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Toujours prendre la barde par les cornes ! [Lloyd]

TITRE SWAG


Lloyd BARREL | Althéa PANABAKER



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Saint Urea la grande. Je dis bien la grande, parce que pour moi, c'était tout simplement gigantesque comparé à ma petite île natale. Sa forme plutôt ronde, avec les différents murs, m'avait tout d'abord surprise mais j'avais fini par m'y faire. Je ne fréquentais que la frange, là où la populace vivait. J'avais réussi à me faire un ami d'un tavernier, qui m'hébergeait, me donnant gîte et couvert contre ma voix chaque soir. Et cela m'allait parfaitement - du moins pour un temps. Je comptais bien trouver un moyen de partir d'ici et d'atteindre mon objectif. Devenir légendaire, en écrivant une saga digne des plus grands musiciens. Certes, j'avais de l'ambition, mais sans ambition il n'y a pas de talent.

J'avais une vie assez bien régulée. La journée, je vaquais à mes occupations - marché, promenade, tissage de liens avec les gens de la ville. Le soir, je retournais à l'auberge pour y chanter, et j'avais même le droit de garder pour moi l'argent qu'on m'offrait. Ce n'était pas souvent, ce n'était pas grand chose, mais j'amassais sagement mon pécule, n'achetant que ce qui m'était nécessaire : vêtements de rechange quand les miens étaient abîmés, chaussures, instruments. Je me levais avec le coeur empli de joie, à l'idée de pouvoir percer peut-être ici-même avec ma voix. Mais je devinais bien que je ne pourrais pas. Et que, même si l'occasion se présentait, j'avais trop soif d'aventures pour rester tout simplement dans une ville.

Je me levais de mon lit, et relevais mes cheveux devant la coiffeuse mise à me disposition. Le miroir était de cuivre, et mon reflet était étrangement coloré. Je formais des tresses, puis attachais ma masse sombre de manière à cacher mes cornes. Encore à présent, alors que j'étais à St Urea depuis presque un mois et demi, on continuait à me regarder de façon plus qu'insultante. Je n'étais pas habituée à ça, moi qui avait vécu longtemps sur mon île. J'avais découvert la pauvreté, la misère, la tristesse humaine. Mais la méchanceté gratuite, je l'avais déjà connue. Ici, on me jetait des coups d'oeil de travers parce que j'avais des cornes ; d'où je venais, c'était parce qu'elles étaient trop longues, révélant une virilité ridicule chez moi. Ce n'était que des légendes : les hommes aux longues cornes étaient sensés être plus "masculins". Sottises ! Je soupirais, et finis de me préparer, m'habillant d'un corset, d'un châle délicat d'une magnifique couleur cyan et bordée de glands dorés, ainsi que d'une jupe faite de différents voiles colorés. Ca faisait très bohème, tout cela, et j'adorais ! Littéralement. J'adorais me grimer, me travestir, mettre des habits voyants, ou bien discrets. Ici, les gens ne faisaient attention à moi que quand je me démarquais. C'était agréable, et en même temps ...

Oy, Althéa, tu te dépêches ?
J'arrive !

Je sortis de ma chambre et dévalais les escaliers ; la salle où j'atterris était ronde, lumineuse et emplie d'un agréable fumet de viande rôtie. Quelques habitués étaient déjà installés. J'inspirais, le coeur battant à tout rompre. Je ressentais toujours cette espèce d'excitation quand je devais me produire. Mes mains se serrèrent un instant sur mes jupons, et je relâchais la tension dans mes épaules. Selène, la femme de Keran le tenancier, s'approcha de moi et me sourit. Doucement, elle m'encouragea d'un geste et j'allais m'installer là où j'en avais l'habitude. Près de la cheminée qui tirait agréablement ; il y faisait doux, délicatement chaud même. Je pris sur ma table l'un de mes instruments. Un luth d'un bois rouge pâle, aux cordes délicates, qui produisait un son digne des dieux. Je gardais le sourire, et me mis à jouer.

