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La fin de la solitude. [Log III-1]


Les Avalons - Arc III : Dérataupisation.


La fin de la solitude. [Log III-1]


Au large des côtes de Banaro, deuxième voie de Grandline.

Je ne saurais dire depuis combien de jours nous avons quitté le Cap des Jumeaux. Dix ? Vingt ? Trente ? Beaucoup plus ? Tout semble flou, et avec la faim, la soif, et le soleil qui cogne sec, les choses ne s'arrangent pas... Encore que, par rapport à la faim, nous pouvons nous estimer heureux : il y a quelques jours, le repas fut royal. En effet, Yskino, d'un tir assez spectaculaire, avait réussi à abattre une mouette livreuse de journaux qui passait juste au dessus de nous. C'est donc ainsi qu'après avoir régalé nos yeux des anecdotes croustillantes du canard, nous avions dévoré l'animal (la mouette, hein). Quelques heures plus tard, Yskino avait fini à l'eau pour avoir mangé le journal pendant que je faisais une sieste réparatrice, sans même m'en laisser. Malheureusement, ce sale égocentrique s'était fait repêcher par Larbin, la tortue sur laquelle nous semblons ancrés depuis une éternité. Et, finalement, après cette longue période passée à chasser des méduses pour se nourrir (grâce à l'aide non négligeable de notre fidèle tortue), boire de l'eau de mer pour s'abreuver, et à se battre pour savoir qui mangerait les ombrelles (parties les moins dégueulasses de nos chers mollusques), nous apercevons des côtes en vue. Des côtes pointées par l'aiguille du Log Pose.

"J'arrive pas à croire qu'on va arriver vivants."
"Je t'ai dit de toujours avoir confiance en mes capacités de navigation !", commencé-je. Puis, après réflexion, je rajoute : "Par contre, moi, je pensais sincèrement que l'encre du journal que tu avais mangé allait te tuer."
"Je dois bien avouer qu'à un moment, j'ai eu un doute aussi. Mais je crois que les vomissements venaient plutôt de cette méduse qui flottait à moitié sur le dos, et que j'aurais pas du manger."

Silence tandis que nous observons la terre se rapprocher de nous à faible vitesse.

"Hé, attends, tu as mangé des méduses dans mon dos, sans m'en filer ?"
"Euh..."

Yskino plonge subitement à l'eau, et part vers l'île à la nage, et ce bien plus vite que ce que Larbin peut aller.

"Salaud de borgne ! Attends que je te mette le poing dessus !"

Je me positionne à l'avant de la carapace de notre embarcation de fortune et... Je me ravise aussitôt, me rappelant que le pouvoir que j'ai obtenu m'empêche en contrepartie de nager, comme j'ai bien pu le constater lorsque le borgne m'avait poussé à l'eau quelques jours auparavant (et qu'heureusement pour nous deux, notre tortue m'avait repêché). Comment pourrais-je le rattraper ? C'est tellement rageant, d'être le grand Lloyd Barrel, un être aussi puissant et illimité et de ne pas pouvoir nager à sa poursuite pour le couler... Si au moins il me restait mon beau Galahad...

"Allez Larbin ! Hue ! Plus vite ! Rattrape moi ce borgne !", m'écrié-je à l'animal, qui me répond dans un barbouillis de bulles assez peu significatif. Larbin ne semblant donc pas vouloir aller plus vite, et mon expérience personnelle m'ayant appris à ne jamais le bousculer sous peine de le voir plonger tout d'un coup au fond des eaux, je décide de prendre mon mal en patience et d'attendre. Sauf qu'au bout d'un moment, j'en ai un peu marre de ne faire que ça.

"Euh... Larbin... ? Sois sage, obéis donc au grand Lloyd Barrel et va donc un peu plus vite...", lâché-je, hésitant, presque en chuchotant à "l'oreille" de l'animal... Qui commence à s'enfoncer dans les eaux. Et merde, je savais bien que je n'aurais pas du le contrarier... Mais qu'est-ce que je vais faire, maintenant ? Je rajoute un petit : "Euh... S'il te plait ?"

Mais ça ne semble pas marcher non plus. Cependant, je ne suis pas sûr que ce soit à cause de moi que la tortue décide de se tirer, en fait. Elle a l'air... Etrange (pour une tortue, du moins). Comme apeurée ? Mais apeurée par quoi ? Qu'est-ce qui pourrait effrayer une bête d'une quinzaine de mètres de long, à part cette grande ombre deux fois plus grande qu'elle qui s'approche de nous ? Je ne vois p... Euh... Une grande ombre ? Merde, je le sens mal ce coup là... Et là, il surgit des eaux, dans un cri terrifiant. C'est monstre marin que l'on ne trouve que sur Grandline. Un animal à la chair goûteuse, notamment parce qu'il se nourrit exclusivement de tortues de mer. Un requin-raton laveur géant. Larbin parvient à s'échapper à temps, en plongeant avec une grande vivacité d'esprit pour un animal aussi crétin. Yskino, lui, est déjà presque arrivé aux côtés de la fameuse île. Et moi, je suis en train de me noyer quand l'énorme monstre me plonge dessus, m'engloutissant au fond des eaux.

Plusieurs minutes plus tard, à bord du bateau des Rattpack Pirates.

"Les gars, ce soir c'est festin ! Regardez ce que Jerry et Rocky ont réussi à attraper ! Un requin-raton laveur géant ! Et en plus, l'île est enfin en vue ! On va fêter ça !", entonne une personne à la voix des plus insupportables, mais que je ne peux malheureusement pas voir. Bordel, mais je suis où la ? Et qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? Où sont Larbin et Yskino ? Et l'île ? L'homme continue : "A ce propos, comment vous avez réussi à attraper une bestiole aussi grosse rien que tous les deux ?"
"Ben en fait, il flottait un peu sur le côté. Comme à moitié mort. Il avait du bouffer un truc pas super frais."
"Pourtant il a pas l'air complètement clamsé, regardez, il bouge encore."
"Ah oui."
"On dirait vraiment qu'il a gobé un truc pas bon. Vous croyez que c'est possible que ce soit un poisson canard ?"
"Non mais... Tiens ? Curieux ça... Mais c'est quoi ce tru..."
"BEUARGH ! ENFIN LIBRE !", m'écrié-je en défonçant d'un coup de poing le ventre du monstre dans lequel j'étais enfermé. C'est ainsi que je me retrouve, couvert de bave, d'eau de mer, de sang et de sucs gastriques, sur le pont d'un navire, au milieu d'une bande de ce qui semble être des pirates visiblement médusés. Je m'étire et commence alors à nettoyer ma veste etma magnifique chevelure blonde des algues qui y sont collées.

"Vous êtes qui vous ?", demandé-je finalement, ayant alors repris de ma superbe et de ma classe légendaires.
"C'est plutôt à nous de te demander ça ! Tu fous quoi sur MON bateau ?", m'interpelle un type au look fort ridicule, portant lunettes de soleil et écharpe rouge, et arborant une coupe de cheveux des plus vilaines.
"Moi ? Ce truc m'a avalé, je crois.", commencé-je en pointant le requin-raton laveur géant suspendu au mat. Je continue : "Quant à mon identité... Je suis surpris de ne pas être reconnu. Car je suis..."
"C'est le grand Liloyd Berral !", me coupe alors un jeune homme en toute insolence, et qui, chose ma foi amusante, n'a que neuf doigts.
"C'est LLOYD BARREL, abruti !"
"Le capitaine des Avalanches ?"
"C'est AVALONS, idiot !"
"Ah oui c'est ça...", répond alors l'autre imbécile.
"Ta gueule, toi ! Dis toi bien que dès que ce débile aura rejoint la flotte, je te coupe un doigt pour chaque mot que tu as prononcé !"
"Il aura pas assez de doigts..."
"Alors on tapera dans les orteils."
"Chouette."
"Bon, j'ai assez perdu de temps avec un ramassis d'incapables comme vous. Je veux que vous me conduisiez à cette île ! Tous à vos postes !", lancé-je alors en désignant à ces pirates de pacotille ce qu'ils doivent faire. Mais personne ne bouge.
"Tu... T'es pris... Pour qui ?! Arriver comme ça avec tes gros sabots sur MON bateau et filer des ordres à MES hommes ?!"
"Mais je suis le grand Lloyd Barrel, mon gars. Donc tu vas te calmer, me conduire à terre, et éventuellement me filer de quoi bouffer et de quoi boire. Sinon, c'est à tes risques et périls. A vos risques et périls, même."

Grand silence. Le vent souffle. Je range ma mèche d'un coup de tête.

"Je lui fais la peau, capitaine ?", balance alors un mec avec une tête assez moche, brisant ainsi le silence, et sortant deux dagues courtes.
"Pas que la peau. Tout le reste aussi."

Il se jette alors sur moi, avec le regard vicieux du psychopathe. Ah d'accord, ça se la joue comme ça. Ceci dit... Il est faible. Très faible. Même pas besoin d'utiliser mon pouvoir contre quelqu'un avec aussi peu de style et de technique. Je bloque son premier bras en le frappant avec le tranchant de la main, lui explosant sans doute le bras au passage, et rentre complètement dans son attaque pour l'attraper à la gorge de ma deuxième main. Il lâche ses deux lames tandis que je serre de plus en plus fort. Et il se débat. Il tape de toutes ses forces sur moi alors que la pression autour de sa trachée augmente rapidement. Forcément, au bout de quelques secondes, le cartilage lâche, et il s'étouffe alors que je le laisse tomber sur le pont. Il est mort avant même qu'ils aient eu le temps de dire : "Je suis le grand, le fabuleux, le merveilleux, l'inégalable Lloyd Barrel !".

"Rocky !"
"C'est à vos risques et périls, les gars... Vous êtes sûrs que vous voulez pas m’obéir ?"

Et d'autres se jettent sur moi. Bon. Apparemment, non. Je fais craquer mes doigts. Quand faut y aller...


Dernière édition par Lloyd Barrel le Jeu 13 Mar 2014, 23:50, édité 3 fois
    Attends… C’est le vrai Lloyd Berral que j’ai en face de moi ? Le pirate au « Haki » si célèbre ? Même quelqu’un comme moi en a entendu parler, ces abrutis de pirates ne connaissent donc pas leurs supérieurs ? Est-ce que je vais pouvoir y assister, à ce fameux Haki qui l’a rendu si glorieux auparavant ? En tout cas, si jamais ça arrivait, je me prendrais sûrement une bonne raclée, et je n’ai pas envie de rester avec cet équipage de malades mentaux. Quitte à vivre des péripéties grandioses, autant le faire avec des personnalités dignes de ce nom, ce sera mon premier pas vers le succès et la reconnaissance. Et rien qu’à voir son charisme hors du commun, on se doute qu’il n’est pas comme ces enfoirés qui m’ont pris un doigt ! On n’en voit pas tous les jours, des blonds majestueux qui sortent du ventre d’un requin-raton laveur géant des mers. Il va falloir que je fasse bonne impression.

    Le problème, c’est que si ça tournait mal, je me retrouverai sans doute dans l’incapacité d’utiliser mon système moteur vu les menaces que j’avais reçu, alors je ne devrai pas m’enflammer trop vite. Enfin, il vient quand même de pulvériser cet abruti de sanguinaire, mais les débats sérieux vont commencer quand il affrontera le capitaine.

    - C'est à vos risques et périls, les gars... Vous êtes sûrs que vous voulez pas m’obéir ?

    Un sacré coup de pression qu’il vient de mettre à tout l’équipage, qui pourtant semble d’autant plus excité. Je reste dans l’ombre pour le moment, mais je ne tarderai pas à agir si les choses ne tournent pas trop au vinaigre pour lui.

    Le capitaine arrête ses hommes d’un geste et prend sa massue en main, le regard défiant, décidé à en découdre.

    - Maintenant, c’est trop tard pour te rendre, blondinet, je vais te broyer les os jusqu’au dernier et ton égo à deux balles subira le même sort.
    - J’ai cru mal entendre, tu ne viendrais pas de critiquer la magnifique chevelure du grand Lloyd Barrel ? Ma beauté sans égal te rend jaloux ? C’est compréhensible, venant d’un vieillard comme toi.

    Sans broncher, Knerdicko s’élance avec autant de rage que son prédécesseur. Lloyd ne bouge pas d’un pouce. Pire, même, il scrute ailleurs, nonchalant.

    BAM ! Crac.

    Il prend le choc de pleine face. L’espace d’un instant, je perds espoir, mais finalement… La massue du sanguinaire s’envole par-dessus bord et se sauve finir son existence dans les profondeurs de l’océan. Knerdicko s’écroule, le poignet déboité complètement vrillé, inanimé. Lloyd… Il vient de changer sa face entière en une incroyable matière bleue étincelante ! Je suis fasciné, absorbé par les pouvoirs de cet homme. D’un coup de pied dans l’abdomen, il dégage le bougre souffrant du pont pour qu’il aille rejoindre son arme dans les abysses. Il reprend sa forme normale, se tourne vers l’équipage inquiet qui tente de le dévisager. Mais rien n’y fait, contre toute attente, il lève le pouce dans notre direction et décoche un grand sourire de vainqueur, les dents recouvertes de la même couleur bleue, complètement éblouissantes.

    - Qui m’aime me serve ! Je suis le grand Lloyd Barrel, cap sur cette île, larbins !

    Tous les regards sont fixés, les corps le sont également. C’est maintenant que je dois faire preuve d’audace. Je prends mon courage à deux mains. D’un bond suivit d’une petite course, je vais me positionner, un genou au sol, devant l’homme à la chevelure dorée.

    - Ô grand et magnifique Lloyd Berral, laissez-m…

    Toc, il me met une calotte sur le haut du crâne.

    - C’est LLOYD BARREL, imbécile, mais continues, tu m’as l’air plutôt futé, ce détail mis à part.
    - Ô grand et magnifique et formidable et prestigieux Lloyd Be… BARREL ! Laissez-moi me joindre à votre cause et vous suivre jusqu’au fin fond de ces mers !
    - Tu es définitivement plus intelligent que tous ces abrutis… Hum… C’est décidé, tu me serviras en tant que larbin second ! En avant toute !

    Cependant, la situation semble bloquée. Les matelots restent de marbre, hésitants. L’un d’eux se décide à faire le premier pas.

    - On ne se rabaissera jamais à servir une blondinette comme toi ! Les gars, à l’attaque !

    Ils sont vraiment débiles. Ne reconnaissent-ils pas en la personne de Lloyd un homme plus puissant qu’eux, et surtout, majestueux ? Étrange… Encore une histoire de soi-disant honneur, quelle absurdité. En tout cas, c’est le bon moment de prouver ma valeur et mon dévouement à la cause des Avalanches. D’ailleurs… Où est son fameux équipage ? Pourquoi le capitaine est-il seul, et plus important encore, pourquoi est-il sorti du ventre d’un monstre marin à l’instant ? Enfin, c’est sans importance, son équipage n’est sûrement pas loin.

    - Capitaine, laisse-moi m’en occuper.
    - Si tu t’en crois capable.

    Oh que oui, je m’en croyais capable. Qu’il ne me confonde pas avec ces pauvres sous-fifres, le seul qui me posait problème sur ce navire, c’était le capitaine. Je vais pouvoir leur faire regretter tous ces rires sarcastiques auxquels ils m’ont habitué durant le voyage. Je vais enfin pouvoir extérioriser toute cette aigreur qu’ils m’ont fait accumuler. J’ai de l’estime pour la vie mais certains enfoirés ne devraient même pas avoir le privilège d’en profiter.

    Le premier s’élance, tête baissée, sabre en main, il beugle comme un animal écervelé. J’esquive son assaut d’un pas latéral et lui assène un violent coup de pied directement dans le visage. Il s’écrase contre le bois du pont. Deux nouveaux assaillants se jettent sur moi. Un bond bien effectué me permet d’un passer au-dessus du niveau de ceux-ci, qui, surpris, lèvent la tête. Ils se fracassent l’un contre l’autre. Je retombe à ce moment précis pour aplatir leurs faces sur le sol.

    Faibles.

    Je me retourne in extremis pour voir deux autres matelots qui s’apprêtent à faire feu sur moi. La première balle me frôle, l’autre m’écorche légèrement l’avant-bras. Ces enfoirés. Je ne comptai pas m’en servir, mais ma tolérance a des limites, et ceux-là sont allés trop loin. Je me rue sur les deux individus côte à côte et dégaine mon sabre dans un mouvement transversal qui ne leur laisse pas le temps de réagir. Ils chutent à leurs tours, tranchés.

    J’ai le contrôle total de mon esprit, mais celui-ci semble changer. La tournure violente que prend la scène me tourmente légèrement. C’est une vengeance pure et simple, dépourvue de sens. Pourtant, elle soulage.

    La plupart des pirates restant ont perdus leur hargne. Certains, craintifs, plongent et tentent de s’enfuir par la mer. Les autres, hésitants, finissent par suivre leurs camarades lorsqu’ils croisent mon regard vide. Je rengaine ma lame sanguinolente alors qu’il ne reste qu’un homme sur le pont. Il tremble, tétanisé, plus jeune que ses camarades. Je pourrais l’achever et alléger mon fardeau. Mais j’ai des principes, je ne veux pas ressembler à ces ingrats. Haine n’entraîne que haine.

    Je l’attrape au col et le soulève à quelques centimètres du sol, fixant ses yeux humidifiés durant quelques lourdes et longues secondes. Je le repousse et il s’échappe à son tour, prenant conscience de la chance que je lui ai donné.

    Dégageant les corps subsistants sur le pont, j'ai une petite arrière-pensée acre pour celui que Lloyd avait mis hors d’état… Ce fou ne méritait que ça. Je ramasse au passage les lunettes de l’ancien capitaine du navire sur le pont, qui sont sûrement tombées lors de son duel. Souvenir que je préférerai oublier, mais qui restera gravé. Et puis, elles sont tout de même bien plus stylées que ma paire de rechange, alors autant en profiter.



    - Tu ne te débrouilles pas si mal, finalement, hm... Quel est ton nom ?
    - Vous pouvez m’appeler Epsen.
    - Bien, Epsen, quand nous serons sur cette île, tu auras la tâche de retrouver une saleté de borgne du nom d’Yskino. C’est un membre de mon équipage et figure-toi que cet enfoiré a mangé une méduse sans la partager avec son magnifique capitaine, ce qui mérite une punition.

    Une méduse ? Depuis quand les hommes mangent des méduses ? J’ai entendu dire que c’est le genre de bête qu’on n’aime pas croiser quand on nage, plus petit qu’un monstre marin, presque invisible, c’est une bestiole qui vous pique et vous empoisonne avec un stratagème mesquin. Peu importe, quelque chose me turlupine depuis quelques minutes. Je me lance :

    - Bien, capitaine. Hmm, est-ce que je peux vous poser une question ?
    - Je t’écoute.
    - Comment avez-vous fait pour vous recouvrir de cette chose bleue fascinante à l’instant ?
    - J’ai mangé le fruit du diamant, évidemment !

    Un fruit ? J’ai déjà goûté des fruits, mais je ne savais pas que cela pouvait donner une sorte de pouvoir spécial. Le monde ne cessera pas de me surprendre, décidément.

    - Si je mange moi aussi un fruit du diamant, je pourrai faire pareil ? Demandé-je avec enthousiasme.
    - Abruti ! Un fruit du démon est unique, je suis par conséquent le seul et unique homme-diamant, car je suis le grand Lloyd Barrel ! Me rétorque-t-il.

    Un fruit du démon, unique. Je ne comprends pas trop de quoi il parle, mais avec les évènements récents, je suppose que la réalité cache encore des choses qui me paraissent être du domaine du rêve. Un fruit magique, peut-être que j’aurai l’occasion d’en goûter un moi aussi… Je me demande bien quel goût ça peut avoir. D’ailleurs, après tout ce voyage privé de nourriture, j'ai vraiment la dalle, mais maintenant que le cuistot s’est barré, il va falloir attendre le débarquement sur cette île. On s’en approche à grands pas.

