"Tu vas répondre vermine ? Moi, le grand Lloyd Barrel t’ai demandé ton nom, réponds avant de subir ma colère ! Larbin en second, mets ce déchet en dehors de ma vue immédiatement !"
Cet Epsen, bien qu'il possède une intelligence supérieure à celle des autres déchets qui composaient son ancien équipage, étant donné qu'il a accepté de me servir et de m’obéir, est néanmoins bien moins brillant que je ne le suis, moi, le grand Lloyd Barrel... Et c'est bien normal ! Pourtant, j'aurais cru qu'il serait quand même capable d'exécuter une tache aussi simple que celle de retrouver ce bon à rien d'Yskino... Mais non. Force est de constater, qu'après avoir rencontré deux vieillards, un blessé de guerre et un lépreux, il doit effectivement être en train de me ramener chaque borgne de l'île, sauf celui à qui je veux particulièrement casser les dents. C'est ainsi que je me retrouve à devoir, malgré mon profond dégoût pour son physique de handicapé et ses cheveux gras, avec un type qui ne daigne même pas me donner son propre nom, en plus de me manquer de respect en déformant outrageusement le mien. Me massant les temps de la main droite, je me dis vraiment que j'imaginais ma première aventure Grand Line différemment d'une conversation avec un vagabond en guenilles dans l'unique taverne d'une île miteuse pendant qu'un jeune homme que je viens de recruter rumine dans son coin parce qu'on l'a traité de "gamin" et que ce salaud d'Yskino est en vadrouille je ne sais où, après avoir commis l'impardonnable délit d'avoir consommé plus de succulentes méduses que moi. Et, cerise sur le gâteau, comme pour en rajouter encore plus à cette pensée désagréable déjà trop longue, cette ville pourrie est infestée d'une sorte de petite bête que je ne connaissais pas (que j'avais décidé d'appeler Lloydien dans un premier temps, du fabuleux prénom de son exceptionnel découvreur : moi) et qui s'avère être un nuisible extrêmement hargneux en plus d'être terriblement moche qui s'attaque à tout ce qui bouge, respire ou fait semblant de se détendre (ce qui m'avait donc conduit, après rapide réflexion à renommer l'animal le Kanbélien, puis l'Yskinolien, ce qui sembl...
"Arena Spada !", s'écrie alors le démuni en remuant du bras, m'arrachant violemment de mes pensées comme s'il se réveillait soudainement d'une nuit de beuverie. Comment ça Arena Spada ? C'est vraiment un nom qui existe, ça ? C'est alors que je sens du sang couler le long de ma joue gauche... Entaillée. Qu... Quoi ? Me retournant, persuadé que quelqu'un à tenter de m'attaquer dans mon dos, j'aperçois alors le cadavre d'un Yskinolien (ou "ratop", dans le dialecte que parlent les indigènes vivant sur cette île) fraîchement transpercé par ce qui semble être du... Gravier ? Non, c'est plus fin que cela... Du sable ? C'est à ce moment précis que je me remémore la scène du borgne crasseux criant "Arena Spada !" en remuant la main. Et je me dis que "Arena Spada", ça ressemble trop à un nom de technique de héros pour ne pas en être un, ce qui soulèverait trois hypothèses. Premièrement, il aurait tué net l'Yskinolien qui était en train de me sauter dessus avec un... Jet de... Sable ? Et ce sans même que je ne voie son attaque partir, moi, le majestueux Lloyd Barrel ? Deuxièmement, cela signifierait qu'il s'agit d'un héros, soit un personnage secondaire important du futur livre qui sera écrit sur mon épopée, et donc qu'il faudrait que je détermine s'il est allié ou ennemi ? Troisièmement, et bien plus important... Cela voudrait dire que...
"Arena Spada n'est pas ton véritable nom ! Je le savais !"
Tous les regards dans la taverne sont désormais braqués vers nous, et sur le cadavre de l'Yskinolien. Si l'homme en haillons s'avère être un antagoniste de mon aventure, ce qui expliquerait pourquoi, dans la logique des histoires que me contait ma mère, il serait pour le moment (c'est à dire jusqu'à ce que je m'entraîne et ne découvre ma nouvelle capacité) plus rapide que moi, alors la taverne dans laquelle nous nous trouvons serait dévastée... Et ce n'est pas dans mon intérêt, car je n'ai toujours pas eu le temps, avec le défilé de tous ces borgnes, de goûter à cette fameuse spécialité locale appelée "tourtoratop", et qui ne peut franchement pas être bien mauvaise. Aussi, il serait plus judicieux de l'attirer à l'extérieur, si jamais les choses devaient tourner au vinaigre.
