Le moins que l’on puisse dire, c’est que le voyage s’était déroulé dans une atmosphère parfaitement merdique. Entre les gémissements maladifs, parfois agonisants, de la cargaison du Pride, et les sifflements rauques de Bikaros qui faisait sauter un battement au cœur de Baeteman à chaque fois qu’ils se croisaient au détour des entrailles du navire, l’ambiance s’assombrissait chaque jour. Et tout ça, sans même compter la découverte des pouvoirs du fruit du vieil alcoolique, qui ne semblait rien prendre au sérieux dans cette affaire. Il errait entre les deux bateaux, et chaque fois qu’il était soûl, c’est-à-dire du matin au soir, il ne contrôlait plus rien ; on ne savait jamais vraiment à quel moment il se transformerait en énorme buffle au milieu de la cale ou du pont. Il lui arrivait même de se métamorphoser en plein milieu d’une phrase, comme ça, ce qui avait pour effet d’effrayer encore un peu plus les esclaves en soute, alertés par les hurlements bestiaux de l’ivrogne.
Tournebroche quant à lui, passait le plus clair de son temps à taper dans les réserves de vivres du Pride et à étudier les morceaux de carte déjà récupérés, dans l’espoir de faire la lumière sur les énigmes à venir. Il s’enfermait parfois durant des heures dans la cabine du capitaine, une bouteille de gnôle et un jambon demi-sel sous le bras, et on ne l’entendait plus. Une fois seulement, l’alcool avait dû prendre le pas sur ses nerfs, et un tabouret avait traversé la fenêtre de poupe pour venir s’abimer dans l’océan, accompagné d’un flot d’injures fleuri.
Baeteman avait trouvé refuge au poste de vigie. Il s’était quelque peu remis de ses blessures, malgré une légère fièvre qui l’avait rendu aigri et désagréable durant quelques jours. Désormais il allait mieux, et il tentait de faire abstraction de la morosité ambiante, caressé par la brise marine et chauffé par le soleil des Blues. Il avait même ressorti sa flute et avait joué quelques notes en début d’après-midi ; cependant la pensée des dizaines d’esclaves entassés à fond de cale, quelques mètres sous lui, avait coupé court à l’interprétation. Il était occupé à fourbir ses armes et ses gadgets lorsque la montagne se dévoila à ses yeux. Il n’annonça pas tout de suite la nouvelle à ses camarades, et attendit que le spectacle se précise, afin que tous puissent le contempler.
Reverse Mountain.
A la fois le rêve et le cauchemar de tous les marins et forbans de ce monde ; que d’immenses richesses cachées derrière ce gigantesque mur ocre ! Mais les espérances de fortune firent la perte de nombreux équipages, pas assez préparés pour affronter les incommensurables difficultés qui s’opposent à l’imprudent qui ose franchir cette frontière sans en avoir mesuré les conséquences. Qui savait quelle fortune et quels redoutables ennemis se dissimulaient sur les îles de Grand Line ? L’aventure avec un grand A, voilà bien quel genre de voyage Nikolas espérait entreprendre en traversant cette frontière ; il espérait juste ne pas avoir surestimé sa force, ou celle de ses compagnons… Enfin, il cria d’une voix claire :
"TERRE ! REVERSE MOUNTAIN EST EN VUE !"
Scab, qui dormait à moitié sur un baril en se dorant la pilule, s’éveilla en sursaut à ces mots, et se précipita vers la proue pour mieux admirer la Grande Montagne. Balior remonta de la cale, se frottant les yeux rougis par la gueule de bois, et éclata d’un rire franc à la vue de leur objectif, à portée de main. Bikaros se contenta d’un regard, presque dédaigneux. Mais les trois Grognards ne pouvaient alors pas décrocher leurs yeux du spectacle, qui marquerait leur entrée dans l’Histoire, si la Providence le voulait bien.
Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que Niko remarqua la petite forme sombre au pied de la montagne, placée en retrait pour éviter l’attrait du courant ascendant. Si d’ici, elle paraissait minuscule, elle s’agrandissait de seconde en seconde, et le musicien ne doutait pas une seule seconde que ce navire dépassait en taille le Pride. Il s’agissait certainement du Hollandais Voleur, attendant sa cargaison d’esclaves. Pour autant, les Grognards ne comptaient pas vraiment négocier ; ce navire constituait visiblement leur ticket d’entrée pour Grand Line, et la clé vers un autre morceau de carte. Les choses sérieuses reprenaient ; enfin.
Tournebroche quant à lui, passait le plus clair de son temps à taper dans les réserves de vivres du Pride et à étudier les morceaux de carte déjà récupérés, dans l’espoir de faire la lumière sur les énigmes à venir. Il s’enfermait parfois durant des heures dans la cabine du capitaine, une bouteille de gnôle et un jambon demi-sel sous le bras, et on ne l’entendait plus. Une fois seulement, l’alcool avait dû prendre le pas sur ses nerfs, et un tabouret avait traversé la fenêtre de poupe pour venir s’abimer dans l’océan, accompagné d’un flot d’injures fleuri.
Baeteman avait trouvé refuge au poste de vigie. Il s’était quelque peu remis de ses blessures, malgré une légère fièvre qui l’avait rendu aigri et désagréable durant quelques jours. Désormais il allait mieux, et il tentait de faire abstraction de la morosité ambiante, caressé par la brise marine et chauffé par le soleil des Blues. Il avait même ressorti sa flute et avait joué quelques notes en début d’après-midi ; cependant la pensée des dizaines d’esclaves entassés à fond de cale, quelques mètres sous lui, avait coupé court à l’interprétation. Il était occupé à fourbir ses armes et ses gadgets lorsque la montagne se dévoila à ses yeux. Il n’annonça pas tout de suite la nouvelle à ses camarades, et attendit que le spectacle se précise, afin que tous puissent le contempler.
Reverse Mountain.
A la fois le rêve et le cauchemar de tous les marins et forbans de ce monde ; que d’immenses richesses cachées derrière ce gigantesque mur ocre ! Mais les espérances de fortune firent la perte de nombreux équipages, pas assez préparés pour affronter les incommensurables difficultés qui s’opposent à l’imprudent qui ose franchir cette frontière sans en avoir mesuré les conséquences. Qui savait quelle fortune et quels redoutables ennemis se dissimulaient sur les îles de Grand Line ? L’aventure avec un grand A, voilà bien quel genre de voyage Nikolas espérait entreprendre en traversant cette frontière ; il espérait juste ne pas avoir surestimé sa force, ou celle de ses compagnons… Enfin, il cria d’une voix claire :
"TERRE ! REVERSE MOUNTAIN EST EN VUE !"
Scab, qui dormait à moitié sur un baril en se dorant la pilule, s’éveilla en sursaut à ces mots, et se précipita vers la proue pour mieux admirer la Grande Montagne. Balior remonta de la cale, se frottant les yeux rougis par la gueule de bois, et éclata d’un rire franc à la vue de leur objectif, à portée de main. Bikaros se contenta d’un regard, presque dédaigneux. Mais les trois Grognards ne pouvaient alors pas décrocher leurs yeux du spectacle, qui marquerait leur entrée dans l’Histoire, si la Providence le voulait bien.
Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que Niko remarqua la petite forme sombre au pied de la montagne, placée en retrait pour éviter l’attrait du courant ascendant. Si d’ici, elle paraissait minuscule, elle s’agrandissait de seconde en seconde, et le musicien ne doutait pas une seule seconde que ce navire dépassait en taille le Pride. Il s’agissait certainement du Hollandais Voleur, attendant sa cargaison d’esclaves. Pour autant, les Grognards ne comptaient pas vraiment négocier ; ce navire constituait visiblement leur ticket d’entrée pour Grand Line, et la clé vers un autre morceau de carte. Les choses sérieuses reprenaient ; enfin.