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Tabernacle !

Où est ce que tu vas comme ça ?

Je tourne la tête un instant pour apercevoir Sœur Elsa, adossé au montant de la porte, me toisant, les bras croisés, l’air moqueur.

Je vais dehors !

Et pour l’occasion, je fais mon sac. Un petit baluchon pour mener une aventure dehors, dans le grand monde. Quelques vêtements et quelques babioles. Mon chapelet et de quoi faire un travail satisfaisant d’infirmière si la situation l’exige. Je fourre tout ça dans mon bagage que je ferme d’un coup sec, l’air joyeuse. Ça n’échappe par Elsa.

Dehors ? Je t’ai jamais vue autant heureuse d’aller cueillir les patates du jardin. Et tu comptes dormir sur place, parmi tes … arbres ?

Elle se moque. Même si je sais que c’est juste pour se moquer, ça me fait un peu mal. Elle ne comprend pas ce que peuvent apporter les arbres et que passer une nuit au milieu de leur tronc imposant peut être rassurant. Elle ne veut pas comprendre et ça marche pour beaucoup de choses. C’est simplement sœur Elsa.

C’est pas ça, je pars en mission !

Je le dis fièrement parce qu’il y a de quoi être fière ! C’est ma première mission au sein de l’Ordre. Depuis que j’ai été acceptée comme Sœur dans l’Église de la Juste Violence, j’ai longtemps attendu ce moment où je pourrais enfin sortir du couvent. Non pas que c’est interdit de sortir, c’est juste qu’Elsa m’en empêche tant que je n’ai pas gagné contre elle, ce qui ne devrait pas arriver avant qu’elle soit toute fripée. Mais on ne le dit pas à haute voix et on sert les dents. Excepté les missions, seule Elsa, ma tutrice, peut me permettre de sortir en me donnant l’accord final : celui qui dira si je suis prête à être totalement autonome. Et sa réaction du moment en dit long sur le chemin qui me reste à parcourir pour bénéficier de cet accord.

Quoi ?! La vieille t’as donné une mission ? Mais elle a perdu la raison ! Et dire que je m’emmerde depuis deux mois à te servir de nounous, il faut qu’elle t’en donne une à toi et pas à moi !


Je souris à ça. C’est bien Elsa. Tout pour elle, rien pour les autres.

Elle a justement parlé de toi. Elle a dit que, à l’inverse de toi, je serais davantage … diplomate.
Diplomate ? Diplomate ?! Mais elle se fout du monde ! Puisque c’est comme ça, je me casse.

Et elle joint le geste à la parole, sortant de ma cellule en claquant la porte qui saute sur ses gonds. Diplomatie, oui, et discrétion. Des mots peu usités par Sœur Elsa qui est davantage portée sur l’action brutale que sur la discussion aimable. Évidemment, comme c’est ma tutrice, elle ne m’a enseigné qu’à me battre et j’ai douté, lorsqu’elle m’a assignée à cette mission, de mes capacités à la réaliser. Elle m’a dit qu’elle avait confiance en moi, comme depuis le premier jour. Ça m'a fait rougir sur l’occasion et elle a ri. J’ai l’impression que ça date d’il y a dix ans…

Et c’est quoi ta mission ?

Elsa est revenue sur ses pas et, se rendant compte de l’état de la porte, s’empresse de la remettre à sa place, plus pour éviter les remontrances de la Mère Supérieure que de m’aider. Démerde-toi, c’est un mode de vie chez Elsa.

Je dois représenter l’Église à la fête annuelle du Bélier Blanc !

Elsa penche la tête et fait la grimace. Puis, elle se transforme en sourire sardonique, son regard pétillant de moquerie.

Et bah, ça vend du rêve comme première mission. La vicieuse, c’te corvée comme première sortie. Tu peux la garder ta mission ! Même pour deux bouteilles de ‘Sky, je toperais pas pour cette saloperie religieusement emmerdante.
Ton langage, Elsa.
Va chier !

Sœur Elsa, un exemple de vertu et de politesse au sein de l’Église. Comme quoi, c’est bien différents des innombrables autres cultes de ce monde. Entre ses insultes et ses bouteilles de Whisky astucieusement bien caché, elle ne fait pas bonne impression pour le néophyte. Mais elle est appréciée pour ces capacités peu communes à traquer la brebis galeuse, ce qui représente un plus grand intérêt que de paraitre poli face à des gens de notre point de vue.

