>> Nom & Prénom
Pseudonyme : Eustache Ier Age: 24 croquettes Sexe : Homme Race : Humain Métier : non Groupe : probablement pirate But : profiter de l'instant Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : rien à priori Équipement : Un costard, une cravate mogador noire Codes du règlement : Parrain : c'est un changement de compte Ce compte est-il un DC ? : Oui, je lâche Trinita Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Ah beh, là, vous m'posez une colle |
>> Introduction en Eustache-style
Zzzz ... attention on va descendre ... Zzzz ...
Bip Bip Bip
Hm ... guez g' ...guez gue zé ?
BIP. BIP. BIP !!!
Oh maan... Clic. Meeeuaaahllô ? Qu'est ce que c'est ?
Salut Eustache, c'est Maximus. Jte réveille pas ?
... gnnh' ... nooon, pas du tout, mec.
Hm, je vois. Dis moi j'ai une question hyper-importante pour toi, là de suite.
Là de suite ? Bah, ok, balance.
Voilà l'truc. J'suis à côté d'une certaine Perryssantantion, qui veut en savoir plus sur toi.
Perryssantantion ? Pas banal comme blaze.
Non, non, pas Perryssantantion, plutôt Perry Sans Tension. Ça se prononce très vite, c'est ça qui est trompeur. Genre P'ryzentation, tu vois ?
Yey, j'vois l'idée, j'vois l'idée.
Jauny.
Jauny ?
Ouais, parce que Jauny Voilliday.
Ouh, tu pars loin man. Et pourquoi, sans tension ?
Ben, elle a pas de poulp.
Sans déc ?
Parole.
Wah, space la minette. Bon, elle veut savoir quoi au juste ?
Hm, alors attends, y'a plusieurs trucs mais, y'a surtout ça : tu dois ... raconter ta vie pas seulement un évènement précis essaye d'être large tout en zoomant sur les évènements importants qui ont fait de toi ce que tu es ne te perd pas en longueur pour autant afin de ne pas décourager ton auditrice s'...
Wow wow wooow, mec ! Elle est méga-longue cte phrase.
T'as vu ça ? Et sans ponctuation en plus. Jte dis pas la galère. Ah, oui, aussi euh ...
Ouais ?
Si ta fiche ne rentre pas dans un seul post, c'est déjà beaucoup trop long attention. La biographie est l'un des éléments déterminants pour ton futur niveau. Essaye d'être agréable à lire, imaginatif, créatif.
Niéh ? De quoi ?
Ouais je sais, là, je capte pas des masses moi non plus mais je te retranscris ça tel quel aussi, c'est un peu flou. En gros, elle veut savoir comment t'as fini par vivre dans le monde One Piece.
Ah. Ok. Boah ... fastoche. Par contre, si j'vous raconte cette trépidante aventure là, comme ça, c'est un coup à cramer ton forfait, Maximus.
Proximus.
De ... ?
Mon forfait ... Ben moi j'suis chez Proximus.
Je sais bien que t'es chez Proximus, Maximus. T'as 2h de communication bonus. Tu m'as pris pour Pludbus ? J'suis pas le minus du campus. Alors molo, maestro, sinon la discussion, terminus, et à plus, hein. Comme on dit par chez vous autres, Romains : Venus Stradivarius.
Euh ... ça veut rien dire, Eustache.
T'es sûr ?
Certain.
Rha dommage, ça claquait pas mal...
... voilà voilà ...
Hmm ...
...
... woh, mais dis moi, j'y pense !!
J'y pense ! Euh, j'veux dire ... quoi ??
Comment ça s'fait qu'on s'cause via Gsm ?
Ben tu sais bien, jt'ai appelé pour ...
Non, non, ça d'accord. Mais j'veux dire, c'est un sale anachronisme quoi. À la limite, par Den Den Mushi mais là, ça fait tâche ...
Ah, ouais, clair. Bon, c'qu'on va faire, j'file ton adresse à Perry, elle pourra te demander ce qui l'intéresse elle-même. Comme ça toi, tu feras ça dans les règles, capisce ? Bon allez, moi, j'raccroche et on oublie tout de cette sombre intro. Faut pas que ça s'ébruite, ct'affaire.
De quoi ? Que le portable existe ?
Non, 'fieu. Que t'emploies des locutions belges surtout.
Oh, bien vu. 'oufti.
>> Physique & Psychologie
De quoi j'ai l'air ? Moé... Hm, hm ... Tu vois Perry, ce genre de questions me laisse perplexe parce que demander à quelqu'un de faire sa propre description, c'est assez bancal. Limite, t'en apprendras plus sur la mentalité de la personne que sur son look en fonction de ce qu'elle te dira. Vantarde, timide, sincère, lucide ... Mais faut avouer, ce truc, c'est un exercice difficile et assez artificiel. Le seul moyen d'être moins objectif, c'est de demander à une pote de dépeindre rapidos la demoiselle avec laquelle elle essaye de t'arranger un rencard. Tu vois l'enroule ? Genre, sa petite voix surexcitée qui se ramène innocemment et balance :
" Eustache, mon chou, tu te souviens de ma super amie dont je t'avais parlé ?
Euh ... dis toujours. Tu m'passes les feuilles ?
Tiens ... oui, tu sais, la championne One Olympique de parapente en sous-marin.
Ah, ouais possible. Envoie l'briquet.
Voilà, voilà ... He ben, je lui ai parlé de toi, elle veut trop te rencontrer !! Je lui expliqué que t'étais un mec génial. T'en dis quoi ?!?
...ff' "
Et t'en dis rien de plus parce que ça, c'est un gros mensonge, déjà; elle a forcément dû insister des tonnes. Personne ne veut vraiment se ruer sur un inconnu, soyons honnête. Ou alors, faut être désespéré. Et là, c'est pas bon signe. Mais st'une autre questions. Bref, l'entremetteuse fait ça uniquement pour satisfaire sa manie ignoble de tout contrôler. Et ensuite, on en arrive au moment ou elle t'explique que la princesse fait 1m75, avec des jambes qui finissent jamais, un bronzage impec' des yeux verts perçants, un QI de 180 et une passion pour le bénévolat et la protection des espèces en voie de disparition comme les jolis chevaux en poster. Ça, c'est comme le mec qui te revend les derniers tickets pour le concert de Bones N' Roses à cinq minutes du début : ça pue l'arnaque, t'achètes pas.
Donc Perry, comprends bien que c'que tu me demandes là me met un peu mal à l'aise. J'vais te répondre, t'inquiète, et même faire de mon mieux. Mais maintenant, t'es prévenue; c'que tu vas entendre risque de pas correspondre à tes attentes.
Moi, j'suis un homme libre. Mon blaze entier, c'est Eustache Placide Zaïtsev Ier. Mais les gens m'appellent Eustache Ier. Ou Didier, mais ça, j'suis quasiment sûr que c'est la faute à mon sosie. On se ressemble comme deux gouttes d'eau lui et moi. La forme de mon visage quand jme mate dans la glace fluctue en fonction de ce que j'ai ingurgité ou fumé la veille, tu comprendras donc que c'est pas évident de dresser un tableau détaillé de moi-même. Ceci dit, j'suis calé pile devant tes mirettes, alors j'suis pas sûr que t'aies vraiment besoin d'aide à ce niveau. Dans la rue, tu m'remarqueras pas. Parce que j'suis zen, et que j'fais pas de vagues. Parfois, j'fredonne, ou j'sifflote, c'est à peu près tout. Des cheveux bruns en bataille, un physique assez commun et une démarche flex, on a vu plus tape-à-l'œil. Aussi, j'ai une vision à la Predator, mais j'suis quasiment sûr que ça n'arrive que lorsque j'abuse de l'alcool. Limite, le seul truc qui peut attirer le regard, chez moi, c'est l'ensemble costard-cravate que j'arbore. Ça donne un petit côté sérieux qui m'plait bien, mais j'fais pas illusion longtemps avec cet accoutrement. Quand on m'demande le pourquoi de cette tenue, j'réponds simplement que jl'aime bien. C'est tout. Ça semble décevoir, pourtant ça devrait pas. Y'a trop de contraintes qui viennent à ta rencontre au quotidien et restreindre tes choix pour bouder les moments où tu peux juste faire les choses à ta façon. C'est capital, ça. Savoir saisir les occasions. Profiter quand l'opportunité se présente. Le souci, c'est que dans notre société, c'est rare qu'on nous foute la paix. Toujours une loi à respecter, toujours un pirate qui vient truander et zigouiller à tour de bras... Moche, quoi. Alors d'habitude, j'suis ailleurs. Enfin, moi j'suis là. Mais totalement déconnecté. Mon esprit vagabonde loin, très loin et mon seul regret, c'est que j'suis incapable de rester dans ces raisonnements H24. Si j'trouvais le moyen de prolonger ces trips, j'en ressortirais avec un savoir unique. Et un regard totalement changé sur cet équilibre précaire dans lequel nous vivons. Le meilleur moyen d'analyser une situation, c'est de prendre du recul, de changer de point de vue. Et de là où j'pars, j'te garantis qu'on voit les choses différemment. Ouais, ça s'rait bien ça.