Puis, ma voix s'éleva. Cristalline, pure, comme si la puissance des chansons que j'étalais aux oreilles des gens était trop imposante en moi, que je devais la partager. Soutenue par les notes tranquilles que mes doigts tiraient du luth, je m'enfermais dans ma bulle enchanteresse, tout en faisant profiter les autres de mes chansons. Je fermais mes prunelles sombres ; je me concentrai sur mes vocalises, sur ce que ma gorge pouvait faire. Toutes les émotions se formaient en un panel étonnant et touchant, alors que mes mots traversaient la pièce pour atteindre les gens. Je ne sais combien de temps je chantais ainsi, mes bras tenant mon instrument à corde à la manière d'un enfant. Je sais que je cessais quand ma gorge devint aussi sèche que du parchemin. Quand ma voix se stoppa, et que je rouvris les yeux, je vis que la salle était à présent bondée.

Selène apporta un verre de vin et j'en bus une gorgée, me levant pour m'étirer, le luth posé près de moi. J'allais faire une pause, manger un peu, et  reprendre. Je sentais des papillons dans mon ventre. Je comptais essayer une toute nouvelle chanson. Alors que j'allais m'approcher des cuisines, une grosse main s'interposa et me prit le bras.

Althéa, c'est ça ? Comme t'es mignonne ! exulta l'homme gigantesque qui se tenait près de moi.
Lâchez-moi répondis-je, d'un ton glacé, en me retirant à sa poigne.

Je détestais qu'on me touche. Mais je sentis ma colère fondre de suite ; j'étais incapable de faire du mal à quiconque. Je l'observais curieusement alors qu'il me souriait, clairement intéressé. Il avait bu, de toute évidence. Mais j'étais trop stupide pour me méfier.

Si tu veux, j'peux t'amener chanter dans ma chambre déclara t-il avec un rire gras, et je clignais des yeux sans comprendre.

Il leva la main et je n'eus pas le temps de réagir. Il retira d'un geste sec le voile qui camouflait mes cheveux. S'éparpillant en mèches sauvages, ma coiffure se retrouva éparse, et mes cornes bien visibles. Une satisfaction cruelle se lut dans ses yeux, alors que la foule autour de moi se mettait à chuchoter. Athel, la gazelle ... Avec douleur, je me souvenais en flash de toutes les moqueries que j'avais subies. Je reculais d'un pas, alors que l'homme semblait prendre de la puissance, bien plus grand que moi.

Paraît que les femmes cornues sont bien plus lubriques que les femmes normales ; j'ai hâte de voir ce que ça peut donner ...

J'écarquillais les yeux. Je venais de comprendre où il voulait en venir. Je ne savais pas qui il était, pirate, marine, civil, révolutionnaire, mais une chose était sûre, je ne tenais absolument pas à ce qu'il me touche. Je reculais encore d'un pas, et cherchais appui dans la salle ; quelqu'un allait bien m'aider ! Mais je ne croisais que des regards qui se baissaient, curieux néanmoins de voir la suite. Je serrais les dents, et carrais les épaules en sentant mon dos heurter le mur. Keran était au loin, mais je savais qu'il ne bougerait pas pour moi. Je l'appréciais, mais nous n'étions pas liés au point qu'il veuille se mouiller dans les ennuis pour moi. Je ne savais pas quoi faire, et ma respiration s'accéléra, tandis que je mettais à trembler tel le lapin dans les serres d'un aigle. D'un gros aigle, alors.

S'il vous plaît ... tentais-je de l'amadouer, en croyant dur comme fer qu'en me voyant refuser, il reculerait.

Mais la naïveté ne conduit pas les autres à être meilleurs. Ni ma croyance en la bonté humaine. L'homme se contenta de sourire, et m'attrapa le bras une nouvelle fois, si fort qu'il me fit mal. J'ouvris les lèvres pour crier, mais aucun son n'en sorti. J'étais pétrifiée de peur.

