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Tombe Stone

500 gaillards, qui font leur vie, peinards
500 pirates, qui s'mettent des claques
Ça en fait des boucaniers, sur l'pont de l'aventure
Sous l'drapeau noir hissé, qui chantent pourvu qu'ça dure

La grande chasse au trésor
A repris de plus belle
Pendant qu'la marine dort
Ils pillent les caravelles

Se lancent à l'abordage
Tout de rhum imbibés
Loin, très loin des rivages,
En gueulant " Pas d'quartier"

Des gars, sans foi ni loi
Qui pillent Rome et Byzance
Mais qui finissent parfois
À l'ombre d'une potence


500 gaillards, qui font leur vie, peinards
500 marines qui font d'la frime
Ça en fait des uniformes, pour défendre la Justice
Être ripoux c'est la norme, le peuple vit au supplice

Sortent les beaux costumes
Pour séduire les minettes
Une belle brochette d'enclumes
En dessous des épaulettes

Quand on a besoin d'eux
Absents les tristes Sires
Des pleutres, buzes et bleus
Mais lesquels sont les pires ?

Sans doute ceux qui s'acharnent
Sur les p'tis délinquants
Comme de vieilles carnes
Et laissent libres les truands


500 gaillards, qui font leur vie, peinards
500 révos, ce s'rait trop beau
Ça en f'rait des chevaliers, courageux, téméraires
Mais pour défendre Liberté,  y'a que des courants d'air

Veulent bien sûr abolir
Misère, Exploitation
Mais jamais n'vont tenir
Leurs belles résolutions

Car oui pour aboyer
Y'a du monde en péniche
Mais c'est dur d'attaquer
Galbé comme un caniche

Y z'attendent juste la suite
D'mettre à jour les scandales
Pour l'moment y sont qu'huit
Mais c'est déjà pas mal


500 gaillards, qui font leur vie, peinards
500 civils, qui s'font pas d'bile
Ça en fait des tas d'glandus, qui pensent qu'à roupiller
Sûr faudrait s'bouger l'cul, mais là, j'suis fatigué

Dans sa petite boutique
Joue de sa bonne trombine
Pour arnaquer les flics
Et gérer ses combines

À fond pour le profit
Il est toujours l'premier
Surtout quand il s'agit
De savoir s'défiler

Y s'en fout d'être tout seul
Y veut pas d'équipage
Lui, y pense qu'à sa gueule
Loin de tout ce tapage

500 gaillards, qui font leur vie, peinards
500 pirates, qui s'mettent des claques
Ça en fait des boucaniers, sur l'pont de l'aventure
Sous l'drapeau noir hissé, qui chantent pourvu qu'ça dure !! Waaaaaaooouhhh Yeah !



Merci Water Seven !! Merci d'être venus aussi nombreux, z'êtes un public génial ! Oubliez pas les peluches et les bonnets "Shurik'n Cheeze" à la sortie; les dons récoltés seront intégralement reversés aux associations carritatives de la région. Merci à tous !

Public en liesse, crépitement de lumières et de flashs. Sacrés Den-Den-photos. Depuis qu'on a inventé ce machin, faut que tout l'monde en est un. Un dernier salut rock n' roll pour les fans, c'est grâce à eux que j'suis là, et on file en coulisses. 'fiou j'suis en nage. C'est qu'c'est du sport, mine de, tenir tête à une foule hystérique, répondre aux attentes, faire partager cette énergie positive avec autant de gens d'un coup. J'suis claqué. Y'm'faut un verre, j'ai les cordes vocales qui arrivent dans l'déglingué. J'en tombe deux, et j'sais pas c'que j'ai bu, mais c'était pas de l'eau.

Wow, c'était d'la balle ce soir. Carrément cool. T'en penses quoi Shurik'n, on a géré ?

L'ancêtre est là, posé sur un tabouret, à tourner, tourner à n'en plus pouvoir. Ça va tellement vite que j'ai pas besoin de ventilo, il se charge des courants d'air. Il a une petite tasse de rhum-camomille – son péché mignon - dont il renverse pas une goutte malgré la vitesse de rotation et des lunettes trop rondes de grand-père alsacien qui ont un genre faux-raccord parfaitement adapté à la scène.

