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Sur le fil de la lame

Le Bel espoir vogue vers son futur, seul sur une mer qu'il a appris à apprivoiser. Avec à son bord des gens qui ont su s'apprivoiser. Lentement, mais sûrement, il s'avance vers un avenir que tous espèrent brillant. Fort. Beau. C'est l'espoir. L'espoir d'un avenir heureux. Mais dans tout espoir, il y a toujours un peu d'ombre. Et dans le Bel Espoir, j'incarne cette ombre. Un arrière-goût de trahison. Une vision d'horreur. Le Bel Espoir vogue. Mon espoir est parti. Si loin. Trop loin. L'espoir d'être avec eux. Depuis ce jour terrible à Innocent Island, je ne suis qu'une ombre. L'ombre de moi-même. Je ne cherche pas la compagnie des gens et les gens ne cherchent pas la mienne. D'un commun accord, on s'évite. On se tait sur ce qu'il s'est passé. Mais les regards sont souvent plus durs que des mots, car ils peuvent rarement cacher la vérité. J'ai croisé ses yeux. Et je me suis détournée. De tous ceux que je ne veux pas voir, c'est Ishii qui détient la palme. Sa massive corpulence qui se profile au détour d'un couloir réveille en moi des souvenirs que je voudrais bannir de mon corps. De mon esprit. Mais l'esprit est si pernicieux à ne retenir que le mauvais. Alors, je fuis. Encore. Toujours.

Il n'y a que la nuit qui me permet de sortir de ma bulle. Quand le soleil est mort sous la mer et que seule la lune veille, telle une sentinelle, le pont est vide. Au plus haut du navire, Lucio assure sa tâche avec l'activité d'un matelas et, souvent, Gnuh profite de la tranquillité nocturne pour se promener. J'ai déjà passé plusieurs nuits en sa compagnie, fixant l'horizon. Ses caresses et son envie irrépressible de me chercher des sucres dans les poches me permettent de me tirer quelques sourires. Un peu de joie. Puis ça passe et je retourne m'enfoncer dans mes pensées aussi noires que la nuit. Penser à ce que j'ai fait alors que je ne veux pas y penser. C'est paradoxal. J'ai peur de tout ça. Et je sais que je ne pourrais pas avancer sans ne pas y penser. Alors je continue à m'envelopper de ténèbres, les faisant miennes.

Les nuits sont fraîches, mais je ne m'en soucie guère. Le silence me fait du bien avec, en fond sonore, le craquement du bois, le grincement des poulies et le léger son de la mer frappant la coque du navire. Ça me berce sans que je puisse trouver le sommeil. Cette nuit, encore, je suis seule. Je pars me cacher, comme à mon habitude, dans les cordages, dissimulant ma stature. Même la nuit, il peut y avoir des visiteurs. J'en suis la preuve. Mais cette peur des regards, cette peur des autres ; elle s'amplifie à la nuit tombée. Alors que je sors, je me sens plus vulnérable. Et seules les ténèbres me préservent de ces regards que je m'imagine dégoûtés. Remplis de méchanceté. J'en triture mes cheveux du bout des doigts, comme une attention que je me porte à moi-même. Comme pour me signifier que je n'ai besoin que de moi pour m'exprimer des marques de douceur et de bonheur. Mais plus je le fais et plus j'y pense. Je pense à elle.

Uran.

Chaque nuit, j'en viens à y penser. Chaque nuit, c'est la même histoire. Son visage m'obnubile. Elle. Ses yeux. Ses cheveux. Son sourire. Je m'attendris. Je me l'imagine là, à mes côtés, à se réchauffer contre moi. À rire. Et puis tout change, tout se transforme, tout se défigure. Ce souvenir. Ce masque de peur et d'horreur. Et dans ces yeux : moi. Le monstre. Et tout cette brise comme un miroir. Et derrière, c'est un autre miroir qui apparaît, montrant mon reflet. Un reflet plein de sang. Un sang qui n'est pas le mien. Son sang. Alors je sanglote et je m’effondre au sol. Comme toujours. Et je reste prostrée là, une heure. Deux heures. C'est dans ce moment-là que je suis la plus fragile. S'il existait un crime impardonnable, je pense que ce serait celui-ci. Et je l'ai commis. Je n'arrive pas à me dire que ça ira. Que ça ira mieux. Je l'ai fait. C'est tout. Et c'est dans ces moments-là que l'envie me prend de sauter à l'eau. D'être laissé là tandis que le bateau s'en irait. De finir noyer à cause de mon pouvoir démoniaque. En finir avec la vie. Oui. Pour ne plus penser à tout ça.