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Toujours prendre la barde par les cornes ! [Antélog]


Ah, Inari... L'endroit parfait vers lequel naviguer lorsque l'on veut fonder un équipage ! Après tout... N'est-ce pas là que doivent se rassembler tous mes fidèles à moi, l'ultime, le magnifique, le divin Lloyd Barrel ? C'est ainsi que, le coeur empli d'allégresse, j'observe les côtes de l'île se rapprocher de mon frêle esquif... Et ce avec grande impatience, car j'ai une faim de tous les diables ! Jamais je n'aurais cru que mon ventre aurait pu être si vide qu'il me donnerait l'impression d'essayer de se manger lui-même... Seulement, on dirait bien que c'est le cas, après des jours et des jours passés en mer. Depuis combien de temps n'ai-je pas vu la terre ferme ? Cinq ? Dix jours ? Aucune idée... Mais c'est cinq ou dix jours de trop pour une homme tel que moi, qui ne devrait pas être affligé de telles souffrances stomacales ! Allez, allez, pressez-vous d'arriver, les côtes ! Après une interminable attente d'au moins quatre minutes (jamais je n'avais attendu aussi longtemps, sur Barrel Island, pour obtenir quelque chose que je veux), je peux enfin poser le pied sur le plancher des vaches... Et me rendre compte que je n'imaginais pas Inari aussi... Pierreuse ? Construite ? Remplie ? Et ça parait un peu bizarre pour une île de religieux, tous ces bâtiments et ces gens dès l'entrée dans le port... J'amarre ma barque à un ponton et monte sur le quai... Et je remarque aussi que personne n'a vraiment une tête de moine... Sans parler de l'absence totale d'édifice pouvant ressembler à ce fameux Balibali (ou quelque chose du style), même au delà de ces grands remparts, et que l'on est pourtant censé apercevoir à Inari. Bizarre, très bizarre... Surtout que, vu que je suis le fabuleux et extraordinaire Lloyd Barrel, il est absolument impensable que j'ai fait une bête erreur de navigation et me sois trompé d'île... Non il y a autre chose... Et c'est en étalant ma carte de North Blue au sol, au beau milieu de la rue, que je me rends compte de l'ampleur du complot dont j'ai été la cible : ce soit-disant généreux et dévoué donateur a qui je l'ai... Euh... "Emprunté" (mais il aurait surement été d'accord, car après tout, je suis le grand Lloyd Barrel, et c'est un honneur que de me servir) m'a piégé... Et m'a donné une carte cryptée ! Et effectivement, il semblerait que ça explique pourquoi j'ai eu tant de mal (enfin) à déchiffrer les informations...

"Monsieur ? Pourquoi vous lisez votre carte à l'envers ?", me demande alors un gamin qui passe par là. Je me masse les tempes, fatigué, et ce pour deux raisons : tout d'abord, parce que j'en ai marre de toujours me faire enquiquiner par un enfant à chaque fois que je pose le pied sur une île, et ensuite car...
"Petit ignorant ! Il s'agit là d'une carte cryptée ! N'ouvre pas la bouche si tu n'es pas à même de comprendre les choses !"
"Ah non, non, je vous assure monsieur, de la où je suis j'arrive parfaitem..."

Sbaf.

"Aieeuuuuuuh !", s'écrie t-il alors, pleurnichant et se serrant fort la tête entre ses mains, avant de partir en courant à toute vitesse. Tssssk... En tout cas, où que je sois, les gamins n'y sont pas éduqués et manquent cruellement de respect à leurs ainés... Enfin, comme toutes les îles que je visite... Bref, le plus important est de savoir où j'ai atterri. C'est dans ce but que je me hasarde à rentrer dans une taverne... Après tout, n'est-ce pas que les héros vont chercher des informations, dans les contes que ma mère me racontait ? Poussant le pas de la porte, je pénètre dans ce lieu qui sent bon l'alcool et l'air marin. Aaaaah... Le parfum de la mer, de la piraterie et de l'aventure ! Et aussi un peu celui du vomi, parce qu'il y a un poivrot à moitié mort sur la table juste à côté de l'entrée.

"Hé, tavernier ! Dis moi donc sur quell..."
"S'il vous plaît...", m'interrompt alors dans ma lancée une voix pourtant bien moins audible que la mienne... Car c'est une voix de jouvencelle en détresse. Me oreilles se dressent, mes yeux se tiquent, et je me retourne pour assister à une scène des plus étranges. Une femme à... Cornes... ? Est en train d'être maltraitée par un homme aussi volumineux que gros... ? Me massant le menton, je réfléchis : devrais-je aider une diablesse ? Il est indéniable que cette femme a un charme certain (joli minois, belles formes, et j'en passe et des meilleures) mais... On dirait un démon ! Oh, et puis, c'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire... De l'aider, hein. C'est donc tout naturellement que je décide de ne pas me mêler de cette affaire. Après tout, si moi, le grand Lloyd Barrel, j'aide n'importe quel péquenot, quelle réputation vais-je avoir ? Celle d'un bon et bête "samaritain"... ? Beurk. Non, non, c'est hors de question ! Je suis le futur seigneur des pirates, et il est inconcevable que je m'avilisse à accomplir une telle bassesse... Ou encore pire, que ce soit mentionné dans ma future biographie en quatre volumes. Je décide donc de continuer ma discussion avec l'aubergiste :

