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[FB 1625 ] J'aime l'odeur de la poudre et de l'huile de coude au petit matin

C'est le grand jour, enfin oui et non. Cela fait maintenant quelque temps que l'on se préparent à cette journée très particulière alors que le léviathan est depuis peu à Navarone, je suis les ordres du maître de la sainte barbe et avec les autres matelots, on sait qu'il va bientôt être temps de le faire. Quoi ? C'est évident non ? Les préparatifs sont finis, le matériel plus que tester, il va être temps de monter la deuxième moitié des canons. Pour ce qui est du canon de proue, le canon pacifista , ce n'est absolument pas notre domaine ce genre de technologie et il y a fort à parier qu'on laisse l'honneur de l'installer à madame Jacobs quand elle en sentira le besoin. S'il y a bien une personne qui sait à quel point il vaut mieux laisser les prototypes aux ingénieurs, c'est bien moi. Il me suffit de regarder le bandage qui recouvre mon bras droit de l'épaule au poignet pour me rappeler à quel point l'orgueil peut littéralement sauter à la figure des gens. Bien évidemment, je n'ai pas encore parlé de cela à qui que ce soit, si ce n'est le personnel médical du Léviathan, dont le secret médical assure la totale discrétion. Mon supérieur direct vient nous saluer alors qu'ils sont en rang et que je suis à peine deux pas plus proche et tournée de côté. Comme tous les matins et que j'ai effectué la revue des troupes pour m'assurer qu'il ne manque personne dans notre secteur.

"Repos marin !"

Comme le cérémonial habituel, le stipule, je retourne dans les rangs et salue à nouveau le maître de la sainte barbe. Il m'adresse un regard interrogatif en fixant mon bras un très court instant. Je réponds à cela par un bref hochement de la tête, il préfère s'assurer que je suis au mieux de ma forme pour un jour aussi particulier et je lui indique que c'est le cas. Rester des semaines à l'infirmerie à était déjà suffisamment humiliant, je ne veux pas laisser les autres faire tout le boulot pendant que je me repose. Sans parler des membres du personnel médical qui n'en pouvaient plus de devoir refaire régulièrement mes pansements parce que je ne supporte pas la vue de saleté sur moi, j'ai bien le droit non ! Aujourd'hui encore, le ciel semble clément et la météo semble douce, nous n'avons pas reçu de contre indication des personnes qui surveille cela donc tout va bien. Bien évidemment, il ne faut jamais perdre sa vigilance, mais pour le coup, c'est une bonne nouvelle.

"Lieutenant Yanagiba, je vous laisse faire le briefing, je vais voir nos supérieurs pour m'assurer que tout se déroule sans accroc."

Nous le saluons alors qu'il s'éloigne, puis je vais devant eux, et respire un bon coup avant de prendre la parole.

"Je ne vais pas y aller par quatre chemins, aujourd'hui, c'est le grand jour ! La consécration de plusieurs mois de préparation et d'entrainement longs et répétitifs. Je n'ai pas besoin de vous rappeler l'importance de suivre les instructions à la lettre, en cas de problème, nous serons là pour vous guider."

Alors que j'entonne mon petit discours, je marche et les scrute du regard, faisant des petits aller-retour. Je trépigne d'impatience, au moins autant qu'eux si ce n'est plus.

"Mais, il n'y aura pas de problème n'est-ce pas !?"
"Lieutenant non lieutenant !"
"Alors, on se retrousse les manches et on fait un travail digne de notre équipage, digne des Rhino Storm ! J'espère pour vous que vous êtes près, car il est temps de montrer à ceux d'en haut à quel point ils peuvent compter sur nous, sur leur seconde famille, pour faire un travail du feu de dieu. Tous avec moi !"
"Rhino Storm !"
"Plus fort !"
"Rhino Storm !"

C'est alors que la fourmilière, le fond du Léviathan attend patiemment. Une chose, il n'y a besoin que du feu vert de nos supérieurs et alors la machine se mettra en mouvement. En attendant, maintenant que j'ai vu tous les petits défauts dans leurs uniformes, je m'approche pour les rentre plus impeccable qu'ils ne le sont déjà. Au début, ils étaient gênés et s'offusquer de ma manie de remettre droit tout ce qui bouge et eux comprit, mais à force ils ont fini par se lasser de grogner pour rien et se laissent plus ou moins faire avec des regards amusés. Pour ce qui est de mes quintuplés infernaux ? Je leur ai bien fait comprendre qu'a la moindre bavure aujourd'hui, il rencontrerait madame paille de fer, bizarrement, ils ont préféré partir visiter la base plus vite que leurs ombres.
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Lieutenante Yanagiba ?

J'appellai sans certitude, sans savoir exactement ce que j'allai trouver au milieu de cette masse d'hommes aglutinés. Un peu avant, je cherchais de l'oeil ce qui les mettait tant en joie, la petite voix qui éveillait en eux un instinct mordant. Et c'était elle. La jeune femme pour qui j'étais ici, dans les entrailles du navire. J'avais manqué de me perdre une bonne dizaine de fois avant d'arriver et de retrouver ma route, déboulant à chaque fois dans des pièces plus farfelues les unes que les autres. Mais finalement, j'étais à bon port...

Je vous cherchais. J'ai dit à votre supérieur que je ne voulais qu'une petite équipe pour superviser les aménagements du Léviathan et la réparation des canons. Il m'a tout de suite orienté vers vous.

Je m'avançai d'un pas lent, tenant ma caisse à outils dans une main, l'autre dans la poche de mon jean déchiré. Mon interlocuteur de tantôt m'avait prévenu que j'aurais à faire à une jeune fille parfois un peu compliqué, pour qui la propreté importait énormément. Il m'avait souligné ces faits en voyant ma tenue négligée, mes cheveux plein de cambouis, mon T-shirt sali, mon pantalon troué, mes chaussures boueuses, en ajoutant que je risquai de faire très forte impression dans ces circonstances. C'était avec un sourire amusé que je me pointais devant elle donc, essuyant à l'aide d'un torchon sur mon épaule les traces de graisse sur mes mains...

