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Quand on arrive en ville

Première impression, on se gèle les miches sur ce caillou. Il va falloir que je trouve une auberge très rapidement si je ne veux pas que mes plantes gèlent et meurent. Je me déplace lentement, j'suis un peu engoncé à cause des petits pots de plantes carnivores que j'ai mis dans diverses poches intérieures de façon à les protéger au mieux du froid. Il y en a une qui essaye de me becter les pectoraux et c'est très désagréable. Les autres plantes sont dans la malle que je porte sur l'épaule. Mes pas sont lourds, le neige qui ne semble jamais s'arrêter de tomber craque sous mes pieds. On m'avait averti du climat dans la lettre, une chance, j'aurai été bien dans la mouise dans le cas contraire. La vie semble dure dans le coin, les visages des gens sont marqués. Vu les conditions climatiques, j'imagine le dur labeur que cela représente pour se chauffer et nourrir sa petite famille, j'connais assez bien la situation. Pas très bavard non plus, personne ne cause avec personne, ils marchent, l'air absent vers leurs destinations sans dire un mot. La neige imbibe mes godasses et j'commence sérieusement à sentir le froid sur mon orteil. Il faut que je me mette à l'abri. J'déambule, ici et là, sans trop savoir où je vais. Les panneaux des devantures sont très peu lisibles avec le brouillard et la neige. Je galère comme un damné pour trouver une auberge ouverte.

A l'intérieur ça sent le rance, le renfermé et le poisson séché mais au moins, on est au sec. Il fait presque plus sombre là dedans que dehors, c'est vous dire qu'ici, on fait l'économie de trois bouts d'chandelles. Le taulier daigne se soucier de la clientèle, il lève sa trogne vers moi et me salue. J'lui rends la politesse et j'avance vers lui après avoir posé la malle sur une table. J'fais quelques mouvements avec mon épaule, la circulation était coupée, le sang revient progressivement mais c'est quand même douloureux. Le mec derrière son comptoir bouquine un roman à l'eau de rose. Le genre de truc que ma grand-mère adorait lire. J'garde la remarque pour ma gueule et j'lui demande si il loue des piaules et à quels prix. J'roule pas sur l'or, il le comprend, il me dit un tarif, j'grince des dents, il baisse un peu et me tend une clé, j'paye comptant, l'est content.

J'monte mon barda à l'étage, la serrure résiste un peu mais finit par céder. La porte grince, mes dents aussi. Il y a de la poussière partout, putain c'est vraiment crade. J'ai envie d'pousser une gueulante puis j'repense au geste commercial que l'type a fait et j'oublie de l'ouvrir. Par contre la fenêtre, elle, je l'ouvre et plutôt deux fois qu'une. Le froid rentre dans la piaule en même temps que l'air frais. J'en profite pour faire vite fait la poussière en secouant les draps et l'oreiller à la fenêtre. Quand j'commence à trembler, c'est signe qu'il faut fermer. J'arrête donc le renouvellement de l'air pour me replonger dans les odeurs du lieu. J'vais pour tirer les rideaux quand mon regard reste à l'horizon. Vers ce pont, enfin si on peut encore appeler ça un pont. Personnellement, j'qualifierai ce truc d'excroissance de l'île. C'est complètement hallucinant de concevoir une telle infrastructure. Les cuirassés semblent tout petits sous les arches.


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Mais je m'attarde pas, j'claque les rideaux et j'craque une allumette. Un petit feu de cheminée et c'est l'heure de manger. Pas pour moi, bien entendu, pour les plantes. J'ouvre la malle près du feu, je les entends presque soupirer de joie devant la chaleur et la lumière artificielle qui vient lécher leurs feuilles. Une à une j'offre mes services de mère nourricière. Avec des pics en bois, j'insère des insectes dans leurs gueules végétales afin quelles grandissent et surtout, quelles fassent des petites graines. Une fois mes protégées rassasiées, mes godasses près du feu, mes dents lavées; je pique un petit somme, je suis claqué et demain, il y a fort à faire. Après tout, je ne suis pas ici pour faire du tourisme. J'suis ici pour une exfiltration façon Révolution...


Dernière édition par Mr Paquebot le Lun 30 Juin 2014 - 23:26, édité 2 fois
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Au petit matin, la température dans la chambre avoisine les zéro degré. La fenêtre n'est que du simple vitrage et visiblement elle est très mal étanché. Le feu que j'avais allumé n'a pas tenu toute la nuit, on se les pèle. Je me roule en boucle tant bien que mal pour essayer de conserver un peu de chaleur. C'est peine perdue, j'ai froid. Je me lève et j'attise le feu en remettant quelques bouts de bois histoire de le faire repartir. J'déplace l'armoire de ma chambre devant la fenêtre. J'condamne le tout en mettant un draps là où la fenêtre ferme mal. J'vérifie l'état de mes plantes, ça à l'air d'aller. Il faudra bien, j'suis ici pour un petit moment. En descendant, j'prends un petit déjeuner vite fait et j'aligne quelques pièces supplémentaires au gérant pour qu'il alimente le feu en mon absence. Après le petit déjeuner frugal, je me brosse les dents et j'enfile ce que j'ai de plus chaud comme vêtements. Ça tombe bien, je suis tellement emmitouflé que ça me procure d'officie le statut "incognito". C'est parti pour la mission. Avant de sortir, j'ressors la lettre que je garde précieusement dans une poche intérieur.

Mamie a écrit:Mon cher Paquebot,
Ta prochaine visite emplie mon âme de bonheur, j'ai hâte de te revoir et d'aller pécher la baleine avec toi. Elles sont grosses en ce moment, il ne faudrait pas louper une telle occasion. Tu m'avais dit que tu viendrais le 14, je passerai te chercher avant midi. Et n'oublie pas la devise familiale:

"Bravons l'abdication, restons sur une dominance"

Ta grand-mère qui t'aime.

