J'suis pas nyctalope, j'ai juste reconnu l'odeur du cassoulet



En fait, c'est pas que je suis pas empreinte de fierté, mais je préfère quand on me dit ce que je dois faire. Non car, du coup, d'abord je le fais, ensuite je gueule et ça me fait du bien. C'est comme quand je m'suis ramenée à la base, avec tout mon attirail, j'ai gueulé ; ben on m'a collée à l'entrainement pour cinq mois. J'ai pas progressé d'un poil d'ailleurs : que ce soit au Grominet ou avec mes flintlocks, je touche pas une cible en une trentaine de coups. Et encore, je parle pas des dommages collatéraux : il a fallu que je persuade un pauvre caporal de la marine de ne pas porter plainte, pour lui avoir tiré dans la fesse droite. A charge de revanche, j'ai été envoyée en mission à Saint Urea, parce que : "T'es un véritable boulet Anna. Du coup, on te colle dans les pattes de Red là-bas, à Saint Urea, comme ça on est débarrassés de toi pour un petit moment !"

Hey, qu'est-ce que j'y peux moi, si mes doigts glissent quand j'utilise des armes à feu, hein ? Je comprends même pas le concept de viser quelque chose. Moi quand je pointe une cible, c'est trente mètre plus loin qu'elle part la balle. Pourtant, j'suis sûre qu'un jour j'y arriverai, et je serai super forte. Enfin bref, tout ça pour dire que c'était pas une partie de plaisir, cette mission, et que je me faisais littéralement chier à rechercher l'autre type. On m'avait juste dit son nom au gus, quelque chose comme "Bled" ou "Ted", et un mot de passe me permettant soit disant de le reconnaître.

- Comment est ta blanquette ?

- Nh ?? Pardon ?!

Non c'était pas lui. Trop vieux, pas assez bizarre pour s'appeler Ked. Du coup je continue mon chemin tout en m'amusant à faire claquer mes bottines sur les pavés, comme la gosse que je suis. Ouep, j'aime les chaussures, surtout quand elles font ce petit "Tac" distinctif du talon en bois. Et ça, c'est la grande classe, bien que tout le monde s'en foute. Bref je m'éclate, j'demande aux gens comment est leur blanquette, tranquillou quoi. Et pis là, en plein milieu de la ville, sans prévenir, sans raison, j'arrive devant un grand mur, qui s'étend à perte de vue des deux côtés.

- Qu'est-ce que... Mais pourquoi ??

- Escalade-le, tiens ! Allez c'est pas haut, fais pas ta lopette ! T'as pas le choix d'toute façon, héhé !

Super, c'est pile poil le bon moment. Quoi que, y'a pas de prises, alors je risque pas de me faire bien mal, hein ? Je fonce sur le mur, et saute. *BAM* Premier échec. Du coup je retente un coup, à la matrix, j'essaye de marcher à la verticale. *REBAM* Résultat : le haut de mon dos rencontre le sol, quelque chose craque, ma nuque se bloque, mais ma tête va mieux. Assez d'escalade pour aujourd'hui, hein. Arf, j'peux plus me relever.

***
Bon finalement je peux marcher, mais très lentement.  

- Aie. Aie ça fait mal.

- T'es pas cap' de bouger ta tête vers la droite !

- LA FERME !

Un passant m'entend, il me regarde d'un air soupçonneux. Il sirote une canette de soda avec une paille. De l'autre côté, je décide de tenter le tout pour le tout, sait-on jamais.

- Hey , comment est ta blanquette ?!

L'homme pouffe, recrachant goulument son coca par le nez. Rah c'est pas lui non plus. Je trace ma route, passablement cambrée, le visage bloqué par mon lumbago. Dans cet état, j'ai tout l'air d'une handicapée, alors que je suis juste légèrement schizophrène ; pis tout le monde me reluque sans aucune indiscrétion. C'est quoi cette ville ? Çà va faire une heure que je longe ce mur, le cou en compote, totalement paumée. Çà va faire une trentaine de personnes à qui je demande comment est leur blanquette, et jamais de réponse. Dure situation pour un agent secret pas si secret que ça...
Du coup, en chemin, j'accoste un dernier gaillard, au cas où. Chou blanc à nouveau. Celui-ci a néanmoins moins tendance à se foutre de ma gueule, peut-être à cause de son strabisme surréaliste. Il m'apprend que je suis en train de longer le mur de la frange, que je pourrai pas passer de l'autre côté avant demain. Résolue à trouver mon compagnon, je persiste tout de même, lui disant tout bas :

- Si t'as oublié, faut répondre "elle est bonne".

- Je n'ai aucune idée de ce dont vous me causez, m'dame ! Je vends juste des journeaux, m'voyez. Prenez en un, c'est cinquante berries !