Wesh ! C'est ça l'rock gamin ! qu'il dit en bondissant de son perchoir pour s'en aller rouler-bouler jusqu'aux fond des coulisses.

Plaisir. C'est l'mot qui colle à mon état d'esprit. Rien ne vaut un bon bain de foule, à capter cette magie qui flotte, cette bonne humeur ambiante et totalement déchainée qui accueille ta prestation. J'relève mon bon senseï, qui avec chaque œil qui dit merde à l'autre a l'air encore plus perché que d'habitude, remercie cette empathie surdimensionné qui m'fait profiter de chaque rayon de plaisir comme si c'était une éclipse et me pose dans un canap' pour rouler une douille. Ouais, passer trois heures d'affilée debout à gesticuler, hurler, sauter ... ça vous fait des mollets en béton-armé mais ça pose.

Bon, s'quoi la suite ? On s'tape un Mikado ou bien ?
Vendu, l'effronté, on a pas tripoté les tiges depuis un bout d'temps.

Il parle bien entendu toujours de Mikado. J'chope mon sac de tournée pour sortir le jeu. L'est pas sur les poches latérales, y'a là des bâtons de réglisse et dees coupons pizza gratuites. Arf, va falloir retourner tout l'bastras qu'y'a dedans. Alors voyons voir ... hm ... ça, non, c'est ma West afghane ... ça, là, la Sud Marrocaine ... hm, j'en ai plus des masses...  ça, c'est ma lampe de chevet ... yeeh, une vieille chaussette ... un Den Den Mushi ... un bac de Pils ... mon matelas trop douillet ... mah bordel ... il est où ? Jme sépare jamais de ce jeu.

CODE ROUGE ! CODE ROUGE !
CODE ROUGE ?
CODE ROUGE ouais !
Mais ça veut dire quoi, CODE ROUGE ?
Qu'est-ce j'en sais, moi ? L'important, c'est d'le dire !
CODE ROUGE alors !
Y nous faudrait un chien pisteur, pour retrouver la trace du Mikado, Shurik'n ! Hé ... tu m'écoutes ou b' ... ?
Gamin ... ?
Hm ?
Mate ça un peu !


" Si vous voulez retrouver votre jeu de Mikado vivant, rendez vous à la Plaza demain à 23 heures précises avec la rançon : 1 000 000 de Berrys et une sucette Chupa Choops. On est sérieux. "


T'as trouvé ça où, papi ?
Là, sur la table. Regarde, y'avait ça avec ... C'est un ...
Aaaaah !! C'est la moitié d'un bâtonnet de 1 point, jle reconnais.
Rha les salauds, ils ont peur de rien. Où est-ce qu'on va trouver 1 million de Berrys en si peu de temps, Eustache ?
Ouais, les monstres. Et plus grave, comment on va trouver une sucette Chupa Chups.
En plus, ils savent même pas écrire Chupa Chups ! ... On va quand même pas taper dans les recettes, hein ?
Ça non, plutôt mourir ... enfin, non, pas mourir ça fait vachement mal mais ... enfin tu vois l'idée quoi.
Gamin, il est temps d'appeler un individu remarquable que j'ai croisé dans une autre vie. C'est un héros. Mieux, un super-héros !
Un super-héros ? Mais c'est super-cool ça, et on fait comment pour l'appeler ?
Alors, ça. Pas la moindre idée. D'habitude, les gens de cette Veine arrivent juste quand on a besoin d'eux, il devrait plus tarder.
Wah, j'vois l'genre. Le karma m'a passé un coup d'Den Den Rouge, je rapplique. Alignement des pensées, big bang spirituel. Respect. Alors, quoi, on s'pose ?
On s'pose.
J'aime déjà c'mec. Tiens, envoie une goutte de rhum-camomille, autant s'mettre bien en attendant la suite.
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Quelques temps, avant le vol du Mikado


- A vous aussi.
- Hé, grand frère, pourquoi tu lui dis ça alors qu'il t'insulte de tous les noms ?
- Grand frère, il faut faire quelque chose et pas le laisser s'en sortir
- Il a raison ! Il a raison !

