Grand Line, sur une côte
« Z, c’est bon, le bateau est prêt à partir.
- Bien. Je serai dans ma cabine. »
Il fait froid ce matin. Mes mains sont craquelées, mais je n’ai jamais aimé porter de gants. Beaucoup trop contraignant. C’est important de ressentir les choses, de penser qu’elles respirent elles aussi même s’il est ardu de communiquer avec chacune d’entre elles.
Ce pirate était faible. Un peu comme tous ceux que j’ai rencontré ces dernières années. Qu’il est lassant de devoir se contenter du menu fretin. Mais quand on est jeune, on prend le temps, on obéit aux ordres et on profite comme on peut de chaque région que les crimes nous donnent l’opportunité de visiter.
Où es-tu à présent Layr ? Toi le père indigne, toi le mari incapable, toi qui a misé sur ma mort avant même que je pousse mon premier cri. J’avais trouvé le courage de t’arrêter, mais cela ne t’a pas suffi. Tu as bravé les intempéries du monde pour un autre homme. As-tu fait ça parce que tu l’aimes, qu’il est ton ami ? Toi le renégat de notre temps, puis-je considérer que ton cœur n’est pas mort en même temps que celui de ma mère ?
La neige n’en finit plus de tomber, et sur le pont du navire ce sont quatre hommes qui encadrent le monstre de quatre mètres que j’ai défait hier soir. Non Eshmer, tu ne m’as même pas distrait, tu n’as même pas permis à mon esprit de s’évader de sa prison de brume. Honte à toi.
« Z, un message Den Den du Smoke.
- Oui ? Harvey a besoin de moi ?
- Non c’est Stan, il nous transmet un message de la part du capitaine pour nous féliciter et nous dire de ramener le prisonnier aux autorités les plus proches.
- D’accord.
- Euh... »
Ces derniers mots sonnent comme un appel. Et alors que je m’étais déjà retourné pour prendre congé, je ne me rends pas encore compte que la question machinale que je m’apprête à supputer aura plus de conséquences que prévu.
« Autre chose ?
- Ben, il a rajouté quelque chose de plus personnel.
- Comme ?
- J’ai peur pour le commandant.
- Quoi ?
- C’est ce qu’il a dit. J’ai peur pour le commandant.
- C’est tout ?
- Il avait l’air de se cacher, comme s’il avait peur que celui-ci déboule. Il a parlé de l’île maléfique où ils sont stationnés en ce moment. Il a dû couper juste après, comme si le commandant arrivait.
- Sans doute qu’Harvey doit trop vouloir en faire. Je ne me fais pas de souci pour lui.
- Ses derniers mots...
- Bon, je n’ai pas toute la matinée !
- Layr arrive, c’est ce qu’il a eu le temps de dire. Layr arrive. »
Mes muscles se contractent, mon rythme cardiaque s’accélère. Harvey n’a jamais été bavard sur ses affaires, mais il est rare qu’il n’en dise pas un mot. Il l’a retrouvé. Il l’a retrouvé à ma place et il va finir ce qui a été commencé il y a vingt ans.
« Lance, va voir le chef du quartier marchand, il nous doit une faveur pour la capture d’Eshmer. Je veux sa Fringuante prête à démarrer pour dans une heure, avec plusieurs jours de provisions.
- Z, ne fais pas ça, tu...
- Faites ce qu’Harvey a dit, vous n’avez plus besoin de moi. Si tu veux m’empêcher de partir, libre à toi d’essayer. »
Je file dans la cabine, prends quelques affaires pour le voyage, puis m’arrête un moment sur un objet. C’est la bague que j’ai retrouvé il y a quelques mois dans les décombres de la demeure du meurtre, là où je suis né. Une bague que devait porter ma mère quand son homme s’est enfui.
Il est temps de partir. Sur mon majeur droit, elle trône à présent, symbole d’un temps qui n’a jamais existé. Je dois faire vite, dans quelques dizaines d’heures, si je ne suis pas assez rapide, l’un de mes deux créateurs sera mort des mains de l’autre.
Île maléfique, premier jour
« Il sera là dans quelques minutes, préparez-vous. »
Harvey sait que la bataille navale tournera court. Deux hommes ne peuvent rivaliser avec un équipage entier sur les mers. Ils voudront régler ça sur la terre ferme. Et il n’est pas question de laisser le navire accoster.
« Allez, souquez les artémuses ! Déploiement alpha, le brouillard s’épaissit. »
Harvey est prêt. D’ici peu, le poète sera maudit. Par les Eaux, par les Dieux, par le Pulp Dog.
Au large, le même jour
« Grey, on peut rien faire sur l’eau. L’île est grande mais ils nous verront arriver de loin, ils doivent avoir des vigies efficaces.
- Alors qu’est-ce qu’on va faire ?
- On va faire ce que font tous les grands de ce monde. On va tricher comme des petites bourgeoises. »
« Z, c’est bon, le bateau est prêt à partir.
