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Et j'entends siffler le train...

1625 – West Blue – Sur un navire de guerre de la marine





Scène 1. Le sombre.

Au petit matin, alors que les premières lueurs du jour filtraient à travers les carreaux impeccables du bâtiment, l’on pouvait déjà voir le sous-amiral Niromoto assis à son bureau. Une plume dans une main, quelques feuillets dans l’autre, il regardait avec un calme olympien son den-den mushi qui lui criait dessus. Ouvrant à peine la bouche, il referma aussitôt ses lèvres en secouant de la tête tandis que les brimades incessantes d’un autre mécontent transpiraient déjà au travers du pauvre den-den mushi qui n’en pouvait plus de gueuler ainsi.
Vouté sur sa chaise, ses yeux fixèrent le téléphone qui ne pouvait soutenir un tel regard. Perçant et froid, son regard figeât le pauvre objet sur place avant que sa main ne le pousse délibérément vers le bord du bureau. Le Den-den mushi chuta puis roula sur le sol pour finir prostré sous l’une des chaises qui servait à accueillir les différentes personnes de l’autre côté du bureau. Bien que l’on pouvait voir le soleil poindre à l’horizon, dans la cabine du sous-amiral, il faisait encore sombre. Non, c’était plutôt autour du sous-amiral lui-même que la lumière ne brillait pas. C’était un peu comme si elle fuyait ce personnage lugubre et obscur qui venait de se lever pour aller rejoindre une large table un peu plus loin. Sur celle-ci, diverses pièces stratégiques étaient disposées au-dessus d’une ancienne carte. Le doigt torsadé posé sur elle, le gradé suivait à présent le tracé de la ligne touristique Manatannes-Kabool de West Blue jusqu’à un certain point où était disposé une petite statuette représentant un crâne. Les yeux plissés, il s’alluma une longue tige en tirant dessus de profondes bouffées. Les volutes de fumés se dessinaient partout dans la pièce comme pour venir souligner le côté mystérieux de l’officier qui se complaisait à rester tapis dans le brouillard artificiel, loin des effets de l’astre du jour.

1625 – West Blue – A la gare Manatannes.



Scène 2. Edward King

A l’heure où le soleil se lève, j’avais décidé de faire un tour à la gare Manatannes. Je venais d’être mandaté par le sous-amiral Niromoto, un homme sinistre et influent qui a surement dû faire appel à moi grâce à l’appui du sous-amiral Cold’z pour lequel je venais de finir un travail. C’est un honneur pour moi que d’être utile à des personnes comme elles et il me faut continuer à les servir du mieux que je le pourrais. C’est pourquoi, j’avais décidé qu’il était plus prudent d’agir au grand jour avec une identité d’emprunt. Je me souviens avoir suivi un exercice dans lequel je devais suivre un individu aussi discrètement que possible en vue de copier ses habitudes, sa manière de parler, de marcher et plus généralement, sa façon d’appréhender la vie et le monde qui l’entourait. Dans ce monde où toutes les facettes de l’homme sont représentés, j’en avais choisis une. Celle d’un bourgeois excentrique, d’un homme d’affaire redoutable qui ne vit que pour le profit. La cupidité, c’est bien là l’un des attraits que je refoule le plus et quoi de mieux pour prendre ma revanche sur la vie que de montrer aux autres leurs propres reflets dans le miroir de la vérité ? Alors me voici dans des habits de soie et des parures précieuses. Me voici chancelant le pas d’un côté plus prononcé que de l’autre comme quelqu’un qui marcherait sur le pont d’un navire prit dans la houle. La démarche chaloupée, le teint parfait et le regard hautain je vais et je viens. Je sens bon et pour ne rien cacher à personne, ma mine soignée signale à tous que j’appartiens à un monde où les petits tracas de la vie n'ont pas leurs places. Mesdames et messieurs, je suis Edward King et je viens vous acheter un ticket. Et, tellement pris par le personnage, je n’avais pas vu que mes pas mal assurés m’avaient justement conduis au guichet où personne ne travaillait. Un écriteau avec dessus : Ligne fermé jusqu’au siècle prochain donnait le ton dans cette gare où plus personne ne transitait et qui était même devenu un lieu de perdition.

