-38%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC gaming 23,8″ – ACER KG241Y P3bip à 99,99€
99.99 € 159.99 €
Voir le deal

On m'a menti, le diable a un tricorne !




Tic, tac, tic, tac, tic, tac…

Mon corps s’écroule, mais je l’entends. La mélodie. Je la tiens, elle est là. Je la serre contre moi. J’ai mal, ça brûle. Il fait froid, j’ai peur. Bien qu’elle me réconforte. Le monde est muet, autour de moi. Je n’entends qu’elle.

Tic, tac, tic, tac, tic, tac…

Je frissonne. Une dernière harmonie, pour la route. Les battements s’espacent, encore. Le sommeil m’assomme. Je perds espoir. Je perds mon sang. Et la douleur. Alors je la lâche, elle tombe devant moi. Ah, le paysage s’assombrit, grisâtre, mon corps se paralyse. Je ne sais pas pourquoi, je tiens à elle. Elle chante le fils que j’ai abandonné. Et le temps. Mes yeux se ferment, je desserre les dents. Et je m’endors.



***
Du coup je débarque aux premières heures du jour. Il caille sérieusement dans le coin. Non pas que le bateau de transport de voyageurs eut possédé un chauffage - bah pas en deuxième classe en tout cas – créditant l’incroyable baisse de température, mais à peine eussé-je mis un pied sur l’île que je fus déjà parcourue de frissons de la tête aux pieds. La poisse. Cette fois-ci, on m’a confié une mission plutôt simple. En gros, Luvneel, c’est le trou noir du Gouvernement Mondial. Y’a pas de base de la Marine et les seuls soldats qu’il y a à Luvneelgraad sont pas foutus de compter jusqu’à cinq - et c’est d’ailleurs ce qui les maintient en vie. Vu que c’te pays n’est ni puissant, ni prestigieux, ni riche, on s’en fout un peu de ce qu’il s’y passe, hein.

Seulement voilà, depuis quelques temps les actions des révolutionnaires se font moins discrètes et plus efficaces. Y’a pas grand monde d’au courant bien sûr - et la Marine fait partie de ce « pas grand monde » - mais un marché noir se développe tranquillou, là à Luvneelpraad. Luvneelpraad, quand j’y suis arrivée, j’ai pas vraiment eu envie d’y rester. Bon, à priori j’avais rien à craindre, mes cours d’infiltration auprès d’Era Cles étaient visiblement complets, et j’avais revêtu mon plus bel apparat de pirate. Du coup j’me suis pointée, et au bout d’une heure, j’étais encore à chercher la ville, alors que depuis le début j’étais dedans.

Car apparemment, Luvneelpraad est l’un de ces bidonvilles où fleurissent la criminalité, et que c’est un endroit glorieusement sinistré par un tsunami passé plusieurs décades auparavant. Et comme on a jamais pris la peine de rénover la ville, il n’y a pas un seul bâtiment qui tient debout sur des kilomètres et les routes sont totalement impraticables. Du coup, moi qui pensais alors faire de la randonnée sur une suite de terrains vagues, j’étais tout simplement sur l’une des avenues de ce qui avait dû être bien avant une belle et grande cité. Et y’avait pas grand monde : pas de clochard, pas de révolutionnaire, pas de pirate, pas grand monde. Du coup, je décide d’utiliser mes incroyables capacités de subterfuge auprès du seul habitant présent sur des milliers de mètres à la ronde.

- Oh oh oh petiot ! Par barbe rousse saurais-tu où je pourrais trouver des armes pour mon équipage de pirates, sacrebleu ?

- …

Pas de réponse, le nabot capte que dalle et c’est triste à voir. Il me regarde juste avec ses grands yeux globuleux et ses cheveux ébouriffés, me rappelant étrangement un ouistiti sauvage. Il me dévisage de haut en bas, probablement intimidé par la magnificence de mon déguisement. J’le comprends. J’ai pitié de lui. Pour ça, j’oublie un moment le froid polaire du pays et j’lui refile mon manteau, enfin, une vieille cape de pirate toute usée. Bon maintenant il va pouvoir me rensei… ah le salaud, il s’enfuit ! Maudit garnement ! Comme on dit : fais du bien au vilain, il te chie dans la main ! De toute façon c’était pas de la marque, gnahaha. Brr, le vent est sec, il me fouette en me heurtant. En plus, il vient de tous les côtés, impossible de se mettre dos à lui. Mon nez commence à couler, ainsi que mes yeux, et j’y vois déjà plus rien ! Et pis soudain, une voix gutturale sortie de nulle part résonne dans mes oreilles.

- Vous cherchez quelque chose, m’dame ?

J’me passe le revers de la main sur les globes oculaires, histoire d’y voir quelque chose ! Ah, en voilà un haut en couleur ! Je vous décrirais bien son visage s’il était visible, mais fort malheureusement ce que j’avais devant moi était l’archétype du descendant des hommes des cavernes. Enrobé dans une grande mitre en laine grossière, un fusil accroché dans le dos, il était impossible de déchiffrer l’expression de l’individu tellement ses cheveux roux et bouclés, sa barbe brune et ses épais sourcils ne formaient qu’un. Abandonnant finalement la recherche de ses prunelles sous son épaisse toison, je décide après une bonne minute de répondre à sa question.

- Mille sabords, oué ! Je suis pirate mon n’veu, et euh… j’ai appris que je pouvais trouver des armes ici… Pour l’équipage d’euh… le grand cap’tain Barbe-Qui-Pique ! Vous le connaissez sûrement pas, euh… on vient juste de prendre la mer, héhé ! On a accosté pas loin. Crossenbois !

Pas sur que le dernier mot existe dans le lexique pirate, m’enfin soit ; le voilà éclairé ! J’espère que ça va passer… mais oui ça va passer !

- …

Il a l’air sceptique, enfin je crois. C’est probable, en tout cas il a pas bougé d’un poil. D’un poil, héhéhé. Bon, pas le choix, je me force à jouer mon personnage à fond. Je me lance dans une énonciation de jurons de pirates, ou presque :

- Sacrevert-marron-noir ! Par la barbe du scorbut de jupit...

- C’est bon, suivez-moi m’dame.

Je me force à regarder devant moi. C’est à peine si j’me cache pas derrière mon guide, des fois. C’est bien dissimulé, comme coin, moi qui pensais que cette ville délabrée était déserte. Voilà qu’on avait pris quelques sentiers, escaladé trois talus, et qu’il y a désormais, des deux côtés de la route, assis sur des parpaings, des dizaines de soldats de la révolution. Bien que la plupart s’occupent de leurs oignons, au sens littéral du terme, y’en a toujours d’autres pour me lorgner dessus : certains sans trop d’intérêt, certains avec scepticisme, d’autres avec une expression malsaine sur le visage. Histoire de faire la conversation, je demande au gros :

- Dis, ça te dérange si je t’appelle Olaf, Olaf ?

- …

Encore une fois pas de réponse ! Du coup, de plus en plus inquiète, je colle au train du cube moustachu, regardant constamment derrière moi, sans trop voir où l’on va. C’est d’ailleurs la raison qui me fit rencontrer brutalement son postérieur triple épaisseur lorsqu’il se stoppa net sans crier gare.

- On est arrivés.

Dans le style dénué de vitalité, tu peux pas faire mieux. En plus, le mec commence déjà à vaquer à d’autres occupations, alors que j’m’en va’ pour le remercier. Peut-être qu’il s’appelle pas Olaf, peut-être qu’il l’a mal pris, ou qu’il a pas apprécié que je lui rentre dedans quelques minutes plus tôt. J’aurais bien aimé lui poser quelques questions, moi, à commencer par :

- Il est où le marché ?!

Non, j’en reviens pas. C’était ça leur marché au black ? Tu vois, quand on me dit marché, je m’imagine une petite place pavée au sein d’une ville, celle où y’a des stands et des échoppes, voire quelques magasins, où les gens se penchent au dessus de leurs comptoirs pour crier leurs produits frais, où l’on peut sentir la bonne odeur de la tourte ou du fruit mûr. Ou encore de la poudre à canon si c’est un marché d’équipement militaire.

Bah là non c’est pas ça, c’est même pas couvert en fait. Y’a pas de place, toujours les mêmes briques étalées par terre, toujours les mêmes vieux pavés retournés et la végétation qui s’engouffre par les fissures dans le sol. Y’a pas de stands, juste des grands pans de taule pliés en quatre, à la limite quelques tréteaux, et des planches en bois par dessus. Pas vraiment d’organisation non plus, certains se sont installés sur des talus, d’autres en plein milieu de ce qui ressemble le plus à une rue. Je me rapproche d’un vendeur.

- ‘Voulez quelque chose ma p’tite dame ?

J’regarde ce qu’il a. Un manche d’épée cassée, un sabre complet mais émoussé, une vieille canardière à faire pâlir un armurier. Bourdel, comment peut-on acheter ça ? La réponse vient direct : un pirate édenté choppe l’épée émoussée par le mauvais bout, se blesse, rigole bêtement, et l’achète.

***
Depuis une heure je fais le tour des rues et y’a rien de spécial. Ah si, tout à l’heure en déambulant, je suis tombée sur une femme étrange. Elle avait la quarantaine, de longs cheveux bruns, et était vêtue d’une tenue mauve-pourpre à la fois humble et sophistiquée. Un tricorne de soie violette lui habillait la tête, ce qui m’informa illico de son rang de capitaine pirate. Contrairement aux autres gueux qui peuplaient le coin, elle avait un puissant charisme et une aura qui me fit prendre des couleurs. Elle ne me remarqua même pas, je devais avoir la même tronche que tous les autres gusses, avec à peu près la même dégaine, mais moi je me souviens d’elle. Bref c’est le genre de personne qui laisse une trace dans la mémoire des autres.

Je continue d’ailleurs à y repenser en mangeant mon casse-croute, affalée là sur une pierre. Il est midi, j’ai toujours pas trouvé le repère des révolutionnaires responsables de tout ce bazar, mais plus ça va et plus quelque chose me dit qu’il faut que je me taille d’ici. Depuis un p’tit bout de temps, les yeux sont tournés vers moi. Seulement voilà, j’ai essayé de retrouver le chemin dans ma tête, et j’suis totalement paumée. Soudain, je suis carrément arrachée à mes pensées par une grosse patte qui me choppe à l’épaule. Je reconnais la voix caverneuse de l’homme tout aussi caverneux qui m’avait amenée ici.

- M’dame, veuillez me suivre.

Et si je suis pas d’accord, hein, Olaf ? De ce fait, je me retourne pour affronter l’individu. Je plonge mes deux yeux dans son visage poilu, imaginant l’emplacement de ses prunelles, et débute un combat de regards. Je me mets sur la pointe des pieds, penche légèrement le visage, et m’approche à quelques centimètres de sa touffe. Il sent le sauciflard, mais je tiens bon. Alors, en ultime réponse de ma rébellion, je lui lâche finalement :

- Sans problème,  vu que tu insistes, Olaf !

Et merde, c’est ça aussi d’être influençable. Bon c’est quoi le plan B ? M’arracher le bras et m’enfuir en courant ? Car c’est qu’il me tient bien le bougre, c’est à peine s’il me soulève au-dessus du sol. J’peux rien faire, juste me lamenter d’être aussi niaise. Ils vont m’emmener dans un endroit sombre et me torturer pour me soustraire des informations. Je finirai mes jours dans une marre de sang et pourrirai dans une cave obscure de Luvneelpraad. Ah, je vois déjà ma fin se peindre dans ma tête, et rien que ça, ça me donne le tournis. Je désespère déjà, oui je me rends.

- Laissez cette jeune femme tranquille, elle est avec nous !

Beuh, c’est qui ça ? Je connais pas cette voix. Toujours est-il que la poigne du molosse se desserre et que je retrouve lentement ma liberté. Il s’éloigne sans même me zieuter. C’est un bon chien de garde ça. Du coup je me retourne pour voir qui est mon sauveur, histoire de lui serrer la main, histoire de lui payer un coup. Je commence déjà à sourire, sans même me douter de qui ça peut être. En même temps, une ombre menaçante se glisse dans mon dos furtivement. Je n’ai pas le temps de voir de qui il s’agit.

