Lorsque Dogaku revint à l'atelier, Akira essayait encore de clarifier ses souvenirs. Contrairement à ses habitudes, le futur chasseur de primes avait l'esprit trop embrumé pour philosopher sur sa situation. Amélie, pour sa part, préparait ses crayons en sifflotant, assise face à une petite table, toute guillerette.
-Ah! Sigurd! Te revoilà. C'est seulement pour récupérer ton pantalon, ou bien ton cœur t'a convaincu de poser pour moi?
-J'ai déjà dis non cinq fois, ça va pas changer de suite... et où est mon pantalon?
-Cachéééé ♥
-
Sérieux...?
-Je plaisante. Derrière les toiles vierges, là.
-Et moi, où est ma chemise?, s'inquiéta Akira, torse nu.
-Cachéééé ♥
-Vous allez pas faire la même blague deux fois..?
-
Je suis sérieuse, là.-Hein!?
-Je peux comprendre que Sigurd ne veuille pas que je reproduise ses fesses. C'est dommage, mais bon. Toi, par contre, je suis prête à payer, et je veux juste tes yeux. Donc tu n'as pas le droit de refuser.
-M'enfin...
Akira allait protester, mais fut interrompu par l'arrivée fracassante d'une jeune femme en colère. Honaka Suzuke, bien évidemment. Elle ne lâcha pas dit un mot, mais grondait bien assez fort, à la manière d'un taureau, pour que les deux garçons aient envie de devenir invisible.
Et à la manière dont elle regardait Sigurd, l'image du taureau prêt à charger s'en trouvait renforcée.
Déjà, Dogaku regrettait de porter un slip rouge, aujourd'hui.
-Toi!, ordonna Honaka.
-
Euh... ouais. Bonjour?, répondit Sigurd, sans trop comprendre d'où sortait la jeune femme.
-Tu sais quelle est la dernière chose que j'ai besoin de voir après une dure journée!?
-...
-...
-...
-Réponds!
-...
-...
-Euh...
ben je sais pas, moi. Une douche? T'as l'air d'avoir fait du sport.
C’est pas que ça sent, et encore moins particulièrement fort, mais...En effet, la chevelure, le corps et les vêtements de la jeune Suzuke étaient imprégnées de sa sueur. Même sèche, elle continuait de ternir le charme de la demoiselle. Et son odeur.
Demoiselle qui n'était pas vraiment à son avantage, seulement vêtue d'un pantalon de toile et d'une bande de tissu en guise de soutien-gorge. Akira se permit un léger sourire en visionnant la scène, le blondinet aux jambes à l’air, face à la jeune femme pratiquement torse nu.
Pourtant, son sourire glissa instantanément lorsqu’elle prit la parole:
-CONN%&§$! CE DONT J'AI PAS BESOIN, C'EST D'UN PUT@&%#! D'EXHIBITIONNISTE À LA C@N QUI PROMENE SES #!%$ A L’AIR LIBRE DANS LES RUELLES, hurla-t-elle, excédée.
-Ah. Ouais, je sais pas trop ce qui s'est passé, ni même comment j'ai fini sans pantalon...
-..., s'empourpa la samouraï en levant les bras, l’air menaçant.
-C'est de sa faute à elle!, précisa-t-il aussitôt en désignant l'artiste du doigt.
-Moi ? Eeeeeh…
Pour toute réponse, Amélie Denclaire jeta un regard aux biceps bien formés de la samouraï, puis au sabre qui pendait à sa taille. Elle démenti aussitôt du visage, en hochant énergiquement la tête de droite à gauche.
-Rhooo l'autre eh!, s'amusa Dogaku.
-Elle ment, intervint Akira. C'est elle qui nous a fait... je sais pas quoi, mais un drôle de truc. Elle nous a forcés.
-Avec ses lunettes, précisa Sigurd.
-Tout à fait, renchérit l'autre. C'était vraiment bizarre. Mais tout ça, c'est elle qui en est la cause, conclut-il.
Et face à un exposé aussi clair, Honaka ne pouvait réagir que d'une seule manière, bien sûr.
-Vous me prenez vraiment pour une c@€#ne, tous les deux?