Ah, pourtant il avait une tête à s'appeler Bed lui, dommage.

- Hep, le monsieur il veut que t'achètes son foutu journal.

- Ah bah ouais, mais c'est pas la peine d'insister hein. Insiste pas plus, d'accord ? Je ne t'en achèterai pas d'autre !

- Vous en voulez un autre m'dame ?

- Ah bah oui, tiens, vu que t'insistes.

***
Bon, où c'est qu'il est Rez ? La nuit tombe, et justement, notre mission commence cette nuit. Bah, au moins, j'ai plus si mal que ça au cou. Mais dans le doute, mieux vaut que je ne bouge pas la tête. C'est bizarre que je ne l'aie pas encore trouvé, quand même, le Rad. Pourtant si je me souviens bien de l'ordre de mission, le chef il disait : "ces temps-ci on soupçonne des navires révo' d'appareiller dans le port de Saint Urea et de s'approvisionner en nourriture. Comme la vieille dame de fer a choppé un rhume, la sécurité est un peu plus flexible. Votre boulot, c'est d'aller voir ce qu'il se passe, et nous rapporter les informations."

Et justement, j'étais déjà plus trop en train d'écouter quand il me disait où et quand rencontrer l'autre agent secret. Car en fait j'avais faim. Tout ce dont je me souviens, c'était quelque chose du genre : dix œufs durs, eau, porc.. Et comme ça allait bien avec le code secret, je me suis pas posé la question. Surtout qu'à la fin il m'avait demandé si c'était clair sur un ton tellement convaincant, que je ne pouvais que dire oui.

Hé ! Peut-être avait-il dit : dix-neuf heures, au port ! Bah, il est moins le quart et je suis plus très loin de l'endroit. Bon allez, go au port, et pourvu qu'il soit cool, ce Red !

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Le problème du Cipher Pol, c'est que les types qui lancent les missions ne sont pas du tout les mêmes que ceux qui les exécutent...

Bon d'accord, un des problèmes du Cipher Pol.

Mais franchement, c'est toujours la même chose. Prenons ce boulot par exemple. Il est facile d'imaginer le brave petit bureaucrate. Edmond, on va l'appeller Edmond. Edmond donc, arrive comme tous les matins dans son petit bureau bien rangé du département Analyse du Cipher Pol, se boit son petit café, jette machinalement un œil aux derniers rapports qui sont arrivés la pendant la nuit. Et la ! La qu'est ce qu'il voit ? Une petite note d'une obscure et anonyme taupe du CP qui parle d'activités navales suspectes du coté de Saint Uréa. Suspectes, en langage gouvernemental, ça veut dire révo. Bon...

Et la qu'est ce qu'il fait Edmond ? Il se renseigne ? Trouve un spécialiste du terrain et de Saint Uréa, l'agent Red par exemple, pour lui demander conseil et assistance ? Jette un œil aux autres dépêches du jour ? Non. Bien sur que non. Edmond se dit que bordel les révos commencent à bien faire, que c'est de leur faute si le monde ne tourne pas rond et que si ça se trouve si ce matin le café était froid et le bus en retard ben c'était aussi à cause d'eux et qu'il est temps de frapper un grand coup parce qu'enfin, Edmond, on le chauffe pas comme ça nom d'un formulaire de réquisition !

Alors Edmond sort sa plus belle plume et lance tout seul comme un grand une mission prioritaire à lancer immédiatement a Saint Uréa tout affaires cessantes...

Mission qui, au bout du compte, finit toujours par retomber sur la tête de quelqu'un, quelque part à l'autre bout du monde, et qui généralement n'en demandait pas tant.

Ici, le quelqu'un s'appelle Red.

Et franchement, il en demandait pas tant.

[...]



Roger ! Un demi !

Non mais franchement quoi ! Trouver un bateau révo à Saint Uréa ! Ils savent combien il y en a des bateaux qui rentrent et qui sortent chaque jour dans ce putain de port ? Des centaines ! Des bateaux de pèches, de guerre, de commerce ou de je ne sais quoi. Et la moitié des pécheurs du coin serait listés révos après deux minutes d'interrogatoires.

Je fais quoi moi ? Je les arrête tous ?

Roger ! Un autre !

Et tu sais ce qu'ils m'ont dit au QG quand je leur ai dit que non seulement j'avais du boulot mais qu'en plus en étant seul j'avais pas l'ombre d'une chance d'accomplir un travail que la douzaine de bateaux de la douane arrivent pas à boucler ? Tu sais ce qu'ils m'ont dit ?