J’espère qu’il fera moche sur la route et que t’attraperas un Rhum !
Rhume, Sœur, Rhume.
C’est pareil. Le rhum pour soigner le rhume ! Et t’en va pas me dire que c’est faux, charlatan en blouse blanche !
Vous avez bu …
Et ça continue ! Casse toi ! J’veux plus te voir !
Merci Sœur Elsa !

***

Quand les portes ont claqué derrière moi, je me suis rendu compte que j’étais de retour dans le monde extérieur. Non pas que je suis restée enfermer tout ce temps, mais c’est juste que sortir avec d’autres sœurs, ce n’est pas pour faire les boutiques, même si les boutiques ne m’intéressent pas non plus. Là, je suis en solo, livrée à moi-même. La première fois en tant que Sœur. Ça a quelque chose d’excitant et mon cœur bat la chamade. Enfin, il est vrai que la mission en elle-même n’est pas bien folichonne. La fête du Bélier Blanc est la fête de l’ile de Ronapura. Elle est tout d’abord organisée par le Couvent de la Miséricorde, l’autre couvent de l’ile qui, à la différence de l’Église de la Juste Violence, est beaucoup plus apprécié. C’est un couvent plus normal aussi, avec ses sœurs cloitrées à prier et ses prêtres véhiculant toutes les maladies du monde tellement ils serrent de main. Et bien d’autres choses encore. Elle est en l’honneur du Bélier Blanc à cause d’une métaphore entre les religieux qui sont le Bélier qui guide les moutons noirs ; les autres. C’est un peu pompeux, mais ça reste une fête, qui plus est la plus grosse de l’ile. En l’espace de plusieurs jours, la population de l’ile double presque et c’est un océan de commerce et d’animations qui viennent envahir la ville. Évidemment, personne ne s’approche de mon couvent et c’est à peine si les touristes connaissent l’existence d’un autre couvent.

Cette année risque d’être plus grandiose encore du fait de la venue d’une sorte d’Évêque vieillot qui est grandement apprécié dans un bled de Grandline. Du coup, des fidèles qui ont eu vent de la nouvelle se sont donné rendez-vous sur l’ile pour enfin croiser la route de celui qu’ils admirent. Elsa a dit que tous ses adeptes seraient là tellement il est pas connu et que du coup, une poignée de fanatique, ça fait déjà tout son public. Médisance même si dans le fond, on est loin de taper dans la grande tête de ce monde. À notre échelle, c’est déjà quelque chose.

Et quand j’arrive en vue de la ville, je ne peux que me rendre compte de l’animation qui a pris d’assaut les rues de la grande ville de l’ile. Au port, c’est plus d’une dizaine de navires qui sont déjà à quai tandis que les portes de la ville sont déjà noires de monde. Pour entrer, je n’hésite pas à jouer des coudes et quand on fait deux mètres avec autant de muscles, on arrive rapidement à se faire comprendre auprès des coudes voisins.

Même dans les plus petites ruelles de la ville, on sent que les prochains jours ne seront pas anodins. Il y a du monde par exemple des touristes perdus après avoir voulu explorer ces petites ruelles tellement pittoresque ; en sachant aussi que la criminalité existe sur Ronapura. La présence de saints n’empêche pas au diable d’attiser les noirs desseins des cœurs cupides. Je progresse lentement, n’hésitant pas à aider les passants dans le besoin d’une direction. Je ne connais pas beaucoup la ville, mais je parais plus digne de confiance avec mon vêtement de nonne. Heureusement que la plupart ne reconnaissent pas le vêtement réglementaire et pas du tout utilisé de l’Église de la Juste Violence ; comme dirait Elsa, plutôt crever que porter un truc aussi moche. On me souhaite d’être remerciée par l’Invité de Grandline. Je l’espère aussi.

Parce que mon but n’est pas de me la couler douce pendant plusieurs jours. Non. Je dois quand même présenter des vœux de paix et d’amour de la part de ma Mère Supérieure à celle de l’autre couvent. Et à L’Évêque, aussi ; Père Félix qu’il se nomme, si l’occasion se présente. Une tache plutôt ardue puisque les contacts sont rares et pas souvent très chaleureux. Si j’échoue en essayant, ça sera déjà bien. Mais comme c’est ma première mission, je ne veux pas revenir avec un demi-échec. Question de principe.