Parait que j'me perds souvent en digression, et certains s'en plaignent. Ils ont rien compris; la faculté à explorer, voyager, c'est ça la beauté du cerveau humain. Un trop grand nombre d'entre nous brident leur esprit, restent cartésiens et mesurés. C'est chiant. C'est ce manque d'ambition général qui rend notre monde si monotone et assujetti à des codes. Faut réfléchir hors des sentiers battus. Tourner la tête, partir à droite, revenir sur l'autre gauche, plonger, faire un looping, piquer. Une navigation virtuelle dans les méandres de l'esprit. Il faudrait une prise de conscience générale, refuser les barrières. La vie serait plus drôle ainsi. Plus d'alternatives, c'est rendre l'ensemble imprévisible. L'imprévisibilité, c'est la clef. Seulement, les démagogues qui gèrent notre monde, ils veulent tenir les populations en bride. Garder le contrôle de la situation. Alors ils ont édifié des limites. En attendant ce beau jour où les choix fourmilleront, j'fais mes plans peinard en restant fidèle à moi-même : j'ai la tête dans les nuages, les pieds dans l'bitume, les mains dans les poches et j'suis heureux. Parce que moi, j'fais que c'que je veux, et j'prends le temps d'observer pour apprendre. Apprendre, c'est grandir. Et pourquoi sommes nous en vie si ce n'est pour grandir ?
J'ai souvent le regard dans le vague et un pet' au coin des lèvres. Y'a un lien de cause à effet entre les deux. Pourquoi j'fume ? Parce que l'apport journalier d'herbes drôles m'offre une perception totalement alternative des plus croustillantes. C'est parfois d'autres substances, mais j'suis sûr que tes oreilles prudes n'ont pas envie d'entendre ces détails là, Perry. Tu m'as l'air du genre à laisser une Charte conditionner tes agissements et à t'y limiter. Soit. Chacun trouve son plaisir où il l'entend. N'empêche, une lampée de rhum ou un rail de colle... Hm, jm'égare. J'en étais où moi ? Ah, oui ... mes multiples addictions. L'idée reste toujours la même, ces petites friandises électrisent ton chakra. Tu ressens tout, t'es ouvert, réceptif. Y'a tellement à apprendre que t'en feras jamais le tour, alors une fois que t'en es conscient, il te reste qu'une seule solution : essayer de pousser les découvertes toujours plus loin. Et pour ça, faut un carburant. J'ai trouvé le mien. Note que, le jour où on aura inventé les bagnoles, faudra songer à créer l'essence, sinon on sera bien dans la merde.
Avec cet état particulier vient parfois une forme d'ennui, qui peut générer une espèce de solitude, de mélancolie des temps anciens où c'était sans doute mieux que maintenant. Normal, quand t'as la sensation de pas prendre ton panard là où on t'as mis, et qu'autour de toi, les gens tirent grise mine mais ne s'offusquent pas de cet état, l'admettent et se contentent de se fondre dans le décor, y'a de quoi être déçu. Et pourtant, y'en a peu des vraiment heureux. Mais voilà, on s'embourbe dans son petit train-train, on joue au caméléon pour s'adapter à notre environnement. Toujours ce manque d'ambition. Ce manque de réflexion autonome, aussi. On ose pas sortir du moule, on fait comme les autres. Dommage. Quand on prend la peine d'aller voir ailleurs ce qui se passe, on découvre des trucs carrément délire. Regarde moi, la personne dont je me sens le plus proche, c'est un Mogwai. Un véritable maître à penser, doublé d'un expert en Mikado : Shurik'n Cheeze Franco Ier qu'y s'appelle. Classe, non ? Hm ... pourquoi Ier ? Ben, parce que c'est le meilleur. À la base, rien ne laissait à penser qu'on puisse se rapprocher lui et moi. Et ... que ? Pourquoi on m'appelle pas Eustache IIè dans ce cas ? Ben, Perry, réfléchis un peu. T'en connais beaucoup des Eustache Ier ? Beh voilà ... Bon, j'disais ... Si j'avais passé mon chemin comme un triste pèlerin basique, on se serait loupés. Si j'avais agi comme les autres, à ignorer les pistes. Mais voilà, j'suis un pionnier dans mon genre, je crois. J'espère que j'ai tort, et que j'vais en croiser des tas, des comme moi. Des libres-penseurs, des indépendants qui font leur vie sans se soucier des conventions. S'pour ça que j'ai entamé mon voyage, c'est à ça que j'aspire constamment. Faire des rencontres. Quand on a découvert la flamme, quand on a su percevoir la magique beauté qui nous entoure, on a envie de faire partager son état d'émerveillement avec les autres. Chacun trouve Extase à sa manière. Regarde, moi : j'reste posé le cul par terre à regarder les étoiles ou les fourmis; ça m'suffit. L'essentiel, c'est cette recherche constante. Quand on a compris que c'est ça la vraie richesse, on se détache des chimères créées par l'homme. Le pognon, l'avancement, la notoriété ... Tout ça, c'est secondaire, presque négligeable. Moi, j'veux transmettre, partager. Rappeler que derrière ce marasme ambiant, il y a la Joie. Les gens voient tous midi à leur porte. Si au lieu de se laisser submerger par les problèmes, ils renversaient la situation pour se focaliser sur le bien-être, ça irait tellement mieux. C'est ce message que j'veux transmettre. Cueillir la vie partout, envisager toutes les possibilités, explorer tous les sentiers. Et le meilleur moyen pour me faire entendre, c'est de voyager. De tout temps, l'homme a senti l'appel du large. S'est laissé enivrer par l'envie d'aller ailleurs. J'ai pas hésité longtemps au moment de quitter ma terre natale. J'ai pris mon costard, mes gaudasses et ma p'tite gueule. Et j'suis parti. Et regarde, ça m'a souri : Eustache Ier, Rock Star mondiale et champion de Mikado. C'est plutôt la classe, pas vrai ? Hm ... ? Comment j'en suis arrivé là ? Ah, ça ma p'tite Perry ... ça m'fait plaisir que tu demandes. Parce que t'es une miss qui sait écouter, toi. T'es excellent public. Alors, cadeau, comme j'vois que t'insistes, j'vais te raconter mon histoire.
" Eustache, mon chou, tu te souviens de ma super amie dont je t'avais parlé ?
Euh ... dis toujours. Tu m'passes les feuilles ?
Tiens ... oui, tu sais, la championne One Olympique de parapente en sous-marin.
Ah, ouais possible. Envoie l'briquet.
Voilà, voilà ... He ben, je lui ai parlé de toi, elle veut trop te rencontrer !! Je lui expliqué que t'étais un mec génial. T'en dis quoi ?!?
...ff' "
Et t'en dis rien de plus parce que ça, c'est un gros mensonge, déjà; elle a forcément dû insister des tonnes. Personne ne veut vraiment se ruer sur un inconnu, soyons honnête. Ou alors, faut être désespéré. Et là, c'est pas bon signe. Mais st'une autre questions. Bref, l'entremetteuse fait ça uniquement pour satisfaire sa manie ignoble de tout contrôler. Et ensuite, on en arrive au moment ou elle t'explique que la princesse fait 1m75, avec des jambes qui finissent jamais, un bronzage impec' des yeux verts perçants, un QI de 180 et une passion pour le bénévolat et la protection des espèces en voie de disparition comme les jolis chevaux en poster. Ça, c'est comme le mec qui te revend les derniers tickets pour le concert de Bones N' Roses à cinq minutes du début : ça pue l'arnaque, t'achètes pas.