Akira la regarda calmement. Sigurd, pour sa part, ne put s'empêcher de sourire. Jusqu’à ce que Suzuke, excédée, décide de l’effacer en le renversant brusquement, d’une poussée sur l’épaule. Dogaku tenta de se raccrocher à ce qu’il pouvait, mais glissa le long d’un mur pour s’écraser lamentablement au sol.
Sans comprendre, le jeune homme s’énerva aussitôt.
-AOUH. BORD&@$£, QU’EST-CE QUI TE PR…
-‘A FERME !, aboya-t-elle.
Suzuke se baissa sur lui, et l'aggrippa par le col. Elle le redressa à moitié en lui assénant un regard venimeux, ce qui le calma sur le champ.
Pendant un moment, Sigurd cru qu'elle allait lui mettre un coup de tête.
Elle aussi, en vérité.
Flairant le danger, Dogaku croisa les bras face à lui et plia les jambes. Une fois en boule, à la manière d'une tortue coincée sur le dos, il commença à se débattre et lutter quelques secondes avec Honaka.
Quand la jeune Suzuke sentit les pieds de sa cible appuyer sur son ventre, elle relâcha sa prise pour ne pas être éjectée. Elle tenta de le contourner, mais Dogaku en profita pour ramper un peu plus loin, et se remettre en boule.
Lorsque, pour la seconde fois, il orienta ses jambes vers elle, Honaka décida de les coincer sous ses bras.
Cinq secondes plus tard, elle relâcha son étreinte et recula, en affichant une expression de dégoût. Et les exclamations qui allaient avec.
Sigurd avait les jambes nues, et, tout naturellement, les jambes poilues. La samouraï n'arrivait pas à croire qu'elle ait touché ça.
En termes d'hygiène et de sensation, elle avait presque l'impression d'avoir caressé un rat mort. Un gros rat d'égout. Répugnant, possible vecteur de maladies horribles, et probablement, de parasites infects.
En conséquence, elle l’invectiva lourdement. Mais au moins, songea Akira, qui n’avait ni osé, ni envie d’intervenir, elle n’avait plus l’air de vouloir l’attaquer.
-Bah bien sûr, que j'ai du poil aux jambes, chuis un bonhomme, répliqua Sigurd. C'est pas un crime, nan?
Pis même les filles, ont du poil, c'est pour ça qu'elles s'ép...-Bref!, intervint Akira, sentant le mauvais pas.
-Pis bon, c'est pas très fair-play de me traiter d'exhibitionniste vu ta tenue.
Une bande de tissu pour couvrir le haut, sérieux?-BREF !, insista le jeune homme.
-Pas du tout, rétorqua Suzuke. Ça fait partie des vêtements traditionnels des femmes de Wano. Abruti.
-Mmmh. Soit. M'enfin, même comme ça... t'as déjà du voir des types en maillot de bain, nan? J'veux dire, si les femmes se baladent toutes comme toi, j'imagine pas les hommes.
-Les femmes ne se baladent pas comme…
ce sont des sous-vêtem… aaaaaaarh, abruti!-Du coup, je veux bien croire que je t'ai brûlé les yeux...
encore que c'est vachement vexant pour moi... mais de là à dire que j'ai brûlé ton innocence, y'a un monde.
-Tu as l'un des postérieurs les mieux formés qu'il m'ait été donné de voir, Sigurd, le rassura la peintre, Amélie Denclaire.
-
Je sais, pas la peine de...-Pas vrai, jeune femme?, continua Amélie.
Honaka sentit sa colère ressurgir d’un coup. On lui demandait… quoi !? Impensable. Pire encore, elle regarda sans réfléchir. Sigurd avait raison : la couleur rouge attirait le regard.
Et ce qu’elle vit…
Son cerveau se braqua immédiatement. Elle préféra ne plus penser. Détourner le regard. Ne pas admettre, ne surtout pas admettre, que l’artiste avait raison.
Et, surtout, se passer les nerfs, pour de bon, sur le blondinet.
D’un geste vif, la samouraï dégaina son arme, s’approcha à grands pas de l’imbécile toujours à terre, et…
-Hop hop hop, STOP!, s'exclama Denclaire. FREEZE! Plus personne ne bouge! Artiste en action!
Avec précipitation, Amélie s'approcha du duo, et plus particulièrement de la jeune femme.