Un regard attendrissant vers ces mômes, un sourire de papa bienveillant. Je respire un bon coup et je commence à trifouiller dans mes poches pour les retourner à l'air libre, vers l'extérieur, loin de la sueur de mes jambes.

- Mes enfants, on a plus de bonbecs fabuleux et on a pas d'argent pour en piquer chez le marchand
- Grand frère, pourquoi les marchands veulent de l'argent ?
- C'est des berrys ! Tu sais rien, tais-toi !
- Grand frère, Orange, il a dit un gros mot euuuuh !

Etre soi, c'est un putain de gros mot à la barbe de Wakam le rouge. Je laisse les mômes se chamailler un peu, qu'ils en profitent de leur innocence. Pendant ce temps là, je tourne sur moi-même à la manière d'une petite girouette. Je cherche le vent. Il est où ? Il est où le mistral ? Sud-Est ? Mes trois étoiles m'empêchent de voir clair. Et en un éclair de génie, je m'agenouille près d'eux pour les regarder en face à face. Et pour ne pas me la jouer Scarface, je mets les mains dans le dos.

- Il nous faut un million pour s'acheter de quoi fabriquer des bonbons pour tous
- Des bonbons pour tous !!!
-Et pourquoi un million, grand frère ?
- Je veux une chupa chups, grand frère.
-1 million, c'est symbolique, comme 1 euro
-C'est quoi 1 euro, grand frère ?
-C'est symbolique, me faut un mikado pour réfléchir
-C'est comme une chupa chups, un mikado ?
- Grand frère, grand frère ! Y'a un mikado à l'orphelinat ?

Ah l'orphelinat... Je vous y amène bientôt. Y'en a un bien à South Blue, Hiroshima Deboncoeur l'a lui-même construit à l'opposé de Babylone. Ouais, ouais. Un bon endroit pour trois petits monstres en manque d'amour. Je remercie ma faim de m'avoir amené vers les bas sentiers où j'ai pu croisé ces trois jeunes galériens. Je sais pourquoi, je fais ça, la compagnie ? Je me pose trop de questions pour rien. Et j'ai complètement zappé mon rendez-vous de 22h22. C'est aujourd'hui ou demain ? Hier ? Ah, je me perds. J'ai besoin d'un verre.

-Je suis sûr que demain, on trouvera de quoi faire du bonheur
- Mm
-Mh
-HmMM... Zzz

Dormez-bien, je vous couvre. Je les borde dans leur sommeil, je ferme la porte de la chambre et je descend l'escalier du petit motel surnaturel, petit motel géré par un couple d'actionnaires de l'eau de là. Et je me dirige vers la débauche, le coeur léger pensant aux petiots et leur souhaitant de beaux rêves et une belle introspection.

A moi, un petit rhum-cerise,
Je croiserai peut-être un dalton
Ou qui sait ? Un gars en collant ?
Oh...
    Oh bordel !! Aux armes ! Sonnez l'alerte !!

    [...]

    Zzz Zzz...non, pas de chantilly sur mes homards, merci... Zzz Zzz... hm, une Chupa Chups ? C'est marrant que vous proposiez, figurez-vous que... Zzz Zz...wuoooheulà !!

    Flatch ! Je renverse ma fin de rêve et un fond de rhum-camomille par terre en gesticulant de trop sur mon canap'. Je manque de partir m'écraser au sol aux côtés de la tasse, me rattrape in-extremis à mon dossier et reprends mon calme. Tah', ça tangue. Quelle horrible façon de se réveiller. J'ai les lampions desséchés comme des pruneaux et les neurones pas tout à fait descendus de leur séance onirique. Ça, c'est du lendemain de soirée comme je les aime. D'habitude, l'état de faiblesse qui t'accompagne toute la journée durant aspire toute volonté d'action, ce qui te laisse encore plus de temps que d'ordinaire pour partir dans l'Imaginarium. Bader, faire des plans géniaux dans sa tête. Que du bon. Pourtant, c'est pas le cas ce matin. Si on est bien le matin. Aujourd'hui, même dans cet état, une seule pensée accapare déjà au moins six de mes lobes cérébraux endormis. J'étais planté dans un sommeil moelleux, badigeonné de visions absconses et de rencontres épatantes au pays des hommes-crabes, mais mon subconscient essayait, même dans ce monde d'hybrides hors-normes, de m'arracher à mes songes. L'heure est grave. On a dérobé une composante de mon accoutrement fétiche : mon jeu de mikado. Et les sordides ravisseurs ont déjà exécuté un des précieux bâtonnets retenus otage, par pur sadisme. C'est la crise.