Donc Perry, comprends bien que c'que tu me demandes là me met un peu mal à l'aise. J'vais te répondre, t'inquiète, et même faire de mon mieux. Mais maintenant, t'es prévenue; c'que tu vas entendre risque de pas correspondre à tes attentes.
Moi, j'suis un homme libre. Mon blaze entier, c'est Eustache Placide Zaïtsev Ier. Mais les gens m'appellent Eustache Ier. Ou Didier, mais ça, j'suis quasiment sûr que c'est la faute à mon sosie. On se ressemble comme deux gouttes d'eau lui et moi. La forme de mon visage quand jme mate dans la glace fluctue en fonction de ce que j'ai ingurgité ou fumé la veille, tu comprendras donc que c'est pas évident de dresser un tableau détaillé de moi-même. Ceci dit, j'suis calé pile devant tes mirettes, alors j'suis pas sûr que t'aies vraiment besoin d'aide à ce niveau. Dans la rue, tu m'remarqueras pas. Parce que j'suis zen, et que j'fais pas de vagues. Parfois, j'fredonne, ou j'sifflote, c'est à peu près tout. Des cheveux bruns en bataille, un physique assez commun et une démarche flex, on a vu plus tape-à-l'œil. Aussi, j'ai une vision à la Predator, mais j'suis quasiment sûr que ça n'arrive que lorsque j'abuse de l'alcool. Limite, le seul truc qui peut attirer le regard, chez moi, c'est l'ensemble costard-cravate que j'arbore. Ça donne un petit côté sérieux qui m'plait bien, mais j'fais pas illusion longtemps avec cet accoutrement. Quand on m'demande le pourquoi de cette tenue, j'réponds simplement que jl'aime bien. C'est tout. Ça semble décevoir, pourtant ça devrait pas. Y'a trop de contraintes qui viennent à ta rencontre au quotidien et restreindre tes choix pour bouder les moments où tu peux juste faire les choses à ta façon. C'est capital, ça. Savoir saisir les occasions. Profiter quand l'opportunité se présente. Le souci, c'est que dans notre société, c'est rare qu'on nous foute la paix. Toujours une loi à respecter, toujours un pirate qui vient truander et zigouiller à tour de bras... Moche, quoi. Alors d'habitude, j'suis ailleurs. Enfin, moi j'suis là. Mais totalement déconnecté. Mon esprit vagabonde loin, très loin et mon seul regret, c'est que j'suis incapable de rester dans ces raisonnements H24. Si j'trouvais le moyen de prolonger ces trips, j'en ressortirais avec un savoir unique. Et un regard totalement changé sur cet équilibre précaire dans lequel nous vivons. Le meilleur moyen d'analyser une situation, c'est de prendre du recul, de changer de point de vue. Et de là où j'pars, j'te garantis qu'on voit les choses différemment. Ouais, ça s'rait bien ça.
Parait que j'me perds souvent en digression, et certains s'en plaignent. Ils ont rien compris; la faculté à explorer, voyager, c'est ça la beauté du cerveau humain. Un trop grand nombre d'entre nous brident leur esprit, restent cartésiens et mesurés. C'est chiant. C'est ce manque d'ambition général qui rend notre monde si monotone et assujetti à des codes. Faut réfléchir hors des sentiers battus. Tourner la tête, partir à droite, revenir sur l'autre gauche, plonger, faire un looping, piquer. Une navigation virtuelle dans les méandres de l'esprit. Il faudrait une prise de conscience générale, refuser les barrières. La vie serait plus drôle ainsi. Plus d'alternatives, c'est rendre l'ensemble imprévisible. L'imprévisibilité, c'est la clef. Seulement, les démagogues qui gèrent notre monde, ils veulent tenir les populations en bride. Garder le contrôle de la situation. Alors ils ont édifié des limites. En attendant ce beau jour où les choix fourmilleront, j'fais mes plans peinard en restant fidèle à moi-même : j'ai la tête dans les nuages, les pieds dans l'bitume, les mains dans les poches et j'suis heureux. Parce que moi, j'fais que c'que je veux, et j'prends le temps d'observer pour apprendre. Apprendre, c'est grandir. Et pourquoi sommes nous en vie si ce n'est pour grandir ?
J'ai souvent le regard dans le vague et un pet' au coin des lèvres. Y'a un lien de cause à effet entre les deux. Pourquoi j'fume ? Parce que l'apport journalier d'herbes drôles m'offre une perception totalement alternative des plus croustillantes. C'est parfois d'autres substances, mais j'suis sûr que tes oreilles prudes n'ont pas envie d'entendre ces détails là, Perry. Tu m'as l'air du genre à laisser une Charte conditionner tes agissements et à t'y limiter. Soit. Chacun trouve son plaisir où il l'entend. N'empêche, une lampée de rhum ou un rail de colle... Hm, jm'égare. J'en étais où moi ? Ah, oui ... mes multiples addictions. L'idée reste toujours la même, ces petites friandises électrisent ton chakra. Tu ressens tout, t'es ouvert, réceptif. Y'a tellement à apprendre que t'en feras jamais le tour, alors une fois que t'en es conscient, il te reste qu'une seule solution : essayer de pousser les découvertes toujours plus loin. Et pour ça, faut un carburant. J'ai trouvé le mien. Note que, le jour où on aura inventé les bagnoles, faudra songer à créer l'essence, sinon on sera bien dans la merde.
Avec cet état particulier vient parfois une forme d'ennui, qui peut générer une espèce de solitude, de mélancolie des temps anciens où c'était sans doute mieux que maintenant. Normal, quand t'as la sensation de pas prendre ton panard là où on t'as mis, et qu'autour de toi, les gens tirent grise mine mais ne s'offusquent pas de cet état, l'admettent et se contentent de se fondre dans le décor, y'a de quoi être déçu. Et pourtant, y'en a peu des vraiment heureux. Mais voilà, on s'embourbe dans son petit train-train, on joue au caméléon pour s'adapter à notre environnement. Toujours ce manque d'ambition. Ce manque de réflexion autonome, aussi. On ose pas sortir du moule, on fait comme les autres. Dommage. Quand on prend la peine d'aller voir ailleurs ce qui se passe, on découvre des trucs carrément délire. Regarde moi, la personne dont je me sens le plus proche, c'est un Mogwai. Un véritable maître à penser, doublé d'un expert en Mikado : Shurik'n Cheeze Franco Ier qu'y s'appelle. Classe, non ? Hm ... pourquoi Ier ? Ben, parce que c'est le meilleur. À la base, rien ne laissait à penser qu'on puisse se rapprocher lui et moi. Et ... que ? Pourquoi on m'appelle pas Eustache IIè dans ce cas ? Ben, Perry, réfléchis un peu. T'en connais beaucoup des Eustache Ier ? Beh voilà ... Bon, j'disais ... Si j'avais passé mon chemin comme un triste pèlerin basique, on se serait loupés. Si j'avais agi comme les autres, à ignorer les pistes. Mais voilà, j'suis un pionnier dans mon genre, je crois. J'espère que j'ai tort, et que j'vais en croiser des tas, des comme moi. Des libres-penseurs, des indépendants qui font leur vie sans se soucier des conventions. S'pour ça que j'ai entamé mon voyage, c'est à ça que j'aspire constamment. Faire des rencontres. Quand on a découvert la flamme, quand on a su percevoir la magique beauté qui nous entoure, on a envie de faire partager son état d'émerveillement avec les autres. Chacun trouve Extase à sa manière. Regarde, moi : j'reste posé le cul par terre à regarder les étoiles ou les fourmis; ça m'suffit. L'essentiel, c'est cette recherche constante. Quand on a compris que c'est ça la vraie richesse, on se détache des chimères créées par l'homme. Le pognon, l'avancement, la notoriété ... Tout ça, c'est secondaire, presque négligeable. Moi, j'veux transmettre, partager. Rappeler que derrière ce marasme ambiant, il y a la Joie. Les gens voient tous midi à leur porte. Si au lieu de se laisser submerger par les problèmes, ils renversaient la situation pour se focaliser sur le bien-être, ça irait tellement mieux. C'est ce message que j'veux transmettre. Cueillir la vie partout, envisager toutes les possibilités, explorer tous les sentiers. Et le meilleur moyen pour me faire entendre, c'est de voyager. De tout temps, l'homme a senti l'appel du large. S'est laissé enivrer par l'envie d'aller ailleurs. J'ai pas hésité longtemps au moment de quitter ma terre natale. J'ai pris mon costard, mes gaudasses et ma p'tite gueule. Et j'suis parti. Et regarde, ça m'a souri : Eustache Ier, Rock Star mondiale et champion de Mikado. C'est plutôt la classe, pas vrai ? Hm ... ? Comment j'en suis arrivé là ? Ah, ça ma p'tite Perry ... ça m'fait plaisir que tu demandes. Parce que t'es une miss qui sait écouter, toi. T'es excellent public. Alors, cadeau, comme j'vois que t'insistes, j'vais te raconter mon histoire.