    Le vent me caresse les cheveux et la peau. Je prends une grande bouffée d’air. Désentravé. Enfin libre, je vole à nouveau de mes propres ailes au côté d'un aigle royal.


    Dernière édition par Epsen Airy le Mer 12 Mar 2014, 18:13, édité 17 fois
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    Amusant comme la terre semble proche vue d'un bateau, mais est éloignée lorsqu'on se retrouve à nager vers la rive.

    Quoique, amusant n'est peut-être pas le terme approprié. Effrayant ?

    C'est épuisé que je touche enfin pied. Je me redresse, l'eau m'arrive aux hanches. Une vague me fait tomber. Je bois la tasse. Ouais, épuisé. Je sors de l'eau en me traînant plus qu'autre chose. Il faut dire que faire un gros effort en étant sous-nourri, c'est pas la joie...

    J'espère que Larbin a été longue à me suivre. Sinon le snob n'aura aucune difficulté à me faire payer d'avoir mangé des méduses sans lui.
    Dire qu'auparavant, il ne voulait même pas s'alimenter de ces bestioles... Et que maintenant il se plaint de ne pas avoir eu sa part.
    Quoique, c'est le genre de type à se plaindre de ne pas avoir eu leur part de quoi que ce soit, et surtout de ce qu'ils ne veulent pas.

    Enfin... La tête dans le sable, les vagues qui me lèche les pieds, c'est moyen comme position sur le long terme... Je me retourne sur le dos. Les bras en croix, j'observe un instant le ciel. Des oiseaux criaillent. J'ai bien mes fusils, mais la poudre est trempée... Je me redresse. Il est temps de voir où en est Lloyd.

    La mer est bleue. Les vagues font un doux bruit régulier. Quelques nuages au ciel. Belle journée.

    "Ah ? Ahah... Ahahahaahahhaha !"

    J'éclate de rire. Doucement d'abord, puis de façon quasi-hystérique. La mer est plate. Vide. VIDE !

    "AHAHAHAH !"

    Je suis parti sur un franc rire à présent. Des larmes me coulent des joues. L'hilarité et la joie se partagent à parts égales.

    "AHAHAH ! Mais quel abruti ! Quelle mort de merde !"

    Larbin a plongé. Et ce con s'est retrouvé dans l'eau, sans pouvoir nager ! Quelle mort lamentable pour le snob. Aussi fort soit-il, le voilà sous l'eau, impuissant, voyant la mort venir, et personne pour l'aider.
    Une mort sur mesure, je n'aurais pas trouvé mieux.

    "Haaaaaa. C'est la meilleure nouvelle de la journée."

    Je me rallonge. Je crois que je vais piquer un somme avant de chercher comment rentrer sur North Blue. J'aime déjà cette nouvelle île pour ce coup du sort. J'y trouverais sûrement un moyen de revenir chez moi. La loi des séries... Après plein de saloperies, pleins de bonnes choses à venir.

    Je me réveille quasi-aussitôt. De fort mauvais poil. Je n'aime pas qu'on dérange mon sommeil. Ce qui m'a réveillé ? Une bestiole qui me renifle. Un genre de... Nan, je ne sais pas à quoi ça ressemble. Un mélange de cochon (vu le groin), de rat (vu la queue, les dents et la couleur), de kangourou (vu la position bipède penchée en avant) et de trucs immondes. Et il me sourit méchamment. Je lui rend son sourire.

    "Coucou toi."

    A cette portée... La balle fuse du pistolet. Ou aurait due si la poudre était sèche. Là, ça a fait long feu, et la bestiole se jette sur moi et tente de me mordre. Avec un juron, je roule sur le côté, puis l'attrape par la peau du cou. Elle se tortille, mais bon, je peux la tenir d'une main. Pas d'épée ni de couteau avec moi. Juste deux fusils et un pistolet inutilisable tant qu'ils ne seront pas secs. Connerie ça.

    Je longe la plage jusqu'à ce que je trouve une pierre dans la sable. La bestiole continue à s'agiter, mais rien de bien méchant. Je lui fracasse le crâne sur la pierre. Et voilà, j'ai la main dégueulasse. Super, de la cervelle de euh... Cochon-rat-kangourou-immondices ? Faut que je trouve un truc plus court...

    Appelle ça un lloydien.

    "Ah. Bonne idée !"

    Je sais, je suis fantastique. Et sinon, t'en fais quoi de ton lloydien là?

    "Ben je vais le balancer. Je ne vais pas me promener avec une bestiole crevée à la main."

    Crétin ! S'il peut saigner, on peut le manger!

    "Pas faux..."

    Je m'engage plus profondément dans l'île. Une fois la plage quittée, je ramasse du bois, puis allume une flambée. Manger et faire sécher mes armes. D'une pierre deux coups.

    Je découpe comme un barbare avec des cailloux le lloydien (ce qui est assez jouissif, il faut l'admettre. Surtout que je me marre encore en pensant à l'autre con au fond de l'eau), puis tente de faire griller les morceaux les moins dégueulasses.
    C'est cramé ou mal cuit. Une bonne moitié tombe dans les flammes et la graisse grésille et saute, m'occasionnant de petites brûlures.
    Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon. Dieux, que c'est horrible d'avoir faim. Et que c'est bon de se satisfaire d'aussi peu.

    Je repart repus et heureux. Il y a de la fumée là-bas au loin. Qui dit fumée dit feu, et donc des gens. Enfin, normalement. Ça peut-être un volcan ou un autre truc du genre pour te baiser, mais en général, c'est des gens.

    Effectivement, je vois une ville, peu de temps après. Plutôt petite. Mais des habitations sont creusés à même le flanc des falaises, et d'autres sont en bois, au milieu. Une ville en partie troglodyte ? Si elle s'enfonce profondément dans le sol... Difficile de juger de ses dimensions. Il y a du monde en tout cas.

    Et comme dans toute ville, il y a le fondamental : un bar.
    J'y entre, avoir des informations ne serait pas du luxe. Du genre, où je suis, comment revenir en arrière... Ce genre de choses... Et puis un bol d'eau propre pour nettoyer mon bandeau ne serait pas mal non plus. Je sens le sel sur le mien, et ça gratte ma joue et le pourtour de mon orbite vide.

    Et tu comptes payer en monnaie de singe ? Les barmens sont peu bavards envers les gens qui demandent juste un verre d'eau, tu sais...

    "Fais chier..."

    Bon, ben je suis comme un con planté dans l'entrée, avec deux-trois gens qui me regardent. Plus qu'à ressortir...

    "Venez voir ! Venez vite !"
    Quelqu'un gueule dehors. Cool, une bonne excuse pour ressortir sans avoir l'air trop idiot.

    "Vous n'avez pas le droit, espèce de monstre !"

    "La ferme Joanne !"
    "Wow, jolie prise."

    Je m'approche du groupe qui s'est formé dehors. Des types. Crades pour la plupart. Pleins de terre et sentant fort. Pioches et casques. Tout en eux semble me hurler à la figure : MINEURS ! Quelques femmes. Dont une qui hurle des insultes au reste du groupe. Un ou deux enfants rigolards.

    "Que se passe-t-il ?"
    "Oh. N'veau en ville ? Tom à chopper l'rataupe. Gros com'ça qu'il est ! Va gagner l'trophée du plus gros buté."

    Un rataupe ?
    Je m'approche, et vois par terre... Un gros lloydien. Ah. Ça s'appelle des rataupes ces merdes dégueulasse avec une gueule de monstres sortis d'un cauchemar d'enfant ?
    Moi je trouve que lloydien ça leur allait bien.

    "Un trophée ?"
    "Ouais. C'bestioles sont d'foutues vermines, dangereuses et tout. T'bouffent les orteils si t'fais pas gaffe. P'y la queue, les doigts et tout le reste aussi. On les tue à vue. 'Fin, quand y a pas des cons pour nous en empêcher, comme l'petiote, là."

    Des gros rats agressifs protégés par une folle furieuse. Où ai-je mis les pieds ? Baaa, pas grave, je ne compte pas m'éterniser. Bon, où, je suis, un moyen de rentrer chez moi, et comment me faire un peu d'argent. C'est parti pour la farandole de questions.

    "Il y a une saleté de borgne ici ?"

    L'homme à qui je parlais se tourne vers le nouveau venu. Comme moi. Étonnante question. Et je ne peux pas dire qu'elle me plaît.

    "D'borgne ? Ben y'a l'vieux Lucas, et ce bonhomme avec qui j'cause, mais..."
    "Tu es qui toi ?"
    "T'es borgne. C'est toi Ykniso... Nan. Skinau ?"
    "Nan."

    C'est qui ce gosse ? Il doit avoir à tout casser vingt piges, même si je lui en donne bien moins. Et s'il écorche mon nom, c'est probablement moi qu'il cherche... Curieux, pourquoi...

    Question à la con. Qui t'appelle saleté de borgne?

    "T'es une saleté de borgne pourtant. Tu t'appelles comment ?"
    "Bon, écoute moi... J'en ai marre d'entendre ce refrain sur mon handicap. Je m'appelle Dead-eye, et si tu continues à me faire chier, je vais t'arracher un œil, comme ça, on sera deux à être borgne, compris ?"

    Dead-eye ? T'as pas pu trouver mieux que ce sobriquet à la con ? Je sais qu'en improvisation, tu gères pas toujours, mais là...

    Ta gueule cerveau de merde... Lloyd. Ce salopard doit toujours être en vie. C'est l'explication la plus logique. Ce gosse doit faire le coursier pour lui.
    Lloyd...
    Je vais te faire la peau.

    "C'est pas toi alors ? Bon."

    Le gamin se barre.

    Comment buter Lloyd ?
    Hé, j'ai déjà une idée. Rien qu'un truc à tester.
    Je m'éloigne du groupe où la femme vociférante se bat avec le tueur du lloydien géant. M'engage dans une allée. Personne.
    A ma taille, je sort une petite fiole... Cette potion ne m'a jamais servie jusqu'à présent. Mais maintenant...

    Je verse quelques gouttes au sol, et j'attends.
    Quelques secondes.
    Quelques minutes.
    Fais chier, ça ne marche paaaas, hé !

    Une bosse sous la terre qui me déséquilibre. Des lloydiens qui sortent pour venir renifler la terre humide, la où j'ai versé le produit.
    Parfait. Parfait... Ça attire les rats. Et apparemment les rataupes aussi.
    Reste à fabriquer cette potion en masse, puis un genre de lance pierre de grande taille. Si j'arrose Lloyd de ce produit, il se fera attaquer par ces bestioles tant qu'il sera sur l'île. Jour et nuit.

    S'il me cherche, j'ai peu de temps devant moi... Il faut que je retourne au bar et que je fabrique vite tout ça. On verra comment payer après...

    Je sort de l'allée, les bestioles couinant derrière moi en reniflant toujours le sol. Et je voit une silhouette connue. Sérieusement, il ne s'est pas noyé, lui non plus ? Davy Jones trouve qu'il y a trop de monde au fond de l'eau ou quoi ?

    Non, attends... J'ai une meilleure idée, encore. Je gesticule vers le nouveau venu.
    "Par ici !"

    Il m'aperçoit et se dirige vers moi.

    "Mon fils, comment puis-je vous aider ?"
    "Prophète Varayaman, vous souvenez-vous de l'homme, ou devrais-je dire, du démon qui me retenait prisonnier sur son navire, et qui a tenté de vous noyer en vous jetant dans les flots ?" Les yeux de l'homme s'agrandissent, il a du me reconnaître.
    "Je ne m'en souviens que trop bien. Mais..."
    "Ce démon, ce véritable cavalier de l'apocalypse approche. Il apporte avec lui calamités, morts et maladies. Il faut que vous préveniez la population au plus vite, mon père, ils doivent se préparer à le recevoir !"
    "Mais... Mon fils, tout cela est soudain, et..."
    "Ne vous souvenez-vous pas de lui ? De sa joie de vous jeter à l'eau, pour vous voir souffrir et mourir ? C'est le mal incarné."
    "Si... Si je m'en souviens... Mais..."
    "Faites vite mon père, le danger approche !"

    Je pars en courant. En laissant l'homme dubitatif derrière moi. J'espère qu'il est idiot, je n'ai pas de temps à perdre à le convaincre.
    Avec ma tronche, personne ne me fera confiance si je dis que Lloyd est dangereux et qu'il faut le buter. Mais si c'est un homme de foi qui le prêche, et si l'arrivée de Lloyd concorde avec l'arrivée subite de centaines de lloydiens... Je doute que les habitants l'accueille chaleureusement...

    Il faut vite que je fasse ces putains de potions.


    Dernière édition par Yskino Haynell le Dim 16 Mar 2014, 13:05, édité 6 fois
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    Voilà maintenant plusieurs mois que j'erre sur cette île. A me demander qui je suis et ce que je fais. D'ailleurs, je ne fais rien, je n'ai plus rien fais depuis tellement longtemps. Je reste là, dans la foret à vivre comme un ermite. Mes habits sont déchiquetés par le temps, mes cheveux sont sales et cassants. Je n'ai plus rien d'un noble et il serait impossible de le deviner. Avant, j'étais un homme fort, un homme important. Je ne doutais pas, je ne craignais rien, j'étais vivant, j'étais moi. Mais ça, c'était avant. Je regarde ma main tremblotante. Je le vois bien, je suis brisé et sans réel conviction.

    Je soupire ...

    Un bruit me sors de ma solitude. C'est une mouette qui vole dans le ciel faisant des va et vient. Je l'envie ... Elle descend et se pose juste devant moi. Elle me fixe. Que me veux-t-elle ? Est-ce une simple mouette ? Je la regarde fixement et à première vue, je dirais que oui. Mais au fond de moi, je sens une petite excitation monter. Excitation que je n'avais plus senti depuis trop longtemps.

    Et, sans réellement prendre conscience de mes actes, je me lève. Nos regards se croisent et très vite, une tension se crée autour de nous. La caresse du vent sur mes cheveux, le souffle des feuilles plus rien n'a d'importance. Seul mon duel avec la mouette m'intéresse.  Détourner le regard de ce duel si intense serait équivalent à une peine de mort et l'un d'entre nous devrait alors se faire Harakiri. Je ne peux pas perdre ...

    Soudain, un bruit chaotique vint perturber notre duel. Effrayant la petite mouette. Cette dernière s'envole dans un élan de panique avant de retourner dans le ciel. Je la regarde partir comme une voleuse. Puis, je me mets à rire. Je deviens fou, faire un duel avec une mouette. Il faut que je me reprenne ...

    Je secoue la tête de droite à gauche comme pour essayer de me réveiller de ce mauvais rêve, mais j'y suis prisonnier. Peu importe, j'ai bien entendu quelque chose non loin de ma position. Je trouverais peut-être ce que j'ai perdu au fond de cette grotte.

    C'est donc d'un pas motivé que je me dirige vers cet énigmatique bruit. La forêt est dense et la végétation imposante. Cependant, j'arrive à me créer un passage au travers cet espace vert pour arriver sur la plage et l'origine du bruit.

    En face de moi, se dresse un immense navire qui a première vue, n'a pas vraiment réussi son amarrage. J'observe ce dernier, mais rien. Aucun signe de vie. Est-ce un de ces fameux navires abandonnés ou les morts rodent ? Je ne sais pas. Mais si c'est le cas, il n'a vraiment pas été abandonné depuis longtemps.

    Snif Snif

    Cette odeur, il n'y a pas de doute possible. C'est celle du sang. Instinctivement, je me mets à sourire. Mes plus basiques pulsions se réveillent, alors même que ces dernières s'étaient endormies. Un frisson me parcoure tout le long de la colonne vertébrale. L'odeur est forte. Il y a certainement dû y avoir un carnage et c'est frais. Une fête à laquelle je n'ai pas été convié. Mais ce n'est pas bien grave, je me contenterais des miettes. Allons voir de plus près ...

    Je lève mon bras en direction du bateau et laisse sortir le pouvoir qui est devenu mien : la cire. Ma main commence à se recouvrir d'une sorte de liquide blanchâtre avant de jaillir de cette dernière. Petit à petit, la cire s'accumule afin de former un escalier. Un petit sourire se dessine sur mon visage. Marche après marche, je sens l'odeur enivrante du sang s'intensifier. Mon cœur bat à la chamade et mon rythme cardiaque s'accélère. Je ne sais pas ce que je vais trouver, mais je ne vais pas tarder à le savoir.

    "Fascinant !"

    Une marre de sang recouvre la totalité du pont. Les corps inanimés des pirates gisent dans leurs propres sangs. Cela, m’excite et réveille mes sens. Un sentiment de satisfaction m'envahit comme à l'époque. Sentiment que je n'avais plus ressentiment depuis trop longtemps. Je prends une grande inspiration  avant de tout expulser. J'ai enfin l'impression de redevenir moi. Il faut absolument que je rencontre l'auteur de cet oeuvre d'art.

    Il n'y a qu'un endroit sur cette île où il peut se trouver : la ville. C'est donc d'un pas franc que je me dirige vers cette folle ville minière. Lorsque, j'arrive un attroupement de personne sont en face de moi. Des cris, des pleurs tout les bruits se confondent. J'essaye alors de me frayer un passage à travers la masse et très vite le spectacle s'offrit à moi. Devant moi, un mineur avec sa pioche ensanglanté, de l'autre une bonne femme essayant de défendre la pauvre bête. La pauvre bête est en réalité un rataupe. Il gît là, par terre, à l'agonie car grièvement blessé. Je me mets alors à sourire car j'aime ce genre de situation. Je me racle la gorge.

    "SILENCE !"

    Tout le monde se tut. Bien, c'est mieux. Je me dirige alors vers le rataupe et pose ma main sur sa blessure. Dans un premier temps je le caresse, puis très vite j'appuies sur cette dernière. La pauvre bête se met alors à hurler de douleur. Le sang coule en abondance de sa plaie, puis de mon autre main je viens lui faire un masque de cire. Elle continue d'hurler et de gesticuler, mais très vite plus aucun bruit et plus aucune réaction de sa part. Je me relève et regarde les gens. Ils me dévisagent, même ceux qui voulaient tuer la bête me regardent d'un air nonchalant. Je prends une grande inspiration afin qu'on puisse m'entendre à travers toute la ville.

    "Je cherche le responsable du carnage sur le navire. Est-il ici ?"

    Je sais qu'il n'est pas dans la foule. Cependant, quelque chose me dit qu'il n'est pas très loin. Voyons si je suis dans le vrai ...
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    Il s’était encore retrouvé dans un sacré bled de merde. Bannaro, Ban arrow, Banane-rot ? Ces abrutis de pequenots n’étaient même pas foutu de mettre une pancarte indiquant leur nom de leur putain d’île. Enfin l’île lui semblait plus sure que ne serait jamais Armada. Plus il mettait de distance entre le tourne-casaque enchapoté et lui, mieux il se sentirait.  Aucun chance que des marines viennent chercher qui que ce soit dans un trou paumé pareil.

    Les gens du coin n’étaient pas du genre casse-couilles, de quoi mener une petite vie pénarde dans un coin isolé du patelin. Adossé à un arbre, le borgne profitait oisivement de sa journée. Il pratiquait là son activité favorite. Picoler en regardant la fumée de sa cigarette disparaitre dans le ciel. Paisible … C’était le mot. Un peu de calme dans ce monde de brute ça ne pouvait pas faire de mal non ? Cela faisait un bon bout de temps qu’il n’avait pas glandé d’ailleurs. Entre les visites de temples maudits, les attaques de chasseurs de primes et de manchot invisible et une île rasée avec des psychopathes magmatiques, il n’avait pas vraiment eu l’occasion de boire des cocktails.

