Les entrailles du Léviathan, cela fait depuis Reverse Mountains que j'y habite pour ainsi dire et que j'interagis avec ma nouvelle famille. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas vu celui qui m'a embarqué dans cette aventure, enfin peu importe, j'y suis, j'y reste ! Cette année et plus... Ou moins ? Enfin ce temps m'aura changé, en bien, j'espère. Je dois avouer que retrouver les joies simples du temps où je n'étais qu'une simple milicienne sur mon île d'origine. Un souffle de nostalgie, mais avec certains côtés bons ou mauvais en plus, au final, c'est dur à expliquer si ce n'est avec une phrase sans queue ni tête : c'est à la fois pareil et différent en somme. J'ai pris un malin plaisir à les torturer mes petits camarades, non pas méchamment, mais à bien y réfléchir avec ma manie de l'ordre et du propre, je leur en ai bien fait baver tout de même.
J'espère qu'ils ne m'en voudront pas trop, en tout cas, je les aime, comme la famille que nous sommes dorénavant. En tout cas, j'espère les avoir changés en bien, pour ma part, je pense être plus ou moins semblable si ce n'est que je gueule plus fort et arrive me faire comprendre, ou à faire plus mal aux tympans sur un périmètre plus large. Je suis toujours aux petits soins sur les détails, cela ne changera pas et il vaut mieux quand on voit la foire que peut devenir un local commun sans personne pour venir râler derrière ! Peu importe où je suis, où je serai dans un avenir lointain, nous serons toujours liés par cette même passion et sous le même fanion. Peut-être, que je ne vous le montre pas assez, mais si je vous ai appris la discipline et l'horreur de servir sous ou avec une maniaque, vous m'avez appris à sourire au fond de mon cœur.
Je fais un dernier tour du Léviathan avant d'aller à terre, à ce moment-là, je sais que je ne le reverrai plus autant qu'avant. Je remercie mes supérieurs pour leurs bienveillances et je préviens ceux sous mes ordres directs que si c'est à nouveau un vrai chantier quand je reviendrai, ils auront affaire à moi. Pour une fois, je leur fais un long sourire suivi par ma bande de Manchots qui n'essayent pas de détruire ce moment solennel avec leurs pitreries diverses. Une fois débarquée, je me retourne et salut une dernière fois le navire pour les voir. Bande d'idiots, vous êtes venue sur la rambarde me saluer avec un balai à la place de vos fusils, je vous adore. Pourtant, ce moment est si beau et loufoque à la fois, mais sur le coup, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire, avant de me lâcher un instant. J'ai l'impression de détruire ce moment alors qu'ils se donnent de petits coups de coude là-haut et se félicitent plus ou moins discrètement pour leurs bêtises.
"Retournez à vos postes et que ça saute !"
Ils me saluent une nouvelle fois et retournent en ordre travailler, pour ma part, je me rends compte que mes cinq manchots de malheurs ont déjà effectué un repli stratégique. Il ne faudra pas longtemps avant que l'on me les ramène encore à coup de pied dans l'arrière-train j'imagine. Pour le moment, ils me suivent par simple loyauté, j'ai la vague impression que je vais bientôt devoir les laisser partir, les laisser voler vers de nouvelles aventures. Enfin soit, je me dirige vers le secrétariat pour connaitre le dortoir qui m'a été assigné temporairement, mon bras gauche me fait encore souffrir. Il me rappelle encore mon erreur, là où mon orgueil fut trop grand. Mon plus gros échec et avouons-le celui qui m'a couté le plus cher. Contrairement aux autres, je n'ai pas progressé en tant que soldat à cause de cela, cet accident qui à causer cette profonde blessure dans ma chaire, mais aussi dans mon cœur. La raison pour laquelle je vais m'éloigner du Léviathan est entre autres le besoin de me faire faire un bilan médical et psychologique pour s'assurer que je suis toujours apte.
