Vous êtes un homme difficile à trouver, Calhugan...
La voix est rude. Grav'leuse. Elle me tire du s'mi-sommeil dans l'quel j'commençais à m'abandonner. Sans daigner bouger, j'répond à celui qui m'alpague, de derrière mon hamac.
Dégage mecton.
Mais lui ne bouge pas. Comme s'il n'avait rien entendu. Perso, j'laisse trainer le bras vers le sol, pour y prendre la bouteille de rhum ouverte que j'y ai laissé. Je la porte à mes lèvres. Ça fait, Glou Glou. Le type en profite pour bouger. Passant par ma gauche, y vient s'poser en face de moi. Une grosse gueule, de celles qu'ont pas pris que des masques de concombre, des yeux perçants. Le type est un briscard. Et sa trogne me dit quelque chose.
Jolie villa. Il faut croire que le crime paie.
Toujours.
Cet façon qu'il a d'ignorer mes paroles commencent à me chauffer. Une irrémédiable envie de me bastonner avec lui monte dans mon bide. Lui, bien qu'occupé à reluquer not'baraque de vacances top classe de l'île Maléfique, baraque payée s'il-vous-plait, s'permet tout d'même de remarquer mes mauvaises ondes et me fixe de ses mires sombres.
Je ne suis pas là pour me battre Calhgan. Je suis le commandant d'élite Quételle, et j'ai une mission à vous confier...
*Quételle, Quételle... L'blase m'dit quelque chose. Où qu'j'ai bien pu entendre parler d'lui.*
..Nous sommes à la poursuite de deux pirates, dont un que vous connaissez personnellement...
*J'ai un souvenir de bar... ou de taverne... d'un type moustachu qui puait méchamment du bec.*
...Rimbau D. Layr. Il a navigué avec vous sous les ordres de Taghel, avant que vousne receviez votre ...titre...
*Quételle.. Ivy Quételle? Non... Hervé Quételle.. Non plus...*
...Il est accompagné d'un autre évadé d'Impel Down: le pirate Grey, possesseur d'un logia. Nous attendons de vous que vous souteniez notre traque en y prenant une part plus qu'active. Allez vous respecter vos engagements, Corsaire?
HARVEY QUETELLE! Je te remets! Death Dog! ... T'es un crack y parait, mon p'tit Harvey. J't'imaginais plus grand.
Il me mire sans rien dire. Indifférent? Stoïque. Je crois qu'il veut une réponse à sa précédente question. Qu'il aille se faire foutre le Harvey. Mais ça m'empêchera pas de lui faire perdre son temps. Héhé. Nonchalant, j'me relève pour m'extraire du hamac. Une fois debout, je m'étire de tout mon long pour boire nouveau.
Le problème mon p'tit Harvey, c'est ta question...
J'engage le pas vers la baraque, le marin d'élite suit mon sillage.
Si j'étais vraiment obligé de faire ce boulot qu't'es pas capable d'accomplir, si ça mettait mon titre en jeu, tu me la poserais pas, ta foutu question...
J'arrive à hauteur du patio de la baraque. Pose un pied sur la pierre tiède qui le pave, pour m'diriger vers le bar. Que j'ouvre. Il est vide. ... Chié.
Seul'ment, t'sais aussi bien qu'moi qu'mon deal, c'est avec le gouv' mondial qu'il est passé. Le gouv', pas la marine. Si tous les p'tits commandants pouvaient m'donner des ordres, le deal, ils pourraient s'le coller au dèrche, les cinq étoilés, dans leur tour de zinc...
Direction la cuisine. J'crois avoir vu de la tise. Je m'approche du lavabo, bouge quelques assiettes sales... Bingo. Là, dans l'mange-flotte, un whisky à moitié vide. Ca fait poc quand le bouchon saute, puis ça fait glouglou.
C'est un refus donc. Je ne manquerai pas d'en référer à mon état-major.
Le type se retourne, pour partir.
Harvey! Me souviens au j'avais entendu ton nom: dans une taverne de Souh Blue. Tu savais qe t'avais une prime sur ta tête, en bas, dans l'Underground?
Il se fixe, sans se retourner.
Qu'ils viennent la chercher...
Et il part, tandis que je souris intérieurement.
* Oh ils viendront, t'en fais pas... J'vais la doubler...*
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Plus tard. Un petit peu. Pas beaucoup.
Je me dirige vers la ville. "Ça" va bientôt commencer. Pas longtemps avant qu'les sauvages se mettent à lancer des incendies un peu partout, que le port connaissent de sérieux problèmes, que les navires commencent à prendre un peu plus l'eau, que les cantines se mettent à servir des plats dangereux, que les cuves d'eau potables se trouent étrangement, puis que des gens meurent. Pas longtemps. Alors je vais montrer ma gueule, histoire d'avoir un bel alibaba.. alibi. Tout en marchant sur les belles artères pavés, je sens bouillir en moi l'excitation. Les touristes m'évitent, moi mais pas cette aura noir de froide violence en attente qui émane par tous mes pores. Je déambule et me perd dans les rues, tandis que le soleil décline. Je tourne au hasard, sans logique. PArce que j'aime bien, puis parce que j'espère. J'espère trouver, ou faire chier, les dex en fait. J'espère trouver Rimbau, parce que ça me ferait plaisir de voir sa gueule, parce qu'aussi il pourra peut-être me dire où est Tahar... Et j'espère qu'Harvey me suit, discrétos, et qu'il se fait chier à tourner en rond. Pourtant, pas de trace du marine d'élite... Tant mieux. Dommage. Dans ma quête de rien, de pas perdus, j'entrevois une allée parallèle, dégagé. J'y pointe comme une phalène vers une bougie.