    Une sensation étrange vint briser ce prétendu calme. Un horrible sentiment de grouillement sous la surface de la terre et qui se rapprochait peu à peu. Dix, non douze, peut-être plus même. Alors qu’il se concentrait un peu plus pour cerner ce qu’il considérait déjà à raison comme une menace, une douzaine de bestioles surgirent de la terre. Bonté divine, qu’est-ce qu’elles pouvaient être abjectes ces bestioles. Les bledards lui avaient parlé des fameuses rataupes qui terrorisaient l’île. Avec une tronche pareille c’était bien normal. Faudrait montrer ces bestioles à toutes les personnes qui sont effrayé par les rongeurs, ils taperaient direct une bonne crise cardiaque. Pourtant peu enclin à la musophobie, le borgne sentait un profond sentiment de dégout à la seule vue de ces bestioles. Faire disparaitre ces raclures de la surface de la Terre lui apparaissait comme une mission des plus nobles, quasiment divine même. Les bestioles se jetèrent sur lui crocs en avant. Elles le traversèrent sans provoquer le moindre dommage. Observation n°1 sur les rataupes, c’est qu’ils n’aiment vraisemblablement pas le sable. Fallait les voir brailler comme des bébés un peu trop secoués pour s’en convaincre. Faisant fi des hurlements, il ferma les yeux un instant en expirant la fumée de sa cigarette. L’instant d’après sa chair se mua en sable. Le désert se déchaîna sur les pauvres bêtes dont il ne resta rapidement plus que des carcasses tranchées ou asséchées.

    Une bonne chose de faite.

    C’est alors qu’une voix résonna dans son dos, une présence que son empathie n’avait apparemment pas ressentie. Il y avait encore du boulot avant de pouvoir vivre l’œil constamment fermé.

    Tu ne serais pas une saleté de borgne toi ?

    Evidemment que non… Le bandeau c’est juste pour impressionner les minettes. Qu’est-ce que je peux faire pour toi mon grand ?

    Il aurait du dire gamin. Ouais ça lui correspondait assez bien. Le type était pas bien grand et ressemblez à s’y méprendre à un sale gosse en pleine fugue. Cela venait peut être de là, la furieuse envie du borgne de lui coller une gifle. Ça ou le fait que les propos qu’il tenait, étaient tellement confus qu’ils en devenaient au mieux incompréhensibles. Qui pouvait bien être ce demeuré ? Le borgne retint cependant son poing écoutant ce que l’autre barjo pouvait bien lui vouloir. Apparemment un certain Lol Barrique cherchait un type avec un borgne. Pourquoi ?  Là vous en demandez beaucoup les petits gars. Pour une fois semble-t-il ce n’était pas le simple plaisir de frapper un handicapé. Activité louable mais cependant plutôt dangereuse lorsque le handicapé en question est un utilisateur de fruit du démon. De ce que le borgne avait compris, l’histoire comprenait au moins un larbin, un borgne et une méduse. Ce qui mit à part le début d’une super blague de marins ne pouvait vraisemblablement être le début crédible de quoi que ce soit.

    Dans le doute et faute d’avoir quoi que ce soit de mieux à foutre, il écouta le charabia qu’on lui déblatérait jusqu’au bout. Après un froncement de sourcils prolongé, il accepta que le dénommé Epsen le conduise jusqu’à ce Barrique histoire de mettre les choses au clair. En espérant que parmi ces choses, il n’y ait aucun sabre. Quoiqu’avec un coursier pareil, le capitaine des Avaleurs devait être un sacré cas social.

    Un petit tour sur Banaro plus tard, il se trouvait enfin devant celui qui le cherchait. Au premier regard, il agaça le borgne. Fallait le voir avec sa sale tronche de blondinette illuminé d’un sourire ultra-bright que n’aurait pas renié une célèbre marque de dentifrice. Pour sûr que ce type ne fumait pas de cigarettes. Cela le recalait directement dans la catégorie petite frappe soucieuse de ses poumons. Mais il y avait de petites frappes sympathiques, chez ce type rien n’éveillait la sympathie tellement tout respirait la suffisance. Tant mieux, fréquenter les gros cons égocentriques c’était presque une habitude maintenant, après Kosta et Nakajima il ne pouvait pas être pire. Bien sûr, le lecteur sait parfaitement que le borgne se fourvoyait. Car des connards arrogants qui peuplent ces mers, le capitaine Lloyd Barrel est bel et bien le pire, mais ça le borgne ne s’en rendrait compte que bien plus tard.

    C’est toi le grand Lloud Barrek ? Qu’est-ce que tu me veux ?

    C'est LLOYD BARREL, pauvre imbécile ! Et d’abord qui est tu, pauvre ver, pour t’adresser sur ce ton au grand Lloyd Barrel ?!

    Bravo, prononcer deux fois son nom en deux phrases, on tenait là un sacré champion. Finalement il pourrait bien disputer la médaille d’or avec Nakajima pour le prix du plus gros melon. La seule réponse qu’il eut à sa longue tirade fut de la fumée de cigarette et un regard vide du borgne. C’était quoi l’idée, faire venir des inconnus, si possible infirme pour s’essuyer dessus comme sur un paillasson et gonfler son ego ? Ce type était définitivement un enfoiré de première catégorie, doublé d’un narcissique insupportable. Fallait qu’il arrête vite, il allait finir par paraître tout à fait sympathique au borgne. La blondinette était définitivement un vrai moulin à parole. Pointant le borgne du doigt, elle continua.

    Tu vas répondre vermine ? Moi, le grand Lloyd Barrel t’ai demandé ton nom, réponds avant de subir ma colère ! Larbin en second, mets ce déchet en dehors de ma vue immédiatement !

    Arena Spada !

    La lame de sable fonça en direction de Lloyd, le frôlant pour s’abattre sur un rataupe qui se jetait sur le capitaine pirate depuis l’arrière. Une vingtaine de ses congénères émit alors un son strident en surgissant du sol, les environs étaient d’un coup envahis par les rongeurs. Bon bah comme d’habitude, le calme ne dure jamais longtemps sur Grand Line.
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    "Tu vas répondre vermine ? Moi, le grand Lloyd Barrel t’ai demandé ton nom, réponds avant de subir ma colère ! Larbin en second, mets ce déchet en dehors de ma vue immédiatement !"

    Cet Epsen, bien qu'il possède une intelligence supérieure à celle des autres déchets qui composaient son ancien équipage, étant donné qu'il a accepté de me servir et de m’obéir, est néanmoins bien moins brillant que je ne le suis, moi, le grand Lloyd Barrel... Et c'est bien normal ! Pourtant, j'aurais cru qu'il serait quand même capable d'exécuter une tache aussi simple que celle de retrouver ce bon à rien d'Yskino... Mais non. Force est de constater, qu'après avoir rencontré deux vieillards, un blessé de guerre et un lépreux, il doit effectivement être en train de me ramener chaque borgne de l'île, sauf celui à qui je veux particulièrement casser les dents. C'est ainsi que je me retrouve à devoir, malgré mon profond dégoût pour son physique de handicapé et ses cheveux gras, avec un type qui ne daigne même pas me donner son propre nom, en plus de me manquer de respect en déformant outrageusement le mien. Me massant les temps de la main droite, je me dis vraiment que j'imaginais ma première aventure Grand Line différemment d'une conversation avec un vagabond en guenilles dans l'unique taverne d'une île miteuse pendant qu'un jeune homme que je viens de recruter rumine dans son coin parce qu'on l'a traité de "gamin" et que ce salaud d'Yskino est en vadrouille je ne sais où, après avoir commis l'impardonnable délit d'avoir consommé plus de succulentes méduses que moi. Et, cerise sur le gâteau, comme pour en rajouter encore plus à cette pensée désagréable déjà trop longue, cette ville pourrie est infestée d'une sorte de petite bête que je ne connaissais pas (que j'avais décidé d'appeler Lloydien dans un premier temps, du fabuleux prénom de son exceptionnel découvreur : moi) et qui s'avère être un nuisible extrêmement hargneux en plus d'être terriblement moche qui s'attaque à tout ce qui bouge, respire ou fait semblant de se détendre (ce qui m'avait donc conduit, après rapide réflexion à renommer l'animal le Kanbélien, puis l'Yskinolien, ce qui sembl...

    "Arena Spada !", s'écrie alors le démuni en remuant du bras, m'arrachant violemment de mes pensées comme s'il se réveillait soudainement d'une nuit de beuverie. Comment ça Arena Spada ? C'est vraiment un nom qui existe, ça ? C'est alors que je sens du sang couler le long de ma joue gauche... Entaillée. Qu... Quoi ? Me retournant, persuadé que quelqu'un à tenter de m'attaquer dans mon dos, j'aperçois alors le cadavre d'un Yskinolien (ou "ratop", dans le dialecte que parlent les indigènes vivant sur cette île) fraîchement transpercé par ce qui semble être du... Gravier ? Non, c'est plus fin que cela... Du sable ? C'est à ce moment précis que je me remémore la scène du borgne crasseux criant "Arena Spada !" en remuant la main. Et je me dis que "Arena Spada", ça ressemble trop à un nom de technique de héros pour ne pas en être un, ce qui soulèverait trois hypothèses. Premièrement, il aurait tué net l'Yskinolien qui était en train de me sauter dessus avec un... Jet de... Sable ? Et ce sans même que je ne voie son attaque partir, moi, le majestueux Lloyd Barrel ? Deuxièmement, cela signifierait qu'il s'agit d'un héros, soit un personnage secondaire important du futur livre qui sera écrit sur mon épopée, et donc qu'il faudrait que je détermine s'il est allié ou ennemi ? Troisièmement, et bien plus important... Cela voudrait dire que...

    "Arena Spada n'est pas ton véritable nom ! Je le savais !"

    Tous les regards dans la taverne sont désormais braqués vers nous, et sur le cadavre de l'Yskinolien. Si l'homme en haillons s'avère être un antagoniste de mon aventure, ce qui expliquerait pourquoi, dans la logique des histoires que me contait ma mère, il serait pour le moment (c'est à dire jusqu'à ce que je m'entraîne et ne découvre ma nouvelle capacité) plus rapide que moi, alors la taverne dans laquelle nous nous trouvons serait dévastée... Et ce n'est pas dans mon intérêt, car je n'ai toujours pas eu le temps, avec le défilé de tous ces borgnes, de goûter à cette fameuse spécialité locale appelée "tourtoratop", et qui ne peut franchement pas être bien mauvaise. Aussi, il serait plus judicieux de l'attirer à l'extérieur, si jamais les choses devaient tourner au vinaigre.

    "Je ne sais pas qui tu es, mais une chose est sure : tu n'as pas l'air d'être aussi pouilleux que les péquenots qui habitent cette île, et qui commencent à me donner la nausée.", commencé-je en le fixant dans le blanc des yeux. D'une révérence, je me présente à lui : "Je suis le grand et majestueux Lloyd Barrel, capitaine pirate des Avalons... Et s'il y a une chose que je déteste par dessus tout, il s'agit du manque de respect. Alors dis moi ton nom, avant que je ne décide de t'inculquer les bonnes manières... En commençant par la forte."
    "J'aimerais bien voir ça, blondinet.", me répond t-il alors, toujours nonchalant, en m'expirant sa fumée au visage. Le. Connard.
    "Au vu de ce que tu as mis à cet Yskinolien..."
    "Yskinolien ?"
    "Oui, le "ratop", là."
    "Ah, le rataupe."
    "C'est ce que j'ai dit.", dis-je sans arrêter de le fixer une seule seconde. Je reprends : "Bref, tu sembles un peu savoir te battre. Mais un estropié ne pourrait égaler mon niveau donc crois-moi, tu ferais mieux d'arrêter de me provoquer si tu tiens à la vie..."
    "Comme si tu étais capable ne serait-ce que de m'égratigner, blondinet.", répond t-il, en marquant bien l'accent sur sa pique. C'est là qu'une idée fantasmagorique, digne de mon intellect supérieur, germe dans mon esprit : pas capable de l'égratigner, hein ?
    "Ça te dit un petit pari ?"
    "Ça dépend sur quoi et ce qu'on parie, blondinet."
    "Ah, enfin quelqu'un qui aime un peu s'amuser ! Eh bien... Je parie non seulement que toi tu ne serais pas "capable ne serait-ce que de m'égratigner", mais aussi que moi, le grand Lloyd Barrel, suis capable de t'en mettre une sans aucun souci... Simple, non ?"
    "On ne peut plus simple. On parie quoi ?"
    "Si tu perds, tu rejoins mon équipage."
    "Haha. Vendu. Et si je gagne... On échange de fringues. Et tu te fais appeler Lloud Barrek jusqu'à la fin de tes jours."

    Grand silence.

    AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH ! LE SALAUD ! Et en plus, il esquisse une mine enjouée, sachant que je ne peux pas refuser, car ce serait indigne de ma condition de futur seigneur des pirates, ce serait montrer de la... Faiblesse ? Beuark. Rien que de penser à concéder quoi que ce soit à ce pouilleux, j'en ai la nausée. Devient t-on stupide et vicieux dès que l'on perd un œil, ou est-ce juste moi qui collectionne les estropiés plus stupides les uns que les autres ? Nos regards se croisent et nous savons alors tous les deux que l'enjeu est risqué... D'autant que nous sommes chacun certains que nos capacités démoniaques nous assureront la victoire... Sans se douter de celles de l'autre. Et si jamais il possédait le Haki de l'Armement, lui aussi ? Il parait bien plus âgé que moi, et doit donc avoir plus d'expérience... Sans compter qu'il semble également plus fort physiquement et plus rapide.

    "Vendu ?"
    "Vendu.", réponds-je immédiatement, nettement plus tendu qu'auparavant. Puis, je reprends la parole : "Et sinon, ton nom ?"
    "Galowyr Dyrian."
    "Ça ressemble encore moins à un nom qu'Arena Spada... Et c'est bien moins classe..."
    "Un problème avec mon nom, futur Lloud Barrek ?"
    "Lorsque tu seras dans mon équipage, je te ferai écrire mon nom cent fois avec ton crochet, l'estropié."

    Un éclair se forme entre nos deux regards enflammés tandis que nous sortons de l'auberge, suivis par un Epsen qui semble avoir fait le plein de popcorn, et a même une planche en bois avec mon nom gravé dessus sous le bras.

    "C'est quoi ça ?", demandé-je tandis que nous installons de part et d'autre d'une rue suffisamment large et déserte pour qu'elle fasse un lieu de combat convenable.
    "Je l'ai fabriqué. C'est une pancarte pour vous supporter, ô grand et formidable Lloyd Barrel."
    "Imbécile ! Le grand Lloyd Barrel n'a nul besoin d'encouragements. Je vais écraser ce borgne en un rien de temps !", lui réponds-je alors que ses yeux se transforment rapidement en deux billes remplies d'étoiles. Ah... Si seulement tout le monde (sauf moi, cela va de soi) pouvait être comme ce gamin... En un peu moins bête cependant.
    "Hahaha ! Tu en es sûr, Berrak ? Hé gamin, tu devrais lui souhaiter bonne chance, il risque d'en avoir bien besoin !", dit alors Galowyr, qui a tout entendu, et lance une énième provocation à mon égard. Hmpf. L'imbécile. Ne sait-il donc pas que la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe que je suis ? Il reprend : "Bon, on s'y met, blondinet ? J'ai pas toute la journée."
    "Quand tu veux, handicapé."
    "Amène-toi."

    Et ça, pas besoin de me le dire deux fois. D'un bond, je m'élance sur lui la tête en avant, pour le feinter, tout en étant prêt à chaque instant à déclencher le pouvoir de mon fruit. Car au vu de la façon dont il a massacré l'Yskinolien... J'ai la certitude que (pour le moment, bien entendu) ce type est (à peine, ça va de soi) plus fort et plus rapide que moi. C'est donc sans aucun problème qu'il va esquiver ce coup si facilement contrable, et tenter de m'attaquer à la nuque : c'est ce que je ferais, moi, le grand Lloyd Barrel, et c'est donc naturellement la meilleure stratégie pour laquelle un combattant pourrait opter. Pourtant, au fur et à mesure que mon poing se rapproche de son estomac, je ressens un sentiment pour le moins étrange, qu'un être tel que moi n'est pas censé ressentir... Le doute. Patokir (ou quel que soit son nom), n'a pas bougé d'un pouce depuis que j'ai lancé mon assaut. Émerge alors dans mon esprit une théorie que je n'avais pas envisagé... Peut-être... Peut-être qu'en fait il est super con. Et ça semble être la seule explication plausible... Sinon pourquoi ne se décalerait t-il pas ? Mon poing n'est pas lancé à pleine puissance, mais il a suffisamment de force pour certainement le blesser et me faire remporter le pari... Oh, et puis, après tout, s'il possède l'intelligence d'une palourde à marée basse, moi, le grand Lloyd Barrel ne peut pas lui en vouloir, il ne l'a sans doute pas choisi... Et surtout, je m'en fous complètement. Jusqu'au dernier moment, je m'attends à ce qu'utilisant sa vitesse il se décale et esquive mon coup. Mais... Non, et ce n'est que lorsque que mon poing entre en contact avec son ventre mou et granuleux que...

    Hmmm ? Son ventre mou et granuleux ? Son ventre mou et granuleux ? Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?

    Sous mes yeux ébahis, mon poing pénètre dans son ventre comme dans du beurre, le transperçant sans pour autant qu'il semble prendre des dégâts. Et de sa plaie s'écoule... Du sable ? Du sable. Bien sûr. Voila pourquoi il y avait du sable sur le cadavre de l'Yskinolien ! Il ne fait alors nul doute pour moi que Malorir (ou quelque chose dans le même genre) détient ce pouvoir d'un fruit du démon. Et si mon bras a pu littéralement le transpercer... Je déglutis. C'est qu'il a mangé un des légendaires logias, un des fruits surpuissants que j'aurais tant rêvé manger... Un des fruits qui donne autant de puissance qu'un dieu en aurait... Je remonte mon regard à sa hauteur, jusqu'à ce que nous nous fixions dans le blanc des yeux. Et là, il sourit en levant sa main au dessus de ma tête... Et l'abat. Pas bon du tout, ça. Immédiatement, j'active Armored Lloyd comme je m'étais préparé à le faire, et encaisse un coup très puissant qui m'envoie au sol, soulevant un épais nuage de poussière. Et puis je me relève, non sans classe, tout grand Lloyd Barrel que je suis, cheveux et cape adamantins au vent, comme si de rien n'était. C'est bien ce que je pensais : il ne fait absolument rien non plus, à condition que je conserve ma forme de diamant. Seulement, on ne risque pas d'aller bien loin dans ce combat, si aucun ne peut physique égratigner l'autre... En même temps... C'est peut-être pour ça que nous avons tous les deux accepté un tel pari. C'est ainsi que nous restons en face l'un de l'autre, sans trop savoir quoi faire, avec pour bruit de fond la mastication de maïs grillé et les encouragements d'Epsen.

    "Fruit du sable ?"
    "Fruit du diamant ?"

    Et nous hochons tous les deux la tête, simultanément, avant de se gratter le menton, pensifs. Puis, après quelques secondes d'un silence assez inconfortable, je prends la parole :

    "T'es un de ces fameux logias qu'on peut pas toucher ?"
    "Ouaif'.", répond t-il en s'allumant une cigarette. Il expire deux ou trois taffes, puis reprend la parole : "Ton fruit à pas de faiblesse non plus ?"
    "Bien sûr que non, après tout, c'est mon fruit, à moi, le grand Lloyd Barrel !"
    "Alors je pense que le pari tombe à l'eau."
    "On règle ça à pierre-feuille-ciseaux ou avec un quizz, sinon ? Allez, je vais te montrer, vil corniaud, à quel point je suis fantastique ! Mon larbin en second peut faire l'arbitre !"
    "Comme si un crétin comme toi pouvait me battre à pierre-feuille-ciseaux..."
    "Je vais t'humilier !", déclaré-je alors, encore bien plus confiant que pour le combat. L'imbécile... Sur Barrel Island, je suis le champion invaincu de cette discipline (et de toutes les autres aussi, ça va de soi), et ce grâce à une technique secrète invincible, encore plus puissante que mon fruit du démon et bien plus redoutée...
    "Pierre..."
    "Feuille..."
    "Ciseaux !"

    Grand silence alors que nos mains se font face. Il n'a pas l'air d'apprécier mon "attaque". Et pour cause...