C'était la condition pour que je reste à bord du Léviathan jusqu'à maintenant, plutôt que de m'envoyer tout de suite dans un hôpital des bases militaires. De plus, il semblerait que mon ancienneté et mes services me donnent le droit à une promotion, ce qui est une bonne nouvelle en soit. Commandant Yanagiba, je dois avouer que cela sonne bien tout de même. Je vais profiter des infrastructures de Navarone pour essayer de concrétiser mon projet en essayant de ne pas y perdre un bras cette fois-ci, j'ai eu beaucoup de chance la dernière fois que le médecin de bord a réussi à conserver celui-ci et que j'ai retrouvé avec le temps le quasi-mobilité de mon membre.
Dans mon esprit, cela avait pourtant l'air d'être une bonne idée. Si sur le papier l'idée avait l'air bonne, le résultat m'a littéralement sauté à la gueule, ou plutôt l'un des éclats. Certaines choses perdurent pendant de longs temps simplement parce qu'on ne doit pas pouvoir faire mieux, j'imagine. J'aurais mieux fait de laisser aux scientifiques le bon soin d'innover et de trouver de nouveaux concepts. Je suis totalement consciente du fait d'être totalement fautive pour cette erreur et j'en ai pris toutes les responsabilités, surtout que tout le matériel avait été payé de ma poche et le tout testé loin du navire au cas où. Enfin bref, j'ai déjà fait mon rapport bien que j'aie fait cela sur mon temps libre, puisque j'ai monopolisé une chambre de l'infirmerie. C'est à ce moment-là que je le vois :
Il me salue avec une conserve dans l'autre main, déjà, je me dis que c'est un sacré numéro et malgré cela, il est impeccable. Pas un accroc, pas une pliure, du bon marin organisé du haut jusqu'au bout des bottes.
"Commandant Yanagiba, je suis le Caporal Eye, je suis chargé de vous escorter et de vous servir de guide dans la base Navarone."
Au moins, je suis fixée, apparemment mon changement de grade est déjà effectif, il ne reste certainement plus qu'a signé la paperasserie. À moins que ce soit sa manière de me dire qu'il pense que cela me revient de droit ? Impossibles, nous venons de nous rencontrer pourquoi, penserait-il une chose pareille de moi, je divague parfois jusque dans ma tête. Je lui rends son salut et prends la parole.
"Repos Caporal Eye."
Puisque nous sommes encore en extérieurs, il semble hésiter à me demander l'autorisation de faire une pause pipe. Ou plutôt c'est ce que j'en déduis du fait qu'il s'interroge en caressant une blague à tabac située à sa ceinture. Avant même qu'il ne pose la question, je lui réponds par l'affirmative d'un simple hochement de la tête en désignant sa blague du regard, il se permet alors de se détendre un moment, temps que j'utilise pour contempler la magnificence de la base marine. Une fois en route vers le secrétariat de la base pour s'assurer des formalités un silence professionnel s'installe entre nous deux, on sait très bien que si on veut papoter, il faudra faire ça pendant nos heures de repos. Une fois les papiers signer avec autre chose qu'une croix, en fait même une montagne de procédures diverses, je me dirige avec le Caporal aux dortoirs avant de faire le tour de la base.
*Environs deux semaines plus tard*
Mon nouveau grade est effectivement bien là, j'ai pris mon post et je connais les lieux un minimum pour ne presque pas me perdre. Je suis allée sur le port saluer le départ du Léviathan, je dois avouer que ça ma fait un peu mal, mais ce n'est pas comme si c'était un adieu, juste un au-revoir. J'ai un peu de temps avant que ma nouvelle affectation chez les Rhino Storm soit effective. Je vais en profiter pour essayer d'améliorer mon principe, j'imagine que s'il y en a qui peuvent trouver une solution à mes problèmes, c'est bien la brigade scientifique de Navarone. Même avec le Caporal Eye à mes côtés, je dois avouer que pour certaines demandes, c'est un peu la croix et la bannière. Ce n'est pas la piraterie qui fera flancher la glorieuse marine, mais le poids de sa propre administration. J'ai bien dû signe mon poids en papier pour avoir le droit à une entrevu avec un scientifique tout de même... Cela me rappelle le temps où j'étais sur mon île, les guildes d'artisan guidant et poussant tous les nouveaux pour qu'ils deviennent la crème de la crème. Sans parler de problèmes de moyens, puisque ce n'est pas le cas, j'ai l'impression qu'il y a un quelque chose qui manque entre certains ateliers pour maximiser leurs rendements.