"Donc ! Tavernier ! Sur quelle île suis-je ?"
"Ici ? Ben c'est St..."
"S'il vous plait ! Lâchez moi !", le coupe alors la jeune femme, puisque cela m'étonnerait que je me trouve sur une quelconque île des seins. Décidément...
"Hé, c'est pas bientôt fini, oui ?! Le grand Lloyd Barrel réclame le silence pour converser avec ce gras aubergiste tranquillement !", m'écrié-je alors à pleins poumons, brandissant le poing.
"Hein ? Gras ?"
"Bref ! Faites ce que vous voulez, mais faites le en silence !"
"Un problème, blondasse ?"

Ha. Haha. Hahaha. Je vais lui faire la peau. Lenteeeemeeeeent. Me retournant vers ce type dégouttant qui est toujours harponné à la jeune succube, je prends la parole :

"J'ai déjà failli t'en mettre une parce qu'on dirait que tu maltraites une jeune fille, et que c'est pas tolérable...", commencé-je. Je marque une pause, puis continue : "Mais... Je n'ai rien fait, par clémence, par bonté d'esprit... Par contre, si tu me manques de respect en plus... Alors là je vais pas pouvoir m'empêcher de t'inculquer les bonnes manières, gros tas."

Grand silence dans la salle. Tout le monde se tait et attend de voir notre combat, sans doute. Hmpf. Pauvres soûlards. Est-ce donc votre divertissement de la journée ? Un spectacle aussi pathétique ? Un vulgaire combat de taverne, même si ma seule présence suffit à l'étoiler ? Je fais craquer mes poings en m'approchant du gros, qui se trouve au pied de l'escalier avec la jeune femme. Après le baisemain-révérence-sourire-colgate-maxwhite auprès de la jeune diablesse, je toise l'homme et l'observe de la tête au pied... Et après quelques secondes, je confirme : c'est un gros cube de chair et de gras de deux mètres sur un mètre, qui a l'air aussi apte au combat que le serait un coquelicot. Surtout qu'il tient toujours la demoiselle par le poignet, et qu'il n'a donc qu'une seule main de libre... Haha... Je vais n'en faire qu'une bouchée. Je remonte progressivement mon regard le long de son corps, jusqu'à tomber sur le sien. Et immédiatement, je lui vise son biceps droit de la pointe de ma main droite, ce qui a pour effet de le faire reculer, dans le but d'éviter le coup. J'esquisse un léger sourire tandis que je le vois basculer tout son poids sur l'arrière du corps. Dans cette position de désarticulation, il ne peut pas esquiver mon bras droit qui se replie et change de direction de manière à lui envoyer un coup de coude au niveau du nez... A moins de le bloquer. Ce qu'il fait, amortissant le choc dans le creux de sa main gauche... Avant de lâcher un rire à pleines dents, et de se moquer de moi :

"Tu ne pensais tout de même pas qu'une feinte aussi grossière allait m'avoir, blondinet ?"

Ma seule réponse est d'afficher un air de blasé, tant sa stupidité est navrante et de lui pointer du pouce la scène touchante de retrouvailles qui a lieu à peine trois mètres à côté de lui.

"Althéa !"
"Sélène !"

C'est le retour du grand silence.

"Tu m'as berné ! Tu avais tout planifié pour que je relâche la fille !", s'exclame t-il alors. Mais qu'est-ce qu'il raconte, lui ?
"Hein ? Non, non, je m'en fous, moi. Je voulais vraiment te mettre un coup de coude dans le nez."
"Et... Et le pouce, alors ?"
"Je comptais juste détourner ton attention et t'en mettre une, mais après je me suis dit qu'après tout, le grand Lloyd Barrel n'allait pas s'abaisser à des coups pareils... Donc j'ai rien fait. Mais...", commencé-je alors que le silence s'installe encore. Je fais craquer mon cou, puis reprends : "Mais maintenant que la fille n'est plus en danger, je vais pouvoir t'éclater la tête."