Et vous n'êtes pas simple à trouver, vous savez vous faire discrète.

Et cette main dégraissée, je la lui tendis pour la saluer comme mon égal :

Je suis l'ingénieure générale du Léviathan, en poste depuis pas forcément très longtemps. Lilou Jacob. Que dites vous de faire d'abord un état des lieux pour voir dans un premier temps le besoin et l'importance des travaux, et ensuite affilié des équipes d'ingénieur et de mécaniciens à chaque canon ?

Sans attendre tout de suite une réponse, j'enchainai sur le ton de la conversation :

Vous êtes ici depuis longtemps il parait... Pourtant, je ne vous ai, je crois, jamais vu. C'est curieux, non ?


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 28 Fév 2014 - 18:38, édité 1 fois
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Et bien si ont peu dire une chose de mademoiselle Jacob, c'est qu'elle est pile à l'heure, ni avant, ni après. Bon, il n'y a pas réellement de rendez-vous, mais tout de même, c'est un effort honorable surtout pour une personne qui n'est pas habituée aux entrailles du Léviathan et... Par la barbe de Pludbus, c'est quoi ce foutoir ?! Je veux bien être gentille, être tolérante et tout ce qu'il faut pour être officier subalterne, mais NON ! J'ai l'impression de regarder une de mes pires personnifications de cauchemars, même Jekyll ne me fera plus jamais autant peur que ce... Truc ! Bon, il faut répondre, elle me demande si c'est moi, non, je veux que ce soit quelqu'un d'autre ! Dans ce genre de cas, la phrase préférée de mon oncle, ma générosité n'est pas bénévole... Non aucun rapport, enfin bref, réponse et au trot.

"La douche la plus proche se trouve à exactement 46 mètres dans cette direction, troisièmes portes à droite en haut de l'escalier."

Je pointe machinalement une direction, la voix tressautant et avec de la sueur froide qui apparait sur mon front. Les hommes derrière ne pipent pas un mot, mais ils savent exactement pourquoi je réagis comme cela et ne veulent pas être entre deux feux, j'imagine. En fait, venir me voir dans cette tenue, c'est presque directement une déclaration de guerre qu'elle me fait !

"Je voulais dire, oui, c'est moi madame."

Tout doucement, tel l'indigène paniquer devant un grand prédateur ma main va discrètement et sans gestes brusques vers un petit sachet que j'ai dans une poche. Une arme ? Et puis quoi encore ? Non, j'ai toujours une brosse propre, je vais la frotter jusqu'a que sa peau propre, brillante et lisse mouahaha... Je respire fort, reprend mon calme, il faut que je reste calme surtout ce n'est pas un jour comme les autres, je ne veux pas le gâcher. Suite à un petit exercice de respiration, je retrouve mon demi-sourire poli de circonstance bien que j'aie encore la main droite qui tressaute. Ainsi, elle m'avertit que nous avons le feu vert et que c'est malheureusement elle que nous allons devoir soutenir, par toutes les forces et les courants marins du monde, pourquoi a t'il fallut que cela tombe sur une souillon !

"À vos ordres madame."

Bravo ! Des réponses claires et concises, ne pas sortir du rapport strict entre supérieur et subordonnée et tout devrait glisser comme sur du savon noir. Elle avance... J'ai peur ! Si seulement il y avait une bonne grosse pluie, oui lavez-la ! Non... Respiration, calme, technique de respiration apprise avec l'un de mes supérieurs pour apprendre à gérer mon stress, très bien, c'est mieux. Elle me dit alors que je suis discrète, dans un cadre normal, j'aurais rétorqué que c'était mieux, que cela voulait dire que je n'ai pas fait suffisamment d'erreurs pour mériter une quelconque attention de leur part, mais là ! N'approche pas plus sorcière ! Savonnette qui s'en dédie, tous ces détails sont infâmes ! Ah, Cher Monsieur Propre ou êtes vous en ce jour funeste.

"C'est mieux ainsi ?"

Et c'est alors que je cauchemars avance, elle tend une main qui est encre vaguement graisseuse. Elle ne pense pas sérieusement que je vais la lui serrer, j'espère ? J'ai l'envie soudaine qu'on m'arrache mes mains pour ne pas avoir à le faire ! Enfin non, il y aurait du sang et c'est encore plus sale. J'envoie un regard de détresse à mes subordonnés, je me sens subitement seule alors qu'ils m'encouragent à le faire plus ou moins discrètement. L'un d'eux profite de ma main dans le dos pour y déposer délicatement ma paire de gants blancs. Tu es génial ! Heu... Si ce n'est pas Josef, après, c'est Sarah... Premier rang à droite ? William ! Tu es génial William ! Alors qu'elle se présente, j'enfile ma paire de gants, rempare entre moi et les monstres de saletés et lui sert la main non sans tremblement et un regard nerveux.

Heureusement que j'ai réussi avec le temps et l'aide de mes hommes à dissocier la saleté sur moi et celle sur mes vêtements, enfin ce ne sera qu'une énième paire de gants qui ira droit à l'incinérateur.. Enfin, cela serait vrai si ce n'était pas la paire de gants. J'accepte toutes ses propositions sans réfléchir, je suis trop occupé à faire le deuil mental de mes gants préférés, ceux que j'ai reçus juste après ma dernière promotion. Le fait de ne m'avoir jamais croisé ? Dans un sens, j'en suis ravie si vous êtes toujours aussi dégueulasse, madame ! Mais ce n'est pas le sujet. Bon, je vais vous répondre, peut-être que si je place discrètement l'idée d'un bon bain, elle y pensera. Soyons subtils, soyons délicats !

"C'est parce que vous n'avez jamais eu à me passer un savon et je n'aime pas me faire mousser. Enfin, on me dit aimable comme une porte d'hôpital donc et vu que je suis souvent dans ma bulle. Sans parler de long passage à l'infirmerie à cause d'un certain accident, mais maintenant je suis propre comme un sou neuf."

