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Promenade de santé désertique.


Pouaah !

Au premier pas à l’extérieur du bateau dans lequel je voyageais clandestinement, je prends une grosse bouffée d’air chaud dans le visage. Le soleil cogne, torride. Je ne sais pas du tout où j’ai mis les pieds, mais ce que est sûr, c’est que l’atmosphère est complètement bouillante. Heureusement, je ne suis pas du genre à transpirer des masses, mais je déboutonne tout de même deux fois ma chemise pour prendre l’air et je retrousse mes manches au maximum.

Sous une petite tente qui le protège du soleil, je remarque un homme accoutré avec une sorte de voile qui lui recouvre tout le visage qui semble être du coin et me décide à l’interpeller.

- Salut le vieux, je pourrai te poser quelques questions ?
- Vous êtes ?, désert…
- Un touriste égaré, hum… Peux-tu me dire où je me trouve ?
- Ici, c’est Hinu Town mon grand, et si tu cherches à rejoindre la ville des sables je te conseille fortement d’engager un guide pour traverser le désert. D’ailleurs, quelle coïncidence, tu en as un devant tes yeux !, sable…
- La ville des sables ?
- La ville des sables, oui, c’est le centre de l’île, là où tu trouveras tout ce dont tu as besoin. Mais s’aventurer seul dans le désert pour la rejoindre serait du suicide pour un étranger, alors je te conseille fortement de choisir le guide que je suis pour te guider, hehe, soleil…

Le désert… On m’en avait parlé quelques fois. Une grande étendue de vide sans âme qui vive. Là où le soleil frappe si fort que très peu d’êtres vivants peuvent résister. Même la roche termine son existence en sable impuissant dans ces lieux dangereux. C’est sûr, le plan de cet homme est le plus approprié à la situation.

- Combien demandes-tu pour ce service ?
- Une poignée de berry seulement mon garçon, chaleur…

Mon garçon ? Pervers ! Déjà, je suis un homme, un vrai, viril, et il ose m’appeler mon garçon. Il me fou en rogne, heureusement qu’il est renseigné sur l’endroit, sinon je lui aurais fait savoir ce que je pense à ce vieil imbécile !

- Une poignée de berry, tu peux être plus explicite peut-être, le vieux ridé ?
- L’allé sans retour coûte 5 000 berry, soif…

5 000 berry ! Mais c’est toutes mes économies qui vont partir en fumée si jamais j’accepte. Enfin, il faut bien que j’investisse dans le futur si je veux vraiment découvrir cette île sans me faire manger par le désert. C’est dur de se décider, mais je cède finalement à cet escroc.

- Grmblm, va pour 5 000 berry alors… Arnaqueur…

Je le paie à contre cœur alors qu’il décoche un sourire vaseux.

- Très bien ! Maintenant, jeune homme, va chercher de quoi t’habiller dans cette baraque, le départ aura lieu ici dans une heure tapante, ne le manque pas, soleil…
- TU VAS ARRÊTER DE DIRE N’IMPORTE QUOI A LA FIN DE TES PHRASES ?

Il a vraiment les mots pour essayer de faire passer la dragée celui-là, mais c’est pas en m’appelant « jeune homme » qu’il me fera oublier mes 5 000 berry. L’enflure. Et puis c’est quoi ces manies de répéter des mots complètement hors contexte à la fin de ses phrases ? Il connait peut-être son île mais je crois que le soleil lui tape sévèrement sur le système à ce vieux fou.


Je détourne le regard de son visage niai et j’approche du bâtiment vers lequel il m’a dirigé, une sorte de taudis insalubre. A l’intérieur, quelques vêtements similaires à ceux que l’homme portait à l’instant sont disposés sur des cintres. Seulement, le magasin semble à moitié dévalisé et le choix est très réduit.
Je remarque un gus à moitié avachi sur sa chaise qui semble somnoler.

- Hé, le vieux, je vais pas devoir porter ça quand même ?

Il se réveille en sursaut et me scrute quelques secondes avant de comprendre la situation.

- Hum, si tu comptes pas tomber de déshydratation au milieu du chemin, je te conseille d’en prendre un, mais libre à toi, dessert…

Encore un qui se la joue avec ses grands mots. Grr, je déteste cette île, tous ces ancêtres qui osent essayer de me ridiculiser… Et encore un qui a pas toute sa tête. J’espère au moins que cette ville des sables recèle vraiment des choses intéressantes pour me remplir les poches.

Avec dégoût, j’essaie chacun des habits moites, encore puants la transpiration des précédents qui les avait enfilés. Écœuré, je remarque qu’un seul correspond à ma taille, les autres beaucoup trop amples. Il est teinté de rose et me donne une allure particulièrement ridicule.

- T’es vraiment sûr que c’est indispensable ?

Le vendeur nonchalant se tourne vers moi. Il étouffe un rire moqueur et s’approche pour me tapoter le haut du crâne et remettre mon col en place.