Mon corps se paralyse et je n’ose pas bouger mes yeux. Je reconnais l’odeur de ces cheveux, la force de cette étreinte autour de ma taille. Je reconnais jusqu’à la douceur de cette peau. Non ça ne peut pas être elle, elle est morte. Elle a disparu il y a longtemps, c’est ce que m’a dit la vieille Lulu. Je dévie le regard vers la jeune femme, mon sourire s’élargit de plus belle, mes yeux se couvrent de larmes. Je la tiens dans mes bras, elle est belle et bien vivante. Elle est plus grande, plus forte, et charnue là où il faut, mais c'est elle !

C'est ma sœur, Angela !


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Lun 31 Mar 2014 - 20:07, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini

La piraterie est un monde extrêmement dangereux pour ceux qui osent s'aventurer là-dedans sans expérience. Les jeunes aussi bien dans l'âge que dans le métier se font souvent bouffer par les plus violents. Alors, ceux qui se la jouent Mugiwara sans savoir dans quoi ils se lancent j'en parle même pas! C'est bien de s'accrocher à des rêves, de vivre une odyssée palpitante au gré de ses envies, mais la vie n'est pas toute rose. Je dirais même qu'elle est toute rouge et noire (ou Blanc et bleu si on est Marine). Et ça, je le sais bien pour avoir déjà vu la mort de très près et pour avoir affronté des hommes plus forts que moi. L'ambition et la ruse ne font pas tout, la force prime également sur la réussite. Il faut être vraiment sûr de soit pour voler le drapeau d'un équipage pirate, surtout si le dit équipage est composé de forbans cruels et sans pitié, surtout s'il s'agit des Ombres du Chaos! Ou alors, il faut être fou, ce qui revient généralement au même.

Contrairement à l'imbécile qui a osé me défier, je suis une femme très renseignée et qui sait quoi faire de sa vie. Je ne m'amuse pas à prendre les étendards des autres comme une gamine en me disant que c'est rigolo. C'est même absurde et idiot, ce n'est pas très judicieux. En effet, le Jolly Roger est un bien matériel qu'un pirate tient absolument au même titre que l'argent ou son honneur. Ce tissu représente la fierté, la raison qui fait vivre un équipage. En ce qui me concerne, c'est comme si on me retire ma crédibilité. Que vont penser les autres capitaines en me voyant parcourir les mers sans? C'est une honte! Et c'est pour cette raison que je suis à Luvneelpraad pour reprendre mon bien.

Je sais que l'homme qui possède mon drapeau se nomme Pierre Tombal (Ridicule au passage) et qu'il est le capitaine des RollingStones Pirates (Décidément de plus en plus ridicule). Sa prime est de 15M de Berrys, ce qui prouve qu'il n'est rien face à d'autres, vu qu'il existe des criminels plus puissants. Il a une nakama primée à 12M de Berrys également, ce qui est un peu opprobre. Je parcoure lentement les Wanteds pour bien me familiariser avec ces deux visages, j'aime à reconnaître mes cibles immédiatement sans feuilleter les avis comme une conne devant eux. Avec le temps, j'arrive facilement à retenir chaque détail, c'est une question d'habitude. Je parle lorsque j'étais comédienne et une assassin. Ce genre de capacité à retenir les choses permettent de marquer une grande distinction entre les faibles et ceux qui ont un avenir, c'est certain.

D'ailleurs, j'ai assez perdu de temps. Les recherches sont longues et fastidieuses, mais quand on sait où mettre les pieds et à qui parler, c'est nettement plus rapide. Petru "Material" Mucachescu est le contact avec qui je m'adresse. Il achète et revend des objets assez rares à des pirates ou à des Révolutionnaires. C'est le genre de type qui peut me fournir des informations. Seulement, ce type de personne n'est pas du genre à se laisser trouver. Généralement, c'est eux qui savent où vous localiser.

Depuis quelques minutes déjà, je traîne dans les ruines de Luvneelpraad, légèrement ennuyée. Je n'aime pas attendre, alors pour patienter, je rôde un peu partout sans quitter ma position. On m'a dit que Petru sera disponible d'un moment à l'autre, mais je commence à croire qu'on se moque de moi. Si jamais l'heure tourne encore jusqu'à n'en plus finir, j'irai le chercher moi-même. J'observe tantôt un homme, tantôt un autre. Ces Révolutionnaires n'ont pas de motivation, ils ne sont pas énergétique, ils sont même très mollasson. Je vois même une boule de poil muet qui fait son devoir avec peu d’intérêt. On n'a pas vraiment l'impression qu'ils font tout pour renverser le Gouvernement Mondial. Quitte à être du mauvais côté de la balance, autant jouer les pirates. Niveau liberté il y a rien de mieux. Enfin, un homme avec une barbe de trois jours et des cheveux en bataille se ramène enfin vers moi. Il m'interpelle pour que je me dirige vers lui.

Hép, vous, là. Venez par là.

Je me retourne dans sa direction, le visage plus radieux. J'accélère même ma marche. Arrivée à sa portée, je m'exclame avec un ton légèrement ferme sans pour autant être violente dans le ton de ma voix.

Enfin, ce n'est pas trop tôt. Vous savez que ça ne se fait pas de faire attendre une femme?

J'ai l'impression que traité avec des pirates ça ne lui réussit pas. Cet homme est certainement une jeune recrue, je dis, ça car il manque visiblement beaucoup d'assurance en ma présence et il doit avoir entre vingt et trente ans. Ou alors, il perd tous ses moyens en présence d'une femme, allez savoir. Intrigué par ma question, il répond sans être vraiment sûr de lui, comme s'il avait peur de dire une connerie.

On ne dit pas plutôt "Ça ne se fait pas de demander l'âge à une femme"?

Ma bouche ne remue pas, il n'y a que mes yeux qui pivotent vers sa petite mine, faisant ainsi rentrer mon regard dans le sien. Il comprend alors qu'il ne faut pas vraiment jouer avec moi. Du coup, il abandonne toute discussion, il baisse la tête pendant tout le voyage. L'homme s'arrête enfin face à une bâtisse encore debout. Des Révolutionnaires plus nombreux sont dans les environs, chacun à sa tâche. Un vieux sur une chaise à côté de la porte d'entrée lève le nez vers nous et salut son ami. Étonné de voir son collègue silencieux, il s'exclame avec rigolade.

Hé bien, Paulo. On a perdu sa langue?
Salut, salut. Boarf, m'en parle même pas. Je suis là pour accompagner la demoiselle dans le bureau de Petru, tu me laisses entrer?
Yep, bien sûr.

Une fois à l'intérieur, on me demande poliment de retirer mes armes et procéder à la fouille. Simple protocole à suivre. Sachant parfaitement que j'aurai à faire ça, je me suis préparée à accepter ce genre de choses contraignantes. Je remets alors avec une pointe de regret ma gunblade, mon pistolet apache et ma lame de coude à un tiers. De toute manière, j'ai été formée pour tuer sans si jamais la situation le demande, mais a priori il n'y aucune raison que le rendez-vous dégénère, à moins de s'attendre à un piège, ce que j'en doute. Je suis sûre que tout se passera bien. Ensuite, Paulo toque à une porte. Quelques minutes plus tard on me laisse entrer. Je pénètre dans la pièce, un bureau aménagé avec des planches et des tréteaux et une simple armoire constituent les seuls meubles présents dans la pièce. Niveau éclairage c'est la misère, une unique bougie fait office de lampe. Du coup, il fait relativement sombre. Malgré la pénombre, je peux deviner Petru se tenir en face de moi. Je suis prête.

~~ Page 1 ~~
D'après les testaments de la Reine des Masques, dit Hathor.
©odage by Hathor



Dernière édition par Aoi D. Nakajima le Dim 29 Juin 2014 - 2:44, édité 3 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4495-les-loges-de-la-reine-des
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4364-la-reine-des-masques-en-attente-de-validation


- Gniahahahaha !

Je m'écroule sur le sol, pliée en deux. Du coup, ma chaise aussi se fait plier en deux. Les gens me regardent avec des yeux gros comme des œufs d’autruche mais ne disent rien. Je me redresse tant bien que mal, récupère mon siège et l’intervertis avec un qui est en meilleur état. Pis je m’assois, recommence à rire et récupère lentement mon calme. Rapidement mon visage devient livide, mon sourire n’est plus.

- Ce que… ce que t’essayes de me dire, c’est que tu fais partie d’un équipage de pirates ?

Angela hoche la tête paisiblement et pique un morceau de steak dans son assiette qu’elle  enfourne dans sa bouche. Rah, je n’y comprends plus rien. Pourtant j’ai essayé d’interpréter ses signes du mieux que j’ai pu, à chaque fois ça sonne faux. A ma grande tristesse, elle m’avait avoué, quelques instants plus tôt, que Tonton Bob était bel et bien mort, qu’il fut touché par une balle tirée par l’un de ses ex-compagnons pirates lors d’un coup monté pour le faire sortir de l’appartement, qu’il mourut quelques jours après suite à une infection de la plaie et qu’Angela n’avait rien pu faire sinon nourrir sa haine à l’égard des pirates.

- Mais si tu les hais tant, pourquoi en avoir rejoint alors, débile ?! M’indignè-je.

Je demeure estomaquée, privée de mes mots, en fait, j’ai envie de lui mettre une claque ! Et je sens que ce n’est qu’une question de temps avant que Bachibouzouk me dise de le faire, en plus ! Elle avait rompu avec les idéaux de notre père adoptif. Elle me répond par des gestes des mains fluides, comme le font tous bons sourds et muets qui se respectent : pour le venger. Je m’arrête dans une contemplation de ce qui avait été auparavant une enfant estropiée et réservée, assez forte pour se battre mais jamais assez motivée pour le faire. Pourtant, toute sa vie avait été un long combat contre la différence et la moquerie. Mais je sais pas, là elle vient d’atteindre un certain palier qu’elle n’avait jamais égalé : la vengeance. En plus, c’est son argument pour me dire qu’elle a rejoint des pirates. Non j’y crois pas, c’est pas logique.

***
De toute façon mes connaissances du langage des signes  sont assez limitées. C’est dommage car j’en ai des trucs à lui demander. Mais j’ai pas envie, trop de monde. Sans compter les gorilles qui la suivent partout, ces autres gars de l’équipage des « Rolling Stones ». Et vous savez le plus terrible dans tout ça ? C’est qu’Angela est leur second. C’est elle la navigatrice. Car sans elle, ces marmots de bas étage, ils auraient jamais décollé de leur trou à rat d’East Blue. Je me lève, paye l’addition, ma sœur fait de même. Je décide de tourner le regard vers le paysage plutôt.

Luvneelgraad, une grande ville, pas autant que Logue Town, mais en tout cas pas un champ de ruines comme Luvneelpraad. Un bon coin, avec des bons magasins, des gens sympathiques et un roi bien aimé. Dans ma tête j’me demande s’il y a un rapport entre la faible présence du gouvernement et cette ambiance chaleureuse. Je décide de fixer mon regard sur les bâtiments de la ville tout en marchant lentement. Pour entrer, on était passés par le port de la ville où étaient amarrés de magnifiques bâtiments ; d’ici, on pouvait quasiment contempler le château qui s’imposait au-dessus de la ligne d’horizon d’immeubles et de fortifications imposantes dont dispose l’endroit. Désormais, on déambulait plus du côté touristique de la métropole.  