Scène 3. Côté face

Désert. C’était le mot juste. Tandis que j’étais entré à pas feutré dans la gare, je venais de me rendre compte que le cadran de l’horloge principale placé en façade indiquait onze heures alors qu’il n’était même pas neuf heures. C’est comme si tout ce qui entourait la ligne avait cessé d’être après l’explosion des rails. Ici, je n’entends que mes pas résonnés sur le marbre. Ici, je ne vois rien ni personne… Ou presque. Une ombre venait de passer entre les piliers de l’endroit et si tout était délabré, mais éclairé par les feux du soleil, il semblait en être autrement pour ce couloir que venait d’emprunter l’ombre en question. De là ou j’étais je ne distinguais pas la fin de celui-ci. On aurait dit un long et sinueux œsophage, celui d’une créature immonde tant ce lieu était lugubre et pourvu d’une odeur nauséabonde. Qui sais où cela menait, sans doute à l’estomac et que trouverais-je ? Allons-y, au moins je me souviendrais longtemps des premiers pas d’Edward King… Comme je le pensais, ça sent de plus en plus mauvais, mais paradoxalement, je commence à m’y faire. J’ai bien choisi mon jour pour endosser cette identité et tous les soins qu’elle a nécessité en amont. L’eau croupie côtoie mes bottes et tandis que des détritus recouvres tout le long de ce couloir humide, je peux clairement lire le chiffre onze un peu partout gravé dans ce tunnel. Une coïncidence avec l’heure indiqué par l’horloge ou existe-t-il un véritable lien ? Quoi qu’il en soit, je crois avoir gagné du terrain sur celui que je suivais, je peux à présent clairement l’entendre avancer devant moi sans toutefois pouvoir le distinguer au milieu de ces ténèbres.
Enfin. Après un périple court, mais ô combien insupportable je me retrouve à présent dans une salle immense. Je peux clairement voir les murs porteurs de la gare alors que je dois me trouver juste en dessous. Ici, l’obscurité est chassée par des lanternes qui pullulent le long des murs habillés parfois par des rideaux en lambeaux et parfois par des graffitis. L’endroit grouille de monde, mais je retrouve les codes du monde du dessus : Les pauvres et les aisés. Du bruit semble venir du centre de la gigantesque pièce. Alors que je tente de me frayer un passage entre les différents lieux de vie et de vente, je ne peux que constater les effets désastreux de la perte d’activité de la ligne Manatannes-Kabool. Ici, ce sont autrefois les employés de la gare et du train qui tentent de se démener pour survivre. Je constate avec désarroi la tenue qui était fièrement la leur et qui n’est plus aujourd’hui qu’un habit de tous les jours. Alors que je me fais chahuter par le flot incessant de passant qui ne peuvent que constater ma mine élégante, enfin celle d’Edward, mes pas m’avaient enfin conduis au centre de l’endroit. Il s’agissait en réalité de combat, clandestin faut-il le rappeler, entre des locaux et des mercenaires à premières vues. Au tableau des scores, les locaux étaient à la traine.


Dernière édition par Sorrento Olin le Dim 16 Mar 2014 - 20:58, édité 3 fois
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Scène 4. 1er Round

Sur le ring improvisé, l’on pouvait voir le champion local prostré face contre terre. Au-dessus de lui, l’ombre triomphante de l’énorme barrique se répandait lugubrement sur la scène jusqu’à assombrir les visages des supporters dépités de constater l’impuissance du meilleur d’entre eux. Enfin le meilleur, il faut dire que Solji était au départ un simple contrôleur. Et parce qu’il était grand et pas forcément beau, alors dans la tête de tous ceux qui l’entourait il savait obligatoirement bien se battre. Moi j’en avais profité pour chaparder une pomme dans le moment fort du combat et je prêtais une attention naturelle aux pauvres bougres qu’étaient devenus ces anciens agents de la voierie. Les pauvres, ils durent troquer un métier honnête et qu’ils appréciaient surement contre cette vie de violence et de misère, loin sous la terre. La symbolique était bien celle-là. C’est comme s’ils étaient déjà enseveli et qu’un dernier soubresaut de vie les animaient à peine encore. Aussi, je remarquais ces mercenaires. Ils n’étaient qu’une poignée, mais semblaient se mouvoir dans cet endroit avec une aisance toute particulière. Ils avaient surement de la bouteille pour dénicher si ce n’est créer un lieu comme celui-ci. La grosse barrique qui venait de disputer le match s’en était retourné dans un des coins du ring. D’une main il apportait un énorme sandwich à sa bouche, de l’autre, ses doigts semblaient doués de vie et de raison quand ils épluchaient à une vitesse folle les billets amassés jusque-là.
Là, au milieu des mercenaires qui jubilaient du magot amassé et des pauvres locaux dépouillés, j’avais décidé de faire mon entrée. Et quelle entrée ! Edward King savait se mettre en valeur et soigner sa prestation. J’entrais fièrement dans l’arène en passant mon corps entre les cordes de fortunes qui étaient tirées le long des quatre poteaux de coin. Au passage, j’avais accroché un foulard rouge autour de ma taille, rouge comme la couleur de l’équipe local et qui rappelait celle de leur uniforme jadis impeccable. Je brillais au milieu de tous et les malheureux ex-représentants de la voirie étaient partagé entre l’étonnement, car ils ne me connaissaient pas et la satisfaction, parce qu’ils pensaient que j’étais surement leur ultime recours.