Et sur ce, je tourne la tête et fais un clin d’œil et un sourire parfait à la demoiselle, avant de devoir me baisser pour esquiver facilement un coup de poing qui partait en plein dans mon magnifique visage. Jamais je ne pourrai laisser quelqu'un me l'abîmer... Car ce serait autant un crime de ne pas empêcher quelqu'un de le faire que de porter la main soi-même sur quelque chose d'aussi parfait que mon faciès... Un crime... Envers le monde... Et envers toutes les demoiselles qui fantasment sur mon exceptionnelle beauté...


Dernière édition par Lloyd Barrel le Dim 13 Avr 2014 - 10:51, édité 1 fois

    TITRE SWAG


    Lloyd BARREL | Althéa PANABAKER



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    Alors que j'étais sur le point de fondre en larmes, totalement pétrifiée de peur, une grosse voix retentit. Elle provenait d'un jeune homme blond, et moi comme mon tortionnaire le regardâmes avec des yeux ronds. Le grand ... Lloyd Barrel ? Je pense que ce ne fut pas du goût de l'homme en face de moi ; sa prise sur mon bras se raffermit et je retins difficilement un hoquet de douleur en sentant mes muscles rouler sous sa force. Et voilà que s'enclenche une espèce de joute verbale, dont le blond semble prendre l'avantage. Ses mots sont jetés à la face crispée de la montagne humaine, et il s'approcha d'un air sûr de lui. Je suis incapable de dire quoi que ce soit. Puis, tout se passe très vite. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe, mais je suis relâchée de l'étreinte et bondis vers Selène. La femme me prend dans ses bas, et observe mon bras d'un air critique, sans faire plus attention à la scène plus loin. Kéran s'est approché, lui aussi, et semble trôner au-dessus de nous, à quelques pas derrières nos deux silhouettes.

    Personne ne dit plus rien. C'est un silence quasi religieux, et pendant que Selène masse mon pauvre bras malmené, mes prunelles d'ambre se posent sur la scène étrange qui se passe devant nous. Le blondinet émet une aura d'assurance qui pourrait presque m'éblouir. Ses paroles sont aussi tranchantes et aiguisés que des morceaux de miroir ; l'inconnu qui m'a fait mal s'y coupera t-il ? J'ai du mal à m'habituer à ses expressions faciales si ... Comment dire ? Faussement parfaites ? Ses grands sourires dévoilant ses dents blanches, ses cheveux dorés ... C'est étrange à dire, mais ça me paraît trop éloigné de la dimension où j'ai grandi, et donc factice.

    Kéran, il va se f- mais je m'interrompt en le voyant esquiver avec une agilité induite par l'habitude le coup de poing terriblement maladroit de la montagne de muscles.

    Et le voilà qui, profitant du déséquilibre précaire vers l'avant, il se redresse et assène un coup sec à l'estomac. L'homme se plie en deux, mais ce n'est pas terminé. Une grêle de coups, forts et puissants, l'atteignent au visage, au cou, au dos, aux bras. L'homme grimace, tandis que le blond ne se soucie de rien d'autre que ce combat. Je porte mes mains à ma bouche, et supplie Kéran de les interrompre.

    Messieurs, il suffit. Vous, sortez. Quant à vous, merci d'avoir aidé le Rossignol. V-
    Puis-je vous remercier en vous offrant vos consommations, ce soir, s'il vous plaît ?

    Je me suis glissée vers le blond, et tente de mettre fin à cette bagarre des plus déplaisantes. Oh, je le suis extrêmement reconnaissante de m'être venu en aide, mais je déteste la violence, l'exècre au plus haut point. Je suis moi-même incapable de faire du mal à autrui. L'homme qui m'a agressé s'éloigne sans demander son reste, suivi de ceux qui l'accompagnaient. J'émets un fin sourire timide au jeune homme ; n'a t-il pas dit qu'il n'avait aucune intention de m'aider, à la base ? Et pourtant, il l'a fait. Etait-ce vraiment involontaire ? Je baisse les yeux en mordillant mes lèvres, tandis que Kéran prépare deux chopes de sa meilleure bière et nous invite à nous asseoir.