Ils m'ont dit; pour une fois votre remarque est justifié agent Red. Puisque cette mission est impossible seul, nous vous assignons un agent en formation pour vous aider.

Un agent putain ! Et pourquoi pas un parpaing et une corde pour que j'aille directement me noyer dans le port hein ?

Si encore elle était à l'heure. A tout les coups elle s'est perdue et elle est déjà en train de se faire suriner dans une allée sombre. Tout ça pour m'obliger à rédiger encore une fois une fiche d'agent tué en mission...

Chier...

Et évidemment tu t'en fous hein ?


Miaou

Con de chat !

Roger ! Un double !

Faut que je bouge, j'ai du travail et je sens que ça va me prendre toute la nuit. T'as qu'a garder la monnaie et en profiter pour filer à bouffer à ton chat. J'aime pas la façon dont il me regarde quand je bois. J'ai l'impression d’être un bout de viande.

A demain.



Dix neuf heure trente sur le port de Saint Uréa. Au bout d'un petit jeu de piste CP mis en place par l'agent Red. Plein de petits graffitis sur les murs censés permettre à un autre agent CP de ne pas louper un rencard avec le type qui les a mis. Vestige d'un passé de jeune rebelle, Red aime bien dessiner sur les murs. Surtout ici...

Mais bon. Faut croire que tout se perd au cipehr Pol, ou qu'au CP8 on apprend plus les symboles de survie. Surement au profit d'une approche plus facile.

Hey, comment est ta blanquette ?!

Hum. Une approche comme ça. Soit c'est un type qui a un de sérieux trous d'air au niveau du crane. Soit c'est un agent CP. Et avec la chance de l'agent Red. A tous les coups ce sera pas juste un simple taré sympathique.

Hey gamine ? C'est bon tu peux arrêter. C'est moi. Je suis l'agent Red...


Dernière édition par Red le Jeu 11 Sep 2014 - 13:49, édité 2 fois


    Blasé. Probablement pas l'un de ces types à qui il faut chercher des noises, m'enfin c'est ce que je me dis à chaque fois que je croise un inconnu. Ce mec est trop louche, je refuse de croire qu'il est l'agent Ped. Je suis sûre que c'est un révolutionnaire infiltré qui se fait passer pour lui, il est là pour enquêter sur notre enquête, un double zéro. Je me passe la main gauche dans les cheveux. Euh. Non mais de toute façon c'est pas ça la réponse !

    - Faut répondre : elle est bonne ! Que j'lui dis au corniaud.

    Bon sang, cet agent doublement secret savait vraiment pas s'infiltrer. Pourtant le voilà qui me regarde, avec ce même air abusé et qui me répond, avec ce timbre de voix beaucoup trop similaire à sa première phrase, robotique. Il réitère donc les présentations, c'est lui l'agent Reg, pas un autre. Son air convaincu semble un argument à toute épreuve, il doit savoir que je suis très influençable. Et je suis pas influençable ! Mais ok, c'est lui l'agent Red.

    Heureuse d'avoir perdu une bonne de dizaines de minutes à suspecter un traquenard trop louche pour moi, je la joue genre discrète et avance, le dos repliée, sur une trentaine de mètres jusqu'à une caisse. La zone est libre, le port est vide. On fait quoi, on avance ? Le gars bouge pas vraiment, on dirait qu'il attend. Il attend beaucoup je trouve, d'ailleurs. Il s'en fout, en fait.

    - Ouep, moi aussi j'm'en fout.

    - Mais tu vas la feeee-faire cette... ce récapitulatif... Gn-hein ?

    Pouah ! Bien rattrapé ! Je suis fière de moi, j'hésite à le montrer. Mais la dépression chronique l'emporte sur ma joie, l'idée que je n'ai rien à fiche ici en tant qu’investigatrice sur une véritable mission me chatouille les neurones, pour aussi bien que j'en ai. Je la joue peut-être un peu "too much" pour l'agent Gad ? Calmons le jeu. Je reviens vers lui, sérieuse comme une porte de prison, prête à recevoir les ordres qui m'incombent. Surveiller l'endroit ? Ouep, OK, ça je sais faire. A droite y'a un bidon, à gauche une caisse. Où je pars me cacher ? Quel serait le meilleur angle de vue pour garder un œil sur la zone ? Bah, la caisse, allez.

    Je jette un bref regard par dessus le bidon rouillé, probablement vide, j'ai pas vérifié. Vingt et une heure, ils sont où ? Je balance un coup d’œil du côté de mon camarade. Merde, il a disparu. Han, j'ai envie de faire pipi ! Les ruelles sont sombres et terrifiantes, l'endroit relativement ouvert et la croix se fait d'emblée sur les toilettes publiques. J'ai fait la moitié de la ville tout à l'heure, hein, j'ai pas vu un seul de ces chiottes de misère.