- Il aurait fallu naître plus grand mon ami, mais je dois t’avouer que celui-ci te va à ravir, manger…

Enfoiré, il se fou de moi en plus. Si seulement je pouvais lui foutre une bonne raclée à celui-là aussi. Ces vieux sont vraiment incorrigibles.

- Connard… Déclaré-je en sortant mécontent de la baraque, tout de rose vêtu.
- Bonne chance à toi, puisse le désert t’épargner voyageur, enfants…

Enfants… ENFANTS ?!

(…)

Pfiouu…
Il fait chaud. Chaud. Chaud…
Le climat me fait délirer. L’horizon tremble sous les assauts du soleil.
Dé-bouchonnant ma gourde, je la renverse au-dessus de ma bouche grande ouverte avec le peu de force qu’il me reste. La moitié du breuvage s’écoule le long de mes joues et tombe dans le sable qui l’incorpore comme si lui aussi était assoiffé. Ploc. Ploc. La dernière goutte s’écoule. Puis plus rien. J’ai encore soif moi !
Je jette un coup d’œil derrière moi, il ne reste qu’un homme qui porte quelqu’un sur ses épaules. Je ne peux pas distinguer son visage sous son voile. Bizarre, j’aurais juré qu’il y avait plus de monde il y a un instant. Enfin, peu importe. Je m’arrête et me décide à tenter ma chance :

- Vous partageriez une partie de votre eau avec moi ?

L’individu à son tour s’interrompt dans l’effort pour me répondre :

- T’as pas entendu le guide ? Il avait dit de conserver son eau au maximum.
- Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ce guide ? Je bois quand j’ai soif, et là je peux plus.
- C’est ton problème. On repart, faudrait pas qu’on le perde.
- D’ailleurs, ça doit bien faire une demi-heure que je l’ai pas aperçu.
- Il a aussi dit qu’on le perdrait parfois de vue derrière les dunes, avance maintenant, avant de perdre ton rythme.

J’ai la tête qui tourne. Tourne. Tourne… Elle me fait souffrir. Je ne vois plus le bout du chemin, même si il n’y a jamais eu de chemin. L’effort est impossible sans eau. J’ai besoin d’eau. Que quelqu’un me vienne en aide ! Et là, coup du destin. Je relève la tête, et je distingue clairement un grand lac autour duquel la verdure fleurit à foison.

- WOAWW ! M'écrié-je en m’élançant comme un dératé dans le sable.

Sans plus attendre, je plonge dans l’étang.


Peuarf ! J’ai du sable plein la face. Je me redresse et je crache pour dégager les grains de ma bouche tout en me frottant les yeux qui me démangent.

- T’as perdu un boulon mon pote.
- Mais… Mais…

Je me retourne, le dos au sol, regard vers le ciel, j'écarte les bras et les jambes puis je reste immobile. Putain d'hallucination, j'en peux plus !

- J’ABANDONNE, MANGE MOI, INFAME SOLEIL, JE SUIS VAINCU !

L’homme s’approche et me tend la main. Je l’ignore, jusqu’au moment où :

- Debout, abruti en rose, sinon on te laisse là pour de bon.

J’ouvre les yeux. Il y a l’homme, et sur son dos… Cette voix, c’est une femme, j’ai pas rêvé ! Ni une ni deux, je me relève et je reprends du poil de la bête. Pointant l’horizon du doigt, je me lance dans un discours complètement absurde :

- En avant toute, nous y sommes presque, rattrapons ce vieux guide !
- Je me demande pourquoi j’ai suivi un abruti pareil, on a égaré le reste du groupe, je suis sûr qu’on est perdus.
- PARDON ?

Venant d’une femme, ça passait encore, mais venant de lui, j’allai pas rester indifférent devant un tel affront. Je suis un homme, un vrai !

- LA DERNIÈRE FOIS QU’ON M’A PARLÉ COMME CA, la dernière fois…

Il me regarde. Je le regarde. On se regarde.

- Gaspille pas tes forces et marche, on devrait s’entraider si on veut pas y rester.

Je bafouille machinalement quelques insultes inaudibles et je reprends ma marche à contre-cœur. Je sens le sable qui vient fouetter mon visage et mes habits. Le vent se lève. Avec tout ça, j’ai pas vu le temps passer. Le soleil va bientôt disparaître à l’heure qu’il est. Le guide nous avait prévenus qu’on arriverait dans la nuit, mais j’ai l’impression qu’on est encore très loin de cette fameuse ville.

« Le désert est imprévisible, il y fait une chaleur étouffante le jour et un froid glacial la nuit, sable… » qu'il disait, le vieux fou.

Est-ce que ce grand tourbillon de sable au loin faisait partie de cette imprévisibilité ? En tout cas, ça ne présage rien de bon.