Une porte de prison malheureuse, aimable comme une porte de prison ! Zut, elle va certainement comprendre, enfin bien trop par rapport à ce que j'espérer. Oh et puis zut, je ne suis pas gentille, je ne suis pas aimable et je ne suis pas subtile et ce n'est pas pour ça que je suis payée ! Si elle n'était pas ma supérieure, je l'aurais déjà fait jeter droit dans une bassine où je la frotterai délicatement de partout pour virer toutes ces horreurs. Non, je ne frotte pas fort, sinon ça en vient au sang et comme vous le savez, cette chose rouge est, à proprement parler, complètement sale ! Oh et puis tant pis, quitte à devoir manquer de délicatesse autant le dire honnêtement, peu importe qu'elle comprenne, au moins ça sera fait.

"Veuillez excuser mon comportement et malgré tout le respect que je vous dois, je préfère être franche avec vous. Je ne supporte pas la saleté et votre tenue me rend extrêmement nerveuse, je ne vous obligerai pas à faire un brin de toilette cela serait déplacé de ma part, mais j'espère que vous comprendrez que dans le cas présent, je préférerais garder une distance raisonnable entre nous deux."

Bon voilà, c'est fait. Je retire le gant souillé avec l'autre et les roule de sorte à ne pas pouvoir être en contact avec la surface graisseuse. Puis l'un de nos hommes par habitude tend un des petits sacs en toile réservé aux choses qui iront droit à l'incinérateur plus tard.
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Hé bien...

Je ne m'étais jamais sentie aussi sale de ma vie. Avoir les ongles noircis, les vêtements empestant l'huile sans être sales. Mais là, je sortais d'une réparation express d'un moteur et je n'avais pas pris la peine de barboter dans un bain pour rendre visite à mes subordonnés. Grand mal m'en avait pris, apparemment. Regard interloqué comme toute réponse, muette a ces derniers propos, je sentis néanmoins monter en moi une vague de sarcasmes que j'allai avoir du mal à réprimer... Il y avait tellement de choses sur lesquelles rire et ironiser doucement que m'en priver relevait du crime.

Pour que la névrose passe avant le respect, c'est qu'elle doit être sérieuse !... Et il y a de quoi s'inquiéter, à ce niveau... Je peux vous confier le numéro de denden du Docteur Johnson, je suis persuadée qu'il pourra faire quelque chose pour vous, Lieutenante ! Il faudra déjà passer au dessus de plusieurs phobies pour rentrer dans son bureau mais, hé, ça pourrait valoir le coup. Vous pourrez y faire un grand travail sur vous, et éventuellement, apprendre les bases du civisme !

L'ironie teintait ma voix. Je jetai ensuite un vague coup d'oeil derrière la jeune fille et invitai les autres hommes d'un geste de la main à quitter la pièce pour aller sur le pont, le temps qu'on les mette à une tache. Tous s'exécutèrent, ne voulant pas être touché par une balle perdue durant ce duel de regards assassins. Nouveau sourire envers la jeune femme qui m'avait fait tout son cinéma tantôt, je reprenais avec cette fois-ci une mine on ne peut plus sérieuse, avec tout l'aplomb dont j'étais capable pour remettre Rei sur les rails dont elle commençait déjà à dévier :

En attendant, tant que vous êtes sous mes ordres, il va falloir faire parfois l'impasse sur la propreté. Parce que si vous êtes pas fichus de mettre les mains dans le cambouis de peur de vous salir les ongles, je ne comprends pas ce que vous faites dans cette équipe.

Le temps de laisser la réponse, cinglante, être assimilée par ma vis-à-vis, je pris la peine de reprendre en jetant déjà un coup d'oeil derrière ou les pièces a vérifier avaient été apporté et ordonné selon des ordres précis.

Mais vu qu'on me vante vos talents, je vous laisse l'opportunité de vous rattraper et de ne pas passer pour la maniaque de service de qui on veut se passer parce qu'elle est sacrément flippante. Vous vous occuperez du diagnostic du premier canon...

Mes yeux parcoururent tous les bestiaux, un à un, cherchant pertinemment le pire d'entre tous. Et là, il me sauta aux yeux, comme une évidence. Rei Yanagiba n'avait pas beaucoup de chance d'être tombé sur une supérieure mesquine et opportuniste. ça allait être une épreuve de patience et d'endurance pour la jolie maniaque de la propreté, car je n'avais absolument pas l'intention de ménager ses petites façons bourgeoises. Quand on fait un travail dur, on apprend également à travailler à la dure, et on se débarrasse de ses petits boulets qui nous gênent plus qu'ils nous font avancer.

Lui.

"Lui" désignait LE canon. Le métal était couvert de rouille, ses roues tiraient sur le vert, il n'avait pas l'air tout jeune et pour sûr qu'elle n'avait aucune envie d'y mettre les mains.

Il est un peu vieux et la mousse le recouvre... Mais hé, ça devrait aller non ? Une paire de gants et hop ! Moi, j'vais prendre un bain !

Et la petite tape sur l'épaule qui va bien, je fis un grand sourire à la Lieutenante pour l'encourager à déjà se mettre au travail.

