-Tout le village sera présent. Alors, s’il vous plait, faîtes attention.
-…
-Ne dîtes rien qui soit susceptible de nous compromettre, Capitaine.
-…
-Nous attirons déjà bien assez l’attention comme ça, en ce moment.
-…
-Et arrêtez de jouer avec ce crocodile.
-Mais il est sympa !
-…, la menaça l’autre.
-Ok, ok. On jouera une autre fois, d’accord ?, adressa-t-il au saurien en lui grattouillant une dernière fois la gueule.
Vous souvenez-vous de cette fameuse baignade avec les crocodiles ? Dogaku avait adoré l'idée, et passé tout un après midi à barboter avec les reptiles en faisant de la plongée sous marine. Haylor avait pour sa part refusé de prendre part au jeu, précisément parce qu'elle n'était pas là pour ça. Contrairement à son collègue, elle ne se sentait pas du tout en vacances. Tout ce qu'elle voulait, c'était déterrer son trésor. Restait à attendre quelques jours, qu'on leur confie une barque, et elle forcerait aussitôt son associé à la conduire jusqu’à l’emplacement indiqué par leur carte.
En attendant qu'il finisse de faire l’idiot avec les lézards, sa compagne était restée sur un coin de plage, tranquillement installée sur une chaise longue, à lire un roman à l'eau de rose dont elle s'empressait de cacher le titre dès que quelqu'un approchait. L’autre ne s’était même pas fatigué à la persuader de se dégourdir les jambes.
À part ça, ils avaient également visité la ferme de Rodion, l'éleveur de crocodiles, qui avait aussi toute une bande d'autruches et quelques autres excentricités dans sa ferme. Seul Sigurd avait réussi à briser la glace avec lui depuis leur première rencontre, cela dit.
On pouvait y rajouter d'autres activités qui ne valaient pas la peine d'être mentionnées. Haylor était d'humeur maussade, car en ce qui concernait son trésor, ils n'avaient pas pu faire quoi que ce soit d'autre que du repérage lointain, à l’aide d’une longue vue depuis l'une des collines de l'île. Et le troisième jour de leurs vacances touchait à sa fin.
Encore que... la nuit serait longue, aujourd'hui. C'était ce soir que la fête du village devait avoir lieu. Si tout se passait bien, on leur ferait moitié prix pour la location d'une barque le lendemain matin. Myloxidia, la pile électrique qui se rêvait opératrice touristique de Bedrock, leur avait arrangé l’affaire.
Pour cette raison, et aussi parce que Dogaku comptait s’y rendre de toute manière, Haylor avait décidé de le suivre. Elle le savait parfaitement capable de suffisamment bien s’entendre avec un villageois digne de confiance pour leur expliquer ce qu’il venait réellement faire ici. Et, digne de confiance ou pas, elle préférait largement rester prudente et ne rien dire à personne. Et donc, l’accompagner pour le surveiller.
Pour l’occasion, la miss ne s'était certainement pas mise sur son trente et un, mais avait enfilé une robe un peu plus aérée que d’habitude. Son habituel chignon d’institutrice sérieuse avait lui aussi été troqué par quelque chose d’un peu plus relevé, et agrémenté de quelques accessoires.
Dogaku, pour sa part, ne s'était pas du tout donné cette peine.
-Vous comptez vraiment vous y rendre comme ça ?
-Le nombre de fois que j'ai entendu ça avant une réunion... ah, nostalgie...
-...
-Ça marchera pas aujourd'hui, laissez tomber. Primo, c'est juste une petite fête de village, y'a rien de soutenu. Sinon vous auriez enfilé tout l’attirail de parade. Secondo, tout le monde m’adore jusque là, donc j'ai pas à compenser sur l'apparence. Contrairement à vous, haha.
-...
-C'est bon, je plaisante, pas la peine de me regarder comme ça.
-...
-Pour finir... euh... ben ça vous va vraiment bien. La robe, le chignon. J'aime beaucoup.
-... hum.
Elle lui passa devant, sans un mot, et il suivit sans un mot de plus, avec un léger sourire. La réplique faisait très certainement cliché, mais Dogaku avait l'habitude d'exprimer les compliments qu'il pensait. En particulier depuis qu'une de ses amies lui avait dit qu'elles en avaient toujours besoin.
Pour autant, Haylor resta de marbre pendant tout le trajet jusqu'à la place du village. Elle ne réagit qu'à l'approche d'un crocodile, que Sigurd alla cajoler un moment. Le blondinet ignora son air réprobateur, et incita le reptile à faire un bout de chemin avec eux.