L’un des gugusses - celui qui avait interpelé le gros poilu à Luvneelpraad et m’avait délivré de sa poigne musclée - semblait visiblement vouloir établir une discussion avec moi. C’était un jeune homme qui ne devait pas avoir plus de vingt-deux ans. Il avait des cheveux blonds à la limite du blanc, et un bandeau vissé sur le front. Pas moche quoi, mais pas mon type de gars. Il avait commencé par me dire que leur navire n’était pas amarré ici, qu’ils avaient préféré accoster au niveau des falaises pas loin de la ville dévastée. Puis il m’avait dit son nom,  Bonneau, Jean Bonneau et j’avais ri, avant de le laisser en plan. Il s’en foutait, lui, que je me foute de sa gueule, il m’avait fait rire le con, c’était tout ce qui comptait.
Car oui, vous connaissez ce proverbe qui dit « femme qui rit à moitié dans ton lit » ? Moi j’sais pas pourquoi certains y croient autant. Alors le mec là, Bonneau, il abandonne pas, il vient me rejoindre tandis que je marche un peu derrière le groupe. Il m’adresse la parole :

- Alors, tu fais quoi dans la vie ? T’es pirate toi aussi ? Ca se voit à ton accoutrement, même si ça fait un poil trop cliché.

Je hoche la tête, presse le pas. J’ai pas envie de lui répondre, même si ma couverture est trop parfaite, héhé. Mais c’est pourtant qu’il s’accroche, le bougre :

- Et tu dis que t’es la sœur adoptive de notre navigatrice bien aimée ? Car elle nous a souvent parlé de toi. Après tout, ça va faire quatre ans qu’elle est avec nous. Comme elle nous a dit, son but n’est pas de trouver le Rough Tell comme nous, mais de poursuivre un certain équipage pirate… Les Golden Rivers à ce qu’elle dit…

Ah, là il commence à m’intriguer. Je ralentis le pas, me place à ses côtés, replace une mèche de cheveux, fais semblant d’être charmée.

- Dis donc t’en sais des choses, toi. J’imagine que t’as un poste à haute responsabilité sur le bateau…

Le jeune homme sourit de plus belle. Touché, il est décidément prévisible le petiot ; faut dire qu’il est jeune aussi.

***
On reste à parler tout en marchant, il m’dit plein de choses intéressantes : il est le seul à comprendre le langage des signes car son petit frère est sourd, du coup il est le mec chargé de transmettre les ordres d’Angela. C’est une sorte de lieutenant, en gros, et il m’avoue se la couler douce. Il m’dit que son équipage est sympa, que c’est pas comme les autres pirates, qu’ils essayent de faire comme les fameux Mugiwara, juste tracer leur route et voir c’qui vient en chemin. Ils sont déjà dix qu’il me dit, mais leur capitaine est vaillant, il seront bientôt plus. Ils sont venus à Luvneel pour acheter des armes, mais c’était pas prévu que j’sois là bien sûr. Alors, comme Angela voulait aller boire un verre avec moi à la capitale du pays, ils ont fait le déplacement aussi. Ca les gênait pas, faut pas s’inquiéter.  Je commence à en avoir ras le bol, ma schizophrénie se fait violence :

- Casse-lui les dents. Y’en a marre à la fin !

Je choppe une clope, la porte à mon bec l’allume. Il me regarde faire tout en continuant à me raconter les péripéties de son équipage. Mais je m’en carre l’oignon, moi ! D’ailleurs il aurait bien continué à m’raconter sa vie s’il n’avait pas été interrompu par une voix féminine plutôt grave.

- Jean, ferme la ! Tu parles trop, tu vois pas que la demoiselle en a ras-le-bol de ton monologue ?

Ouf ! Enfin une personne intelligente dans cet équipage. Entre temps on s’approche des portes de la ville. Je joue la fausse modestie.

- Mais non voyons, ses propos étaient vraiment… intéressants. Cependant j’suis un peu fatiguée du voyage, j’ai pas trop dormi cette nuit, alors…

- J’comprends m’dame. Viens par là toi ! A ces mots la jeune femme choppe l’oreille du pirate et l’envoie, d’un coup sec, rejoindre les autres devants.

On entend toujours celui-ci se plaindre et injurier la dénommée Jeanne Dark qui, je le crois, m’a sauvé la mise. La femme marche pas loin devant moi, elle possède des cheveux roux magnifiques et un visage plutôt rond et pas forcément gracieux ; son corps est enveloppé dans une robe bleue simple mais provocante. Elle a l’air moins naïve que l’autre et se balade avec son fusil à la main. Je la remercie dans ma tête tandis qu’on sort finalement de Luvneelgraad. Je profite du silence quelques secondes, ferme les yeux et au moment où je pense avoir un peu de tranquillité, voilà t’y pas que celle-ci prend le relai !
- Comme tu l’as entendu, mon prénom à moi c’est Jeanne, j’suis la cuisinière. Alors il paraît que t’es la sœur de notre charmante navigatrice ?

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini

Petru s'assoit sur un siège et me passe la deuxième pour que je fasse de même. Et oui, il y a finalement deux chaises pliantes dans la pièce. Il fait si noir aussi que je ne les ai pas tout de suite aperçu. Bref, une fois sur la mienne, Petru engage la conversation.

Madame Nakajima, veuillez m'excuser de vous accueillir dans un endroit aussi insalubre, mais j'imagine que vous connaissez l'adage suivant: pour vivre heureux, vivons caché.

Je comprends parfaitement ce qu'il me dit, mais un peu de lumière ferait un peu plus de bien. Il a peur que je voie son visage?

Mh, comme ça c'est mieux?

C'est moins sombre, oui. Maintenant, tu peux venir au fait. Tu sais que je suis là, parce que j'ai besoin d'une marchandise que tu es seul à vendre dans le coin. Enfin, c'est ce que j'ai dit avant de venir ici, afin d'avoir le droit de te parler tranquillement. Tranquillement, car si je le voulais, j'aurai pu toquer à ta porte sans être invitée. Du coup, tu avances ton visage dans la lumière de la bougie et tu reprends la discussion.

Avant de vous montrer l'objet spécial, j'aimerais avoir la certitude que vous êtes digne de confiance. Vous savez, je traite avec tout le monde, les bons comme les méchants, du moment que ça me rapporte.
Inutile de vous justifier, je comprends tout à fait. Hm, et le vert vous va mieux.
Euuuh merci. Hm, donc. Oui, je disais que si vous avez de quoi payer, le Viso Dial est à vous.

Me mettant un peu plus à l'aise, je sors de ma poche mon fume-cigarette et je laisse le silence retomber. M'aidant de la bougie, j'allume mon tabac. Je suis sereine. Finalement, le peu de lumière donne une certaine atmosphère agréable à ce petit local. Après avoir tiré plusieurs laps, je pose ma mallette sur la table et je l'ouvre devant lui. Des liasses de billets sont rangées parfaitement en rang.

En réalité, le Viso Dial m'importe peu. Je vous donne bien les 1M de Berrys, mais je veux en échange des informations sur les RollingStones Pirates. Je sais qu'ils sont venus chez vous il y a quelques jours...

Le visage de Petru change, il a un air sceptique. En temps normal, il n'est pas coutume qu'un fournisseur révèle des choses sur ses clients, questions de sécurité et de vie privée, etc.

Qu'est-ce que vous leur voulez?

Je ne réponds pas. Mon regard suffit pour lui dire que ce n'est pas ses oignons. Du coup, il reformule la question dans l'autre sens.

Qu'est-ce qu'ils vous ont fait?

Rien qui te regarde, Petru. Je te présente de l'argent, fais au moins l'effort de me donner ce que je veux en échange et cesses de poser des questions.

Attention, vos PP vont passer en négatif. Si vous voulez avoir des clients par la suite, tâchez de me donner ce que je désir.

Il ne répond pas. Il doit sûrement peser le pour et le contre. De toute manière, il n'a rien à perdre. Les RollingStones Pirates ne sont pas des rancuniers ou des criminelles sans pitié. À ce qu'on dit, ils aiment partir à l'aventure et découvrir de nouvelles choses, etc. Ils sont loin d'être des sanguinaires: Ils ne vont pas tuer froidement leur fournisseur parce que celui-ci a donné des informations sur eux à une tierce personne. Savoir s'ils sont encore sur l'île, quand est-ce qu'ils sont passés te voir la dernière fois, de quoi ont-ils besoin, pourquoi sont-ils ici encore, etc. Ce sont ces petits détails qui peuvent échapper qui m'intéresse.

Si je refuse de vous aider, vous allez me tuer n'est-ce pas? Qu'en sera t-il de votre réputation dans ce cas-là?

Belle tentative, mais inutile.

Ne t'occupes pas de ma réputation.
Très bien, très bien, j'ai compris. Je vais vous dire ce que je sais.

L'atmosphère redevient normal. Pendant que mon interlocuteur prend une petite pause avant de commencer, je crache la fumée de ma cigarette pour me détendre doucement.

Pierre Tombal est le capitaine des RollingStones Pirates, mais vous savez déjà cela, n'est-ce pas? Il est sur l'île pour se ravitailler un moment et son navire mouille un peu plus loin au large du côté des ruines du port. Son équipage et lui sont revenus d'un voyage avec tout un équipement d'un géant en or. L'armure, le casque, les épaulières, les jambières, les gantelets, la grosse épée à deux mains comme la petite à une main, la lance et le bouclier sont tout en or massif.

Mes oreilles ont bien entendu? Tout ça pour un humain c'est déjà pas mal, mais pour un colosse, j'imagine déjà les Berrys couler à flot. Mais peut-être que Petru invente cette histoire pour se débarrasser de moi, ce qui m'amène à lui demander une chose.

Hm, pourquoi Pierre Tombal n'a pas d'ores et déjà échangé l'équipement contre de l'argent avec vous ou un autre. Et pourquoi s'en est-il pas vanté?

Finalement, la tension baisse et Petru débite des informations avec moins de retenu.

Hm, en fait, il aimerait bien revendre cet équipement plutôt encombrant, mais nombreux sont les pirates du coin qui convoitent son or et qui menacent ses RollingStones Pirates. Du coup, pour éviter les voleurs et la violence, il parait qu'il a décidé de faire quelque chose de dissuasive, mais très risquée. J'ai cru entendre qu'il a dérobé le pavillon d'un équipage sanguinaire quelconque pour montrer qu'il n'a pas peur des méchants forbans avides de pouvoirs et de richesses et qu'ils est prêt à défendre ses hommes.

Je commence à comprendre. Visiblement, personne ne s'est encore pris à Pierre Tombal à cause de ça? Je vais donc faire d'une pierre trois coups alors. Non seulement, je vais lui montrer qu'il a choppé le mauvais Jolly Roger en le tuant, mais je vais également faire peur aux autres criminels ayant le même esprit que moi et je vais lui prendre tout l'équipement du géant. Et surtout, il va voir que je ne suis pas capitaine d'un équipage trop quelconque! Je mets donc fin à la conversation. Petru a de la chance, car il garde les Berrys et je ne me suis pas énervée. Je retourne ensuite dans la pièce voisine en lui remerciant d'avoir parlé. Même si on a eu un mauvais départ tout à l'heure, il y a quand même eu un marché de conclu finalement, ce qui me donnera l'occasion de faire d'autres affaires avec lui par la suite. Je n'ai plus qu'à prendre mes armes et à chercher le capitaine pirate.

Pierre Tombal, prépare ta tombe!
~~ Page 2 ~~
D'après les testaments de la Reine des Masques, dit Hathor.
©odage by Hathor

  • https://www.onepiece-requiem.net/t4495-les-loges-de-la-reine-des
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4364-la-reine-des-masques-en-attente-de-validation


- Fais tes prières, pirate !

- Non pas envie !

Je réajuste mes flintlocks et décoche deux balles quasi-simultanément : la première atteint l'épaule du chasseur de primes tandis que l'autre se fiche dans sa mâchoire. L'homme tombe net, comme une quille, hurlant du mieux qu'il peut avec les os de sa mandibule éclatés. J'suis plus ou moins contente, les deux coups l’ont atteint, même si les impacts se trouvent à deux zones particulièrement écartées l'une de l'autre. Il me prend même de sourire, tiens.

- Ne me traite plus jamais de pirate. Finis-je.

