier temps, j'enroule sa chevelure autour de son corps, puis, dans un second temps, autour de sa taille et de ses jambes. Elle trébuche alors en avant, ce qui l'énerve davantage. Bien sûr, je ne perds pas de temps pour la déstabiliser encore plus afin qu'elle ne réplique plus avec ses armes. Pour en finir au plus vite, je passe ses cheveux par-dessus la tringle d'un rideau qui donne sur un mur. Je tire alors de toutes mes forces pour que ma victime se lève et se fasse étrangler par ses propres cheveux. La jeunette suffoque rapidement, elle se débat des bras et des jambes pour que je la lâche, mais elle perd son temps. Elle tente de couper le lien qui l'étrangle avec l'un de ses instruments, mais il n'y a rien à faire. Son cas s'aggrave encore plus, car elle a de moins en moins d’oxygène dans ses poumons. Sa chevelure continue de bloquer sa respiration, ce qui l'entraîne finalement à la mort.


Seconde - Aurore "Sombre Endormie" - 25ans
Morte pendue par Aoi
À ce moment-là, Irène débarque dans le bureau pour voir où en est sa nakama qui devait exécuter les nobles, mais les flammes font obstacle entre elle et moi. Voyant sa seconde mourir sous ses yeux, son visage se crispe de colère. Elle hurle de rage et je peux voir dans son expression le désir de me tuer sur-le-champ. Elle sort alors une pomme rouge de sa poche et s'apprête à me la balancer. Je commence à en avoir ma dose de ces fruits-là. La capitaine adverse fait alors sans plus attendre sa technique.

Pomm'ade!!

L'organe végétale réalise un effet dans sa course, ce qui change d'un jet classique. Je me jette au sol pour éviter le projectile piégé de justesse. Le corps de la jeune pucelle tombe inerte à côté de moi. La pomme explose le mur derrière moi, ce qui fait une ouverture dans la chambre voisine. Je ramasse alors en vitesse mon pistolet et ma gunblade en restant à l'abri. Je fais ensuite un tire de couverture pour m'échapper par le trou et pour quitter le manoir rapidement avant qu'il ne s'écroule sur moi...


Dernière édition par Nakajima D. Aoi le Sam 4 Mai 2019 - 8:19, édité 2 fois
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Du côté des Van Beckham
Le trio de filles ont massacré les derniers gardes. John a même du s'enfuir comme un lâche avec son frère Jack. De toute façon, il n'y a plus personne à protéger sinon sa propre peau. Le pauvre homme, il est contraint de s'éclipser dans le village avec son frangin pour rester vivant. Il vaut mieux être renvoyé que mort. Et encore, faut-il que les Van Beckham survivent pour qu'ils licencient les incompétents.

Les nobles semblent avoir trouvé refuge dans la forêt avoisinant leur propriété. Alexander est furax. Des membres de sa famille sont morts à cause de William. Du moins, il remet la faute sur lui. Puis, maintenant, ils se retrouvent avec un manoir vendu et un autre en train de brûler. La prochaine fois, ils passeront les vacances aux Royaumes de Goa... Le doyen cherche néanmoins une solution pour empêcher les pirates de s'enfuir. Et pour ça, il téléphone à un ancien collègue. Une voix bien masculine se fait alors entendre au bout du fil.

Allô? Qui êtes vous? Comment avez-vous eu ce numéro privé? Je suis en plein travail!

Le vieux ignore les questions, sauf une. Il veut entrer dans le vive du sujet le plus rapidement.

Léopold? C'est Alexander Van Beckham à l'appareille. Tu patrouilles toujours non loin de Sirup? J'ai besoin de toi immédiatement, mon vieille ami. C'est une question de vie ou de mort.

Léopold est intrigué, il interrompe son ami. En tant qu'officier de la Marine, il doit clarifier les choses et en savoir un peu plus sur la situation. Il questionne alors son interlocuteur.

Van Beckham? Qu'est-ce qui vous arrive?

L'officier était autrefois sous les ordres d'Alexander. Il a un très grand respect pour lui. Le noble lui répond dans un calme olympien.

Des pirates sont venus dépouiller ma famille en l'humiliant. Ces canailles ont incendier ma demeure et ils ont décimé tous les gardes et le personnel. Dépêche-toi de couler leur navire. Il doit bien se trouver quelque part autour de l'île. Jamais ces scélérats doivent pouvoir prendre la mer sain et sauf. Je préfère voir mon argent couler avec des criminels que voir ces chiens galeux s'enfuir avec. C'est une question d'honneur.

Léopold est lieutenant depuis un moment maintenant. Il a obtenu ce grade quand Alexander était colonel. Et depuis que le noble est partie à la retraite, Léopold a toujours gardé son rang sans jamais évoluer davantage. Cela dit, le Marine ne s'en est jamais plaint et exécute son devoir avec enthousiasme et sérieux. Au bord de son patrouilleur, l'officier subalterne est bien partant pour aller casser du pirate. Surveiller des zones en faisant des rondes n'est jamais très passionnant. Il demande alors quelques renseignements supplémentaires avant de se décider.

Cet équipage à un nom? Vous savez qui est à la tête de ce cambriolage? Savez-vous combien ils sont?
Je suis navré, mais je suis dans l'ignorance complet. J'estime qu'il y a une trentaine de pirates, mais maintenant moins.
Moins? Ils s'entre-tuent?
Non, ils ont rencontré des chipies qui veulent également mon or.
Je vois. On va essayer de venir le plus rapidement possible. En attendant, tenez bon. Et bon courage!

Cette situation exaspère Alexander. Le temps que la Marine n'arrive, les pirates prendront la mer avec ses biens les plus précieux. Patientant nerveusement en regardant son manoir flamber, il cherche une solution pour empêcher la progression des criminels pour gagner du temps. Il est prêt à risquer sa vie pour sauver l'honneur des Van Beckham.

En plus du doyen, William, Vladimir et ses cousins Alexander et Charles tiennent encore le coup. L'autre partie de la famille est encore sous le choc et n'arrive pas à se remettre des émotions. Anne et Marie-Ange tentent de consoler la pauvre Hélène qui a perdu un oncle et ses deux frères en si peu de temps. Elle sanglote. Quant à Elisabeth, son corps s'est bloqué sous le choc émotionnel. Elle est complètement évanouit. Son frère fait tout son possible pour l'aider. La situation est vraiment désespérée.
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