En la relisant, je trouve que les codes sont vraiment débiles. Au final, l'information principale est la suivante: Bravons l'abdication, restons sur une dominance. b.a.r.s.u.d. Il faut donc que je trouve le bar le plus au sud de l'île. Pas évident pour un touriste comme moi. J'évite de poser la question au patron de mon auberge, ça peut faire louche. Je sors donc affronter le froid de Tequila. Et bon dieu qu'il fait froid. C'est assez saisissant comme climat, le genre de truc qui vous laisse deux options; l'Adaptation ou la fuite. J'ai le sens de l'orientation, c'est facile, je descends encore et encore. J'croise du monde, pas mal de monde. Quand j'arrive au Sud de l'île, on me bloque la route, j'suis arrivé à l'entrée d'un des ponts. Des hommes en armes me demandent un laisser-passer que je n'ai pas. Je n'insiste pas, j'explique que je suis un touriste, j'fais demi-tour aussi sec. J'regarde à droite, à gauche, aucun bar à l'horizon. J'réfléchis deux minutes puis je me retourne à nouveau vers les gardes qui me me scrutent avec attention.

Vous sauriez m'indiquer le bar le plus broche ?

Tout simplement... Les gens aiment rendre service, et pour le coup, ça me l'a bien rendu. J'débarque donc dans le bar qui semble se trouver le plus au sud. L'établissement ne paye pas de mine mais c'est toujours mieux que là où je crèche. Je ne me fais pas prier pour y rentrer, mes chaussures ne sont plus vraiment étanches et je risque de perdre un ou deux doigts de pieds si j'reste encore plus longtemps dans la neige. A l'intérieur ça sent encore la même odeur que dans mon auberge, j'crois qu'en fait, c'est tout les bâtiments de l'île qui sont imprégnés de cette odeur que je qualifierai de "difficile à assimiler". L'endroit est plutôt calme, trois gus jouent aux cartes et le patron astique ses verres pépère. J'viens me caler contre son comptoir et j'allume une tige après m'être un peu dévêtu. Il me salue, je lui rends la politesse. Il me demande ce que je veux boire, j'gratte le fond de ma poche et j'en pose son contenu, bien maigre, sur le comptoir. Je lui demande ce que je peux avoir de chaud avec ça, il tire la tronche et s'en retourne pour me préparer un lait chaud. J'ferais pas le difficile, je prends. Dès que je suis servi, j'vais me trouver une table près de l'âtre et j'y fourre presque mes pieds pour qu'ils sèchent rapidos. J'regarde ma montre, j'sais pas combien de temps l'attente va durer. J'suis dans la fourchette horaire et le bon jour, ça devrait plus trop tard. Enfin j'espère car sinon je vais me faire mettre à la porte par le taulier.

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Je commence à croire que tout ceci n'est qu'un traquenard. Non pas que je sois paranoïaque à outrance mais le taulier n'est vraiment pas discret. Il me jette des petits regards de temps en temps et quand je le grille, il fait mine de s'intéresser à ce qui est en train de faire dans une panique folle. Je ne pense pas qu'il soit amoureux de moi, si c'est le cas, désolé bonhomme mais je ne mange pas de ce pain là. Je continue à lire le journal, ça parle de tout et de rien. Seuls quelques articles sont intéressants, comme cette histoire de nasse qui se construit sur Reverse Moutain. C'est même plutôt dingue comme projet. Ça risque d'attiser les haines et engendrer un gros conflit par là bas. Vers la fin du canard il y a aussi un article qui fait la promotion d'un bouquin, la biographie de Jack la terreur. Si j'ai le temps, j'pense que je l'achèterai, ce type est quand même terrifiant. Je me laisse pas impressionner facilement mais j'avoue que j'aimerai pas me retrouver en face de sa tronche. Bref, faut pas que je me relâche, l'autre navet derrière son comptoir bouge. Je le regarde du coin de l’œil, il se saisit de son Den Den et me tourne le dos, j'peux pas lire sur ses lèvres. Fait chier, j'aime pas ça, je le sens moyen ce coup. J'repense à la lettre, j'cherche un truc louche mais rien ne me vient en tête. J'bouge un peu mon bras histoire de sentir mon holster se plaquer contre mon torse. Me voilà à moitié rassuré, j'aurai du répondant en cas d'échanges musclés. J'fourre une main dans ma poche et j'saisis deux trois graines, elles me serviront pour me permettre de m'évader.  

En parlant d'évasion, ça serait bien que j'regarde comment est foutu le bâtiment avant d'être dans la tempête. J'reste sur mes gardes mais j'panique pas, j'reste digne. Pas de gestes brusques, on va éviter de déclencher le boxon si c'est une fausse alerte. Ça se trouve, le type appelle juste sa bonne femme pour le déjeuner du midi. J'entrevois deux issues possibles. La première donne sur une place mais il faut passer par la fenêtre, je peux le faire, je l'ai déjà fait mais bon, il y a toujours le risque d'y laisser une artère. La seconde c'est la porte du fond, avec un coup d'épaule elle valdinguera aisément, le problème c'est qu'il faut traverser la pièce et que j'ai quand même trois fois le temps de me faire dessouder avant de l'atteindre. Le gars raccroche et reprend son activité mais cette fois ci, il cesse de m'épier. Qu'est-ce que cela signifie ? J'en sais rien, je reste sur mes gardes. J'suis peut être même un peu trop tendu. J'manque de chuter de mon siège quand une voix de gamine me chatouille l'oreille.


Je suis ta grand-mère.  

On t'a jamais dit que c'était malpoli de prendre les gens par surprise et puis merde, t'es qui toi ?! Ho wait...
  