Je prends le temps de regarder la scène autour de moi. Les autres se débrouillent pas mal eux aussi : l'effrayante Jeanne Dark attaque par crosse et canon, fendant l'attroupement d'ennemis tout en proférant moult menaces et jurons ; plus loin, je peux apercevoir la tignasse blanche de Jean Bonneau dont les reflets de la lame semblent danser parmi les traqueurs de pirates. Aucune trace d'Angela en revanche. Soudain, une balle siffle tout près de mon oreille droite. Je me retourne, armes aux poings, les mâchoires crispées. Et en voilà trois autres qui veulent que je leur lave la tête avec du plomb !

***
Quelques instants plus tôt, le silence régnait encore paisiblement sur la route alors que nous marchions près de la côte. On était plus très loin de Luvneelpraad et j'avais finalement réussi à obtenir un peu de répit. Angela avait quitté la troupe devant pour me rejoindre et marcher à mon allure. Je vidais mon sac. Quelques larmes coulaient le long de mes joues. J'avais l'impression qu'il s'agissait de notre seul instant d'intimité depuis nos retrouvailles. Je lui parlais de tout ce à travers quoi j'étais passée depuis mon départ de la maison jusqu'à mon retour à Logue Town quelques semaines auparavant. Je passais néanmoins sous silence le fait que j'aie intégré le Cipher Pol et dis au lieu de cela que j'étais finalement arrivée ici camouflée en pirate pour acheter des armes au marché noir, ce qui me valut les troubles avec le gros poilu à mon arrivée. D'ailleurs, de son équipage elle était la seule à ne pas être tombée dans le panneau : tous les autres étaient persuadés que j'étais l'une d'entre eux. Mais elle savait bien que je ne pourrai jamais être un boucanier, sans compter que ma précédente réaction au restaurant ne laissait planer aucun doute.

Bref, le paysage alentour était passé d’une plage de sable fin à un amoncellement de rochers digne d’une calanque. Nous avions à peine parcouru quelques mètres qu’un premier coup de feu fit sonner l’alerte. Heureusement y’avait pas de blessé ; en revanche une bonne vingtaine d’hommes nous barrait le passage, dans un sens comme dans l’autre. C’était un traquenard. Ce fut un barbu chauve et obèse qui fit les présentations :

- Je suis le grand Bold Larryel, quartier maître de l’équipage des chasseurs de pirates Grand-Vent ! Nous savons que vous avez un trésor inestimable à bord de votre navire, si vous nous le remettez, nous ne décapiterons pas les têtes de vos cadavres primés une fois que vous serez tous morts !

Angela s’avança jusqu’au bonhomme en compagnie de Jean et Jeanne tandis que je restais derrière avec la demi-douzaine d’autres pirates de l’équipage avec qui nous faisions route. La jeune femme fit des signes de la main à une vitesse telle que je ne pouvais rien y comprendre.

- Elle dit quoi la débile muette ?

Jean traduisit :

- Elle dit que vous n’avez qu’à aller vous faire foutre.

Ce après quoi la concernée dégaina en un dixième seconde un magnifique katana affûté comme un rasoir et entailla la viande du cou potelé du chasseur de primes avant que ce-dernier ne puisse placer un mot. Le coup était propre, sec et inévitable, l'homme tomba sur les genoux en se tenant la gorge suintant l'hémoglobine. C’est alors que le combat commença.

***
Le gugusse fond sur moi, passablement énervé par le coup de crosse que je viens de lui coller dans le front. Pas vraiment le temps d’éviter, son poing s’enfonce dans ma joue et me laisse légèrement sonnée pendant quelques secondes. Je recule de deux pas, chancelante, il me suit et se prépare à m’envoyer bouler au loin avec un fantastique uppercut. Je redresse mon canon et - alors qu’il n’est plus qu’à quelques centimètres - lui tire une balle dans les côtes. Le poumon perforé, le chasseur de prime rejoint le sol en respirant fébrilement. Plus que deux. Ses compagnons sont dans une rage folle, deux gros gaillards musclés armés de machettes. Seule contre eux je n’ai aucune chance. Je replace mes pistolets doubles dans ma ceinture dorsale et déballe le sac de sport que je trimballe partout avec moi.

- Qu’est-ce que tu vas nous sortir ma jolie, une raquette de tennis ? Gnahahahaha !

Je force sur mes bras pour soulever l’épais canon à main et le pointe sur les deux bozos.

- Non, ça. Dites bonjour à Grominet !

J’appuie sur la détente. Le coup part, provoque une fantastique explosion et un incroyable nuage de fumée. J'entends un hurlement qui me prouve que – pour au moins l’une des victimes – le tir a fait mouche ! Le brouillard se dissipe, l’un des gars a la jambe explosée et hurle, immobilisé à terre. L’autre a tout bonnement disparu.

- Tu me cherches ma p’tite ? Je suis là, ghahahahaha ! Allez, fais tes adieux, criminelle…

Je sens le bout du canon de son fusil s’appuyer contre ma colonne vertébrale. Dans ma tête, je me dis « merde », sans pouvoir même songer à me préparer à mourir. J’entends le « clic » du miquelet qui se lève,  ferme les yeux et attends que parte le coup. Au bout de dix secondes, rien ne se passe. Je fais volte-face et vois l’homme croupissant dans son propre sang, les bras tranchés net. Derrière lui se tient Angela, nettoyant avec un chiffon la lame de son katana. Son regard est sombre, son calme surprenant. Elle est pirate, elle se bat, elle tue et elle fait ça bien.

***
Les cinq derniers chasseurs de primes capitulent et acceptent de s’en retourner à leur navire en ramenant leurs blessés. Le combat est une grande victoire pour les pirates, même si l’un des hommes s’est pris une balle dans la jambe et ne peut plus marcher correctement. Nous reprenons notre chemin et arrivons à Luvneelpraad. Jean vient vers moi, les habits loqueteux et sanglants, mais le sourire au beau fixe.

- Nous n’allons pas rester plus longtemps ici. Nous retournons au marché noir faire nos emplettes et puis repartons au bateau. Nous d’vons aller voir un certain « Petru ». Tu n’as qu’à prendre la mer avec nous, après, si tu veux !

En un sens ça semble tellement tentant, mais je n’oublie pas que ces individus sont des pirates. Qui plus est j’ai une mission. Un certain Petru, il dit, hein ? Intéressant. Quoi qu’il en soit je refuse poliment son offre :

- Je suis vraiment désolée mais il me reste des choses à faire. Peut-être que l’on se retrouvera un autre jour, sur une autre île !

Le groupe se sépare, il ne reste plus qu’Angela. Je serre cette-dernière très fort dans mes bras, et lui dit :

- Je suis heureuse de voir que tu vas bien. Tellement heureuse. Fais attention à toi, grande sœur !

Elle hoche la tête. L’étreinte se desserre, la voilà qui repart. Elle me tourne le dos, retourne en courant parmi son équipage. Je conserve un goût d’amertume dans la bouche. Je déteste les séparations. Je me permets une petit minute de blocage avant de récupérer mes esprits. J’ai du travail à faire. Du coup, je saisis le premier vendeur qui vient et lui demande :

- Excusez-moi, savez-vous où je pourrais trouver un dénommé Petru ? J’aimerais lui acheter quelque chose…
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini

Je sors de la maison miteux avec un esprit plus clair qu'en venant. S'il y a vraiment d'autres équipages qui convoitent l'or de Pierre Tombal, alors nombreux sont mes ennemis. Ces derniers sont maintenant à prendre en compte dans mon plan d'attaque. Je dois un minimum m'organiser, voir comment arriver à mes fins, etc. Puisque les informations changent beaucoup la donne de départ, j'aurai besoin de mes hommes, mais avant de les appeler, il faut d'abord que je fasse la reconnaissance des environs, vérifier certains faits et préparer éventuellement le terrain. Quand ce n'est pas la Marine ou les Chasseurs de Primes qui te cherchent des noises, ce sont tes semblables pirates... Comme quoi, la vie d'un forban n'est pas aussi tranquille que veut bien croire Pierre Tombal. Je vais lui briser ses rêves et le remettre dans le monde réel avant que les autres ne referment un piège sur lui.

Je me trouve maintenant dans ce grand espace sinistré, au milieu de ces quelques Révolutionnaires ou autres forbans quelconques. Quoique "quelconque" n'est peut-être pas le meilleur mot pour les désigner, car des criminels primés et renommés peuvent se cacher dans le coin pour récupérer des informations et préparer une embuscade. Déjouer les concurrents me donnera trop de boulot et le temps risque de me manquer. Je suis légèrement frustrée. Ça m'agace de voir une banale situation changer rapidement en un véritable foutoir! Et pour bien me mettre en rogne, le temps devient de plus en plus mauvais aujourd'hui, un ciel aussi gris que ces gens sans but. Il commence même à pleuvoir. Ce temps de chien me déprime d'habitude, et malgré que mon cerveau soit en ébullition en pensant à autre chose, je reste malgré tout nerveuse. Impossible de retrouver une tranquillité paisible. Je rassemble dans ma tête les choses que je sais déjà et ce que je dois savoir pendant que je marche plus à l'intérieur des terres à la recherche de pirates susceptibles de me renseigner davantage. Je me concentre pour trouver une solution qui fera parler les Ombres du Chaos, seulement, la pluie me distrait constamment. Je décide alors de me caser dans un bar pour être à l'abri de l'intempérie. Peut-être que je trouverais ce que je veux là-bas...

Je n'ai rencontré personne d'intéressant en chemin. Je suis maintenant à Luvneelgraad, l'atmosphère est bien différente ici. Tant mieux. Ça fait du bien de retourner dans des milieux plus civilisés. Dehors, dans ces ruines, j'ai l'impression d'être une pirate de bas-étage et de subir le supplice de l'ennui, alors que dans la capitale, je me sens plus forte. D'ailleurs, étant bien motivée, je sais déjà dans quel genre de bar je pourrais me rendre pour dégoter les informations qui me manquantes. J'active mon pas sans pour autant me mettre à courir. Je sillonne les rues, je traverse quelques ruelles peu fréquentées, je tourne deux fois à droite, puis à gauche et me voilà à destination. Je suis face à une taverne qui se situe dans une cave. Les soupiraux poussiéreux laissent la lumière jaunâtre s'échapper faiblement. J'entends depuis l'extérieur les cris des ivrognes et des fêtards. Quelque chose me dit que je suis à la bonne porte. Je réajuste mon tricorne pour voiler une partie de mon visage, puis, je descends les marches qui mènent dans l'établissement. En ouvrant la porte, je découvre le lieu tel que je me l'imaginais. Des gens ayant l'accoutrement de joyeux larrons et d'autres criminels en tout genre jouent aux cartes, bavardent et rigolent joyeusement, mangent comme des porcs et boivent comme des trous. Deux hommes animent la soirée avec leur instrument au fond de la salle. Je me glisse alors vers le bar et je m'assoie sur un tabouret. Aussitôt, un homme d'une quarantaine d'année s'approche de moi et me demande ce que je veux consommer.

Qu'est-ce que j'vous sers ma p'tit dame?
Ce que vous avez de meilleur.

Sans plus attendre, le barman part me chercher un whisky de North Blue et me le sert dans un verre. Dans la foulée, il engage la conversation.

Qu'est-ce qui vous amène au Royaume de Luvneel?

Généralement, je préfère qu'on ne m'embête pas quand je suis à la recherche de renseignements, mais cette fois-ci, parler avec le propriétaire des lieux ne me dérange pas. Au contraire! Dans mon enfance, on m'apprenait souvent à suivre deux conversations différentes en même temps. Question d'espionnage, c'est très utile. En effet, de cette manière, n'importe qui croire que je discute avec un homme, alors qu'en réalité, je récolte le plus d'informations que possible sans éveiller le moindre soupçon. Vu qu'il y a certainement des pirates qui veulent s'attaquer à Pierre Tombal dans ce bar, je fais bien d'écouter seulement. Nonchalant, je réponds à mon interlocuteur.

Rien de particulier. Mon équipage fait qu'une escale pour se ravitailler.