"Je ne sais pas qui tu es, mais une chose est sure : tu n'as pas l'air d'être aussi pouilleux que les péquenots qui habitent cette île, et qui commencent à me donner la nausée.", commencé-je en le fixant dans le blanc des yeux. D'une révérence, je me présente à lui : "Je suis le grand et majestueux Lloyd Barrel, capitaine pirate des Avalons... Et s'il y a une chose que je déteste par dessus tout, il s'agit du manque de respect. Alors dis moi ton nom, avant que je ne décide de t'inculquer les bonnes manières... En commençant par la forte."
"J'aimerais bien voir ça, blondinet.", me répond t-il alors, toujours nonchalant, en m'expirant sa fumée au visage. Le. Connard.
"Au vu de ce que tu as mis à cet Yskinolien..."
"Yskinolien ?"
"Oui, le "ratop", là."
"Ah, le rataupe."
"C'est ce que j'ai dit.", dis-je sans arrêter de le fixer une seule seconde. Je reprends : "Bref, tu sembles un peu savoir te battre. Mais un estropié ne pourrait égaler mon niveau donc crois-moi, tu ferais mieux d'arrêter de me provoquer si tu tiens à la vie..."
"Comme si tu étais capable ne serait-ce que de m'égratigner, blondinet.", répond t-il, en marquant bien l'accent sur sa pique. C'est là qu'une idée fantasmagorique, digne de mon intellect supérieur, germe dans mon esprit : pas capable de l'égratigner, hein ?
"Ça te dit un petit pari ?"
"Ça dépend sur quoi et ce qu'on parie, blondinet."
"Ah, enfin quelqu'un qui aime un peu s'amuser ! Eh bien... Je parie non seulement que toi tu ne serais pas "capable ne serait-ce que de m'égratigner", mais aussi que moi, le grand Lloyd Barrel, suis capable de t'en mettre une sans aucun souci... Simple, non ?"
"On ne peut plus simple. On parie quoi ?"
"Si tu perds, tu rejoins mon équipage."
"Haha. Vendu. Et si je gagne... On échange de fringues. Et tu te fais appeler Lloud Barrek jusqu'à la fin de tes jours."
Grand silence.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH ! LE SALAUD ! Et en plus, il esquisse une mine enjouée, sachant que je ne peux pas refuser, car ce serait indigne de ma condition de futur seigneur des pirates, ce serait montrer de la... Faiblesse ? Beuark. Rien que de penser à concéder quoi que ce soit à ce pouilleux, j'en ai la nausée. Devient t-on stupide et vicieux dès que l'on perd un œil, ou est-ce juste moi qui collectionne les estropiés plus stupides les uns que les autres ? Nos regards se croisent et nous savons alors tous les deux que l'enjeu est risqué... D'autant que nous sommes chacun certains que nos capacités démoniaques nous assureront la victoire... Sans se douter de celles de l'autre. Et si jamais il possédait le Haki de l'Armement, lui aussi ? Il parait bien plus âgé que moi, et doit donc avoir plus d'expérience... Sans compter qu'il semble également plus fort physiquement et plus rapide.
"Vendu ?"
"Vendu.", réponds-je immédiatement, nettement plus tendu qu'auparavant. Puis, je reprends la parole : "Et sinon, ton nom ?"
"Galowyr Dyrian."
"Ça ressemble encore moins à un nom qu'Arena Spada... Et c'est bien moins classe..."
"Un problème avec mon nom, futur Lloud Barrek ?"
"Lorsque tu seras dans mon équipage, je te ferai écrire mon nom cent fois avec ton crochet, l'estropié."
Un éclair se forme entre nos deux regards enflammés tandis que nous sortons de l'auberge, suivis par un Epsen qui semble avoir fait le plein de popcorn, et a même une planche en bois avec mon nom gravé dessus sous le bras.
"C'est quoi ça ?", demandé-je tandis que nous installons de part et d'autre d'une rue suffisamment large et déserte pour qu'elle fasse un lieu de combat convenable.