    "J'ai gagné. Le grand Lloyd Barrel déchire la feuille."
    "Hein ? C'est quoi ce truc ?!"
    "C'est le grand Lloyd Barrel. Ma botte secrète. Il prend les ciseaux, coupe la feuille et te jette la pierre. J'ai gagné.", me répété-je. Pfff... Il ne connait même pas les règles, en plus... Tout le monde sait que le grand et légendaire Lloyd Barrel est le coup ultime du pierre-feuille-ciseaux ! Tout le monde... Sauf lui. Et je suis obligé, personnellement, de lui expliquer un truc pareil. Sérieusement... Mais bon, j'ai gagné, tant pis pour lui, la vie est parfois injuste... Je reprends : "Tu dois donc rejoindre mon équipage."
    "N'importe quoi ! C'était un pierre-feuille-ciseaux ! On n'a le droit qu'à la feuille, à la pierre, et aux ciseaux ! C'est trop facile d'inventer des signes !"
    "Allons, n'aie pas honte d'avoir été si faible, mana..."

    Il m'envoie une droite en plein visage que j'esquive à moitié... Seulement, étant encore sous Armored Lloyd, je ne sens absolument rien et décide de riposter en le frappant à la tête, me servant de mon élan, avec un coup de pied retourné. Et c'est alors qu'il reste une fois de plus de marbre que je peux observer les petits grains de sable reconstituer l'intégralité de son horrible faciès ravagé, allant même jusqu'à recréer sa cigarette à demi fumée.

    "On ira pas loin, comme ça. T'es pas trop nul... Mais t'es trop pompeux à mon goût. Bref, moi je me casse."
    "Pas trop nul ?! Tu te casses ?! Hors de question ! Reviens ici, ma splendide personne te l'ordonne ! Je te reprends quand tu veux à pierre-feuille-ciseaux, avec les règles que tu veux ! Le grand Lloyd Barrel n'a besoin d'aucun artifice ni stratagème pour t'écraser ! Il me faudrait même un lourd handicap pour qu'il y ait une once d'équilibre entre nos forces !"
    "Pas intéressé. A plus, Barrek.", décline Sablowyr, me tournant les talons, retournant sans doute manger de la tourtoratop dans l'auberge. La bouche encore ouverte, je n'en crois pas mes yeux : ce roturier pouilleux et ensablé ose m'ignorer et décliner une revanche généreusement lancée par le grand Lloyd Barrel ? C'est un outrage qui ne peut rester impuni ! Sauf que ça va être dur de lui donner une bonne correction si aucun de mes coups ne le touche... Enfin, si aucun coup ne peut passer outre ses capacités de fruit du démon... C'est là que je réalise que justement, j'ai quelque chose pour "annuler" les pouvoirs démoniaques : le haki (le vrai, par contre) ! Presque aussitôt, un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres. Si tu crois pouvoir me tourner le dos et me manquer ainsi autant de respect, enfoiré de borgne... Tu te mets le doigt dans l'oeil, et le bon ! Et je m'élance sur lui, toujours complètement transformé en diamant, mon bras se noircissant progressivement de haki. N'esquive pas ce coup, vas-y, refais ton malin à jouer avec le feu, et brûle toi contre la puissance légendaire du grand Lloyd Barrel ! Cette fois, je sens que la victoire est proche...

    Sauf que non, cette fois, il esquive au dernier moment, glissant comme une feuille sur l'eau à l'instant où mon attaque arrive, comme s'il avait des yeux derrière la tête (ce qui ne lui en ferrait quand même que trois en tout, à ce salaud de handicapé)... Et ce à ma grande stupéfaction. Je m'écrase au sol, éventrant la terre et démolissant ce qui était encore il y a quelques secondes une rue piétonne au charme rustique proche de zéro. Sortant de mon cratère encore fumant, mon bras étant redevenu translucide, je lui demande :

    "Comment t'as fait pour esquiver ça ?"
    "Mystère, mystère... ! L'énergie du monde et sa compréhension, ça te parle ?"
    "Ah, du haki ? J'ai aussi quelque chose de ce genre là...", dis-je, comprenant que ce qu'il vient d'utiliser, au vu de ses propres, est sans aucun doute le Haki de l'Observation.
    "Quoi ?! Tu possèdes le même pouvoir que moi ?", se raidit-il soudainement, comme surpris.
    "Pas vraiment, j'ai le truc noir sur mon bras pour taper et deux yeux pour éviter.", réponds-je alors, amusé. Dans. Ta. Face.

    Grand silence. Il se jette alors sur moi, le crochet en avant.

    "Tu feras moins le malin lorsque je t'en aurai enlevé un à toi aussi, blondinet chétif !"
    "Viens, estropié ! J'ai combattu et survécu au pas trop mauvais Mizukawa Sutero moi, sans avoir de fruit ni de haki ! Et par rapport à lui, tu frappes comme une fillette !", hurlé-je en retour en me mettant en garde haute, toujours en étant transformé en diamant de la tête aux pieds. Je m'apprête à parer le coup et à lui décocher une droite hakifiée, en espérant qu'il ne se serve pas de son haki pour esquiver ma contre-attaque... Car je ne suis pas sûr de pouvoir réitérer une telle frappe une troisième fois en si peu de temps, je manque cruellement d'entrainement... Mais je n'en ai pas besoin : parce qu'à l'annonce de ma phrase, il se stoppe net.

    "Tu t'es fait casser la bouche pour Mizukawa, toi aussi ?"
    "Toi aussi ?! Comment ça "Toi aussi ?" ? Et puis je l'ai super bien tenu..."
    "Je l'ai rencontré au Cap des Jumeaux ! C'est donc un récidiviste !"
    "Il a volé mon drapeau et mon rhum, et osé lever la main sur ma noble personne, en me disant que j'étais faible !"
    "Il a détruit mon équipage ! Et il a dit aussi que j'étais faible !"
    "Je veux le retrouver et le tuer ! Lui faire lentement la peau !"
    "Moi aussi !"

    Nous versons de chaudes larmes, pleurant l'un sur l'épaule de l'autre, solidaires de la souffrance que nous a tous les deux infligé le pirate manchot Mizukawa Sutero, sous les larmes d'émotions d'un Epsen qui vient très vite nous rejoindre. Avant de nous reprendre, nous éloignant de quelques mètres. Fort heureusement pour mon image de pirate légendaire et sans pitié, personne ne semble avoir vu cet épisode plutôt gênant.

    "Hem.", toussoté-je dans ma main, levant les yeux au ciel.
    "Euh... Ouais. Hem."
    "Hem aussi alors !", dit alors à son tour Epsen. Sablaireau et moi nous tournons vers lui, les yeux plissés. Sa seule réponse est un air de "Ben quoi ?". Nous décidons alors de l'ignorer.
    "Rejoins mon équipage, Galopin ! Deviens un de mes Avalons, et je peux t'assurer qu'avec moi, le grand et fantastique Lloyd Barrel, tu pourras te venger de cet infâme pirate manchot !"
    "Il parle toujours comme ça ?"
    "Comment ça, "comme ça" ?"
    "Non, rien."
    "Alors... ?"
    "C'est pas comme si j'avais quelque chose de mieux à faire...", commence t-il. Il marque ensuite une pause, et reprend : "Allez, vendu."
    "Je le savais... Il était impossible que tu refuses une invitation aussi prestigieuse et désirée !", lui dis-je. Je marque une pause, et reprends : "Je lui avais sommé de retrouver mon autre serviteur, un borgne assez désobéissant qui s'est soustrait à mon châtiment sur cette île. Son nom est Yskino, et il faudrait le retrouver."
    "D'accord."
    "Et sinon, cette île... C'est quoi exactement ? Et quel est ce dialecte étrange que parle les autochtones ?"
    "L'île c'est Banaro, sur la deuxième voie. Et les gens qui habitent dans la ville troglodyte, les mineurs... Ben, il parlent notre langue, non ?"
    "Ah bon ? Pourtant j..."
    "VOUS !", hurle alors un homme blond, plutôt grand et habillé de vêtements raffinés, s'approchant de nous, visiblement assez courroucé.
    "Qui est-ce, ô Capitaine ?"
    "Comment le saurais-je ?"
    "Ben... Vous êtes le grand et magnifique et formidable et prestigieux Lloyd Barrel, non ?"
    "Bien évidemment ! Mais le grand Lloyd Barrel ne s'affaire pas à retenir les visages et les noms des personnages secondaires de sa grande épopée ! Donc même si je le savais, je l'oublierais volontaire... Pas besoin de m'embrouiller l'esprit avec des futilités."
    "Oooooooh...", lâche un Epsen bouche bée, visiblement impressionné par le plus simple de mes nombreux talents.
    "Il était à l'auberge en même temps que nous. Il gueulait mais personne lui répondait.", commence le borgne (mais le sympa), pensif. Puis il ajoute : "En fait, je suis presque sur de l'avoir déjà croisé dans les rues, il doit faire le tour de la ville ou un truc comme ça..."
    "Un admirateur, alors, sans doute !", soupiré-je alors, en commençant à aller à sa rencontre. Je reprends, élevant le ton pour qu'il m'entende : "Ne t'en fais pas, tu auras un autographe !"
    "Un autographe... ?"
    "Oui, de moi, le fabuleux capitaine Lloyd Barrel !"
    "Ça ne m'intéresse pas. Je cherche ceux qui sont responsables du massacre sur le navire abandonné dans la baie à l'ouest. Et vu ce que vous avez infligé au rataupe...", dit alors l'inconnu. C'est un marine en civil ? Instinctivement, j'affiche un sourire triomphant sur mon visage. Voila qui est bon pour ma réputation ! Seulement, contre toute attente... Je décide de me raviser : on n'est plus sur North Blue, on est sur Grandline et il faut l'avouer, même si ça me fait mal (enfin)... Je ne suis pas encore assez fort, et dois profiter de chaque île pour m’entraîner et progresser. En clair, je ne peux pas me permettre (enfin si, vu que je suis le grand Lloyd Barrel, mais je choisis de ne pas le faire) de me faire courir après par la marine dès que j'arrive sur une île. Aussi, j'accuse la première personne que je vois.
    "C'est lui.", dis-je alors en pointant Epsen du doigt. Héhé, au moins, ça lui fera une bonne première expérience de la vie de pira...
    "Je voulais te féliciter. C'était un travail magnifique !"
    "Ah... Ben... Merci alors !"

    Wait... What ?

    "Les marques de sabre étaient parfaites, les éclaboussures de sang artistiques, l'atmosphère était chargé de meurtre ! C'était inouï ! Fabuleux !, s'exclame alors le jeune homme, un grand sourire aux lèvres. Chouette, un psychopathe... Ça me manquait depuis le Cap des Jumeaux... Ceci dit, au moins, je sais que c'est un pirate et pas un gouvernemental. Ou alors... La "justice" est tombée bien bas...
    "Ah... Ben... Merci alors !", répète un Epsen particulièrement fier d'avoir un admirateur.
    "Hé. T'es qui, toi ?"
    "C'est qui lui ?", demande alors le blond à Epsen, m'ignorant complètement... Et m'excédant au plus haut point. Je me rapproche de lui.
    "Sache que tu es en présence du magnifique, du mythique, du grand Lloyd Barrel, vagabond en haillons ! Montre moi un peu plus de respect, si tu ne veux pas subir le même sort que les types sur le bateau..."
    "Lloyd Barrel... ? Déjà entendu parler. Un capitaine pirate, c'est ça ?"
    "Pas exactement..."
    "Hm ?"
    "Le capitaine pirate. Le capitaine des Avalons, l'équipage qui dominera un jour ces mers ! Un équipage composé d'êtres supérieurs sous mon commandement, dont le seul but est de m'accompagner dans ma quête de devenir seigneur des pirates !", précisé-je en accentuant délibérément mon premier mot. La cape au vent, l'air triomphant, rien ne semble pouvoir m'arrêter. Rien ne semble non plus pouvoir arrêter son poing qui fuse vers ma tête, d'ailleurs. Hmmm ? Hein ?! Son poing ?! Un Harden Head me sauve in extremis d'une mort certaine tandis qu'il m'envoie valser quelques mètres plus loin, sans une égratignure. Seulement, même si je ne suis pas blessé, je peux sentir à quel point il est fort. C'est comme... Ga... Lo... Galowyr ! C'est comme Galowyr : ils ne peuvent pas entailler ma cuirasse, mais sont tout de même bien plus forts que moi (du moins pour le moment)... Est-ce donc ça le niveau de Grandline ? Est-ce normal qu'il y ait un tel gouffre entre eux et les pirates de North Blue, qui étaient tous sans intérêt aucun ? Et je pense (donc c'est cela, vu que je ne peux me tromper), que la réponse est oui. C'est on ne peut plus normal : voila ce qu'est Grandline, la mer maudite qu'un seul homme a réussi à traverser. Voila la mer que bientôt j'aurai à mes pieds. Me relevant dans un nuage de poussière après l'attaque de l'inconnu, j'époussette mes vêtements tandis que mon crâne reprend sa consistance normale. Je prends alors la parole :

    "T'as de la force. Mais pas assez pour me blesser."
    "Crois-moi, Lloyd Barrel, si j'avais voulu te blesser, je l'aurais fait... Je voulais simplement vérifier si ce que tu racontais c'était du vent ou pas... Simple curiosité scientifique...", explique t-il en haussant les épaules. Et le pire... C'est que c'en est presque crédible. Je peux sentir qu'il n'a pas tout donné, qu'il n'a encore rien montré de son pouvoir, comme Galowyr. Je me raidis, et un frisson d'excitation grimpe le long de ma colonne vertébrale.
    "C'est quoi ton nom ?"
    "Ylvikel Strauer.", répond t-il calmement. Et là, ça fait "tilt" dans mon esprit. Strauer ? Comme... ? Oui, ça expliquerait sa dégaine et son style vestimentaire...
    "Tu as un lien avec la famille Strauer de Kage Berg, sur West Blue ?", demandé-je alors, un peu au hasard, me souvenant d'une affaire qui avait préoccupé mon père pendant assez longtemps, et qui concernait un noble (fils d'un ex-partenaire commercial) parti pirater et dont le nom pourrait bien être Strauer...
    "Comment tu sais ça, toi ?", se braque t-il alors soudainement, dégainant des sortes de petits couteaux très fins. Immédiatement, je réagis en me recouvrant entièrement de diamant grâce à Armored Lloyd.
    "Je suis le fils héritier d'Abraham Barrel, de Barrel Island sur North Blue. On est assez connus, surtout moi puisque je suis le grand Lloyd Barrel ! Et dans le milieu des affaires, j'ai des relations. Enfin, j'avais...", commencé-je à m'expliquer... M'expliquer... ? Au fur et à mesure que je parle, ce concept, pour quelqu'un comme moi, me semble de plus absurde, et ne me dit absolument pas pourquoi je raconte ça à un type pareil. Il est alors logiquement l'heure d'envoyer un monologue classe des plus efficaces. Je reprends donc la parole, et... : "Et puis, j'ai quitté mon île pour prouver au monde que je suis le meilleur, le futur seigneur des pirates. D'où ma présence ici. Maintenant, range ces couteaux avant que je ne décide de t'éclater. Depuis que je suis sur Grandline, je n'ai absolument plus peur de me lâcher et d'exploser. Le frisson de me battre, le plaisir de laisser une marque indélébile partout où je passe, moi, le grand Lloyd Barrel... Ce sont des sentiments que je ne peux plus refréner. Et je ne me laisserai pas marcher sur les pieds ou insulter. Alors, je le répète une dernière fois : range tes armes ou il y aura du sang..."
    "Tu comptes faire pareil dans cette ville que sur le bateau ?"
    "Si ça peut permettre au monde entier de reconnaître ma puissance... Oui."

    Ylvikel range ses couteaux, tandis qu'un large sourire se dessine sur ses lèvres.

    "Alors Banaro sera ton oeuvre, et j'y apporterai mon coup de pinceau.", répond t-il soudainement, en faisant une révérence. Et là, il faut l'avouer, je suis quand même surpris : en à peine quelques heures, le nombre de membres de mon équipage vient drastiquement d'augmenter, comme si notre rencontre sur Banaro est le fruit du destin... Ou que les pirates de Grandline sont juste moins stupides et bornés que leurs homologues des Blues et savent à quel point je suis grandiose...
    "Tu es avec moi, Ylvikel Strauer ?"
    "Euh... C'est ce que je viens de dire, oui..."
    "Hahahaha ! Parfait ! Galowyr, Ylvikel, bienvenue dans l'équipage du grand, fabuleux et légendaire Lloyd Barrel, futur seigneur des pirates et roi de ce monde !", m'écrié-je vers eux, à bras grand ouverts. Je reprends : "Vous semblez être la depuis pas mal de temps sur l'île, vu l'état de vos habits..."
    "Quoi, qu'est-ce qu'ils ont mes habits ?"
    "... Bref, je veux un rapport détaillé de la situation sur l'île, afin que je puisse élaborer un plan génial visant à faire exploser ma popularité !", continué-je. Mais ce n'était pour l'instant pas le plus important. Je conclus : "Mais pour l'heure, il faut retrouver mon cinquième serviteur ! C'est un borgne du nom d'Yskino, le stratège de l'équipage que je dois frapper à cause d'une sombre histoire de méduse... Bref, ramen..."

    Ramen ? Pourquoi dis-je une chose pareille ? Ah, oui, sans doute à cause du projectile que je viens de me prendre en pleine torse, et qui m'a coupé dans mon élan. Etant encore, depuis toute à l'heure, sous Armored Lloyd, le choc ne me blesse pas... Seulement, le "projectile" en question, une sorte de gros tonneau, ne peut pas en dire autant : il s'explose en arrivant à mon contact, répandant son contenu (une sorte de liquide violet tout poisseux) sur moi, pourrissant littéralement mes beaux habits et me mettant dans un état de colère extrême. Mais que vient t-il de se passer ? Pourquoi moi, le fabuleux, l'extraordinaire Lloyd Barrel, suis-je attaqué par un tonneau ? Qu'est-ce que j'ai bien pu lui faire ? Et c'est alors que je le vois au loin, exécutant une simili danse de la joie et riant aux éclats... Yskino.

    "J'arrive pas à croire que le coup de la catapulte ait marché !", l'entends-je dire entre deux pouffes de rire.
    "Yskinooooo ! Ce n'est pas un simple tonneau qui pourra m'empêcher de de châtier !", hurlé-je, brandissant mon poing en l'air, étant redevenu normal, et tentant de dégager l'affreuse mixture qui commence à imbiber ma superbe cape. Je reprends, en m'adressant au trois qui m'entourent : "C'est lui ! Ramenez moi le ! Et sans l’abîmer ! En formation de combaaaat !"

    Et c'est ainsi qu'ils s'élancent, Epsen, Galowyr (en traînant un peu la patte, cependant, sans doute encore dégoûté d'avoir perdu à pierre-feuille-ciseaux) et Ylvikel, à la poursuite de ce salaud de borgne, tandis que je tente toujours de nettoyer mes vêtements. C'est à ce moment précis ou je fais tomber mon gant gauche que je remarque je ne suis plus tout seul, mais littéralement entouré de... De ces sales bêtes d'Yskinoliens. Mais qu'est-ce qu'ils font tous là ? Oh, c'est sans doute sans importance, ils doivent vouloir jouer avec le grand Lloyd Barrel, tout simplement... Mais moi, j'ai d'autres rats-taupes-chats-chiens-larbins à fouetter. Et je pars en courant à mon tour, à la poursuite du cortège, suivi par une horde de ces immondes bestioles qui semble grandir de seconde en seconde...
      Lloyd Barrel a vraiment la côte ! Il a appris le respect à ces deux pirates, c’est moi qui vous le dis ! En si peu de temps son charisme extraordinaire a pris le dessus sur leurs pauvres petits esprits et les voilà contraints de rejoindre son équipage et sa magnificence. Il faut croire que je suis tombé sur la bonne personne au bon moment, en plus, j’ai moi aussi un admirateur maintenant ! Le début du succès, mon apogée sera bientôt si grande que je ferai peut-être de l’ombre au grand Lloyd Barrel… Peut-être.
      Je suis bien content qu’il m’admire d’ailleurs, ce Vilvikiel, même si ses raisons sont assez étranges. Parce qu’il faisait légèrement peur aux premiers abords et ça n’a pas l’air d’être une demi-pointure, vu comme il a réussi à repousser le grand et puissant Lloyd Barrel.