Ainsi, le sujet de la conversation se concentre dans un premier temps sur moi, puis, dans un second temps sur de tout et de rien. De toute façon, je me fiche un peu de parler de ma vie, le plus important, c'est de savoir si les forbans s'apprêtaient à attaquer ma cible, quand et où. Au bout de 3h et d'une certaine quantité d'alcool consommée, il est grand temps d'avertir mon équipage pour ce que je compte faire ce soir. Oui, cette nuit ne va pas être paisible. Je quitte alors le bar pour repartir dans les Luvneelpraad. Une fois hors de la taverne, je sors mon Den Den Mushi pour téléphoner à ma seconde Valentina.

~~ Page 3 ~~
D'après les testaments de la Reine des Masques, dit Hathor.
©odage by Hathor



Dernière édition par Aoi D. Nakajima le Jeu 24 Avr 2014 - 9:31, édité 2 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4495-les-loges-de-la-reine-des
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4364-la-reine-des-masques-en-attente-de-validation


J'entre discrètement et referme la porte derrière moi. La pièce est exiguë, très faiblement éclairée, si bien que j'arrive difficilement à distinguer les traits de la personne adossée au mur opposé. Il dort ? Non, ça bouge. Je plisse exagérément les yeux, lui fais savoir pour mes problèmes de discernement, histoire qu'il avance un peu sa trombine plus proche de la source de lumière. Ah, il comprend sans que je n'aie à lui demander verbalement, il fait donc quelques centimètres en roulant sur son siège. Satisfaite, j'explique :

- Petru Mucachescu je suppose ? Ah ! Je préfère m'adresser à quelqu'un que je peux regarder dans les yeux. Héhé.

L'homme a un visage bien singulier : le cou et le menton larges, des traits virils, des cheveux blancs coiffés de manière explosive et une balafre sous l’œil. Il dissimule le reste de son corps dans un habit ample avec un col lui montant jusqu'aux oreilles. Si c'est pas un révolutionnaire ça...

- Je comprends tout à fait... mais qui êtes vous ? Demande-t-il paisiblement en posant ses coudes sur le bureau en évitant les piles de papiers soigneusement ordonnées.

C'est à ça qu'on reconnait un bon négociateur d'ailleurs, toujours prévoir un invité, toujours avoir l'air soigneux et appliqué, inspirer la confiance. Sans demander la permission, je prends l'unique siège libre face à l'inconnu et m'y assois, les jambes croisées. Je me prépare à mon jeu d'acteur, tachant cette fois-ci d'éviter de tomber trop dans les clichés. Donc, pas de tics de locutions ni d'expressions bizarres dignes d'un vieux loup de mer. Pour garder un maximum de crédit, je choisis d'être la plus éloquente possible.

- La question n'est pas qui je suis, mais pourquoi je suis là, monsieur. Comme vous pouvez le voir, je suis une pirate. Mais je ne suis pas pirate de n'importe quel équipage, je fais partie des Rolling Stones du capitaine Pierre Tombal...

L'homme ne manifeste aucune surprise, ne soulève pas un seul poil de ses sourcils quasiment invisibles, il reste simplement fixe. Froidement, il me demande :

- Je croyais avoir déjà parlé avec votre capitaine, alors que voulez-vous ? Je vous préviens je déteste qu'on me fasse perdre mon temps, le temps c'est de l'argent !

Cette négociation risque d'être plutôt tendue. Néanmoins le bougre lâche déjà des informations intéressantes : il a déjà conclu une transaction avec un capitaine pirate ? Il n'est d'ores et déjà plus blanc comme neige, étant donné que je possède de plus en plus d'éléments pour l'incriminer. Même si son office est assez éloigné du marché noir et que rien ne prouve que les hommes à l'extérieur soient des révolutionnaires. Rien sauf leur regard méfiant et le fait qu'ils confisquent les armes. En y repensant je déplore l'absence des miennes, rendues sans rechigner au garde à l'entrée. Sans elles, je me sens nettement moins en sûreté, et un couteau à papier n'est jamais trop loin de la main de mon interlocuteur. Si je dois être mieux informée, il faut que je me conforte plus dans mon jeu d'acteur avec le peu que j'ai : le traquenard des chasseurs de primes, un trésor dont je ne sais rien sinon qu'il est relativement important, Pierre Tombal et les Rolling Stones. Je suppose, d'autant plus, que si le fameux capitaine a déjà fait le voyage jusqu'ici, c'est sûrement pour tenter de vendre son or. Cependant il y a trop de valeurs sur lesquelles je ne peux pas m'appuyer sans risquer de basculer dans le vide. Bref, je me lance :

- Restons calmes, messire. Le capitaine Tombal n'a malheureusement pas pu se déplacer, il est trop occupé à veiller sur notre or. Nous désirons accélérer l'échange : il n'y a pas plus tôt qu'une heure, des chasseurs de primes nous ont tendu un piège, ils veulent notre trésor et cette première attaque accélère un peu les choses. Nous acceptons d'augmenter votre pourcentage du pactole à vingt pour cent si vous nous fournissez une protection. Je pose mes bras à mon tour sur la table, m'avance un peu plus pour avoir mon visage à une dizaine de centimètres de celui de mon interlocuteur ; ma tenue plutôt excentrique compresse ma poitrine qui – je le sais bien au fond – attire l’œil de Petru comme de tout bonhomme qui se respecte. Et nous avions cru comprendre que vous étiez quelqu'un de confiance et de relativement influent pour nous ce travail.

Je me retire lentement du bureau pour m’adosser contre le dossier de ma chaise. Dans mon crâne je tiens comme un petit bloc-note de toutes les informations qu’il peut me confier.

***
La scène en elle-même me fait penser à un jeu d'échec, mais la comparaison n'est pas terrible : j'ai jamais pu blairer ce jeu. Cependant si ma stratégie fonctionne bien, c’est qu’il s’agit bien là du responsable de tout le foutoir que l’on peut trouver à Luvneelpraad. Par contre le bougre est coriace.

- Quarante pour cent.

Ah car il est pas un bon négociateur pour rien, lui. En bossant dans l’armurerie, j’ai néanmoins appris comment on traite avec ces gens là, la vente ça me connaît.

- Vingt-cinq.

- Trente-cinq.

- Vingt-huit et pas plus haut, sinon on met les voiles et on se trouve un nouvel acheteur.

L’homme ne bouge pas d’un cil. Il pense fermement marchander ses hommes contre de l’or, alors qu’en réalité il ne s’agit que d’échanger des informations contre du vent. A-t-il, oui ou non, le contrôle sur cet endroit ? Bah, je dois m’assurer qu’il n’aura pas besoin d’en parler avec un éventuel associé. Une simple descente de la Marine servira alors à liquider ce marché noir entre révolutionnaires et pirates ; et à foutre au placard grand nombre de criminels, lui le premier. Le stress atteint son paroxysme. Il sourit, l'atmosphère se relâche soudainement.

- Entendu. J’offre à votre équipage cinquante hommes pour protéger la transaction. Ni plus ni moins, ceux-ci seront loyaux envers vous jusqu’à ce que la tâche soit terminée. Cependant je veux savoir à qui j'ai affaire. Quelles preuves ai-je que vous êtes bien en capacité de régler cet échange ? Je ne vous ai jamais vue auparavant. Finit-il tout en me regardant suspicieusement.

Je décide de tenter le tout pour le tout :

- Je m'appelle Angela Deadtalks et je suis le second de l'équipage. Vous pouvez demander à n'importe qui, il approuvera qu'il s'agit bien de moi.

- Angela Deadtalks, ça me dit quelque chose... Ah mais j'ai oublié ! Tant pis ! Votre nom me suffit, marché conclu !

Le bonhomme me tend finalement sa gigantesque paluche dans laquelle ma main se perd trop facilement. Le marché est conclu effectivement. Ma mission est remplie, je peux sauter dans le premier bateau en direction du QG et relâcher toutes ces précieuses informations au chef. J'ai déjà hâte de quitter cette pitoyable île maudite. Alors que je me retourne pour ouvrir la porte et récuppérer mes armes, l'homme d'affaires rajoute une dernière chose :

- J'ai pensé qu'il serait peut être utile de vous en informer au vu des circonstances : une jeune femme est venue me visiter un peu plus tôt pour me questionner sur votre équipage, une certaine Nakajima, Aoi D. Nakajima.

***
Sans un mot je sors de la pièce, le regard obscur. Toujours sans un mot je traverse l'endroit jusqu'à me retrouver en sûreté. Aoi D. Nakajima. Je me mets à courir. Les plans ont changé ! Je dois aller les avertir, je dois foncer jusqu'à leur navire, prévenir l'équipage, prévenir ma sœur. J'y repense, cette femme que j'avais croisée et qui semblait dotée d'une aura particulièrement ténébreuse ne pouvait n'être qu'elle. Comment n'ai-je pas pu la reconnaître plus tôt ?! C'était sans compter que j'étais tombée sur son dossier au Cipher Pol, sur ses agissements. Je me rappelle encore avoir passé la nuit à lire les rapports de la Marine, et les longues listes de malheureuses victimes qui s'en suivaient... Tel un requin blanc, cette femme laissait dans son sillon le sang de pauvres gens innocents. Je dois aller leur dire : Aoi D. Nakajima est le démon incarné de cette mer...

...et elle est à leur recherche.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 25 Avr 2014 - 0:22, édité 3 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini

Mon plan est diaboliquement parfait. Il est plus judicieux de ranger les pirates qui veulent l'or à ma cause que de s'en faire des ennemis. Ces jeunes forbans à peine connus ont plus à gagner en faisant une coalition avec mon équipage, car lutter seul dans son coin pour s’approprier la richesse des RollingStones Pirates n'est pas une bonne idée. N'étant pas vraiment expérimentés, ces criminels ne feraient que s’entre-tuer bêtement, ce qui permettrait de laisser Pierre Tombal de fuir avec son magot. L'idée, c'est d'unir deux équipages pirates de vingts hommes chacun en plus du mien pour coordonner une meilleure stratégie d'embuscade et d'éviter le chaos le plus total. Rien ne m'empêchera de poignarder plus tard ces deux équipages dans leur dos pour m'accaparer le butin entièrement.

En partant de la taverne, j'ai demandé un petit service au barman contre quelques Berrys. Je lui ai prescrit de dire aux deux capitaines pirates qui m’intéressent lorsqu'ils reviendront rechercher leurs hommes dans le bar: "Si vous désirez vous emparer du butin de Pierre Tombal, vous devez venir seul et sans arme dans un coin tranquille entre la ville et Luvneelpraad pour parler affaire." Ce petit message devrait suffire pour prendre au sérieux cette histoire. Il est possible que ces derniers me considèrent comme une menace et m'élimine tout de suite pour avoir plus de chances par la suite. Bien sûr, entre temps je m'étais renseignés sur ces deux équipages. L'art de la diplomatie est donc de vigueur. J'attends patiemment à l'endroit du rendez-vous. La pluie s'est arrêtée, mais il fait toujours aussi gris. Je sais que ces deux capitaines viendront.

Voilà maintenant dix minutes que l'heure du rendez-vous est dépassée, je commence à m'impatienter. Finalement, un premier individu se dirige à ma rencontre. L'homme porte un grand chapeau à plume noir et un long manteau de même couleur. Il est vêtu d'une chemise bouffante blanche et d'un pantalon. Une ceinture entour sa hanche au quelle on peut voir un sabre orné de pierres précieuses et d'un pistolet à silex. Un classique autrement dit. Me voyant me tourner vers lui, il s'exclame le premier.

Aoi D. Nakajima, quelle surprise de vous voir au Royaume de Luvneel. Alors, c'est vous qui cherchez à me voir? J'espère pour vous que vous avez une bonne raison de m'avoir fait venir jusqu'ici, car comme vous le savez, le temps c'est de l'argent. Et je déteste perdre mon temps.