>> Biographie
Tu vois, Perry, à la base je suis personne moi. Un nourrisson lambda comme il y en a plein. À ce stade là de l'évolution, toutes les portes s'ouvrent encore à toi. On est égaux devant cet amalgame de possibilités qui s'amoncèlent, se bousculent. Elles sont encore venues toquer à la porte de personne, pas de super cagnotte qui débarque à l'improviste pour t'offrir tout cuit une carrière bien douillette de douanier paumé dans les archipels de East Blue ou autre. Non, je te parle du moment ou personne n'est gagnant, personne n'est perdant. Certains partent avec une bulle favorable, c'est vrai, une bulle fournie en branches solides et souples tressées, qui s'entremêlent et t'offrent un appui, un nid stable et confortable pour te baser. Mais ceux qui n'en n'ont pas, n'ont qu'à se découvrir un perchoir, pas vrai ? Moi, ma bulle était ronde, banale, assez chaude pour qu'on y soit bien mais pas assez clinquante pour qu'on ait envie d'y passer sa vie ou qu'on s'en contente; parce que son épanouissement passe par cette notion d'ailleurs suscitée par l'éveil d'une saveur enfouie dans tes entrailles : ce goût pour le voyage qui te pousse à prendre tes cliques et tes claques pour aller voir si plus loin, c'est mieux qu'ici parce qu'il ne faut pas se satisfaire de ce qu'on a. C'est une prise de risque, en un sens, et l'âge qui vaut parfois comme expérience chez ceux qui t'entourent et que les rides morcèlent viennent te le rappeler. Mais il ne faut pas confondre sagesse et prudence. La lucidité n'a pas d'âge. Une fois que tu discernes la teneur de ces propos, dissocie témérité de bon sens, tu te lances. Au bout du compte, il faut essayer. De toute façon, quitte à se ramasser la gueule, autant le faire tant que tu as encore assez de force pour te relever de toi-même, sans avoir à demander l'aide du passant dans la rue pour laborieusement repartir, clopin-clopant en te massant la prothèse qui te sert de hanche. Qu'on se comprenne bien, c'était bien chez moi, une cheminée qui fume quatre mois de l'année et une assiette pleine à l'heure du repas. Des vieux prêts à te soutenir et pas plus cons que les autres, mais voilà, tes tripes ont chopé ce virus qui t'incite à prendre la tangente pour aller brouter l'herbe ailleurs. Alors, moi, mes quinze piges fièrement affichées, j'ai taillé la route manière de voir si les cailloux sont plus ronds par d'autres contrées.
Ce ne fut pas facile non, mais savoir traverser les difficultés est un bon révélateur de la nature de celui qui te fait face. L'homme qui n'a pas été éprouvé par la vie n'a jamais eu à tutoyer ses limites, à atteindre l'étage supérieur de sa réflexion pour y dénicher la solution qui te permet de te redresser, de franchir l'obstacle et d'envisager la suite avec sérénité. Cet homme là n'est pas digne de confiance au même point que celui qui a déjà vécu la misère, la difficulté. Moi Perry, j'ai pas traversé moult tempêtes, mais j'ai eu mon lot d'aventures...
J'suis dans un premier temps tombé sur un pirate de la vieille époque, un boucanier comme on en fait plus. Avec sa barbe crasseuse où il pouvait planquer son surin et ses boucles d'oreilles en diamant. Old' Leg, qu'il se faisait appeler. Parce qu'il en avait plus qu'une - il avait abandonné l'autre dans un duel au coupe-choux à ce qu'il m'a dit une fois - et que dans le fond, il s'était jamais adapté à la nouvelle époque. Lui, il avait le large dans le sang, le sel et les monstres marins dans les tripes et le reflet des lingots qui dorment sous les flots dans les yeux. Autant te dire qu'au contact de ce genre de fripouille, t'en apprends des choses. Pour une entrée en matière, j'étais servi. Lui, c'était un spécimen à part. Passé un certain âge, quand tu mène ce genre de vie et que la Grande Faucheuse t'a pas envoyé par le fond, c'est que t'es un survivant. Une mine de savoir. Un vieux croûton imbibé de rhum, ok, mais une mine de savoir malgré tout. Et moi, ça me fascinait. J'en ai appris, des ficelles sur la navigation à son contact, j'en ai appris des astuces pour se débrouiller quand le genre humain te laisse incompris. On frayait rarement avec des foules nombreuses. Ça tenait aussi au caractère de cochon de Old' Leg, faut dire. Le plus souvent, on restait sur le pont, plantés au plus loin possible de la terre ferme. Lui parlait, moi j'écoutais. Parfois, j'avais l'impression que la mer et ses habitants se faisaient plus calme eux aussi, pour se laisser bercer par la chanson du Vieux. On causait aux poissons, on pêchait, on relâchait nos prises le plus souvent. On a sillonné les flots d'un bout à l'autre de la carte quelques fois au moins comme ça, sur son rafiot pourri ou via les anecdotes sur ses aventures passées qu'il distillait au compte-goutte et qui nous menaient aux confins du monde connu. Juste lui et moi. J'crois qu'il m'aimait bien, parce qu'il disait tout le temps que ça manquait de jeunes comme moi, en cette époque. Si on m'demandait, j'dirais que la fin est arrivée un peu trop paisiblement pour lui. Il a passé l'arme à gauche comme ça, une belle nuit étoilée, enfoncé dans son hamac. Au soir, il m'a dit " À demain gamin " comme à son habitude, entre deux glaviots et sans avoir terminé son histoire, et quand les mouettes m'ont tiré du sommeil au petit jour, lui, il était parti pour l'éternel repos. Le plus drôle, Perry, c'est que ça m'a pas vraiment chagriné. C'était le crépuscule de sa vie, au vioque, et l'aube de la mienne. On a passé un bon moment. Chouette rencontre. L'histoire de sa vie s'est achevée, moi j'ai tourné la page, conscient qu'y en avait encore des tas à venir.