      M’élançant en tête de mes deux compagnons, je profiterai de ce coup de théâtre d’Ykniso pour prouver ma valeur à Galo…vyr….wur, bref, à Galo aussi.
      La voix de cette fameuse saleté de borgne me rappelle légèrement quelque chose d’ailleurs. J’aperçois rapidement son visage tout souriant alors qu’il ne peut s’empêcher de se tordre de rire après son acte stupide et inconscient envers son capitaine.

      ...

      Hein ?

      - Dead-Eye ?!

      Ma stupéfaction est totale, si bien que je perds presque l’équilibre après cette révélation fracassante.

      - Alors c’est toi la saleté de borgne que je recherchai, tu m’as menti sur ton nom, je vais te le faire payer cher ! M’écrié-je en m’élançant de plus belle.

      J’entends de nouveau son rire éclater. Son visage change subitement d’expression alors qu’il se décide à prendre la fuite devant le danger que je représente, enfin, je crois.

      - Tu le connais ?
      - Ouais, je l’ai croisé quelques minutes avant toi, je… WOAW !

      Quelques instants me suffirent à comprendre la situation. C’est Galo qui m’a rattrapé avec son pouvoir spécial incroyable !

      - Tu peux même voler avec ce truc de fruit magique des sables ?
      - Je vole pas, je lévite.
      - C’est génial, ça doit être cool de voler, ça a un bon goût le fruit des sables ? Ça craque un peu sous la dent, non ?

      Un regard un peu dédaigneux comme si je lui avais rappelé de mauvais souvenirs, il ne me répond pas et part directement à la chasse de l’autre borgne grâce à sa capacité. Je redouble d’effort pour essayer de suivre son rythme mais c’est peine perdue, il s’enfonce à son tour dans la ruelle par laquelle s’est échappé Ynikiso.

      - Vous me voulez quoi bordel, je signerai pas d’autographes pour des Yskinoliens, des Kanbéliens ou quoi que vous soyez, ça vous pouvez en être certains !

      Un petit coup d’œil en arrière et je remarque Lloyd suivit par une marée noire de ces petites bêtes aux pattes et nez crochus. Incroyable, même les animaux peuvent ressentir la magnificence de Lloyd !

      - Epsen, débarrasses-moi de ces choses sur le champ !
      - Vous voulez que je laisse Ykniso s’enfuir ? Cette saleté de borgne doit être punie !
      - Moi et Galowyr allons le rattraper, ta nouvelle mission est de t’occuper de ces bestioles !

      Sous les ordres de mon capitaine, je m’arrête et décide de faire face aux bêtes qui ne cessent d’apparaître de tous les côtés. Elles sont nombreuses, trop nombreuses. Mais elles sont faibles par rapport à moi. Dégainant mon sabre, je m’élance accompagné d’un cri enragé pour me donner du courage et attirer l’attention sur l’exploit que je m’apprête à réaliser.

      - YAAAH !

      Deux coups circulaires rapides qui engendrent deux giclées de sang successives et quelques bêtes qui perdent leur vélocité. Quelques instants suffisent aux autres pour combler le manque et se relancer dans une chasse encore plus effrénée. Mais je ne les laisserai pas, je suis décidé à m’interposer.

      - Je serai votre adversaire, créatures, laissez le grand Lloyd Barrel tranquille !

      Tout en reculant devant l’avancée de la masse, je lance de nouveaux deux assauts mais cela semble uniquement décupler leur nombre de plus belle et l’odeur du sang semble les exciter d’autant plus. Le rythme s’accélère, le moment est intense.

      Clap, Clap, Clap.

      - Bravo ! C’est magnifique, j’adore, ces petits cris avant qu’ils poussent avant leurs derniers souffles !
      - Au lieu de le féliciter, tu voudrais bien te rendre utile et l’aider à me débarrasser de ces choses ?
      - Stoppe ! Stoppe ! Stoppe ! Lancé-je tout en donnant des coups anodins dans le vent.

      Complètement submergé, les bêtes accourent maintenant à mes pieds et me dépassent. Et merde, faut croire que ces lâches ont besoin d’être plusieurs pour valoir quelque chose, mais je n’abandonnerai pas, jamais à un ordre de mon grand Capitaine. J’essaie encore de réduire leurs nombre mais c’est peine perdue, et tout d’un coup…. Le bras du psychopathe s’étire étrangement et se transforme en une matière blanchâtre et gluante qui s’étale sur le sol, formant une ligne assez épaisse sur plusieurs mètres.

      Lloyd semble aussi surpris que moi devant les capacités de cette homme, et n’importe qui ne pourrait pas impressionner le grand Lloyd Barrel, ça c’est sûr ! Vilvikiel, il doit aussi posséder des pouvoirs magiques. C’est génial, j’en voudrai moi aussi un jour, les légumes du démon ont l’air de vraiment être des légumes géniaux pas normaux.

      Ces saletés créatures me griffent les mollets découverts lorsqu’elles se bousculent pour continuer leur ascension le long de la rue, toujours aspirées par Lloyd. Cependant.

      Splouch.

      L’une après l’autre, elles essaient de franchir la ligne déposée par mon nouveau camarade mais se retrouvent collées à celle-là, emprisonnées. Celles qui ne peuvent plus bouger poussent des cris stridents pour attirer les autres qui, à leurs tours, se font piéger.
      J’ai les pieds enfoncés dans la masse et tente d’avancer pour rejoindre mes compagnons. C’est comme si je marchai dans un liquide épais dégoûtant qui s’écoule le long de mes chevilles tout en m’entaillant la peau. Elles ont compris maintenant, et cherchent une issue. Enfin arrivé au niveau de la ligne salvatrice, je m’échappe d’un petit bond dans un dernier effort. Haha, les hommes sont supérieurs à ces pauvres créatures. Un coup d’œil sur mes jambes et je constate l’ampleur des petites griffures qui à la base semblaient superficielles, le sang s’écoulant le long de mes jambes. Mais surtout.

      - Putain, mes chaussures sont fichues maintenant !

      C’est toujours pour moi ces galères, toujours. J’essaie d’essuyer tout ça mais je ne fais qu’étaler le liquide rouge.

      - Capitaine, j’ai un pr...

      - Capitaine ?

      Plus personne en face de moi. Les quelques spectateurs locaux se sont réfugiés après l’apparition de ces bêtes mesquines et Lloyd et Vilvikiel sont aussi parti à la poursuite des deux borgnes. Je suis seul.

      Shnif Shnaf.

      Enfin pas vraiment.
      Je marche dans un truc gluant qui se colle à ma semelle. Le gant de Lloyd ? Je m’en débarrasse rapidement et je me rends compte que ces satanées créatures sont parvenues à s’escalader les unes sur les autres pour franchir la ligne qui nous séparait. Et cette fois-ci, je crois que c’est à moi qu’elles en veulent.
      J’ai plus de temps à perdre ici, je dois rejoindre les autres. J’analyse rapidement la situation en me grattant le menton. Hmmm… Ils sont partis à droite ou à gauche ? Je tourne la tête, les yeux plissés. Droite, gauche, droite, gauche. J’irai tout droit et je les retrouverai forcément, non ? Zaun m’a doté d’un bon sens de l’orientation, je devrai pas avoir de soucis avec ça.

      Quelques longues minutes de course s’enchainent. Vraiment bizarre cette île. Des grands cailloux poussent en dehors du sol, un peu comme des arbres géants, sauf que c’est des cailloux. J’ai toujours trouvé personne, mais je suis certain que mon instinct ne peut pas me tromper. Non. C’est pas possible, c’est les femmes qui se perdent.
      Et là, au détour d’un des rochers, je remarque enfin quelque chose d’intéressant. Un trou qui semble de prolonger très profondément, si bien que je ne peux pas en voir le fond, quelques lampes accrochées au plafond éclairant l’intérieur d’une lumière légèrement tamisée. Et si jamais… Et si jamais Ykniso s’était réfugié là-dedans ? Ça serait la cachette parfaite pour un traitre pareil. Peut-être que Lloyd est là aussi… Ça vaut le coup d’essayer.

      - CAPITAINE ?!

      - Capitaine, capitaine, capitaine, capitaine…

      L’écho me fait légèrement frissonner. Pas de réponses. Mais Ykniso ne répondra sûrement pas. Prenant mon courage à deux mains, je m’engouffre dans cet antre inconnu. Il fait vraiment frisquet dans le coin. Le dédale semble immense. Tout semble relié et plus on s’écarte de la surface, plus les installations humaines sont chaotiques. D'ailleurs, un petit groupes d'hommes équipés de casques et d'outils pointus passent devant me yeux. Je tente de les interpeller :

      - Hé, vous avec les casques, vous auriez pas vu une saleté de borgne dans le coin ?

      ...

      Aucune réponse, ils continuent leur chemin comme si je n'avais jamais existé. Je crache un juron à voix basse, on devrait me respecter, je suis un membre de l'équipage du grand Lloyd Barrel après tout. Grr... Un peu plus loin, un autre groupe accoutré de la même façon frappe frénétiquement dans le mur avec leurs outils pointus. C'est quoi leur problème à eux ? Plus j'avance plus je me rends compte que les hommes pullulent dans le coin et creusent de façon totalement anarchique. On est déjà dans un trou, pourquoi est-ce qu'ils voudraient encore creuser ? Si seulement j'avais le grand Lloyd Barrel à mes côtés, il saurait quoi faire... Je vais me contenter de suivre ses ordres, je suis sûr qu'il a un plan de son côté... Ce borgne, je dois le trouver à tout prix !

      De nouveau face à un dilemme de croisement, je me demande si je ne devrai pas rebrousser chemin tant qu’il en est encore temps, quand tout à coup ;

      CLANG, CLANG, CLANG.

      Quelque chose s’approche. Quelque chose de gros. Je me recroqueville dans un coin et me risque à jeter un petit coup d’œil. Une ombre gigantesque est projetée contre le mur, représentant ce qui s’apparente à un géant. Un géant dans une caverne pareil, c’est quoi ce bordel ? Je me fais le plus petit possible (bien que je sois déjà de taille modérée) et laisse la tempête passer sans prendre de risque. Y’a vraiment un truc qui cloche avec cette grotte.

      Et il faut vraiment que je retrouve mes compagnons pour leur raconter mes péripéties, alors je me décide à revenir sur mes pas. Si je me souviens bien, j’avais pris à droite à la précédente intersection.
      Hm.
      Ou peut-être bien à gauche…


      Dernière édition par Epsen Airy le Mar 22 Juil 2014, 03:45, édité 4 fois
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      Soyons honnête. Des rats, aussi moches soient-ils, ont peu de chance d'arriver à tuer Lloyd, si moi je n'y arrive pas. Pareil pour les mineurs, même si toute la ville s'y met.

      En revanche, s'ils n'ont pas à le tuer, mais à l'achever...

      "Ca fait longtemps que je n'ai plus ressenti cette excitation..."

      Vouloir tuer ? Tu es sur?

      "Non, je voulais parler de planifier et d’exécuter parfaitement une stratégie pour vaincre l'ennemi avec un minimum de pertes..."

      Mouais. Tu as assez peu servi dans le génie, et pas comme officier. Tu as à peine fait quelque escarmouches...

      "C'est toujours une expérience qu'ils n'ont pas..."

      Ont. Oui. Car curieusement, Lloyd était accompagné de trois bonhommes au moment ou mon projectile l'a touché. Et ils se sont tous lancés après moi. Pas vraiment le temps de regarder derrière avant d'arriver près de la mine.

      Première partie du plan, arroser de potion à rats le snob, effectué.
      Partie une bis, monter la foule contre lui... Ça dépend de Varayaman. J'espère que cet imbécile de prophète va s'y mettre...

      Partie deux...
      Je regarde derrière moi. Plus que trois bonhommes. Il manque le gamin, qui cherchait un borgne pour le compte du snob. Lloyd et un autre blondinet en tête, un autre bonhomme un peu en retrait.
      Parfait.

      Je me rue dans la galerie d'entrée de la mine. Il faut qu'ils me perdent de vue, le temps que je prépare tout...

      Je descend, encore et encore. Pas l'ombre d'un mineur. Pas plus que tout à l'heure. Il faut dire que j'ai choisi un coin qui m'a tout l'air désaffecté.
      Et je descend, encore et toujours, plus profond sous la terre.
      J'arrive à un endroit ou le travail d'étaiement à été fait de façon plus grossière. Autrement dit, vers la fin de la mine pour ce secteur.

      La fin. Ça sonne bien.

      Ici, les trois piliers de soutènement principaux que j'ai marqué d'un petit coup de couteau. Devant chacun, un petit tonnelet de poudre.

      Ici, ce sera la partie deux. Mais je dois préparer les parties trois et quatre...

      Je continue de courir et emprunte un embranchement. J'arrive dans un couloir avec des petites pièces aménagées sur les côtés, avec, oh grand luxe, des portes pour les fermer.

      L'endroit parfait pour tuer quelqu'un.

      J'ignore qui a fait creuser cette mine, mais le manque d'appel d'air est stupide. De même que la configuration de l'endroit. Une seule entrée, et donc une seule sortie. Un endroit ou je serais parfaitement pris au piège si Lloyd m'y accule.

      Ou du moins, c'est ce qu'il croira...

      Je rentre dans la première pièce. Du bois est entassé en plein milieu, là ou je l'ai déposé. Chaises cassés, tables foutues, morceaux divers... Tout ce que j'ai pu trouver. Rapidement, j'y met le feu. Je ressors ensuite, ferme la porte, et rentre dans la pièce juste en face dans le couloir. Même opération, j'allume un brasier sous le mobilier en ruine avant de sortir et de fermer la porte.

      Partie trois préparée.

      Je remonte légèrement. Ici, du bois, encore. Des bidons d'huile, d’enduits pour les voiles. Le tout monté sur un chariot branlant, mais qui fonctionne encore, je l'ai testé.

      Partie quatre prête également.
      Bon.

      Prêt pour le grand jeu?

      "Tu as l'air de t'amuser aussi..."

      Tu va souffrir, tu sais?

      "Oui. Mais moins qu'eux. Beaucoup moins..."

      Je remonte prêt de l'embranchement ou se trouve les piliers accompagnées de leurs tonnelets. Encore personne. J'espère qu'ils ne se sont pas trop perdus et qu'ils arriveront ensemble. Ce n'était pas prévu qu'ils soient trois-quatre, bordel... Enfin, au pire, je dois pouvoir buter les autres s'il le faut d'une balle entre les yeux. Seul Lloyd est anormalement fort.



      Bon, ils arrivent ?
      On va peut-être les aider un peu...
      J'inspire un grand coup...

      "LLOYD ! PAR ICI ! VITE !"

      LLOYD... LLOyd... Lloy... Lio... L'écho s'affaiblit peu à peu. Puis le silence. J'entends les battements de mon cœur, mon pouls affolé. Ma respiration sèche et hachée. Excité et anxieux.

      "LLOYD !"

      Allez. Viens. Viens mourir.

      Des bruits de pas. Très faible d'abord, je les confonds presque avec mon souffle. Puis plus distincts. Quelqu'un cours. Voire plusieurs personnes. Je recule un peu. Je sors mon pistolet. Oui, de là je peux avoir les tonnelets.

      Le bruit de pas est fort dorénavant. Il va arriver. Lui ou un autre.

      Je me cache, tout en restant à portée de tir. Si c'est Lloyd, attendre puis viser les tonneaux. Les faire exploser pour détruire l'étaiement de la galerie et enterrer le snob vivant. Si c'est quelqu'un d'autre, lui coller une balle dans la tête.

      Une silhouette. Blonde. Ma main est moite sur la crosse de mon arme. Je souris.

      Un sourire un peu trop carnassier d'ailleurs. On dirait un piranha qui aperçoit le derrière d'un conquistador ignorant et insouciant se baignant dans l'Amazone.

      "Mais de quoi tu parles ?"

      De culture générale. Par exemple, sais-tu que les méduses n'ont pas de cerveaux ? Non ? Tu en manges tout le temps pourtant.

      "Cerveau de merde, ta gueule, c'est important là."

      Hmmm... Je me demande à quoi ressemble un œuf de piranha d'ailleurs. Il faudra que tu ailles nager dans l'Amazone un jour. Pour voir, hein, je ne tiens pas à ce que tu nous fasses bouffer.

      Et voilà. Je me laisse distraire et il n'y a pas un blond, mais deux ! A croire que cette engeance se multiplie ! On devrait noyer les blonds à la naissance, ça épargnerait au monde beaucoup de peine. Ou juste les Barrel.

      Bon, donc Lloyd et un blondinet tout proche. Et puis un troisième type, un peu plus loin. Le grand borgne. J'arme mon pistolet, et tire.

      La détonation résonne. Les trois hommes se fige. Je retire. Une explosion monumentale. De la poussière. Des cris.

      "Yskino ? Où es-tu sale larbin ?"

      Et merde. Je n'ai pas eu le snob... Partie deux, échec.

      Je sors de ma cachette, couvert par la poussière, et descend plus bas, vers les parties trois et quatre.

      "LLOYD, PAR ICI, VITE !"

      Je cours, vers le couloir aux pièces... Je passe les deux premières. De la fumée sort faiblement des portes, par tous les orifices. Parfait. Je les dépasse. Un coup d’œil derrière moi. Pas encore là.

      "YSKINO !"
      "LLOYD, VITE, CA BRULE ICI, GROUILLE TOI DE ME SORTIR DE LA !"

      Je rentre dans la dernière pièce au fond du couloir. Il n'y a plus qu'à attendre...

      Normalement, Lloyd m'a entendu. Il va arriver, penser que j'ai un souci dans une des pièces en train de cramer. En bon narcissique, il va penser que le feu ne peux rien lui faire sous son mode « Armored Lloyd » et il va ouvrir une des deux premières portes. Apport d'air dans un milieu surchauffé et enfumé = explosion de fumée. Ou plus simplement, il va se prendre dans la gueule des gaz faisant plusieurs centaines de degrés, qui vont ensuite s'enflammer, alors qu'il les inhale. Diamant ou pas, l'intérieur de ses voies respiratoires vont souffrir...

      Je n'ai qu'à attendre l'explosion...

      C'est comme ça que Lorian est mort. C'est bien Lorian qu'il s'appelait hein ? Tu n'as pas honte de se servir ainsi de sa mémoire?

      "Non. Cette expérience me sert aujourd'hui, et Lorian ne reviendra pas à la vie si j'épargne un blondinet snob, alors..."
      "YSKINO ?"

      Une violente explosion. La porte tremble. Je me couche au sol. La température monte. Ça brûle dehors, dans le couloir. Il fait chaud. Très chaud.
      Une deuxième explosion. La pièce d'en face de la première. Comme prévu, la porte a été blasté par la première explosion. Prend ça dans ta gueule le snob !

      La température monte encore. Et encore...
      Allongé au ras du sol, je frôle les 100 degrés. J'ai chaud. Je transpire. C'est douloureux. Je dois avoir de petites brûlures.
      Mais là-bas, debout, on avoisine les 1200 degrés. Autant pour le blondinet.

      Partie trois réussie. Il est temps de passer à la suivante.

      J'ouvre timidement la porte.
      Dans le couloir, des fumées. Je ne vois personne. Dommage, ça aurait été la bonne occasion de trancher la gorge à un Lloyd dans les vappes. Il a du être envoyer valser par le souffle de l'explosion dans une des deux premières pièces.

      Je remonte le couloir en rampant.
      Il fait chaud, c'est horrible.

      Je t'avais dit que tu allais souffrir!

      "Je sais ! Ta gueule !"

      Une douleur atroce. Je me brûle sur... C'est quoi ça ? Un liquide blanc par terre qui bouillonne. De la cire ? Ici ? C'est quoi ce délire ?

      Bonne question. C'est de la cire d'abeille tu penses ? Tiens, si on dissertait sur les différences entre les principales cires et...