Elle affiche un énorme sourire de peste malicieuse. On se regarde, j'reprends mon calme et ma posture normale après avoir vacillé. J'fronce des sourcils, c'est quoi encore cette tambouille. Ce serait elle mon contact ? J'ai vraiment un doute mais elle continue de me fixer en souriant avec acharnement. Elle est tout frêle, le genre de fille qu'une brise peut transporter à plusieurs mètres. Elle paraît inoffensive, elle a une tenue d'écolière, son cartable sur le dos. J'lui pose une question, histoire de vérifier son identité. Elle répond correctement et s'installe à côté de moi en prenant une chaise. Je regarde à droite et à gauche, histoire de voir si il n'y a rien de louche. Mon regard tombe encore une fois sur le serveur qui ne me perd pas des yeux. Il semble crispé, la fillette lui fait un geste, il se détend tout de suite. Elle me souffle dans l'oreille qu'il est des nôtres et qu'il est un peu anxieux. Elle rigole de plus belle. Elle me tend sa main pour qu'on se la serre. J'pourrais lui péter le poignet sans même m'en rendre compte. Enfin c'est ce que je pensais jusqu'à ce quelle serre. Elle se présente:

Tempérance "Mamie"
Cavalière de la Révolution sur Tequila Wolf

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Elle parle, elle parle beaucoup même. Un vrai moulin à parole cette gamine. Elle a quoi, douze, treize ans ? Comment est-ce possible que la révolution soit dirigée par quelqu'un qui pourrait être ma fille. Elle continue de parler, de tout et de rien. Elle sort de son cartable une boîte contenant son déjeuner, elle se met à manger tout en continuant de parler. J'suis encore un peu trop sous l'emprise de la surprise pour prêter attention à ce quelle me dit. J'avoue avoir faim aussi mais j'ai plus vraiment d'argent. Je pense que je ne suis pas vraiment discret car elle pousse sa boîte repas et me dit tout en mastiquant allègrement son sandwich.

Ren fi tu feu !  

Je fais pas la fine bouche, j'ai rien avalé de solide depuis deux jours. La boîte est peut être rose avec des motifs pour gamins, il n'empêche que c'est très bon. Je la remercie comme il se doit pour ce partage. D'un geste pas très civilisé je m'essuie la bouche avec le revers de ma veste. J'termine ma boisson et je la regarde dans les yeux. Elle cesse aussitôt de jacter. J'vais pas y aller par quatre chemin, je suis là pour une mission après tout.

Pouvez-vous me faire un topo sur la situation et les forces en présences et me préciser la mission ? J'ai bien compris qu'on devait exfiltrer quelqu'un, j'aimerai maintenant savoir comment on s'y prend.

Hihi, t'es un pressé toi dit donc. Mais d'accord, la mission, on parlera après. Pour faire simple, vous devez sortir du bagne un transfuge du gouvernement. Pour les forces en présences, c'est simple, il y a toi et moi contre un millier de soldat, je résume mais c'est grosso modo la situation.

Une balance ?

Hihi, surement. En tout cas, j'ai comme consigne de le faire sortir et de lui tirer les vers du nez. Si les renseignements sont bons, on lui offre une nouvelle vie loin d'ici. Mon réseau est vaste et je me débrouille plutôt bien toute seule mais pour ce coup-ci, on va avoir besoin de renfort. D'où votre présence.

D'accord, quel est le plan ?

Hihi, vous êtes rigoureux, c'est bien. Moi pas vraiment. Sinon, pour en revenir à notre homme, il est dans le bagne n°5 à l'Ouest. Malheureusement pour nous, c'est le chantier le plus avancé et donc le plus difficile à atteindre. Pour le plan, c'est assez simple, On fait du boucan à l'est pendant que vous exfiltrez notre transfuge à l'Ouest. Vous allez devoir agir vite et proprement sinon vous risquez de venir grossir les rangs des bagnards.

L'homme sait qu'on doit l'exfiltrer ? On peut communiquer avec lui ?

Hihi, oui on peut mais c'est long, j'ai un prisonnier en contact avec lui, c'est d'ailleurs par cet intermédiaire qu'on a négocier la sortie.

Négocier ?

Hihi, c'est une balance, il penche du côté qui offre le plus. Il s'est fait exiler ici pour trahison et il ne rêve que d'une chose, sortir de là rapidement. Quitte à vendre ses informations à n'importe qui. Avant que vous ne posiez la question, son identité et son poste au sein du GM ont été vérifiés par nos supérieurs.

Ok, une fois sorti du camp, je le dépose où votre gus ?

Hihi, je vous aime bien vous, un peu bourru mais quand bon. Vous le déposez en un seul morceau dans ce même bar, le serveur sera quoi en faire et vous toucherez vos honoraires.. Notre client est affecté à la forge. C'est horrible comme boulot, les variations de températures passent d'un extrême à l'autre, les gens ne survivent pas longtemps à ce poste. Je crois d'ailleurs que c'est le but recherché. Si il n'est pas à la forge, il se trouve dans le bloc E, je ne peux vous en dire plus, ça change régulièrement. Je vous laisse une photo de notre bonhomme avec un DenDen pour me contacter en cas d'urgence. Maintenant, je dois vous laisser, les cours vont bientôt reprendre. Le feu d'artifice est prévu pour ce soir, tâchez de vous rendre sur place rapidement. Si tout ce passe bien, on se retrouve ici vers minuit. Bon courage.

René Gath
Ex-membre du Gouvernement Mondial



Merci, à vous aussi


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Je m'allume une tige sur le pas de la porte en la regardant s'en aller. Elle sautille en balançant ses petits bras. Personne n'imaginerait un leader de Révolution de la sorte. Je n'y reviens toujours pas et pourtant, elle gère sa boutique. D'ailleurs, en parlant de boutique, il va falloir que j'en trouve une et pas n'importe laquelle. La blanchisserie des soldats du coin, idéal pour se fournir en costume sans trop attirer l'attention. Je ne mets pas longtemps pour la dégoter, encore une fois, il suffit de demander. Une fois devant le bâtiment, je me rends présentable et j'arbore une fier allure. Je m'engage dans l'usine d'un pas décidé. Ma carrure et mon air renfrogné m'évitent un tas de questions, les gens s'écartent presque sur mon passage. Je passe outre les employés pour m'enfoncer dans le ventre de l'usine. Là, tout une ribambelle de femme astiquent et font briller les uniformes des geôliers. Un petit homme me courre après en me demandant qui suis-je et ce que je fais ici. Je poursuis ma démarche sur quelques mètres et je m'arrête brutalement, lui laissant le temps de venir presque me coller. Je fais volte-face et de toute mon imposante carrure je le domine. Mes yeux fixent le sommet de son crâne. Il doit se tordre le cou pour me regarder dans les yeux. J'entame le jeu de dupe.