Dernière édition par Epsen Airy le Dim 23 Mar 2014, 01:09, édité 8 fois
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Spoiler:

Toc toc toc …

On toque à ma porte, je relève ma tête de mes plans de cartographie. Je pose délicatement le crayon sur mon plan de travail et me lève de mon bureau déjà épuisée de mon travail. Mine de rien, dessiner des cartes n'est pas qu'une partie de plaisir … Mais je ne me plains pas. Bien au contraire, le temps ne m'en donne pas l'occasion ! Alors je vais ouvrir la porte de ma cabine pour savoir qui vient m'interpeller.

« - Miss Grey, Miss Grey ! Bonne nouvelle ! »

Annonce Rusty, l'un des nombreux hommes de l'embarcation. Le petit homme moustachu me regarde avec son fameux sourire béa et ne continue pas sa phrase.

« - Tu pourrais être plus précis ? » Dis-je en avançant ma tête vers la sienne.

Et ma phrase a l'effet d'une bombe dans son crâne, il sursaute puis je sursaute en arrière à mon tour.

« - Pardon ? Vous êtes … ? Euh .. Ah oui ! Nous sommes arrivés ! Quelle heure est-il ? »

Puis sans me prévenir, il repart. J'avais oublié son cas, en effet Rusty souffre d'un petit problème. Quelque chose de vraiment bête puisqu'à l'âge de huit ans, ce moussaillon est tombé la têt- Qu'est-ce que je raconte ? Il n'a eu absolument aucun incident ... ce qui est d'autant plus étrange. Bref, un sourcil arqué, j'enfile par dessus mon bikini un petit pantalon en jean et une courte veste rouge. Arrivé dehors, je regarde alors le paysage et souffre de cette chaleur étouffante.

« - Megumi, ne t'éloigne surtout pas de moi. »

Cette voix ne m'est pas inconnue, elle provient d'Henvy ! Le bras droit de mon père. Je le considère comme une seconde figure paternelle, c'est le genre d'homme grand, stoïque qui cache un côté beaucoup trop protecteur. Lui-même était très réticent à l'idée que je les accompagne livrer de la marchandise à Hinu Town puisque depuis que mon père a prit sa retraite, Henvy est devenu le président de cette petite entreprise. Mais je voulais surtout venir pour améliorer mes capacités de navigatrice. Je descends alors sans lui répondre du bateau.  La moitié des hommes décident de camper sur le bateau en attendant notre retour. Tandis qu'ils parlent en petit groupe, je me mets donc à marcher le long de la ruelle. Plus loin, je décide d'aborder un homme qui semble être du coin.

« - Jolie demoiselle, que faîtes-vous seule dans un tel endroit ? Perdue .. ? Si vous le souhaitez, je peux vous aider. soleil …
- Oï vieux pervers ! Recule. Je suis venu ici avec une dizaine d'hommes, tu saurais comment parvenir au centre de l'île sans problème ?
- Mais très certainement ! Je vous servirais de guide parce que voyez-vous-
- Ouais ouais, cesse de parler tu veux. ( sable … ) … Dis moi le prix. Dis-je en croisant les bras sous ma poitrine.
- Hum … 5000 Berrys la personne demoiselle, chaleur...»

J'écarquille les yeux, surprise de ce prix aussi élevé ! Je m'apprête à lui dire quelques mots quand Henvy arrive en trombe.

« - HALTE ! Reculez ! A-t-il eu des intentions perverses ? »

L'homme recouvert du voile semble effrayé, il me regarde. Il faut le dire, Henri est un homme très imposant qui peut faire, malgré lui, plutôt peur. Surtout lorsqu'il soulève les gens par leurs vêtements. Je pose alors mes deux mains sur ma taille avant de regarder le vieillard, un petit sourire narquois sur les lèvres.

« - 5 000 Berrys pour nous deux. Dernière offre. » Le vieil homme acquiesce finalement, apeuré.

Après nous avoir finalement donné les renseignements, on part donc s'habiller.

( … )

Au milieu de tout ce sable, nous étions enfin partis avec le guide et avec quelques personnes .. ! Sur le dos d'Henvy, je me sers de ma gourde pour y boire une gorgée d'eau. Je ne peux pas vraiment me plaindre puisque je ne marche pas pieds dans le sable. Puis il y a cet homme, il sortait du lot depuis tout à l'heure. Il n'est pas un vieux crouton à première vue ni un gosse, même s'il s'en rapproche plus ou moins. Il n'est pas responsable et ça se voit, la preuve : le voilà étendu au sol, bouffant le sable de pleine bouche ... Je reviens à l'homme, puis par pitié je murmure à Henvy de l'aider. Il s'approche, donc moi aussi du coup, logique et lui propose alors sa main.

« - Debout, abruti en rose, sinon on te laisse là pour de bon. » Je descends alors du dos d'Henvy puis je balaie d'un revers de main les nombreux plies de mes vêtements. « Qu'allons-nous faire ? Nous sommes perdus .. Et j'ai presque terminé ma gourde. » Je soupire et reste à côté du grand homme.