Pour sûr, ça allait être une chouette collaboration !
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Je ne regrette absolument pas, ni mes propos, ni rien d'ailleurs. Si pour elle être un supérieur, c'est ne pas montrer l'exemple par rapport à l'hygiène de base pour empêcher les maladies de venir, ou de ressembler à rien, alors grand bien lui fasse. Pour ma part, j'ai une tout autre manière d'agir. Attention, je ne dis pas que ce que je fais est mieux qu'elle, je dis juste que j'ai une manière différente de voir les choses et que mon avis diverge du sien. Mais puisqu'on est dans la marine et qu'elle est ma supérieure, je n'ai le droit maintenant que de fermer mon clapet et d'attendre sagement qu'elle me punisse comme elle pense que je le mérite. D'ailleurs, les remontrances ne mettent pas longtemps à venir. Les bases du civisme ? Il me semble avoir étaient tout ce qu'il y a de plus poli, je n'ai pas était injurieuse à ce que je sache. Enfin, soit, qu'elle soit ou non une de ses personnes qui aiment avoir raison et s'entendre parler, le fait est que tant qu'elle a un grade supérieur aux miens et qu'elle ne sort pas du cadre des règles de la marine, elle a tout à fait le droit de critiquer mon comportement. Je ne lui en voudrai pas pour ça, de toute manière, je sais que je suis étrange, mais au moins comme j'en suis consciente c'est déjà un pas en avant. Ainsi, sa phrase partant en longueur, je me contente de me remettre au repos et d'acquiescer en silence.

Par contre, je ne baisse pas les yeux pour autant, je suis encore dans mon droit moi aussi. Si elle veut m'incendier du regard, grand bien lui fasse, mais elle joue à ce petit jeu toute seule, moi, je ne le fais pas. Étrangement, la seule chose qui m'est passée dans la tête à ce moment-là, c'est qu'en fait, j'aimerais vraiment avoir le numéro de ce monsieur Johnson. Je la laisse faire partie les autres marins, ils savent ce qu'ils doivent faire de toute manière et je ne tiens pas à les faire tomber avec moi. C'est moi qui ai ouvert ma bouche, c'est moi et moi seule qui assume la responsabilité de mes propos. L'impasse sur la propreté, certes je m'y suis contrainte avec le temps, mais il y a un minimum à tenir tout de même quand on travaille avec de la poudre à canon. Le jour où elle aura un vent de boulet parce qu’elle aura laisser un peu de gras où il ne le faut pas ou qu'une pièce d'artillerie lui sautera à la figure parce qu'elle aura négligé un détail, elle comprendra pourquoi les gens comme moi deviennent maniaques. J'espère surtout que ce ne sera pas ses subordonnés qui payeront les pots cassés. Enfin, je vais répondre au plus simple, sans la moindre intention belliqueuse ou autre chose du genre dans la voix. Maintenant que j'ai mis mon problème au clair, je me sens plus légère même.

"Bien compris Ingénieur Jacob."

J'ai très bien comprise ce qu'elle m'a dit et j'ai assimilée très vite ses propos, une fois encore. C'est son point de vue et je le respecte, même si elle n'en reste pas moins une vision d'horreur avec sa tenue débraillée. Alors qu'elle jette un coup d'œil pour vérifier les pièces, je lui tends tout de même l'inventaire complet avec l'emplacement de chaque chose. Pas que je souhaite lui prouver quoi que ce soit, mais il me semble important pour la suite qu'elle puisse trouver tout ce qu'elle a besoin. Au pire je contacterai le magasinier si elle pense qu'il manque quelque chose. Personne n'est infaillible, moi également et puisqu'elle mérite certainement son poste elle saure mieux que quiconque je pense voir ce qui nous fait défaut ou non dans l'immédiat. C'est alors qu'elle me désigne un canon, je ne saurais dire ce qui lui passe par la tête.

Si j'étais paranoïaque, je pourrais penser qu'elle m'a mise sur le plus "sale" de sorte à me faire du mal, mais on ne devient pas supérieur sur un navire comme le Léviathan avec ce genre de méthode, surtout dans un équipage aussi convivial que les Rhino Storm. Dans le meilleur des cas elle me sait capable et me fais travailler une fois l'incident passé, dans le pire elle veut savoir si je suis digne de mon poste ou non. Pour moi, peu importe, je nettoie et bichonne les pièces d'artillerie depuis à peine plus de temps que je marche, alors je ne vais pas avoir peur de cela. Une chose est sûre, le pauvre canon n'aime pas l'humidité.

Bonne nouvelle ! Elle va prendre un bain, en même temps vu le temps que ça va me prendre pour nettoyer ce petit bijou, elle pourrait même en prendre deux, un repas et commencer à lire un livre.

"À vos ordres Ingénieur Jacob."

Avant même qu'elle ne me mette une tape sur l'épaule j'étais déjà en train d'avancée, je prends une grande respiration et ne préfère pas penser à ce que j'ai sur l'épaule, non ne pas y penser... J'ai mieux à faire, je n'ai pas de marque sur l'épaule. Je prends tout le nécessaire, comme déjà dit, je fais ça depuis assez de temps pour pouvoir dire que j'ai appris à briquer avant de connaitre tous les noms des rivières gelées de mon île. Mais d'abord, diagnostique, je vais éviter de répertorier tout ce que je fais cela serait inutilement long, mais je vérifie tout de l'âme par la bouche, jusqu'à la culasse. Heureusement, ce n'est que du frottage à effectuer, pas de pièce cassée, de fissures ou autre joyeuseté du genre. Enfin, pour être honnête, avec l'épaisseur de rouille et autre je ne peux pas encore vraiment le voir. Je commence à mi mettre, certes, avec un peu de lenteur car, la rouille c'est quand même sale, sans parler de la moisissure, mais une fois lancée je m'applique. Ce n'est pas que je manque de volonté, juste que je suis longue à la détente. Tant que je n'aurais pas fini, que je ne recevrai pas l'ordre de m'arrêter ou que je ne croulerai pas de fatigue, je continuerai inlassablement ce qu'on m'a demandée. Un canon n'est jamais sale, dans le pire des cas, il est mal entretenu, ce que ce m'a toujours dis mon sergent instructeur.
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Je tombai dans ma baignoire immense sans demander mon reste, barbotant dans un bain cinq fois plus grand que moi dans lequel je pouvais faire des brasses si l'envie m'en prenait. Le navire recelait de quelques petites merveilles de ce genre, permettant à ceux connaissant l'endroit de pouvoir s'y ressourcer et de squatter cette magnifique pièce que toute femme portée sur son physique appréciait forcément. Ce n'était pas forcément mon genre, mais profiter d'un moment pour me refaire une beauté et une santé n'était absolument pas pour me déranger.
De la mousse jusqu'au nez, baignant dans une douce odeur de fruit, soufflant sur les bulles comme le ferait une gamine en jouant au passage avec un canard en plastique qui flottait à la surface, j'eus une pensée pour la jeune Yanagiba qui devait bichonner un petit canon en sale état en paranoïant un max sur le pourquoi je lui avais demandé de faire ça. Oui, c'était très mesquin de l'amener à travailler sur le plus difficile, surtout seule. Mais j'avais toujours du mal à comprendre comment est-ce qu'on pouvait rechigner à se salir les mains avec un métier comme le notre.

