« La mort a toujours tort. »
Anonyme
Anonyme
Je suis médecin. Je sais tout un tas de choses. Comme par exemple le fait que la mort est inéluctable. On fait avec, on se blinde derrière une carapace et on continue à lutter. On avance, petit à petit dans cette lutte inégale. Je sais aussi que jamais nous vaincrons. Mais peu importe, nous sommes des optimistes. Seulement, il arrive parfois que cet optimisme prenne une sérieuse claque. Principalement quand la mort fauche des proches. De la famille, des amis. On reste humain malgré tout. On pleure, comme vous, on maudit le monde entier, on cherche à comprendre l’incompréhensible. On se sent impuissant. Et parfois, de cette impuissance naît en nous une nouvelle conviction pour avancer de nouveau. Parfois..
Drum, début de l'année 1625.
Quand j'ai appris les événements de Drum, j'étais en mission sur North Blue. J'aurai donné un bras pour être sur Drum ce jour là. Ce maudit jour où Krabbs a déferlé sur mon île. J'aurai du être là-bas, avec mes collègues. Je m'en veux, je sais que c'est stupide mais je suis emplie de remord. Cela me hante depuis plusieurs jours. Je ne dors plus. Je suis à fleur de peau, mes nerfs sont tendus. Mes professeurs.. Mes amis.. Mes frères... Morts. Pourquoi cette île ? Je n'en sais rien. Je vais devoir faire avec toutes les questions qui me taraudent. Toutes ses vies fauchées en l'espace de quelques heures. Quel gâchis..
J'ai mis plus longtemps que prévu à retourner sur Drum. A la suite de l'annonce, pas mal de chamboulement se sont produits dans les transports maritimes. Je viens d'arriver sur mon île. Celle qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Celle où j'enseigne, celle où j'aime passer mes vacances, celle où je travaille. Mon île, Drum. Le paysage a été bouleversé et ça s'impose à mon regard dès que je pose mon pied géant sur la neige. Je n'ai pas osé regarder l'île avant que la bateau n'accoste. La peur au ventre de découvrir ce que j'avais entendu dire. L'air n'était pas celui que je connaissais. Il flottait une odeur de cendres, de poussières et de roches. La neige semblait plus sombre aussi mais c'est peut être moi qui dramatise. Il manque un truc, où plutôt un énorme truc. Mes yeux s’écarquillent et les pupilles se dilatent. Je sens mon cœur me pincer. Il manque l'académie. Plus précisément, il manque le bâtiment imposant où se trouvait notre lieu de travail, notre école, nos logements, notre histoire, notre avenir ? Je sens mes puissantes jambes m'abandonner. Mes genoux touchent le sol avec violence. Ma main droite se porte sur mon torse qui palpite à une vitesse folle. Je n'en crois pas mes yeux. Les journaux disaient vrais. L'académie de médecine n'est plus.
Quelques habitants que je reconnais viennent à ma rencontre. Ils me parlent mais le son n'est pas transmis jusqu'à mon cerveau. Ce que je vois, ou plutôt ce que je ne vois plus monopolise complètement mon esprit. Mes mains viennent tirer sur mes cheveux. Je me recroqueville en boule, les coudes sur les genoux. Un tsunami de souvenirs m'assaille. Mes études, mes cours, mes élèves, mes professeurs, mes amis. J'essaye de calculer combien de temps j'ai passé sur cette île. 15 ans, à peu près. Une voix un peu plus familière arrive à me sortir de ma torpeur. C'est le Dr Hemy Radley, alias n°13. Elle est assise sur son fauteuil roulant et me gronde car je bloque l'accès aux docks. Je m'excuse et je me lève. Je n'ai jamais était sensible au niveau des yeux mais là, étrangement, le froid me fait couler quelques larmes. On marche, je la suis, elle parle, me raconte les événements à sa façon. Elle est emmitouflée dans une grosse laine. Je ne sais pas pourquoi, sa présence me rassure. Elle me parle sans cesse avec une voie qu'on les grands-mère quand elles vous consolent. Elle est adorable, je la coupe dans son élan et j'ose poser la question fatidique.
Vous avez un premier bilan ?
Son fauteuil s'arrête dans la neige, ses paroles aussi. Je la vois fermer les yeux, réfléchir et me dire d'une voix empreinte d'une grande tristesse.
Rien de définitif, les recherches sont toujours en cours, ça prendra des mois. N° 3, 9 et 16 sont morts. N° 12 est introuvable, pourtant des habitants l'ont vu peu après la bataille. N° 1 et 18 sont portés disparus. C'est une triste année qui commence Eugène. Une triste année.
J'ai mis plus longtemps que prévu à retourner sur Drum. A la suite de l'annonce, pas mal de chamboulement se sont produits dans les transports maritimes. Je viens d'arriver sur mon île. Celle qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Celle où j'enseigne, celle où j'aime passer mes vacances, celle où je travaille. Mon île, Drum. Le paysage a été bouleversé et ça s'impose à mon regard dès que je pose mon pied géant sur la neige. Je n'ai pas osé regarder l'île avant que la bateau n'accoste. La peur au ventre de découvrir ce que j'avais entendu dire. L'air n'était pas celui que je connaissais. Il flottait une odeur de cendres, de poussières et de roches. La neige semblait plus sombre aussi mais c'est peut être moi qui dramatise. Il manque un truc, où plutôt un énorme truc. Mes yeux s’écarquillent et les pupilles se dilatent. Je sens mon cœur me pincer. Il manque l'académie. Plus précisément, il manque le bâtiment imposant où se trouvait notre lieu de travail, notre école, nos logements, notre histoire, notre avenir ? Je sens mes puissantes jambes m'abandonner. Mes genoux touchent le sol avec violence. Ma main droite se porte sur mon torse qui palpite à une vitesse folle. Je n'en crois pas mes yeux. Les journaux disaient vrais. L'académie de médecine n'est plus.
Quelques habitants que je reconnais viennent à ma rencontre. Ils me parlent mais le son n'est pas transmis jusqu'à mon cerveau. Ce que je vois, ou plutôt ce que je ne vois plus monopolise complètement mon esprit. Mes mains viennent tirer sur mes cheveux. Je me recroqueville en boule, les coudes sur les genoux. Un tsunami de souvenirs m'assaille. Mes études, mes cours, mes élèves, mes professeurs, mes amis. J'essaye de calculer combien de temps j'ai passé sur cette île. 15 ans, à peu près. Une voix un peu plus familière arrive à me sortir de ma torpeur. C'est le Dr Hemy Radley, alias n°13. Elle est assise sur son fauteuil roulant et me gronde car je bloque l'accès aux docks. Je m'excuse et je me lève. Je n'ai jamais était sensible au niveau des yeux mais là, étrangement, le froid me fait couler quelques larmes. On marche, je la suis, elle parle, me raconte les événements à sa façon. Elle est emmitouflée dans une grosse laine. Je ne sais pas pourquoi, sa présence me rassure. Elle me parle sans cesse avec une voie qu'on les grands-mère quand elles vous consolent. Elle est adorable, je la coupe dans son élan et j'ose poser la question fatidique.
Vous avez un premier bilan ?
Son fauteuil s'arrête dans la neige, ses paroles aussi. Je la vois fermer les yeux, réfléchir et me dire d'une voix empreinte d'une grande tristesse.
Rien de définitif, les recherches sont toujours en cours, ça prendra des mois. N° 3, 9 et 16 sont morts. N° 12 est introuvable, pourtant des habitants l'ont vu peu après la bataille. N° 1 et 18 sont portés disparus. C'est une triste année qui commence Eugène. Une triste année.