La nuit ne tomberait que dans une, peut être deux heures. Malgré cela, les lumières, torches et flambeaux avaient déjà été préparés. Plusieurs loupiotes colorées s’alternaient avec des draperies festives. La plupart étaient usées et fatiguées par le temps, mais le décor qu’elles assemblaient restait agréablement vivant et coloré. Quelques estrades et un certain nombre de stands avaient été arrangés ici et là, le tout encadrant un grand nombre de tables et deux pistes qui serviraient probablement aux danseurs.
Une petite foule s’était déjà réunie sur place. Sans compter les hameaux périphériques et les maisons isolées, le village comptait quelques centaines d’âmes.
Et surtout, il y avait l'odeur de nourriture, qui leur donna un coup de fouet et les incita à avancer. Sigurd reconnaissait l'odeur caractéristique des brochettes de viande de crocodile, toutes tartinées au poivre et accompagnées de morceaux d’ananas caramélisés. Il en avait déjà gouté la veille : la viande de crocodile était un grand classique pour tous les aventuriers du goût, lui avait assuré Myloxidia. Et il avait apprécié.
Aussi disparut-il gentiment dans la masse, pour en ressortir quelques minutes plus tard, armé d’aliments en tout genre. A son retour, le crocodile s’était éclipsé, et Haylor avait été rejointe par leur chaperonne attitrée, la petite guide touristique vêtue d'une robe pour l'occasion. Elle trépigna de bonne humeur en le voyant s’approcher, mais ne le bombarda pas de paroles comme à l’accoutumée. Toutes les deux s’intéressaient surtout à ce qui se passait sur l’estrade la plus proche. Au même titre que tous les autres villageois. Forcément, Sigurd devint curieux, et essaya à son tour de voir ce qu’il se passait de si intéressant là haut.
Sur l’estrade se tenaient quatre personnes. Deux adolescents, visiblement frère et sœur, qui faisaient face à un second duo. Une jeune femme, accompagnée d’un homme sensiblement plus âgé. Il devait approcher de la quarantaine.
Tous avaient l’air d’attendre quelque chose. Dogaku en profita pour mieux étudier le décor.
Le sol de l’estrade, surélevé d'un bon mètre par rapport au public, était formé de plusieurs tapis matelassés. Quelque chose qui ressemblait beaucoup à un assemblage de tatamis artisanaux. Malgré sa hauteur, la scène ne disposait pas de rambardes. Au lieu de cela, elle était entourée par de très gros matelas duveteux, susceptibles d’amortir efficacement les chutes qui pourraient avoir lieu.
Qui devraient avoir lieu, d’ailleurs. Plus Sigurd regardait la scène, plus elle lui évoquait un dérivé de ring de boxe. La superficie de l’estrade permettait à des combattants d’évoluer confortablement dans l’espace, sans pouvoir pour autant fuir le combat pour de bon.
C’est à peu près lorsqu’il en fut convaincu qu’un orchestre commença à jouer. Et que les danseurs présents sur la scène se mirent doucement à prendre leurs marques.
Le couple d’adolescents, côte à côte, se balançait en rythme, de la gauche vers la droite en faisant de grand pas à chaque fois. Ils avaient beau se tenir bras dessus bras dessous, passés respectivement à la nuque et autour de la taille, Dogaku remarque que leur pas de base correspondait à ce qui se faisait par les adeptes de la capoera. Il ne parvenait pourtant pas à les imaginer en train de faire des pirouettes dans les airs. Pas accrochés comme ça.
L'autre duo, la jeune femme qui dansait un homme ayant l'air d'être son père, était sensiblement plus classique. Un habitué aurait reconnu les gestes et la cadence d'une valse de salon. Face à face, en posture de couple traditionnelle, on voyait mal ce qu'ils faisaient avec les deux autres.
Ni même ce que faisaient les deux autres, en fait.
Quand il s’approcha de Myloxidia pour lui demander à quoi ce spectacle correspondait, elle lui répondit avec un large sourire, ravie de sa curiosité.
-Haha… oui. Vous comprendrez dans deux minutes. Quand ils commenceront à se taper dessus. Pour la petite histoire, les origines de cette danse remontent à très longtemps, aux premiers pèlerins qui ont colonisé Bedrock. On raconte qu’ils avaient un fort penchant pour tout ce qui est câlins, embrassades et signes d’affection entre proches. Le genre de personnes qui étreignent leurs mamans dans la rue sans en éprouver la moindre gène, vous voyez ?
-…, répondit Haylor d’un regard circonspect.
-Moi je vois très bien, vous en faîtes pas.
-Sauf qu’en fait, pour eux, c‘est tout le contraire qui s’est produit : un véritable concours qui vira à la foire d’empoigne et une escalade de déclarations d’amour, qui serait gagnée par celui qui aurait la marque d’affection la plus effusive qui soit. C’a finit par devenir tellement bruyant que les gens ont décidé de se calmer.
-C’a l’air marrant, votre truc. La prochaine fois que j’viens, j’ramène ma mère, ça pourrait être fun.