Combien de fois je m'étais cassée les ongles dans des moteurs qui se noyaient dans l'huile ? Combien d'autres à devoir nettoyer des pièces qui avaient trainées dieu sait où ? J'avais encore son regard dégouté en tête en me voyant arriver, comme si je m'étais roulée dans un tas de merde avant de venir la voir. N'avait-elle jamais côtoyé quelqu'un s'étant sali sur une machine, son T-shirt frottant sur une surface graisseuse (fait assez courant dans l'ingénierie et la mécanique, la graisse étant souvent la pierre angulaire de tout fonctionnement) ? Yumen m'avait appris que notre métier salissait, qu'il fallait s'y faire. Il m'avait aussi appris à bichonner tous ces outils, ces pièces, qui étaient notre gagne pain. Faire le contraire était un manque de respect pour mon domaine, mon travail,...
Mais surtout, pour les gens qui comptaient sur moi ! Il fallait être inconscient pour ne pas tenir compte de tout ça. Combien de mousses réprimandaient parce qu'ils n'entretenaient pas correctement leurs armes ? Et si l'une d'elles s'enraillait au pire moment ? J'imaginai aisément le drame...

Pour qui me prenait-elle ? Une sagouin ? Alors quoi ? J'étais montée à ce rang en me roulant dans du fumier et en crachant sur mes outils pour les laver ?

Diable...

Je sortis au bout d'un certain temps, enfilant des vêtements fraichement lavés pour ensuite mettre une tenue de protection par-dessus. Tenue propre elle aussi, mais gardant des traces des travaux passés. La mécanique laissait des traces, visiblement. Et ma lieutenante risquait d'en être toute chose. Quittant la pièce, les cheveux encore mouillés mais sentant la pêche, je retournais voir ou en était Yanagiba Rei. Et pour mon plus grand plaisir, elle avait déjà terminé ce que je lui avais demandé, perfectionnant les derniers aspects.

Il avait besoin d'une nouvelle jeunesse. Que quelqu'un s'en occupe. Il est impeccable, maintenant.

Les mains dans les poches, je lui demandai de se relever et de mettre l'engin à l'écart des autres, pour montrer qu'il était remis en état et qu'il s'en distinguait.

Bon travail, Lieutenante.

Nouveau sourire, sincère et dépourvu d'ironie, je jetai un coup d'oeil à la longue liste qui nous attendait.

Il faudrait distinguer ceux qui ont besoin d'un coup de chiffon de ceux qui ont besoin d'arrangements plus important. Dès que nous aurons fait ce tri, nous affréterons des équipes pour s'occuper de chacun. Ça vous va ?

Le temps d'entendre sa réponse, je repris :

Avez-vous envisager de vous former à autre chose que l'artillerie ?
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Enfin tout et bien qui finit bien, elle est partie se laver. Enfin, dans un sens, j'ai peut-être était un peu trop franche ou méchante ? Hum... J'ai du mal à le dire, mais je suis sûre qu'il y a quelque chose qui cloche. Cela doit être ce petit morceau de rouille en fait et hop, c'est retiré. Ainsi usant des poulies et autres systèmes du fond des cales, je me dis que c'est tellement pratique, même une idiote seule peu bouger une lourde charge, même si c'est totalement idiot de n'avoir personne derrière pour s'assurer qu'il n'y a pas d'accident en fait. C'est certainement un de ces moments d'orgueil, qui m'a valu ma blessure. Je frotte l'esprit ailleurs le bandage à mon bras droit, heureusement que je suis gauchère... Je ne vais pas partir sur les avantages d'être gauchères, surtout que cela voudrait dire que je débats toute seule ce qui serait particulièrement glauque.

Enfin soit, je finis tout juste quand j'entends des bruits de pas. Je remets mon tablier droit et contemple quelques taches dessus et là, je me dis que mon esprit est parfois contradictoire. Enfin, comme je l'ai appris, sur un tablier comme cela ce ne sont pas des taches, mais des souvenirs... Oui, c'est une veine excuse héritée de mes séances avec monsieur Propre pour réussir à supporter mon métier. Ce n'est pas que j'ai du mal, je fais toujours mon travail jusqu'au bout, mais il c'était lassé de me voir le lendemain avec la peau rouge écrevisse à force de m'être frater longuement. Je fais un salut à ma supérieure et vois qu'elle a fait de gros efforts... En fait, c'est peut-être ma manière de voir les choses qui est problématique, enfin, c'est l'avis de la Prinny Squad et je me dis qu'ils ont peut-être raison. Essayons d'être plus comme... Cinq Manchots, mon conseiller d'être... Oui des Manchots plus aux faits du comportement sociable entre humains que moi, c'est un comble, je pense. Déjà, je vais essayer de ne pas sortir son grade à tout bout de champ, cela évitera si je me souviens bien de creuser un trop gros écart entre nous deux. Ai-je réellement raison de suivre leurs conseils ? Enfin, qui ne tente rien.

"Effectivement, il est bien mieux ainsi Ing..."

J'ai failli le dire, c'est quand même une habitude dure à perdre, j'espère qu'elle ne le prendra pas mal même si elle en a parfaitement le droit. Ainsi, je suis ses ordres, j'accroche le canon à un système de poulies et le tir sur le côté, ranger, mais tout de même, cela montre qu'il est à l'écart et venant de moi, ils comprendront d'autant plus vite que ce n'est pas fait aux hasards. Les étapes à suivre qu'elle me donne sont logiques, donner de manière claire et concise, pourquoi est-ce que je devrais avoir quelque chose à y redire ? Non, pas comme ça, point de vue d'une humaine lambda, elle a raison et je le sais point.