Tandis que j’avais retiré ma chemise et ma ceinture sur laquelle pendaient tous mes effets, l’énorme barrique en avait profité pour fondre sur moi. Je fus tout d’abord surpris par sa vitesse au vu de son gabarit. M’adaptant à son rythme, je gardais une garde compacte compressé contre mon corps avec la tête rentré. Chaque coup me faisait voltiger d’un côté ou de l’autre du ring et une fois bloqué, le gros mercenaire me pilonnait avec force et intensité. Toutefois, c’était justement cette situation que je souhaitais. En effet, une fois acculé dans les cordes, je me servais de celle-ci pour y placer mon dos tout contre afin d’atténuer la puissance des coups. Les coups du monstre étaient pareils aux vagues puissantes et régulières qui venaient sans cesse se fracasser contre les roches du rivage. Puis, ce qui devait arriver arriva, il était à présent esseulé. Essoufflé par son assaut, j’en profitais alors pour sortir de ma carapace. Chacun de mes coups étaient net et précis. Loin d’être fairplay, je frappais à la gorge et au menton, c’était un combat clandestin je le rappel à nouveau ! Mes coups étaient accompagnés du brouhaha de la foule à présent en liesse. Désorienté et fatigué de son précédent combat, la barrique tomba puis roula sur le sol jusqu’à retourner dans le coin où l’attendait ses complices. A cet instant, j’ai pu distinguer le chiffre onze sur l’omoplate de l’énorme mercenaire...  Le feu et la haine étaient clairement visibles au fond des pupilles de ses camarades et avant même que ne retentisse le den-den gong, ils furent dépouillés à leur tour des gains accumulé jusqu’alors. Le corps ruisselant de sueur et le sourire aux lèvres, j’accueillais aussi bien les franches poignées des uns que les bijoux volés de ces demoiselles, car après tout, Edward King le valait bien.

Scène 5. Au boulot !

La foule était épris du personnage que je venais de créer. Tant et si bien que les questions sur ma personne ne vinrent pas tout de suite, mais durant un repas improvisé sous une tente qui l’était tout autant. Elle se trouvait près d’un mur porteur contre lequel elle tenait justement. Je venais d’être convié par Mira, la femme du pauvre Solji qui avait encore la tête enflé comme une pas-tèque. Mira semblait être la représentante de tout ce petit monde et lorsque la ligne Manathan-Kabool était encore active, elle était justement la chef de gare et avait dû garder ce rôle quand tout fût perdu ou presque. Elle expliqua ensuite au cours d’un repas frugal ce qu’ils étaient devenus. Sans emploi et la peur au ventre après l’explosion de la ligne, ils se dirent que c’étaient peut être Tahar ou l’homme poisson qui était de retour dans le coin. Puis, ils changèrent bien vite d’avis quand ils virent les mercenaires débarquer.  Ils venaient de s’installer dans les parages et nul ne savaient ce qu’ils tramaient dans le coin. Après quoi, des rumeurs enflèrent çà et là au sujet d’un lieu sous la gare. Un lieu où l’on pouvait gagner sa vie en pariant sur des combats ou des jeux d’argent. C’est donc tout naturellement que ceux qui avaient tout perdu s’étaient jeté la tête la première dans la gueule du loup et au final, ils avaient perdu plus encore dans toute cette histoire.