Que faire ? C'est d'un ennuie mortelle ! J'aurais finalement due rester sur le bateau, au moins je pouvais me prendre un bain de soleil sans que le sable vienne tout gâcher, sans cette chaleur bien plus étouffante qu'à notre arrivée ! Sans ce petit vent doux qui- un vent doux ?  Un tourbillon  …. Je crie de toute mes forces, un cri bien aigu et m'agrippe à la chose la plus proche … L'homme.

« - Qu- … Oui ? Je … C'est que … Je m'appelle … Epsen.
- Awahwah .. ! Sont les ''mots'' que j'arrive enfin à prononcer, l'expression de mon visage, horrifiée à la vue de cette tornade.
- HALTE ! Recule adolescent pré-pubère ! On t'a peut-être aidé mais ça s'arrête là !
- M-MAIS ! TU CROIS QUOI ? J'suis pas comme ça moi ! FAIS GAFFE parce que des gens comme toi … des gens comme toi …
- PAUVRES IDIOTS ! C'est vraiment pas le moment ! Devant VOUS ! » Après avoir crié, j'agite à plusieurs reprises mon doigt vers la catastrophe naturelle. Le vent devient de plus en plus intense et j'ai de plus en plus peur. Où est ce maudit GUIDE ! Je vous jure que si je le l'attrape ! Je décide alors de prendre les choses en mains.
« - Bon, il faut que l'on reste groupé ! Regardons les points positifs … Il n'y en a aucun certes ! Mais nous sommes vivants ! Je propose que l'on …
- Si tu oses la toucher encore une fois … !
- Qu'est-ce que tu racontes ? C'est elle qui m'a touché ! ET PUIS J'AI PAS PEUR DE TOI ! Les gens de ton genre, je les démolis ! »

… … … *BIM*

Une bosse chacun, je me mets alors à courir en compagnie d'Epsen et d'Henvy prenant sans leur demander, leurs mains. Je m'arrête de bouger derrière un énorme rocher. On décide alors d'attendre que la nuit tombe complètement en attendant que le tourbillon passe. Adossée contre la pierre, j'aperçois quelque chose de noir ... oh ça se multiplie !

« - DES SCORPIONS GÉANTS !  » J'alerte tout le monde, me cache derrière Henvy et pousse Epsen vers eux. « - Sers à quelque chose ... !»

Tandis que la nuit tombe pleinement, une silhouette féminine à la direction opposée de la notre arrive en courant. Je remarque rapidement que la tornade commence à se dissiper tandis qu'un nouveau personnage fait son apparition.


Dernière édition par Megumi Grey le Lun 10 Mar 2014, 03:38, édité 1 fois
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-… Et ça vous fera donc dix mille Berrys !

-… Y’a pas moyen de baisser un peu plus ? Parce que dix milles Berrys pour un voyage hein… C’est pas vraiment donné, pour quelqu’un qui vient tout juste de l’hôpital et qui doit en plus rattraper son boulot de chasseuse de primes…

-… Dix milles Berrys pour la moitié du chemin avec le chameau, mad’moiselle… Ensuite, on peut s’arranger pour cinq milles, héhéhé…

Eh beh. La journée commence bien. A peine sortie de ma convalescence, que je me retrouve déjà sur la paille. J’ai toujours les honoraires du médecin à payer… Et maintenant ça ! Un guide franchement bizarre, qui se frotte les mains, déjà sûr d’avoir fait une bonne affaire.  Son chameau a l’air pas mal dans le genre, non plus. Il a la bave qui lui coule des lèvres et un œil qui part d’un côté.

J’crois que je me suis fait un peu avoir. On m’a dit qu’c’était lui, le guide le moins cher de la ville. Dix milles Berrys. Mouuuuaaaiiis. Pas convaincue du tout. Je regarde à nouveau le gars, emmitouflé dans une cape blanche et un foulard devant sa bouche. Il a la peau basanée et pas vraiment lisse. P’têt vieux, vu les cicatrices qui couturent ses mains. Un guerrier du désert ? Possible.  Un de ces hommes courageux qui a affronté le danger dans cette immensité chaude et sablonneuse. Il a dû voir les scorpions, aussi…

Un tremblement parcoure ma nuque. Les scorpions. Saleté de bestioles. Quand je parle de ces trucs, ce ne sont pas les machins minuscules qu’on croise n’importe où. Non. C’est le modèle dix ou douze fois plus grand et dangereux. J’ai eu vraiment de la chance de m’en sortir.

James… L’ange, j’me demande bien ce qu’il est devenu, lui. Peut-être m’a-t-il oubliée. Moi, je ne peux pas oublier ce qu’il a fait pour moi. Me sauver la vie. Tout simplement. Ouais, j’ai une belle dette à lui rembourser un de ces jours. On s’est quittés sur un baiser que j’ai bien voulu lui céder.

… Sur la joue, hein.

Faut pas croire que grâce à lui, j’suis vachement plus conciliante envers les hommes.