    - Monsieur Zeeeeeeeed ! Z'êtes où ?

    Ha, chut, je crois que j'entends quelqu'un arriver par le port. Bizarre pourtant, y'a aucun bateau. Si trafique il y a, alors c'est aussi qu'il y a un bateau... ou au moins une charrette. Mais non, là c'est un gaillard bizarre, qui marche pas droit, qui évolue dans l'ombre. Telle une hyène, je guette l'individu, à moitié cachée derrière mon bidon. Au cas où, je sors l'un de mes flingues et le brandit maladroitement avec plus de chances de coller ma balle dans le lampadaire le plus proche que dans l'ennemi tapi dans l'ombre. J'attends que le gusse s'avance à la clarté de la lumière synthétique pour voir de quoi il a l'air. Quel dommage que l'agent Rett ne soit pas là. Du coup le gars il continue à avancer, de sa démarche misérable et patibulaire. Il est plus très loin, il va sûrement me voir, il m'a peut-être déjà vue. Bon, en tout cas ça peut pas être l'un des révolutionnaires que nous cherchons. Ce mec est pile poil à l'endroit où il faut pas au moment où il faut pas, punaise. Je le maudis déjà, nourris un pamphlet complet d'insultes à son égard pour être un responsable potentiel de capotage de mission. Sa trombine passe dans la lumière, je le reconnais instantanément. Bordel.

    Trois taffes sur sa cigarette et mon coéquipier recommence à avancer.

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    C'est surement une sorte de punition vicieuse pour une faute que Red a loupé. C'est la seule explication... Et cette fille n'est pas un agent. Impossible non ? Ou alors il y a un type au ressources humaines qui a définitivement lâché sa tête.

    Non mais franchement elle fait quoi la ? Elle tend une embuscade ?

    ça m'ennuie de poser cette question mais. T'as pas vraiment réussi les tests psy ? Si ? Ou alors c'est une sorte de bizutage et t'es juste stagiaire aux archives ? Non non répond pas, c'est une question rhétorique, de toute façon ça va pas me plaire... Contente toi de me suivre, et surtout t'éloignes pas d'un poil hein ?

    Non c'est pas possible, elle doit être super douée et faire vachement bien semblant. Oui c'est surement ça, c'est vachement plus convainquant comme explication. Et plus rassurant aussi. Et puis c'est vérifiable, il suffit de lui confier la premiére partie du boulot en solo.

    Anna quasiment poussé devant lui, Red reprend le chemin du port ou les deux agents ne tardent pas à déboucher. Enfin le port, le vieux port plutôt. Pas celui des frégates, des fiers vaisseaux de guerre ou des beaux navires de transports, plutôt celui des bateaux de pèche puants, des marchands louches, des contrebandiers et pirates occasionnels, et des révos surement.

    Red attrape Anna par le bras histoire de ne pas la perdre et oblique le long des quais. Passant l'une après l'autre les jetés pleines de bateaux pour s’arrêter un peu plus loin devant une bâtisse râblée et moche. Une sorte de caserne massive portant les armoiries de la douane de saint uréa et qui a visiblement connu des jours meilleurs.

    Bon, premiére étape. On cherche des bateaux, et comme y'en a partout et qu'on peut pas fouiller on va chercher ici. Ce bâtiment la, c'est la capitainerie, la dedans on tient un compte précis de tous les bateaux qui rentrent et qui sortent, et on note leur noms et leur cargaison déclarée. Évidemment, y'aura pas marqué transport révolutionnaire, mais je me suis renseigné avant de venir. J'ai une liste de douanier qui pourraient bosser pour la révo. Donc ce qu'on va faire. Enfin, ce que tu vas faire, c'est te glisser la dedans, aller jusqu'a la salle ou ils gardent les registres, et noter tous les noms des navires qui ne sont vérifiés que par ces douaniers la. Si y'a un navire révo, il sera la dedans. Facile non ?

    Ah, et évidemment, comme nous ne sommes pas censés opérer ici, tu dois être absolument discrète, ne tuer personne, et si tu te fais prendre je serais force de te tuer avant qu'ils t'interroge. Maintenant tu me donnes ton flingue et tu y vas. Bonne chance gamine. Et si y'a un souci je suis à la buvette du port juste en face.


    Pendant un instant l'agent Red se demande s'il est utile de parler des détails qu'il connait sur le coin. Lui dire que le chef douanier est un paranoïaque insomniaque et un ancien des chiens de pierre par exemple ? Bah, pas vraiment utile, un agent qui se camoufle aussi bien qu'Anna doit déjà savoir tout ça...

    C'est sur...


