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Devenir un assassin.


Un grand jour s’il en était. Cela faisait pratiquement un mois jour pour jour depuis leur rencontre dans le Bagne de Tequila Wolf. Une intronisation n’était pas chose à prendre à la légère. Des drapés de la Confrérie pendaient aux colonnes de granit de l’antique pièce dans laquelle ils s’étaient réfugiés le temps d’une nuit. Trois braséros fumaient en son centre, diffusant lueur et senteurs cendrées. Quelques marches menaient au promontoire central où une vieille tapisserie faisait remonter les origines de l’ordre avant même sa création. L’héritage de Rafael était antérieur à son propre père, donc il tenait les armes et la conviction. Il avait créé la Confrérie en l’honneur de ses idéaux, et des siens propres. Ainsi se trouvaient là une vingtaine d’assassins, capuche baissée et bras croisés. Les soldats les plus téméraires de la Révolution, ceux qui allaient jusqu’à sacrifier leur identité au profit de la Cause. L’assassin vêtu de noir faisait office de mentor et se tenait au centre de l’assemblée. Un silence respectueux s’était fait, accueillant leur nouveau frère en leur sein. D’un geste, l’assassin lui fit signe de s’approcher depuis les tréfonds de la pièce. La Confrérie s’écarta, le laissant grimper les marches en pierre qui le mèneraient à son destin.

D’un geste, l’assassin jeta une poudre ocre dans les braises et les flammes se firent plus denses. La lumière se fit une place dans les ténèbres et révéla au sein du braséro une pince noire chauffée à rouge. Dans un bruissement ordonné, ses frères se tournèrent vers le centre de la pièce et placèrent leur poing gauche sur leur cœur. Sur leur gantelet apparaissait le même symbole que sur les draperies : le symbole de la Confrérie. Puis ceux qui était du côté de la nouvelle recrue lui firent face et s’écartèrent encore d’un pas pour lui ouvrir la voie. Guidé par ses frères. L’instant était solennel, cérémonieux à outrance. On ne prenait pas à la légère ce genre de chose parmi les assassins, et entrer dans la Confrérie signifiait aussi ne plus en sortir vivant.

« Laa shay'a waqi'un moutlaq bale kouloun moumkin. » prononça l'homme en noir, dans une langue que bien peu connaissaient en ces lieux.

« Toute la sagesse de notre crédo est contenue dans ces paroles. » reprit-il, enjoignant l’apprenti à s’agenouiller et faire preuve d’humilité devant ses frères réunis.

Derrière le maître assassin, trônait un autre homme à la tenue bleu foncée. Mangés par une barbe broussailleuse, ses traits étaient gravés dans le marbre. Il paraissait plus vieux que le Mentor et on lui attribuait le nom de « Vérité ». Le maître de la guilde de North Blue avait fait vœu de participer à l’intronisation de la nouvelle recrue. Il était là en place d’honneur, certainement le meilleur parmi ses frères. Il salua la recrue d’un signe de tête, il était une légende dans son milieu, tout autant qu’Il Assassino, qui portait d’ailleurs le surnom de « Justice » parmi ses frères. Il en était ainsi pour chacun des frères les plus gradés. L'assassin vêtu de noir se pencha alors pour saisir la pince chauffée dans le braséro, s'emparant du métal chaud sans sourciller.

« Nous agissons dans l'ombre pour éclairer le monde. Nous sommes des assassins. » continua-t-il, se retournant vers la recrue, lui faisant signe de se relever.

Il demanda au futur initié de lever sa main gauche et de tendre ses doigts vers lui. Lui, avait sacrifié son annulaire gauche pour la Cause, mais il ne demandait pas pareil sacrifice à tous ses frères. C’était le meilleur moyen de se faire repérer, après tout. Ainsi, en mémoire de ce sacrifice, il ne leur demandait que de se soumettre à l’épreuve du feu et de la douleur. Le bruissement de la chair brûlée se fit entendre, et une odeur âcre envahit la scène.

« Rien n'est vrai, tout est permis. » termina-t-il, d'une voix grave tandis que le futur initié portait sa main à son coeur, tel ceux qui étaient dorénavant ses pairs.

