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Toute la vérité, rien que la vérité.

Nous sommes le 18 janvier 1624. Demain je mourrai. Nous sommes à Goa, c’est un décor de chaos et de mort absolu et le peuple que nous voulions sauver souffre plus encore qu’il ne l’a jamais fait. Que dire ? Je me sens coupable. D’un remords acerbe qui me ronge et me hante. J’ai tout fait pour éviter cela et demain je sacrifierai ma vie pour sauver ce peuple. Mon peuple. Mon nom est Rafaelo Di Auditore, je suis un assassin au service de la révolution. Ceci est mon épitaphe, une bouteille jetée à la mer avec pour seul défi de raconter la vérité. Que quelqu’un sache, qu’au moins une personne prenne la liberté de lire cette lettre et de la déchirer si le cœur lui en dit.

Je suis né dans une obscure île d’East Blue, d’un père et d’une mère de sang bleu. Tués pour leurs idéaux révolutionnaires, j’ai été élevé à Fushia, aux abords du royaume que j’essaie aujourd’hui de sauver. J’ai vécu dans le Grey, parmi les détritus, et j’y retournerai. Les murs de la cité ont cédé, le monde est sur le point de changer. Aujourd’hui, c’est un message d’espoir pour tous les esclaves du Gouvernement. Pourtant, cela me laisse un goût amer dans la bouche. J’ai œuvré toute ma vie à diriger une Confrérie d’hommes fidèles et dévoués à la Cause du peuple. Le moindre mal pour le bien du plus grand nombre. J’ai veillé à ce qu’on nous barre de l’histoire, j’ai veillé à ce que nous nous fassions entendre par la seule vérité. Or le destin est capricieux. Je suis devenu malgré moi le jouet du DRAGON et ait servi des intérêts autres que les miens en espérant sauver des hommes. Je n’ai fait que précipiter leur mort, une fois encore. Mon histoire est pavée d’intentions mais c’est le sang qui en fait le ciment. C’est la mémoire d’un homme torturé que je vous livre, lecteur, ne soyez pas trop prompt à juger un meurtrier. C’est ainsi que je suis, ainsi que l’on se souviendra de moi demain soir.

Lorsque je suis revenu à ce qui fut mon foyer, je n’ai plus reconnu le monde dans lequel j’avais grandi. Les enfants étaient résignés à devenir les jouets des plus grands, les adultes courbaient l’échine en se satisfaisant d’avoir encore leurs yeux pour pleurer. Etait-ce pour cela que je m’étais battu ? À la vue de mon ordre, les gens frémissaient. On parlait de l’Umbra, non plus de la Confrérie. Ainsi était remémorée mon œuvre : pervertie par le poison d’un serpent qui avait grandit en son sein. Un homme nommé Uther. Le frère même de celle qui porte aujourd’hui mon enfant. Profitant de mon absence, il a levé les frères contre les frères et, dans un bain de sang, a emporté l’âme de ma Cause. Aujourd’hui on ne se souvient plus que de lui. Les assassins révolutionnaires sont devenus des hommes de Freeman. Je ne suis plus qu’une marionnette désarticulée, épouvantail d’un rêve passé. Alors si ma mort peut apporter au monde, il en sera ainsi.

Le perfide fiel d’Uther a transformé la révolution du peuple en bain de sang. Manipulant Gouvernement et Royauté, nous sommes condamnés à l’échec. Il a gagné, ainsi sont les choses. Le mal triomphe toujours. Je n’ai jamais été un homme de bien, mais là étaient mes intentions originelles. En mon cœur, j’ai toujours su que cela me coûterait la vie et que je ne serais jamais un héros. Pourtant, à la veille de la fin, j’ai l’impression que cela a toujours été tapi au fond de mon âme. Que quelque part, j’ai toujours espéré recevoir de la reconnaissance pour ce sacrifice. Pourquoi avoir donc toujours tout fait pour que cela ne me soit jamais rendu ? En expiation de mes crimes ? Certainement. Les seuls innocents à avoir jamais péri sous ma lame étaient mes adversaires désignés, ceux qui ont essayé de m’arrêter par les armes. Les autres n’étaient que des criminels, reconnus ou non. Cette voie sanglante est devenue mienne dès le jour où j’ai considéré que le Gouvernement ne pouvait être changé tant que les marionnettistes en jouaient encore. Alors je vous livre toute la vérité, à vous qui avez la chance, ou la malchance, de contempler ces lignes. Derrière le masque, sous la capuche : voilà tel que je suis. Mutilé tant par le corps que par l’âme. Je vais vous livrer ce qu’il s’est réellement passé à Goa, en espérant qu’un jour la vérité surgira d’entre les limbes et que le peuple prenne conscience de son pouvoir. Vous êtes en droit de vous demander si ce n’est là que vaste propagande. Cette décision vous appartient.