"Je l'ai fabriqué. C'est une pancarte pour vous supporter, ô grand et formidable Lloyd Barrel."
"Imbécile ! Le grand Lloyd Barrel n'a nul besoin d'encouragements. Je vais écraser ce borgne en un rien de temps !", lui réponds-je alors que ses yeux se transforment rapidement en deux billes remplies d'étoiles. Ah... Si seulement tout le monde (sauf moi, cela va de soi) pouvait être comme ce gamin... En un peu moins bête cependant.
"Hahaha ! Tu en es sûr, Berrak ? Hé gamin, tu devrais lui souhaiter bonne chance, il risque d'en avoir bien besoin !", dit alors Galowyr, qui a tout entendu, et lance une énième provocation à mon égard. Hmpf. L'imbécile. Ne sait-il donc pas que la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe que je suis ? Il reprend : "Bon, on s'y met, blondinet ? J'ai pas toute la journée."
"Quand tu veux, handicapé."
"Amène-toi."
Et ça, pas besoin de me le dire deux fois. D'un bond, je m'élance sur lui la tête en avant, pour le feinter, tout en étant prêt à chaque instant à déclencher le pouvoir de mon fruit. Car au vu de la façon dont il a massacré l'Yskinolien... J'ai la certitude que (pour le moment, bien entendu) ce type est (à peine, ça va de soi) plus fort et plus rapide que moi. C'est donc sans aucun problème qu'il va esquiver ce coup si facilement contrable, et tenter de m'attaquer à la nuque : c'est ce que je ferais, moi, le grand Lloyd Barrel, et c'est donc naturellement la meilleure stratégie pour laquelle un combattant pourrait opter. Pourtant, au fur et à mesure que mon poing se rapproche de son estomac, je ressens un sentiment pour le moins étrange, qu'un être tel que moi n'est pas censé ressentir... Le doute. Patokir (ou quel que soit son nom), n'a pas bougé d'un pouce depuis que j'ai lancé mon assaut. Émerge alors dans mon esprit une théorie que je n'avais pas envisagé... Peut-être... Peut-être qu'en fait il est super con. Et ça semble être la seule explication plausible... Sinon pourquoi ne se décalerait t-il pas ? Mon poing n'est pas lancé à pleine puissance, mais il a suffisamment de force pour certainement le blesser et me faire remporter le pari... Oh, et puis, après tout, s'il possède l'intelligence d'une palourde à marée basse, moi, le grand Lloyd Barrel ne peut pas lui en vouloir, il ne l'a sans doute pas choisi... Et surtout, je m'en fous complètement. Jusqu'au dernier moment, je m'attends à ce qu'utilisant sa vitesse il se décale et esquive mon coup. Mais... Non, et ce n'est que lorsque que mon poing entre en contact avec son ventre mou et granuleux que...
Hmmm ? Son ventre mou et granuleux ? Son ventre mou et granuleux ? Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Sous mes yeux ébahis, mon poing pénètre dans son ventre comme dans du beurre, le transperçant sans pour autant qu'il semble prendre des dégâts. Et de sa plaie s'écoule... Du sable ? Du sable. Bien sûr. Voila pourquoi il y avait du sable sur le cadavre de l'Yskinolien ! Il ne fait alors nul doute pour moi que Malorir (ou quelque chose dans le même genre) détient ce pouvoir d'un fruit du démon. Et si mon bras a pu littéralement le transpercer... Je déglutis. C'est qu'il a mangé un des légendaires logias, un des fruits surpuissants que j'aurais tant rêvé manger... Un des fruits qui donne autant de puissance qu'un dieu en aurait... Je remonte mon regard à sa hauteur, jusqu'à ce que nous nous fixions dans le blanc des yeux. Et là, il sourit en levant sa main au dessus de ma tête... Et l'abat. Pas bon du tout, ça. Immédiatement, j'active Armored Lloyd comme je m'étais préparé à le faire, et encaisse un coup très puissant qui m'envoie au sol, soulevant un épais nuage de poussière. Et puis je me relève, non sans classe, tout grand Lloyd Barrel que je suis, cheveux et cape adamantins au vent, comme si de rien n'était. C'est bien ce que je pensais : il ne fait absolument rien non plus, à condition que je conserve ma forme de diamant. Seulement, on ne risque pas d'aller bien loin dans ce combat, si aucun ne peut physique égratigner l'autre... En même temps... C'est peut-être pour ça que nous avons tous les deux accepté un tel pari. C'est ainsi que nous restons en face l'un de l'autre, sans trop savoir quoi faire, avec pour bruit de fond la mastication de maïs grillé et les encouragements d'Epsen.