- Ahlala C’est tragique ! Excusez-moi, mais vous êtes bien naïf de croire que l’on peut gagner sa vie en pariant avec des personnes dont vous ne saviez rien.
- Ne nous juge pas ! rétorqua fortement Mira. On travaillait dur et on ne connaissait rien à cette… marginalité.
- Et si je vous proposais de regagner la vie qui autrefois était la vôtre ?
- Quoi ? Et comment ferais-tu cela ? Et puis qui tu es au juste hein ? T’es peut être avec eux après tout !
- Je n’aurais pas étalé le gros si c’était le cas, si ?
- Quoi de mieux pour t’infiltrer ?
- C’est vrai. Cependant, qu’aurais-je eu à y gagner ? Avant mon arrivée vous aviez perdu le peu qu’il vous restait, il n’y a pas d’avantage à être dans votre camp.
- Alors qu’est-ce que tu nous veux  à la fin ?
- Que vous repreniez le travail ! J’ai investi de l’argent dans la reconstruction de la ligne afin de pouvoir l’exploiter et en tirer des bénéfices futurs. Toutefois, j’ai besoin que vous vous repreniez. Regagnez la surface, je me charge du reste.
- Mais onze il…
- Tais-toi Solji ! aussitôt il se tut en baissant de la tête. Les quelques personnes présentes étaient elles aussi glacés d’effroi après la mention de ce chiffre.
- Je vois, tous ces signes sur ce chiffre, les graffitis, le tatouage et l’horloge ainsi que la date de l’explosion… C’est plus qu’une coïncidence n’est-ce pas ? Il y a quelqu’un qui se fait appeler comme ça et je dirais qu’il est lié à ces mercenaires et à l’attaque de la ligne. Ne vivez plus dans la peur, je m'en charge.
- C'est comme si t'étais déjà mort le bourgeois, et puis tu ne nous a toujours pas dit qui tu étais.
- Moi? Je suis Edward King!

1625 – West Blue – Intersection de l’aiguillage du Big Thunder Montain

Scène 6. Je le déteste…

Comme l’avait promis Edward, les travaux sur l’aiguillage commençaient enfin. Quelques ouvriers de l’ile d’à côté avaient été embauché pour travailler d’arrachepied à la remise en conformité de la ligne touristique. Cet évènement fit à lui seul parler de lui et nombreux sont ceux qui, avec la participation de Mira, commencèrent à quitter le sous-sol de la gare Manatannes pour se joindre aux travailleurs déjà sur place. De toute part l’on voyait un flot incessant de va et vient accompagné du bruit incessant des ouvriers et des anciens agents de la voirie réuni ici pour la même cause. La locomotive folle qui s’était encastrée lors de l’incident avait été la première des priorités, en effet, il fallait la déplacer. Aussi, pour égailler le tout, un orchestre improvisé jouait toute la journée pour donner de la cadence à l’activité et devinez qui était encore l’instigateur d’une idée aussi brillante ? Moi, Edward King. Balançant quelques piécettes en chemin, il n’en fallait pas plus pour qu’une bande de gamin se ramène pour jouer de l’harmonica, des cymbales, du tam-tam et d’autres joyeusetés du même genre.
Me concernant j’étais assis ou plutôt affalé sur un transat non loin du chantier. Lunettes de soleil sur le nez, bermuda et guibolles à  l’air, chemise ouverte et chaine en or qui brille, je jouais mon rôle à merveille. Je dormais, mangeais avec appétit devant tous en accentuant chaque bouchée. J’étais à moi seul une attraction et c’était là l’image excentrique que je voulais leur donner. Je n’étais pas venu les aider, j’étais venu les exploiter. C’était ce que je voulais qu’ils croient du reste. Des enfants jouaient non loin, l’un se prenait pour le sanguinaire Tahar et l’autre pour Toji l’homme poisson. Ils mimaient la bataille qui avait eu lieu et une de leur camarade participait également au jeu. Alors qu’elle se faisait chahuter de ci de là par les deux pseudos-pirates, ses pas malchanceux se prirent dans sa robe de fortune et tandis qu’elle se démenait pour ne pas tomber, elle s’était rapproché de moi pour que je l’aide dans cette difficile tâche. Les bras en avant pour la réceptionner, je les avais détournés au dernier moment pour me saisir de mon cocktail tandis que la petite avait fini par tomber sur le sol, face contre terre. Pleurant toutes les larmes de son corps, ses deux camarades s’étaient avancés pour la réconforter et je vis dans leurs yeux un sentiment de mépris et d’amertume à mon encontre nimbé dans l’impuissance. Bouillant de colère, ils ne pouvaient décemment pas nuire à celui qui avait redonné aux gens du coin un nouvel espoir.