Non. Peut-être un peu moins agressive, je ne renie pourtant pas ma nature. Mon cœur est samouraï et il le sera à jamais. Mon passif me rattrape toujours, on ne peut ignorer ce que l’on est.  On n’efface pas des blessures qui restent ouvertes et que même le temps ne cicatrise pas. J’espère le revoir un jour, cet ange. Il m’a comme… Apaisée, en partie. Où est-il donc sur cette terre ?



J’ai le regard nostalgique qui s’balade ici et là. Ouais, repenser à ça, c’est le meilleur truc à faire pour être mélancolique.

-… Eh… Eh ! Vous m’avez écouté pour notre petit marché ? Z’êtes d’accord, héhéhé ?

-Mh ? Pardon, j’avais l’esprit occupé. Vous m’donneriez cinq milles Berrys du voyage en entier, du coup ?

-Mais oui, bien sûr… Seulement  si vous pouviez…

***

Ne jamais retourner dans un pays chaud, où des scorpions géants t’attaquent et où les guides te demandent de passer la tenue traditionnelle des danseuses le temps d’un voyage. Sincèrement. De quoi ai-je l’air avec ce voile rose transparent me recouvrant le visage, le bustier à perles et la jupe de la même couleur ? Bon dieu, faîtes qu’aucun touriste ne me voit comme ça... Et surtout pas quand j’irais danser…

Oui, le rabais, c’est ça. Porter ce truc et aller danser à l’auberge du port où le guide me déposera. Cinq milles Berrys pour le voyage entier, au lieu de la moitié. Ils manquent de danseuses apparemment… Alors, pour un soir et un voyage à cinq milles…

Le pas du chameau est cadencé, un peu comme les roulis de la mer. Un pas, puis un autre, et encore un, plus un… Une danse lancinante et qui me donne l’impression d’être endormie. Le soleil tape fort. Les rayons brûlent ma peau fragile et blanche. A tous les coups, j’vais m’retrouver avec des rougeurs…  Heureusement que la nuit tombe déjà et que l’astre jaune se retrouve englouti par le paysage au loin. Dévoré par le désert, la lune sera bientôt recrachée par cette mer jaune.

Et le chameau continue sa marche. Le guide tient les rênes d’une main ferme, ne parle que très peu, donne seulement quelques indications, mais c’est tout. On s’enfonce dans le désert depuis bien une heure. La ville a disparu derrière nous, ou alors, elle serait un mirage qu’on ne pourrait qu’effleurer du regard. Enfin, je crois.

Je sens la sueur dégouliner de mon front. Toujours pas habituée à ce climat trop sec pour moi. Mes paupières papillonnent. Même après un an de convalescence, je me sens toujours un peu faible. Foutus scorpions. J’ai la main sur l’un de mes sabres, au cas où. La nervosité m’empêche de m’abandonner à un sommeil qui serait réparateur. J’ai la chair de poule en pensant à ces sales bestioles. Même le guide est armé d’un sabre, c’est dire… Le coin n’est décidément pas conseillé.

La voix rocailleuse du guide perce le silence qui s’est installé depuis un moment entre nous :

-On devrait arriver à la prochaine oasis dans trois quarts d’heure à peu près. Le temps de faire une halte, de remplir à nouveau nos gourdes d’eau et de laisser Berber se reposer, il nous restera quatre ou cinq heures de trajet dans la nuit, plus ou moins. Rajoutez aussi les futurs arrêts, héhéhé…

-Berber ?

-Le chameau.

Je ne rajoute rien. Un silence aussi prolongé que celui-là, on s’y habitue. Le guide m’a juste lancé un regard de ses yeux noirs comme la suie. Il sait qu’on se reverra pas après le service que je lui aurais rendu et celui qu’il me rend en ce moment-même. Inconnus dans une foule. Comme les grains de sable des dunes que le vent emporte. Un tout qui a été roc,  s’est délité en une multitude, mais jamais le sablon, non jamais, ne pourra se distinguer du désert qu’il compose.

Le vent se lève. Le sable avec. Pas très agréable comme sensation de déjà-vu. Une tempête… Des scorpions ensuite ? Y’a peu de chance pour qu’une situation se réitère ?... Non… ?

Je frissonne un peu. Tout ça ne me dit rien qui vaille. Le guide n’a pas l’air rassuré non plus.

-Mmmh… On dirait qu’une tornade se déplace au loin, héhéhé…

-J’ai déjà vu ça, oui… S’arrêter pour s’abriter ne serait-il pas plus sage ?

-Non. Il n’y a rien dans les alentours pour servir d’abri pour quelques heures. Il vaut mieux continuer d’avancer avant que le vent ne devienne plus fort. Les tornades, ça s’évite, vous savez, héhéhé…

Ah oui, pas faux. Je me tais à nouveau. Même si je ne suis pas plus rassurée pour autant. La peur me ronge les tripes. Je ne le dirais jamais à voix haute, mais j’ai les chocottes là. Trop de mauvais souvenirs qui reviennent.