Je suis Yves Sainlorant ! Inspecteur sanitaire et grand intendant de la marine. Ceci est une inspection surprise, plusieurs rapports font état d'un manque cruel de propreté dans le travail ainsi qu'une utilisation abusive de produits chimiques pouvant entraîner des démangeaisons cutanée. Vous allez me sortir tout les bons de commande des six derniers mois et les certificats de formation de vos employés.  

Le petit homme est abasourdi et ne comprend pas trop ce qui se passe. Toutes les employées le regardent, il est rouge de honte. Il bafouille et fait des gestes avec ses bras. Il me dit que ce n'était pas prévu et qu'il n'a jamais eu de problème auparavant.

Que l'on ne vous ai pas averti est normal, c'est le principe même d'une inspection surprise. Alors, ils viennent ces bons de commande ou je dois moi même aller les chercher dans votre bureau ?
  
Je ne laisse aucune place à la diplomatie ou à la discussion. Je gronde et j'aboie des ordres. Le type se ratatine sur lui même, encore un peu plus et il rentrait dans ses chaussures. Il fait demi tour en gémissant, il fonce à son bureau. J'tourne les talons, c'est maintenant ou jamais. J'avance et faisant fi des regards, mon regard farfouille à vive allure tout l'ensemble, je cherche un uniforme à ma taille. Bingo, j'en trouve un qui semble correspondre. Je prends pas le temps de l'essayer, vous pensez bien. Je l'embarque en hurlant bien fort.

J'emporte un échantillon afin de faire des prélèvements. Si jamais le taux d'adoucisseur est trop bas, je fais fermer cette boutique ! Voyons désormais votre espace recyclage.

La première porte donnant sur l'extérieur sur laquelle je tombe fait office de salut. Une fois dehors, je claque la porte avec violence et je sprinte comme un damné pour aller me cacher derrière une maison. Quand le patron déboule par cette même porte avec une pile de classeurs dans les bras, il ne trouve plus personne. Il est confus et moi j'suis déjà loin. Loin en train d'enfiler l'uniforme que j'ai sournoisement dérobé. Un peu trop petit au niveau des épaules, j'aurai du mieux choisir...
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Je me sens engoncé dans ces frusques. C'est pas pratique pour bouger, on dirait que j'ai un balais dans le cul. Si je dois me battre, je ne serais pas à l'aise et j'risque de tout déchirer. Tant pis, allons y comme ça et advienne que pourra. J'marche tranquillement jusqu'à l'entrée du pont, sur le chemin, tout le monde m'esquive. J'commence à comprendre le genre de gus qui enfile ce genre d'uniforme. J'crains le pire concernant les prisonniers sur le chantier. Vu les températures, ça doit pas être la grosse joie. En arrivant à l'entrée, j'passe comme une lettre à la poste, un salut aux plantons et hop, me voilà dans l'enceinte. Niveau sécurité pour rentrer c'est vraiment à chier, pourvu que ce soit aussi facile pour ressortir, même si j'en doute fort. Par contre j'ai vraiment pas envie de me taper tout ce trajet à pieds, j'aime bien la marche mais il ne faut pas pousser. On pèle quand même dans le coin. Par chance, qu'est ce que je vois ? Un transport, tiré par deux rhinos. Parfait, je m'approche, je vais voir avec le mec si j'peux embarquer.

Salut c'est ma première affectation sur cette île, j'dois me rendre à l'autre bout du pont, il y a moyen que tu me déposes ? 

Le chauffeur me regarde avec un air qui en dit long sur ce qu'il pense de moi. Il me fait un signe du pouce, m'invitant à monter rapidos à l'arrière. C'est une sorte de calèche version température glaciale. J'grimpe dans la boîte à savon, tout de suite il fait meilleur, il y a un petit poêle dedans qui irradie de chaleur ce doux cocon. L'espace est assez grand pour transporter une vingtaine de personnes. Pour le moment, nous ne sommes que deux. J'salue le type à l'intérieur, il ne lève même pas le nez de son journal, j'entends juste un grognement qui doit correspondre à un "salut". Ça me démange de lui apprendre la politesse mais comme ce n'est pas l'objet de ma mission, autant se la jouer pénard. J'visse mon fessier sur les banquettes et j'regarde à nouveau le portrait du gus que je dois trouver et sortir de ce trou. J'espère sincèrement qu'il aidera notre cause. Un groupe d'une dizaine de soldats montent à bord et sitôt la porte fermé, la calèche s'ébranle.

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Je me fais discret, j'réponds simplement aux salutations. Le groupe qui vient de monter semble bien se connaître, ça plaisante, ça ricane. J'préfère ça à l'autre pécore qui ne daigne même pas répondre. Le trajet est long mais somptueux, il faut dire que c'est une oeuvre colossal et j'en admire presque l’architecture. Je prends aussi bonne note des gardes qui jalonnent tout le chemin. Ils sont bien positionnés en hauteur avec des fusils, peu évident à atteindre et rien pour se planquer. Si jamais il y a du grabuge, on est perdant à tout les coups en restant en bas. La calèche ne ralentit pas et les flocons à la fenêtre me berce, j'ai presque envie de dormir. Je me ramolli comme une grosse flasque sur la banquette, les yeux rivés à la fenêtre. Soudain, on traverse un premier camp de prisonniers. C'est tout de suite moins relaxant, je me reprends et j'essaye de scruter ce qui s'y passe. On va vite et la neige rend difficile la vision, cependant, j'arrive encore à distinguer qu'une enfant est en train de porter du bois, elle n'a pas de vêtements chauds et sa tête semble toute maculée de crasse.  

Que fait cette fillette dans un coin pareil ?