- Allez viens Eva, on laisse le bourg’ à son cocktail !
- Je le déteste…


Dernière édition par Sorrento Olin le Dim 16 Mar 2014 - 21:05, édité 2 fois
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Scène 7. Ronde de nuit

A la nuit tombée, ouvriers et agents de la voirie s’étaient consacré toute la journée à restaurer la ligne qui les rendait si fier autrefois. Aussi, quelques aristocrates avaient été vu très succinctement alors que la nouvelle se répandait. Gageons qu’ils s’agissaient là des mêmes énergumènes qui n’arrêtaient pas de tanner le sous amiral quant à la reconstruction de cette jadis prestigieuse escapade.
Alors que l’obscurité recouvrait les lieux à perte de vue, une énorme silhouette s’était glissée sur le chantier accompagné de deux autres. Marchant à toute vitesse sur la pointe des pieds tels des voleurs de la dernière heure, ils se faufilaient dans les ténèbres et leurs sourires aiguisés dans cette nuit noire trahissaient largement leurs méfaits à venir.  Là sans un bruit, sans prévenir, un oiseau de nuit fondit sur les trois pour les propulser à quelques mètres de là. Alors que les vilains larrons roulaient sur l’herbe, ils finirent par se retrouver face à un intriguant personnage emmitouflé dans une sombre cape. Une écharpe d’ébène recouvrait son visage et seuls ses yeux aux couleurs de l’océan étaient visibles.  Sortant son épée et s’approchant, le justicier reconnu la grosse barrique qu’il avait vaincu et ses accompagnateurs n’étaient autres que les mercenaires qu’il avait déjà croisés sous la gare. Couteaux et lances jaillirent dans la main des trois compères qui se ruèrent à l’attaque. Le vent s’était mêlé à l’affaire. Il soufflait une brise qui inclinait l’herbe rase et s’engouffrait dans la cape du justicier qui fondit une nouvelle fois sur ses ennemis du jour, ou plutôt, de la nuit. Repoussé par la lance de barrique, les deux compères en profitèrent alors pour encercler l’inconnu. Les coups pleuvaient alors et le sombre corbeau ne put qu’être repoussé. Voyant qu’il était en difficulté, il fuit dans une allée en contrebas pour finalement disparaître à la faveur de la nuit. Se faufilant dans une venelle puis dans une autre, il avait émergé dans un quartier qui vivait jusque-là du tourisme. Quelques plaies le faisaient souffrir et tandis qu’il reprenait calmement ses esprits une fois à l’abri sur les hauteurs d’un toit, il jaugea calmement la situation. Loin de se disperser, les trois mercenaires faisaient corps. Ils n’étaient pas né de la dernière pluie et savaient qu’avec le nombre ils ne pouvaient que sortir victorieux. Le groupe s’approchait lentement mais surement de l’endroit où se trouvait Sorrento. Sa cape trahissait sa position, mais elle n’était en réalité qu’attaché à un piquet et donnait l’illusion dans la nuit que le corbeau se trouvait là. Cependant il arriva par l’arrière, mais cette tromperie était loin de venir à bout de mercenaires qui en avaient vu de toutes les couleurs. Alors, il fut cueillit par la hampe d’une lance. Projeté par la violence du coup, il eut toutefois le temps de lacérer un sac de poudre qu’il avait trouvé plutôt dans l’une des bicoques abandonnées. La vue à présent obsolète, les trois âmes se débattait comme des diables en jetant de ci de là de large coups qui n’eurent pour effet que de leur nuire les uns les autres. Regroupant ses dernières forces, Sorrento en profita pour les frapper du plat de sa lame, étourdis, ils finirent au sol.