C'est douloureux.

Pour ne pas aider, je sens subitement la présence de quelqu'un. Alors que mon état est encore pire que la normale, je suis observée. Je me retourne subitement et je lève les yeux vers lui. Sa grande stature et son regard de fer.

Sur le fil de la lame 2013-010

Franz. Mon ange gardien. Mais aussi celui qui peut me condamner. Je lui dois beaucoup de choses et principalement de m'avoir achevée. D'avoir achevé ma folie. Les bras autour du corps pour me cacher, je le dévisage, cherchant presque un rictus méprisant sur son visage. Ça serait tellement facile. Ça serait tellement ce que je souhaite. Pour en finir. Pour me donner la force de passer par-dessus bord. Mais non. C'est Franz. Et comme toujours, il reste imperturbable. Il semble en cet instant un peu plus imposant qu'à l'ordinaire. Je l'interroge du regard. Il me fixe sans sourciller, puis il lève les yeux et regarde à l'horizon. Son bras se lève et son doigt se tend. Il pointe au loin.

Lentement, je me relève en regardant dans la direction désignée. Mes yeux repèrent rapidement la lumière tremblotante qui paraît si loin, mais pas tant que ça en vérité. Un bateau. À une centaine de mètres. Et sur son mat principal flotte un drapeau que j'ai déjà vu. Qui me fait l'effet d'une boule dans la gorge.

Car c'est l'inquisition. La mise à l'épreuve est terminée. Et alors que je pourrais avoir peur pour ma vie, comme pour la première fois que nos routes se sont croisées, il n'en est rien. Je le vois comme un salut. Avec ce que j'ai fait, Franz peut me condamner. À mort. Une mort que je cherche.

Je suis faible.

Et c'est parce que je suis faible que je veux mourir de leurs mains.


Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 25 Jan 2014 - 22:18, édité 2 fois
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Rien a changé. C'est comme si tout est resté à sa place. Le bateau de l'inquisition est tel que je l'ai laissé, il y a plusieurs semaines. Déjà. Le moindre nœud, la moindre tache sur le bois. Comme si le temps et les intempéries ne peuvent rien contre ce navire chargé d'une seule mission : juger les traitres de l'Ordre. Et en l'occurrence, me juger. La dernière, je m'en suis sorti avec un sursis et une mise à l'épreuve. C'est le moment de payer. Aussitôt arrivé sur le navire, après une traversée en barque mouvementée, balloté par les vagues, Franz s'est instantanément dirigé vers les entrailles du navire sans même me regarder. Sortant des ombres, des individus armés se sont placés à quelque pas de moi avec la ferme intention de me surveiller tout en me laissant un peu de liberté. La dernière fois, il n'y a eu aucun problème. Mais ce n'est pas pour autant que les hommes de l'inquisiteur Strugholf vont me laisser l'opportunité de leur filer entre les doigts. À quoi bon ? Les menaces de la dernière fois sont toujours là. Si je me défile, c'est le Bel Espoir qui en subira les conséquences.

Je n'ai pas envie de fuir, de toute façon.

C'est sans vraiment me préoccuper de cette garde vigilante que je viens me poser sur un banc de bois ceinturant le mat principal. La tête dans les mains et les coudes sur les genoux, je ne mets pas longtemps avant de prendre mon mal en patience. Je ne demande même pas ce qui va se passer. Pourquoi je ne vois pas l'inquisiteur ? Pourquoi dois-je rester là ? Et puis, peut-être que je ne suis pas obligée d'attendre là. Je ne sais pas. Mais je m'en fous. Je n'ai pas envie de penser. Je n'ai pas envie de me poser des questions superflues. J'attends mon jugement. Un jugement qui, je l'espère, sera à la hauteur de mes attentes. Le silence me plait. Et les gardes restent immobiles. Je leur en remercie en silence.