Je me sens con, pourquoi j'ai posé cette question ? Les autres me regardent avec curiosité dans la calèche. Je sens tous les regards sur mon dos, j'ai peur de m'être grillé. Pourtant, ce que je vois sous mes yeux m'effraye encore plus que le risque d'avoir échoué ma mission. Il n'y a pas qu'une fillette. Il y en a pleins. Pleins d'enfants qui font diverses tâches dans le froid. Cette vision m'insupporte, elle m'arrache une larme. La cruauté de ce monde est sans limite, je serre le poing contre la vitre. J'entends derrière moi un mec éclater de rire, surement à propos de ma question. Sauf que là, en ce instant, je découvre le vrai Tequila Wolf et une chose gronde en moi. La colère s'éveille et j'imagine mon fils, dans la neige, à porter du bois ou des cailloux avec des gêoliers qui regardent le spectacle. Depuis mon cocon douillet, j'aperçois un adolescent se faire fouetter et humilier par un garde. Je me laisse emporter par mes émotions. Je devrais faire l'autruche et pourtant, je me retourne, je fais face à la bande de soldats qui sont pliés en rire. L'un d'eux me demande d'où je débarque pour poser de telles questions. Je ne sais pas ce qui les a alertés, mon visage en fureur ou le premier coup de poing dévastateur dans le premier type à ma portée. Quoi qu'il en soit, le chauffeur de la calèche ressent des secousses qui ne sont pas dues au terrain.
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La calèche ralentit, j'mire par la fenêtre l'endroit où nous sommes. C'est plutôt pas mal, on est arrivé au bout du pont, j'pensais que le chauffeur s'arrêterait en cours de route mais non. Visiblement, je n'ai pas trop fait bouger la chariote, j'ai eu peur un moment, la dernière manchette est partie un peu violemment, j'craignais que le gus traverse la paroi. En même temps, il dégainait un flingue, fallait faire vite, j'ai pas trop ajusté la force. Le problème, maintenant, c'est la façon dont je vais expliquer ça au chauffeur... J'pourrais lui dire la vérité, me croirait-il ? J'en sais rien, dans le doute, j'vais le neutraliser également. Par chance, il gare son attelage sous un préau, nous masquant des vigies sur les colonnes du pont. J'avance dans la cabine, vers la paroi qui me sépare du chauffeur et j'ouvre le hublot qui permet de discuter avec lui. Il se retourne et me demande qu'est ce que c'était que ces secousses. J'ai beau être baraqué, il dévisse un peu son cou pour regarder par dessus moi. Il aligne une tête pleine de surprise quand il découvre les soldats, inanimés. Je le chope par le colback et je le fais rentrer, tête en avant dans le compartiment. J'ai un sourire carnassier, il veut crier, ma paluche lui entrave la bouche. Il est terrifié, je peux le voir, pas besoin d'être devin. Je le remets sur les pieds et je le libère de toute étreinte.

N'ai pas peur, il ne t'arrivera rien si tu me dis où se trouve la forge. Eux, tu vois, ils ont refusés. Voilà ce qui arrive quand on ne me donne pas le renseignement que je désire. 

Il bégaye, logique. Quand il était à son poste, il dominait tout le monde facilement, il pouvait en prendre des grands airs, là par contre, dans la promiscuité de la cabine, c'est moi qui domine. Il est riquiqui et tout autour de lui, gisent des soldats inconscients. Il ne la ramène pas et m'indique la direction. Bien aimable à lui, je lui demande les clés de la chariote, il me fait des gros yeux. Je lui explique que je dois l'enfermer, pour être sûr qu'il n'aille pas tout raconter aux autres. Il me les tend, tremblotant. Je le remercie, logique, puis je lui colle une manchette, même tarif qu'aux autres. Vous pensez bien qu'avant de partir, j'ai pris soin de masquer mes frasques en tirant les rideaux et verrouillant les portes. Je ne sais pas combien de temps ils vont dormir là dedans, moi, la première manchette que j'ai prise dans la tronche, par le père de ma futur femme, j'ai mis presque 6 heures à m'en remettre. Nous verrons bien, maintenant, direction la forge.

Bordel, on s'caille le cul, j'étais pénard là dedans.

Je grelotte un petit peu, il y a un sacré vent par ici et la neige est dense. Le choc des températures n'est pas agréable. En sortant du préau, je donne un rapide coup d'oeil vers les sentinelles en hauteur, rien d'anormal, on poursuit. Malgré les indications du chauffeur, je galère à trouver la forge, on n'y voit pas à cinquante mètres. Je dois redemander mon chemin à deux reprises. Finalement, après quelques tours en rond, j'y parviens, l'endroit n'est pas vraiment accueillant mais la température y est meilleure, c'est déjà ça. J'appréhendais de voir des enfants y travailler, je ne sais pas comment j'aurai réagis. J'ai eu le temps de reprendre mes esprits depuis mais sur le coup, ça m'a fait un choc. Mais arrêtons d'en parler, j'sens que ça va me gonfler sinon. J'entre donc dans la forge et j'regarde attentivement tous les prisonniers. Certains ont des têtes de tueurs, d'autres d'innocents, mais là encore, ce ne sont que des préjugés, je passe outre. Je ne vois pas mon gusse, ça me fait suer. Le soldat de garde s'approche de moi, me salue, j'en fais de même. Il m'demande ce que je fous là, que c'est pas l'heure de la relève. Mignon va.

Je ne suis pas là pour la relève, j'viens chercher un prisonnier, le patron veut le voir. Tient, regarde sa tronche, tu sais pas où je peux le trouver ?

Il regarde la photo que je luis tend, il réfléchit, longtemps, puis se rappelle du gars. Il me déblatère des trucs dont je n'ai strictement rien à branler. Après deux minutes de blabla, il finit par cracher le morceau, le mec est dans son dortoir, qu'il doit prendre son service à la force pour la nuit qui ne devrait donc pas trop tarder. Je lui demande le chemin et je me tire rapidos. Me retrouver dehors à nouveau dans le froid après avoir attrapé une suée va finir par me faire tomber malade...