Mes subalternes à nageoire se tiennent presque à carreau, néanmoins, je sais maintenant que le moment de les laisser partir est venu. Ils ont déjà eu la patience de rester avec moi une longue année dans les entrailles du Léviathan, je me doute bien qu'ils veulent bouger. Peut-être qu'ils ne restent que parce que je leur verse un salaire, peut-être qu'ils se sont attachés à moi. Dans tous les cas puisque cet arrêt à Navarone marque un tournant vers une nouvelle vie, le soir même, je leur fais comprendre qu'il serait temps pour eux de prendre place sur le prochain navire civil venu demander asile ici suite à une attaque pirate pour partir vers de nouveaux horizons.
Je n'ai même pas encore osé demander ce que je doive faire pour disposer d'un local adéquat pour faire des essais. Ce n'est pas que j'ai peur du travail, au contraire, je suis même prête à les aider autant qu'ils le veuillent pour réparer, créer et concevoir des canons, mais est-ce que je vais supporter le poids des papiers qui vont s'effondrer sur moi comme une vague sur une embarcation tel un raz-de-marée blanc et encre ? Enfin soit, deux semaines ce n'est pas si long pour avoir un rendez-vous, j'ai eu de la chance, je pense. Déjà, j'ai appris que ce bon vieux Papy Bob Eye, car c'est le nom du Caporal, est bucherons. Bizarrement, cela ne m'a pas étonnée quand j'ai vu ses anciennes scies à bois dans son dortoir. Ici et là en posant des questions, j'ai rencontré quelques artisans qui se sont engagés dans la marine. Évidemment, ils ne diront pas à voix haute qu'ils aimeraient, même par simple hobby, pouvoir pratiquer leurs anciennes professions, mais j'ai cru le sentir. Moi dans tous les cas, âpres un an en mer a pratiquement ne pas toucher à une forge si l'on ne compte pas mon accident, ça me démange.
Finalement, je vais enfin avoir le droit à une entrevu avec une personne du pôle scientifique de la base. Évidemment, j'essaye d'être la plus brève et concis possible. Je me doute qu'ils aient autre chose à faire que d'écouter une femme au moins six fois moins cultivée qu'eux leur vendre un principe houleux et dangereux. Finalement, une fois l'entrevue finit, ils me concèdent que cela pourrait être intéressant, mais qu'ils n'ont pas la liberté ni le loisir pour pouvoir aider ce genre de recherches. Néanmoins, si je leur apporte un jour quelque chose de beaucoup plus abouti et l'accord de leur supérieur pour commencer des recherches dessus, ils m'aideront certainement si l'envie leur vient. Un projet à long terme, peut-être une idée qui n'arrivera jamais à terme au bout d'une vie, j'aurais tout le temps pour y repenser par la suite.
Dans l'immédiat une chose m'a frappée, une idée toute bête, mais qui semble évidente de là où je viens. Pour cela, j'aurais besoin d'en discuter avec des personnes que cela pourrait intéresser. Ainsi pendant que je fais en sorte d'importer quelques bouteilles d'alcool en toute légalité, le Caporal essaye de trouver des artisans pour venir m'écouter et en discuter autour d'une table et un verre à la main. Évidemment, tout cela se fera pendant le temps libre, il n'est pas question de boire en service. Trouver un trou pour tout le monde, une salle avec toutes les demandes que cela implique ainsi qu'importer tout ce qu'il faut pour un rassemblement dans la joie et la bonne humeur prendra du temps.