Il est évident qu’autant de monde au même endroit, ça va attirer les emmerdes. Et je rencontre rapidement le genre de bonhomme qui, au contraire, ne veut pas qu’il y ait des emmerdes. Des gars plutôt solides et l’air suspect à regarder tout partout. Parfois, ils se baladent. Parfois, ils restent immobiles. Des sortes de gardes. Probablement des mercenaires d’après un marchand du coin. Parce que la fête, c’est beaucoup d’argents qui circulent et il faut bien ça pour rassurer les acheteurs. Évidemment, il n’y a pas que des soucis de voleurs, il y a aussi des chamailleries comme une bagarre qui éclate, sur les coups de midi, sur le port, entre deux équipages de navires venant d’arriver. Sous prétexte que l’un a gêné l’autre et qu’il a causé des dommages mineurs, ils en viennent aux mains malgré les appels aux calmes d’un troisième équipage et les cris d’un troupeau de moutons débarquant du troisième navire. Un bon repas en perspective. Je n’interviens pas. Il y a les autres gus pour ça, mais aussi étrange que cela puisse paraitre, personne ne vient calmer les esprits. Comme si ce n’était pas si grave. Ou qu’ils sont juste flemmards. Un argument comme un autre puisqu’il s’agit juste de dire qu’on regardait ailleurs pour avoir un bon alibi.

Quoi qu’il en soit, cette fête se promet d’être animée.
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Deux jours plus tôt, de très bon matin, sur le pont du Rugissant...

-Bêêêêêh!
-Ouais, ouais. Tout doux. On y va, les gars. Vous pressez pas.
-Bêêêêêêêêh!
-Eh, commencez pas. On ne mâche pas Sigurd. Si on vous fait un chargement d'herbe à chaque escale, c'est pas pour que vous bouffiez autre chose. Et encore moins mon pantalon.
-Bêêêêêêêêêh!
-Bêêêêêh!
-Beuh, allez, quoi. Pas une raison pour me taper dessus. Pis faîtes gaffe avec vos cornes, c'est dangereux.
-...
-Grunkild devrait pas tarder, pour la bouffe. D'ici là...

En bon berger improvisé, Dogaku conduisit sa dizaine de béliers en cercles sur le pont du navire. Les animaux avaient besoin d'exercice, et il était bien plus pratique de les faire sortir à cette heure, lorsqu'il n'y avait qu'un minimum de personnes en activité.

Les bêtes appréciaient particulièrement l'attention, et ne faisaient pas de difficultés. Un fait suffisamment rare pour le signaler : faire transiter des animaux depuis North Blue, ça n’était pas une tâche dont l’équipage du Rugissant avait l’habitude.

Il faut dire qu'ils n'étaient pas n'importe quels moutons. C'étaient de dignes représentants de la race des moutons Angoras, connus et réputés pour la qualité de leur laine, leur légèreté, et leur aérodynamisme particulièrement apprécié des amateurs de Sheepball.

Mais cette noble race de moutons du terroir de Tanuki avait une autre spécificité.

Une fois bien entraînés, ces béliers pouvaient former des chœurs de haut vol, aux qualités musicales uniques en leur genre. Absolument.

C'était véritablement une espèce unique au monde, assuraient leurs éleveurs, la voix toujours emplie de fierté.

Pour cette année, et en l'honneur de leur invité spécial, les organisateurs de la fête du Bélier Blanc avaient fait venir un choeur de béliers Angoras de Tanuki. Ce qui amenait Sigurd Dogaku sur les mers du sud. Outre la coquette somme qu'avait reçu son employeur, le seigneur de Mistoltin, ils en profitaient pour commercer en cours de route.

Aux tâches usuelles de marchands ambulants s'ajoutaient celles d'entretien et de surveillance des moutons. Trois personnes à bord devaient se relayer auprès d'eux. Dans la pratique, Sigurd était celui qui s'ennuyait le moins en leur compagnie, et avait troqué quelques corvées plus déplaisantes pour allonger celle ci.

En général, c'était tranquille. Il pouvait se contenter de paresser en comptant les moutons, ils ne faisaient que lui tourner autour. Le fait qu’il leur parle, c’était davantage pour passer le temps. Même si, bien souvent, ces animaux très intelligents se révélaient capable de comprendre et d’anticiper ce qu’il se passait. En plus d’être merveilleusement bien dressés, et de faciliter la tâche de quiconque cherchait à s’occuper d’eux.


Dogaku était, à nouveau, parfaitement tranquille, en somme.