"Fruit du sable ?"
"Fruit du diamant ?"
Et nous hochons tous les deux la tête, simultanément, avant de se gratter le menton, pensifs. Puis, après quelques secondes d'un silence assez inconfortable, je prends la parole :
"T'es un de ces fameux logias qu'on peut pas toucher ?"
"Ouaif'.", répond t-il en s'allumant une cigarette. Il expire deux ou trois taffes, puis reprend la parole : "Ton fruit à pas de faiblesse non plus ?"
"Bien sûr que non, après tout, c'est mon fruit, à moi, le grand Lloyd Barrel !"
"Alors je pense que le pari tombe à l'eau."
"On règle ça à pierre-feuille-ciseaux ou avec un quizz, sinon ? Allez, je vais te montrer, vil corniaud, à quel point je suis fantastique ! Mon larbin en second peut faire l'arbitre !"
"Comme si un crétin comme toi pouvait me battre à pierre-feuille-ciseaux..."
"Je vais t'humilier !", déclaré-je alors, encore bien plus confiant que pour le combat. L'imbécile... Sur Barrel Island, je suis le champion invaincu de cette discipline (et de toutes les autres aussi, ça va de soi), et ce grâce à une technique secrète invincible, encore plus puissante que mon fruit du démon et bien plus redoutée...
"Pierre..."
"Feuille..."
"Ciseaux !"
Grand silence alors que nos mains se font face. Il n'a pas l'air d'apprécier mon "attaque". Et pour cause...
"J'ai gagné. Le grand Lloyd Barrel déchire la feuille."
"Hein ? C'est quoi ce truc ?!"
"C'est le grand Lloyd Barrel. Ma botte secrète. Il prend les ciseaux, coupe la feuille et te jette la pierre. J'ai gagné.", me répété-je. Pfff... Il ne connait même pas les règles, en plus... Tout le monde sait que le grand et légendaire Lloyd Barrel est le coup ultime du pierre-feuille-ciseaux ! Tout le monde... Sauf lui. Et je suis obligé, personnellement, de lui expliquer un truc pareil. Sérieusement... Mais bon, j'ai gagné, tant pis pour lui, la vie est parfois injuste... Je reprends : "Tu dois donc rejoindre mon équipage."
"N'importe quoi ! C'était un pierre-feuille-ciseaux ! On n'a le droit qu'à la feuille, à la pierre, et aux ciseaux ! C'est trop facile d'inventer des signes !"
"Allons, n'aie pas honte d'avoir été si faible, mana..."
Il m'envoie une droite en plein visage que j'esquive à moitié... Seulement, étant encore sous Armored Lloyd, je ne sens absolument rien et décide de riposter en le frappant à la tête, me servant de mon élan, avec un coup de pied retourné. Et c'est alors qu'il reste une fois de plus de marbre que je peux observer les petits grains de sable reconstituer l'intégralité de son horrible faciès ravagé, allant même jusqu'à recréer sa cigarette à demi fumée.
"On ira pas loin, comme ça. T'es pas trop nul... Mais t'es trop pompeux à mon goût. Bref, moi je me casse."
"Pas trop nul ?! Tu te casses ?! Hors de question ! Reviens ici, ma splendide personne te l'ordonne ! Je te reprends quand tu veux à pierre-feuille-ciseaux, avec les règles que tu veux ! Le grand Lloyd Barrel n'a besoin d'aucun artifice ni stratagème pour t'écraser ! Il me faudrait même un lourd handicap pour qu'il y ait une once d'équilibre entre nos forces !"