-De cette époque, il ne nous reste que cette tradition. Deux couples qui s’affrontent sur le terrain, dansent ensemble, et confrontent la puissance de leur affection. Le tout dans une ambiance bon enfant et avec des règles strictes en ce qui concerne l’encadrement de la violence, bien sûr.
Sigurd ne répondit pas tout de suite. Les participants… danseurs… combattants… peu importe, venaient de très sérieusement accélérer le mouvement. D’un coté, les pseudos capoeiristes voltigeaient dans les airs, envoyant des coups de pieds retournés dans le vide avec une synchronisation ahurissante. Il leur arrivait parfois de se tenir par la main, et parfois de se séparer un moment, mais ils agissaient de concert quoi qu’il arrive.
En face, l’autre duo préférait travailler sa mobilité. Sigurd n’y connaissait rien, mais il remarqua qu’eux n’étaient pas non plus en manque d’agilité. Et, surtout, qu’ils disposaient d’un jeu de jambes combiné que pourraient envier la plupart des instructeurs militaires qu’il avait croisé. Mais le plus jeune duo était bien plus accrocheur, niveau mise en scène.
Au bout d’un moment, Dogaku se retourna vers sa guide touristique.
-Donc à la base, les gens se battaient ensemble pour…
-Ca dépendait. Certains le faisaient pour éprouver la force de leurs sentiments, d’autres parce que c’est vraiment fun, tout simplement. Il y en a même qui avaient inventé une variante pour déclarer leur flamme à leur partenaire. Sans compter la danse de mariage martial, où les prétendants devaient affronter les deux couples de parents assemblés pour l’occasion, et puis…
-Mariage martial ? Mwararharharh, ça devait être rigolo à voir, ça. Niveau romantisme, par contre…
-On parle de gens qui étaient assez badass pour que les crocodiles qui infestaient l’île avant leur arrivée fassent profil bas et deviennent dociles en compagnie des humains, même plusieurs siècles après leur mort. Alors oui, nos ancêtres étaient tout à fait le genre de personnes qui pouvaient considérer que casser la gueule des gens était une activité de couple particulièrement romantique.
-Ce qui explique les crocodiles. Evidemment. Je crois que je comprends beaucoup mieux la culture de votre île, s’amusa sombrement Haylor. Merci beaucoup pour l’explication.
-C’est un peu la légende du coin, si vous voulez. Après, vrai ou pas…
Finalement, la cadence des deux groupes accéléra, et ils foncèrent l’un vers l’autre en cherchant clairement le contact. Les plus jeunes portèrent la première attaque, d’une double roue que les deux autres contournèrent rapidement. Sans se démonter, les adolescents poursuivirent leur assaut.
Et mine de rien, les valseurs se tenaient beaucoup plus efficacement que ce qu’aurait cru Sigurd. Jusque là, ils s'affairaient principalement à éviter les attaques. Ils avaient beau être deux, ils étaient étonnamment mobiles, et parvenaient à traverser l'estrade en se balançant sur quelques pas. Pire encore, ils étaient deux : cela signifiait qu'ils pouvaient se surveiller l'un l'autre, se protéger mutuellement, et même déplacer leur partenaire en cas de besoin. Ils s'étaient déjà tirés d’affaire à plusieurs reprises par ce seul geste. Et avaient enchaîné sur une prise, un quelque chose de gracieux qui aurait évoqué de l’aikido à un œil habitué, qui manqua tout juste de mettre fin prématurément à l’affrontement.
Une fois rétablis, les deux capoeiristes avaient tenté de leur foncer dedans, pour les perturber. En vain. Les danseurs avaient contourné l'attaque en pivotant autour, sans difficulté apparente. Ils évitaient les attaques latérales avec la même facilité, en se rétractant rapidement.
Quand ils paraient des coups, ils le faisaient à deux. En règle générale, il leur restait toujours un ou deux membres de libres pour porter une attaque dans la foulée, d'ailleurs. Le jeune homme d’en face, qui devait avoir quinze ans, s’était prit un mauvais coup au ventre en essayant de passer leur garde.
Mais les deux adolescents n'étaient pas en reste pour autant. Encore en plein échauffement, ils commençaient à effectuer des cabrioles de plus en plus audacieuses. À deux reprises, Sigurd vit le jeune homme prendre appui sur sa soeur pour s'élancer dans les airs, et atterrir sur les deux autres pour les séparer d'un grand écart. La première fois, ils l'éjectèrent d'un même mouvement de bras. La seconde, ils lui empoignèrent les mollets pour le jeter au sol, ce qui aurait réussi si sa sœur ne les avait pas perturbés d’un croche pattes assassin. Tous les combattants se rétractèrent après cet échange, quelques instants.
-C'est vachement plus marrant à regarder que les combats de l'école militaire, dites donc, remarqua Sigurd.