      Je me ressassais impitoyablement les derniers événements : la véhémence du gazier à mon égard, ses ordres de mission, la façon avec laquelle il m'avait ôté mes armes et m'avait balancée dans cette merde noire.

      - Aaaaahh !!

      - Cours plus vite, grognasse ! Gueulait la voix de Bachibouzouk dans mon crâne trop vide.

      - JE PEUUX PAAS !! Lui répondis-je.

      Les couloirs étaient serrés, il me semblait même des fois difficile de prendre des virages à gauche ou à droite tellement j'atteignais une vitesse folle. Mes jambes ne touchaient même plus terre et les mouvements circulaires et redondants qu'elles effectuaient avaient l'air d'être le fruit de la roue unique d'une drôle de charrette. Il me fallait retrouver la sortie, ou au moins une sortie si c'était pas par là où j'étais entrée. Deux gros molosses me poursuivaient : des chiens, hein, leurs maîtres étaient largement plus loin, essoufflés depuis longtemps, mais les dogues étaient véritablement infatigables. Faut dire que, me demander moi d'être discrète, c'est un peu comme demander à une grenade dégoupillée de pas exploser. Autant à l'aller ça s'était fait facilement, j'avais miraculeusement pu trouver mon chemin jusqu'au bureau du responsable ; autant au retour, surprise par deux gardes et leurs sympathiques compagnons canins, je m'étais totalement paumée, transportée par la peur qui m'avait fait zigzaguer, monter et descendre dans à peu près tous les étages. Tous sauf celui par lequel j'étais entrée. Du coup, dans la précipitation, il m'avait été impossible de prendre des notes : j'espérais que le drôle de gusse que l'on m'avait affublée n'allait pas se mettre en rognes en voyant la feuille déchirée du calepin des capitaines du port.

      Un embranchement, enfin ! Des portes coupe-feu bordaient le seuil d'un nouveau couloir sur ma gauche tandis que le corridor dans lequel je déambulais continuait tout droit. Je freine, tourne, choppe les battants en passant et les rabats avant de reprendre ma course. Progressivement je ralentis tandis que les aboiement se font de plus en plus lointains. Ouf ! Je me passe le revers du bras sur mon front trempé de sueur et pénètre dans un énième petit bureau sur ma droite. Alors, qu'avons-nous là. Je sors la page violemment déchirée du registre des douaniers et le petit bout de papier avec les noms dessus, me cale derrière une fenêtre pour profiter de la lumière de la lune et pouvoir lire distinctement. Mon regard passe plusieurs fois de la feuille déchirée aux notes de l'agent Zed et vice-versa. Ah, le compte y est ! Bon, c'est toujours la même merde, comment vais-je pouvoir sortir d'ici ? Je range le matos et, à tâtons cette fois-ci, dans une silence relativement complet et une obscurité parsemée, continue ma traversée. En toute logique, si je descends les prochains escaliers je devrais arriver au rez-de-chaussée, la sortie ne devrait plus être très loin ! Mais bon, le bâtiment est grand, suspicieusement long et je suis sûre que si je me perds un peu plus, j'arriverai dans des sous-sols labyrinthiques et tout aussi incroyables. Alors, toujours sur la pointe des pieds, je prête attention aux nombres gravés à côté des portes, à chaque palier que je descends.

      ***
      Un, étage un. J'y suis, le rez-de-chaussée, c'est marqué en dessous, je risque pas de me tromper. Mais j'y pense : si les gardes sont toujours à mes trousses, probablement qu'ils ont déjà barricadé les portes ! Sur le coup je me ronge un ongle tout en continuant mon chemin, stressée. Mes yeux jonglent de droite à gauche, défiant la semi-pénombre qui règne pour essayer de chopper des indications. Bon, me reste plus qu'à trouver une fenêtre et sortir par là. Et pourtant c'est pas que y'en a pas beaucoup, mais...

      - Encore fermée, zut !

      Ah, si j'avais eu l'un de mes flintlocks, t'en fais pas que je t'aurais fait péter le verrou et que je me serais barrée aussi sec ; mais là aucune chance : j'ai même pas de barrette à cheveux pour trafiquer la serrure. Je continue tout de même, longeant le mur blanchâtre du couloir, testant toutes les fenêtres jusqu'à en trouver une ouverte ou mal fermée. Bingo, héhé ! J'ouvre, donc, regarde en bas.

      - Eh mais c'est pas le rez-de-chaussée !