*Quelques jours par la suites*
Cela va bientôt être le premier rassemblement, bien évidemment, j'ai tous les accords nécessaires et de toute manière, toutes les personnes présentes viendront sur leurs temps libres. La première constatation à en tirer, c'est que même au sein d'une même base, il est difficile de joindre un peu tout le monde, alors au sein de différentes bases cela risque d'être pire. Ainsi la première réunion se forme, on se salue et discute de tout et de riens pendant une bonne heure avant d'entrer dans le cœur du débat.
Le caporal Octavius, Orfèvre de métier nous fait remarquer qu'il est très compliqué d'obtenir un lieu pour effectuer le moindre artisanat non-réglementaire. Certes si c'est normal que le maximum de place et de main d'œuvre opère dans l'unique but de satisfaire les besoins de la marine, il est bien dommage que certaines ne puissent pas se détendre ainsi en faisant des choses qui pourraient de toute manière servir à la marine. Âpres tous et aussi, certains sous-officiers ou plus pourraient se permettre de réinjecter une partie de leur paie dans la Marine pour du meilleur matériel. Car, si au sein des bases il n'y a pas de problème, la logistique pour certains navires en mer et surtout, leurs commandes de matériel vont droit dans les poches des marchands des différents ports où ils font escale.
Plusieurs points seront par la suite et durant les prochaines réunions abordées, puis affiner avant de se rendre compte que quoi qu'il arrive, il va bien falloir avoir l'accord, le soutien et les contacts d'un haut gradé pour pouvoir aller plus loin. Ainsi, ils mettent en ordre tout cela et résument les points forts de leur demande. Bien sûr, faire une demande pour avoir la permission d'échanger quelques paroles avec Vice-Amiral Otto Anderman ça se prépare et il n'est pas question de se retrouver sans argument à avancer devant lui et donc, lui faire perdre un temps précieux.
Ainsi, les prochaines semaines seront réservées à ce projet. Peut-être n'est-ce qu'un rêve idiot et que le supérieur n'y verra là qu'une perte de temps et de moyens. Étant investigatrice de la chose, je me prépare et je suis prête à mettre sur la table une partie de mon salaire et toutes mes économies. Pingüino m'a remis sa lettre de démission collective ce matin, ils finissent le mois payé et ils partiront deux jours par la suite sur un navire marchant de passage, suite à une rencontre malheureuse, une collision avec un autre navire. Cela me fait un peu de peines, mais j'ai l'impression de les faire pourrir sur place à force du manque "d'animations" de leurs goûts dans les environs. J'espère que je serai prête pour mon rendez-vous, mais mieux encore, j'espère qu'il me sera accordé.
J'espère qu'ils ne m'en voudront pas trop, en tout cas, je les aime, comme la famille que nous sommes dorénavant. En tout cas, j'espère les avoir changés en bien, pour ma part, je pense être plus ou moins semblable si ce n'est que je gueule plus fort et arrive me faire comprendre, ou à faire plus mal aux tympans sur un périmètre plus large. Je suis toujours aux petits soins sur les détails, cela ne changera pas et il vaut mieux quand on voit la foire que peut devenir un local commun sans personne pour venir râler derrière ! Peu importe où je suis, où je serai dans un avenir lointain, nous serons toujours liés par cette même passion et sous le même fanion. Peut-être, que je ne vous le montre pas assez, mais si je vous ai appris la discipline et l'horreur de servir sous ou avec une maniaque, vous m'avez appris à sourire au fond de mon cœur.