Pourtant, sur les navires, les accidents étaient légions. Il suffisait d'une inattention. D'une maladresse. Ou d’une malchance.


Parfois, une simple peau de banane gisant au sol pouvait provoquer le pire.


Et dans ce cas...















-BWEEEEUUUUUAAAAAAEEEEEIIIINNNN???!!!







*

* *

*






-NERA'!!!!
-Mmmmh ?, lâcha la concernée, mal endormie.
-COMBIEN DE FOIS JE T'AI DIS QUE QUOI QUE TU FASSES, FALLAIT ABSOLUMENT QUE TU ARRÊTES DE LAISSER TRAÎNER TES SALOP@&%# DE PUT%&#€$ DE PEAUX DE BANANES?!?
-Je suis toute nue!, mentit l'autre.
-M'EN TAPE!

Sans crier gare, la porte de la cabine de Nerassa Roderik s'ouvrit dans un grand fracas. Sans sauter de ses gonds, en l'occurrence: Dogaku n'avait, et n'aurait jamais la force de Soeur Elsa.

À l'intérieur, la jeune femme, en pyjama à fleurs et enroulée sous une énorme couette, l'accueillit de son habituel sourire de requin. Ça n'était pas la première fois que la scène se jouait, même si cette fois, son ami avait vraiment l'air hors de lui.

-Eh! J'aurais vraiment été toute nue, t'aurais fais quoi?

Pour toute réponse, Sigurd se jeta sur elle, l'air furieux, et commença à batailler ferme. Il était trempé jusqu'aux os, empestait le sel, et surtout, était armé d'une bassine pleine d'eau glacée qu'il lui déversa au visage.

-Pfeuah! Mais ça va pas la tête?!? 'Flure. Qu'est ce que tu fabriques?
-T'AS ESSAYÉ DE ME TUER!, beugla l’autre en empoignant une seconde bassine.
-Eh? Attends... t'as glissé par dessus bord? Nwehehehehehehehe... vraiment?
-Et ça te... ça te fait rire?
-Vu que t'as rien de cassé ? Oui, je me fends la poire.

Roderik était hilare, et ses hoquets redoublèrent d’intensité lorsqu’elle se prit la seconde giclée d’eau de mer.

-Ah, toujours marrant!? Bouffeuse de bananes, tu vas voir!
-Eh ?! Lâche moi, qu’est ce que tu fiches ?
-J'm'en vais te balancer à la flotte, tiens. Voilà ce que je vais...
-Ah? Nan mais tu vas pas vraiment… hééééééé, mais si, il essaie en plus ! Nwehehehehehehehe, je tremble de peur! Comme si tu pouvais me soulever et...

Roderik s'accrocha de son mieux aux barreaux de son lit, tandis que l'autre s'essoufflait à la déloger, en vain. La jeune femme riait aux éclats, ce qui devenait insupportable pour Dogaku.

-Hargh. Tu l'auras voulu!
-Ah ? Quoi, Siggy devient méchant ? Tu vas faire quoi, bouder un gros coup ?
-…, gronda-t-il en s’approchant.
-Ouais, c’est bien ce qu’il me semblait, c’est pas comme si tu pouvais vraiment faire quoi que ce… eh, nan, je ne... BRAHAHAHAHA, pas les chatouilles, pas les orteils, BRAHAHAH...

Il était environ huit heures du matin. A part les marins ayant navigué de nuit, comme Nerassa, plus personne ne dormait. Dans ces conditions, ce genre de scènes étaient relativement tolérées : sur un aussi long trajet, les gens finissaient par s’ennuyer, et avoir un peu d’animation de temps en temps meublait l’espace par faute de mieux. Il suffisait de savoir que les deux marins s’entendaient à merveille depuis des années, qu’ils ne se feraient jamais le moindre mal, et qu’en conséquence, ils étaient surtout en train d’amuser la galerie plus qu’autre chose.

-Espèce de vieux chacal, lâche moi !
-Pas avant de t’avoir mise à la flotte, graine de pirate !
-BRAHAHAHAHAaaaarrête, j’le ferais plus, promis… PAS LES ORTE… BRAHAHAHA!!
-Justice divine ! On a pas idée de bouffer autant de bananes pour tuer les gens.
-Eh l'autre! Carence en potassium, j'te signale. Je dois en manger, c'est vital!
-Et laisser traîner des pièges partout, c'est mortel!


Heureusement, il y avait tout de même quelqu’un pour assurer la discipline, tout en restant capable d’être compréhensif, délicat, et surtout, éminemment diplomate.