      Ah ! Je tourne la tête vers la gauche. Les aboiements, ils reviennent, ils ont retrouvé ma trace. Fichtre. Le comble, c'est que c'est seulement maintenant que je remarque, sur le mur opposé, un plan de l'établissement. Un rez-de-jardin, ah les filous, y'a un dénivelé. Bon, tant pis, pas le temps de chipoter. Je passe ma jambe en dehors du cadran, puis l'autre. Ca manque de flexibilité, mais au moins je tiens. Rah, crénons ! Aucun moyen de descendre, y'a pas de prise, va falloir sauter. Je remarque, plus loin derrière moi, sur ma droite, un buisson. Parfait ! Ça devrait amortir ma chute. Je me décale lentement tout en évitant que ma joyeuse trombine ne transparaisse trop derrière les vitres. C'est bon, il me reste plus qu'à lâcher prise, mais c'est plus facile à faire. De toute manière j'ai pas le choix, la lumière d'une lampe torche se profile au détour du couloir dans lequel j'étais quelques minutes plus tôt. Mon coeur tambourine dans ma cage thoracique, il faut sauter, maintenant !

      *BLOM*
      Héhé. Même pas mal. Je me relève, enlève les quelques feuilles accrochées à mes vêtements. Hum ?

      - Qu'est-ce que...AH ! AOUUUCH !!

      Ça brûle ! Des orties, un buisson d'orties, j'ai sauté dans un putain de buisson d'orties ! Ça gratte, ça crame la peau, ça passe même à travers mes vêtements et occasionne sur mes mains des myriades de petits points rouges. Alors, tout en pleurant honteusement de douleur, je m'en retourne vers le bistrot où m'attend tranquillement mon supérieur, noire de rage. Il a pas intérêt à me gueuler dessus, le salaud !

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      Parfait. Tiens, bois un coup, tu t'en es bien tirée pour une débutante. Bon, et ensuite ? Tu sais ce qu'on va faire ? Vas y je t'écoute, t'es aux commandes, propose...
      Ben... On pourrait se diviser la liste en deux et aller jeter un coup d’œil rapide aux bateaux qui sont dans le coin en ce moment. Comme ça on ira deux fois plus vite. Malin non ?
      Malin ouais. Sauf que même en la divisant en deux, on risque de passer des jours à chercher ces bateaux ou à les attendre, et encore plus à les fouiller discrètement non ? Et puis, imagine que l'un de nous deux tombe sur le bateau qu'on cherche, est ce que ce serait pas la meilleure façon de se faire fumer en solo ?
      Hmm. C'est pas faux.
      C'est solo que tu n'as pas compris ? Bah, oublie. Dans un cas comme ça, il faut utiliser la ruse. Si tu ne peux pas trouver le bateau, alors il faut te débrouiller pour que le bateau te trouve...
      Heu...
      Je te montre.


      Red sort un den den de son chapeau, et compose rapidement le numéro d'un des sbires du cipher pol qui composent son équipe réduite. Juste le temps de lui déléguer la partie chiante du boulot consistant a arpenter le port a la recherche des bateaux de la liste pour essayer de trouver ceux qui ont l'air plus révo que les autres.

      Mais, alors la ruse, c'est juste déléguer le boulot à quelqu'un d'autre pendant qu'on reste au bar ?
      Non non, la ruse, c'est maintenant. Regarde bien.

      Et pendant que la miss aux cheveux blancs continue à se poser des questions sur la finalité de tout ça, l'agent Red fait signe d'approcher à trois types trainant discrètement à la table à coté en brandissant quasiment un panneau mecs louches.

      Bon les gars. Je répète le boulot ok ? Toi et toi, vous allez me courir toutes les tavernes glauques du port en répandant partout une info sacrément en or. Un putain d'agent de de la dame de pierre est en train de traquer des contrebandiers révos. Si avec ça il se fait pas choper direct c'est qu'il n'y a pas de révos dans le coin...

      Et pendant qu'ils répandent la rumeur, toi tu la suis et tu la lâches pas d'une semelle. Et dés qu'il se fait choper, tu m'appelles. Facile non ? Allez, au boulot !

      Les trois truands filent en douce, et Red revient vers l'angent Sweetsong.

      Alors, t'as compris ? Si tu ne peux pas trouver le révo, arrange toi pour que le révo te trouve !
      Mais il va peut être se faire tuer !
      Peut être. Mais, c'est un risque que je suis prêt à courir. Aucun sacrifice n'est trop beau pour le gouvernement mondial !
      Et puis c'est pas toi...
      Oui, et puis c'est pas moi... Bon, on s'en jette un autre en attendant ? C'est ta tournée !



