Première impression, on se gèle les miches sur ce caillou. Il va falloir que je trouve une auberge très rapidement si je ne veux pas que mes plantes gèlent et meurent. Je me déplace lentement, j'suis un peu engoncé à cause des petits pots de plantes carnivores que j'ai mis dans diverses poches intérieures de façon à les protéger au mieux du froid. Il y en a une qui essaye de me becter les pectoraux et c'est très désagréable. Les autres plantes sont dans la malle que je porte sur l'épaule. Mes pas sont lourds, le neige qui ne semble jamais s'arrêter de tomber craque sous mes pieds. On m'avait averti du climat dans la lettre, une chance, j'aurai été bien dans la mouise dans le cas contraire. La vie semble dure dans le coin, les visages des gens sont marqués. Vu les conditions climatiques, j'imagine le dur labeur que cela représente pour se chauffer et nourrir sa petite famille, j'connais assez bien la situation. Pas très bavard non plus, personne ne cause avec personne, ils marchent, l'air absent vers leurs destinations sans dire un mot. La neige imbibe mes godasses et j'commence sérieusement à sentir le froid sur mon orteil. Il faut que je me mette à l'abri. J'déambule, ici et là, sans trop savoir où je vais. Les panneaux des devantures sont très peu lisibles avec le brouillard et la neige. Je galère comme un damné pour trouver une auberge ouverte.
A l'intérieur ça sent le rance, le renfermé et le poisson séché mais au moins, on est au sec. Il fait presque plus sombre là dedans que dehors, c'est vous dire qu'ici, on fait l'économie de trois bouts d'chandelles. Le taulier daigne se soucier de la clientèle, il lève sa trogne vers moi et me salue. J'lui rends la politesse et j'avance vers lui après avoir posé la malle sur une table. J'fais quelques mouvements avec mon épaule, la circulation était coupée, le sang revient progressivement mais c'est quand même douloureux. Le mec derrière son comptoir bouquine un roman à l'eau de rose. Le genre de truc que ma grand-mère adorait lire. J'garde la remarque pour ma gueule et j'lui demande si il loue des piaules et à quels prix. J'roule pas sur l'or, il le comprend, il me dit un tarif, j'grince des dents, il baisse un peu et me tend une clé, j'paye comptant, l'est content.
J'monte mon barda à l'étage, la serrure résiste un peu mais finit par céder. La porte grince, mes dents aussi. Il y a de la poussière partout, putain c'est vraiment crade. J'ai envie d'pousser une gueulante puis j'repense au geste commercial que l'type a fait et j'oublie de l'ouvrir. Par contre la fenêtre, elle, je l'ouvre et plutôt deux fois qu'une. Le froid rentre dans la piaule en même temps que l'air frais. J'en profite pour faire vite fait la poussière en secouant les draps et l'oreiller à la fenêtre. Quand j'commence à trembler, c'est signe qu'il faut fermer. J'arrête donc le renouvellement de l'air pour me replonger dans les odeurs du lieu. J'vais pour tirer les rideaux quand mon regard reste à l'horizon. Vers ce pont, enfin si on peut encore appeler ça un pont. Personnellement, j'qualifierai ce truc d'excroissance de l'île. C'est complètement hallucinant de concevoir une telle infrastructure. Les cuirassés semblent tout petits sous les arches.
Mais je m'attarde pas, j'claque les rideaux et j'craque une allumette. Un petit feu de cheminée et c'est l'heure de manger. Pas pour moi, bien entendu, pour les plantes. J'ouvre la malle près du feu, je les entends presque soupirer de joie devant la chaleur et la lumière artificielle qui vient lécher leurs feuilles. Une à une j'offre mes services de mère nourricière. Avec des pics en bois, j'insère des insectes dans leurs gueules végétales afin quelles grandissent et surtout, quelles fassent des petites graines. Une fois mes protégées rassasiées, mes godasses près du feu, mes dents lavées; je pique un petit somme, je suis claqué et demain, il y a fort à faire. Après tout, je ne suis pas ici pour faire du tourisme. J'suis ici pour une exfiltration façon Révolution...
A l'intérieur ça sent le rance, le renfermé et le poisson séché mais au moins, on est au sec. Il fait presque plus sombre là dedans que dehors, c'est vous dire qu'ici, on fait l'économie de trois bouts d'chandelles. Le taulier daigne se soucier de la clientèle, il lève sa trogne vers moi et me salue. J'lui rends la politesse et j'avance vers lui après avoir posé la malle sur une table. J'fais quelques mouvements avec mon épaule, la circulation était coupée, le sang revient progressivement mais c'est quand même douloureux. Le mec derrière son comptoir bouquine un roman à l'eau de rose. Le genre de truc que ma grand-mère adorait lire. J'garde la remarque pour ma gueule et j'lui demande si il loue des piaules et à quels prix. J'roule pas sur l'or, il le comprend, il me dit un tarif, j'grince des dents, il baisse un peu et me tend une clé, j'paye comptant, l'est content.
J'monte mon barda à l'étage, la serrure résiste un peu mais finit par céder. La porte grince, mes dents aussi. Il y a de la poussière partout, putain c'est vraiment crade. J'ai envie d'pousser une gueulante puis j'repense au geste commercial que l'type a fait et j'oublie de l'ouvrir. Par contre la fenêtre, elle, je l'ouvre et plutôt deux fois qu'une. Le froid rentre dans la piaule en même temps que l'air frais. J'en profite pour faire vite fait la poussière en secouant les draps et l'oreiller à la fenêtre. Quand j'commence à trembler, c'est signe qu'il faut fermer. J'arrête donc le renouvellement de l'air pour me replonger dans les odeurs du lieu. J'vais pour tirer les rideaux quand mon regard reste à l'horizon. Vers ce pont, enfin si on peut encore appeler ça un pont. Personnellement, j'qualifierai ce truc d'excroissance de l'île. C'est complètement hallucinant de concevoir une telle infrastructure. Les cuirassés semblent tout petits sous les arches.
Dernière édition par Mr Paquebot le Lun 30 Juin 2014 - 23:26, édité 2 fois