-C'EST PAS BIENTOT FINI, CE BORDEL??!!??


L'homme qui venait de hurler n'était autre que le capitaine du navire marchand, Anthony Vannimeus. Un homme de petite taille, avec plusieurs centimètres de moins que le mètre soixante neuf de Sigurd, mais solidement charpenté par dix ans de métier dans la marine marchande. Typé indien, sa peau, ses yeux et ses cheveux étaient tous aussi noirs que possible. Ce qui lui permettait de se vêtir de belles étoffes flamboyantes sans faire preuve de la moindre faute de goût.

-Qu'est ce que vous fichez encore, tous les deux?
-Sigurd essaie de me vio...
-QUOI?!
-Ehe. Mauvaise blague, hein?

-Nera essaie de me tuer!, répliqua l'autre.
-Mais non, j'ai juste...
-Avec ses fichues bananes!
-...juste plus besoin de dire quoi que ce soit vu comment tu sais te décrédibiliser tout seul comme un grand.

Vannimeus examina rapidement la scène. Sigurd, trempé des pieds à la tête, qui tenait l'autre par la jambe et l'avait pratiquement tractée à terre. Nerassa, avec une bassine vide en guise de casque, ses longues boucles blondes en cascade humide pour recouvrir son visage, qui s'accrochait désespérément à son matelas.

Dans ces histoires, elle n’était jamais innocente, mais il n’avait pas la moindre envie de parvenir à comprendre ce qu’il s’était passé.

Plutôt que de s'assurer un douloureux mal de crâne, il préféra changer de sujet. Un homme véritablement diplomate, comme nous l’avions dit un peu plus haut.

-Sigurd, tu ne devais pas surveiller les moutons?
-Uh?
-...
-Ah, ben. Grunkild s'en charge, je les lui ais laissés. Faut dire, j’tétais trop occupé à passer par dessus bord et essayer de faire partager l'expérience pour les surveiller, désolé.
-Ah, chuis censé faire ça?, déclara le dénommé Grunkild en entrant à son tour dans la cabine.
-… naaan, c’est pad’jeu. Qu'est ce que tu fiches ici?
-Je ne voulais surtout pas rater la suite des aventures de Sigurd X Nera', bien sûr. On vous entend très bien, là haut, et les autres voulaient au moins un témoin pour leur raconter l'épisode du jour.
-Genre on est les seuls crétins à beugler comme des truies dès le réveil, se plaignit Dogaku.
-Oui, mais c’est beaucoup plus drôle quand c’est vous deux.
-Ah ?
-Va savoir. Enfin, si tu veux mon avis, j’dirais que c’est parce que vous faîtes vieux couple, tous les deux.
-Faux. Sigurd fait vieux couple avec tout le monde, pas juste avec moi.
-Mmmh. Pas faux…
-Ben voyons, hésitez pas à m’enfoncer surtout.
Mais toi, tu devais pas nourrir les béliers, alors?
-Nooon. Tu plaisantes, ils n'ont besoin de personne pour...
-...?, s'étonna Vannimeus.
-Je les ai laissés aux bons soins de Schtidler, bien sûr, mentit Grunkild. Ne vous en faites pas.
-Vraiment?
-Puisque je vous le dis, insista-t-il, très convaincant.
-Par contre, rebondit Sigurd, Cap'taine, si vous voulez parler de tire au flanc, y'a ce chasseur de prime qu'en glande vraiment pas une. Et quand c'est moi qui dis ça, c’est que y'a VRAIMENT un problème.
-Bien sûr, qu’il ne fait rien. On espère tous qu’il n’aura rien à faire. Manquerait plus qu’on ait des problèmes.
-Ouais mais… j’veux bien qu’il se la joue agent de sécurité parce qu’on connait pas les mers du sud, mais franchement…
-Hého, tout le monde !?, s’agita la borgne en agitant les bras. Vous êtes gentils, je vous adore et tout, mais… ça vous dirait pas d’aller dans une vraie salle de réunion pour discuter de tout ça ? Sortez de ma chambre, c’est plus marrant.
-Fais toi toute petite le temps qu’on t’oublie, plutôt, s’énerva Sigurd. Tu veux que je te balance vraiment par-dessus bord ?
-Pfeuh ! Comme si t’en étais capa…
NOOOON PAS LES ORTEILS OK D’ACCORD J’ARR..







Une vraie bande d’imbéciles.
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