Je fais un dernier tour du Léviathan avant d'aller à terre, à ce moment-là, je sais que je ne le reverrai plus autant qu'avant. Je remercie mes supérieurs pour leurs bienveillances et je préviens ceux sous mes ordres directs que si c'est à nouveau un vrai chantier quand je reviendrai, ils auront affaire à moi. Pour une fois, je leur fais un long sourire suivi par ma bande de Manchots qui n'essayent pas de détruire ce moment solennel avec leurs pitreries diverses. Une fois débarquée, je me retourne et salut une dernière fois le navire pour les voir. Bande d'idiots, vous êtes venue sur la rambarde me saluer avec un balai à la place de vos fusils, je vous adore. Pourtant, ce moment est si beau et loufoque à la fois, mais sur le coup, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire, avant de me lâcher un instant. J'ai l'impression de détruire ce moment alors qu'ils se donnent de petits coups de coude là-haut et se félicitent plus ou moins discrètement pour leurs bêtises.
"Retournez à vos postes et que ça saute !"
Ils me saluent une nouvelle fois et retournent en ordre travailler, pour ma part, je me rends compte que mes cinq manchots de malheurs ont déjà effectué un repli stratégique. Il ne faudra pas longtemps avant que l'on me les ramène encore à coup de pied dans l'arrière-train j'imagine. Pour le moment, ils me suivent par simple loyauté, j'ai la vague impression que je vais bientôt devoir les laisser partir, les laisser voler vers de nouvelles aventures. Enfin soit, je me dirige vers le secrétariat pour connaitre le dortoir qui m'a été assigné temporairement, mon bras gauche me fait encore souffrir. Il me rappelle encore mon erreur, là où mon orgueil fut trop grand. Mon plus gros échec et avouons-le celui qui m'a couté le plus cher. Contrairement aux autres, je n'ai pas progressé en tant que soldat à cause de cela, cet accident qui à causer cette profonde blessure dans ma chaire, mais aussi dans mon cœur. La raison pour laquelle je vais m'éloigner du Léviathan est entre autres le besoin de me faire faire un bilan médical et psychologique pour s'assurer que je suis toujours apte.
C'était la condition pour que je reste à bord du Léviathan jusqu'à maintenant, plutôt que de m'envoyer tout de suite dans un hôpital des bases militaires. De plus, il semblerait que mon ancienneté et mes services me donnent le droit à une promotion, ce qui est une bonne nouvelle en soit. Commandant Yanagiba, je dois avouer que cela sonne bien tout de même. Je vais profiter des infrastructures de Navarone pour essayer de concrétiser mon projet en essayant de ne pas y perdre un bras cette fois-ci, j'ai eu beaucoup de chance la dernière fois que le médecin de bord a réussi à conserver celui-ci et que j'ai retrouvé avec le temps le quasi-mobilité de mon membre.
Dans mon esprit, cela avait pourtant l'air d'être une bonne idée. Si sur le papier l'idée avait l'air bonne, le résultat m'a littéralement sauté à la gueule, ou plutôt l'un des éclats. Certaines choses perdurent pendant de longs temps simplement parce qu'on ne doit pas pouvoir faire mieux, j'imagine. J'aurais mieux fait de laisser aux scientifiques le bon soin d'innover et de trouver de nouveaux concepts. Je suis totalement consciente du fait d'être totalement fautive pour cette erreur et j'en ai pris toutes les responsabilités, surtout que tout le matériel avait été payé de ma poche et le tout testé loin du navire au cas où. Enfin bref, j'ai déjà fait mon rapport bien que j'aie fait cela sur mon temps libre, puisque j'ai monopolisé une chambre de l'infirmerie. C'est à ce moment-là que je le vois :
"Commandant Yanagiba, je suis le Caporal Eye, je suis chargé de vous escorter et de vous servir de guide dans la base Navarone."