Dernière édition par Mr Paquebot le Lun 16 Juin 2014 - 23:42, édité 2 fois
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Je finis pas dénicher mon gus dans son dortoirs après moult recherches dont je vous épargnerai les détails. J'suis fatigué de marché dans ce froid de canard, j'commence à avoir les chaussures trempés et les orteils glacés. J'ai demandé mon chemin à deux prisonniers. Ils sont devenu tout pâles et m'ont suppliés de pas les frapper. J'suis resté un peu con sur le coup et j'ai eu toutes les peines du monde à leur expliquer que je cherchais juste un gus et que j'allais pas les cogner. Visiblement, c'est pas trop le genre de la maison de faire ça car ils étaient un peu stupéfait de ma démarche. Je les ai rassuré et on a discuté vite fait. Ils étaient plutôt sympa et m'ont appris pas mal de choses. J'ai du écourter la rencontre car une patrouille arrivait, j'ai promis de repasser les voir, un de ces jours. En attendant, revenons à notre Tartempion. Il était tranquille, le cul sur son matelas dans son perchoir. Bon ok, je ne peux pas dire au chaud car il n'y a pas de chauffage dans le dortoir et qu'il y fait surement plus froid dedans que dehors mais bon, il se la coulait douce. Quand j'entre dans le merdier qui sent pas vraiment la rose, plusieurs prisonniers se mettent au garde à vous, une fois que je les ai dépassé, voyant que je n'en ai cure d'eux, ils filent sans demander leurs restes. Le mec a vraiment une tête de fouine, je peux pas l'encadrer, j'ai l'impression de perdre mon temps, surtout après ce que j'ai vu. J'fous un coup d'pieds dans son panard pour le faire descendre. Il daigne même pas bouger son fiacre, il se contente d'un regard par dessus le lit. Je l'interpelle sans ménagement.

Je viens te chercher, la boss veut te voir, magne toi le fion, j'ai pas toute la soirée. 

Il ricane, nan, il jubile en fait. Visiblement ça le fait marrer cette situation, pas moi. Il daigne enfin sauter de son lit après avoir placé un marque page dans son bouquin. Le genre de détails qui vous agacent au plus haut point. J'crois pas qu'il se rende compte que je suis là pour le faire évader, pas pour une vulgaire promenade de courtoisie. Il enfile un pull tout troué et on sort. Il me raconte sa vie, j'en ai rien à foutre, c'est pas à moi de le débriefer, j'suis juste son ticket de sortie. Il m'explique qu'il est content "quelle" ce soit décidée. Il dit quelle ne regrettera pas son choix et que les informations qu'il négocie lui permettront de grimper très haut dans la hiérarchie. J'capte que-dalle à ce qui raconte mais je le laisse faire, j'suis trop occupé à zieuter à droite et à gauche si il y a des patrouilles. A une intersection de deux dortoirs, je prends à droite et lui à gauche. Je le récupère par le bras sans ménagement. Il me regarde avec incompréhension et me dit que le bureau de Chapdeplomb c'est dans l'autre sens.  

Mais de qui tu parles connard ? C'est par là bas la sortie, fait pas de vagues si tu veux pas qu'on se fasse tricard.

Je suis pas d'humeur, j'ai la pression qui monte, le mec campe sur sa position et me dévisage. Si il continue son cinéma, on va se faire griller et là ça va être la grosse panique. J'tiens pas à enfiler la tenue à rayures et finir ma vie à péter des cailloux dans ce trou, certainement pas. Je le tire de force, le gars me suis à contre-cœur, faut dire que je suis en train de lui broyer l'avant bras. Niveau crédibilité Geôlier/Prisonnier, j'suis dans mon rôle, parfait. Le mec me demande qui je suis. J'lui réponds que j'suis l'Amiral Tetsuda et que je fais du tourisme dans le coin.

T'es con ou quoi, j'viens te faire sortir pour que tu balances tes informations à la Révolution en échange d'une seconde chance pour abdiquer tes parjures.

Haaa...


Visiblement le mec vient de comprendre et commence à rire. Je stoppe net, moi aussi j'crois que je commence à saisir pourquoi il me fait tout un caprice. Cet enflure jouait double jeu, il croyait que j'étais un péquenaud des geôliers. Il a vendu ses informations à Chapdeplomb. Tout à l'heure le nom me disait rien mais en y repensant, j'ai vu son portait et son nom dans l'organigramme des gradés à la blanchisserie. Fait chier, ce mec est une plaie, j'ai envie de lui mettre une manchette et de le laisser crever dans le froid. Il rigole tellement fort que ça alerte des gardiens qui se ramènent vers nous. C'est pas possible...
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Deux mecs approchent, ils ont des uniformes et trouvent étrange la situation. J'essaye d'éviter leurs regards suspicieux. Mes yeux jettent des éclairs de fureur à mon V.I.P. Il veut pas s'arrêter, il est carrément horripilant. Je ne sais que faire, faut réfléchir, vite.

Connard 

Il ricane beaucoup moins maintenant qu'il vient de se prendre une manchette dans la glotte. Moi par contre, j'suis soulagé, j'en tire un bien monstrueux. Comme quoi, c'est bien de la merde ceux qui disent que la violence résout rien. Le mec il est devenu tout rouge, il tient sa gorge à deux mains, jamais il a vu venir le truc. Il tombe, genoux sur la neige et semble avoir quelques difficultés à respirer. C'est du cinéma, j'ai pas cogné fort, c'est vraiment une lopette. Les deux mecs déboulent dans mon dos et me demande ce qui se trame. Avant de répondre, j'lâche un crachat sur le crâne de l'autre andouille et d'un air bien péteux, je m'en va conquérir le cœur des geôliers.

Ce petit fils de p*te se foutait de nos tronches. J'ai du le corriger, il fait moins le fier maintenant.