Mais l'intronisation des assassins ne s'arrêtait pas là. Après les sacrements, il fallait répéter le code et prouver sa foi. D'un geste, l'assassin en noir indiqua une porte dérobée, où le symbole de l'ordre était gravé. Derrière cette porte, des escaliers menaient au sommet du bâtiment, au plus haut clocher de la ville. Un endroit rêvé pour éprouver la loyauté et la confiance sans faille de cette nouvelle recrue, dont personne ne doutait. Aucun ne faillait à sa tâche, tant ils étaient éprouvés pendant leur apprentissage. Ensembles, ils gravirent les marches, les menant à l'épreuve finale. Rapidement, les assassins goutèrent l'air froid et humide de l’île, se frayant un chemin entre les poutres. L'assassin en noir s'arrêta à côté d'une corniche qui s'avançait dans le vide. Il fit signe à la nouvelle recrue de se placer là, au sommet du monde. Vérité vint se placer à côté d’eux, ne pouvant réprimer un petit sourire de satisfaction. La nouvelle recrue ferait partie de sa guilde, ainsi prenait-il la suite de l’intronisation en main.

« De combien de versets se compose notre vie quotidienne ? » demanda-t-il, les yeux fixés vers l'horizon.

La réponse était ‘trois’.

« Parmi eux, quel est le plus sacré ? » continua Vérité, son regard revenant vers son interlocuteur.

La réponse était ‘garde ta lame de la peau d’un innocent'.

« Comment devras-tu vivre ? » poursuivit l’Assassino.

La réponse était ‘cache-toi de la vue de tous, ne fais qu'un avec la foule’.

« Et le dernier, qui te préservera de la lame de tes frères ? » demanda Radà, libérant le passage entre la dernière étape de l'intronisation et l'assassin qui lui faisait à présent face.

La réponse était ‘ne compromets jamais la Confrérie’. Ne restait alors plus que l’épreuve du saut, qui représentait sa confiance infaillible en ses frères et son mentor. Plus bas trônait le fleuve, plus d'une vingtaine de mètres les séparant de lui. Il ne connaissait ni la profondeur, ni l'endroit où il serait en sécurité s'il sautait. Cet acte insensé ne reposait que sur une seule chose : la confiance totale, et absolue. Un véritable saut de foi, que ceux qui frayaient avec la cause ne pouvaient craindre. Un seul instant d'hésitation et ce serait la mort.
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Un mois de cela, il devait donner la mort ; aujourd'hui, il embrassait une nouvelle vie. Alors qu'il avançait, lentement, à travers ce sanctuaire, son ancien monde lui disait adieu. Son arme ne l'accompagnait pas cette fois, car ici on ne testerait pas son habilité à tuer, mais la force de son cœur. Il n'était pas du genre à courber l'échine, et pourtant, ces feux, ces étendards, tous ces symboles l'observaient, l'étudiaient, le disséquaient, si bien que malgré lui, son regard d'habitude si confiant fut teint d'humilité. Cependant, il ne baissa pas les yeux, non, comment pourrait-il manquer pareil spectacle ?
Une brume emplissait la salle, offrant à la lumière une toile vierge où étaler toutes ses nuances. L'ombre des flammes, l'architecture simple mais puissante, tout cela amplifiait le sacré du moment. Cela dit, le temps de la contemplation prit fin, et il Assassino l'arracha à son nid de ténèbres. De l'ombre il entrait dans la lumière, et d'un pas tout aussi calme, Vindicare rejoignit ses frères. Même lui, lecteur de ponéglyphe, ne connaissait pas cette langue... M'enfin, cela n'avait pas vraiment d'importance en ce moment non ? Le genou gauche sur le sol et la tête baissée : il s'inclinait avec grace et respect, comme les chevaliers d'antan. Son regard quitta le sol pour retourner sur son guide, et cet alors qu'il le vit. Une autre légende l'honnorait de sa présence. Certes, la nouvelle recrue était trop jeune pour connaître le panthéon de la Confrérie, mais lui, il le reconnu, et quoi de mieux pour répondre au salut de Vérité que de reporter de nouveaux ses yeux dans le sol. S'il en était un qui méritait qu'on s'incline, c'était bien lui.