Jme suis posé sur une île quelconque un temps, après ça. Des rencontres qui se succèdent, moi qui volette de l'une à l'autre, butine comme une petite abeille mais ne trouve pas le nectar qui m'inciterait à me poser quelque part en particulier. J'avais le chic pour faire rire les gens, pourtant. Ils me trouvaient tous original, et se montraient bienveillants la plupart du temps. Mais ça suffisait pas. J'allais prendre le large une fois de plus, quand un beau matin s'est pointée celle qui devint instantanément une véritable figure maternelle à mes yeux. Le plus drôle, j'ai jamais su le nom de cette femme. Mais il émanait d'elle une rare chaleur humaine. Un regard dur avec les étrangers, mais fondant avec les siens. Elle trainait avec une espèce de bande de bras cassés qui se proclamaient chasseurs de primes, je crois. Elle, elle n'était qu'une mère. Y'avait son gamin, un bout-de-chou de quatre ou cinq piges peut-être à l'époque. Nicholas, si j'recale bien son prénom. Un gosse malin et adorable avec tout le monde. Normal, avec une mère pareille, on reçoit une éducation au poil. Elle était sévère, mais juste. Elle se laissait pas démonter sous le regard des autres. Ses principes la portaient, et rien ne pourrait la faire trébucher tant qu'elle les aurait. On s'est croisés au bar, ce jour-là. Elle m'intriguait, je devinais danser chez elle l'étincelle de la vie, alors, je l'ai dévisagée tandis que sa petite troupe vidait godet sur godet. Un peu trop longtemps pour qu'elle dise rien, c'est vrai. Elle a réagi, j'en attendais pas moins d'elle. Elle a renversé trois bouseux qui étaient sur le chemin pour arriver jusqu'à moi et m'a soufflé une gueulante magistrale, à base de " Quoi l'morveux ?! ... Nicholas, bouche toi les oreilles mon ange ... On a rien d'autre à foutre que de regarder passer les masques et bosser les honnêtes gens, minable ?! On t'a jamais appris le respect ? Trouve-toi un boulot, bordel. T'es plus mou que tous ces branleurs de gratte-papier de l'administration mondiale. Tu n'es rien. Tu es un cafard. Tu n'es qu'une mauvaise herbe en devenir, viendra bientôt l'jour où jdevrai te couper en deux ! " Et là, Vlan ! Elle m'aligne une taloche monumentale qui m'envoie voler jusque dans la rue voisine, et moi qui l'entend gueuler " Ça c'est pour que tu l'oublies pas, looser ! ". Ahlala... quand j'y repense, j'en ai la joue qui chauffe ... C'était magnifique. J'ai compris sans tarder que cette rencontre venait de changer mon existence à tout jamais. J'ai jamais recroisé cette douce quadragénaire. Mais j'aime à penser qu'elle est là, quelque part, à se soucier de mon sort, à espérer que j'ai réussi dans la vie. Je crois qu'elle serait fière de moi, ouaip. C'est à elle que j'ai dédicacé ma première chanson d'ailleurs. Tu vois de laquelle je parle, Perry, pas vrai ? Hm,, ça donne quoi déjà ... Ah. Oui :
"♪ Merci l'inconnue qui sans raison,
quand dans ma vie, je n'foutais rien,
m'a botté savamment le fion,
pour m' r'mettre dans le droit chemin ♪ "
Parce que ouais, un acte d'une telle violence ne peut être motivé que par l'amour. C'est net.
Dès ce jour, j'ai pris la résolution d'aller toujours au bout des choses. Je savais pas encore exactement ce que je voulais, mais cette seule certitude crépitait en moi : je devais m'accomplir. Comment ? Aucune idée à l'époque. Pas évident d'aller de l'avant quand on sait pas dans quelle direction aller. Et si tourner en rond a du bon, là, je sentais que j'étais prêt pour plus. Prêt à me lancer, et fallait passer un cap. Le hasard dans son ultime sagesse, a volé à la rescousse d'un nouvel homme un peu perché mais attentif aux signes de l'univers : moi. Parce que Hazard fait souvent bien les choses. J'trainais au Zoo de South Blue, peinard, à taper le bout de gras avec un couple de pélicans, répondant aux doux noms de Suzette et Anatol. J'leur confiais mon incertitude quant à ce que l'avenir me réservait. Ils m'ont recommandé un conseiller conjugal qu'ils étaient allés consulter par le passé, et qui leur avait apporté les réponses qu'ils attendaient. J'étais pas convaincu, mais Suzette m'a rassuré quand elle a ajouté que ce prodigieux individu, entre autres professions, était également Grand Sage, Champion de Mikado et Fleuriste. Avec un CV pareil, j'pouvais qu'avoir confiance. Jme suis pointé à son bureau. Et ce jour-là, ma vie a changé à tout jamais.
Le jour ou j'ai rencontré Shurik'n Cheeze Franco Ier.
Shurik'n Cheeze est un mec absolument fabuleux. Si une astéroïde percutait la terre, et que de leur union ne devait ressortir qu'un seul être, ce serait Lui. C'est un Mogwaï, assimile ça à ce que tu veux; il a un potentiellement bon fond, mais tellement insondable que ton approche de lui ne peut se faire qu'avec des pincettes. Quand j'me suis retrouvé face à st'aztèque, j'étais un peu interdit, et c'est bien rare pour moi de me retrouver dans cet état. Parce que j'avais la sensation d'approcher d'une masse tellement floue que toute compréhension qui doit s'en faire ne peut être amorcée que par le dialogue. Tu vois l'délire ? Tu mires un caillou. Tu comprends. Tu mires un arbre. T'assimiles. Tu mires un être humain, tu décryptes. Lui, il était ailleurs. C'était beau. Shurik'n, c'est la personne la plus reculée du monde avec le plus gros microscope optique. Il comprend en étant détaché. Il lit en ne regardant pas. Et il a su m'assimiler, comme ça; de mon côté, avec le recul, j'essayais de l'assimiler lui, mais sans jamais percevoir sur quelle longueur d'onde il captait le réseau que je pourchassais. Des rares fois où je me suis permis de l'interroger, j'ai appris qu'il était un ancien compère de belote de Pludbus le Vieux, l'Amiral en Chef de la marine le plus improbable que l'histoire ait connu. Parait qu'ils se secouaient à l'absinthe en lançant " Carré ", entre autre exploit. Mais Shurik'n, c'est surtout la personne qui m'a dévoilé le circuit complet quand je ne buvais que les éclats de lumière qui nous atteignent tous. Il savait que celui qui prétend à évoluer doit transcender son esprit, s'élever au delà de toute perception connue, admise de tous. Et il avait trouvé le moyen d'atteindre cette intangible substance de savoir. Par l'intermédiaire du Mikado. Je sais, ça peut paraître incongru, et pourtant.
Shurik'n a décelé le mal qui me rongeait en un clin d'œil, et m'a indiqué la clef : je devais abandonner toute focalisation interne, toute ambition propre et humaine pour voyager dans cet amalgame de saveurs et d'ondes qui te permettent de renaître et d'approcher le monde sous un regard nouveau. J'ai topé pour le Mikado, c'était le passage infaillible d'un état vers l'autre. L'échec fut un compagnon inlassable, car ma réussite devait passer par la prouesse la plus magnifique qui puisse exister, et qui symbolise tout : dépasser son Sensei. Mais je ne me suis jamais découragé. Un an durant, je me suis perfectionné, je me suis approché de mon but absolu, sans jamais réussir à triompher. Chaque défaite m'apportait un nouvel enseignement, chaque jour supplémentaire passé en sa compagnie me faisait progresser sur le chemin de la Vie. Et aussi, développait la relation qui nous maintenait sur un même fil, lui et moi. Finalement, j'ai compris que le succès ne pouvait emprunter qu'une voie : celle que traçait mon maître. Shurik'n Cheeze était fervent consommateur de substances mystérieuses. Des herbes, des champignons, des poudres à l'apparence méconnue. Je me suis abandonnée à elles. Je savais que c'était par leur intermédiaire que j'éveillerais une épiphanie salvatrice. Et c'est ce qui s'est produit. Mon regard a changé, de nouvelles formes se sont dessinées, mes paupières se sont drappées d'un poids nouveau : je voyais différemment. Et l'exercice suprême qu'est le Mikado s'est révélé à moi, ainsi, sans vice ni artifice. Je savais. J'ai gagné. Et Shurik'n Cheeze eut la noblesse d'accepter ma proposition : voyager ensemble et aller chercher plus loin une passerelle vers un étage encore méconnu de la compréhension. Unir nos visions pour atteindre un sentiment encore plus profond, fort et intense de plénitude, cette satisfaction unique de perception, d'assimilation des rouages qui régissent notre monde. On a pris la route, avides de savoir. Conscients de devoir trouver une étiquette qui nous permette de prolonger notre analyse. En un mot : trouver le taf' en adéquation avec notre quête, concilier l'un et l'autre pour dénicher en notre monde monotone l'essence du Graal et la faire rejaillir sur tous. Que chacun ait cette sensation de caresser la magie évanescente qui nous entoure. Bref, fallait un truc à la pointe. Et puis, soyons honnête, quand on voit le mode de vie perché dans lequel on flottait, y'avait que deux solutions pour moi : finir chaman et être considéré comme dingue par mes semblables. Ou devenir Rock Star. J'ai topé pour la seconde solution.