      Dernière édition par Red le Mer 10 Sep 2014 - 15:42, édité 2 fois

        Pulu pulu pulu !
        Ah, je crois que ça y est, quelque chose a mordu.
        Patron ça y est ! Il s'est fait chopper.
        Parfait ! enfin je veux dire, mince ! Quelle surprise, qui donc a pu faire le coup ?
        Des marins patrons.
        Des marins ? J’espère que tu as mieux que ça si tu veux toucher ton salaire...
        J'ai le nom et l'appontage du bateau ou ils l'ont emmenés. C'est le City of Doodlecastle. Un bateau de commerce de Goa
        Parfait. Beau boulot.

        Tu vois miss? le plan a fonctionné, et c'est l'efficacité des révos qui les as fait tomber dedans. Plutot amusant non? Et ben la ruse, c'est exactement ça. Faire en sorte que l'ennemi se tire tout seul une balle dans le pied.

        Et maintenant ?
        Maintenant Action. Allons voir ce qui a mordu et si ça vaut la peine de l’attraper.


          Alors on y va ?
          Non. D'abord on attend, et on observe.
          Mais ça fait une heure qu'on observe et il s'est rien passé !
          Justement. Qu'il ne se passe rien c'est louche, donc il faut faire encore plus attention.
          Pff... Et si j'allais juste jeter un coup d’œil à la galère et ensuite je reviens ?
          Pourquoi galère ?
          Ben, c'est un bateau de Goa non ? Et a Goa, c'est des galères, facile non ?! Allez j'y vais !
          Non mais attends...

          Hum... Tant pis.


          Mais bon, quand il faut y aller il faut y aller. Et maintenant qu'il est sur de ne pas être le premier à se jeter dans un piège, l'agent Red n'a plus grand chose contre une reconnaissance plus poussée. Et suivant l'agent Swetsong, il se glisse a son tour dans les ténèbres du port.

          Le City of Doodlecastle est un chebec de petite taille. Un bateau plutôt atypique a cause de ses voiles triangulaires qui le rendent plus complexe a manœuvrer. Mais aussi bien plus efficace aux allures proches du vent. Et disposant d'une agilité et d'un tirant d'eau réduit parfait pour les débarquement discrets qui sont la routine des contrebandiers... Alors d'accord c'est proche, mais le confondre avec une galère franchement, a croire qu'on leur apprend plus rien au Cipher pol...

          Plus loin sur la jetée, Anna se lance dans une procédure d'approche compliquée et censément discrète. Elle se glisse de bateaux en bateaux, tombe a l'eau deux fois, se cache, se déplace en sautillant après avoir donné un coup de pied dans une écoutille, et finit néanmoins par se coller contre la coque visée sans que personne ne lui tire dessus. Aucun garde ? Pas si étonnant que ça cela dit. Quand on veut passer pour un honnête navire marchand, coller des vigiles partout n'est pas forcément la meilleur solution. Après tout, s'il y a des gens qui gardent c'est qu'il y a des choses à cacher non ?

          Bon, tu jettes un œil dedans discrètement pour voir ce qu'ils font à notre copain. Et moi je vais jeter un œil dans la cabine du capitaine, histoire de voir s'il y a des trucs intéressants.

          L'inspection discrète est un art dans lequel l'agent Red est passé maitre depuis longtemps. Se glisser dans une cabine comme un serpent, estourbir violemment un type qui dort, et fouiller efficacement un espace réduit à la recherche de truc planqués sont des compétences que tout agent CP se doit de posséder, et il ne faut qu'une dizaine de minutes à Red pour trouver une cavité ménagée dans la coque et planquée de façon pas discrète du tout derrière le tableau qui représente probablement la femme du capitaine. Pauvre homme...

          Dans la planque quelques bouquins écris en code. Donc par déduction suffisamment porteur pour que Red les fauche. Et quelques lettres en clair portant des noms de navires et des cargaisons que Red s'empresse de mémoriser. Maigre pèche.

          Red red ! Vient vite !
          Quoi ?
          Regarde ça.

          Dans les mains de l'agent une flopée de petites figurines de couleurs criardes, curieusement élastique et représentant des personnages qui...

          C'est les atouts de la révolution ! Y'en a plein en bas.
          Des articles de propagande révolutionnaire. Jackpot !
          Mais c'est pas ça le pire. Il y a aussi des kit avec les amiraux. Et ils sont tous habillés en okama !
          Bordel. Alors y'a plus de respect ! Plus rien ne les arrête !
          Qu'est ce qu'on fait ?
          Tu as retrouvé l'agent ?
          Oui oui. Je l'ai envoyé libérer les autres.
          Les autres ? Mais quels autres ?
          Ben, on est sur une galère. Les autres prisonniers enfermés dans l'entrepont et condamnés à ramer.
          C'est pas une galère. C'est un chebec.
          Ah?
          Et donc les types dans la cale ne sont pas des prisonniers. Ce sont des marins révolutionnaires...
          Oh...
          Oui. Oh...