Mais c'est sans compter un visiteur qui vient se poser soudainement à côté de toi, faisant grincer le bois. Sa haute stature. Cette coupe afro. Je le connais. Évidemment.


Salut cocotte. Ça boom ?
Kestrel…
Waouh. T'as l'air de pas être dans ton assiette. La dernière fois, tu me servais du vous et de l'Eveque pendant une demi-heure. T'es resté là-dessus ?

Toujours aussi enjoué. C'est Kestrel.

Qu'est ce que tu fais ici ?
Hein ? Et bah, il est chaleureux cet accueil. Pas un petit « ça va ? » ? Ou « Qu'est ce que tu deviens ? » ?
C'est pas le moment…
Ouai, ouai. J'ai compris le topo. Et bien, pour répondre à ta question, t'auras du mal à me croire, mais en fait, je suis là totalement...
Par hasard ?
Exact ! T'es futée !

Malgré moi, je ne peux m’empêcher de sourire timidement.

Ah ? Aaah ! J'aime mieux ça... Ah non ! Revient le sourire ! À faire la grimace comme ça, tu me ferais presque peur. Si si ! J't'assure !
Alors... ce hasard ?
J'y viens ! L'autre fois, c'était un hasard si j'étais avec Strugholf. Il me transportait dans un coin, c'était plus facile. Après ta petite sauterie avec le vieux, il m'a déposée à destination. Un peu trop avec empressement, si tu veux mon ressenti sur la question. Pour un peu, j'aurais pu le prendre mal.

Bref. Et dernièrement, je devais l'entretenir de quelque chose de très important ! Alors, j'ai fait en sorte de croiser à nouveau sa route. Je voulais pas lui dire terre, parce que c'est top secret, tu vois ? Alors on a pris à la mer et j'ai appris totalement par hasard qu'on venait te récupérer. Le hasard je te dis !
Et cette information top secrète ?
Strugholf s'en est foutu. Le vilain.
C'était quoi ?
Ne pas mettre de piments dans le riz, ça dénature le riz.
… C'est nul…
Quoi ? Tu t'y mets toi aussi ? T'es franchement pas sympa. Vous verrez ! À trop vouloir relever le riz, vous allez le regretter ! Et faudra pas dire que le grand Kestrel vous aura pas prévenu !
Un pur hasard…
Il fait bien les choses, pas vrai ?

Coup de coude dans les cotes.


Je suis content de te revoir.

Je déconne pas.

Adri ?

Waouh. Ambiance de dingue!
J'ai pas la tête à ça.
Toi, tu me couves quelque chose de pas joli joli.
Ça te regarde pas...
Oh que si ! Si l'autre vieille apprend que je t'ai laissé dans une merde sans rien faire, elle va me souffler dans les bronches !
Ça serait trop long à expliquer...
Tu parles ! En ce moment même, t'as Franz qui doit probablement raconter tous les détails de ses dernières semaines selon son point de vue. Même les fois où t'es allé bouffer, il va le raconter à Strugholf. Toi, tu peux me faire plus syntactique en me disant que les trucs importants. Et puis, c'est sans compter Strugholf qui va sûrement refaire toute l'histoire à coup de question. T'as le temps de roupiller.
… Tu veux vraiment ?
Un peu mon n'veu ! Allez, balance tout ce que tu as sur le cœur.