      Pas le temps de me préoccuper de ces conneries. Je dois sortir d'ici avant de cramer.
      Je rampe dans la liquide, me brûlant copieusement les bras. Puis ressort exténué de la zone la plus dangereuse.Je parviens à me lever, et cours.

      Le chariot.
      Partie quatre...

      Exténué, je verse tout de même le bidon d'huile sur l'engin, puis pousse le chariot vers le lieu du sinistre et l'envoie valser. Il prend feu et une épaisse fumée commence à s'en dégager.

      Supposons que Lloyd ait survécu aux flammes. Ce n'est pas impossible après tout. Il ne me reste plus qu'à le liquider pendant qu'il est mal. Mais trop dangereux de le faire moi même. Je laisse ça à la combustion. Le monoxyde de carbone est en train de remplir le fond de cette mine, non aéré. Si le snob est encore conscient, il doit déjà avoir mal au crâne. Suivront les nausées, et la mort.

      Partie quatre achevée.
      Lloyd est fini.

      Je laisse derrière moi le sinistre et remonte.

      Du bruit.
      Des couinements.
      Des centaines de putains de lloydiens qui foncent vers moi.

      "Oh merde... Rats de..."

      Les bestioles me dépassent et foncent vers l'incendie. What ? Il semblerait que le produit à attirer les rats soit plus efficace une fois vaporisé. Intéressant, je garderais ça en mémoire...

      Je remonte encore. J'arrive à l'embranchement que j'ai descendu. A gauche, j'ai fait s'effondrer la galerie, je doit donc prendre à droite.
      Sauf que... A gauche c'est dégagé.

      "Impossible... Il devrait y avoir des tonnes de rochers..."

      Par terre, juste des petites dunes de... Sable ? Ou de poussières ? Comment les rochers ont pu être réduit en si infimes parties en si peu de temps ?

      D'un coup, je me sens nettement plus mal à l'aise.
      Je remonte, encore. Je ne croise personne. L'air libre me brûle. Ah. Mes bras. Ouep, des cloques dégueulasses commencent à apparaître. Je me suis salement brûlé là-dedans. Mais à première vue, rien de grave que le temps ne soignera...

      Et Lloyd est fini !

      Tu en es sur ? Tu as vu son corps?

      "Non. Mais..."

      Alors par du principe qu'il vit encore. Ou même s'il est mort, que ses hommes vont continuer à suivre ses ordres, c'est à dire, te chercher!

      "Un bon conseil, pour une fois."

      Ouais. Je suis épuisé. Laminé. Mais si je m'arrête, je pourrais le regretter.
      Et Varayaman, putain, il fout quoi ? Il est mort ou quoi ce con ?


      Il faut élaborer un autre plan.
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      Spoiler:


      On s'enfonce dans la mine sans vraiment prêter attention à ce qui nous entoure. Nous ce qu'on veut c'est la tête de liskino ou vilskino. Bref, l'être inférieur qui court depuis un quart d'heure. Au début, je trouvais ça marrant de lui courir derrière mais maintenant ça en devient lassant...

      Cependant, je me motive : je sais déjà quel supplice lui faire endurer à ce minable. Une fois attrapé, je me ferais un plaisir de lui couper les tendons d'Achille. Il se mettra alors à ramper comme un ver qu'il est. Et ensuite ? Bonne question, je vais tout simplement le laisser baigner dans ma cire qui se solidifiera en quelques instants et il s'étouffera lentement tandis que moi, je lui retirerai quelques organes pour ma collection personnelle. Rien que d'y penser, j'ai des frissons qui m'envahissent ...

      Mais pour l'heure,  il faut le choper et on ne dirait pas comme ça mais il court vite. Je regarde de temps en temps derrière moi pour voir si mes deux compatriotes me suivent toujours et c'est le cas. Je souris. Mais d''un côté ça me fait chier. Je n'aime pas partager ma proie surtout quand elle me fait autant galérer. Au pire s'ils insistent, ils l'apprendront à leur dépens ...

      Je souris du coin des lèvres, mais très vite une explosion se fait retentir. On s'est tellement précipités qu'on est tombé en plein dans la gueule du loup ! Bordel ! Je ne m'attendais pas à ce que ma proie ait une intelligence aussi développée. Peu importe...

      "Candle Wall !"

      D'un mouvement de bras un mur de cire se forme devant nous. Nous voilà protégés. Je jette un petit coup d'oeil derrière moi pour voir comment ils vont. Sont-ils époustouflés par mon geste héroïque ? Je vais bientôt le savoir. Cependant, l'expression sur leurs visages m'indiquent que quelques choses ne va pas. Mon attention se porte automatiquement sur mon mur et effectivement celui commence à se liquéfier littéralement.

      La sueur perle sur mon front et très vite la température devient insupportable. On va cuire comme des poulets !! Bordel, je ne peux pas finir comme ça ! Réfléchis, réfléchis à une solution et vite. Mais le temps me manque et je ne sais pas quoi faire. Dois-je tout simplement accepter ma mort ? Je me mets à rire, c'est pitoyable de finir comme ça ...

      Tout à coup, le sol sous mes pieds se dématérialise. Je commence même à m'enfoncer dans ce dernier comme si j'étais dans un sable mouvant. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je peux étrangement bouger mes pieds. Je sens que ce qui va suivre ne va pas me plaire !

      BOUM !!

      Je m'écrase au sol comme une merde. La chute a été rude, j'essaye de me relever mais Lloyd me tombe dessus et m'écrase comme une crêpe. Je suis dans les vapes. Tout est flou autour de moi. Je secoue la tête de droite à gauche afin de reprendre mes esprits et me relève. Je me frotte le crane comme pour redevenir opérationnel.

      Nous voilà dans une nouvelle galerie. Quand on arrive à en sortir d'une, on tombe toujours dans une autre... C'est une putain d'île gruyère. Je regarde mes compagnons et vois le borgne en mode sableux. C'est lui qui nous a fait tomber ici ? On dirait bien...

      Mais pas le temps de le remercier. Des bruits étranges se font entendre, tout en devenant de plus en plus intenses. La grotte se met à trembler et très vite on aperçoit une mare de rataupes. Bordel, ils ne savent jamais abandonner ceux là. Je regarde mes partenaires qui ont une nouvelle fois envie de courir. Mais moi, j'en ai marre. Je vais juste les exterminer une bonne fois pour toute et je me baignerai ensuite dans leurs sang. Je vais faire ça ...

      Je pose mes deux mains au sol. Je les regarde se précipiter vers la mort d'un pas déterminé. Ils vont se faire empaler comme des chiens. Cela va me demander une quantité folle d'énergie, mais ça en vaut la peine. J'ai aucun doute !

      La cire se met à couler frénétiquement de mes bras et se dirige à toute vitesse sur les rataupes. Ils sont tellement excités à l'idée de nous tuer qu'ils ne font pas attention où ils mettent leurs pattes...

      "Candle Lance Lake !"

      Soudain, des piques d'un mètre se forment les transperçant les uns après les autres. Certains se font transpercer directement tandis que les autres s'empalent dedans. Un bruit aiguë et sourd se fait entendre. C'est un hurlement de douleur, une dernière complainte à l'attention de la vie qui s'enfuit de leurs pauvres petit corps. J'aime cette douce mélodie.

      Je suis essoufflé, mais cela ne m'empêche pas de sourire et d'exprimer ma joie. Je commence alors à m'avancer vers mon œuvre. N'ai-je pas dis que je voulais me baigner dans leurs sang ? Seulement, je vais juste me contenter de marcher dedans, la sortie semble être dans cette direction. Je me retourne vers les deux gusses.

      "La voie est libre à présent. On va aller se le faire ce viliskino ou je ne sais trop quoi ?"
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      Les fruits du démon offrent des pouvoirs surhumains à leurs possesseurs. Une puissance physique digne d’une bête sauvage, des membres élastiques, la vitesse de la lumière … Tout un paquet de capacités qui vous élèvent au-dessus de la masse grouillante. Certains utilisent ces pouvoirs démoniaques pour changer le monde, faire régner la justice ou assouvir le moindre de leur désir. Voilà ce qu’offraient réellement ces fruits démoniaques, et en particulier les logias, la force de plier le monde à sa volonté.

      Alors pourquoi, lui un pirate talentueux et plein d’avenir ne trouvait il pas d’autre utilité au pouvoir du fruit du sable que de creuser des putains de trous dans une mine pour sauver la vie d’un fieffé tricheur (le grand Lloyd Barrel déchire la feuille … Mon œil oui !) en diamant et d’un autre type dont il se moquait totalement ? On aurait mieux fait de lui refourguer celui de la taupe, là au moins difficile de ne pas être à la hauteur de son pouvoir. En plus d’être une déception constante pour lui-même, ses compagnons de voyage, quand il en avait, se révélaient systématiquement être les pires branquignoles des environs.

      Fallait voir le grand Lloyd Barrel parler en roulant des mécaniques à des flammes pour comprendre la profondeur de la stupidité humaine que le borgne avait atteinte. Là encore, il n’arrêtait pas de creuser. Quitter une psychopathe volcanique pour un sale môme pourri gâté. Super choix de carrière.

      La seule chose qu’il arrivait à faire correctement finalement, c’était de s’empoisonner lentement à la cigarette et à se retrouver dans des situations de plus en plus improbables. Un incendie dans une mine abandonnée ? Quelle probabilité ? Probablement très faible, comme la résistance du manchot à la chaleur étouffante qui régnait dans les galeries souterraines. Le borgne comprenait enfin pourquoi on envoyait les enfants bosser dans les mines, aucun adulte avec un minimum de jugeote n’admettrait d’aller travailler sous terre. Alors que les mômes sont suffisamment stupides pour accepter n’importe quoi.

      Bref, une dizaine de « Je suis le grand Lloyd Barrel ! » plus tard et un massacre de rataupes en règle, les trois pirates eurent la joie de pouvoir respirer de nouveau l’air sain de la surface. Ou de se griller une cigarette pour le plus manchot d’entre eux. Cette balade souterraine et la délicieuse odeur de rataupes grillés qui s’échappait de la mine lui avait ouvert l’appétit. Mais toujours aucune trace du cinquième serviteur comme dirait l’autre. Galowyr aurait presque pu douter de son existence s’il n’avait pas vu un autre borgne s’enfuir en courant. Barrel serait bien assez égocentrique pour s’auto persuader qu’il a toute une armée sous ses ordres. Enfin quitte à jouer au membre d’équipage autant le faire sérieusement.

      Le borgne ferma l’œil. Il avait réussi à ressentir la présence des rataupes tout à l’heure. Si la proie était dans les parages, il devait être capable de la retrouver. Mais il n’avait rien à ressentir d’autre qu’une masse informe de présences sous ses pieds. Avant d’être un traqueur pro, il allait falloir bosser un peu. Si un super pouvoir ne marche pas, il ne lui restait plus que la logique. Si ce type avait bel et bien pénétrait dans la caverne. Il avait forcément dû fuir l’incendie lui aussi, dans ce cas-là. Il devait être sorti par ici, il y a peu.  

      Et pendant que Barrek piaillait comme à son habitude le borgne remarqua une piste dans la poussière qui couvrait les alentours. C’était toujours mieux que rien. Mais alors qu’il allait en informer ses petits camarades, un mouvement anormal l’alerta.

      Une masse s’approchait dans leur direction, et au fur et à mesure qu’elle se rapprochait le borgne vu de quoi il s’agissait. Une foule de pauvres hères loin des préoccupations esthétiques de son nouveau capitaine. Le visage sale qu’ils arboraient tous les rangeait inéluctablement dans la catégorie socio-professionnelle des mineurs. Ceux qui creusent, pas ceux qui utilisent des faux papiers pour picoler. Et même si comme le dit l’adage, ceux qui creusent n’ont pas de pistolet chargé, ils portaient tout un tas d’outils tout à fait capable d’ouvrir le crâne à celui qui serait livré à la vindicte populaire. Parce que c’est à ça que ressemblait la foule. A une foule en colère.

      On n’est décidément pas à court d’adorateurs Monsieur Barrek !

      Le borgne cigarette au bec continua à regarder goguenard la foule qui s’approchait. Décidément aujourd’hui, il n’allait pas s’arrêter de creuser. Toujours plus bas.
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      Deux petites oreilles semblaient se dissimuler péniblement derrière l'un des innombrables tonnelets présents sur les quais du port de la petite île.
      Remuant par à coups ces dernières glissaient de cachette en cachette, sautillant de ci de là alors que leur porteur gambadait sur ses deux pattes arrières, humant l'air la langue pendante.


      "Y sont où mes poissons ?! Y sont oùùùù !?" s'exclama à demi voix le chat une nouvelle fois obnubilé par son prochain repas et sa fixette

      Semblant se diriger vers de nouveaux ennuis, le félidé s'en sortait finalement plutôt pas mal du fait du manque clair et net de populace dans le coin... A vrai dire il se demandait bien pourquoi ces débiles de marchands tentaient de faire du commerce avec un endroit aussi paumé et dépourvu de tout attrait... Mais finalement, l'odeur du poisson frais le rappelait à l'ordre, lui laissant clairement comprendre qu'en tout cas ici, il y avait de quoi casser la croûte.

      Enfin à vrai dire, a part le port ici, il n'y avait pas grand chose. L'endroit était cerné de montagnes immenses et Milo peinait à savoir à quoi pouvait bien ressembler cette île dans son ensemble.

      Suivant l'odeur alléchante, il se laissa pourtant guider jusqu'à une sorte de convois où pas mal d'hommes se rassemblaient au déchargement d'un immense navire de fret.
      Sautant sur une caisse en bois pour prendre de la hauteur, le félin se mit sur son arrière train tranquillement pour observer le ballet des humains s'affairant à leurs taches routinières... Visiblement, c'était là que se passait le gros de l'activité du port vu que partout ailleurs, le Nekomata n'avait croisé que quelques têtes qui semblaient un peu perdues.


      "Hmmm..." laissa s'échapper pensif le chat alors qu'il constatait que les hommes se mettaient en file indienne pour récupérer les cargaisons du bâtiment amarré à coté avant de prendre un long chemin filant au travers de la montagne pour il ne savait quelle destination.

      Fermant les yeux, il huma une nouvelle fois les airs, et il eut rapidement sa réponse. C'était bien de cette cargaison que provenait le fumet délicieux qui l'avait fait s'aventurer dans cette partie de la zone portuaire.
      Se pourléchant les babines et se frottant de manière machiavélique ses deux énormes pattes supérieures, il sauta de son promontoire pour se réceptionner avec grâce sur le sol pavé.

      Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite, et voilà qu'il trouvait non loin une étoffe brune qui lui siérait parfaitement pour son petit tour de passe passe.
      Dans un mouvement étrange, il jeta le tissu au dessus de sa petite tête noire et blanche, le laissant le recouvrir entièrement avant que finalement, la petite silhouette qu'il formait ainsi ne se dresse jusqu'à hauteur d'homme alors qu'il prenait sa forme humaine, prenant cependant soin de cacher ses traits félins dans les ombres de son costume de fortune.


      "Nyhéhéhéhé, c'est l'heure de devenir un honnête travailleur mon bon Milo ! Enfin... Un travailleur quoi..." marmonna-t-il sous sa bure de fortune.

      En quelques enjambées il se faufila au travers des étales abandonnées du port pour rejoindre la foule qui se massait dans l'espoir d'être rémunéré pour ramener une des fameuses caisses et tonneaux à leur destination et ainsi récolter quelques berrys la tâche effectuer.
      Milo lui, comme tout chat savait le faire, patientait en attendant sa proie... Chaque fois qu'un contenant quittait le navire pour être amené sur les quais il laissait son flair hors pair le guider sur la marche à suivre.

      Après quelques grimaces dû à des cargaisons de tabac, il trouva celle qu'il cherchait depuis tout ce temps. Un sourire carnassier apparut sur ses trais, dans l'ombre de sa cape. Ni une ni deux, il se jeta dans la queue, prenant la place d'un pauvre type qui n'avait rien demandé sans s'en soucier outre mesure... Lorsque l'estomac du félin parlait, il devenait difficile de le raisonner, et la mignonne peluche se transformait en une sorte de petite bête intenable...


      "Hey ! Tu fais quoi la grand' gigue lô !" le héla le type en l'attrapant par l'épaule.

      Tournant lentement sur lui même, seul loeileflet de son unique œil apparut dans l'ombre, fraîchement accompagné d'un grondement sourd dont seul les chats étaient capables, chose qui eut pour effet premier de faire reculer promptement le simple homme qui déglutit difficilement avant de s'excuser et de ne plus broncher un mot.

      En se retournant, Milo laissa échapper un gloussement, bien trop heureux de sa petite prestation.

      Finalement son tour vint, et le responsable l'appela.


      "Toi là ! Viens ici, on a ce tonneau à amener à la ville, les stocks sont au plus bas et les mineurs ont grand besoin de victuailles. Ça te fera une trentaine de berry pour amener le tout là haut ? Quelque chose à dire ?"

      En simple réponse, il eut un signe de négation du félidé qui se saisit avec facilité du tonneau qu'il posa alors sur son épaule sous le regard ébahit des autres personnes présentes. Il fallait dire qu'outre le fait de lui octroyer une forme presque humaine, son fruit du démon lui permettait tout de même de combiner la puissance des muscles félins avec la corpulence bien supérieure des humains... Alors forcément, chez certains ça impressionnait.

      En définitive, il quitta les lieux sous les regards dubitatifs des responsables et de la populace, prenant le long chemin qui le mènerait vers l'intérieur de l'île. Le premier angle passé, et certain de n'être plus visible, il laissa tomber son voile marron et reprit sa taille d'hybride, posant alors le tonneau devant lui.

      Un coup de griffe, et il décapsula son butin, découvrant comme prévu un frais banc de poisson l'attendant la bouche en cœur. Des étoiles semblèrent apparaître dans ses yeux alors que de la bave coulait de sa gueule béante.

      "Miahahahahahahahahah je suis trop fort ! ALLER VIENS PAR LA Ô MON CHER REPAS !" s'écria haut et fort le félin avant de planter une de ses griffes dans la chair tendre d'un poisson luisant avant de le porter à sa gueule et de redescendre de son tonneau, attrapant ce dernier par ses deux pattes supérieures avant de le porter au dessus de sa tête, son encas encore dans la bouche, la queue dépassant légèrement.

      "Unche Chuchette Pour la Rout' !"

      ***

      C'est au beau milieu d'une sorte de terrain vague que Milo avait établi son lieu de pique nique, son grand tonneau de victuaille à ses cotés et un léger feu devant lui alors qu'un tas de carcasse commençait déjà à se former à ses cotés.


      "Onch Onch Onch... Ch'est vraiment trop bien la vie de Chat ! Si seulement Miranda pouvait être là..." soupira-t-il finalement après une énième bouchée.

      Se laissant alors tomber en arrière, le félidé se prit à regarder le ciel et ses nuages filant au gré du vent. Il était presque nostalgique de son amie, et en cet instant, sa solitude lui revenait en pleine figure avec la force d'un boulet de canon.

      Il avait beau être jovial et prompt à l'amusement, tout cela n'était qu'un maigre pantomime lorsqu'on vaquait seul de par le monde...

      Un nouveau soupir s'échappa de ses babines avant que ses oreilles ne tintent à l’ouïe d'un bruit sourd. Arquant légèrement un sourcil, le chat se redressa sur lui même regardant autour de lui sans ne rien trouver d'anormal.

      C'est alors qu'il posa sa petite tête contre terre... Et qu'aussi étrange que cela puisse paraître, il lui sembla entendre comme des grattements mais également des voix lointaines et étouffées.


      "Tiens... C'est bizarre ce bled, y a le sol qui parle..." il écouta une nouvelle fois mais plus rien ne semblait filtré...

      Haussant les épaules, il reprit sa position assise avant de se remettre à dévorer un nouveau poisson.
      Soudainement il entendit un puissant bruit, semblable à une explosion sourde qui fit se dresser ses oreilles sur son crane. Rien ne se passa alors pendant quelques instants où il resta immobile avant que le sol ne se mette à trembler étrangement sous son arrière train.

      Baissant son regard vers la poussière jaunâtre il ne put s'exprimer que par ces simples mots que n'importe quelle personne sensée aurait pu dire.