-Ah ? Vraiment ?
-Ouaip. Vous savez tous faire des trucs comme ça, sur l’île ?
-Nous ? Naan. Eux, ils sont à fond là dedans. Surtout les valseurs.
-Les jeunes se débrouillent vachement bien, remarqua Dogaku. Ils ont déjà un chouette niveau, mais alors niveau synchro, c’est hallucinant… et puis, c’est moi ou ils sautent plus haut et plus loin quand ils s’accrochent l’un à l’autre ?
-Hehehe. Et encore, vous les avez pas vus faire leur Super Technique. Le Rouleau Compresseur.
-Ca donne quoi ?
-Vous voyez, quand ils font une roue de coté, sans les mains, justes en balançant les pieds ?
-Ouais. Ils arrivent même à le faire sur place, d’ailleurs.
-Imaginez-les faire ça l’un en face de l’autre, à toute vitesse et chacun son tour, en avançant comme une scie circulaire vers leurs adversaires. Et ça donne… le Rouleau Compresseur. Soit on l’évite, soit on prend le choc, soit on finit pif à terre, soit ils vous grimpent dessus et enchaînent avec leur Méga Technique Finish, le Double Suplex en Demie Lune. Et ça, c’est juste vraiment indescriptible parce qu’ils vous choppent la nuque avec les mollets en gardant leur élan, et que la suite est vraiment, vraiment énorme.
Dogaku ne répondit pas, et se contenta de regarder les combattants. Entre le spectacle, la musique, les acclamations des villageois alentours et ses brochettes de crocodile, il se sentait particulièrement bien.
-Bref. Tout ça nous amène à… vous savez danser ? Vous voulez jouer ?
-Mmmh ?
-Participer aux jeux. Vous allez bien le faire, non ? Allez, allez. Dans une semaine, vous ne pourrez décemment pas dire que vous avez passé vos vacances à Bedrock si vous n’avez pas participé aux jeux traditionnels de Bedrock. Pas vrai ?
-C’est… discutable, commença Haylor. Mais, voyez-vous…
-Ca peut être marrant, ouais.
Et comment, qu’il voulait essayer. Débuter ne lui faisait pas peur, et il avait vraiment envie de jouer dans une aussi bonne ambiance. Malgré cela, Sigurd sentit les pulsions négatives de sa partenaire se diriger vers lui. Grinçant légèrement des dents, il parvint tout de même à ignorer sa gêne.
-Boah, allez. Moi je dis, ça peut être drôle. Après, vous n’êtes pas du tout obligée de participer, si vous voulez pas, hein. Vous avez des cavalières en rab, j’imagine ?
-Bien sûr. Des tonnes et des tonnes. Mais quand même… ça serait dommage, que vous ne participiez pas, mademoiselle. Vous êtes sûre que vous ne voulez pas ?
Myloxidia rassembla toute ses forces, et usa de son arme secrète, toujours utile dans ce genre de situations : le regard du gentil chien battu. Sans succès. Toute son énergie positive s’écrasa lourdement devant les remparts inébranlables de la sombre et délicate Haylor. Elle n’aimait pas danser, de toute façon.
-Je me contenterai de profiter du spectacle, renifla-t-elle à contrecoeur.
-Beuh. Vous êtes vraiment pas marrante, Haylor.
-Si vous le dîtes…
-Bon, bah tant pis pour elle. Moi chuis prêt. Où est-ce qu’on se prépare ? Je vous préviens, par contre, je suis franchement pas un danseur de folie, et une petite session d’échauffement-mise en forme serait pas de refus. Et même, vraiment appréciée. Je suis demandeur, quoi.
-Absolument !, s’écria la petite blonde, ravie devant tant d’entrain. Je connais quelqu’un de p~a~r~f~a~i~t pour ça. Attendez un instant, je vais chercher…
-Une jolie blonde sexy et avenante rien que pour moi ? Whoo que je suis gâté, aujourd’hui.
-Mieux que ça ! Mwehehehihihuhu ! ‘Ttendez, je vais le chercher.
Avec la vivacité d’une gazelle gambadant dans une plaine, la jeune femme se fondit dans la masse grandissante des villageois, sans se faire bousculer par qui que ce soit. Dix secondes plus tard, elle fit signe à Sigurd de la rejoindre, et lui présenta l’un des plus grands spécialistes de la danse de l’île. Ils échangèrent rapidement, et une fois les dernières brochettes de Dogaku englouties par les deux hommes, ils se dirigèrent vers un coin de piste, pour commencer une première leçon de danse de combat.
Un style unique en son genre, mais qui n’avait jamais été élevé au rang de véritable art martial, faute d’attention et de pratiquant capable de s’en servir en situation réelle.
Ca n’était qu’un jeu, après tout.
Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mer 19 Fév 2014 - 1:54, édité 2 fois