Il pouvait sentir la chaleur du métal, il entendit même le bruit de la chair qui brûle lorsqu'il Assassino prit la pince. Son visage restait impassible, mais, malgré lui, il avait peur. Son corps rejetait instinctivement la douleur, ses entrailles se nouaient, son cœur accélérait, le combat avait commencé : la lutte entre le corps, et l'esprit. Néanmoins, lui était là, lui avec ses yeux azurs, lui, un jeunot ayant à peine dépassé la vingtaine, et qui pourtant lui enseignait jusqu’où pouvait aller un homme déterminé. Puisant sa force dans le regard de cette légende, il abandonna sa peur. Tendant sa main gauche, Vindicare patienta quelques secondes. Une pour respirer, une autre pour tuer son hésitation, et la troisième parce que trois c'était bien. Il s'empara de la pince, prenant à pleine main le métal encore rougeoyant. Il avait déjà connu bien pire, mais si être torturé était une épreuve, aller de plein gré vers la douleur en était une autre.
Serrant ses dents, il étouffa le cri naissant, mais il ne put maîtriser son corps. Ses jambes flanchèrent, et alors que son genou percuta le sol, il joignit les deux mains, empêchant ainsi son emprise de se défaire. Non, il ne passa pas avec brio, même s'il avait pour lui que son regard ne quitta jamais celui du maître des lieux.


« Trois. »

Une réponse claire et concise, tout comme devait l'être l'âme d'un assassin. Debout face à l'horizon, Vindicare faisait face à sa seconde épreuve. Son guide avait changé, mais qu'importe, Vérité n'était pas moins illustre que Justice. Si un royaume s'étendait à ses pieds, l'aspirant ne pouvait enlever ses yeux de l'océan. Terre de liberté, la mer lui rappelait la beauté de son idéal.

« Garde ta lame de la peau d'un innocent. » Et il contempla le monde.

« Cache toi de la vue de tous, ne fais qu'un avec la foule. »Et il avança vers sa destiné.

Le vent calme et harmonieux n'en était pas moins présent, chantant une douce mélopée au futur assassin. Sa lenteur ne venait pas de la peur, il profitait tout simplement du moment. Une profonde respiration et il se retourna, posant son regard dans celui de Radha. Un sourire s'empara de son visage, chose étrange, lorsque l'on savait que sa brûlure était encore vive.


« Ne compromet jamais la confrérie. »

Comme les mots ne suffisaient pas, il prit son envol. Sans même regarder en bas, il sauta en arrière. L'inertie de la chute échangea sa tête et ses pieds, lui permettant d'observer l'étrange spectacle d'un monde fuyant vers le haut. Ceci dit il reprit rapidement le contrôle, et d'une élégante cabriole et replaça ses jambes vers le sol. L'eau l'accueillit à bras ouvert, et même s'il n'avait jamais douté, son corps n'était pas encore capable de s'élancer ainsi sans réagir. Il resta quelques secondes sous l'eau, puis, retournant à la surface, il s'allongea sur la rive. Son cœur se calmait, sa respiration reprenait un rythme décent. Il avait réussi. Trempé, tout plein d’adrénaline et autres hormones liées à la survie il ne s'était jamais senti aussi vivant. Sa brûlure abdiqua quelques instants : Il était en paix.

Près de lui, appuyés sur le vestige d'une habitation, une tunique blanche attendait son heure. Sortant de sa torpeur, il se déshabilla, quittant son ancien soi pour revêtir l'attirail de l'assassin : une simple tunique blanche portant l'insigne de la confrérie. Evidemment, ce n'était que pour la cérémonie, car s'il y avait certes une ligne commune quand à l'habit des hommes de l'ombre, chacun l'adaptait à ses besoins. Dans les coins sombres de Luvneelpraad on ne craignait pas les regards indiscrets, encore moins en pleine nuit. Ceci dit, le Vindicare ne s'attarda pas plus longtemps, et 30 minutes plus tard, il dormait paisiblement sur un hamac. Pour un révolutionnaire, trouver logis dans cette ville était chose aisée. Il venait d'être baptisé, mais son initiation était loin d'être fini.


« Bonjour mes frères. »

L'aube venait à peine de faire son baroud d'honneur, qu'il se présenta au rendez-vous. Au-revoir le sanctuaire et les étendards, l'ambiance était bien plus informelle. Cette ville avait grandi sur des ruines, ainsi la promiscuité des constructions offraient moult planques et routes insolites pour les Assassins. Non loin d'une haute tour, dans une pièce ayant pour seule porte une fenêtre, l'initié rencontra ses aînés. Un Assassino l'attendait déjà, assis en face d'un bureau. Il était seul, apparemment, mais se fier à ses sens n'étaient pas la meilleure chose à faire dans ce milieu. Il revêtait une veste verdâtre, comme à son habitude, sauf qu'une capuche portant le sceau de la confrérie masquait son visage.
On l’avait convié ici dans le but de l'instruire, aussi n'était-il pas désarmé. Comme à son habitude, il portait un pistolet sur ses hanches, et un fusil à lunette démonté dans son sac à dos.  Son art différait radicalement des méthodes habituelles de cette funeste association, mais hier il leur avait dédié son cœur, aujourd’hui, il devra façonner son corps.