- Bien. Je serai dans ma cabine. »
- Spoiler:
Il fait froid ce matin. Mes mains sont craquelées, mais je n’ai jamais aimé porter de gants. Beaucoup trop contraignant. C’est important de ressentir les choses, de penser qu’elles respirent elles aussi même s’il est ardu de communiquer avec chacune d’entre elles.
Ce pirate était faible. Un peu comme tous ceux que j’ai rencontré ces dernières années. Qu’il est lassant de devoir se contenter du menu fretin. Mais quand on est jeune, on prend le temps, on obéit aux ordres et on profite comme on peut de chaque région que les crimes nous donnent l’opportunité de visiter.
Où es-tu à présent Layr ? Toi le père indigne, toi le mari incapable, toi qui a misé sur ma mort avant même que je pousse mon premier cri. J’avais trouvé le courage de t’arrêter, mais cela ne t’a pas suffi. Tu as bravé les intempéries du monde pour un autre homme. As-tu fait ça parce que tu l’aimes, qu’il est ton ami ? Toi le renégat de notre temps, puis-je considérer que ton cœur n’est pas mort en même temps que celui de ma mère ?
La neige n’en finit plus de tomber, et sur le pont du navire ce sont quatre hommes qui encadrent le monstre de quatre mètres que j’ai défait hier soir. Non Eshmer, tu ne m’as même pas distrait, tu n’as même pas permis à mon esprit de s’évader de sa prison de brume. Honte à toi.
« Z, un message Den Den du Smoke.
- Oui ? Harvey a besoin de moi ?
- Non c’est Stan, il nous transmet un message de la part du capitaine pour nous féliciter et nous dire de ramener le prisonnier aux autorités les plus proches.
- D’accord.
- Euh... »
Ces derniers mots sonnent comme un appel. Et alors que je m’étais déjà retourné pour prendre congé, je ne me rends pas encore compte que la question machinale que je m’apprête à supputer aura plus de conséquences que prévu.
« Autre chose ?
- Ben, il a rajouté quelque chose de plus personnel.
- Comme ?
- J’ai peur pour le commandant.
- Quoi ?
- C’est ce qu’il a dit. J’ai peur pour le commandant.
- C’est tout ?
- Il avait l’air de se cacher, comme s’il avait peur que celui-ci déboule. Il a parlé de l’île maléfique où ils sont stationnés en ce moment. Il a dû couper juste après, comme si le commandant arrivait.
- Sans doute qu’Harvey doit trop vouloir en faire. Je ne me fais pas de souci pour lui.
- Ses derniers mots...
- Bon, je n’ai pas toute la matinée !
- Layr arrive, c’est ce qu’il a eu le temps de dire. Layr arrive. »
Mes muscles se contractent, mon rythme cardiaque s’accélère. Harvey n’a jamais été bavard sur ses affaires, mais il est rare qu’il n’en dise pas un mot. Il l’a retrouvé. Il l’a retrouvé à ma place et il va finir ce qui a été commencé il y a vingt ans.
« Lance, va voir le chef du quartier marchand, il nous doit une faveur pour la capture d’Eshmer. Je veux sa Fringuante prête à démarrer pour dans une heure, avec plusieurs jours de provisions.
- Z, ne fais pas ça, tu...
- Faites ce qu’Harvey a dit, vous n’avez plus besoin de moi. Si tu veux m’empêcher de partir, libre à toi d’essayer. »
Je file dans la cabine, prends quelques affaires pour le voyage, puis m’arrête un moment sur un objet. C’est la bague que j’ai retrouvé il y a quelques mois dans les décombres de la demeure du meurtre, là où je suis né. Une bague que devait porter ma mère quand son homme s’est enfui.
Il est temps de partir. Sur mon majeur droit, elle trône à présent, symbole d’un temps qui n’a jamais existé. Je dois faire vite, dans quelques dizaines d’heures, si je ne suis pas assez rapide, l’un de mes deux créateurs sera mort des mains de l’autre.
Île maléfique, premier jour
« Il sera là dans quelques minutes, préparez-vous. »
- Spoiler:
Harvey sait que la bataille navale tournera court. Deux hommes ne peuvent rivaliser avec un équipage entier sur les mers. Ils voudront régler ça sur la terre ferme. Et il n’est pas question de laisser le navire accoster.
« Allez, souquez les artémuses ! Déploiement alpha, le brouillard s’épaissit. »
Harvey est prêt. D’ici peu, le poète sera maudit. Par les Eaux, par les Dieux, par le Pulp Dog.
Au large, le même jour
- Spoiler:
« Grey, on peut rien faire sur l’eau. L’île est grande mais ils nous verront arriver de loin, ils doivent avoir des vigies efficaces.
- Alors qu’est-ce qu’on va faire ?
- On va faire ce que font tous les grands de ce monde. On va tricher comme des petites bourgeoises. »