Scène 8. Onze

Nuit noir sur l’ancienne cité faite de bicoques abandonnées. Prêt de la place une âme solitaire avançait péniblement. Une main posé contre son flanc, l’autre tenant une épée le long du corps, il n’avait pas fier allure tout masqué qu’il était par son écharpe couleur ébène. Au bout de son périple se trouvait un homme d’âge mur. Une barbe de quelques jours mangeait son visage. Un long bas en coton habillait ses jambes tandis qu’il apparaissait torse nu avec le chiffre 11 sur le torse. Une coupe de cheveux banals, des bijoux recouvraient ses mains et ses poignets. Il avait une posture assuré et le sabre au clair, il esquissa un pas en avant et était déjà sur moi. Son katana rencontra mon épée droite et mon regard plongea alors dans le sien. Le bruit des lames qui s’entrechoquent résonnait et l’un comme l’autre nous étions des épéistes doués d’une certaine adresse. Mes feintes puis mes estocs ne brassaient plus que l’air après quelques minutes d’une joute bien engagée. Voyant surement que je ne pouvais déployer plus de talent que cela à cause de ma blessure et de la fatigue, il en profita alors pour me montrer son vrai niveau. C’était tout bonnement un sabreur hors pair. Ses coups de sabres francs et nets rencontraient ma chair et je fini en lambeau. Mon écharpe avait depuis longtemps déjà quitté mon visage et je me retrouvais alors seul face à la mort, lui souriant en l’acceptant avec amertume, mais sans rien montrer.
A ma vue flou il disparut l’espace d’un instant, puis, je ne vis plus que tout en rouge lorsque mon propre sang venait de gicler sous mes yeux. A mon réveil et à ma surprise j’étais prisonnier sur une chaise dans l’une des maisons non loin de l’endroit où nous nous étions affrontés. De l’encre noir séché tapissait les carreaux des fenêtres, mais même ainsi je pus reconnaître quelques repères.
Mettant à l’épreuve mes liens en même temps que mes forces, je vis que l’homme était adroit, car il n’avait laissé aucun jeu entre mon poignet et la corde qui me retenait prisonnier. Puis, alors que je regardais partout autour de moi afin de trouver un semblant de quelque chose qui aurait pu me venir en aide, je ne vis que des photos et des articles de l’incident provoqués par Tahar et Toji quelques temps plus tôt. A bien y voir on parlait de personne qui avaient étés lourdement blessés par cet affrontement. Le principal titre de la gazette s’intitulait ‘Dommages collatéraux’ et l’on pouvait voir un homme rendu handicapé la tête basse, maudissant assurément son sort. Ensuite, telle une fresque de vie, d’autres textes en cascades collés sur le tableau indiquaient la chute d’une compagnie dû au suicide de son président. La date du onze y était fait mention. Comme un puzzle, tout était devenu clair dans mon esprit. Ce onze n’était autre que le fils de ce magnat de la finance qui, faute de retrouver l’usage de ses jambes, s’était donné la mort. Je ne savais trop quoi penser de cette situation, car même si rien ne justifiait ses agissements d’aujourd’hui, je ne pouvais ignorer la peine qui fut la sienne.  Sortit tout droit d’un sombre recoin, il me fixa longuement un pistolet à la main braqué sur ma tête. Alors que ma dernière semblait être arrivé,  un cocktail Molotov venait de se briser prêt d’une fenêtre. Les flammes rougeoyaient sur le sol et la populace arrivait alors en nombre, alerté surement par les bruits de notre escarmouche passé.  Les trois mercenaires que j’avais vaincus étaient également dehors, saucissonnées. Ils avaient dû vendre la mèche sur la position de leur employeur voyant le vent tourné. Au milieu de la foule qui attendait amoncelé dehors, l’on pouvait voir Mira et Solji en tête débarqués avec des battes à la main, bien décidé à en découdre. Ils étaient accompagnés par tous les fonctionnaires et faisait front commun. Devant un tel déploiement, onze pesa le pour et le contre puis il se décida à quitter l’endroit non sans laisser un dernier regard plein de colère sur ma personne.
On m’avait mandaté pour rétablir la situation ici, que la ligne soit de nouveau opérationnel. Je voulais également de ce fait venir en aide à tous ces gens mais force m’était de constaté que ce sont eux qui finirent par me venir à la rescousse. Même les enfants étaient là et me regardaient de haut ce qui me fit sourire. M’écroulant ensuite, je m’étais réveillé quelques heures plus tard, le corps bandé. J’étais affalé sur mon transat et l’on m’avait mis mes lunettes de soleil sur le nez. Nulles questions ne me furent encore posées sur la nuit dernière. J’avais même mon cocktail de servi et je devais en tenir une couche, car j’aurais juré voir la petite fille qui jouait avec les enfants habillée de la même façon que moi une épée en bois à la main et le menton fièrement relevé. Son regard en disait long et s’il pouvait parler il aurait surement dit…

Je suis Edward King, l’excentrique à l’épée !
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