Je constate qu'il est méfiant. Cet homme est quelqu'un qui sait y faire avec l'argent et il dispose de deux ou trois casinos de part le monde. Avant de prendre la mer et de s'afficher pirate, il était respecté sur son île de North Blue. Il était le gérant d'un réseau local et vu ce qu'il a fait à son ex-patron, ce n'est pas le genre de bonhomme qu'il faut énerver. On ne dirait pas au premier regard, mais sous son aspect élégant se cache un homme malin, cupide et cruel. Je lui réponds à mon tour avec un ton froid.

Dan Flynn. Ainsi les dires qu'on dit sur vous sont donc vrais. Pour ce qui est de perdre du temps, cela ne dépend que de vous.
Donnez-moi une bonne raison de ne pas vous étriper sur-le-champ. Puisqu'on raconte beaucoup de choses sur moi, vous devez savoir que je suis impatient. Et Dieu sait qu'il ne faut pas m'énerver quand il est question d'argent. Qu'est-ce que vous savez de plus que moi sur les RollingStones Pirates?

Je garde mon calme et je le regarde dans les yeux. Je dis fermement:

On doit attendre un dernier invité pour le moment. J'expliquerai ensuite pourquoi je vous ai réuni tous deux.

Dan commence à être irrité. Cela dit, j'ai éveillé sa curiosité, il doit sûrement se méfier du second, car il me pose une question.

Qui est le troisième participant?

Mon interlocuteur s'intéresse peu à peu à mes plans.

Jean Sérien.

En entendant son nom, Dan eu une grimace de dégoût.

Quoi?! Mais c'est un moins que rien. Sa prime est même très ridicule, une somme indigne pour un capitaine. Vous savez à combien elle se lève, au moins?
J'en sais rien, moi.
50.
Millions?
Non, juste 50 Berrys.

Effectivement, même Chopper semble être moins ridicule avec cette prime. Jean Sérien est un capitaine depuis seulement quelques semaines, mais un Wanted ne dit pas tout. Les hommes qui sachent être discrets sont aussi redoutables qu'un Supernova sanguinaire qui fait parler de lui dans tous les journaux. Et Dan doit bien savoir ça, vu qu'il était dans la mafia à l'époque. Pour ma part, je ne sous-estime pas Jean. Même si Dan semble plus menaçant, je préfère me méfier des deux.

À ce moment-là, le retardataire se joint enfin à nous. C'est la première fois que je le vois et j'espère que ce sera la dernière fois. Son apparence me fait atrocement mal aux yeux, aussi bien pour son goût vestimentaire que pour son physique! Plus jeune que Dan et moi, ce gringalet doit sûrement avoir la vingtaine. Sa barbe et ses cheveux sont blonds et... Violets. Et comme si ce n'était suffisamment pas encore immonde, cet adolescent a osé mettre du rouge à lèvre cyan sur sa bouche. Son visage est pâle, sa joue est marquée d'un tatouage en forme de cœur rose. Il a la démarche d'une personne sans volonté et il a les yeux éclatés comme s'il a fait la fête toute la nuit. Il porte un long manteau en fourrure qu'il laisse ouvert. Les mains dans les poches, il s'approche de nous d'un air nonchalant.

♥ Alors, on parle de moi mes chéris? ♥
Ah bah quand on parle du loup, on en voit le bout de sa queue...

Je fronce les sourcils. Tout comme Dan, je suis agacée par sa présence. Jean et Dan semble déjà se connaître on dirait. Le jeune homme lui mime un bisou dans sa direction, puis, il va pour me tendre sa pogne et me dit dans une gaieté douteuse:

♥ Aoi D. Nakajima, étant donné votre réputation, je vous imaginais plus vieille. ♥

Je ne lui serre même pas la main, j'affiche un visage blasé. Je réponds à mon tour avec moins d'enjouement, afin de montrer que la réunion se doit d'être sérieuse.

Jean Sérien, étant donné votre réputation, je vous imaginais plus grand...

Dan enchaîne rapidement pour aller dans mon sens et me rappelle alors la raison de cet entretien à l'écart du monde.

Capitaine Nakajima, vous avez des choses importantes à nous faire part. De quoi s'agit-il exactement?

Si ces deux-là ne peuvent pas se voir ça peut être intéressant lors de l'opération contre Pierre Tombal, mais ça va être délicat de les unir, maintenant. Je me tiens alors face à eux, je suis prête à tout expliquer.

Bon, vous deux et moi avons un but commun. On veut tous les trois l'armure en or du géant que les RollingStones Pirates ont ramené de leur voyage. Au lieu que nos équipages s'entre-tuent mutuellement pendant qu'on attaque Pierre Tombal, je propose de faire une coalition temporaire et d'unir nos forces pour déjouer leur piège juste cette fois-ci.
Ce que vous ne savez pas, c'est que notre adversaire a fait appel au service de Petru "Material" Mucachescu pour bénéficier d'une protection de cinquante hommes. J'ai demandé à ma seconde de surveiller les mouvements inhabituels à Luvneelpraad. Après avoir observé ce changement de situation, elle m'en a tout de suite avertie.

Dan pèse le pour et le contre pendant que je parle, Jean semble être dans la lune, mais c'est le premier qui me répond avec son air d'absent.

♥ Et qu'est-ce que nous avons à y gagner, mon choux? ♥
Avec une totale coopération, vous éviterez l’hécatombe et de voir le butin filer sous votre nez. Si vous marchez avec moi, on partagera l'armure en trois en festoyant notre victoire.

Quand il s'agit d'argent, Dan est le premier à répondre.

D'accord, mais je veux l'assurance que vous nous ne trahirez pas pendant la bataille et je veux 35% du bénéfice.
33 pour tout le monde, ni plus, ni, moins. Et je m'engage à ce que personne ne se trahisse durant l'opération. D'accord?
♥ Ça me va. ♥
Très bien, j'accepte.

L'intonation de la voix de l'ex-mafieux laisse croire qu'il n'est pas très réjoui. Maintenant que ce problème est réglé, il est temps de parler du plan d'attaque. J'explique comment on va procéder pour surprendre les RollingStones Pirates en leur tendant un filet magistral. J'indique également que l'assaut va se dérouler à 1h du matin au niveau de la crique où est amarré le vaisseau de Pierre Tombal.

Une fois la réunion terminée, je laisse le soin à l'okama et à Dan de rejoindre leur équipage respectif. Même si les deux ne peuvent pas trop se voir, il est possible que ces derniers s'allient contre moi et me piège durant l'opération. Pour ma part, je vais aller les dénoncer à Pierre Tombal afin de gagner sa confiance tout en me débarrassant de la concurrence. Vu qu'il disposera de beaucoup d'hommes, il arrivera à les repousser facilement. Ce n'est plus qu'une question d'ajustement. Et en cas d'échec, si je me fais capturer ou qu'il m'arrive un quelconque malheur, mon équipage a ordre d'intervenir et d'attaquer avant l'heure prévue. Je me mets ensuite en route pour aller voir en personne Pierre.

~~ Page 4 ~~
D'après les testaments de la Reine des Masques, dit Hathor.
©odage by Hathor



Dernière édition par Aoi D. Nakajima le Ven 25 Avr 2014 - 15:17, édité 3 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4495-les-loges-de-la-reine-des
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4364-la-reine-des-masques-en-attente-de-validation


Je compte. Je compte les secondes, les minutes, les heures, ça passe le temps. Ça m'empêche aussi de dérailler. Il doit faire nuit depuis un bail. Bon sang mais qu'est-ce qui m'avait pris ? Je lève les mains et tente une énième fois de me défaire de mes chaines, impossible.

- Cinquante-neuf... Soixante... Ah, ça va faire quatre heures et seize minutes que je suis enfermée ici !

- C'est l'jeu ma pauvre Lucette.

Voilà une demi-heure que je sens la pression s'accentuer sur ma vessie. Je finis par hurler ma détresse à qui peut bien l'entendre.

- S'il vous plait quelqu'un ! J'AI ENVIE DE FAIRE PIPI !!

Pas de réponse, la situation est très délicate. Je ne vais quand même pas mouiller mes vêtements et rester enchainée dans mon urine pendant plusieurs jours encore. Ah, qu'est-ce qu'il m'avait pris. Voilà ce qu'on gagnait à sauver la mise à un pirate...

***
Je me souviens être arrivée en trombe là où le bateau pirate était amarré. Justement, Angela et Jean s'apprêtaient à partir pour négocier ce qu'ils avaient à négocier avec Petru. J'avais encore le choix : je pouvais rentrer et les laisser à leur triste sort mais réussir ma mission ou aller les prévenir du danger qui les menaçait. Finalement j'avançai jusqu'à eux, levant la main amicalement, avant d'amorcer une lourde discussion argumentée de manière assez bancale qui me fit directement mettre aux fers par la suite. Malgré mon lien de parenté avec Angela, l'équipage ne se fit pas plus doux qu'il ne l'aurait fait avec tout autre imposteur. Grande rencontre avec Pierre Tombal, en commençant par les pieds auxquels je fus jetée. Et je dois dire que le gusse avait vraiment une tronche de comique. Bon sauf qu'il riait pas trop.

Spoiler:

- Alors alors, qu'est-ce que c'est que ce raffut-fut ?! On m'a dit que tu t'étais faite passer pour mon lieutenant auprès des révo-révolutionnaires ? Hein ? Bon. Tu sais ce qu'il en coûte de se frotti-frotter aux Rolling Stones ? Hein ? C'est le trésor que tu veux ? Bon. Hein ? Parle, qui est ton capi-capitaine ?!

Chaque mot, chaque prononciation, chaque mimique me donnait une envie absolue d'exploser de rire. Je me retenais néanmoins, les joues rougies et gonflées par la retenue dont je faisais preuve, la larme à l’œil. Bon visiblement on avait pas perdu trop de temps à lui expliquer toute l'affaire, ça serait ça de moins à raconter. Jean s'exprima, histoire de clarifier quelques trucs.

- Elle dit que Mme. Nakajima est à nos trousses, sur l'île.

J'eus au moins la satisfaction de voir l'information prendre à revers le grand chef du coin. Il venait probablement de comprendre que l'expression "décamper direct" collait parfaitement à la situation... probablement. Néanmoins, j'étais sûrement une affaire que le vénérable capitaine Tombal voulait expédier au plus vite avant

- Bon. On va pas te tu-tuer, hein. C'est pas comme ça qu'on fait, chez nous, on est gentils. Hein ? Bon. A la place, on va te mettre aux fers dans la cale, jusqu'à ce que la situ-situation soit réglée. A ces mots je sentis mes mains se faire tirer dans mon dos et un claquement boucler la fermeture des menottes en ferraille dans mon dos. Tu te rends quand même compte que ce foutu-tu trésor d'armure d'or de géant, on l'a pas ? Il existe pas. Hein ? Bon. Hein ! C'est une rumeu-meur ! Justement, on comptait arna-arnaquer les gens du coin pour chopper un peu d'or. Petru, il était pas censé protéger l'échange, hein ! Bon ?

Je demeurais agenouillée sur le pont, les yeux écarquillés. Quoi ? A dire vrai, c'était pas faux qu'il n'y avait pas vraiment l'air d'y avoir un trésor gigantesque à bord. En fait, c'était même plutôt la misère, à la limite si un trognon de pomme ne se baladait pas au gré d'un chat qui jouait avec sur le pont. Aoi n'était plus leur seul souci, si Petru devinait la supercherie, ses renforts ne seraient plus d'aucune utilité, bien au contraire. Et moi, ce que j'avais fait là-dedans, c'était diminuer les délais. Bon l'équipage en général je m'en foutais, c'étaient des pirates après tout, mais ma sœur était parmi eux. J'avais inconsciemment mis ma sœur dans un grave danger. J'apostrophais une dernière fois le capitaine pirate avant d'être emmenée vers mon cachot.

- Mais pourquoi vous ne levez pas l'ancre maintenant ?!

Le regard de l'homme se fit sombre, il posa sa main sur l'épaule de Jeanne Dark qui se serrait à ses côtés depuis tout à l'heure, puis il fit de même avec un autre matelot dont le nom m'était inconnu.

