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En attendant les vagues

» En attendant les vagues ;


Redécouvrir la vie ;
Le doux chant des vagues qui s’avançaient sur le sable. Qui lui léchaient les pieds de leur langue froide. Et le soleil répliquait, pour la réconforter de sa tiédeur. Il restait là, à ses côtés, protecteur. Alors plus rien ne semblait pouvoir la perturber. Petite enfant lovée ; perle nacrée. Le silence la berçait lentement, patiemment. Il fallait que rien ne la dérangeât : c’était son répit. Elle qui avait tant vécu en si peu de temps. Tant souffert des hommes, de leur sauvagerie.

Saute, sans crainte de la chute. Tombe ; tu n’heurteras pas le sol. Car tu as l’âme pure, et le cœur fragile, la terre se fera ciel et les airs te porteront. Pour que tu trouves le chemin du sanctuaire – ils reposent en ces lieux, et leur chant te réclame. Il te suffira de suivre leurs traces. Ces lumières esseulées qu’une brise éteindrait. Ferme les yeux, laisse-moi te guider.
Saute ; il y a à tes pieds cette couleur dorée. Tu l’aperçois tout en bas. Elle veille sur toi. Tu voudrais la rejoindre. Elle absorbe tes pensées, hante tes rêves. Je suis elle ; elle est moi. Et toi, tu nous désire. Laisse-toi porter.
Tu tombes, encore. Il n’y a pas de fond. Où suis-je passé ? Regarde, regarde de plus près. Le sol s’est effacé, et le ciel se fait plus grand. Il t’enveloppe dans ses ailes. Au loin, le doux chant des vagues. Une mélodie qui scintille. Et sous tes paupières closes, un nouveau paysage se dessine. Je suis là. Ma mèche blonde flotte, baignée de cette lumière vive. Il n’y a que nous ; et le Soleil. Je te vois sourire tandis que tu m’admires. Approche-toi, et nos deux mains ainsi jointes, allons-nous en au sanctuaire.
Nous suivons les lueurs, par-delà les montagnes, jusqu’au plus profond des océans. Sans jamais nous lâcher. Nous passons les forêts denses, les côtes escarpées. Tu respires profondément l’odeur de ces lieux purs, où flotte à jamais la nôtre, mêlée. Et finalement, nous arrivons. Devant ces marches qu’il faut grimper. Et lorsque tu fatigueras je te porterai, si légère et fragile. Tu pourras reposer ton corps, t’abandonner. Tu ne craindras rien, et moi je monterai sans jamais m’arrêter.
Nous découvrirons au sommet cet endroit tant convoité. Ils seront tous là, ces êtres qui chantent ton nom et pleurent ton absence. Et dans leurs yeux azurés tu comprendras. S’il y a un sens à tout ceci. Si tu dois garder la foi. Tous les hommes ne sont pas bons, mais il faut vivre pour ceux qui le sont. Je le suis, June, crois-moi. Rejoignons ces êtres fabuleux qui nous manquent à tous les deux.
Le Soleil m’éblouit. Ferme les yeux, June.

Pour les rouvrir en ce bas monde. La douce se sentait nébuleuse. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux ; conserver cette image si délicieuse d’eux. Ils étaient trois. Elle tenait sur sa langue leurs noms, l’espace d’un instant ; le temps les avait effacés. Mais elle désirait les retrouver. Un jour, peut-être. Et ce même sentiment que l’on éprouve au petit matin d’une journée d’hiver, celui qui nous pousse à se rouler en boule et à profiter de la chaleur du lit, la saisit alors. Elle, étendue sur le sable, en pleine après-midi. Elle était bien. Elle se sentait vivante, reposée, sereine. Son cœur battait fort.
De qui avait-elle rêvée, déjà ?
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