    Vous vouliez savoir où vous vous trouviez ? Ici, c'est St-Urea, mon brave. Et vous êtes dans la meilleure auberge de la Frange.

    Il sourit, puis semble me remettre l'inconnu, comme on remettrait un touriste à un guide. Je me sens gênée, au point que mes joues deviennent cramoisies. Je tente de faire la conversation, sans toucher à la chope de bière devant moi - trop âcre, trop amère, je n'aime pas l'alcool de toute façon, hormis le vin. L'atmosphère autour de nous s'est calmée, mais on entend encore un bruit de fond, chuchotis surpris et curieux ; les regards sont tous tournés vers nous.  

    Merci, pour votre aide, qu'elle ait été volontaire ou non murmurais-je en me frottant le bras là où l'on m'avait tenue. Vous vous demandez pourquoi j'ai des cornes ?

    J'avais remarqué ses regards appuyés sur mes attributs. Je repoussais mes cheveux pour les lui montrer ; c'était des cornes en os, nivelées, d'un brun plus clair que ma chevelure noire et bouclée. Je lui offris un sourire plus sincère ; sa curiosité était des plus légitimes, après tout.

    Je suis une cornue ; je suis née ainsi.

    J'éprouvais toujours un embarras certain à parler de cela. Trop de mauvais souvenirs y étaient accrochés comme autant de lambeaux de tissus souillés. Je m'étais bien gardé d'expliquer aux gens de St Urea que sur mon île, seuls les hommes étaient sensés avoir des cornes d'un pareil volume, le parallèle se faisant avec leur virilité. C'était encore une blessure profonde et vive que cette dernière ; ici les gens ne se moquaient pas vraiment. Mais j'étais tout de même une curiosité ; la jeune femme toute fraîchement débarquée, avec une jolie voix, qui ressemblait à une souris, et qui avait des cornes.

    Si je puis me permettre, qu'êtes-vous venu faire à St-Urea, monsieur le sauveur ? demandais-je d'une petite voix flûtée et mélodieuse, un peu rauque.

    Je n'osais pas lui proposer mon aide, pour la simple et bonne raison que je devinais chez lui une fierté exacerbée : les hommes n'étaient pas du genre à accepter de l'aide, et encore moins à la demander. J'avais peur de froisser son égo. Je me tins donc calmement devant lui, menton sur les mains, coudes sur la table. Mes yeux brillaient de l'éclat de la curiosité, assombrissant mes iris d'ambre clair. Mon avant-bras douloureux était devenu rouge, et des plaques sombres y apparaissaient - demain j'aurai un magnifique hématome. Mais nous n'étions pas encore demain, et je devais me concentrer sur ce qui se passait à l'instant présent.

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    La meilleure bière, la meilleure bière... Ça reste quand même une bière comme une autre, en fait. Et la bière, c'est une boisson de roturiers, que moi, le grand Lloyd Barrel, ne peut me permettre d'ingurgiter si je veux garder toute ma fierté. Aussi, je ne touche pas du tout à ma boisson durant la totalité de mon tête à tête avec la jeune femme... Qui ne boit pas non plus une goutte de la sienne (tiens donc, enfin une femme quelque peu raffinée ?), tandis qu'elle déblatère une tissu de futilités concernant ses cornes et auquel je ne fais absolument pas attention. A t-elle prononcé deux phrases, ou bien deux-cent ? Aucune idée. Et ce n'est pas comme si quelqu'un d'aussi grandiose que moi avait (je n'ai aucune obligation de toute façon) à s'en préoccuper... Au bout d'un moment, elle m'arrache de mes réflexions en répétant le nom de l'île sur laquelle j'aurais apparemment atterri :

    "Si je puis me permettre, qu'êtes-vous venu faire à St-Urea, monsieur le sauveur ?"