Dernière édition par Vindicare le Mar 8 Mar 2016 - 20:40, édité 1 fois
    « Tu comprendras qu’il est important que ton corps soit façonné à l’instar de celui de tes frères. » lâcha l’Assassino de bleu vêtu.

    Sur le bureau trônait quelques papiers sans importance immédiate. Des primes, des papiers codés : l’attirail du parfait assassin. Il ne fallait pas croire que la Confrérie agissait au jugé uniquement. Tout n’était qu’un long travail d’investigation et d’archivage. C’était l’envers du décor, où les assassins se retrouvaient aussi à écrire leurs propres mémoires, tenir à jour leur propre histoire. Le point bancal des autres organismes résidait en la séparation terrain et administration. Ici, c’était différent. On leur demandait à tous la même loyauté sans faille et on ne pouvait séparer l’esprit du corps. Evidemment, si un homme tombait en mission, il emportait avec lui ses secrets sans les révéler à ses ennemis. C’était un risque rendu minimal par la dogmatisation des assassins.

    « L’intérêt de notre habit, c’est de flouer nos ennemis. Qu’ils ne sachent jamais combien nous sommes. Devenir un symbole et d’outrepasser le simple statut d’homme. La duperie et la mise en scène sont des armes puissantes. Ainsi te faudra-t-il apprendre à te déplacer comme nous, parler comme nous, mon frère. Mais je gage que ce ne sera pas très compliqué pour toi … » ricana Rada, fidèle à son sobriquet.

    L’homme était sincère, droit et juste. Un assassin, certes, mais il était certainement un des plus inflexibles concernant leur mission. C’était avec lui que Rafaelo avait fondé la première guilde. Si l’idée était issue d’Il Assassino, cela n’aurait jamais été possible sans l’assurance et l’expérience de Rada. Ce dernier était un ami de la famille Auditore et avait autrefois œuvré aux côtés du père du jeune assassin, en temps que révolutionnaire. Ainsi les deux hommes s’étaient facilement retrouvés. Ne possédant pas la sagesse de Rada, Rafaelo avait préféré poursuivre son chemin en quête d’hommes et de justice. Après tout, son talent était le meurtre et son endoctrinement était tel qu’il lui était dur de rester dans l’ombre. Ainsi Rada en avait fait un symbole plus qu’autre chose. Ainsi, même les assassins colportaient la légende d’Il Assassino.

    « Quand on parle du loup … » lâcha l’assassin en bleu, une fraction de seconde avant que l’on ne toque à la porte.

    Visage découvert, Rafaelo passa le pas de la porte et salua Vindicare avec une joie non feinte. C’était toujours un plaisir d’accueillir un nouveau frère et à chaque fois, cela le gonflait d’espoir. Il était encore possédé par l’engouement de la jeunesse et possédait la morgue propre à tout jeune prodige. Il était pareil à ces athlètes entraînés depuis leurs premiers pas, mais lui s’était fait de sa formation une véritable vocation. L’assassin salua son confrère de la même manière. On voyait à ses traits tirés qu’il n’avait que peu dormi, mais il exsudait une impatience puérile de lui. Ils n’étaient plus dans le cérémoniel, le masque était tombé. Ou peut-être était-ce le fait de se trouver en compagnie de Rada qui le renvoyait à son statut de jeune adulte. L’homme était un père de substitution pour lui, et bien qu’en dessous hiérarchiquement, Il Assassino ne cachait pas son respect pour lui.

    « Alors, Vindicare, prêt pour ta première journée ? » lui fit Rafael, lui lançant un bracelet qui pendait à sa ceinture.

    « Ton arme de prédilection, tu vas venir t’entraîner avec moi. Rada pense qu’on a autant à nous apprendre tous les deux. Hé hé. Ça doit te faire bizarre une fois les drapeaux et les soieries tombées. Mais nous sommes avant tout des frères ici. Si nous avons une hiérarchie, elle n’est pas aussi formelle que nos ennemis pourraient le penser. » poursuivit-il, lui faisant signe de passer la porte.