    Shurik'n m'avait promis un dénouement prompt et heureux hier soir, amené dans ses bagages par un être unique dont l'héroïsme composerait seul le quotidien. Une vedette en costume de slibard. Il n'en fut rien. J'avais pourtant une confiance toute légitime en ce sauveur que me vantait l'ancêtre. On lui avait organisé un buffet d'accueil remarquable, à base de rhum, de camomille et de rhum encore. Seulement il a tardé à tel point qu'on a fini par siffler seuls les soixante-quatorze toasts ce qui nous a gentiment conduits vers des instruments plus douillets et confortables encore qu'une tasse de ce breuvage des Dieux. Le plumard.

    Mon mentor est là, juste à côté du pieu; blotti tête en bas dans un fût de chêne. Seuls ses pieds et la pointe d'un tuba dépassent. J'imagine qu'il s'est réservé cette place de choix pour avoir la possibilité de s'envoyer une lampée pendant son sommeil au besoin. Quelle sagesse. J'ai de la chance de côtoyer un individu aussi merveilleux. Le reste de notre loge d'artistes est sans dessus dessous, miettes de tabac, cartons déchirés et verres vides font figure de déco d'un bout à l'autre de la pièce où plus rien n'est à sa place d'origine. Semblerait même qu'on ait dessiné un jeu de fléchettes presque rond sur le mur bien blanc à un moment donné. En rouge, le jeu. Maintenant que ça me revient, on a abandonné l'idée de l'étrenner une fois la cible gribouillée quand on s'est rendus compte qu'on avait pas de fléchettes. Triste histoire.

    Je m'étonne que personne parmi l'équipe technique ne soit encore venu nous voir. On est pas censés s'éterniser dans les parages. Notre prochaine date, c'est dans onze jours à peine, sur Alabasta. Et avec les conditions imprévisibles qui nous attendent sur le trajet, il ferait bon ne pas lambiner. Ils foutent quoi, mes agents ? Bon, le plus célèbre de tous dort en mode chauve-souris sous mes yeux, mais les autres, ceux que je paye pour gérer mon calendrier, c'est quoi leur excuse ? Il serait encore si tôt ? Bordel, où est passée l'horloge ? Y'en avait une au dessus de la tête de lit, aux dernières nouvelles.

    Ah. Oui. On a fait une partie de frisbee avec. Shurik'n a gagné, mais pour ma défense, l'ancien est redoutable d'agilité. Elle est là. Et elle me dit Tic-Tac. Tic-Tac à toi aussi ma belle. Approche un peu, n'aie pas peur. Ma gueule est chelou et ma coiffure plus encore mais je suis une rockstar, alors tu ne peux pas me chambrer là-dessus. Juste m'admirer. Quelle heure que tu me donnes ? Dix heures trente ? Ah ouais, c'est beaucoup trop tôt pour se lever, ça. Hm ? Tic-tac, dis-tu ?

    Oui, t'as raison, il fait bien nuit dehors, pour du dix heures trente. T'es sûre de ton coup ? Oh, mais... attends. Je crois que je pige. Il est vingt-deux heures trente.

    22h30 ?!

    Vite, le mot. Où est-il ? Là, sur la table basse. Je suis prêt à parier que ces infâmes adorateurs de sucreries nous ont donné rendez-vous pour...

    Vingt-trois heures ! ... Oh bordel !! Aux armes ! Sonnez l'alerte !!

    Je reboutonne me chemise. Mal, tous les boutons sont en décalé. Je tire l'ancien de sa piscine, il n'ouvre même pas les yeux. Tant pis, pas le temps. Shurik'n est dur de la souche comme pas permis, je vais m'y esquinter la voix si je lui souffle dans les écoutilles. Je charge la boule de poil affûblé de son masque et de son tuba sur mes épaules, enfourche mes grolles et une fin de clope froide et me lance dans la nuit noire en claquant la porte derrière moi.