"C'est une bonne idée."

J'ai coupé le son avant même qu'il sorte, il y a eu un à-coup à la fin de ma phrase, mais si j'y pense suffisamment tôt, j'y arriverai. Son sourire actuel, ce n'est pas le même qu'au début, alors ça ressemble à ça une personne qui montre ses émotions, c'est... Agréable, je crois. Elle me demande par la suite si j'ai envisagé d'autres voix, la réponse est claire. Oui... Le problème est d'avoir un instructeur qui me supporte plus de deux jours, j'ai réussi à détruire plus d'une bonne volonté et encore, aujourd'hui il n'y a pas les cinq manchots pour venir tout mettre sens dessus dessous.

"Le problème, ce n'est pas toujours de vouloir voir de nouveaux horizons, mais de trouver une personne capable de vous supporter pour vous montrer la voie à suivre."

C'était étrangement si vague, j'ai fait une phrase vague youpis ! Champagne... Non pas en service. Bref, je sens cette petite chose au fond de moi, est-ce ce fameux instant, celui où votre esprit vous dit que c'est un moment parfait pour placer une excuse ? D'habitude, je n'aurais rien dit, mais j'ai la vague impression de devoir m'excuser. L'orgueil, il ma déjà fait mal, pour une fois, je vais te mettre de côté si ça ne te gêne pas.

"Je suis désolée Ingénieur Jacob."

Oui bon évidemment, je n'ai pas réussi à me concentrer sur les deux à la fois. Qui a dit que contrairement aux hommes les femmes peuvent toujours faire pleins de choses à la fois ? En fait, la plupart du temps, c'est vrai. C'est agréable, j'ai cette impression que je me sens mieux, qu'il fallait que je m'excuse pour mon comportement, c'est drôle, je viens à peine de remarquer les taches de gras sur sa tenue de protection et le pire, c'est que cela ne me fait rien sur le coup... De toute manière, ce ne sont pas des taches, mais des souvenirs. Ainsi, je commence à inspecter les canons et fais des marquages à la craie, usant de signe propre à la marine pour démarquer les différentes choses à faire ou à changer. Oui, je porte bien des gants pour prendre la craie, Marijoa ne s'est pas faite en un jour.
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Je vois.

Je m'y mis également de mon côté, passant dans les rangées ordonnées pour inspecter un à un les canons, cochant d'une croix ceux méritant plus qu'un simple coup d'oeil. J'écoutai en même temps les mots de la jeune femme qui me secondait, faisant l'impasse sur ses excuses en lui signifiant d'un signe de main qu'il n'y avait rien de grave. J'étais plus intéressée par ses propos sur un changement d'orientation, ou tout du moins, un élargissement de son champ de vision.
Et je comprenais tout à fait son point de vue sur la question : j'avais eu le temps de voyager, à la rechercher de formateurs pour continuer mon initiation. Et je devais avouer que ça n'avait pas toujours été un franc succès, en particulier lorsque nos caractères étaient fondamentalement incompatibles. Ils étaient toujours trop ceci ou pas assez cela. Maintenant, en formant d'autres gens, je comprenais un autre aspect du métier mais également qu'enseigner et transmettre une histoire n'était pas une chose que l'on tenait pour acquise.

Savoir être pédagogue, ce n'était pas donné à tout le monde, et j'étais la mieux placée pour le dire.

C'est toujours le plus compliqué. Faire en sorte qu'un tandem s'accorde pour apprendre l'un de l'autre. Les relations humaines n'ont jamais été facile, et celui qui vous dira le contraire sera un fichu menteur.

Je continuai mon chemin, attentive à ce que je faisais tout en parlant distraitement. Mes mains parcourant le métal, inspectant les mécanismes, essayant de distinguer le normal de l'anormal, à la manière d'un médecin faisant le diagnostic de son patient. Quelques secondes de silence plus tard, je repris de plus belle, jetant un coup d'oeil à Rei qui avait l'air aux prises avec la mèche d'un des canons :

Comment avez vous appris, la première fois ? Seule ? Quelqu'un vous a formé ? Comment s'y est-il pris, dans ce cas ?

Elle me répondit simplement, et au bout d'un temps, nous arrivâmes toutes les deux au bout d'une allée, comptant ce qu'il y avait à faire encore comme travail. Mains sur les hanches, craie derrière l'oreille, je me raclai la gorge simplement pour reprendre d'une voix forte :

Bon, y'a clairement du taff. Je me chargerai de l'administration pour en recevoir des nouveaux, histoire de remplacer ceux qu'on ne pourra pas restaurer. Je vous laisse organiser nos hommes pour commencer le grand nettoyage... Moi, je vais faire les estimations de coût pour la commande avec Ketsuno...

Et dieu savait que j'aurais préféré cent fois me charger des troupes plutôt qu'aller affronter la furie du berry. Ketsuno dévorait quiconque n'était pas au moins autant gradé qu'elle, cru et sans assaisonnement, et refusait systématiquement chaque demande comme si sortir le moindre sous s'assimilait à vendre un rein. Et c'était une punition trop cruelle pour que je laisse qui que ce soit s'approcher de la rose.

Tenez, prenez ceci.

Je sortis de ma poche une clef au bout d'un porte-clef qui ressemblait à une goutte d'eau, la posant dans la main de la jeune femme à mes côtés.

Dès que vous aurez trouver la porte qu'elle ouvre sur le navire, n'oubliez pas d'en profiter.