"Pas intéressé. A plus, Barrek.", décline Sablowyr, me tournant les talons, retournant sans doute manger de la tourtoratop dans l'auberge. La bouche encore ouverte, je n'en crois pas mes yeux : ce roturier pouilleux et ensablé ose m'ignorer et décliner une revanche généreusement lancée par le grand Lloyd Barrel ? C'est un outrage qui ne peut rester impuni ! Sauf que ça va être dur de lui donner une bonne correction si aucun de mes coups ne le touche... Enfin, si aucun coup ne peut passer outre ses capacités de fruit du démon... C'est là que je réalise que justement, j'ai quelque chose pour "annuler" les pouvoirs démoniaques : le haki (le vrai, par contre) ! Presque aussitôt, un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres. Si tu crois pouvoir me tourner le dos et me manquer ainsi autant de respect, enfoiré de borgne... Tu te mets le doigt dans l'oeil, et le bon ! Et je m'élance sur lui, toujours complètement transformé en diamant, mon bras se noircissant progressivement de haki. N'esquive pas ce coup, vas-y, refais ton malin à jouer avec le feu, et brûle toi contre la puissance légendaire du grand Lloyd Barrel ! Cette fois, je sens que la victoire est proche...
Sauf que non, cette fois, il esquive au dernier moment, glissant comme une feuille sur l'eau à l'instant où mon attaque arrive, comme s'il avait des yeux derrière la tête (ce qui ne lui en ferrait quand même que trois en tout, à ce salaud de handicapé)... Et ce à ma grande stupéfaction. Je m'écrase au sol, éventrant la terre et démolissant ce qui était encore il y a quelques secondes une rue piétonne au charme rustique proche de zéro. Sortant de mon cratère encore fumant, mon bras étant redevenu translucide, je lui demande :
"Comment t'as fait pour esquiver ça ?"
"Mystère, mystère... ! L'énergie du monde et sa compréhension, ça te parle ?"
"Ah, du haki ? J'ai aussi quelque chose de ce genre là...", dis-je, comprenant que ce qu'il vient d'utiliser, au vu de ses propres, est sans aucun doute le Haki de l'Observation.
"Quoi ?! Tu possèdes le même pouvoir que moi ?", se raidit-il soudainement, comme surpris.
"Pas vraiment, j'ai le truc noir sur mon bras pour taper et deux yeux pour éviter.", réponds-je alors, amusé. Dans. Ta. Face.
Grand silence. Il se jette alors sur moi, le crochet en avant.
"Tu feras moins le malin lorsque je t'en aurai enlevé un à toi aussi, blondinet chétif !"
"Viens, estropié ! J'ai combattu et survécu au pas trop mauvais Mizukawa Sutero moi, sans avoir de fruit ni de haki ! Et par rapport à lui, tu frappes comme une fillette !", hurlé-je en retour en me mettant en garde haute, toujours en étant transformé en diamant de la tête aux pieds. Je m'apprête à parer le coup et à lui décocher une droite hakifiée, en espérant qu'il ne se serve pas de son haki pour esquiver ma contre-attaque... Car je ne suis pas sûr de pouvoir réitérer une telle frappe une troisième fois en si peu de temps, je manque cruellement d'entrainement... Mais je n'en ai pas besoin : parce qu'à l'annonce de ma phrase, il se stoppe net.
"Tu t'es fait casser la bouche pour Mizukawa, toi aussi ?"
"Toi aussi ?! Comment ça "Toi aussi ?" ? Et puis je l'ai super bien tenu..."
"Je l'ai rencontré au Cap des Jumeaux ! C'est donc un récidiviste !"
"Il a volé mon drapeau et mon rhum, et osé lever la main sur ma noble personne, en me disant que j'étais faible !"
"Il a détruit mon équipage ! Et il a dit aussi que j'étais faible !"
"Je veux le retrouver et le tuer ! Lui faire lentement la peau !"
"Moi aussi !"
Nous versons de chaudes larmes, pleurant l'un sur l'épaule de l'autre, solidaires de la souffrance que nous a tous les deux infligé le pirate manchot Mizukawa Sutero, sous les larmes d'émotions d'un Epsen qui vient très vite nous rejoindre. Avant de nous reprendre, nous éloignant de quelques mètres. Fort heureusement pour mon image de pirate légendaire et sans pitié, personne ne semble avoir vu cet épisode plutôt gênant.
"Hem.", toussoté-je dans ma main, levant les yeux au ciel.
"Euh... Ouais. Hem."
"Hem aussi alors !", dit alors à son tour Epsen. Sablaireau et moi nous tournons vers lui, les yeux plissés. Sa seule réponse est un air de "Ben quoi ?". Nous décidons alors de l'ignorer.
"Rejoins mon équipage, Galopin ! Deviens un de mes Avalons, et je peux t'assurer qu'avec moi, le grand et fantastique Lloyd Barrel, tu pourras te venger de cet infâme pirate manchot !"