    La Plaza, la Plaza. Bordel, c'est où la Plaza ? Et j'leur dirai quoi, aux sauvages qui détiennent mon jeu de Mikado ?


    Dernière édition par Eustache Ier le Sam 12 Déc 2015, 11:43, édité 1 fois
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    Toi là qui regarde d'un air à la John Wayne, oui toi là... Toi le petit peuple, public de bas étage qui ne comprend même pas la référence du titre. Oui je te parle... J'ai une petite question qui ne demandera pas de réponse de ta part. Tu me vois en Nounou ? Le genre à surveiller des gamins et leur ramener des friandises et quand l'un d'eux crie famine, toute la bande suit et je suis obligé de les laisser en plan quelques minutes pour me pavaner vers le Jayen le plus proche... Un Cofresi, s'il vous plaît ! Ouais je mentionne la politesse en plus de ça...

    23h moins 10...

    Je me ramène avec ce qu'il faut à grailler, ces petits garnements ne dorment pas encore et pourtant ils ont dépensé pas mal de calories toute la journée à gambader, sautiller et s'émerveiller sur les choses simples de la vie, comme un pigeon qui chie sur mon épaule ou une vieille dame qui gueule parce que je l'ai bousculé... A peine... M'enfin, nous sommes près de la Plaza, Mikado en main, très concentré à retirer les bâtonnets les uns après les autres. Réflexion zéro au niveau du ciboulot, den-den toujours off, il roupille presque et j'avoue moi aussi, je commence à somnoler. J'espère que le mec à qui on a volé ça, il va ramener de la gnôle !

    Et je lui dis quoi au sauvage, à qui on a piqué le mikado ?

    Je dégoupille une grenade en place public et les enfants se marrent, l'odeur les fait chavirer dans l'hilarité absolu. Je tangue et manque de m'affaler au sol et je reprends d'un air serein la balade des jours heureux en cœur avec ces mômes qui chantent à tue-tête comme s'ils connaissaient la mélodie. Et une ombre énigmatique s'approche de notre groupe... Est-ce notre homme ?

    - Un pas de plus et je tire sur la tête au Mikado ! Lancé-je brusquement.

    Je m'allume une clope à la Cash et lui file le paquet, s'il en prend une... Alors on pourra négocier. Et les gamins toujours énergique, prêt à la charge !
      V'là, on y est. La Plaza. Ça a pas été une sinécure de l'atteindre, sachant que les passants avaient tous une version différente du chemin à suivre pour la rejoindre. Et que mon sens de l'orientation m'a dit merde quelques fois pendant le trajet. Mais j'y suis. Mort cramé, certes. La pâteuse bien ancrée derrière les gencives, les guiboles cotonneuses à souhait et les poumons à l'article de la mort. Mais n'empêche qu'il est vingt-trois heures et une minute à peine.

      J'rattrape mon souffle qui s'est fait la malle depuis qu'on a quitté l'hôtel et balance un œil par-dessus mon épaule pour admirer Shurik'n toujours solidement agrippé dans mon dos, occupé à ronquer du sommeil du Juste. Et puis, j'me grille une tige pour apprendre à mes bronches à respirer autant d'air pur d'un coup et avise les alentours. La Plaza est une placette sans originalité. Une gargouille à l'air furax en son centre, d'imposantes dalles carrées plantées par douzaine tout autour et puis c'est tout. Y'a comme un attroupement un peu plus loin devant nous. Une palanquée de petites choses dynamiques et bruyantes qui volètent autour d'une plus grosse. Méfiance. Pas facile de discerner le groupe clairement, y'a comme une nuit noire entre nous et pas le moindre lampion pour apporter une touche de lumière au tableau. Serait-ce eux ? Réfléchis Eustache, que te dit ton instinct ?

      Grrrgh'...

      Hm. Il me dit que j'ai savamment la dalle. Il a raison. Je boufferais un monstre marin. À la broche, et avec du fenouil braisé.

      Grrrgh' !!