Kestrel est l'un de ces hommes capables de briser la glace et de me faire dire des choses que je n'aurais pas voulu partager. Il est de la race de ceux qui savent écouter en silence, mais qui ont dans le regard quelque chose qui me pousse à en dire plus, à couper net tout velléité de m'arrêter, de mentir sur certains passages ou d'en omettre autre. Les mots défilent. D'abord difficilement, puis ils s’enchaînent. Par bribes. Kestrel est patient. Et j'apprécie l'effort. Il a raison. J'en ai terminé alors qu'il n'y a aucune agitation laissant croire à la fin de la discussion entre l'inquisiteur et Franz. Et le silence s'installe.
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Ah ouais…

Je sais pas quoi te dire sur le coup.
Alors, ne dis rien.
Ouais, c'est ce que je vais faire. Je vais te laisser dans ta merde.
… Kestrel ?
Bah oui quoi ? Vas-y, sois cassante et je te parle plus. C'est pas parce que tu es au bout du rouleau que je vais me laisser faire. Je suis pas venu vers toi pour des prunes !
Par hasard.
Hein ? Oui, c'est ça, par hasard, quoi d'autre ? Hé.

Ce que je te demande, c'est juste que t'arrêtes de faire cette gueule de cadavre sur le bord de suicide et qu'on mette en place une discussion positive permettant de régler certains de tes soucis par une compréhension mutuellement enrichissante permettant d'exploiter des solutions et des points de vue différents. Rien de bien compliqué.

Il a raison. Ce n'est pas en faisant la gueule que j'arriverais à quelque chose. Même si j'ai déjà fait l'effort de tout lui dire, ça ne suffit pas. Il est plus âgé. Plus d'expérience. Il saura probablement mieux que moi. De toute façon, je ne suis plus qu'une barque perdue en mer, seule.

Après, niveau histoire parental, faut pas me causer. Ton truc avec cette Uran, je pose mes congés.

Hein ? J'ai cru entendre quelque chose.
Rien.
Un vilain mot. Mais j'ai dû mal entendre.
Surement.
Bon tu veux qu'on commence par quoi ?

Merveilleux. On est sur la même longueur d'onde.

Donc, pour parer aux plus pressants. Ce qui va probablement t'arriver une fois que Franz en aura fini avec Strugholf.
C'est pas ça l'impo.
Tatatata. Tu as eu le droit de l'ouvrir, maintenant, c'est à moi de parler. Ne monopolise pas la parole, veux-tu.

Merci.
Y a deux écoles. Soit Franz va dire tout et te mettre la pression et là, je doute que Strugholf te laisse passer. Grosso merdo, ça s'est bien passé jusqu'à ce que tu rencontres Lust. C'est là que c'est parti mal. C'est sûr que pour l'autre vieux, te voir fracasser ton propre capitaine, il y a de quoi se dire que tu as perdu les pédales. En plus, il y a cette histoire de fruit du démon qui tente de te contrôler. C'est pas non plus très jouyasse. Et si ça s'annonce mal, tu perds la tête dans les deux minutes qui suivent.


Ouais, c'est dur à dire. Mais c'était le même tarif l'autre fois. Rien n'a changé. Enfin, presque, hein ?

Fais au moins un effort pour faire semblant d'écouter.
Mmmh... oui...
Ah ? Oui de quoi ?

Ouais, ok. Je vais éviter de te piéger comme ça, on ira pas loin. Bref. L'autre solution, c'est qu'il soit un peu humain et qu'il nuance tout ça. Connaissant un peu le bonhomme, il ira pas à mentir ou omettre des trucs. Mais nuancer, ça se peut. Tu l'as vu humain, dernièrement ?
Je l'ai même vu sourire.
Sérieux ?
Et rire aussi.
Ah bah ça alors... Si j'avais su. Je l'aurais pas cru.