            A quelques mètres de la, prés de l'écoutille entrouverte qui mène à l'entrepont,

            -Hey ! Psst !
            -Oui ? (Baille)
            -Service du gouvernement, on vient vous délivrer !
            -Hein ?
            -Tenez bon, j'ai trouvé une scie. Faites passer le message, il faut réveiller tout le monde discrètement et filer.
            -Mais euh... Vous êtes tous seul ?
            -Non non, mais c'est une opération discrète, on est que trois.
            -Que trois ?
            -Oui, et les autres sont dans la cabine du capitaine.
            -Dans la cabine du capitaine ?
            -Bon, je descend, guidez moi.
            -Par ici mon gars. On va t'aider.
            -Z'auriez pas une lampe ?
            -Les gars ? Quelqu'un a du feu ?

            Frouf ! Dans la cale, le rond de lumière de la torche permet au sbire du Cipher Pol de contempler toute une rangée de visages pas vraiment content d'étre délivrés de l'oppression révo.

            Snip !

            -Mais. On vous laisse des armes pour ramer ?


              Pendant que sur le pont une horde de révos aussi vindicatifs que surarmés surgissent l'écume aux lèvres par l'écoutille qui mène à l'entrepont, dans la cabine du capitaine, Red a déjà bloqué la porte et s’emploie à balancer devant tout ce qui peut bloquer son ouverture tout en incitant Anna à faire de même.

              De quoi gagner un répit d'une minute ou deux, mais guère plus. Heureusement que l'avantage des bateaux, c'est que la plupart sont construits de la même façon, et que la cabine du capitaine est toujours celle avec la plus belle vue sur la mer.

              Des coups sourds commencent à retentir à la porte, et les deux agents appliquent une autre des leçons de base du Cipher Pol. Quand la mort entre par la porte, sort par la fenêtre...

              Saisissant le premier truc lourd qui lui passe à portée de la main, Red attrape Annabella et la balance à travers la vitre et le volet, droit dans l'eau sale du port, avant de suivre immédiatement par le chemin maintenant dégagé.

              M'enfin je !
              Nage !
              Mais je nage !
              Sous l'eau !
              Blourps !

              Et pendant que d'une main ferme sur le crane, Red enfonce Anna sous l'eau avant de s'y enfoncer à son tour, les révos finissent de dégager l'entrée de la cabine du capitaine et s'empressent de se coller à la fenétre pour se mettre à flinguer consciencieusement tout ce qui ressemble à une bulle crevant à la surface de l'eau.

              Trop tard heureusement.

              Fin connaisseur du port de Saint Uréa et expert en noyade par balle, Red a déjà guidé Anna non pas vers le large comme le ferait n'importe quel évadé lambda fuyant un bateau, mais bien tout droit vers l'abri de la coque, puis de la jetée, seule façon intelligente de regagner un coin sur sans se faire truffer de plomb comme un faisan à l'ouverture.

              Et maintenant ?
              Maintenant ?
              Maintenant on fait quoi ? On se les fait ?
              A saint Uréa ? T'oublies pas un truc ? On a pas le droit d'étre ici.
              Et du coup ?
              Et du coup maintenant on a réussi notre mission, et on passe au rapport.
              Et eux ?
              Eux ? Eux ils vont psychoter une heure ou deux et se recoucher. Et demain quand ils partiront tranquillement en mer ils seront on ne peut plus calme et prêt à se faire intercepter au large par la bande de marines d'élites qu'on leur aura prévu.
              Encore la ruse c'est ça ?
              Ouaip, encore la ruse. On va peut être faire un truc de toi finalement...

                Permettez moi de résumer votre rapport agent Red. Aprés avoir reçu l'ordre de découvrir discrètement un réseau de transport révolutionnaire, tout ce que vous avez trouvé c'est une cargaison de figurines pour enfant à l'effigie des atouts de la révolution. C'est bien ça ?
                Euh. C'est l'idée monsieur. Mais dans mon rapport ça sonnait mieux il me semble...
                Oui, je l'ai lu. vous aimez bien le mot propagande non?
                Propagande oui, exactement. C'est ça le vrai danger des révos. Armes, explosifs tout ça c'est dangereux c'est sur. Mais la c'est l’âme des futurs générations qu'on vient de sauver monsieur. Pensez à tous ses enfants qui ne deviendront pas des ennemis du Cipher Pol grace à nous ? C'est presque comme si je venais de faire d'un coup tout le boulot du CP 9 pour les vingt cinq prochaines années...
                Ah oui ? Carrément ?
                C'est sur monsieur.
                Hum hmm...
                Monsieur ?
                Vous rentrez Red. Tout de suite !

                Clap !