La plus belle salle d'eau du Léviathan.
Excuses acceptées. Désolée aussi.
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Ainsi, nous reprenons le travail, dans un calme serein. Je me sens mieux, je sais que je me répète. Ainsi canon après canons, je me rends compte que certains sont au stade terminal, on ne pourra rien en faire. C'est du gâchis, franchement qu'est que fait le maître de la sainte barbe s'il ne fait pas maintenir tout le matériel en bon état. Enfin, revenons sur un point de vue différent. Hum ? Il devait être débordé, car, le Léviathan est énorme tout de même et je sais de quoi je parle. Enfin, c'est tout de même malheureux. Alors elle me dit que les relations humaines ne sont pas faciles, cela veut dire que je suis juste mauvaise, pas arriérée, C'est une bonne nouvelle en soit, mais je ne peux rien répondre d'intelligent, car, je n'ai pas d'expertise dans ce domaine. Je ne fais donc qu’acquiescée ses dires, je ne dis pas un mot sur le sujet et continue mon travail avec professionnalisme et une attention de tous les instants.

Alors que je joue avec une mèche pour m'assurer qu'elle est bien mise, Lilou... Oui, je me permets de l'appeler par son prénom dans mon esprit, j'ai bien le droit aussi. Bref, elle me pose des questions, j'ai l'impression que cela n'a pas qu'un rapport avec l'enseignement même, mais je ne saurais pas dire ce qu'il y en plus alors je vais simplement répondre. C'est drôle, c'est la première en plus d'un an qui saura quelque chose de mon passé avant la marine. En même temps, personne ne m'a jamais posée de question et je n'y aurais certainement pas répondu dans d'autres circonstances.

"Sur mon île, les seuls loisirs tournent autour de nos spécialités, j'ai appris à nettoyer un canon avant mes dix ans. À douze, j'ai forgé ma première baïonnette avec mon père et ma mère m'a communiqué son fanatisme de l'ordre et de l'hygiène. Il n'y a pas de bonne ou mauvaise manière d'apprendre, il suffit de faire comme on le sent, j'imagine."

Oui bon, forcement, il doit y avoir de mauvaises manières, mais c'est pour l'image, enfin une chose du genre. Petit à petit, nous avons fini et le constat est clair, il va falloir changer certaines pièces, il va falloir profiter de notre passage par Navarone. Enfin, nous, ils, pour rappel, je vais bientôt être temporairement affectée à Navarone pour ensuite rejoindre l'Hypérion. Enfin, ce n'est pas pour autant que je vais mettre de côté mon devoir loin de là !

"Effectivement et il va falloir faire débarquer les pièces qui nécessitent de trop grosses réparations ou d'être totalement changées."

Je m'attendais à ce qu'elle parte, mais avant cela, elle me donne une clef, je ne sais pas de quoi il s'agit, mais au vu de la goutte d'eau cela éveille tout de même ma curiosité. Peut-être une pièce spéciale ? En tout cas, je finirai bien par la trouver si je la cherche, cela sera la dernière chose que je ferai avant de rejoindre mon poste à Navarone. En profiter ? Cela sonne comme une bonne chose, donc je pense que c'est le moment pour la remercier, même si je ne sais pas encore pourquoi. Allez allez petit bouche, il y a un mot à dire.

"Merci."

Bon, le sourire, ça serait trop demandé, j'imagine, enfin, j'y arriverai un jour, je le sais. Je la laisse partir et je vais cherches les marins pour qu'on se mette au boulot. J'en désigne un pour qu'il aille chercher des dockers et leur expliquer ce qu'on doit décharger pour qu'ils se préparent, je n'ai pas envie de les prendre au dépourvu ça serait vraiment méchant. Je forme les groupes avec ceux qui sont restants et on commence à briquer ceux que l'on peut, à les bouger et à préparer à faire sortir ceux qui n'auront finalement jamais servi. Inutile de détailler en profondeur, c'est un peu le travail de tous les jours, mais à une échelle bien plus grande que d'habitude. C'est le grand jour où les canons vont rejoindre leur frère et où le Léviathan va devenir encore plus digne de sa réputation qu'il ne l'est déjà. J'en profite pour m'assurer de leurs morales de manière totalement inhabituelle, je leur pose des questions et j'ai même presque réussi à sortir une plaisanterie plausible. D'un coup, ils doivent se dire que mademoiselle Jacobs m'a fait remplacer par un sosie ou ma jetée un sort, ah leur tête ! C'est impayable, enfin pour un dernier jour avec eux, je peux me permettre d'être plus souple, ils le méritent.

"Ikaruga, je t'ai trouvé une nouvelle arme de service qui sera parfaite pour toi !"

Je lui lance alors un balai neuf, il reste ébahi et ne comprend pas trop où est le piège, puis finalement au bout d'un instant se met au garde-a-vous avec comme s'il s'agissait d'un fusil et tout le monde se met à rire un petit instant, c'est vrai que de temps en temps cela pourrait être agréable, il faudra que j'y pense pour la prochaine fois ! Mais pas trop tout de même, je veux bien que ce soit agréable, mais le travail ne va pas se faire tout seul ! Je crois que c'est à ce moment-là que mademoiselle Jacob revient, elle a peut-être même vu le petit manège entre nous qui sait.
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D'un pas lent et loin d'être convaincu, j'avançai vers l'inéluctable bataille administrative qui m'attendait, parcourant les longs couloirs qui m'apparaissaient sans fin jusqu'à la pièce ou le dragon rose séjournait, veillant jalousement sur ses biens. Son souffle brulant me parvenait déjà alors que je n'avais pas encore franchi l'entrée. Lorsque je me décidai à mettre la main sur la poignée, la première vision que j'eus de mon adversaire fut deux yeux brillants d'une colère brulante, d'un sourire acéré et d'énormes griffes manucurées prêtes à me lacérer la gorge...
La lutte fut sans merci, y allant toutes deux de notre lame pour vaincre de l'adversaire. Les mots furent comme des piques, prêts a transpercer celle qui ne saurait pas s'en défendre. Prise au sein d'un argumentaire sans fin, qui n'aboutirait vraisemblablement à rien, nous fûmes obliger de bouger de nos positions toutes deux. La dragonne Ketsuno en vint à vouloir me crêper le chignon quand je lâchai, sur le ton de la conversation, que sa nouvelle tenue était aussi atroce que sa nouvelle coupe de cheveux. C'était assez pour qu'elle en vienne à cracher du feu et à perdre le contrôle, et derrière mon sourire malicieux et déjà triomphant, il ne me restait qu'à jouer la carte du "maltraiter ses subordonnées ou ses supérieurs hiérarchiques est passible d'un renvoie" pour que Ketsuno abdique et accepte, non sans vomir d'autres flammes, de signer en déchirant à moitié le papier.