Ouais, y a peut-être une chance que ça se passe bien.
Et ça change quoi ?
Ça change que t'auras encore la tête sur les épaules pour réfléchir davantage.
Ah quoi bon… j'ai l'impression de devenir folle.
Mais non, mais non. On est tous fous. C'est juste que le monde est tellement fou qu'il nous rend sains d'esprit.
Toi, il n'y a pas des voix qui te parlent dans la tête...
Tu veux parler de ton démon ?
Oui. Mais aussi une autre. Ou d'autres. C'est assez flou. Je l'ai entendu contre Lust. Je ne sais pas ce que ça peut être. J'entends comme un brouillard de voix entremêlé. Un chuchotement, presque un bruit de fond. Et parfois, une voix claire. Qui me dit des choses.
Des choses ?
Des choses… qui vont se produire. Juste avant. Comme si on me prévenait.
Ah bon ? Genre ?
Genre elle m'a dit certaines phrases avant que tu le dises.
Ah ? Comme le fait que je sois là par hasard ?
Non, ça, j'ai deviné toute seule.
Vachement futée.
Mais ça n'arrive pas toujours.
D'être futée ?
Non, d'entendre cette voix. C'est rare. Hasardeux. Parfois, c'est sourd. C'est…
Compliqué.
Oui... Je crois que je deviens folle.
Peut être pas. Il y a une explication très simple à tout cela.
Ah bon ?
Évidemment, c'est le Seigneur qui te parle !
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J'en suis restée un peu bouche bée, je le reconnais. Kastrel a l'air sérieux quand il dit ça. Et moi, je n'ose y croire. Pourquoi j'y croirais de toute façon ?

Parce que c'est la seule solution logique ?
Difficile de parler de logique quand on parle du Seigneur.
Tu… tu marques un point.
Pourquoi moi ?
Et pourquoi pas toi ? On se plaint sans cesse de ne pas être écouté ou de pas entendre sa voix. Peut-être que tout ça, c'est dans ta tête, oui. Tu l'entendais dans ton cœur, mais tu l'imagines te parler. Ce n'est pas bien grave. L'important, c'est de se parler, qu'importe le moyen.
Mais pourquoi moi ?
Tu sais, il parle à tout le monde, il est pas si élitiste que ça le pauvre vieux. Moi, il me parle. Il suffit juste de prêter oreille à ce qu'il dit.
Mais… je ne suis rien pour lui.
Et tu te bases sur quoi pour dire ça ? Il a peut-être un destin pour toi. Et sinon, qu'importe. Il parle à celui qui veut bien l'écouter, c'est tout ce qui importe.
Mais…
Mais ?
C'est juste… que je ne peux m'imaginer le Seigneur me dire ça. En quoi me dire ce qu'il va être fait … pourquoi il veut me le dire ?
Tu marques un deuxième point. Et j'avoue que j'ai bien une autre explication dans ma besace. C'est un peu différent, un plus terre à terre, mais ça se fait aussi.
Dit toujours.
Tu as le haki.

J'en reste bouche bée. Encore. Puis je secoue la tête. Il faut me raconter des conneries à moi. J'ai de l'expérience pour les trucs de dingues.

Arrête Kestrel. Je sais ce que c'est le haki.
Ah oui ?
Franz m'en a parlé. Je te rappelle que contre Mizukawa, j'ai été confrontée au haki. C'est une sorte d'énergie qui se dégage de la personne et qui est capable de faire perdre les moyens des gens présents. Ça n'a rien à voir avec des mots dans la tête.
Ah. Mais tu as une information parcellaire de la chose. Ça, c'est le haki des rois.
Des rois ?
Pour faire simple et direct, le haki se divise en trois catégories. Il y a le haki des rois, le plus rare de tous, qui est inné chez certaines personnes. C'est grosso modo ce qu'a fait ce Mizukawa. Le deuxième, c'est le haki de l'armement. Pour faire simple, il te donne la capacité de te doter d'une sorte d'armure de l'esprit. Ça permet d'encaisser plus facilement les coups et, aussi, de faire beaucoup plus mal. Ça peut même toucher les logias !
Logias ?
Laisse tomber. Tu comprendras un jour.
D'accord…
Le troisième, c'est l'empathie ; le haki de l'observation. Il permet de prévoir les coups à l'avance. C'est comme si on voyait à l'avance ce qu'il allait se passer. Et ça permet aussi de ressentir les gens. Autour de soi. Sentir les présences.
C'est…
Ce que tu as.
Mais qu'est-ce que le Haki ?
C'est assez compliqué. C'est aussi très nébuleux. C'est une sorte d'énergie présente chez les gens qui permettent de réaliser des trucs surhumains. Il faut de la pratique et de l’entraînement pour les maitriser, mais les grands de ce monde maîtrise ce pouvoir, tu peux en être sûr ! C'est indispensable. Comme quoi, tu as le potentiel pour être quelqu'un !
Ça semble…
Plus cohérent ?
Un peu. Mais c'est aussi un peu…
Décevant ?
Oui.
Parce qu'avec la première solution, entendre le seigneur te parler, c'est quand même quelque chose, non ?
Oui.
Et bien, l'un n'empêche pas l'autre.
Comment ça ?
Comme je l'ai dit, le haki, c'est assez nébuleux. Et je pense pas qu'on est capable de sortir une explication rationnelle à tout ça. Peut-être parce qu'il y'en a pas. Peut-être que c'est le Seigneur qui donne cette force à ceux qui doivent l'avoir. Que ce soir royal, armement ou empathie. Les voix du Seigneur sont impénétrables...