-NE. BOUGE. SURTOUT PAS!
Armée d'un calepin et d'un stylo qu'elle tenait entre ses dents, Denclaire fit plusieurs fois le tour de la scène, formant un cadre avec ses doigts pour mieux capturer la scène. A trois reprises, elle examina Honaka. De très près. A nouveau, la guerrière s’était arrêtée, sans trop savoir pourquoi. Et pourtant, il y avait un petit quelque chose, une étincelle dans l’œil de l’artiste, qui la retenait encore.
Mais plus pour très longtemps.
-Jeune samouraï, déclara finalement Denclaire d'un ton très sérieux. Ton nom, s'il te plait?
-…
-Ton nom ?
-Honaka…
-Bieeen. Honaka. Accepterais-tu de poser pour moi?
-… ?
-Je viens d'avoir un flash. Honnêtement. Ce mouvement que tu viens de faire ... ta posture actuelle… la façon dont ton corps est mis en valeur… et ces angles ! Tu pratiques arts martiaux, n’est-ce pas ? Et le maniement des armes. Du coup… ah. Je ne me suis pas présentée, correct. Amélie Denclaire, artiste-peintre en plein voyage initiatique de part le monde, développer mon art de par le monde, blablabla-ons’entape car ce qui compte maintenant, c’est toi, la miss. A l’instant, j’étais sur le point de pratiquer quelques exercices de crayonnage avec mes deux sujets du jour, Akira et Sigurd. Et là, boom, tu te pointes, et je ne peux pas m’empêcher de penser… waw. Une magnifique figure d’entraînement qui s’invite chez moi. Alors, du coup… qu’est-ce que tu en dis, Honaka? C’est pas du nu, et c’est rémunéré!
Long silence. Durant lequel Suzuke ne baissa aucunement son arme, toujours prête à mordre les épaules de Dogaku.
Honaka ne le montra aucunement, mais elle fut quand même, quelque part et mine de rien, flattée par la proposition de l'artiste. Poser comme modèle pour des exercices de détails sur l'anatomie? Sans aucun doute, Denclaire devait vouloir reproduire au moins une partie de sa poitrine, bien sûr.
Elle ne voyait pas ce que cela pourrait être d’autre. Il n’y avait rien d’autre qui ne la rendait aussi fière.
Pourtant, Amélie pensait à absolument tout autre chose.
Sa cuisse.
-Ma… ma… ma… ma… ma…
-…
-
Ma quoi… quoi ?, s’étonna Suzuke, d’une voix faible.
Bien sûr que si. Regardez donc.
- Spoiler:
Et pour appuyer ses propos, la peintre alla jusqu’à demander l’avis des deux autres garçons.
-Honnêtement, pour vous qui êtes de jeunes garçons normalement constitués. Sa cuisse, vous ne trouvez pas que c'est vachement proche du top du top de ce qui se fait en la matière, chez les individus féminins qui peuplent cette terre?
Sans surprise, les deux adolescents ne surent trop quoi répondre. Ni même, dans quelle mesure ils pouvaient regarder sans avoir l’air obscène. Pour autant, on attendait bel et bien une réponse d’eux. Et cela concernant tout autant miss Denclaire que Suzuke.
-Ah…
euh… je dois bien avouer que... ouais, en effet, concéda Dogaku.
Honaka adressa à Sigurd un regard répugné. Tous les hommes étaient des porcs, et il n'y faisait pas exception, visiblement. Comment ça, elle était belle, sa cuisse?
-Et toi, Akira?
-Ouais, elle est normale sa cuisse, hein. Tout comme mes yeux, et l'fessier du gars. Parce que j'm'en fous un peu de tout ça à vrai dire. Y'a rien à manger sinon?, réfuta le jeune homme.
Honaka adressa à Akira un regard acide. Tous les hommes étaient odieux, et il n'y faisait pas exception, visiblement. Comment ça, elle n'était pas belle, sa cuisse?
-Aaah. Du genre jamais contente, hein?, s'amusa Denclaire.
Oui. Les femmes pouvaient, elles aussi, être parfaitement ridicules.
-Bon. Alors. Qu’est ce que tu en dis, jeune femme? Tu poses, tu poses pas?