Les deux gardes gloussent comme des dindons. J'essaye de les suivre, ça fait pas très naturel mais bon, c'est pas des professeurs de théâtre alors ça passe comme un poing dans une gueule. Il n'empêche qu'avec ça, j'suis toujours pas sur la route de la sortie et que ça fait chier. J'matte vite fait ma montre et je lâche un truc du genre fonctionnaire.

Fiou, va être l'heure de la relève, faut que je ramène ce déchet à son bloc, j'suis déjà en retard, ça pète les noix !

L'un des deux mecs me pose sa main infecte sur mon épaule et me fait un grand sourire de psychopathe, il me dit qu'il va s'en charger, qu'il connaît un super raccourci. J'lui dis que ça va aller, qu'c'est sympa de sa part mais que j'aime bien finir ce que j'ai commencé. Il insiste le bougre, il m'agace, ses dents jaunes aussi d'ailleurs. Faut pas que je le cogne car là, j'aurai pas d'excuse. Je joue la franche camaraderie, j'ai envie de vomir mais pas le choix, ce connard de prisonnier m'a mis dans une belle fausse commune. Le geôlier veut rien savoir et le lâche un "bouge pas, je te montre" avant de dégainer son pétard. Mes yeux doublent de volume et j'fais une grimace de babouin, il va pas tuer ce mec quand même. Bha si, il arme et pointe son flingue sur la tronche du mec, j'ai plus l'choix, je l'avoine, son pote après et la sentinelle qui nous mire depuis cinq minutes après. J'lève la main rapidement mais un cri transperce l'épais manteau neigeux et fait stopper le bourreau, moi aussi par la même occasion. C'est un officier, un putain d'officier, le genre qui pète dans la soie et tout qui vient d'ordonner au gus de ranger son flingue et par la même, sauver la vie du débile qui continue de respirer douloureusement.

Je le cherche depuis dix minutes, heureusement pour vous que je ne vous ai pas laissé l'abattre, il a rendez-vous à Chapedeplomb, elle n'aurait pas apprécié votre plaisanterie. Aidez le à se redresser et suivez moi.
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Quelle guigne, c'est pas possible. Je devrais déjà être en train de rouler vers le checkpoint pour sortir ce demeuré du bagne et voilà que je me coltine à le porter en direction du bureau de la patronne de l'île pour la Marine. J'sais pas ce que j'ai fait pour métier ça mais putain, si j'arrive à le sortir de là, j'aurai bien mérité ma paye. Et dire que j'pourrais facilement charger des gosses et me tirer mais non, j'suis trop con, trop rigide avec la mission. J'ai voulu bien faire et au final, il se passe quoi ? J'vais me faire démasquer dès que ce débile aura retrouvé la parole et ses esprits. Pour le moment il est encore sonné, faut dire que j'ai rajouté une couche en le levant, je l'ai cogné, "sans faire exprès" contre un poteau métallique qui traînait par là. Me suis pris une douille par l'officier mais ça va, j'étais déjà plus serein. Au final, plus j'avance dans le temps, plus je recule. Il fait nuit noir désormais, on voit peau de balle, on se déplace à la lueurs des braseros. J'essaye de me souvenir du chemin, c'est pas simple vous savez ? Et vous savez quoi d'autres ? Dans le genre j'ai du cul, on aurait pu monter dans un transport et aller dans un super endroit en ville pour interroger ce tocard, mais non, la chef des Boyscout a fait le déplacer elle même. A l'avant poste du pont, on y sera vite. Fait chier...

Je crois qu'il va pas bien, faudrait le soigner, il pisse le sang. 

Je tente de gagner du temps, en vain, je me prends une soufflante de l'officier. J'ai envie de lui mettre un taquet à lui mais avec l'escorte de geôliers autours, j'ai vite fait de me prendre une bastos. On continue donc de marcher et cette fois, j'ferme ma mouille et je cogite. Le problème c'est qu'on arrive devant le bureau trop rapidement et que j'ai toujours pas d'idée potable pour défoncer tout le monde et me barre avec la baltringue. Chiotte de Chiotte. J'ai encore 30 minutes avant que la môme attire toute la marine à l'autre bout de l'île, c'est long 30 minutes... L'officier ouvre la porte du bureau de l'avant poste ce qui me laisse entrevoir la pouffiasse. Faut l'dire, elle dégage la minette, l'est carrément bien foutue et plusieurs mecs semblent la reluquer en douce dans son dos. C'est clair qu'une belle plante dans ce décors, ça fait tâche. On pénètre dans la pièce et on colle le prisonnier sur une chaise. Je reste planté là comme une merde, à ne pas savoir que faire. L'officier m'enguirlande encore me demandant de dégager vite fait. J'tente de négocier.

Vaudrait mieux que je reste, l'est violent ce type.

J'ai pas vraiment convaincu l'auditoire, je me retrouve dehors avec en prime une réduction de ma solde. Ça me fait une belle jambe tiens... J'matte par la fenêtre, discrétos le prisonnier, il est en train de revenir à lui, on le dorlote, on le bichonne, ouais, sûr qu'il va jacter ce merdeux. Faut que je bouge vite fait avant de me faire prendre. Mission échouée, super, ça fait bien plaisir de s'être gelé le cul pour rien. J'grogne comme une pucelle qui s'est faite piquer son jules par la meilleure copine. A défaut de plan d'évasion dans mes manches, j'espère pouvoir repartir comme j'suis venu. Par le transporteur, j'espère que là les mecs se sont toujours pas réveillés sinon, j'suis vraiment dans le pétrin.

Je rêve où tu fuis là ? C'est une porte qui va t'arrêter ? Paquebot...

Je deviens peut être zinzin à me parler tout seul mais ça marche? Nan mais c'est vrai quoi bordel ! C'est pas un officier qui pète dans la soie, une blondasse et une porte qui vont m'arrêter. Ils savent pas à qui ils ont à faire ces mecs. Ils vont avoir un entretien pénible. J'ai voulu être diplomate à cause de l'uniforme, éviter que le sang coule, mais maintenant c'est fini. J'vais les travailler en férocité, les faire marcher à coups de lattes. A mes pieds je veux le voir ce connard et j'vous promets qu'il va pas rire cette fois. J'marche d'un pas décidé, le transport est encore là. J'cherche dans ma poche la clé, j'ouvre, ça sent le fauve, certains sont éveillés, pif paf pouf, je les rendors mais cette fois, je les gicle du fiacre, ils iront dormir dans la paille destinée aux animaux. J'ai besoin de place, d'espace. J'suis remonté à bloc.