    Pas formelle, mais néanmoins établie et respectée. Il était plus facile de considérer ses subalternes comme des frères lorsqu’on était au sommet de la hiérarchie. L’assassin emboîta rapidement le pas à son nouveau frère, ne pouvant visiblement pas tenir en place. Rada le rappela d’un geste. Rafaelo fit signe à Vindicare de l’attendre quelques secondes dehors.

    « Tu penses vraiment pouvoir en faire un Assassino ? » lâcha Rada, en fronçant les sourcils.

    « J’en suis persuadé : il a failli m’avoir. » répliqua Il Assassino, redevenu sérieux.

    « Fais attention, Raf’, ne pêche pas par excès de confiance. » le mit en garde Vérité, avec un sourire amusé.

    Si l’homme n’avait jamais eu d’enfants, c’était peut-être ce qu’il voyait en Rafaelo. Celui-ci acquiesça puis rejoint son nouveau frère et les deux descendirent les escaliers pour se rendre dans les quartiers d’entraînement des assassins. Ils avaient toujours quelques planques fixes dans les villes les plus grandes des différents royaumes. Cela leur permettait de se réunir de temps à autres pour les opérations de grande envergure. Le reste du temps, ils stockaient leur matériel et une partie de leurs effectifs là. Evidemment, ils prenaient garde à ne pas rester là trop longtemps. On ne savait jamais.

    « Bon. Par quoi tu préfères commencer ? Hm. On va d’abord voir ton niveau. » fit Rafaelo, indiquant un espace dégagé où s’entraînaient régulièrement les assassins.

    Il ôta ses protections et ne conserva que sa tunique puis se mit en face de son nouveau frère. Quelques têtes se tournèrent vers eux. Visiblement, c’était rare de voir Il Assassino s’occuper directement d’une recrue toute fraîche …
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    Cet homme l’impressionnait, il ne pouvait le nier. Pourtant, il le connaissait à peine. Ce n'était pas simplement son aura, et son autorité naturelle qui l'impressionnait...non, il y avait autre chose. En fait, si Vindicare devait se projeter dans l'avenir, il aimerait lui ressembler. Voila, il reconnaissait en Vérité un idéal. D'ailleurs, n'osant dire un mot, il buvait ses paroles, et se contentait d’acquiescer.
    Un autre invité de marque fit son apparition. Plus jeune, plus humain, sans sa glaciale aura, Il Assassino renouait avec la vingtaine. La fougue, l'enthousiasme, ces qualités propres à son age le transfiguraient, montrant l'humanité cachée sous la lame. Répondant d'une inclination au salut, le nouveau venu dans la confrérie avait un peu plus de mal à se laisser aller. Il faisait tout son possible, et pourtant ces gestes portaient la marque du respect, et de la déférence due à ses supérieurs. Qu'importe, il aura le temps de briser la glace.

    Très bien, les choses sérieuses pouvaient commencer. Alors que son mentor du jour enlevait ses protections, Vindicare lui se contentait de frotter son nouveau jouet. Il lui faudra un peu de temps pour s'habituer à cet étrange bracelet, même si, avouons le, l'accessoire ne manquait pas de style. S'éloignant pour un temps de son "adversaire", il s'approcha d'une poutre, se délestant à son tour de son matériel. Son sac, son fusil de poing, et même la ceinture de munitions qu'il portait à sa taille. Il n'avait aucune protection sous sa veste, mais ôter ses armes était pour lui comme ôter son armure. Il se sentait vulnérable, et sans doute aurait-il préféré commencer par une autre discipline que le corps à corps.


    "Très bien, commençons."

    Le public était en place, face à face, les frères se jaugeaient. Si les armes à feux étaient sa voie, il savait tout de même user de ses poings. Le pied droit vers l'avant, les poings hauts, afin de protéger son visage, il avançait lentement. Non, il ne sautillait pas, son rythme serait alors bien trop prévisible. Il glissait sur le sol, arrivant finalement à portée de frappe. Malgré la sympathie qu'il éprouvait envers l'assassin, son visage n'affichait aucun sourire, après tout, face à un combattant de ce niveau, il ne pouvait se permettre de demi-mesure.
    Léger pivot de son pied droit, sa jambe gauche vola vers son partenaire. Les hostilités commencèrent. Enchaînant tout de suite avec ses poings, Vindicare donnait le meilleur de lui même, essayant au mieux de réduire le temps de latence entre chaque assaut. Il privilégiait ses bras à ses jambes, usant de ses appuis pour varier son angle d'attaque. Coups droits, crochets, uppercuts, sa boxe était un déluge acharné, son but étant évidemment d'interdire toute riposte à son adversaire. Certes, son souffle se faisait de plus en plus court, mais il ne pouvait se permettre d'arrêter, n'ayant aucun doute sur le fait que cet homme profiterait de la plus infime erreur.