J'avais déjà complété la plupart des prérequis pour prétendre à une carrière épique dans le milieu. Je m'étais lancé dans la drogue sans faire dans la demi-mesure, manière de cultiver toujours plus cette inspiration dénudée de toute logique apparente mais si prompte à toucher le cœur des gens. C'était la base. Ajoute à ça un agent totalement rompu à l'exercice du show-biz pour avoir côtoyé les huiles en son temps – Shurik'n Cheeze – et un don inné pour le spectacle quand on me met un Ukulélé entre les mains, et t'obtient un mélange parfait. L'ascension fulgurante vers les sommets musicaux m'a propulsé très vite sur les plus grandes scènes de notre époque. Chaque nouveau single faisait un carton. Du sombre et mélancolique " Dans le Port d'Hinu Town " au frénétiquement dansant " Living in Alabasta ". Je vivais parmi les étoiles, dans un océan de lumières artificielles et d'individus conquis par l'idole que j'étais devenu. C'était comme si le monde entier tournait autour de moi. Quand t'entends le chant des sirènes, que tu t'approches au plus près d'elles en dépit des avertissements donnés et que tu te rends compte qu'on a fait tout un flan pour que dalle avec tout ça ... T'as pas envie de vivre dans la modération dans ce nouvel univers. Tu y vas à fond. Cette période d'excès, j'en ai profité un max, je te mentirai pas, Perry. Mais pourtant, une fois la surprise et l'émerveillement premier dissipés, j'ai retrouvé ce sentiment de manque, de vide qui m'étreignait avant de rencontrer mon maître à penser, et pas uniquement parce que la répression anti-drogue sur Grand Line avait coffré mes principaux fournisseurs. Je m'étais petit à petit éloigné de mon but initial; j'apportais de la joie, du bonheur aux gens avec mes concerts improvisés et mon énergie positive toujours communicative, mais elle demeurait éphémère, de façade. En profondeur, rien ne changeait malgré mon action. Alors, et même si ça n'a pas satisfait notre label, on a pris du recul sur les choses avec Shurik'n, une fois de plus.
Mais cette fois-ci lui et moi, on a conclu qu'il serait plus bénéfique que chacun taille sa route de son côté pour un temps. C'est vrai, vivre au quotidien avec la même personne t'enlève de ton autonomie, de ton unicité. De manière presque imperceptible d'un jour sur l'autre, certes, et ce n'est pas forcément un tort, mais quand tu te projettes dans le passé et te rend compte de ce qui a changé sur la durée, tu réalises la nécessité de se retrouver seul parfois pour se recentrer et mener à bien sa quête. Pour moi, le renouveau passait par une retraite. De la solitude. Pour me rapprocher de mon mojo, je devais m'éloigner de ce monde. Refuser de côtoyer les mirages édifiés par et pour nous, de sorte à retrouver mon feeling d'antan. Pour me ressourcer, il me fallait simplement du calme. Le reste je le possédais déjà : les drogues pour caresser cette perception parallèle, improbable et plonger une fois encore dans ces voyages spirituels enrichissants et libérateurs d'une part, le Mikado d'autre part pour cette capacité à se focaliser sur son objectif, à maîtriser son corps et son esprit pour renaître enfin. Parce que la vie, c'est une éternelle remise en question, c'est un éternel renouveau aussi. Il convient juste de trouver l'équilibre parfait entre ces deux boucles qui régissent ton monde, progression et renaissance. L'épiphanie, elle te prend quand tu arrives à capturer cet instant magique où les deux courbes se croisent dans ce mini bing-bang qui fait éclore toute la beauté et le savoir que tu recherchais. J'ai finalement pris conscience de ça en aidant un autre que moi à s'accomplir, sur l'île déserte où j'avais décidé de me retirer. Un drôle de gars, toujours furax avec un œil qui flashe rouge sur tout ce qui bouge. Un vrai Loup dans l'âme. Va savoir ce qu'il est devenu ... Mais, à offrir la compréhension à autrui vient un constat : on ne peut réellement pleinement grandir en restant seul et prétendre trouver la consécration dans sa quête. Celui qui veut réussir doit avoir une vision totale, conserver cette souple lucidité, s'autoriser à tout envisager. Pécher par orgueil ou inflexibilité, ce serait trop bête. Ça, c'est l'autre révélation qui m'a rappelé au monde. S'isoler, replonger ... Voyager, analyser ... Le Ying, le Yang ... Tout est question d'équilibre. Tel que j'suis aujourd'hui, j'amorce un nouveau départ. Vers quoi mes pas vont m'orienter ? Quelle étoile va me guider ? On verra. La toile possède bien trop de ramifications pour prétendre à tailler un plan précis de l'ensemble. Le deal, c'est de se laisser surprendre à chaque fois, pour n'ignorer aucune opportunité. Et quand tu traces un bout de chemin sur une route qui te plait, va à fond. Observe, comprend. Et profite. ... Yeah. C'est exactement ça Perry, c'est exactem... Héé ? Perry ? ... Oh, maan, depuis combien de temps tu pionces comme ça ma grande, j'vais devoir tout recommencer ...
Bon, soit.
Tu vois Perry, quand j'suis né, j'étais un peu comme tout le monde. Parce qu'on a tous en nous cette même flamme qui brille, nous éclaire, nous rend si beaux en tant qu'être humain : la conscience ... J'sais pas si tu t'es déjà posée la question, mais, que serions-nous sans elle ? Comment goûter aussi intensément à la vie, comment épouser la passion, l'émerveillement, la joie sans elle ? C'est elle qui nous guide de tout le long et bla bla bla....
Ce ne fut pas facile non, mais savoir traverser les difficultés est un bon révélateur de la nature de celui qui te fait face. L'homme qui n'a pas été éprouvé par la vie n'a jamais eu à tutoyer ses limites, à atteindre l'étage supérieur de sa réflexion pour y dénicher la solution qui te permet de te redresser, de franchir l'obstacle et d'envisager la suite avec sérénité. Cet homme là n'est pas digne de confiance au même point que celui qui a déjà vécu la misère, la difficulté. Moi Perry, j'ai pas traversé moult tempêtes, mais j'ai eu mon lot d'aventures...
J'suis dans un premier temps tombé sur un pirate de la vieille époque, un boucanier comme on en fait plus. Avec sa barbe crasseuse où il pouvait planquer son surin et ses boucles d'oreilles en diamant. Old' Leg, qu'il se faisait appeler. Parce qu'il en avait plus qu'une - il avait abandonné l'autre dans un duel au coupe-choux à ce qu'il m'a dit une fois - et que dans le fond, il s'était jamais adapté à la nouvelle époque. Lui, il avait le large dans le sang, le sel et les monstres marins dans les tripes et le reflet des lingots qui dorment sous les flots dans les yeux. Autant te dire qu'au contact de ce genre de fripouille, t'en apprends des choses. Pour une entrée en matière, j'étais servi. Lui, c'était un spécimen à part. Passé un certain âge, quand tu mène ce genre de vie et que la Grande Faucheuse t'a pas envoyé par le fond, c'est que t'es un survivant. Une mine de savoir. Un vieux croûton imbibé de rhum, ok, mais une mine de savoir malgré tout. Et moi, ça me fascinait. J'en ai appris, des ficelles sur la navigation à son contact, j'en ai appris des astuces pour se débrouiller quand le genre humain te laisse incompris. On frayait rarement avec des foules nombreuses. Ça tenait aussi au caractère de cochon de Old' Leg, faut dire. Le plus souvent, on restait sur le pont, plantés au plus loin possible de la terre ferme. Lui parlait, moi j'écoutais. Parfois, j'avais l'impression que la mer et ses habitants se faisaient plus calme eux aussi, pour se laisser bercer par la chanson du Vieux. On causait aux poissons, on pêchait, on relâchait nos prises le plus souvent. On a sillonné les flots d'un bout à l'autre de la carte quelques fois au moins comme ça, sur son rafiot pourri ou via les anecdotes sur ses aventures passées qu'il distillait au compte-goutte et qui nous menaient aux confins du monde connu. Juste lui et moi. J'crois qu'il m'aimait bien, parce qu'il disait tout le temps que ça manquait de jeunes comme moi, en cette époque. Si on m'demandait, j'dirais que la fin est arrivée un peu trop paisiblement pour lui. Il a passé l'arme à gauche comme ça, une belle nuit étoilée, enfoncé dans son hamac. Au soir, il m'a dit " À demain gamin " comme à son habitude, entre deux glaviots et sans avoir terminé son histoire, et quand les mouettes m'ont tiré du sommeil au petit jour, lui, il était parti pour l'éternel repos. Le plus drôle, Perry, c'est que ça m'a pas vraiment chagriné. C'était le crépuscule de sa vie, au vioque, et l'aube de la mienne. On a passé un bon moment. Chouette rencontre. L'histoire de sa vie s'est achevée, moi j'ai tourné la page, conscient qu'y en avait encore des tas à venir.