"Il parle toujours comme ça ?"
"Comment ça, "comme ça" ?"
"Non, rien."
"Alors... ?"
"C'est pas comme si j'avais quelque chose de mieux à faire...", commence t-il. Il marque ensuite une pause, et reprend : "Allez, vendu."
"Je le savais... Il était impossible que tu refuses une invitation aussi prestigieuse et désirée !", lui dis-je. Je marque une pause, et reprends : "Je lui avais sommé de retrouver mon autre serviteur, un borgne assez désobéissant qui s'est soustrait à mon châtiment sur cette île. Son nom est Yskino, et il faudrait le retrouver."
"D'accord."
"Et sinon, cette île... C'est quoi exactement ? Et quel est ce dialecte étrange que parle les autochtones ?"
"L'île c'est Banaro, sur la deuxième voie. Et les gens qui habitent dans la ville troglodyte, les mineurs... Ben, il parlent notre langue, non ?"
"Ah bon ? Pourtant j..."
"VOUS !", hurle alors un homme blond, plutôt grand et habillé de vêtements raffinés, s'approchant de nous, visiblement assez courroucé.
"Qui est-ce, ô Capitaine ?"
"Comment le saurais-je ?"
"Ben... Vous êtes le grand et magnifique et formidable et prestigieux Lloyd Barrel, non ?"
"Bien évidemment ! Mais le grand Lloyd Barrel ne s'affaire pas à retenir les visages et les noms des personnages secondaires de sa grande épopée ! Donc même si je le savais, je l'oublierais volontaire... Pas besoin de m'embrouiller l'esprit avec des futilités."
"Oooooooh...", lâche un Epsen bouche bée, visiblement impressionné par le plus simple de mes nombreux talents.
"Il était à l'auberge en même temps que nous. Il gueulait mais personne lui répondait.", commence le borgne (mais le sympa), pensif. Puis il ajoute : "En fait, je suis presque sur de l'avoir déjà croisé dans les rues, il doit faire le tour de la ville ou un truc comme ça..."
"Un admirateur, alors, sans doute !", soupiré-je alors, en commençant à aller à sa rencontre. Je reprends, élevant le ton pour qu'il m'entende : "Ne t'en fais pas, tu auras un autographe !"
"Un autographe... ?"
"Oui, de moi, le fabuleux capitaine Lloyd Barrel !"
"Ça ne m'intéresse pas. Je cherche ceux qui sont responsables du massacre sur le navire abandonné dans la baie à l'ouest. Et vu ce que vous avez infligé au rataupe...", dit alors l'inconnu. C'est un marine en civil ? Instinctivement, j'affiche un sourire triomphant sur mon visage. Voila qui est bon pour ma réputation ! Seulement, contre toute attente... Je décide de me raviser : on n'est plus sur North Blue, on est sur Grandline et il faut l'avouer, même si ça me fait mal (enfin)... Je ne suis pas encore assez fort, et dois profiter de chaque île pour m’entraîner et progresser. En clair, je ne peux pas me permettre (enfin si, vu que je suis le grand Lloyd Barrel, mais je choisis de ne pas le faire) de me faire courir après par la marine dès que j'arrive sur une île. Aussi, j'accuse la première personne que je vois.
"C'est lui.", dis-je alors en pointant Epsen du doigt. Héhé, au moins, ça lui fera une bonne première expérience de la vie de pira...
"Je voulais te féliciter. C'était un travail magnifique !"
"Ah... Ben... Merci alors !"
Wait... What ?
"Les marques de sabre étaient parfaites, les éclaboussures de sang artistiques, l'atmosphère était chargé de meurtre ! C'était inouï ! Fabuleux !, s'exclame alors le jeune homme, un grand sourire aux lèvres. Chouette, un psychopathe... Ça me manquait depuis le Cap des Jumeaux... Ceci dit, au moins, je sais que c'est un pirate et pas un gouvernemental. Ou alors... La "justice" est tombée bien bas...
"Ah... Ben... Merci alors !", répète un Epsen particulièrement fier d'avoir un admirateur.
"Hé. T'es qui, toi ?"
"C'est qui lui ?", demande alors le blond à Epsen, m'ignorant complètement... Et m'excédant au plus haut point. Je me rapproche de lui.