Je vais les éparpiller, façon puzzle !

Le chariot lancé à pleine vitesse, moi tenant les commandes, ça claque, ça beugle, j'déchaîne les enfers. J'ai deux monstres à cornes et j'compte bien m'en servir. J'vais un peu trop vite, ça dérape à l'arrière mais rien à battre, il n'y a personne dedans, pas encore tout du moins. Dans quelques secondes par contre, j'espère bien avoir un joli paquet à ramener à la maison. J'croise des gardes, je les salut avec un grand sourire, ils comprennent pas trop ce qui se passe. Deux essayent de m'arrêter en se mettant au milieu de la route. Étrangement, ils giclent vite fait quand ils s'aperçoivent que je ne ralentis pas d'un pet. J'ai la maison dans le collimateur. Pour une fois que je peux faire un strike sans trop me faire chier. J'vise un peu à droite de mon prisonnier, histoire d'éviter de l'écraser mais surtout être sur de pas louper la pétasse. Elle ne m'a même pas adressé un regard tout à l'heure, j'espère faire mieux à la seconde tentative. J'cravache comme un malade mes deux bestiaux et je me planque vite fait dans la carriole à l'arrière en passant par la même fenêtre que j'ai fais passé le chauffeur un peu avant dans la journée. C'était chaud niveau timing mais j'aimais mieux être sur des banquettes quand on a traversé le mûr et interrompu, de fait, l’interrogatoire en cours. Avant de me planquer, j'ai cru voir l'officier qui matait par la fenêtre pourquoi des gardes hurlaient. Haha, quelle entrée et puis comme le dit un bon pote, c'est pas parce que l'on a rien à dire, qu'on doit fermer sa gueule !

Bonsoir, c'est la Révolution, vous avez demandé un Taxi ? En voiture Simone.



Dernière édition par Mr Paquebot le Mar 1 Juil 2014 - 0:27, édité 4 fois
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Hahahaha, terrible. J'suis encore tout secoué du fracas mais ça ne m'empêche pas d'apprécier le spectacle. Un bureau si propre et bien rangé de fonctionnaire complètement ravagé par deux rhinocéros. J'crois que c'est la meilleure idée que j'ai jamais eu. J'en pleure de rire, ils sont tous abasourdis là dedans. J'descends vite fait pour récupérer mon colis qui est complètement sonné. J'crois qu'il respire encore, on regardera après. Par contre, l'officier lui, j'suis sur qu'il est canné, il est plié en deux contre le mur du fond, quelle idée aussi de rester devant la fenêtre... J'vois que ça commence à se relever et surtout à accourir de dehors alors on va pas faire durer le plaisir, je remonte dans la chariote et j'glisse un salut à la blondinette. Et puis comme j'perds jamais l'occasion de faire un peu le con, je la congratule d'un clin d'oeil et d'un petit mot doux.

Désolé pour le bureau mais la déco était vraiment à chier, à bientôt ma belle, moi c'est Paquebot ! 

Voilà qui m'pousse des couilles maintenant. On dirait un sportif, à faire le coq quand il gagne et à être invisible quand il perd. La tête de la fille est vraiment géniale, elle me fusille du regard, j'crois que je suis maudits sur les dix prochaines générations. Je regarde en arrière mais il y a trop de monde alors on va se la jouer sens unique. J'fais reculer un peu l'attelage qui a quand même pris une belle claque avec le choc. On doit avoir suffisamment d'élan maintenant pour offrir une deuxième baie vitrée à ce bureau tout moisi. J'redonne du tonus à mes bestiaux qui semble être ravi d'avoir défoncé un truc. Et nous voilà reparti vers l'extérieur. Au passage, je glisse un bon gros doigt d'honneur à l'administratrice en chef. Ouais c'est gamin mais je m'en care, elle l'a pas volé celui là.

Direction la sortie mon pote, tu vas cracher tout ce que tu sais à ma patronne, mais avant, on va s'arrêter quelque part, j'ai un truc à prendre.

Je parle encore tout seul, l'autre pécore est encore en train de compter les étoiles à l'arrière mais ça doit être l'euphorie et l'adrénaline qui me boostent. J'traverse tout, sans problème. Il fait nuit et le manteaux neigeux réduit pas mal la visibilité mais j'arrive à pas trop mal me démerder.. Je cherche, je cherche, j'trouve pas, putain, ça me gonfle ce sens de l'orientation de femme. Je m'arrête tant bien que mal à la hauteur d'un poste de garde et j'demande ma direction, on m'indique le chemin, comme quoi, je le dis toujours, suffit de demander.

Au final, j'trouve pas quand même ce que je cherchais, va falloir que je revienne plus tard. Quand il fera beau et jour car sinon c'est la merde pour se repérer. Et puis le feu d'artifice a commencé à l'autre bout de l'île et tout le pont s'est agité. Faut dire que la donzelle à qui j'ai ouvert deux baies vitrées dans son bureau a du donner l'alerte. Grâce à mes bestiaux, à la nuit , à la neige, à la chance, aux explosions des Révos, j'ai réussi à sortir du merdier assez facilement. J'ai du défoncer quelques barrages et subir quelques tirs mais rien de bien dangereux. Le truc le plus chiant a été de courser mon prisonnier qui s'était réveillé entre temps. Une vraie anguille, quel casse burnes. J'ai du le corriger, pour lui apprendre les bonnes manières. Au final, il devait être un truc comme 2h du mat' quand j'ai déboulé dans le bar. J'ai balancé mon colis sans ménagement sur le comptoir et j'ai demandé du Rhum et mon fric.

Je vais me pieuter, j'suis naze, on cause demain.


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