Au moins, je suis fixée, apparemment mon changement de grade est déjà effectif, il ne reste certainement plus qu'a signé la paperasserie. À moins que ce soit sa manière de me dire qu'il pense que cela me revient de droit ? Impossibles, nous venons de nous rencontrer pourquoi, penserait-il une chose pareille de moi, je divague parfois jusque dans ma tête. Je lui rends son salut et prends la parole.
"Repos Caporal Eye."
Puisque nous sommes encore en extérieurs, il semble hésiter à me demander l'autorisation de faire une pause pipe. Ou plutôt c'est ce que j'en déduis du fait qu'il s'interroge en caressant une blague à tabac située à sa ceinture. Avant même qu'il ne pose la question, je lui réponds par l'affirmative d'un simple hochement de la tête en désignant sa blague du regard, il se permet alors de se détendre un moment, temps que j'utilise pour contempler la magnificence de la base marine. Une fois en route vers le secrétariat de la base pour s'assurer des formalités un silence professionnel s'installe entre nous deux, on sait très bien que si on veut papoter, il faudra faire ça pendant nos heures de repos. Une fois les papiers signer avec autre chose qu'une croix, en fait même une montagne de procédures diverses, je me dirige avec le Caporal aux dortoirs avant de faire le tour de la base.
*Environs deux semaines plus tard*
Mon nouveau grade est effectivement bien là, j'ai pris mon post et je connais les lieux un minimum pour ne presque pas me perdre. Je suis allée sur le port saluer le départ du Léviathan, je dois avouer que ça ma fait un peu mal, mais ce n'est pas comme si c'était un adieu, juste un au-revoir. J'ai un peu de temps avant que ma nouvelle affectation chez les Rhino Storm soit effective. Je vais en profiter pour essayer d'améliorer mon principe, j'imagine que s'il y en a qui peuvent trouver une solution à mes problèmes, c'est bien la brigade scientifique de Navarone. Même avec le Caporal Eye à mes côtés, je dois avouer que pour certaines demandes, c'est un peu la croix et la bannière. Ce n'est pas la piraterie qui fera flancher la glorieuse marine, mais le poids de sa propre administration. J'ai bien dû signe mon poids en papier pour avoir le droit à une entrevu avec un scientifique tout de même... Cela me rappelle le temps où j'étais sur mon île, les guildes d'artisan guidant et poussant tous les nouveaux pour qu'ils deviennent la crème de la crème. Sans parler de problèmes de moyens, puisque ce n'est pas le cas, j'ai l'impression qu'il y a un quelque chose qui manque entre certains ateliers pour maximiser leurs rendements.
Mes subalternes à nageoire se tiennent presque à carreau, néanmoins, je sais maintenant que le moment de les laisser partir est venu. Ils ont déjà eu la patience de rester avec moi une longue année dans les entrailles du Léviathan, je me doute bien qu'ils veulent bouger. Peut-être qu'ils ne restent que parce que je leur verse un salaire, peut-être qu'ils se sont attachés à moi. Dans tous les cas puisque cet arrêt à Navarone marque un tournant vers une nouvelle vie, le soir même, je leur fais comprendre qu'il serait temps pour eux de prendre place sur le prochain navire civil venu demander asile ici suite à une attaque pirate pour partir vers de nouveaux horizons.
Je n'ai même pas encore osé demander ce que je doive faire pour disposer d'un local adéquat pour faire des essais. Ce n'est pas que j'ai peur du travail, au contraire, je suis même prête à les aider autant qu'ils le veuillent pour réparer, créer et concevoir des canons, mais est-ce que je vais supporter le poids des papiers qui vont s'effondrer sur moi comme une vague sur une embarcation tel un raz-de-marée blanc et encre ? Enfin soit, deux semaines ce n'est pas si long pour avoir un rendez-vous, j'ai eu de la chance, je pense. Déjà, j'ai appris que ce bon vieux Papy Bob Eye, car c'est le nom du Caporal, est bucherons. Bizarrement, cela ne m'a pas étonnée quand j'ai vu ses anciennes scies à bois dans son dortoir. Ici et là en posant des questions, j'ai rencontré quelques artisans qui se sont engagés dans la marine. Évidemment, ils ne diront pas à voix haute qu'ils aimeraient, même par simple hobby, pouvoir pratiquer leurs anciennes professions, mais j'ai cru le sentir. Moi dans tous les cas, âpres un an en mer a pratiquement ne pas toucher à une forge si l'on ne compte pas mon accident, ça me démange.