Tu peux voir ça comme le Seigneur qui t'aide dans ta quête. Il est là, à tes côtés. Il te conseille. Il te prévient des dangers. Écoute-le ! Et tu pourras aller loin ! Mais il te faudra t'entrainer. C'est comme si t'avais un gros bloc de cire dans les oreilles et qu'un trou a réussi à se faire. Tu peux enfin l'entendre, mais il faut enlever toute la cire pour que tu puisses tout entendre et surtout, entendre les trucs importants.
Tout ce qui dit le seigneur est important.
Ouais, ça dépend sur quel plan métaphysique que tu te poses. Si tu veux garder la vie, faut mieux ne pas écouter ses conseils pour la prière du soir.

Écoute. Tout ça, c'est compliqué et il te faudra plus y penser sereinement. Seul. Puisque tu entends cette voix, il faudra discuter avec. Non, tu ne passeras pas pour une folle.
Ce n'est pas non plus ça l'important...
L'important, c'est Uran. Et ton capitaine. Et ton équipage. L'important, c'est eux. Mais tu pourras pas leur faire face tant que tu auras pas les idées en place.
Tu crois ?
Je le pense.

Du sang froid !
Il faut encore que je survive jusque-là...

N'est-ce pas ?
Et bien, on va pas tarder à le savoir.

Dans l’encadrement de la porte, Strugholf est apparu.
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On est là. Sur le pont. D'un côté, il y a Strugholf qui me fixe. À son côté, il y a Franz, toujours impeccable, toujours imperturbable. Moi, je suis face à l'inquisiteur. Kestrel est à côté de moi, en retrait. Autour, les gardes sont en positions. On a même mis en évidence l'arme du bourreau. Mon sang ne fait qu'un tour. La brise nocturne me réchauffe la peau tellement je suis glacée. J'aurais voulu mourir. Mais Kestrel m'a redonné un peu d'espoir. Juste un peu. Suffisamment pour avoir l'envie de fuir. Tenter de fuir. Mais je sais qu'en cas de condamnation, Kestrel se rangera du côté de Strugholf. Il est un soutien, pas un traître.

Sur le fil de la lame 2013-011

Soeur Marie-Thérèse.

Sa voix est dure. Comme son visage.

Après avoir entendu l'ensemble de vos faits rapportés par le prêtre d'élite Franz, j'ai pu statuer sur votre sort.

Je sens que ça sera long.

Vous êtes acquittés.

Ou pas en fait.
Je suis surprise. C'est si soudain. Strugholf semble avoir eu envie de lâcher rapidement l'information. À côté, je vois frémir l'ombre d'un sourire chez Franz. Je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour.

Sur l'ensemble de vos actes, deux faits auraient pu vous condamner.

Il a le chic pour plomber l'ambiance. La liesse se calme d'un coup.

La première est l'ingestion d'un fruit du démon de type Zoan qui semble vous octroyer une sorte de « seconde personnalité » qui cherche à lutter contre la vôtre. Un état très dangereux.
Mais le père Franz m'a confirmé, même après interrogatoire poussé, que vous contrôlez cet esprit et que vous avez fait les efforts pour y parvenir, montrant ainsi votre détermination à… ne pas sombrer dans l'obscurité.


Merci Franz.