Jme suis posé sur une île quelconque un temps, après ça. Des rencontres qui se succèdent, moi qui volette de l'une à l'autre, butine comme une petite abeille mais ne trouve pas le nectar qui m'inciterait à me poser quelque part en particulier. J'avais le chic pour faire rire les gens, pourtant. Ils me trouvaient tous original, et se montraient bienveillants la plupart du temps. Mais ça suffisait pas. J'allais prendre le large une fois de plus, quand un beau matin s'est pointée celle qui devint instantanément une véritable figure maternelle à mes yeux. Le plus drôle, j'ai jamais su le nom de cette femme. Mais il émanait d'elle une rare chaleur humaine. Un regard dur avec les étrangers, mais fondant avec les siens. Elle trainait avec une espèce de bande de bras cassés qui se proclamaient chasseurs de primes, je crois. Elle, elle n'était qu'une mère. Y'avait son gamin, un bout-de-chou de quatre ou cinq piges peut-être à l'époque. Nicholas, si j'recale bien son prénom. Un gosse malin et adorable avec tout le monde. Normal, avec une mère pareille, on reçoit une éducation au poil. Elle était sévère, mais juste. Elle se laissait pas démonter sous le regard des autres. Ses principes la portaient, et rien ne pourrait la faire trébucher tant qu'elle les aurait. On s'est croisés au bar, ce jour-là. Elle m'intriguait, je devinais danser chez elle l'étincelle de la vie, alors, je l'ai dévisagée tandis que sa petite troupe vidait godet sur godet. Un peu trop longtemps pour qu'elle dise rien, c'est vrai. Elle a réagi, j'en attendais pas moins d'elle. Elle a renversé trois bouseux qui étaient sur le chemin pour arriver jusqu'à moi et m'a soufflé une gueulante magistrale, à base de " Quoi l'morveux ?! ... Nicholas, bouche toi les oreilles mon ange ... On a rien d'autre à foutre que de regarder passer les masques et bosser les honnêtes gens, minable ?! On t'a jamais appris le respect ? Trouve-toi un boulot, bordel. T'es plus mou que tous ces branleurs de gratte-papier de l'administration mondiale. Tu n'es rien. Tu es un cafard. Tu n'es qu'une mauvaise herbe en devenir, viendra bientôt l'jour où jdevrai te couper en deux ! " Et là, Vlan ! Elle m'aligne une taloche monumentale qui m'envoie voler jusque dans la rue voisine, et moi qui l'entend gueuler " Ça c'est pour que tu l'oublies pas, looser ! ". Ahlala... quand j'y repense, j'en ai la joue qui chauffe ... C'était magnifique. J'ai compris sans tarder que cette rencontre venait de changer mon existence à tout jamais. J'ai jamais recroisé cette douce quadragénaire. Mais j'aime à penser qu'elle est là, quelque part, à se soucier de mon sort, à espérer que j'ai réussi dans la vie. Je crois qu'elle serait fière de moi, ouaip. C'est à elle que j'ai dédicacé ma première chanson d'ailleurs. Tu vois de laquelle je parle, Perry, pas vrai ? Hm,, ça donne quoi déjà ... Ah. Oui :
"♪ Merci l'inconnue qui sans raison,
quand dans ma vie, je n'foutais rien,
m'a botté savamment le fion,
pour m' r'mettre dans le droit chemin ♪ "
Parce que ouais, un acte d'une telle violence ne peut être motivé que par l'amour. C'est net.
Dès ce jour, j'ai pris la résolution d'aller toujours au bout des choses. Je savais pas encore exactement ce que je voulais, mais cette seule certitude crépitait en moi : je devais m'accomplir. Comment ? Aucune idée à l'époque. Pas évident d'aller de l'avant quand on sait pas dans quelle direction aller. Et si tourner en rond a du bon, là, je sentais que j'étais prêt pour plus. Prêt à me lancer, et fallait passer un cap. Le hasard dans son ultime sagesse, a volé à la rescousse d'un nouvel homme un peu perché mais attentif aux signes de l'univers : moi. Parce que Hazard fait souvent bien les choses. J'trainais au Zoo de South Blue, peinard, à taper le bout de gras avec un couple de pélicans, répondant aux doux noms de Suzette et Anatol. J'leur confiais mon incertitude quant à ce que l'avenir me réservait. Ils m'ont recommandé un conseiller conjugal qu'ils étaient allés consulter par le passé, et qui leur avait apporté les réponses qu'ils attendaient. J'étais pas convaincu, mais Suzette m'a rassuré quand elle a ajouté que ce prodigieux individu, entre autres professions, était également Grand Sage, Champion de Mikado et Fleuriste. Avec un CV pareil, j'pouvais qu'avoir confiance. Jme suis pointé à son bureau. Et ce jour-là, ma vie a changé à tout jamais.
Le jour ou j'ai rencontré Shurik'n Cheeze Franco Ier.
Shurik'n Cheeze est un mec absolument fabuleux. Si une astéroïde percutait la terre, et que de leur union ne devait ressortir qu'un seul être, ce serait Lui. C'est un Mogwaï, assimile ça à ce que tu veux; il a un potentiellement bon fond, mais tellement insondable que ton approche de lui ne peut se faire qu'avec des pincettes. Quand j'me suis retrouvé face à st'aztèque, j'étais un peu interdit, et c'est bien rare pour moi de me retrouver dans cet état. Parce que j'avais la sensation d'approcher d'une masse tellement floue que toute compréhension qui doit s'en faire ne peut être amorcée que par le dialogue. Tu vois l'délire ? Tu mires un caillou. Tu comprends. Tu mires un arbre. T'assimiles. Tu mires un être humain, tu décryptes. Lui, il était ailleurs. C'était beau. Shurik'n, c'est la personne la plus reculée du monde avec le plus gros microscope optique. Il comprend en étant détaché. Il lit en ne regardant pas. Et il a su m'assimiler, comme ça; de mon côté, avec le recul, j'essayais de l'assimiler lui, mais sans jamais percevoir sur quelle longueur d'onde il captait le réseau que je pourchassais. Des rares fois où je me suis permis de l'interroger, j'ai appris qu'il était un ancien compère de belote de Pludbus le Vieux, l'Amiral en Chef de la marine le plus improbable que l'histoire ait connu. Parait qu'ils se secouaient à l'absinthe en lançant " Carré ", entre autre exploit. Mais Shurik'n, c'est surtout la personne qui m'a dévoilé le circuit complet quand je ne buvais que les éclats de lumière qui nous atteignent tous. Il savait que celui qui prétend à évoluer doit transcender son esprit, s'élever au delà de toute perception connue, admise de tous. Et il avait trouvé le moyen d'atteindre cette intangible substance de savoir. Par l'intermédiaire du Mikado. Je sais, ça peut paraître incongru, et pourtant.