    En tant normal, il aurait fait preuve d'un peu plus de finesse, mais également d'un peu moins d'honnêteté. Le sable présent sur le sol aurait pu lui servir de projectile, de même, il aurait pu lancer sa veste, ou trouver quelques subterfuges pour prendre l'avantage. Seulement, il avait vraiment envie de s'améliorer, aussi s'offrit-il pleinement à l'exercice, laissant la malice à une autre occasion. C'était honorable de sa part, et d'ailleurs, le public avait accueilli de nouveaux regards, si bien que presque tous ceux ici présents regardaient l'affrontement. Son style était peut-être maladroit, mais Vindicare ne manquait pas de hargne. C'était déjà ça.

      Les coups pleuvaient. Tour à tour, l’assassin repoussait, bloquait ou esquivait simplement. Bien souvent, les attaques de son adversaire n’étaient pas assez appuyées, juste de quoi l’empêcher de riposter. Un sourire se fit sur les traits de Rafaelo au fur et à mesure qu’il comprenait où Vindicare voulait en venir. Il empêchait l’assassin de s’approcher trop près de lui pour le frapper. Cependant, à ce rythme, le tireur allait s’épuiser trop rapidement. Ainsi il se contenta de lui laisser ce léger avantage, le faisant suivre ses pas au travers de la petite arène improvisée. Plusieurs adeptes s’étaient déjà rassemblés là, dans un silence respectueux, pour voir les deux hommes s’affronter. On sentait une certaine tension dans l’assemblée. La plupart d’entre eux comprenait pourquoi la nouvelle recrue avait bénéficié d’un traitement si particulier dans la montée en grade : sa vitesse et sa force étaient de loin supérieure à celle des recrues habituelles. L’assassin esquiva une dernière attaque puis se déplaça au milieu de l’arène en quelques pas, toujours face à son adversaire.

      « Je dois dire que tu ne manques pas d’énergie. Mais tu te disperses trop … » le railla-t-il, changeant de garde.

      Des poings levés, il passa à une étrange posture. Son poing gauche au niveau de son épaule droite et son poing droit au niveau de son flanc gauche. Il se mit de biais, reculant d’un bond pour esquiver une nouvelle série de coups.

      « Les assassins se battent autrement. » lui fit-il, parant un coup de son bras droit.

      Ce faisant l’assassin fit glisser son bras sous celui de Vindicare et le repoussa contre un mur de son coude. Il se passa une main dans les cheveux, un sourire amusé sur les traits.

      « Rapide. Minimaliste. Lorsque nous tuons, ce n’est souvent que le début : il nous faut garder des forces pour fuir, pour se dissimuler. Garde toujours ça en tête. » poursuivit l’assassin, sans se remettre en garde

      Il lui fit signe d’approcher d’un signe de la main. Rafaelo resta droit comme un i, sans même lever les mains pour se protéger des assauts de Vindicare. Certains dans l’assemblée lâchèrent un éclat de rire. Ils savaient ce que l’assassin avait derrière la tête. Lorsqu’on le targuait de génie, ce n’était pas forcément exagéré. À partir du moment où l’assassin affrontait quelqu’un, il lui suffisait de peu de temps pour mémoriser ses gestes et ses failles puis trouver un point faible. Un talent de naissance, une mémoire photographique absolue. Lorsque son adversaire passa de nouveau à l’attaque, l’assassin esquiva le premier coup en se penchant en arrière. Il bloqua le second en le repoussant de sa main droite puis il lança sa jambe droite à l’assaut du crâne de son adversaire. Le coup partit dans le vide mais la jambe gauche de Rafaelo se referma sur la nuque de Vindicare. Tournant autour de l’axe qu’il s’était ainsi créé, l’assassin parvint à amener son adversaire au sol. Dans le même geste, il s’empara de son bras et lui atterrit lourdement dessus. Ainsi positionné, il enserrait son cou de ses jambes et lui administrait une clef de bras douloureuse.

      Rafaelo serra jusqu’à ce que son adversaire demande grâce. L’assassin le libéra puis se releva d’une roulade. Il s’essuya la bouche du dos de la main et cracha à terre un mélange de salive et de sang. Un silence respectueux s’était fait, ce genre de chose n’arrivait, visiblement, que peu souvent. Il tendit son autre main à Vindicare et l’aida à se relever. Les deux hommes étaient essoufflés et couverts de sueur, cela avait dû durer plus qu’ils ne le pensaient l’un et l’autre.

