Posté Mar 15 Avr 2014 - 15:12 par Mahach
Erreur fatale. L'laisser attaquer est une putain d'erreur. J'comprends plus rien. Mon dos s'pète sur l'sol terreux, mes mains répondent plus, j'sens le haut d'mon torse qui s'déchire. Si, j'comprends une chose. J'comprends qu'mes larmes, c'est pas d'la tristesse. C'est pas la pluie non plus. Nan nan. J'sais c'que c'est. La pluie a tripé mes corps comme elle tripe un bout d'carton. Elle a rongé l'alcool qu'j'avais dans l'sang comme elle ronge la pierre. Elle a éteint ma rage comme elle éteint les braises d'un brasier. Mais c'qui coule d'mes yeux, c'est ni la pluie, ni la rage. Alors qu'mon sang bouillait comme d'l'huile sur l'feu, c'connard est v'nu rajouter d'l'eau sous forme d'impuissance. Du coup, tout a pété. J'ai plus la rage, j'sais qu'j'suis impuissant face à c'mec et ça m'fout encore plus la rage. Du coup j'chiale encore plus.
Mes yeux, c'sont les seuls muscles que j'suis encore capable d'bouger. J'peine à respirer, pire qu'un chacal à l'agonie. Tout c'que j'suis capable de faire, c'est d'être sa victime pendant qu'il m'tatoue son initial sur les pec's, pendant qu'il m'cause, pendant qu'il s'barre.
Kanbei ? K ? Je r'ssemble à quoi moi ? J'ai envie d'gueuler ma rage mais j'y arrive pas. Heureus'ment, mon cerveau fonctionne encore et j'arrive à peine à m'consoler en m'disant qu'j'pourrais crâner à dire qu'c'est l'K de Kiril. Crâner comme un con, parce qu'au fond d'moi, j'sais qu'c'est pas vrai. Mais c'est mieux que rien.
Toute la taverne me r'garde comme une merde, vautré sur l'sol. Même une merde d'clébard ils y prêtent pas autant attention. J'vois leur r'gard. J'peux même pas leur gueuler d'ssus. J'ai même plus envie.
Alors j'halète comme un con, j'vois mes ch'veux poussent aussi avec ma détresse. Ils atteignent mes épaules. J'arrive à r'gagner l'contrôle p'tit à p'tit. C'pas un muscle, alors j'arrive à les faire pousser. J'me concentre à fond. Ils arrivent à la hauteur d'mes hanches. Encore. Faut qu'j'tienne le coup. Aux g'noux. Allez, encore, montre leur qu't'es pas une merde ! Allez mon vieux bouge toi l'cul ! Tu peux rester comme ça ! Pense à tout c'que t'as fait pour arriver ici ! Penses au Grey T ! Qui du Grey T en s'rait arriver là, putain ! Enfin, mes ch'veux sont plus grands qu'moi.
J'prends un moment à m'concentrer sous la pluie salvatrice. Elle m'soulage. Elle m'apaise. Elle m'bénit. J'réunis mes dernières forces pour contrôler les contrôler et les rendre solides. J'en fais des tentacules capillaires. J'sens ma cheveux qui s'redressent, j'sens ma tête qui s'relève. Pis mon corps. Enfin j'décolle du sol. Pas grand chose, juste assez pour pas m'trainer comme une merde. J'marche comme un poulpe. Mal, mais j'ai pas b'soin d'aller bien loin. J'sens même qu'c'est plus un réflexe d'survie qu'ma volonté. J'sens les r'gards impressionnés sur moi. J'les entends chuchoter à mon propos.
Arrivé vers ma chaise, j'm'écroule d'ssus comme une merde, sauf que. Sauf que cette fois ci, on m'regarde pas comme ça. On m'prend pour un taré avec une force de dingue. Increvable le bordel. Et on est bien content qu'le blondinet s'soit cassé parce qu'il était pire.
Kanbei ? Nan, j'oublierais pas.