- DES SCORPIONS GÉANTS !

Je sens le chameau s’arrêter automatiquement sous les directives du guide. Il se tourne vers moi. Je le regarde. Ouais, il a entendu lui aussi. Y’a des personnes qui ont l’air d’avoir besoin d’aide. Mais c’est pas avec son chameau qu’on ira plus vite. On échange un regard. J’sais pas s’il me comprend.  J’ai la main moite quand j’attrape mon deuxième sabre.

-Héhéhé… Faîtes gaffe à vous… J’serais derrière vous avec la tête de mule… A tous les coups, c’est encore des voyageurs égarés…

Il fait juste un signe de tête et j’descends de la monture répondant au doux de Berber. Je le fixe un instant, en silence. Une seule question me brûle les lèvres.

-N’importe qui partirait et profiterait de l’argent donné…
-Eh, moi je suis un guide compétent, répertorié dans le rikchelin ! Et j’laisse pas mes clients se paumer comme certains charlatans ! Et j’ferais remarquer que vous portez une tenue que j’ai payé de mes mains ! Alors faîtes attention à pas l’abîmer !

Ainsi, on rencontre de bonnes âmes par ici. Pas comme le médecin et sa bouteille de vin. Hm. Enfin. Un léger sourire se peint sur mon visage. Quel drôle d’homme. Une honnêteté et une franchise pareilles, c’est rare. Un dernier signe de la main. Au fond de mon cœur, j’espère le revoir.

Je m’éloigne en courant, les sabres à la main. Le sable chaud glisse entre mes orteils. Se déplacer ici, c’est un peu comme dans la neige. Pas facile et chiant. Le soleil a totalement disparu à présent. Il reste encore quelques lueurs rougeoyantes de l’astre, mais les étoiles et la lune prendront bientôt le relais. Ils se passent un flambeau de lumière qui guide les hommes du désert. Bientôt, les températures tomberont. Il faut faire vite.


Les cris se sont tus. Et je ne vois personne. Serait-ce un leurre ? Une mauvaise blague ?

Claclaclak

… Ce bruit de pinces…

Oh. MERDE.
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Silhouettes brunes qui zèbrent le sable lévitant.
L’une en cache une autre.

C’est quoi ce bruit ?

Claclaclak.

Je vais protéger cette fille quoi qu’il m’en coûte, parole d’homme viril, mais j’aimerai bien voir la tronche de mes agresseurs. Elle a appelé ça des scorpions… Hm, c’est quoi ? Un espèce de gang comme la mafia ? J’attends de voir, mais ils semblent être beaucoup, comme s’ils sortaient tous de leurs cachettes pour défendre un territoire. Mais enfin, on est au milieu du désert, dans une espèce de crevasse rocheuse, depuis quand les gangs vivent dans ce genre de coin ?



Je n’en crois pas mes yeux. Les hallucinations doivent reprendre. Un tas de « bêtes » apparaissent, à peu près aussi grandes que moi, armées d’énormes pinces qui me trancheraient un bras aussi facilement qu’une brindille. Elles ont aussi une queue complètement rétractée qui laisse apparaître un aiguillon ne présageant rien de bon.

- Je vais vous massacrer, créatures horribles !

D’un geste, je dégage mon voile rose qui s’envole au gré des courants se faisant de plus en plus forts. J’agrippe mon sabre et m’élance tel un héros prêt à sauver sa bien-aimée même s’il doit y laisser la vie. Celle-là c’est sûr, si jamais je la sauve, elle me considèrera comme un homme digne de ce nom ! Ma première cible choisie, je l’attaque de face, introduisant toute mon énergie dans le coup.

CLANG !

Je valdingue et mon sabre bronche sous la puissance du coup qu’il a dû encaisser. Mon adversaire… Pas une égratignure, la peau de ses pinces est dure comme de l’acier.

- Abruti ! La défense de ses pinces est impénétrable, vise la tête ou les pattes !
- Abruti toi-même, j’aimerai bien t’y voir !

Lui c’est clair que c’est le prochain sur la liste une fois que j’aurai massacré toutes ces bestioles.

- AAAAAAAH !

Un cri strident. Ni une ni deux, je tourne mon regard vers la demoiselle qui se retrouve en face à face avec l’un des scorpions.

Bang.

Malgré mon état assommé par les épreuves endurées jusque-là, ma précision reste remarquable. Et on dirait que mes amis n’apprécient pas trop les armes à feu. Une balle qui lui transperce le crâne, un liquide jaunâtre éclabousse la jeune fille qui était à deux doigts de se faire attraper, et c’est clair qu’elle en serait pas sorti indemne.

- Connard ! Je te rappelle que c’est moi que tu défends, et regarde ce que tu as fait à mes habits !