"Sache que tu es en présence du magnifique, du mythique, du grand Lloyd Barrel, vagabond en haillons ! Montre moi un peu plus de respect, si tu ne veux pas subir le même sort que les types sur le bateau..."
"Lloyd Barrel... ? Déjà entendu parler. Un capitaine pirate, c'est ça ?"
"Pas exactement..."
"Hm ?"
"Le capitaine pirate. Le capitaine des Avalons, l'équipage qui dominera un jour ces mers ! Un équipage composé d'êtres supérieurs sous mon commandement, dont le seul but est de m'accompagner dans ma quête de devenir seigneur des pirates !", précisé-je en accentuant délibérément mon premier mot. La cape au vent, l'air triomphant, rien ne semble pouvoir m'arrêter. Rien ne semble non plus pouvoir arrêter son poing qui fuse vers ma tête, d'ailleurs. Hmmm ? Hein ?! Son poing ?! Un Harden Head me sauve in extremis d'une mort certaine tandis qu'il m'envoie valser quelques mètres plus loin, sans une égratignure. Seulement, même si je ne suis pas blessé, je peux sentir à quel point il est fort. C'est comme... Ga... Lo... Galowyr ! C'est comme Galowyr : ils ne peuvent pas entailler ma cuirasse, mais sont tout de même bien plus forts que moi (du moins pour le moment)... Est-ce donc ça le niveau de Grandline ? Est-ce normal qu'il y ait un tel gouffre entre eux et les pirates de North Blue, qui étaient tous sans intérêt aucun ? Et je pense (donc c'est cela, vu que je ne peux me tromper), que la réponse est oui. C'est on ne peut plus normal : voila ce qu'est Grandline, la mer maudite qu'un seul homme a réussi à traverser. Voila la mer que bientôt j'aurai à mes pieds. Me relevant dans un nuage de poussière après l'attaque de l'inconnu, j'époussette mes vêtements tandis que mon crâne reprend sa consistance normale. Je prends alors la parole :
"T'as de la force. Mais pas assez pour me blesser."
"Crois-moi, Lloyd Barrel, si j'avais voulu te blesser, je l'aurais fait... Je voulais simplement vérifier si ce que tu racontais c'était du vent ou pas... Simple curiosité scientifique...", explique t-il en haussant les épaules. Et le pire... C'est que c'en est presque crédible. Je peux sentir qu'il n'a pas tout donné, qu'il n'a encore rien montré de son pouvoir, comme Galowyr. Je me raidis, et un frisson d'excitation grimpe le long de ma colonne vertébrale.
"C'est quoi ton nom ?"
"Ylvikel Strauer.", répond t-il calmement. Et là, ça fait "tilt" dans mon esprit. Strauer ? Comme... ? Oui, ça expliquerait sa dégaine et son style vestimentaire...
"Tu as un lien avec la famille Strauer de Kage Berg, sur West Blue ?", demandé-je alors, un peu au hasard, me souvenant d'une affaire qui avait préoccupé mon père pendant assez longtemps, et qui concernait un noble (fils d'un ex-partenaire commercial) parti pirater et dont le nom pourrait bien être Strauer...
"Comment tu sais ça, toi ?", se braque t-il alors soudainement, dégainant des sortes de petits couteaux très fins. Immédiatement, je réagis en me recouvrant entièrement de diamant grâce à Armored Lloyd.
"Je suis le fils héritier d'Abraham Barrel, de Barrel Island sur North Blue. On est assez connus, surtout moi puisque je suis le grand Lloyd Barrel ! Et dans le milieu des affaires, j'ai des relations. Enfin, j'avais...", commencé-je à m'expliquer... M'expliquer... ? Au fur et à mesure que je parle, ce concept, pour quelqu'un comme moi, me semble de plus absurde, et ne me dit absolument pas pourquoi je raconte ça à un type pareil. Il est alors logiquement l'heure d'envoyer un monologue classe des plus efficaces. Je reprends donc la parole, et... : "Et puis, j'ai quitté mon île pour prouver au monde que je suis le meilleur, le futur seigneur des pirates. D'où ma présence ici. Maintenant, range ces couteaux avant que je ne décide de t'éclater. Depuis que je suis sur Grandline, je n'ai absolument plus peur de me lâcher et d'exploser. Le frisson de me battre, le plaisir de laisser une marque indélébile partout où je passe, moi, le grand Lloyd Barrel... Ce sont des sentiments que je ne peux plus refréner. Et je ne me laisserai pas marcher sur les pieds ou insulter. Alors, je le répète une dernière fois : range tes armes ou il y aura du sang..."