- Si tu t'étais pressée pour venir nous dire que Aoi D. Nakajima était sur l'île, c'est que tu sais de quoi elle est capa-capable. Tu as eu peu-peur pour ta sœur ? Hein ? Ben chacun-cun ici en a fait les lourds frais. Bon. Cet équipage a été créé par des personnes ayant presque tous per-perdu un proche à cause de cette femme. L'amener ici était notre bu-but depuis le début-but. On savait qu'elle était seule. Hein. Bon.

Quoi ? Ils voulaient se confronter à elle ? Mais c'était de la folie, du suicide ! De toute façon je ne pus pas placer un mot de plus car on me trainait déjà comme une forcenée vers les escaliers menant à la cale. Ma détresse devait se lire sur mon visage, mes yeux cherchaient vainement ma sœur adoptive qui n'était plus à bord du bateau depuis un bon moment. Je voulais résister, mais Bachibouzouk me fit bien comprendre quelque chose, pour une fois.

- C'est la voie qu'elle a choisi, laisse la vivre comme elle l'entend et mourir comme elle l'entend.

***
*PAN*

Ah ! Je me suis assoupie. Qu'est-ce que c'était ? Un coup de feu. Aie, mon ventre. Je ne peux plus me retenir. Il faut que j'aille au petit coin.

*PAN* *PAN*

D'autres coups résonnent dehors. Il faut que je sorte d'ici, que je mette Angela à l'abri, c'est tout ce qui compte. Et que je fasse pipi aussi. Les menottes sont costaudes, impossible de les retirer, puis elles sont bien accrochées à la paroi, en plus. Quelle plaie. Je ne supporterai pas de rester ici quand le combat fait rage dehors ! Et qu'est-ce qu'il arriverait à ma sœur, hein ? Et si le bateau brûlait ?

- Eh, j't'ammène en haut ! Le chef veut te montrer quelque chose. Annonce une voix suivant le battement des pieds descendant les marches de l'escalier menant à la soute.

C'est Jeanne. Elle me retire la chaine qui m'immobilise et m'aide à me relever. Elle est seule et ça, c'est une erreur fatale : je prends mes menottes comme une gigantesque massue et les lui abats au visage. Elle s'écroule, inconsciente ; un cliquètement sur le sol indique la perte du trousseau de clés. Pressée de soulager ma vessie, je me jette à terre et essaye de déverrouiller la serrure de mes menottes. Finalement la troisième est la bonne, je me débarrasse du poids en fer autour de mes poignets tout en les massant soigneusement, fonçant déjà vers les marches pour rejoindre les quartiers d'équipage. J'entre dans la première loge venue, quelque chose de plutôt spacieux et riche - probablement la chambre du capitaine - et me soulage. Une fois la pause pipi finie, je m'engage presto sur le pont et me cache derrière un baril. Qu'est-ce qu'il voulait que je voie ? Comment allait Angela ? Est-ce que Aoi venait d'arriver, ou les cinquante révolutionnaires ?

En tout cas je ne m'attendais pas à ce que ça soit un tel bazar.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini

Visiblement, j'arrive trop tard. Il n'est pas encore 1h du matin et l'opération a déjà commencé sans moi. Dan et Jean espèrent récupérer l'armure en or avant moi. Décidément, je perds trop de temps à réfléchir et à mettre en place des plans infaillibles. Puis, je n'aurais pas dû essayer de faire alliance. J'illustre parfaitement cette expression qui dit: "Tel est pris qui croyait prendre". Je ne suis plus la Aoi que j'étais autrefois lors de la Grande Époque... Je perds de la qualité avec l'âge.

Le "Ricochet", le navire des RollingStones Pirates se fait assaillir des deux côtés. Plutôt pacifiques en tant normal, Pierre Tombal et ses nakamas sont bien obligés d'utiliser les gros moyens pour se défendre et repousser leurs agresseurs. Les deux équipages alliés semblent traverser la ligne de défense mis en place par les hommes de Petru. Si j'avais su, je n'aurais pas du les mettre au courant. Depuis mon coin discret, je ne fais que constater la bataille qui fait de plus en plus rage. Je préfère voir tous les pirates et les "mercenaires" s’entre-tuer. De cette manière, je n'aurais plus qu'à cueillir l'or et mon drapeau sur le cadavre. Seulement, les deux capitaines alliés sont bien organisés et malmènent les Révos' qui protègent ardemment les RollingStones. Si je n'interviens pas, la situation risque de m'échapper encore plus. Et dire que je suis venue sur cette île uniquement pour récupérer mon pavillon à la base...

J'observe attentivement ce qu'il se passe sur le pont du "Ricochet". À première vue, pas de signe de grand butin, il doit sûrement être bien caché. Je distingue la plupart des hommes qui s'activent pour repousser l'ennemi. Chacun est à son poste malgré le manque de coordination, sauf une. Une jeune femme aux cheveux violets se cache. Sûrement une nouvelle. Il faut dire que d'après leur réputation, les RollingStones sont pas du genre à se battre, ce qui peut se comprendre qu'il y est un manque d'organisation. C'est comme s'ils étaient pris au dépourvu. Ça doit certainement être leur premier combat sanglant, ils n'ont clairement pas l'habitude! Pierre semble un peu dépassé par la situation. Il demande à l'un des ses hommes:

Bon. Va me chercher Jea-Jeanne. Ce n'est pas normal qu'elle prenne tropi-tropo de temps. Hein?

J'espère voir les hommes de Petru tuer les nakamas de Dan et de Jean et vice versa, mais bientôt les pirates alliés vont gagner si je les laissais faire. Il va falloir que je rentre dans le feu de l'action pour montrer que les Ombres du Chaos sont aussi de la partie. Avant de me diriger vers le combat, je sors mon Den Den Mushi et je donne l'ordre à mes compagnons qui sont à bord de mon "Inferno" de se diriger dans la crique. Les cibles sont pour le moment les pirates de Dan et de Jean. Je veux m'occuper personnellement de Pierre.

Ramenez-vous immédiatement, il y a du nouveau. Deux équipages pirates sont en train d'aborder les RollingStones et ils sont sur le point de gagner.
Les enflures! Ne vous inquiétez pas, Capitaine, on arrive dans quelques minutes. Non seulement on se fait voler notre drapeau, mais en plus, on va se faire voler notre butin?! Ils vont savoir qu'on ne se frotte pas aux Ombres du Chaos comme ça!!
Attention, il y a des mercenaires en plus, mais vos cibles sont les équipages pirates qui attaquent les RollingStones.
Entendu, Capitaine. Et on attend pas Valentina?
Quand je dis immédiatement, ça veut dire maintenant. Valentina va me rejoindre dans pas longtemps. Terminé.

Je sors alors de mon poste d'observation. Je m'apprête à partir, mais une voix bien reconnaissable s'exclame derrière moi et me menace.

Si j'étais toi, je ne ferais pas ça. Renvois tes hommes immédiatement. Je le savais qu'on ne pouvait pas te faire confiance.

Dan me menace du bout de son pistolet. Il ne me tue pas tout de suite, car il a besoin que mes hommes repartent. Et ils ne s'en iront pas si ce n'est pas moi qui donne l'ordre. Vu qu'il ne va pas tirer, je lui réponds doucement.

Dan, Dan, Dan. Tu manques d'expériences, tu es si prévisible.

Pendant que je parle, je cherche à gagner du temps, voir à le distraire. Je n'ai pas peur de son arme, mais je dois trouver une solution pour me défaire de cette situation embarrassante.

Tue-moi si tu veux, mais je ne donnerai pas cher de ta peau. Mes hommes sont pas loin. Tu n'auras pas le temps de fuir. Ils te massacreront.
Ahahah, tu en fais toujours trop, Nakajima. Je n'ai pas peur de tes menaces. Pour l'instant, dois-je te rappeler que c'est toi la plus à plaindre?
Vraiment?

Entendant mon mot prononcé de cette manière si insolente et pleine d'assurance que Dan fronce les sourcilles et s'apprête à répliquer. Inconsciemment, il a lâché sa garde, car maintenant il doute si je bluff ou non. Quant à moi, je ne perds pas de temps pour lui jeter au visage de la poudre d'escampette. Reculant d'un pas sous la désagréable sensation des yeux qui piquent, il tire un coup à l'aveuglette sous l'épais nuage. Je profite de cette instant pour faire deux pas et lui planter ma lame de coude dans le corps. Ne vérifiant pas s'il survivra, je le laisse pour mort et je me dépêche de rejoindre "le Ricochet" afin d'arriver en même temps que mes nakamas. En chemin, Valentina me rejoint.

~~ Page 5 ~~
D'après les testaments de la Reine des Masques, dit Hathor.
©odage by Hathor



Dernière édition par Aoi D. Nakajima le Dim 29 Juin 2014 - 2:15, édité 4 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4495-les-loges-de-la-reine-des
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4364-la-reine-des-masques-en-attente-de-validation

« Que... que... Ah... »

Mon regard dépité admirait la scène de façon panoramique, déplorant les hommes qui gisaient déjà à terre, fléchissant sous l'ambiance lourde et oppressante du champ de bataille. Plus personne sur le pont, plus personne sauf Pierre Tombal qui donnait des ordres à tout va, la jambe droite vissée sur le bastingage, la gauche bien ancrée sur le navire comme revendiquant sa propriété. En bas, sur la côte, dans cet affreux enfer de lames, de balles et de sang, pirates et milice pseudo-révolutionnaire sous les soi-disant ordres du négociant, Petru, se battaient. Visiblement, la situation était critique : les révolutionnaires alliés aux Rolling Stones tapaient les pirates attaquants, qui eux-mêmes se tapaient entre eux, tapés par derrière par... Aoi et son équipage. La terrible capitaine venait d'entrer dans la bataille et ses subordonnés faisaient de formidables trouées dans la mêlée. Puis soudain, je la vis, se débattant comme une lionne au milieu du no man's land qui continuait invariablement à se creuser : Angela. Alors que son corps se tournait dans tous les sens, son sabre effectuait de délicates arabesques, tailladant l'ennemi de toutes parts et projetant des étincelles de sang tous azimuts. Inquiète, je criai son nom, mais elle ne me répondit pas, elle ne tourna pas la tête, absorbée. Fichtre !

A côté, Pierre Tombal s'avère totalement captivé par le combat qui se déroule à ses pieds. Me glissant subrepticement derrière lui, je balance ma jambe vers l'arrière et le fais passer par dessus bord d'un puissant coup de mollet. Boum, héhé. Inconscient, l'homme n'a désormais plus rien de ce pirate dangereux qu'il essayait tant bien que mal de se représenter auparavant. Une fois mes armes récupérées, je rejoins son corps inerte à terre et m'engage dans la bataille. A peine ai-je fait trois pas qu'un homme tente de m'enfoncer son sabre dans le dos ; une simple rotation et une balle entre les deux yeux suffit à m'en débarrasser, sans même me ralentir dans ma progression. Rapidement, de plus en plus d’hommes s'effondrent au sol pour ne plus se relever et la mêlée s'éclaircit de ses morts et de ses déserteurs. Je ne suis plus qu'à quelques mètres d'Angela quand je vois cette femme - ce démon - foncer sur elle comme un loup affamé sur sa proie découverte. Exténuée, je continue à avancer tout en admirant les talents d'escrimeurs des deux combattant, priant pour la victoire autant que la sécurité de la jeune muette. Soudain, mon sang se glace dans mes veines, mes yeux se figent. « NON ! NON NON NON !! » ai-je envie de crier. Elle s'agenouille, rejoint le sol sans un bruit, telle une feuille détachée de sa branche. Elle qui s'est tellement bien débrouillée jusque là, vient de subir la morsure fatale de la mort et y demeure, presque immobile, baignant dans un liquide rougeâtre facilement identifiable. Ça ne peut pas être vrai.