Shurik'n a décelé le mal qui me rongeait en un clin d'œil, et m'a indiqué la clef : je devais abandonner toute focalisation interne, toute ambition propre et humaine pour voyager dans cet amalgame de saveurs et d'ondes qui te permettent de renaître et d'approcher le monde sous un regard nouveau. J'ai topé pour le Mikado, c'était le passage infaillible d'un état vers l'autre. L'échec fut un compagnon inlassable, car ma réussite devait passer par la prouesse la plus magnifique qui puisse exister, et qui symbolise tout : dépasser son Sensei. Mais je ne me suis jamais découragé. Un an durant, je me suis perfectionné, je me suis approché de mon but absolu, sans jamais réussir à triompher. Chaque défaite m'apportait un nouvel enseignement, chaque jour supplémentaire passé en sa compagnie me faisait progresser sur le chemin de la Vie. Et aussi, développait la relation qui nous maintenait sur un même fil, lui et moi. Finalement, j'ai compris que le succès ne pouvait emprunter qu'une voie : celle que traçait mon maître. Shurik'n Cheeze était fervent consommateur de substances mystérieuses. Des herbes, des champignons, des poudres à l'apparence méconnue. Je me suis abandonnée à elles. Je savais que c'était par leur intermédiaire que j'éveillerais une épiphanie salvatrice. Et c'est ce qui s'est produit. Mon regard a changé, de nouvelles formes se sont dessinées, mes paupières se sont drappées d'un poids nouveau : je voyais différemment. Et l'exercice suprême qu'est le Mikado s'est révélé à moi, ainsi, sans vice ni artifice. Je savais. J'ai gagné. Et Shurik'n Cheeze eut la noblesse d'accepter ma proposition : voyager ensemble et aller chercher plus loin une passerelle vers un étage encore méconnu de la compréhension. Unir nos visions pour atteindre un sentiment encore plus profond, fort et intense de plénitude, cette satisfaction unique de perception, d'assimilation des rouages qui régissent notre monde. On a pris la route, avides de savoir. Conscients de devoir trouver une étiquette qui nous permette de prolonger notre analyse. En un mot : trouver le taf' en adéquation avec notre quête, concilier l'un et l'autre pour dénicher en notre monde monotone l'essence du Graal et la faire rejaillir sur tous. Que chacun ait cette sensation de caresser la magie évanescente qui nous entoure. Bref, fallait un truc à la pointe. Et puis, soyons honnête, quand on voit le mode de vie perché dans lequel on flottait, y'avait que deux solutions pour moi : finir chaman et être considéré comme dingue par mes semblables. Ou devenir Rock Star. J'ai topé pour la seconde solution.
J'avais déjà complété la plupart des prérequis pour prétendre à une carrière épique dans le milieu. Je m'étais lancé dans la drogue sans faire dans la demi-mesure, manière de cultiver toujours plus cette inspiration dénudée de toute logique apparente mais si prompte à toucher le cœur des gens. C'était la base. Ajoute à ça un agent totalement rompu à l'exercice du show-biz pour avoir côtoyé les huiles en son temps – Shurik'n Cheeze – et un don inné pour le spectacle quand on me met un Ukulélé entre les mains, et t'obtient un mélange parfait. L'ascension fulgurante vers les sommets musicaux m'a propulsé très vite sur les plus grandes scènes de notre époque. Chaque nouveau single faisait un carton. Du sombre et mélancolique " Dans le Port d'Hinu Town " au frénétiquement dansant " Living in Alabasta ". Je vivais parmi les étoiles, dans un océan de lumières artificielles et d'individus conquis par l'idole que j'étais devenu. C'était comme si le monde entier tournait autour de moi. Quand t'entends le chant des sirènes, que tu t'approches au plus près d'elles en dépit des avertissements donnés et que tu te rends compte qu'on a fait tout un flan pour que dalle avec tout ça ... T'as pas envie de vivre dans la modération dans ce nouvel univers. Tu y vas à fond. Cette période d'excès, j'en ai profité un max, je te mentirai pas, Perry. Mais pourtant, une fois la surprise et l'émerveillement premier dissipés, j'ai retrouvé ce sentiment de manque, de vide qui m'étreignait avant de rencontrer mon maître à penser, et pas uniquement parce que la répression anti-drogue sur Grand Line avait coffré mes principaux fournisseurs. Je m'étais petit à petit éloigné de mon but initial; j'apportais de la joie, du bonheur aux gens avec mes concerts improvisés et mon énergie positive toujours communicative, mais elle demeurait éphémère, de façade. En profondeur, rien ne changeait malgré mon action. Alors, et même si ça n'a pas satisfait notre label, on a pris du recul sur les choses avec Shurik'n, une fois de plus.
Mais cette fois-ci lui et moi, on a conclu qu'il serait plus bénéfique que chacun taille sa route de son côté pour un temps. C'est vrai, vivre au quotidien avec la même personne t'enlève de ton autonomie, de ton unicité. De manière presque imperceptible d'un jour sur l'autre, certes, et ce n'est pas forcément un tort, mais quand tu te projettes dans le passé et te rend compte de ce qui a changé sur la durée, tu réalises la nécessité de se retrouver seul parfois pour se recentrer et mener à bien sa quête. Pour moi, le renouveau passait par une retraite. De la solitude. Pour me rapprocher de mon mojo, je devais m'éloigner de ce monde. Refuser de côtoyer les mirages édifiés par et pour nous, de sorte à retrouver mon feeling d'antan. Pour me ressourcer, il me fallait simplement du calme. Le reste je le possédais déjà : les drogues pour caresser cette perception parallèle, improbable et plonger une fois encore dans ces voyages spirituels enrichissants et libérateurs d'une part, le Mikado d'autre part pour cette capacité à se focaliser sur son objectif, à maîtriser son corps et son esprit pour renaître enfin. Parce que la vie, c'est une éternelle remise en question, c'est un éternel renouveau aussi. Il convient juste de trouver l'équilibre parfait entre ces deux boucles qui régissent ton monde, progression et renaissance. L'épiphanie, elle te prend quand tu arrives à capturer cet instant magique où les deux courbes se croisent dans ce mini bing-bang qui fait éclore toute la beauté et le savoir que tu recherchais. J'ai finalement pris conscience de ça en aidant un autre que moi à s'accomplir, sur l'île déserte où j'avais décidé de me retirer. Un drôle de gars, toujours furax avec un œil qui flashe rouge sur tout ce qui bouge. Un vrai Loup dans l'âme. Va savoir ce qu'il est devenu ... Mais, à offrir la compréhension à autrui vient un constat : on ne peut réellement pleinement grandir en restant seul et prétendre trouver la consécration dans sa quête. Celui qui veut réussir doit avoir une vision totale, conserver cette souple lucidité, s'autoriser à tout envisager. Pécher par orgueil ou inflexibilité, ce serait trop bête. Ça, c'est l'autre révélation qui m'a rappelé au monde. S'isoler, replonger ... Voyager, analyser ... Le Ying, le Yang ... Tout est question d'équilibre. Tel que j'suis aujourd'hui, j'amorce un nouveau départ. Vers quoi mes pas vont m'orienter ? Quelle étoile va me guider ? On verra. La toile possède bien trop de ramifications pour prétendre à tailler un plan précis de l'ensemble. Le deal, c'est de se laisser surprendre à chaque fois, pour n'ignorer aucune opportunité. Et quand tu traces un bout de chemin sur une route qui te plait, va à fond. Observe, comprend. Et profite. ... Yeah. C'est exactement ça Perry, c'est exactem... Héé ? Perry ? ... Oh, maan, depuis combien de temps tu pionces comme ça ma grande, j'vais devoir tout recommencer ...
Bon, soit.
Tu vois Perry, quand j'suis né, j'étais un peu comme tout le monde. Parce qu'on a tous en nous cette même flamme qui brille, nous éclaire, nous rend si beaux en tant qu'être humain : la conscience ... J'sais pas si tu t'es déjà posée la question, mais, que serions-nous sans elle ? Comment goûter aussi intensément à la vie, comment épouser la passion, l'émerveillement, la joie sans elle ? C'est elle qui nous guide de tout le long et bla bla bla....
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C'est Rik.
C'est Rik.
Dernière édition par Eustache Ier le Mer 5 Mar 2014 - 22:53, édité 14 fois