Je ressortis deux heures après, les cheveux carbonisés et la peau recouverte de suie, mais tenant fièrement dans l'une de mes mains le trésor que le dragon gardait si farouchement : la commande de la vingtaine de canons neufs allant servir à protéger le plus beau navire du monde ! La porte claqua derrière moi tandis que je titubai dangereusement jusqu'au pont. En passant l'ultime porte qui me ramena vers mes hommes, je manquai de m'effondrer à leur pied, retenu de justesse par celui étant le plus proche pour certifier ma victoire.

Nous aurons les nouveaux canons !

Tous s'arrêtèrent pour m'écouter, et tous, d'un seul homme, levèrent les mains au ciel pour saluer ce combat acharné d'ou j'étais ressortie triomphante. Recrachant des cendres et de la fumée noire, je me décidai à remettre les mousses au travail, rejoignant la jeune Rei Yanagiba qui avait déjà fait accomplir à nos subordonnées la plus grosse charge. Me raccrochant à la rambarde en essuyant dans un chiffon les traces de suie sur mes joues, j'ajoutai sur le ton de la conversation :

J'espère qu'il n'y a rien d'autres à commander... Je ne suis pas sûre de survivre à une seconde bataille administrative avec l'autre dragon... C'était un moment atroce... J'ai mal partout... Au moins, nous les recevrons dans quelques jours si nous avons de la chance. Ou en sommes nous de la progression ?

Je m'interrompis un temps avant de reprendre de plus belle :

Vous savez quoi ? Je vous laisse organiser ça. Si vous vous en sortez, je glisserai un mot pour vous dans votre dossier, pour le prochain qui vous aura sous ses ordres, ça pourrait vous servir.
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Une fois la plaisanterie du balai passé, nous nous sommes remis au travail, mais j'ai tout de même essayé d'appliquer cette nouvelle stratégie pour essayer d'être plus proche de mes hommes. Apparemment, cela fonctionne, enfin ça, c'est seulement de ce que je peux en juger, j'espère juste que je ne vais pas trop leur faire peur à changer d'orientation après plus d'un an d'un coup comme ça avant de partir. C'est alors qu'elle est revenue, mais qu'est-ce qu'il a bien pu se passer ?! Qu'elle soit une furie est une chose, mais elle était obligée de faire littéralement brûler ses subordonnées, est-ce que c'est seulement légal ? Je ne pense pas qu'immoler ses matelots fasse partie de la charte de la marine !

Je reste tétaniser, pas par son état... Bon si un peu quand même, j'avoue, mais surtout parce que ça n'a aucun sens, quand on incendie une autre personne, c'est censé être métaphorique et non comme ça ! Si j'avais été sa supérieure, j'aurais été calmer ses ardeurs à la dure, voir même peut-être avec un seau d'eau glacer pour lui faire passer le message. Mais le plus bizarre, c'est que j'ai le cœur qui palpite, je vois rouge, je crois. Mes poings se serrent et j'ai l'impression de ne plus pouvoir raisonner clairement. Décidément mademoiselle Jacob sait multiplier les premières fois, on peut ajouter la colère la plus sombre et destructrice qui commence à grimper en moi.

"Peu importe ! Comment un officier peut se comporter ainsi avec un autre être humain ?! La marine est censée montrer l'exemple merde !"

C'est alors que le sergent Yuki "Bouddha" Kodai me met une main sur l'épaule, je me retourne prête à hurler et son visage serein me rappelle au calme. Je n'ai pas envie de me calmer, mais en même temps, je suis sûre qu'en cas de problème, c'est Lilou, qui va prendre toutes les retombées sur le dos. Ainsi, je me calme assez pour donner des ordres.

"Akina ! Sonoe ! Ramenez là dans sa cabine et aidez là."

Bon évidemment, moi, je me moque de laisser voir ma chambre ou même mon intimité sous le regard d'un homme, mais ce n'est pas le cas de toutes. Dans le doute, je la fais donc raccompagner par deux des plus douces marines que je connais, en tout cas sur ce navire qui ressemble à un logis et rassemble une famille secondaire pour nous tous. Ainsi, il me faudra bien quatre heures pour me calmer en me vengeant sur les canons et l'organisation. Évidement, je n'ai pas forcement était très douce avec eux pendant ce temps, mais ils savent pourquoi et je l'espère ne m'en voudrons pas trop. Je continue par la suite plus calmement, jusqu'au repas du soir. C'est peut-être ma dernière nuit sur le Léviathan, mais je n'ai pas faim et il reste encore du pain sur la planche. Après le repas, on me rejoint pour continuer et finalement tout est fait pour l'heure du coucher.

Je les remercie et leurs dis qu'on se reverra le lendemain pour nos au revoir, je me mets aussi à rechercher la fameuse pièce et ne la retrouverai qu'au milieu de la nuit. Quand j'observe celle-ci, cela me fait sourire, merci Lilou. Je vais prendre un bain presque sans fin, puis nu et la fatigue me rattrapant, je vais m'endormir sur le plancher à côté de la baignoire. Demain à l'aube, je me rhabillerai et rendrai la clef à mademoiselle Jacobs en même temps que je vais remercier mes officiers pour leurs bienveillances... Tous sauf une que j'ignore sans la moindre subtilité, que je snobe même. Ainsi avec ce dernier travail accompli, je peux tourner une page de ma vie et continuer.
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