Je comprendrai jamais. Comment elle peut encore penser à ses habits alors qu’elle y est presque restée ? Les femmes ont vraiment un cerveau sous-développé, j’en suis certain !
En tout cas, maintenant que je connais leur point faible, ces monstres sont à moi. Une, deux, trois balles fusent faire exploser le crâne de trois d’entre eux.

- Haha ! Fuyez devant ma puissance ! Personne ne la touchera !

J’ajuste un quatrième pour enchaîner dans ma série. Mais...

Pik.

Je perds le contrôle. Quelque chose m’assaillit la jambe et remonte jusqu’à mon crâne. Ma gorge est toujours sèche. Je bascule et la créature se transforme… En homme ? Je savais bien que j’hallucinais !

Le temps ralenti. Je me retrouve au centre d’un énorme boulevard. Toutes les bêtes ne sont plus là. Seulement des gens, le regard froid et ces pinces énormes en guise de main. J’ai froid. J’étais dans un désert brulant, mais je tremble tellement l’air glacial m’attaque la peau. Ils marchent lentement, mais ils s’approchent terriblement. L’odeur de pollution m’envahit les narines et me retourne complètement le cœur. Qu’est-ce que je fou là ? Des bâtiments qui crachent de la fumée m’entourent. Zaun ? Toujours plus proches. La paix, hein... C’est ça que je ressens, malgré l’excitation qui me transcendait il y a quelques instants. Je me laisse aller au gré de mes vieux souvenirs. Et puis le bruit disharmonieux refait surface.

Claclaclak…

- HÉ, TOI, ATTENTION !

Hein ? Je contemple l’imposante pince qui me fait face, malgré le sable virevoltant qui m’arrache les yeux. Je comprends. Je suis de retour.
Un pas en arrière et…

CLACK.

Une mèche de mes cheveux se détache et une goutte de sang coule sur mon front suant. Machinalement, je serre le manche de ma lame et je l’enfonce dans le crâne de la bête. C’était moins une…

- M… Merci. Adressé-je à celle qui venait de me sauver.

Celle ? C’est pas la fille qui avait voyagé avec moi. Celle-là porte un voile à peu près similaire à celui que j’avais abandonné. Je rougis légèrement de honte. M’être fait sauver par une femme, c’est un comble ! Pourtant, malgré son action héroïque, elle tremble comme une feuille. Son sabre en main, elle est complètement crispée et me fixe avec inquiétude. Je sais pas c’est quoi son problème, mais moi j’en ai un gros, c’est toute la famille de scorpions qui a une pince (une dent) contre moi ! C’est clair que je viendrai à bout de toutes ces bestioles. Et les deux autres qui m’accompagnaient l’ont bien compris vu qu’ils sont en train de filer pendant que j’attire l’attention. Pas le choix, je dois fuir !

Je déboule à toute vitesse alors que je saisis ma sauveuse et la maintient sur une épaule dans la foulée.

Je boite. Ma jambe droite me fait terriblement souffrir. Je me risque à jeter un petit coup d’œil. Wow ! J’ai des veines violettes qui apparaissent sur ma peau et qui ne cessent de prendre de l’ampleur. On dirait que je suis pas au bout de mes veines. Hum, de mes peines.
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On court, on court,  sous le soleil, on court, on court , sur du sable qui nous brûle les pieds , on court, on court, poursuivis par des scorpions…

… Enfin, il court, il court. Le furet.

-…Lâche-moi !Lâche-moi !LÂ-CHE MOI !
-DIS PAS N’IMPORTE QUOI, J’SUIS EN TRAIN DE TE SAUVER !On a des scorpions au cul, j’ferais remarquer… Urgh !
-A L’AAAAAIIIIIDEEEEEEEEE !
-Courrez Miss Grey, courrez ! Je couvre vos arrières !

J’aurais pu être une égoïste, une pétasse de première et continuer à me plaindre pour qu’il me fasse descendre, que ces stéréotypes comme quoi les hommes doivent être galants et protecteurs s’arrêtent là. J’aurais pu. Sauf que j’ai remarqué c’qui allait pas chez lui. Des veines violettes, un teint qui commence à devenir jaune, des nausées et une certaine difficulté à respirer, sans parler du sang qui s’écoule de la blessure qui le fait boiter.

J’ai pas fait attention aux deux personnes qui étaient en compagnie du gars qui m’transporte tant bien que mal sur son dos. Non, justement, j’fais plus attention à lui. Pourquoi, hein ? Il lui arrive le pire truc qu’on aurait pu lui souhaiter lors d’une balade dans le désert comme celle-là. Se faire piquer par un de ces scorpions géants. Dans quinze minutes, (quand on aura semées les sales bestioles), on parie combien qu’il commence à vomir et à maudire le ciel de ce qui lui arrive ?