L'autre fait est vos actes qui se sont déroulés sur Innocent Island. Vos actions lors de votre rencontre avec la corsaire Lust.

Je déglutis.

Un comportement ouvertement dangereux si nous n'étions pas informés de certaines des capacités de ce corsaire.
Capacité ?
Un fruit du démon pouvant manipuler les sentiments. Et aussi l'usage du Color trap permettant d'influer sur les émotions.

Color Trap ? Je ne connais pas.

Je doute que l'un d'entre nous, même vous, Kestrel, auriez pu résister à ce pouvoir diabolique.
P't'être bien que oui, p't'être bien que non.
Bref. Vous n'êtes pas responsable pour cet acte. Par conséquent, sur l'ensemble de la mise à l'épreuve, je ne peux qu'être satisfait.



Bon retour dans l'Ordre, Soeur Marie-Thérèse.

La liesse reprend le contrôle de mon corps. Je saute au cou de Kestrel tandis que les gardes se retirent. Strugholf fait quand même la tête et il est même surpris quand Franz fait quelque pas dans ma direction, tendant sa main vers moi.

Félicitation, Sœur. Vous avez été grande.
Merci à vous, mon père. Merci d'avoir veillé sur moi. Jusqu’au bout.

Merci d'avoir mis un terme à ma folie, à Innocent. Aussi. C'est ce que je voudrais lui dire, mais je ne trouve pas les mots. Il sait. C'est ce qui importe.

J'ai encore une chose à dire.
Oui ?
Suite à une proposition du Père Franz, et comme je ne vois pas de raisons de l'interdire puisque vous avez prouvé votre droiture pendant cette mise à l'épreuve, vous êtes officiellement Soeur d'Elite de l'Ordre.
Sérieusement ?
Oui.

À nouveau, je saute dans les bras de Kestrel. Et Franz se fend d'un grand sourire.

C'est bien. C'est bien. Prenez ceci.

Franz me tend un dossier de quelques feuilles manuscrites.

Qu'est ce ?
Votre première mission en tant que Soeur d'Elite. Il s'agit, en quelque sorte, d'une confirmation de vos attitudes.
Je vois… en quoi consiste cette mission ?
La traque et l'élimination d'une Soeur d'Elite qui a trahi l'ordre.

Je perçois l'ironie de la situation. Moi, la sœur sur la sellette, je suis maintenant en mission pour en traquer une. Et à mort. C'est drôle. Mais il n'y a pas de quoi rire.

Je vois.
Tout ce qu'on sait sur elle et sur ses pages. Trouvez là et tuez là.

J'hésite à ouvrir le document, puis je me dis que je verrais plus tard. Ce n'est pas urgent. Il y a d'autres urgences.

Uran...
Hein ?
Tu diras au revoir à Uran de ma part ?
Euh… Oui. Surement.
Aie confiance. Ça ira bien.
Merci.
C'est moi qui te remercie.
Pourquoi ?
Parce que tu m'as ouvert les yeux.
Sur quoi ?
Sur certaines choses.
Hein ?
Allez, va.

Et Kestrel me pousse ici à y aller. À trop tarder, va venir le temps où je ne pourrais pas rattraper le Bel Espoir. Ça serait bête. Et tandis que je m'approche du bastingage, j'entends Franz dans mon dos.

Mon père. J'ai bien réfléchi. Je veux quitter l'inquisition.
Hein ?
Je voudrais aider aux orphelinats de l'Ordre.
HEIN ?

Je me retourne. Il ne me regarde pas, mais je sais qu'il sait. Que je le regarde. De rien Franz. De rien. Soit heureux tout comme les enfants à qui tu vas apporter de la joie. Souris. Tu es en mieux en souriant. Et tandis que je redescends dans ma barque pour rejoindre mon équipage, je ne peux m'empêcher de continuer à sourire. Je suis en vie. Beaucoup de choses ont changé. Et quelque part, je sens que je peux sentir au bout des doigts le chemin qui me mènera vers la réconciliation. C'est un espoir. Un bel espoir. Et je vogue vers lui, le cœur plus léger.
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