    St-Urea, St-Urea... Ça reste quand même une île comme une autre, en fait. Et cette île, elle ressemble beaucoup à Inari, ce qui explique que moi, le grand Lloyd Barrel, ait pu être induit en erreur et piégé par un vulgaire fermier et sa carte cryptée. Sûr que ce type n'est pas de la même trempe que cette demoiselle, qui semble des plus distinguées et respectueuse, sachant me parler comme il se doit et ne touchant évidemment pas à une boisson aussi avilissante que la bière. Aussi... Il se pourrait qu'éventuellement, je songe à peut-être daigner essayer une tentative de réponse à ce qu'elle me dit, plutôt que de l'ignorer totalement comme les autres péquenots de cet endroit :

    "C'est une très longue histoire, mais qui ne pourrait pas t'ennuyer, ma jolie, puisqu'il s'agit de la mienne raconté par moi-même, l'illustre et fantastique Lloyd Barrel !", commencé-je, plutôt enthousiaste. Seulement, me rappelant des codes stipulés dans le grand livre des héros (et plus précisément au chapitre "villes", sous-chapitre "tavernes", alinea "récit à distance raisonnable de l'âtre"), je ne peux conter mes fabuleuses aventures sans avoir de quoi boire... Sauf cette bière ! Je reprends la parole : "Je vois que tu ne touches pas à ta bière... Et tu as bien raison ! C'est la boisson du petit peuple après tout."

    C'est à ce moment précis que je remarque que nous ne sommes pas seuls à table : le tenancier et une autre femme (une vieille) sont aussi assis avec nous. Depuis combien de temps ? Aucune idée. Et puis de toute manière si mes super sens ou mon instinct à toute épreuve n'ont pas jugé bon de les détecter, c'est qu'ils doivent vraiment être de la plus maigre importance... Mais si je dis "maigre", c'est tout de même qu'importance il y a, ou du moins que je peux trouver une quelconque utilité à ce gentil couple de personnes âgées (ou en tout cas trop faibles pour se battre). Et cette utilité, la voila :

    "Dis, tavernier, n'as tu pas autre chose que ce truc ? Du vin des îles, par exemple ? Ou un alcool fort ? N'importe quoi d'assez subtil et de bonne qualité ?"
    "Euh... Du vin, oui, certainement, mais..."
    "Alors vos meilleures bouteilles sur la table, et plus vite que ça !"
    "Bien, bien...", finit t-il enfin par se décider à m'écouter, se levant et allant derrière son comptoir. Farfouillant dans sa cave, il tire une grande bouteille verte qu'il commence à ramener.
    "J'ai dit vos meilleures bouteilles !", précisé-je d'une petite rotation de la main, pour donner un effet de style. Grommelant quelque peu, et puis finalement s'exécute, et retourne chercher deux bouteilles supplémentaires. Voila qui est bien mieux ! Je continue : "Parfait ! Alors on va boire à ma santé !... Oui, et peut-être aussi aux votres, éventuellement."

    J’entame, comme de juste, la première bouteille devant moi et m'en sers un grand verre, et les laisse se débrouiller pour remplir leurs bocks eux-mêmes. Humant toutes les senteurs de ce doux breuvage, je laisse s'échapper un soupir de satisfaction à l'idée de boire enfin quelque chose qui convienne à une personne de mon rang et de mon acabit. C'est ainsi que je commence à leur narrer mon histoire fabuleuse : comment je suis né pour devenir aussi grand, beau et intelligent; comment je suis devenu si fort que j'ai pu sauver Barrel Island deux fois sans l'aide de personne et gagner le tournoi illégal de combat libre à Verterre; comment ce plouc ultra fourbe a tenté de me piéger en m'égarant de force sur South Blue au lieu d'arriver à bon port à Inari, île sur laquelle je suis sûr qu'il existe une religion à mon propre nom, et dont je dois authentifier l'existence. En bref, quelques un des épisodes qui démontrent en quoi je suis spectaculaire et particulièrement fantastique, tout en oubliant volontairement de parler de mes quelques actes criminels et de ma formation d'équipage (j'ai encore un peu envie de profiter de cette île). Durant tout mon passionnant discours, ils ne parlent pas une seule fois, et le gros tavernier et son épouse se contentent simplement d'ouvrir et de refermer la bouche à intervalles réguliers, sans doute pour prouver leur satisfaction... Ou alors qu'ils baillent... Mais c'est impossible, voyons ! Tout le monde boit les paroles du grand Lloyd Barrel sans jamais pouvoir étancher sa soif ! Ou du moins, la charmante, distinguée et respectueuse demoiselle cornue le fait... Et ne se contente pas de mes paroles comme seule boisson, puisque ça fait bien plusieurs fois que je constate qu'elle se ressert en vin... Peut-être est t-elle encore sous le choc de son agression par l'autre type grossier... Pourtant elle n'a plus rien à craindre... Car maintenant que je suis là, les malfrats ne s'approcheront certainement plus et resteront tapis dans leurs grottes ! C'est ainsi que je repère une lueur de le regard de la jeune femme :