      « À croire que je ne suis pas aussi rapide que je le pensais … » le gourmanda-t-il, s’emparant d’un torchon qui traînait pour s’essuyer le visage.

      « On remet ça ou tu préfères faire une pause ? » le railla-t-il, sachant pertinemment que les assauts de Vindicare avaient dû le fatiguer bien plus que lui.
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      Dire qu'il avait le temps de parler! Vindicare s'acharnait à maintenir son rythme, et alors qu'il ne pouvait même plus s'assurer une respiration décente, l'autre contait fleurette. Si au départ la différence entre les deux semblaient moindre, elle dévoila soudain son ampleur. Chaque fois que ses poings effleuraient la chair humaine, celle-ci s'esquivait, s'effaçait... Il combattait un véritable fantôme. Le gouffre qui les séparait ne serait pas si aisément comblé.
      Une pause...enfin, dommage qu'elle provienne de la réaction dos-mur. S'abandonnant à ce support de fortune, notre fougueux trentenaire tenta de se reprendre. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas ainsi laisser aller. Calculer, attendre, préméditer, son art demandait patience et contrôle de soi. Il savait comment tuer un homme, mais là il s'agissait d'autre chose. L'intellect n'avait pas sa place ici ; après tout, il ne recherchait même pas la victoire. En parfaite brebis suivant le berger, Vindicare donnait le meilleur de lui même, se livrant tout entier à cette escarmouche. Il combattait avec sa chair. Il combattait avec ses os. Il combattait avec son cœur.

      Il passa bien une vingtaine de seconde appuyé contre ce mur, fixant, tout ce temps, son adversaire. Aucune offensive. Après tout, ce n'était pas un combat... juste un vieux fou tentant de déplacer une montagne. Pourtant, la dite montagne changea de posture, Il Assassino passait à l'attaque?


      "Si je voulais te tuer, penses-tu sincèrement que j'aurais parié sur mes poings?"

      Un sourire s'empara de ses traits, et alors qu'un regard embrasé défia son interlocuteur, Vindicare quitta son appui. Le berger appela sa brebis, celle-ci s'empressait de répondre. Oubliant sa garde, il bondit vers sa cible. Un magnifique coup de pied sauter termina dans le vide, il n'en avait cure, car déjà d'autres coups arrivaient. Évidemment, c'était peine perdu, et alors qu'il continuait dans la même voie, notre challenger vit enfin le bout du tunnel. Il eut suffisamment de lucidité pour se plier en deux, esquivant de justesse une jambe comminatoire... Dommage, une autre la rejoint aussitôt, et à l'instar de leur première rencontre, il se retrouva au sol, sans trop comprendre le pourquoi du comment.

      "AHHHHHHHHHHHHHH!"

      Désolé, même les plus braves avaient des moments de faiblesses, et franchement, entre souffrir inutilement et garder son bras, il ne se fit pas prier. Saisissant la main offerte, le vaincu se releva. S'il n'avait que quelques égratignures, son corps n'était pas prêt pour un deuxième tour. Son épaule protestait encore contre les torsions anormales infligées par la clef, et d'ailleurs, il ne put même pas répondre à l'invitation, se contentant d'un signe de main pour formuler son vœu de paix. Ils passèrent donc une minute en silence, laissant aux curieux le soin de retourner à leurs activités, et à Vindicare le temps de se poser sur un banc.

      "Désolé, je me suis un peu laissé aller... Mais se fut un plaisir! Tout en disant cela, il tendit sa main à l'Assassino. Ceci dit, jusqu'à maintenant, tu m'as fait visité ton univers, j'aimerais te montrer le mien."

      Se relevant, le tireur alla quérir ses armes, se rendant au centre du lieu d'entrainement. Il attendit son frère, et prit le temps de contempler l'endroit. Tache facile, vu la beauté du spectacle. On ne distinguait ni le rang, ni la force, ni même l'age des hommes ici présents. Les seules choses qui sautaient aux yeux étaient leur assiduité, leur concentration, et leur détermination. Vindicare posa son sac et commença à assembler son arme. Chacun de ses gestes étaient emplis de douceur, car le même respect que ces hommes avaient pour les lames assassines, il l'avait pour cette arme.