« Nooooooon ! »

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, menace d’éclater. Aoi demeure près de sa dernière victime, immobile, tandis que les derniers gaillards s’enfuient lâchement, qu’importe leur camp. Ses pirates ont bien fini le travail. Je cours jusqu'à Angela et m'étale brusquement à ses côtés, lovant sa tête au creux de mes bras. Sa peau est moite, son teint fiévreux, sa plaie béante à l'estomac relâche constamment des quantités astronomiques de sang. Ses lèvres font un dernier mouvement tandis que la vie quitte son corps, je traduis :

« Fuis... »

Alors, son corps se fait lourd, ses yeux figés dans l'éternité ; la mort l'a prise. Celle que j'avais pensée disparue, celle qui avait veillé sur moi pendant des années, qui était restée à mon chevet lorsque je n'allais pas bien, ma sœur de cœur, la seule que j'aie jamais eu, mon unique famille... est morte. Mes doigts se crispent sur ses vêtements tandis que je me maudis intérieurement d'être aussi faible, tandis que toutes les insultes me traversent l'esprit pour avoir laissé ma sœur mourir aussi bêtement.

« Bécasse, ce n'est pas toi la responsable ! » hurle Bachibouzouk dans mon crâne, me provoquant une migraine spontanée.

Non, non il a raison. Ce n'est pas de ma faute, ça ne l'a jamais été. Si Tonton Bob est mort, ce n'est pas de ma faute. Si Angela est morte, non plus. Rien de tout ça n'évoque ma culpabilité, mais celle des pirates. La piraterie ! C'est l'unique fautive. Ce fléau des océans qui a même fini par emporter ma sœur adoptive au cœur si bon sur cet équipage rocambolesque et qui l'a entraînée jusque dans les abîmes de la mort. Aoi D. Nakajima. Mon regard se tourne vers toi, je me relève pour te faire face. Aujourd'hui, fais tes prières : pour avoir tué tout ce qu'il me restait de famille, tu vas mourir.

Alors je me lève et brandissant mes deux pistolets devant moi, aveuglée par la colère, fonds sur ma proie tel un aigle sur son prochain repas.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Dim 29 Juin 2014 - 16:49, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini

Depuis que mon équipage est là, les deux équipages pirates adverses sont malmenés. Ils se sont vachement bien affaiblis à lutter contre les pseudo-révos. Maintenant, ils doivent se battre en retraite, on sent qu'il y a moins d'organisation. Les hommes de Dan sont guidés par leur seconde. Ils ne comprennent pas pourquoi les Ombres du Chaos sont présents, car ils savaient que leur capitaine devait s'arranger pour qu'on ne vienne pas.

À ma grande surprise, il n'y a plus beaucoup de monde sur la côte près du "Ricochet". Où sont les RollingStones? Même Pierre n'est plus là pour protéger l'or sur son fier bâtiment. Les quelques rares personnes sur la terre ferme à veiller sur leur navire, se battent encore jusqu'à ce que j'arrive avec mes Ombres par derrière. Encore ennemis quelques secondes auparavant, les pirates des trois factions forment désormais une alliance pour nous repousser, car ils nous savent impitoyables. En effet, la réputation de mon équipage fait trembler plus d'un. Je frémis de joie à l'idée de finir cette histoire.

Mon premier adversaire qui me résiste est une jeune sabreuse. Je la reconnais immédiatement. C'est celle qui est primée à 12M de Berrys, la seconde des RollingStones. Elle donne encore du courage tant qu'elle me défie, mais elle ne fait pas le poids face à ma puissance et finie par céder. Tout autour, les pirates commencent à perdre espoir, ils abandonnent leurs armes les uns après les autres. Ils sont épuisés à cause du combat avant notre arrivé alors que mes Ombres sont encore bouillants. Je me tiens près de ma victime, parfaitement immobile, contemplant la scène de désespoir qui se présente devant moi. Un rictus se dessine sur ma bouche. J'ordonne à un petit groupe de mes hommes de monter à bord du "Ricochet" pour  fouiller le navire de fond en comble. Ils doivent me récupérer notre étendard et confirmer s'il y a l'armure en or.

Les autres, continuez votre avancé! On va montrer à tout le monde qu'on ne joue pas avec nous!

Et ils font alors en même temps un cri de guerre pour répondre à mon ordre et pour encourager les autres. Petru et ses hommes sont obligés d'abandonner leur position de défense face à nous, car il n'y a plus de RollingStones à protéger. Leur présence est inutile et il ne veut pas perdre davantage d'hommes. Quant aux flibustiers de Dan, ils sont complètement désorientés et cherchent à s'enfuir eux aussi. Ils ont trop fait pour rien et préfèrent garder la vie sauve que de voir la couleur de l'or au prix d'un grand sacrifice. En ce qui concerne Jean et ses hommes, ils espèrent toujours d'avoir l'armure en me défiant. Ils pensent pouvoir se faire un nom s'ils parviennent à me vaincre. Seulement, ils sont encore jeunes et ont beaucoup à apprendre. Je m'apprête à me diriger vers Jean Sérien, mais la gamine aux cheveux violets s'interpose en braquant ses deux flingues vers moi.

Retournes sous les jupes de ta mère, gamine. Il est insensé de me défier!

Aussitôt, mon nouveau adversaire tire deux coups. Aucun me touche, elle est trop stressée... ou plutôt chamboulée. Je détecte en elle cette envie de me faire la peau. Je sens sa colère monter dans une explosion de rage. Si seulement elle savait contenir son excès à son profil, elle ferait une excellente tireuse d'élite! Je profite de son manque d'expérience pour me glisser rapidement vers elle afin que ses pistolets n'ont plus d'effet. Elle est forcée de changer de tactique si elle veut me surprendre.

Elle est moins résistante que ma précédente adversaire. Elle a encore des forces seulement parce qu'elle a la rage. Je suis presque étonnée qu'elle me tient toujours tête, à croire qu'elle a plus de potentiel qu'Angela. Après quelques échanges, le bout de ma gunblade vient érafler l'arcade et lui faire une cicatrice à l'œil. Sous l'excès de la douleur, mon adversaire me sort d'un pas en arrière un gros calibre. Je gare mon sang-froid et je me décale avant qu'elle ne tire. Ayant utilisée sa dernière ressource, elle se retrouve au dépourvue. Avec un sourire méphistophélique, je lui plante ma lame dans le corps. Je choisi volontairement une zone non sensible pour qu'elle ne meurt pas. Je veux qu'elle se réveille avec la honte d'avoir échoué. Tous ces pirates de pacotilles doivent savoir qui je suis. Après avoir retirée ma gunbalde, mon adversaire s'écroule d'épuisement, vidant un peu de son sang.

Imbécile, tu n'as eu que ce que tu mérites!

Voyant son faible corps inerte au sol, je m'accorde un moment pour contempler à nouveau le champ de bataille. La plupart des ennemis ont fuit, les RollingStones ont pratiquement abandonné leur navire. Cette peste de RollingStones aux cheveux violets doit témoigner de ma victoire et se souvenir que je ne suis pas n'importe quelle capitaine. Lorsqu'elle se réveillera, elle doit avoir le remord d'avoir pitoyablement échouée. En guise de punition, je lui arrache l'œil qui ne lui servira plus jamais. Elle se souviendra de ce combat. Elle se souviendra de sa défaite. Après avoir rejeté le globe oculaire au loin dans la flotte, un de mes nakamas sur le "Ricochet" s'exclame.

Capitaine! On a récupérer notre drapeau. Mais il y a un problème, vous n'allez pas être contente.
Bah vas-y, parle!
Il n'y a pas d'or. L'armure était une rumeur! On s'est fait berner comme des bleus...

Je bouillonne de colère. Je hurle de rage en adressant ma plainte au ciel, l'écho se fait entendre dans toute la crique tellement mon cri est fort. J'ordonne alors à tout mon équipage de retourner à bord de "l'Inferno". C'est une victoire sans valeur. Je suis dégoûtée d'avoir perdu du temps pour rien. Au moins, j'ai retrouvé mon drapeau et j'ai fait passer un message: ne jamais s'en prendre aux Ombres du Chaos...

~~ Page 6 ~~
D'après les testaments de la Reine des Masques, dit Hathor.
©odage by Hathor

  • https://www.onepiece-requiem.net/t4495-les-loges-de-la-reine-des
  • https://www.onepiece-requiem.net/t4364-la-reine-des-masques-en-attente-de-validation


Aucune chance, aucune. La haine avait laissé place à la détresse, à la soumission. Dans un dernier élan de courage, j'osai même sortir Grominet et le pointer sur mon adversaire qui esquiva adroitement le boulet et me taillada le côté pour m'envoyer rejoindre la terre rougie par le sang. Et alors que j'attendais le coup de grâce, alors que je demeurais, sur le ventre, stupéfiée et hâtée de rejoindre ma sœur, presque tentée de lui demander le coup de grâce, Nakajima se replia.

« Imbécile, tu n'as eu que ce que tu mérites ! » lâche-t-elle.

Tranquillement je sombre vers l'inconscience, à la merci totale de mon adversaire que je sens me toiser. Tandis que mes sens s'amenuisent dans leur efficacité, le monde ne semble se réduire qu'à un seul son, le tic-tac d'une montre à gousset, orpheline de son propriétaire, probablement perdu dans ce charnier.

Tic, tac, tic, tac...

Le bruit m'apaise, finit de m'amener dans mes songes, pile au moment où je distingue une forme floue s'approcher de mon œil gauche ; je ne sens plus rien dès lors, je m'endors.

***
« Humpff... » lâchais-je pendant que l'homme masqué terminait le travail.

A mon réveil, j'avais eu la désagréable surprise de me retrouver avec la moitié du visage enflammée et la vue à moitié circoncise. Instantanément, j'avais crié alors que la croute de sang me fixant les paupières se craquelait sous mes mimiques de douleur. J'aurais très bien pu me mordre la langue si l'homme qui m'avait recueillie ne m'avait pas aussitôt glissé sa ceinture dans ma bouche. Vêtu de vêtements amples, son visage était caché par un masque à l'effigie d'une tête de mort ; je connaissais cet agent pour en avoir si souvent entendu parler. « Reaper », réussis-je à penser entre deux spasmes. Quand bien même il ne me restait plus qu'un œil, ma vue restait floue à cause du dernier combat et l'application du désinfectant dans ma cavité orbitale avait finalement été l'épreuve la plus terrible qui me fit plonger dans un nouveau sommeil réparateur.

C'est une douleur sourde et une forte migraine qui me font revenir à la surface cette fois-ci. Mon œil droit se porte mieux et me permet d'analyser l'environnement autour de moi : la mer, rien d'autre ; nous sommes donc à bord d'une embarcation. Le Reaper est probablement venu effacer les traces du Gouvernement Mondial dans cette échauffourée à Luvneelpraad, c'est à dire moi. En revanche, plutôt que de me terminer, il a préféré me gracier. Pourquoi ? Je serais bien tentée de lui poser la question, si ma langue n'était pas aussi sèche et si je n'étais pas persuadée qu'il ne me répondrait pas. A la place, je laisse échapper un gargouillis immonde. Je le devine non loin, se retournant à l'appel de ma gerbe onomatopéique, se rapprochant. Pas de tendresse, j'imagine bien, je le sens ouvrir ma bouche et y insérer quelque chose. De la nourriture, du poisson, à peine chauffé, légèrement comestible mais je ne vais pas m'en plaindre, ça me soulage. Alternant avec de toutes petites goulées d'eau, le repas s'effectue paisiblement au milieu de cet océan. Je suis en vie. Alors, légèrement requinquée, juste avant de fermer mon unique œil restant à nouveau, je trouve la force de parler.

« La piraterie... je l'anéantirai... j'aurai ma vengeance... »

Je sens le regard anonyme de l'agent du CP8 s’appesantir sur moi quelques secondes. Puis tout redevient obscur, flou et même dans mes rêves, la vision de cette femme, de ce démon, continue à me hanter. Dans ces ténèbres remplies de haine et de désir de sang, de violence, de meurtre, j'entends la voix de Bachibouzouk murmurer doucement :

« Brave petite. »
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10696-sweetsong-montrez-moi-ce
  • https://www.onepiece-requiem.net/t10652-a-sweetsong-ou-l-effet-papillon-100-fini