"Tu comptes faire pareil dans cette ville que sur le bateau ?"
"Si ça peut permettre au monde entier de reconnaître ma puissance... Oui."
Ylvikel range ses couteaux, tandis qu'un large sourire se dessine sur ses lèvres.
"Alors Banaro sera ton oeuvre, et j'y apporterai mon coup de pinceau.", répond t-il soudainement, en faisant une révérence. Et là, il faut l'avouer, je suis quand même surpris : en à peine quelques heures, le nombre de membres de mon équipage vient drastiquement d'augmenter, comme si notre rencontre sur Banaro est le fruit du destin... Ou que les pirates de Grandline sont juste moins stupides et bornés que leurs homologues des Blues et savent à quel point je suis grandiose...
"Tu es avec moi, Ylvikel Strauer ?"
"Euh... C'est ce que je viens de dire, oui..."
"Hahahaha ! Parfait ! Galowyr, Ylvikel, bienvenue dans l'équipage du grand, fabuleux et légendaire Lloyd Barrel, futur seigneur des pirates et roi de ce monde !", m'écrié-je vers eux, à bras grand ouverts. Je reprends : "Vous semblez être la depuis pas mal de temps sur l'île, vu l'état de vos habits..."
"Quoi, qu'est-ce qu'ils ont mes habits ?"
"... Bref, je veux un rapport détaillé de la situation sur l'île, afin que je puisse élaborer un plan génial visant à faire exploser ma popularité !", continué-je. Mais ce n'était pour l'instant pas le plus important. Je conclus : "Mais pour l'heure, il faut retrouver mon cinquième serviteur ! C'est un borgne du nom d'Yskino, le stratège de l'équipage que je dois frapper à cause d'une sombre histoire de méduse... Bref, ramen..."
Ramen ? Pourquoi dis-je une chose pareille ? Ah, oui, sans doute à cause du projectile que je viens de me prendre en pleine torse, et qui m'a coupé dans mon élan. Etant encore, depuis toute à l'heure, sous Armored Lloyd, le choc ne me blesse pas... Seulement, le "projectile" en question, une sorte de gros tonneau, ne peut pas en dire autant : il s'explose en arrivant à mon contact, répandant son contenu (une sorte de liquide violet tout poisseux) sur moi, pourrissant littéralement mes beaux habits et me mettant dans un état de colère extrême. Mais que vient t-il de se passer ? Pourquoi moi, le fabuleux, l'extraordinaire Lloyd Barrel, suis-je attaqué par un tonneau ? Qu'est-ce que j'ai bien pu lui faire ? Et c'est alors que je le vois au loin, exécutant une simili danse de la joie et riant aux éclats... Yskino.
"J'arrive pas à croire que le coup de la catapulte ait marché !", l'entends-je dire entre deux pouffes de rire.
"Yskinooooo ! Ce n'est pas un simple tonneau qui pourra m'empêcher de de châtier !", hurlé-je, brandissant mon poing en l'air, étant redevenu normal, et tentant de dégager l'affreuse mixture qui commence à imbiber ma superbe cape. Je reprends, en m'adressant au trois qui m'entourent : "C'est lui ! Ramenez moi le ! Et sans l’abîmer ! En formation de combaaaat !"
Et c'est ainsi qu'ils s'élancent, Epsen, Galowyr (en traînant un peu la patte, cependant, sans doute encore dégoûté d'avoir perdu à pierre-feuille-ciseaux) et Ylvikel, à la poursuite de ce salaud de borgne, tandis que je tente toujours de nettoyer mes vêtements. C'est à ce moment précis ou je fais tomber mon gant gauche que je remarque je ne suis plus tout seul, mais littéralement entouré de... De ces sales bêtes d'Yskinoliens. Mais qu'est-ce qu'ils font tous là ? Oh, c'est sans doute sans importance, ils doivent vouloir jouer avec le grand Lloyd Barrel, tout simplement... Mais moi, j'ai d'autres rats-taupes-chats-chiens-larbins à fouetter. Et je pars en courant à mon tour, à la poursuite du cortège, suivi par une horde de ces immondes bestioles qui semble grandir de seconde en seconde...