      "C'est un honneur de marcher à tes cotés... mon frère. Un sourire, un regard, de quoi montrer sa sincérité. Cependant, contrairement à eux, je ne pourrai pas marcher dans tes pas."

      Nourrissant ces propos d'exemples, il montra d'un revers de main l'entrainement des braves. Lancer de couteaux, épées longues ou simples dagues, escrime, pugilat... À n'en point douter, ces arts empreints de noblesse sciaient bien au prodige, icone et maître de cette Confrérie. Seulement Vindicare n'était pas un héros. Il n'était pas l'ombre bienveillante du peuple. Non... plus lâche, ou peut-être moins indulgent, il préférait le feu et la poudre. Moins élégante, mais tout aussi subtile, sa méthode n'inspirait ni lyrisme ni aucun sens épique.
      Ayant fini d'assembler ce magnifique fusil à lunette, il le plaça sur son flanc gauche, usant ainsi de son corps, en plus de ses deux mains, comme support. Noir sans être luisant, le métal composant cette arme n'avait rien de particulier. Aucune fioriture, aucun extra, ce n'était pas une œuvre d'art... juste une arme, très bien conçue d'ailleurs.


      "Justice, quelle est ma cible?"


      Dernière édition par Vindicare le Mar 8 Mar 2016 - 20:47, édité 1 fois
        Fier de lui l’assassin offrit une étole à Vindicare pour s’essuyer puis ils revêtirent leurs effets personnels. Ils en vinrent irrémédiablement au point évoqué par Vérité quant au fait qu’ils pourraient tous les deux s’apprendre beaucoup de choses. Il observa l’arme à feu avec une réticence évidente. Pour lui, ces armes étaient tout sauf discrètes, appropriées. Il possédait bien évidemment ses propres mousquets mais ils n’étaient là qu’en temps qu’outil du dernier espoir. Cependant, l’allure de cette arme-là était inconnue. Longue et certainement puissante. Cela ressemblait aux armes de précision utilisées par la marine, mais celle-ci apparaissait un peu plus … personnelle. Rien qu’à voir la façon dont Vindicare la traitait en révélait assez sur l’importance de l’arme à l’assassin. Il devait cependant reconnaître que manier une telle arme ne lui serait pas facile. Dans le même état d’esprit, il préférait voir ses ennemis mourir sous sa main afin d’entendre leurs dernières paroles. Mais face à un notable entouré de molosses …

        « Une cible ? Allons bon. Si tu es aussi sûr de toi, je gage que tu sais te débrouiller. » fit l’assassin, malicieux.

        Evidemment, il savait que Vindicare était un tireur hors pair, mais hors pair ne suffisait pas. Il voulait le mettre à l’épreuve dans son art et lui choisir une cible à hauteur de ses talents préposés. Vérité lui avait confié qu’il pouvait aligner une mouche à trente mètres. Et bien, qu’en serait-il à cinquante ? Hé hé … L’assassin chercha des yeux de quoi satisfaire son jeu. Il leva la tête, cherchant un point remarquable. L’endroit était souterrain, mais cela ne l’empêcherait pas de le mettre à l’épreuve. Un sourire s’étendit sur ses traits.

        « Tu vois ce poinçon ? » fit-il en montrant une teinture qui pendait contre un mur, représentant le symbole de l’ordre à l’autre bout de la pièce qui était déjà grande.

        Le poinçon était à peine visible.

        « Essaie de faire tomber la tenture sans couper le fil, juste en enfonçant le clou un peu plus dans le mur … » fit-il, avec un sourire amusé.

        Pour cela, il lui faudrait tirer non seulement avec une précision hors pair mais aussi gérer l’inclinaison de la balle pour frapper suffisamment fort pour pousser encore plus loin la tige métallique, sans la replier ou la faire céder. Bon, en extérieur il y aurait eu plus de choix, mais c’était là un défi qui n’était pas à la hauteur de n’importe qui. C’était peut-être de l’étalage vis-à-vis des autres spectateurs, mais ainsi se jaugeaient-ils. Forts de ce que Vindicare leur avait exposé durant l’épreuve précédente, une petite partie des assassins s’étaient arrêtés pour les regarder. La majorité en silence, mais certains pariant sur le fait qu’il y arriverait ou n’y arriverait pas. Une fois la capuche tombée, ils redevenaient des hommes après tout. La magie n’opérait qu’avec le masque et la ferveur dont il faisait preuve durant leurs missions.
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