      Ok, ok, j'arrête, promis. Pensons à autre chose. Comme... tiens, quelqu'un approche. Un peon tout ce qu'il y a de plus classique, avec son futal brun et sa tignasse sombre mal coiffée par le vent. Et si en fait, c'était lui le ravisseur ? Ces gens adorent se faire passer pour Monsieur tout le monde, manière de se fondre dans le décor et de s'aménager une fuite confortable. Je dévisage le zigue. Il a une démarche curieuse, presque suspecte avec sa façon de courir sans en avoir trop l'air. Et puis, il a la bouille du mec pas net. Ça ressemble à quoi, un kidnappeur de mikados ? Mieux, ça a forcément une tronche en particulier ? Et pour l'argent, alors ? Si c'est bien lui, il avait des exigences le petit monsieur. J'ai rien trimballé, moi. Déjà bien sympa de m'être pointé à l'heure. Mais niveau pognon, je suis à sec. Pas une patate. Pas un radis.

      GRRRRGH !!!

      Aouch. C'était pas dit dans ce sens-là enfin. Tu penses vraiment qu'à une chose, toi !

      Merde, j'ai dit ça tout haut. Mon lascar a tout entendu et il tire une tronche vraiment louche là. Explique-lui.

      Non mais, z'inquiétez pas, c'est à mon bide que je parle.
      À votr'... euh... bonne soirée monsieur.
      Non, attendez, partez pas. Je suis venu récupérer mes mikados moi !
      Des Mikados ? Vous aussi ? Pitié, je ne sais rien !
      Hm, je vois, vous voulez d'abord toucher la rançon, c'est ça ?
      Mais pas du tout. Vous faites erreur. C'est LUI, là-bas, allez le voir, qu'il fait le larron en s'éloignant prudemment.

      Je sonde l'obscurité. Les seules personnes restantes sont les gamins. Ça sent l'entourloupe.

      Lui ? Vous voulez dire, eux ? Ce sont vos complices, c'est ça ?

      Pas de réponse. Je me retourne. L'homme est parti. Tout ça ne me dit rien qui vaille. Mais arrive un moment dans la vie où il faut agir en homme. Hardi, Eustache. Allons défier le gang des marmots.

      J'avance. Le pas décidé. Je distingue petit à petit les frimousses coupables de ces petits monstres. Y'a une cinquième bobine, qui dépasse les autres de trois têtes au moins. Celle d'un adulte. Un otage ? Probable. Il est soigneusement encadré par les quatre moutards. La nouvelle génération est effarante. Ils ne reculent devant rien.

      Je toise les vils diablotins et assène, le doigt inquisiteur braqué sur la poitrine du plus petit d'entre eux, un rouquin chétif au teint maladif :

      Alors mon gaillard, c'est toi qui oses t'en prendre à mon jeu de Mikado fétiche ? Avance un peu, si t'es un homme !

      S'il m'attaque, je lui jette Shurik'n à la figure. L'ancêtre est un véritable ninja, le petit démon ne sera pas de taille.
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      Je m'avance tranquillement sans ressentiments de peur, mikado en main. Cette histoire risque de partir en sucette. Les drisses de pavillon frappent contre le mât de notre navire imaginaire qui tangue car la tempête est là. L'homme de toutes les questions se pose face à nous. Pas un mot ne sort encore de ma bouche. Je reste muet, j'agis en homme avec les marmots sous les bras. Pas la première fois que je fais du baby-sitting. Il m'est arrivé la même chose quelques temps avant à Innocent Island aux côtés de Jevta...

      L'air sec fragilise mes neurones malgré une fraîcheur nocturne. Je me racle la gorge, cigarette en bouche que je fume comme un Rafaelo. L'expression malice sur mon visage trahit mon sens de la négociation, poussé à l'extrême.

      - 1 Milliard ! Si vous voulez récupérer votre Mikado !

      J'ai toujours rêvé de pousser les négoc' à 1 Milliard, peut-être qu'un jour, ça m'arrivera. Qui sait... Je me ressaisis, le pilote là, il est pas commode avec l'offre. Je mire les gosses et leur souris.

      - Bon, 1 Kilo de bonbons ! C'est tout ce qu'on souhaite à vrai dire.

      Ouai, ça me semble plus juste contre un jeu d'une importance capitale à l'égard de notre interlocuteur, si l'on en croit son attitude nonchalante. Au bords de la crise de nerfs, je dirais... A nous ! Les friandises !