Cette révolution est née de l’oppression d’une royauté qui n’hésitait pas à maltraiter et à corrompre sa propre société. De la douleur et la décadence sont nées la colère. Colère d’un peuple illustrée par les rats du Grey Terminal. Les forces cachées du royaume se sont mises en œuvre dès la mention d’une possible révolution. Le peuple entier a émergé, pour faire face au pouvoir désuet de ces singes de Marie-Joa. Il n’a pas été difficile d’allumer le feu de la révolution : même la noblesse réclamait égalité. Tout n’a été que discours et démonstrations par la suite. Pourtant, encore une fois, le fiel de Dol s’est révélé meurtrier. Il a promis, acheté et manipulé pour faire de Mendoza son allié, pour compromettre la cité et faire sienne l’aide du Gouvernement en la personne de Keegan Fenyang. A alors été mise en œuvre la plus sévère et martiale réplique des forces de l’ordre, non imputées à ce royaume, pour mater la révolution. La royauté disparue, le pouvoir en revenait donc au peuple ? Non : Dol et Mendoza désiraient se partager la pomme. Alors aujourd’hui que la Marine torpille le port en se moquant des conséquences, j’ai envoyé un appel à Fenyang. Un duel pour en finir. Je sais que je ne peux le vaincre, mais si je meurs, alors je laisserai assez de temps à mes frères pour fuir et se protéger. Si je combats assez longtemps, l’illusion perdurera et nous aurons assez de temps pour sauver le peuple de la fureur vengeresse de ce damné Gouvernement. J’ai échoué, lecteur. J’ai échoué et trop de personnes en sont mortes. Des excuses ne servent à rien, mais peut-être qu’un sacrifice sera assez.

Il est l’heure. L’heure d’aller donner mes derniers sacrements, mes dernières consignes. Mes ennemis me tendaient ce piège depuis trop longtemps, peut-être savaient-ils que je reviendrai sauver Goa en premier : symbole depuis trop longtemps de l’oppression et de l’esclavage. Peut-être étaient-ils au courant de ma présence depuis le départ, je ne sais pas jusqu’où s’étendent les racines de la corruption mais je suis attristé de voir que l’intérêt de l’Homme surpassera toujours celui du bien commun. Le pouvoir est une chose horrible. Il corrompt et rend fou, j’en suis le premier exemple : pourquoi ais-je cru faire la différence ? Peut-être parce qu’il suffit d’un seul homme pour faire basculer les choses. Peut-être parce que j’ai cru que nous serions légion. Lutter contre la mort et la fatalité est vain.

Au peuple de Goa : ne perdez pas espoir, votre sacrifice ne sera pas inutile. C’est là un message pour le monde entier, un message qui dit que tout est possible. Croyez encore en notre Cause, soutenez la Révolution. Tant qu’il y aura des hommes pour se battre, il y aura de l’espoir.

Il n’y a pas de bon chemin pour le salut, il n’y a que des moyens. Différents, plus ou moins salissants. Mais ce qui importe, c’est la finalité. Je sacrifierai une personne pour des milliers, je sacrifierai ma propre vie pour la fin d’une guerre. Ce n’est peut-être pas le bon choix, mais c’est le mien. Je ne cherche pas à être jugé ni à être encensé, juste à être compris. Ce que l’on fait dans notre vie résonne dans l’éternité.

A toi qui lis ce qui sera certainement mes dernières paroles, garde espoir. Pourquoi ? Parce que même si l’on peut substituer la matraque à la conversation, les mots conserveront toujours leur pouvoir. Les mots sont le support de la compréhension et pour ceux qui les écouteront l’énonciation de la vérité. C’est ce que je te livre aujourd’hui, puisses-tu en faire quelque chose. Car la vérité, c’est ce qui va mal dans notre monde : cruauté et injustice. Intolérance et oppression. Telles sont les choses à Goa, telle est la lutte pour laquelle ma vie vaut la peine d’être sacrifiée. Si tu cherches un coupable, je t’enjoins donc à te lever. A regarder dehors. Vous tous. Il y en a certes de plus responsables que les autres, et eux auront toujours à répondre de leurs actes : tant qu’il y aura des hommes pour lutter. Encore une fois. Ces figures qui vous maintiennent dans la peur … Vers qui se tourner en ces temps incertains où tout devient plus terrifiant, où le monde même ne tourne plus rond ? Ils vous ont promis l’ordre, ils vous ont promis la paix. Tout ce qu’ils ont pris en échange, c’est votre consentement silencieux et docile : la peur a pris ce qu’il y avait de meilleur en vous.

Voilà pourquoi je me suis dressé à Goa. J’ai cherché à mettre fin à ce silence, j’ai détruit les murs de la ville pour rendre la mémoire à ce pays. A ce monde : siècle oublié, oppression des royaumes libres, buster calls. La liste de leurs affronts est longue.

Il y a plus de 100 ans, un grand citoyen a voulu ancrer à jamais la liberté, la révolution dans nos mémoires. Il espérait rappeler au monde qu’impartialité, justice et liberté sont plus que des mots, ce sont des principes. Alors si vous n’avez rien vu, si vous ignorez toujours les crimes de ce gouvernement, je vous suggère de ne pas commémorer la venue de cet homme. Monkey D. Dragon.

Mais si vous voyez ce que je vois, si vous ressentez ce que je ressens, si vous désirez ce que je désire, alors rangez vous aux côtés de ces frères révolutionnaires qui sacrifient leur vie pour faire tomber ce silence.

Souvenez-vous : l’insurrection est le plus sacré des devoirs.

Demain, nous serons le 19 janvier 1625. J’aurais vingt-cinq ans, et je mourrai.

Les peuples ne devraient pas avoir peur de leurs gouvernements. Les gouvernements devraient avoir peur du peuple.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t8972-fifty-shades-of-grey
  • https://www.onepiece-requiem.net/t674-veni-vidi-vici