Finalement, je vais enfin avoir le droit à une entrevu avec une personne du pôle scientifique de la base. Évidemment, j'essaye d'être la plus brève et concis possible. Je me doute qu'ils aient autre chose à faire que d'écouter une femme au moins six fois moins cultivée qu'eux leur vendre un principe houleux et dangereux. Finalement, une fois l'entrevue finit, ils me concèdent que cela pourrait être intéressant, mais qu'ils n'ont pas la liberté ni le loisir pour pouvoir aider ce genre de recherches. Néanmoins, si je leur apporte un jour quelque chose de beaucoup plus abouti et l'accord de leur supérieur pour commencer des recherches dessus, ils m'aideront certainement si l'envie leur vient. Un projet à long terme, peut-être une idée qui n'arrivera jamais à terme au bout d'une vie, j'aurais tout le temps pour y repenser par la suite.
Dans l'immédiat une chose m'a frappée, une idée toute bête, mais qui semble évidente de là où je viens. Pour cela, j'aurais besoin d'en discuter avec des personnes que cela pourrait intéresser. Ainsi pendant que je fais en sorte d'importer quelques bouteilles d'alcool en toute légalité, le Caporal essaye de trouver des artisans pour venir m'écouter et en discuter autour d'une table et un verre à la main. Évidemment, tout cela se fera pendant le temps libre, il n'est pas question de boire en service. Trouver un trou pour tout le monde, une salle avec toutes les demandes que cela implique ainsi qu'importer tout ce qu'il faut pour un rassemblement dans la joie et la bonne humeur prendra du temps.
*Quelques jours par la suites*
Cela va bientôt être le premier rassemblement, bien évidemment, j'ai tous les accords nécessaires et de toute manière, toutes les personnes présentes viendront sur leurs temps libres. La première constatation à en tirer, c'est que même au sein d'une même base, il est difficile de joindre un peu tout le monde, alors au sein de différentes bases cela risque d'être pire. Ainsi la première réunion se forme, on se salue et discute de tout et de riens pendant une bonne heure avant d'entrer dans le cœur du débat.
Plusieurs points seront par la suite et durant les prochaines réunions abordées, puis affiner avant de se rendre compte que quoi qu'il arrive, il va bien falloir avoir l'accord, le soutien et les contacts d'un haut gradé pour pouvoir aller plus loin. Ainsi, ils mettent en ordre tout cela et résument les points forts de leur demande. Bien sûr, faire une demande pour avoir la permission d'échanger quelques paroles avec Vice-Amiral Otto Anderman ça se prépare et il n'est pas question de se retrouver sans argument à avancer devant lui et donc, lui faire perdre un temps précieux.
Ainsi, les prochaines semaines seront réservées à ce projet. Peut-être n'est-ce qu'un rêve idiot et que le supérieur n'y verra là qu'une perte de temps et de moyens. Étant investigatrice de la chose, je me prépare et je suis prête à mettre sur la table une partie de mon salaire et toutes mes économies. Pingüino m'a remis sa lettre de démission collective ce matin, ils finissent le mois payé et ils partiront deux jours par la suite sur un navire marchant de passage, suite à une rencontre malheureuse, une collision avec un autre navire. Cela me fait un peu de peines, mais j'ai l'impression de les faire pourrir sur place à force du manque "d'animations" de leurs goûts dans les environs. J'espère que je serai prête pour mon rendez-vous, mais mieux encore, j'espère qu'il me sera accordé.