Oh, gars, que je ne t’envie pas. Mais alors pas du tout. Tu vas voir à quel point ton être se déchirera en deux. A quel point la douleur peut aller loin. Avec un peu de chance, tu vivras. Et si tu restes vivant, tu vas devoir rester longtemps alité, à sentir tes entrailles s’dévergonder comme si on t’avait foutu du détergent dans les intestins. Tu gémiras, tu délireras dans ton sommeil et tu ne sauras même plus qui tu es quand la douleur sera insupportable. Ah, tu seras shooté aux médoc’ aussi. Un p’tit point positif, même si la sortie de l’hôpital coûte la peau du cul.

Alors j’la boucle, j’le laisse me balader, le temps qu’les scorpions lâchent les proies que nous sommes. Je garde le silence pour une vérité. Une vérité qui me déchire le cœur.


***


-Et voilà, qu’est-ce que je disais hein ? Ne me remerciez pas, chère demoiselle…
-Crétin.
-Rrrrmmmmh, elle m’a encore insulté !
-Et vous allez devoir remplir ces papiers, d’ailleurs !
-Pourquoi tu veux savoir mon nom, vieux débile ?
-Pour vous faire parvenir les dédommagements et intérêts que vous devez à Miss Grey, bien évidemmment.
-Enfoiré !


On a fini par réussir à les semer. J’dois admettre que le jeune homme est plutôt résistant. Pas encore un seul vomissement. Mais bientôt, il sentira ce feu qui m’a détruite il y a un de cela. Terriblement acide et ravageur.

On s’est planqués vers une gorge de pierre rouge qu’on a trouvée sur notre chemin. Au moins, il fait frais ici. Un peu de repos, ça ne fait pas de mal. J’me suis foutue à l’écart, pour boire le peu d’eau qu’il me restait. Assise sur un rocher, un sabre toujours sous la main. Au cas où, comme toujours.

Le visage de marbre, je fixe le galant homme, le « sauveur » ou tout autre dénomination s’il en a une pour lui-même. Il ne serait pas en danger de mort, que je n’aurais pas pu le supporter. Le poison se répand toujours dans son sang, même s’il a utilisé un peu de tissu pour cacher les veines violettes à la vue de la jeune femme aux cheveux roses (couleur qui pète les yeux d’ailleurs). Sûrement pour faire bonne impression. Sûrement pour se rassurer lui-même aussi.

La nuit commence à tomber. Toujours pas de trace de mon guide. J’ai encore été trop bonne, trop conne. Trop naïve pour penser qu’il viendrait réellement nous chercher. Tsssk. Une poule mouillée, comme tous les autres. Ma convalescence m’a donné de faux espoirs. Va falloir que je remédie à ça.

Après avoir réglé ses affaires avec les deux autres, il s’ramène au fond de notre petit abri, près de moi. J’ai l’âme un peu meurtrie. Parce que je suis la seule à savoir. Même si lui doit certainement s’en douter. Faut pas pousser la connerie aussi loin hein.

J’tousse un peu, me triture les mains, expire un bon coup et j’finis par murmurer avec un grondement sourd :

-Pendant qu’ils sont en train de discuter entre eux, on va peut-être pouvoir parler de ta jambe. Et du venin.

Ne pas lui laisser le temps de protester. Non. Alors, je continue la parlote. Clair. Net. Et précis. Annonce de choc, mais nécessaire. Le gaillard a l’air solide. Il survivra. Mais revivre un calvaire que j’ai vécu ? Non, certainement pas.

-Ne nie pas. J’ai moi aussi subi l’effet de c’qu’injectent ces bestioles. Et crois-moi, si je suis en vie, ce n’est pas au prix de certaines choses, comme une année entière où j’aurais pu partir plus vite de cet enfer.

Le cœur qui se resserre. C’jamais une partie de joie de dire ce genre de trucs. Mais là, ça m’fait vraiment de la peine. C’est assez rare je dois dire. La seule chose dont je me préoccupe en général, c’est de mon pichet bien rempli et de mon honneur. Les rires de la damoiselle et du grand bonhomme l’accompagnant me parviennent. Mon esprit s’assombrit à nouveau.

Et le voilà, le point final.

-On aura pas le temps de t’emmener à la capitale. Si tu veux rester en vie et que le poison arrête de se propager dans ton corps, y’a qu’une solution. Faut qu’on t’ampute.

Les accents de ma voix se font tranquilles et apaisés. La fatigue m’a adoucie, même si je ne veux pas admettre l'autre vérité de cette histoire.

Il y a des blessures qui ne se referment jamais.

Un frisson parcourt mon dos  en entier.

Mes mains se resserrent autour de mes bras. Ça ira. Oui, ça ira. Je me répète ces quelques mots, pour me rassurer. Alors que non, ça n’ira pas.

Une entaille peut se refermer. Un pied, ça ne repousse pas. Et si j’étais pas aussi fière et arrogante de moi-même, j’aurais pleuré. Tout doucement. J'aurais pleuré sur le sort de cet inconnu aux cheveux châtains, pas très grand (pas pour autant très petit), avec des yeux de jade et un corps plutôt bien bâti. J'aurais pleuré sur le sort d'un futur estropié.
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