      "Maiaiaiaiaiis c'est ququququoi cece payyyys de meeeeeerde !?!"

      Il vibrait sur place sans trop comprendre ce qu'il lui arrivait mais ne se doutait pas encore du malheure qui allait s'abattre sur lui.
      Relevant alors son œil unique vers son tonneau, Milo constata que ce dernier n'était plus en place et qu'il roulait au milieu du sable pour finir par se stabiliser et commencer à s'enfoncer dans le sol.


      "NNNNNNNOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN" hurla le félin avant de sauter sur ses pattes arrières et tenter de bondir dans la direction de son précieux chargement... Mais cela se solda par un échec probant alors même qu'il ne trouva aucun appuis au sol lorsqu'il s'enfonça légèrement dans le sable devenu mou, se vautrant alors allègrement.

      Il ne put alors qu'assister impuissant à la disparition de ses précieux poissons, tandis que les larmes lui montaient aux yeux...


      "Pourquoi le monde est si injuuuuste ! Ils ne devaient pas finir comme ça ! Vous êtes trop cruels !"

      Finalement allongé comme une loque sur le sol, le chat peinait à se déplacer, complètement abattu par la douleur de sa perte récente... Pourtant, son regard embrumé ne put ignorer la silhouette sombre qui s'était extirpé des entrailles de la terre non loin de lui...
      Il mit quelques temps avant de comprendre qu'une personne de chair et d'os venait d’apparaître à quelques mètres, juste assez pour remarquer que trois autres venait de se dresser non loin de lui.

      S'il avait su le fin mot de l'histoire peut être aurait il mesurer ses actes... S'il n'avait pas été porté par la colère et son estomac aussi cela dit...

      Se redressant furibond, le chat ignora totalement la foule qui se ramenait de l'autre coté de la zone, et dégaina ses deux sabres ainsi que ses puissantes griffes, les dardant vers l'homme à la tignasse blonde non loin de lui, arborant sur son visage une mine démoniaque, la gueule grande ouverte.

      "VOLEURS ! RENDEZ MOI MES PRECIEUX !" hurla le frêle chat en sautant toutes lames dehors sur celui qui s’avérerait plus tard être le Grand Lloyd Barrel.
        "VOLEURS ! RENDEZ MOI MES PRECIEUX !"
        "Quelle horreur ! Un Yskinolien géant qui parle ! Et qu'est encore plus moche que les autres !", hurlé-je à ma grande surprise, lorsque après que Galowyr ait fini de déblayer une sortie (aaaah, quelle bonne chose d'avoir à nouveau des larbins utiles pour effectuer les tâches trop ingrates pour que je m'y attelle), une espèce de truc poilu me saute à la gorge. Ne voulant pas que mes superbes habits soient déchirés, j'expédie d'un formidable coup de poing la bête immonde vers d'autre cieux, qui ne devient bientôt qu'une petite étoile accompagnée d'un "tiiiiing" dans les nuages.
        "Miaooooouuuuuuuuu..."
        "Sincères salutations du grand Lloyd Barrel !", lancé-je, le poing rageur menaçant la bête (où qu'elle puisse être) dans le vent. Je reprends : "Cette île est décidément remplie de bon nombre de saloperies... Gnnnnnnnniiaaaaaaaah !"

        Je m'étire en dépoussiérant mes magnifiques vêtements après notre rapide escapade sous terre... Escapade qui m'a permis de me rendre compte que Galowyr et Ylvikel ont des pouvoirs démoniaques certes utiles mais tout de même bien moins classes que le mien, et que le vaste réseau minier qui s'étend sous cette île semble étonnamment dangereux, sauf bien sûr quand on peut transformer son corps en diamant. Haha ! A moins que ce ne soit Yskino qui... ? Non, aucune chance, haha, il ne ferait pas le moindre mal à une mouche ! Bref. Toujours est-il qu'au moins, maintenant, on est retournés à la surface... Et que c'est bien plus agréable de poursuivre ce misérable borgne et de lui faire payer pour ce lancer de tonneau poisseux à l'air libre. Du moins, c'était ce que j'avais initialement prévu, avant que mon autre larbin borgne (qui a les cheveux plus gras mais semble plus intelligent) ne me fasse remarquer une foule d'autochtones s'approchant de nous, et que je n'ai sans doute pas remarqué plus tôt à cause de ma propre brillance.

        "On n’est décidément pas à court d’adorateurs Monsieur Barrek !"
        "C'est Monsieur Barrel, pécore. Maintenant que tu es mon larbin, tu vas devoir apprendre les respects qui me sont dus, si tu ne veux pas à nouveau te faire humilier par ma grandeur au pierre-feuille-ciseaux !"
        "Mffft.", fait-il en tirant une bouffée de cigarette. Un homme fort, ce Galowyr. Il a l'air borné (et borgne, mais ça il en a pas que l'air), mais ses capacités surnaturelles et physiques sont réelles. Je me tourne vers l'autre homme qui se tient a mes côtés, et qui tortille entre ses doigts une de ses longues mèches blond platine, un sourire torve vissé sur le visage. Lui aussi, il est fort... Peut-être même encore plus que Galowyr. Sans aucun doute plus que moi (pour le moment, du moins). Par contre, il a bien une dizaine de cases en moins, et c'est son esprit sanguinaire et vorace qui m'inquiète... Qui m'inquiète ? Ha ! Je me surprends à parler comme un péon lambda ! Bien sûr que le grand Lloyd Barrel ne s'inquiète pas ! Après tout, si tout ce fauve zélé n'a a être nourri que par quelques carcasses de temps à autres, il pourrait m'être très utile... Ah ouais, et puis y'a Epsen qui arrive à la traîne, tout haletant et faisant pleins de gestes. Il est marrant. Pas très fort mais marrant, et surtout, il m'a l'air particulièrement dévoué. En bref, c'est un bon début d'équipage que j'ai désormais entre mes mains... Qui m'épaulera dans ma quête d'aller récupérer le One Piece. A un élément perturbateur près que je dois encore retrouver... Mais ça attendra. Pour l'heure, le grand Lloyd Barrel doit aller se faire vénérer par cette foule en délire... Ou peut-être plutôt en colère... Et euh... Armée ? De pioches ? Et de torches ?

        "Le grand Lloyd Barrel et son équipage vous salue, paysans des sous-sols !", lancé-je avec enthousiasme à cette troupe d'homme aussi laids que mal fagotés. S'en suivent des regards interloqués et un grand moment de silence. Ah, oui. Je n'avais pas pensé aux barrières linguistiques et intellectuelles entre nous. Il est vrai que maintenant que je suis sur Grandline, je vais rencontrer des gens tous plus bizarres les uns que les autres. C'est pour cela que je décide d'opter pour un langage plus primitif, qu'ils seraient plus à même de comprendre : "Vous comprendre quoi moi dire ?"
        "C'bien lui, crénom d'bourling' ! C'est l'démon blond qu'vient apporter la famine et l'épuisement des mines !"
        "Ouais ! C'lui qu'el'prophète y disait !"
        "On va lui montrer qu'la routourne va tourner ! Butons-le !"

        D'aaaaaaccooooord. C'est ainsi que je cherche toujours un quelconque sens à ces quelques palabres rendues incompréhensibles par une sorte d'accent infect, tandis qu'ils se mettent tous à hurler et à agiter leurs pioches et à les faire s'entrechoquer avec leurs pelles pour faire du bruit. Étrange culture.

        "Ô Grand Lloyd Barrel, j'ai vu quelque chose d'incroyable, dans le trou là-bas, un géant...", s'exclame alors Epsen qui vient enfin de nous rattraper. Rah, ne voit t-il pas qu'il me dérange, moi, le surpuissant Lloyd Barrel, en pleine tentative de communication ?
        "Silence, serviteur ! J'essaye de comprendre ces sauvages !", lui reponds-je. Et puis je réfléchis quelques secondes, pendant que les indigènes continuent leur tintamarre, avant de formuler une hypothèse quant à leur comportement pour le moins étrange.

        "C'est une sorte de danse d'adoration pour vos déités primaires ?", demandé-je alors en m'approchant d'eux, les deux mains bien en évidence pour ne pas trop les brusquer. Non pas que ça me poserait un quelconque problème d'effrayer des êtres si simples, mais je dois quand même avouer que l'idée de leur faire construire un temple en mon honneur ou un palais pour que je réside en maître sur cette île est assez tentant... Et ce même si ce morceau de terre semble sans aucun intérêt (en plus d'être rempli de ces saletés d'Yskinoliens et d'être méga-moche), et qu'en plus ils se décident à nous attaquer... Hein ? Un coup de pioche que j'esquive de justesse en me décalant sur le côté frôle mon crâne et vient s'écraser par terre.

        "Qu'est-ce que... ?"
        "Mort au démon !"
        "Un démon ? Moi, le grand Lloyd Barrel ?!", m'outré-je, la main grande ouverte sur la poitrine, cherchant à comprendre comment on peut être aussi stupide pour confondre un être parfait et un démon. A moins qu'ils ne disent ça parce qu'ils sont tous laids et que je suis d'une beauté sans pareille... Tout en continuant d'esquiver leurs frappes ridiculement lentes, je me tourne vers Galowyr, qui lui se contente juste de faire attention à la cigarette qu'il fume tandis qu'il absorbe les impacts avec son pouvoir démoniaque.
        "Pourquoi ils nous attaquent ?"
        "Aucune idée.", hausse t-il les épaules alors qu'un des mineurs hurle "Meurs, démon du sable !". C'est à ce moment précis que l'idée du siècle me traverse l'esprit, une idée qui me permettra d'asseoir mon contrôle naturel sur ces jaloux. Dégageant d'un grand mouvement des bras les énergumènes qui m'entourent je leur adresse un discours des plus somptueux qui sera sans doute fortement apprécié dans ma biographie en huit volumes :

        "Mineurs ! Nous ne sommes pas des démons !", lancé-je les deux bras tendus en l'air. Je reprends : "Nous sommes des dieux ! Des dieux miniers ! Voici le dieu du sable !", continué-je en pointant Galowyr avant de me transformer entièrement grâce à ma technique Armored Lloyd et de terminer : "Et moi, je suis le dieu du diamant ! Nous sommes venus apporter sols prospères et gisements nouveaux !"

        Un grand silence s'en suit. Alors que je garde toujours ma pose, un des mineurs s'approche de moi, me mord le bras (sans que je ne sente rien) et s'exclame :

        "C'bien du diamant, viniou ! L'plus pur qu'j'ai jamais vu !"
        "Vous voyez ! Nous sommes des dieux, vénérez nous !"

        Un autre grand silence s'installe. Les mineurs se reculent et commencent alors a discuter à voix basse entre eux, certains affichant des sourires carnassiers en se frottant les mains. Seules quelques bribes de paroles incompréhensibles parviennent à nos oreilles.

        "... Au moins trois-cent mille carats !"
        "... 'crée somme ! Des milliards de berries !"


        Ma foi. Sans doutes des paroles dénuées de sens pour tout être doué de logique et n'appartenant pas à leur culture indigène. Pour moi, l'important est pour l'instant de garder la pose : si ils ne me considèrent pas comme un être supérieur parce qu'ils sont trop bêtes pour le faire et que je peux les persuader que je suis une déité, ce n'est pas plus mal. Une fois leur colloque terminé, l'un d'entre eux qui a l'air moins bête que les autres, s'approche de moi et s'écrie :

        "Vive le dieu du diamant ! Et l'dieu du sable aussi... Ouais, ça vaut quand même moins... V'nez on va aller vous sacri... Euh "visiter" la ville en surface... En commençant par l'atelier du lapidaire désaffecté..."

        Et lui et tous ses collègues commencent à me porter en triomphe, en poussant des cris de joie et en se frottant les mains.

        "En avant, fidèles croyants !"
        "Euh... Monsieur Berrak... Ils ont pas l'air si amic..."
        "Silence, vois plutôt comment ces sauvages me vénèrent ! Vous verrez quand cette île sera recouverte de temples érigés pour ma grandeur, et celle des Avalons ! Et c'est BarreL !", le coupé-je en levant mon doigt au ciel, et sous un tonnerre d'applaudissement. Puis, m'adressant à eux : "C'est bien ce que vous allez faire, hein ?"
        "Euh... Ouaip', sûr !"
        "Vous voyez !"

        Aaaaaah... Je sens que je vais aimer cette île toute pourrie, finalement. Notre cortège avance donc jusqu'à ce qui semble être une ville toute délabrée, et dont les seuls habitant semblent désormais être ces immondes Yskinoliens, que ma foule d'adorateurs chasse à coups de pelles et de pioches dès qu'ils le peuvent. De temps à autre, on voit un de leur semblable rentrer dans une masure et en ressortir, avant de gagner un des nombreux tunnels qui se situent littéralement de partout. Ce ballet, entre va-et-vients d'autochtones et poursuite de vermine, n'a pas l'air de cesser donne tout de même l'impression que même si nous nous situons dans une ville fantôme, il y a énormément de passage.

        "Ylvikel, cela fait longtemps que tu es sur cette île ?", demandé-je a ma toute nouvelle recrue en reprenant ma forme normale. J'ai des questions auxquelles même un esprit aussi affûté que le mien n'arrive pas à trouver de réponse... Après tout, la logique primitive de ces mineurs ne peut qu'échapper à quelqu'un de ma condition.
        "Plus d'un mois. Pourquoi ?"
        "Tu sais pourquoi ces indigènes semblent passer plus de temps sous terre qu'à la surface ? Raconte-moi ce que tu sais de cette île !"
        "Hmmmm. Je ne sais pas grand chose. Apparemment, l'île a été désertée par ses premiers habitants après qu'un immense trésor y ait été découvert en creusant. Après leur départ, de nombreux mineurs ont débarqué, en se disant que si quelqu'un avait pu trouver un trésor ici, il pouvait forcément y en avoir d'autres.", commence t-il. Alors ces mineurs sont des chercheurs de trésors... Très bonne nouvelle. Il y a donc peut-être moyen de se faire beaucoup d'argent sur cette île... Et qui dit beaucoup d'argent, dit forcément que je vais pouvoir retourner à mes conditions de vie passées. Aaaaaaaah... Ne plus savoir que faire de toute sa richesse, voila une sensation qu'il ne me déplairait pas de retrouver... Ylvikel, réajustant sa mèche, reprend : "Mais c'est pas tout. Il y aurait quelque chose enfoui sous cette île de beaucoup plus gros qu'un trésor. Les gens d'ici appellent ça le Monolithe."

        Dès qu'il prononce ses derniers mots, mon trône humain arrête net d'avancer, puis après quelque secondes, repart.

        "Le Monolithe ? C'est quoi ?"
        "D'après les rares qui l'ont vu et qui ne sont pas devenus cinglés, un grosse pierre taillée qui brille. Bref, je n'en sais pas grand chose. Mais deux trucs sont à peu près certains : c'est à cause de ça que les rataupes sont devenus super agressifs et ne laissent plus personne approcher le Monolithe, et ça vaut une fortune incommensurable.", finit t-il. Intéressant. Il me semble que la suite du programme est toute tracée...
        "Eh bien nous allons le trouver, nous, ce Monolithe ! Ces trucs moches sont nombreux mais super faibles, ça sera un jeu d'enfant !"

        Autre moment d'arrêt et de silence. Un des mineurs prend la parole, tandis que nous repartons :

        "C'pas comme si HAL y va vous laisser faire."
        "Le hâle ? Le soleil tape si fort que ça dans le coin ?", demandé-je, tout de même un peu confus. Ha, ne pensent-ils vraiment pas qu'un léger bronzage ne rendrait ma peau qu'encore plus belle ?
        "Non, c'est "HAL". C'est le robot qui dirige les mineurs. C'est de lui que j'ai récupéré mon fruit du démon. Depuis qu'il est là, les travaux de forage se passent beaucoup mieux apparemment. Surtout parce qu'il massacre les rataupes à tour de bras."
        "Boh. Au pire, on l'éclate. Et le grand Lloyd Barrel compte aussi sur vous pour ça. Toute personne qui se dresse sur mon, et donc notre, chemin je la veux réduite en cendres.", réponds-je alors le plus froidement du monde. En effet, ça me trottait dans la tête depuis le Cap des Jumeaux, et des événements qui s'y sont produits... Au final, j'ai gagné et suis devenu bien plus fort, et tout ça simplement en abandonnant des principes qui me paraissent aujourd'hui de plus en plus obsolètes. L'honneur, les valeurs, la justice... Ce sont des notions que je peux tourner et retourner entre mes mains jusqu'à ce que ça m'arrange. Des notions qui m'inhibent, et empêchent d'exploiter le potentiel infini qui se trouve en moi. Des notions qui changent la définition de la "vraie" force que j'ai en tête depuis l'enfance, lorsque ma mère me racontait les fantastiques épopées pirates sur Grandline... Forcément, ça ne peut qu'être des fables, des récits déformés par la volonté d'être romancés... Des pirates au grand coeur qui gagnent en défendant la veuve et l'orphelin, au nom de l'amour et de l'amitié, et qui s'entraident ? Dans le vrai monde, dans la vraie vie, comment est-ce qu'un truc pareil peut marcher sans apporter avec lui la déception, la défaite et... La trahison ? Non, ça ne peut pas. Je suis un être supérieur, et je me dois désormais d'agir complètement en tant que tel : ne penser qu'à moi, et considérer chaque personne qui ne va pas dans mon sens comme un ennemi. Et mes ennemis... Je dois les tuer jusqu'au dernier. Ceux qui se moquent du beau, du grand, du fort, de l'exceptionnel Lloyd Barrel... Ils paieront pendant que ma renommée explosera. Mes prochains haut-faits feront la une des journaux, écrits du sang de Banaro.

        "Pfah ! L'éclater ? Personne fait l'poids contre HAL, pas même vous avec vos pouvoirs ! Si vous verrez comment il écrapatchouille les rataupes !", s'écrie alors un des mineurs en beuglant grassement, dans le patois local incompréhensible. Tournant doucement la tête, je lui lance un regard mauvais, avant de lui hurler :
        "Silence, vermine ! Le grand Lloyd Barrel ne t'a pas autorisé à parler !"

        S'en suit un énième silence malsain. La tension commence doucement à monter. Je leur ordonne de continuer à avancer, et nous arrivons enfin au centre ville, où nous nous rendons enfin compte à quel point cet endroit est désert. Je questionne même l'utilité de construire des temples sur une île sans aucun passage, et où la populace locale est uniquement composée de rongeurs. Et, alors que je pense justement à de la vermine et d'autres nuisibles, tandis que ma foule d'adorateurs semble me conduire vers un lieu dont je n'ai que faire, qui vois-je en tournant la tête, entre deux maisons délabrées, à une petite centaine de mètres ?