    "Tu meurs d'envie que nous discutions un peu plus, hein ? Je le vois, inutile de le cacher ! Sortons de cet endroit, et allons marcher : cela te changera un peu les idées et tu auras en plus l'insigne honneur de marcher en ma présence, ma mignonne, et moi je pourrai me dégourdir les jambes, après ces quelques verres de ce délicieux vin !", lui lancé-je en me levant, avant de rajouter, parlant un peu moins fort : "Et en plus, ici, ça pue la pisse et le poisson."
    "Hein ? La pisse et le poisson ?"
    "Hum... Euh... C'est que... C'est-à-dire que..."

    Visiblement, ma prestance et ma classe naturelles, couplées au fait que le grand Lloyd Barrel en personne accepte qu'elle l'accompagne dans une promenade semble quelque peu la gêner, la laissant bouche bée. Elle finit tout de même par ne pas se laisser tuer par sa timidité et se lève à son tour.  Nous passons le pas de la porte et tournons à gauche, vers un dédale de ruelles toutes plus ressemblantes les unes que les autres. On dirait qu'elle connait bien le coin (bien que nous marchons un peu au hasard, elle suivant mon pas de meneur naturel), et c'est tant mieux, parce que ça m'évite d'avoir à utiliser mon sens inné de l'orientation, et que je peux apprécier d'autant plus cette promenade au clair de lune accompagné d'une créature aussi belle (bien que cornue) que raffinée et respectueuse, alliance de trois indispensables assez rares de nos jours. Ah la la... Les filles qui se bousculent pour balader à mes côtés... Voila quelque chose qui me manque, depuis Barrel Island, bien qu'elles faisaient et étaient bien moins distinguées que celle-ci !

    Quelques minutes et ruelles passent, et elle n'a toujours pas dit le moindre mot. Je décide alors de prendre la parole, histoire qu'elle se déstresse et se rende compte que je suis aussi un être humain, même si je suis sans doute aucun le plus intelligent, le plus beau, le plus fort, et le plus fantastique de tous, ce qui est bien normal vu que je suis le grand Lloyd Barrel !

    "Alors, quel est donc ton prénom, ma jolie ? Il me semble avoir entendu la tenancière t'appeler quelque chose comme Altéfkatr, mais je n'en suis pas sûr..."
    "C'est Althéa."
    "Althéa ? C'est un joli prénom. Pas autant que Lloyd, mais il te va bien tout de même."
    "Merci."
    "Et que faisait un si beau minois en compagnie de l'autre gros porc ?"
    "Je travaille à cette taverne tous les soir, où je chante et je joue. Je suis barde. Et cet homme était un client qui devait manifestement avoir trop bu..."
    "Je vois, je...", commencé-je, avant de me taire instantanément, et de m'engouffrer dans une ruelle en attrapant rapidement Althéa par la main, lui recouvrant la bouche de l'autre. Nous restons comme cela, en silence, le temps que la patrouille de sous-officiers de la marine que j'avais entendu arriver ne passe. Puis je la libère et sors à mon tour, avant de reprendre, alors qu'elle semble quelque peu bouleversée par ce que je viens de faire : "Je n'aime pas vraiment la marine... Et même si ce n'est pas vraiment un danger pour un aussi formidable combattant que moi, disons que je n'ai pas encore assez profité de cette ville pour les avoir sur mon dos..."

    C'est le silence total, car elle ne comprend visiblement pas trop. Bon, du coup, autant lui dire.

    "Ah, au fait... Je suis un pirate."