        "C'est lui, le salaud de borgne, c'est Yskino ! Chopez-le !", hurlé-je en pointant le doigt en direction de mon fieffé larbin qui semble en train de discuter avec un homme que je suis sûr de connaître... Mais oui ! C'est Suryavarman (je crois) ! L'espèce d'illuminé qui s'était introduit clandestinement sur le Galahad pendant notre ascension de Reverse Mountain et que j'avais bazardé par dessus bord ! C'est complètement fou mais terriblement digne de quelqu'un aux capacités cognitives aussi exceptionnelles que moi que je me souvienne d'un personnage de ma légende qui est aussi secondaire. Comme quoi, jeter les gens à l'eau, ça créé des souvenirs... Dommage pour lui, d'ailleurs, car  d'après ce que j'ai compris du langage primitif des indigènes du coin, c'est lui qui propagerait la rumeur comme quoi je serais un démon... Haha ! Quel imbécile ! Et le pire... C'est que je compte bien lui donner raison. Ainsi, aussitôt mes ordres prononcés, Epsen s'élance subrepticement vers eux, le sabre à la main, tandis qu'Ylvikel et Galowyr y vont d'une démarche nonchalante, mais qui ne me dérange pas. Après tout, vu leur puissance, ils pourraient fondre sur eux en un éclair et les rayer de la surface de cette terre avec une facilité déconcertante... Alors pourquoi se fatiguer à courir ? Tant qu'ils exécutent mes commandements... Ceci étant dit, ma présence reste tout de même indiscutable, qui plus est qu'être porté par une foule qui me vénère maximiserait l'effet de style de mon arrivée... Aussi, je reprends la parole :

        "Suivez-les ! Amenez moi à ce vieillard et à ce borgne immédiatement, servants !"
        "Hein ? Mais... C'pas c'qui était prévu ! Z'êtes sûr qu'vous voulez pas plutôt visiter l'coin avant ?"
        "Silence et obéissez-moi !", rétorqué-je immédiatement, leur vociférant dessus. Pour qui se prennent t-ils ? Encore, quand mon équipage tente de me faire prendre une autre décision que celle que j'ai prise, je peux le tolérer, car ils sont (même si moins que moi) des êtres supérieurs... Mais eux... ! Ce ne sont que des vermines que j'ai ramassé sur le bord de ma route, et qui devraient être honorées de n'avoir survécu jusqu'à maintenant que pour me servir quelques instants ! J'aurais tellement pu tous les tuer il y a quelques minutes, mais dans ma mansuétude, moi, le grand, le magnifique, le parfait Lloyd Barrel a décidé d'épargner leurs misérables vies... Et c'est comme ça qu'ils me remercient ?
        "Nan mais, m'sieur le dieu du diamant... Vous v'lez vraiment pas venir avec nous ? Et vous retransformer dans l'atelier du lapidaire... Ça durera pas longtemps... Allez..."
        "Pfff... Cloportes inutiles ! Dégagez de ma vue, si vous ne voulez pas m’obéir !", leur crié-je en sautant au sol et en les dégageant du bras, me dirigeant d'un pas lent mais ferme en direction d'Yskino et de l'ancêtre. Ces vermisseaux... Dire que je pourrais tous les écraser sous mes bottes, comme des cafards... Bah, ils ne valent pas la peine que je gaspille de mon précieux temps pour les châtier comme ils devraient l'être.

        Du moins, c'est ce que je pensais avant qu'un de ces chiens galeux ne décide de commettre l'erreur de sa vie.

        "Wopopop', t'crois aller où comme ça ? T'crois qu'on va laisser partir un p'tit paquet d'flouze sur pattes comme toi ?"

        Alors que j'ai à peine avancé de quelques mètres, je sens tout à coup une pression me retenir au niveau de l'avant-bras. Me retournant, il ne m'en faut pas plus pour savoir qu'un de ces nuisibles vient d'OSER m'attraper le bras pour... Me retenir ? Cette situation est tellement inconcevable pour moi, le grand, le fabuleux, l'inarrêtable Lloyd Barrel, que j'ai du mal à comprendre ce qui se passe. Un simple paysan qui essaie de me retenir de force... Un... Un être inférieur qui se croit être en mesure de m'arrêter ? Ne savent t-ils donc absolument pas qui je suis ? Putain ! J'ai attaqué la prison d'Inu Town avec un météore, j'ai attaqué un casino à Luvneel et je l'ai braqué, je me suis frotté à un des plus puissants pirates au monde, je suis arrivé sur Grandline avec deux pouvoirs surnaturels supplémentaires avec moi et... On ne me connait toujours pas ? PIRE, on me manque encore de respect ? On me ridiculise ?! Je ne le tolère plus ! Je me le suis promis, tous ceux qui se dressent contre moi...

        "JE LES TUE !", hurlé-je, empli de rage et transformant mon bras gauche avec mon Harden Arm. Alors qu'alertés par mon cri, Galowyr et Ylvikel se retournent (et semblent absolument se préparer à l'affrontement), mon poing fuse en direction de la tête du mineur, et touche en plein le maxillaire inférieur. Sous la force de ma colère déchaînée, tissus, os et cartilages se broient et se fondent en une bouillie teintée de sang, tandis que mon coup dévie vers sa nuque et, arrachant vertèbres et cervicales, propulse ce qui reste de sa tête aux pieds de ses congénères pris d'effroi. LA. La voila cette force ! Celle qui intimide, celle qui paralyse par la peur ! Celle qui fait qu'on se souviendra de moi ! Comme pétrifies, les autres débiles peinent à produire le moindre son ou a esquisser ne serait-ce que le plus logique des mouvements en pareille situation : courir. Immobile face à eux, laissant le crâne de leur ancien collègue rouler tandis que son corps sans vie s'effondre, je les fixe du plus noir des regards. Voila ce qu'il en coûte de défier le grand Lloyd Barrel. Cette vision de mort brutale, cet infect souvenir, comme avec cette chasseuse de primes du Cap des Jumeaux, c'est ce qui fait qu'on se rappelle d'un visage, d'un nom, d'un acte. Cette trentaine d'abrutis, je pourrais les laisser comme ça, marqués à vie, terrorisés par leur propre impuissance face à moi... Mais il y a encore beaucoup à faire sur cette île, et même si nous sommes tous très puissants... Je ne veux pas brûler d'étapes. Réajustant ma cape, je tourne les talons et continue de me diriger vers Yskino et le prophète, faisant face à Galowyr et Ylvikel.

        "Enterrez-moi tout ça.", leur lâché-je en passant, apaisé. Aussitôt, Galowyr, apposant au sol sa seule main valide, transforme la terre sous les pieds de tous ces mineurs en de gigantesques sables mouvants... Dans lesquels ils s'enfoncent de plus en plus. C'est à ce moment la qu'ils commencent à crier, à essayer désespérément de se raccrocher à la vie. Ils comprennent que c'est peine perdue lorsque Ylvikel se sert de son propre pouvoir pour colmater chaque interstice dans la tombe de sable de Galowyr, figeant et emprisonnant sous terre pour l'éternité ces mineurs qui... Qui n'avaient rien demandé à personne... Qui étaient tellement faibles... J'aurais pu les épargner, j'en ai la force... Je chasse ces pensées obsolètes de ma tête. C'est fini tout ça. Cette époque où je considérais la vraie force comme étant la capacité à se mesurer pour ne pas tuer quelqu'un... Mais c'était des conneries de jeune riche inexpérimenté et aveugle. Aujourd'hui je suis un pirate, et un pirate dont on se souviendra (après tout, je suis tellement beau, fort, intelligent, magnifique, bref parfait). Un pirate qui sait que la vraie force, c'est celle qui autorise à jouer avec la vie de son ennemi. Un pirate qui sait qu'on ne sait jamais à quel point on est fort tant qu'être fort est le seul choix qu'il nous reste.

        Revenons au choses sérieuses. Et à un Epsen en train d'essayer d'attraper un Yskino complètement insaisissable, jusqu'à ce que j'arrive, lui mette une balayette, et le charge sur mon épaule comme un gros sac. S'en suivent Galowyr et Ylvikel qui arrivent en traînant la patte, Supervaryman qui crie, et mon tireur d'élite (mouais) borgne qui se débat comme un forcené, me martelant le dos de coups de poings sans que cela ne me dérange particulièrement.

        "Mon fils ! Le malin vous a pris entre ses griffes !"
        "Aaaaaaah ! Lâche moi, Lloyd !"
        "Vos gueules !"
        "Saint Père tout puissant, vous qui êtes créateur de toute vie et de toute bonté..."
        "Rah, il a pas bientôt fini, lui ?"
        "Gnkxykxxxkxxxx, repose moi par terre, sale snobinard !"
        "... Accordez moi la force de purifier le monde de ce mal qui la ronge..."
        "Epsen ! Fais le taire ! Il m'énerve !"
        "Oui Capitaine !"
        "... Et que la lumière renaisse... Aie ! Aie... ! Des cendres des impies..."
        "Rah, mais tu vas te taire ?!"
        "Je te préviens, Lloyd, si tu me reposes pas immédiatement, je..."
        "HAKI !", hurlé-je alors, coupant court à ce vaudeville qui semble interminable et illogique, déclenchant mon formidable pouvoir dans le but de tous les faire taire avant que je m'emporte et que je ne décide, non sans classe et style, de tous les massacrer. Et l'effet escompté semble se produire, puisque un silence pesant enveloppe la scène. Même Yskino s'est arrêté de me frapper.

        "Bon ! Ha... Dire qu'il faut que j'utilise mon pouvoir ultime pour que ce capharnaüm cesse... Mais bon, estimez vous chanceux d'y avoir assisté et d'être encore en un seul morceau !", lancé-je, préférant en rire qu'en pleurer (le grand Lloyd Barrel ne verse jamais de larme, quelle honte ce serait). Je reprends : "Les Avalons sont tous réunis ! Epsen, Ylvikel, Galowyr, voici Yskino mon plus fidèle larbin, même s'il est parfois un peu... Désobéissant."
        "Fidèle, moi ? Quoi ? Mais, mais, mais..."
        "... Ooooooooooouuuuuuuuu..."
        "On va maintenant pouvoir prendre le contrôle de cette île ! Ou plutôt sans doute de la raser, vu comment elle craint. Et la première étape, c'est de trouver ce fameux Monolithe et de..."
        "Capitaine Lloyd Barrel ?", me coupe alors Epsen, m'agaçant légèrement.
        "... Ooooooooooouuuuuuuu..."
        "Quoi encore ?"
        "Vous entendez pas comme un bruit ?", demande t-il alors, de toute sa naïveté de serviteur qui fait son charme. Je tends alors l'oreille, et effectivement...
        "Miaaaaaouuuuuuuuuu ! Kshiiiiiii !"

        Et, en réponse a mon prodigieux pouvoir, fendant les cieux comme un boulet de canon accompagné d'un son caractéristique de chat mécontent, l'immonde bestiole que j'avais mise sur orbite quelques minutes plutôt me retombe dessus, toutes griffes (et... Sabres ?) pointées vers... Mon magnifique visage ! Non, jamais de la vie ! Jamais je ne laisserai quoi que ce soit ternir à nouveau ma beauté angélique ! J'attrape donc l'animal par une de ses deux queues (quelle bestiole curieuse) et après l'avoir fait tourner autour de lui même en l'air, la renvoie sur Epsen.

        "Argh, il est teigneux, l'animal ! Epsen ! Réflexe !"

          ARGH !

          Vladadam !

          Un simple réflexe qui me sauve du pire, le sabre en couverture devant le visage qui me permet d’éviter que les griffes de la bestiole que Lloyd m’a lancé dessus ne me transpercent le visage, carrément acérées et dangereuses.

          Je tombe donc dos au sol suite à l’impact violent, il faut dire que Lloyd a une force tellement incroyable que l’animal a fendu sur moi à une vitesse phénoménale, griffes en avant ! Mon regard croise celui de la créature poilue, toutes les dents pointues bien en évidence, qui essaie alors subitement de me croquer le bout du nez ! D’un geste brusque qui entraîne crissement strident entre nos armes aiguisées, je parviens à dégager mon nouvel adversaire qui décolle et se met à tourner sur lui-même.

          Et là, deux sabres apparaissent, reflétant violemment le soleil dans mes orbites. Instinctivement, je roule sur le côté et les deux lames tranchent le sol à quelques centimètres de l’arrière de mon crane et de ma nuque. C’est pas passé loin bordel !

          Dans le même mouvement, je me redresse et fait directement face à mon adversaire griffu et sabreur à la fois. Mais avant tout, il faut que je clarifie les choses avec lui !

          - Enfoiré, tu te rends compte de ce que tu viens de faire ? Tu as failli défigurer l’incroyable homme mature et séducteur que je suis, espèce de sale, sale…





          - Chat ?
          - Un chat ?
          - Pouahahah Capitaine Lloyd Barrel, regardez, c’est un chat ! Et en plus il tient des sabres dans ses queues, c’est incroyable, je savais pas que les chats pouvaient faire un truc pareil ! Lancé-je, pointant la bête du doigt.
          - Un chat ne porte pas de manteau orange hideux et ne se tient pas sur ses deux pattes arrières, c’est sans doute une imposture !
          - Ah…
          - Mais peu importe, punit cette sale bestiole pour avoir essayé de s’en prendre au magnifique et incroyable Lloyd Barrel !

          Bizarre, en effet… J’aurai juré que c’était un chat, et maintenant la chose se tient devant moi, sur les deux pattes arrière, bien plus grand que tous les chats que j’ai pu connaitre. Mais je vois clair dans son jeu, ses poils sur le visage et sa petite truffe, je ne me ferai pas avoir…

          - Chat qui marche sur deux pattes dégoûtant au manteau orange, je suis ton adversaire !

          Alors que je m’élance après mes fières paroles, mes nouveaux compagnons s’échangent quelques mots qui ne parviennent pas totalement à mes oreilles. Mais peu importe ; j’ai d’autres chats à fouetter, le grand Lloyd Barrel m’a de nouveau confié une mission !
          J’agresse de quelques coups rapides, tous contrés avec aisance par l’attirail varié de l’individu, ses quatre lames ! Ça ne sera définitivement pas aussi que prévu.

          Un petit bond en arrière me rapproche de mes compagnons, tous finalement très intrigués par ce nouvel arrivant.

          - On a tous vu ce qu’il s’est passé.
          - Où est-ce que tu veux en venir ?
          - Je voudrai pas tirer des conclusions hâtives, mais c’est fort possible que ce soit…

          - UN DEMON, C’EST UN DEMON !

          - TA GUEULE ! Répondent-ils tous en cœur, laissant valser leurs poings sur le crâne de l’individu étrange qui racontait n’importe quoi, et par ailleurs, qui semblait être ami avec l’autre saleté de borgne.


          Et alors que je me prépare à repartir à l’assaut, je sens un truc qui s’accroche à mon pied.

          Un Yskinolien fan de Lloyd Barrel !

          Haha, tout seul il fait tout de suite moins le malin. Accroché à ma chaussure, j’attrape la bestiole par la queue et profite de la voir se débattre, impuissante. Me préparant à la jeter, c’est là que l’illumination survient ! L’individu en orange que je me préparais à attaquer s’est figé et fixe un point dans ma direction… Plus précisément, il fixe exactement ce que j’ai dans la main.

          La main dans le sac ! Sur Zaun, y’a pleins de chats qui se baladaient dans les rues, et j’en ai déjà amadoué plus d’un ! Il suffit de leur montrer un truc qui les intéressent, et de rentrer dans leur jeu mesquin… Sauf que je suis le plus malin.

          Je remue la bestiole qui tente de se débattre de droite à gauche dans un mouvement léger alors qu’un gémissement sort de sa bouche. La tête de l’homme-chat suit les oscillations à la lettre.

          Sa convoitise est entre mes mains…

          Et là, je lance la bête qui se met à détaler à toute vitesse dans la direction opposée à la capuche orange, comme si son instinct lui avait fait ressentir le danger imminent. Et sans plus attendre, celui qui jusqu’à maintenant se battait fièrement contre moi se jette à sa poursuite. Seulement, bien trop lent sur ses deux pattes arrière, un phénomène des plus surprenants se produit.

          La créature rétrécit nettement et s’engage derrière sa proie à toute vitesse, prenant appuis sur ses quatre pattes !

          - Pas croyable !
          - Sans déconner ?
          - C’est forcément ça !
          - Rattrapez-le tout de suite !

          Galo et Vilvikiel fusent devant moi, alors que je reste amusé par la scène et me tourne vers Lloyd :

          - Haha, je savais que c’était un chat !
          - C’est bien plus que ça, abruti…
          - Hein ?
          - Ce n’est pas un chat, enfin pas seulement, cette chose a mangé un fruit du démon de type Zoan.

          Encore un fruit sacré ? Chez moi, les fruits c’était pas courant, mais ça donnait pas des supers pouvoirs. En tout cas, au vu d’à quel point le Grand Lloyd Barrel est intrigué par ce qui vient d’arriver, j’en déduis que ça ne peut pas être un évènement banal.


          Et hop, ils l’attrapent en pleine course, le chat était trop lent, mais il faut croire que c’était pire pour l’Yskinolien, héhé. Lorsqu’ils ramènent la bête jusqu’à nous, son butin est présenté sur le bout d’un de ses sabres, transpercé.

          Galo nous présente sa capture, qui semble assez déçue de son propre butin, faut dire que cet espèce de rat est vraiment dégoutant. Et quand tout le monde semble avoir son mot à dire, c’est le chat qui brise le silence en premier :


          - Miaaw…
          - Haha ! Il est marrant, si on l’appelait Miaouss ?
          - C’est pas un animal de compagnie ordinaire.
          - N’empêche qu’on peut lui donner un nom, et il a l’air de bien aimer dire « Miaou ».
          - Taisez-vous bande d’imbéciles…
          - Pardon… Soufflé-je, exécutant l’ordre de mon puissant capitaine.
          - Le Grand Lloyd Barrel va parler !
          - Ohhh…
          - Ecoute-moi bien sale bête, je te demande de divulguer ton identité à la magnifique et puissante personne que je suis sans plus attendre, ou ta sentence sera terrible !




          - Miew ?
          - Hahaha, il est vraiment marrant ce chat !

          Je gratouille légèrement le menton de l’animal qui se met à gentiment ronronner. Il est mignon le petit Miaouss.
          Seulement, Vilvikiel n’est pas de cet avis. Il attrape la bestiole des mains de Galo et l’écrase au sol, les mains oppressant son cou fragile.

          - Le capitaine Lloyd Barrel ne se répètera pas deux fois…
          - Miahahaww, te ne voudrais pas m’empêcher de répondre à sa question, alors lâche-moi.

          Vilvikiel affichant un sourire trouble retire son étreinte et Miaouss se relève sur ses deux pattes arrière tout en reprenant la taille qu’il utilisait pour me combattre, profitant de ses mains libres pour essuyer son manteau. Plus petit que nous tous, il arrive quand même facilement à mes hanches. C’est pas un chat ordinaire, ça j’en suis sûr !

          - Nyhahah, je vous salue grand Lloyd Barrel. Lance-t-il en faisant une petite courbette qui semble ravir Lloyd. Enfin un peu de respect. Je suis Milo, le chat le plus humain de ces mers, pour vous servir.
          - Je le savais que tu ne t’appelais pas Miaou ! Et tu comprends donc mon langage…

          Un petit moment de silence s’en suit, Lloyd scrute Miaouss… Ou plutôt Milo (je préférais Miaouss mais bon) et puis se gratte le menton, les yeux plissés. Tout le monde attend avec impatience sa réplique, et la voilà :

          - Et bien, Mille-eaux… J’ai décidé de t'épargner, dans ma grande mansuétude, à condition que tu nous rejoignes, nous, les Avalons, équipage du magnifique Lloyd Barrel, moi-même. Tu feras une parfaite mascotte !Et je suis certain que tes pouvoirs seront utiles à l’équipage (mais surtout à moi). Tiens, Epsen, tu t’en occuperas vu que t’as l’air de l’apprécier. Déclare-t-il avec son charisme phénoménal, se retournant pour scruter l’horizon, la cape au vent.

          Le chat reste muet, immobile sur ses deux pattes arrières un petit instant, il affiche finalement un petit sourire en coin. Et alors que je lui fais signe de la main pour qu’il se rende compte que c’est moi, Epsen, l’homme mature ici présent. Et il vient tout simplement se ranger à côté de moi, replaçant ses sabres dans leurs fourreaux, une petite mine triomphante sur le visage, comme si il réalisait quelque chose. Il faut dire que n’importe qui rêverait de faire partie de l’équipage de Grand Lloyd Barrel !

          - Et bien, mes humbles serviteurs, le destin nous a réunis pour qu’en ce jour tout comme les prochains, les Avalons triomphent ! Dirigeons nous dans cette grotte, à la recherche de ce fameux Monolithe et pillons cette île, car c’est notre droit le plus strict en tant qu’êtres supérieurs !
          - Ca.. Capitaine ?
          - Quoi encore ?
          - Et pour le géant dans le trou ?
          - Pfff, un géant ne pourrait jamais tenir debout là-dedans, imbécile…
          - Mon cher Epsen, comment un géant pourrait-il poser problème au grand homme que je suis ? Il suffit que je lui casse une jambe et il tombera de plus haut qu’un humain normal, haha !

          Incroyable, il avait tout prévu !

          - En avant toute !
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