Un grand jour s’il en était. Cela faisait pratiquement un mois jour pour jour depuis leur rencontre dans le Bagne de Tequila Wolf. Une intronisation n’était pas chose à prendre à la légère. Des drapés de la Confrérie pendaient aux colonnes de granit de l’antique pièce dans laquelle ils s’étaient réfugiés le temps d’une nuit. Trois braséros fumaient en son centre, diffusant lueur et senteurs cendrées. Quelques marches menaient au promontoire central où une vieille tapisserie faisait remonter les origines de l’ordre avant même sa création. L’héritage de Rafael était antérieur à son propre père, donc il tenait les armes et la conviction. Il avait créé la Confrérie en l’honneur de ses idéaux, et des siens propres. Ainsi se trouvaient là une vingtaine d’assassins, capuche baissée et bras croisés. Les soldats les plus téméraires de la Révolution, ceux qui allaient jusqu’à sacrifier leur identité au profit de la Cause. L’assassin vêtu de noir faisait office de mentor et se tenait au centre de l’assemblée. Un silence respectueux s’était fait, accueillant leur nouveau frère en leur sein. D’un geste, l’assassin lui fit signe de s’approcher depuis les tréfonds de la pièce. La Confrérie s’écarta, le laissant grimper les marches en pierre qui le mèneraient à son destin.
D’un geste, l’assassin jeta une poudre ocre dans les braises et les flammes se firent plus denses. La lumière se fit une place dans les ténèbres et révéla au sein du braséro une pince noire chauffée à rouge. Dans un bruissement ordonné, ses frères se tournèrent vers le centre de la pièce et placèrent leur poing gauche sur leur cœur. Sur leur gantelet apparaissait le même symbole que sur les draperies : le symbole de la Confrérie. Puis ceux qui était du côté de la nouvelle recrue lui firent face et s’écartèrent encore d’un pas pour lui ouvrir la voie. Guidé par ses frères. L’instant était solennel, cérémonieux à outrance. On ne prenait pas à la légère ce genre de chose parmi les assassins, et entrer dans la Confrérie signifiait aussi ne plus en sortir vivant.
« Laa shay'a waqi'un moutlaq bale kouloun moumkin. » prononça l'homme en noir, dans une langue que bien peu connaissaient en ces lieux.
« Toute la sagesse de notre crédo est contenue dans ces paroles. » reprit-il, enjoignant l’apprenti à s’agenouiller et faire preuve d’humilité devant ses frères réunis.
Derrière le maître assassin, trônait un autre homme à la tenue bleu foncée. Mangés par une barbe broussailleuse, ses traits étaient gravés dans le marbre. Il paraissait plus vieux que le Mentor et on lui attribuait le nom de « Vérité ». Le maître de la guilde de North Blue avait fait vœu de participer à l’intronisation de la nouvelle recrue. Il était là en place d’honneur, certainement le meilleur parmi ses frères. Il salua la recrue d’un signe de tête, il était une légende dans son milieu, tout autant qu’Il Assassino, qui portait d’ailleurs le surnom de « Justice » parmi ses frères. Il en était ainsi pour chacun des frères les plus gradés. L'assassin vêtu de noir se pencha alors pour saisir la pince chauffée dans le braséro, s'emparant du métal chaud sans sourciller.
« Nous agissons dans l'ombre pour éclairer le monde. Nous sommes des assassins. » continua-t-il, se retournant vers la recrue, lui faisant signe de se relever.
Il demanda au futur initié de lever sa main gauche et de tendre ses doigts vers lui. Lui, avait sacrifié son annulaire gauche pour la Cause, mais il ne demandait pas pareil sacrifice à tous ses frères. C’était le meilleur moyen de se faire repérer, après tout. Ainsi, en mémoire de ce sacrifice, il ne leur demandait que de se soumettre à l’épreuve du feu et de la douleur. Le bruissement de la chair brûlée se fit entendre, et une odeur âcre envahit la scène.
« Rien n'est vrai, tout est permis. » termina-t-il, d'une voix grave tandis que le futur initié portait sa main à son coeur, tel ceux qui étaient dorénavant ses pairs.
Mais l'intronisation des assassins ne s'arrêtait pas là. Après les sacrements, il fallait répéter le code et prouver sa foi. D'un geste, l'assassin en noir indiqua une porte dérobée, où le symbole de l'ordre était gravé. Derrière cette porte, des escaliers menaient au sommet du bâtiment, au plus haut clocher de la ville. Un endroit rêvé pour éprouver la loyauté et la confiance sans faille de cette nouvelle recrue, dont personne ne doutait. Aucun ne faillait à sa tâche, tant ils étaient éprouvés pendant leur apprentissage. Ensembles, ils gravirent les marches, les menant à l'épreuve finale. Rapidement, les assassins goutèrent l'air froid et humide de l’île, se frayant un chemin entre les poutres. L'assassin en noir s'arrêta à côté d'une corniche qui s'avançait dans le vide. Il fit signe à la nouvelle recrue de se placer là, au sommet du monde. Vérité vint se placer à côté d’eux, ne pouvant réprimer un petit sourire de satisfaction. La nouvelle recrue ferait partie de sa guilde, ainsi prenait-il la suite de l’intronisation en main.
« De combien de versets se compose notre vie quotidienne ? » demanda-t-il, les yeux fixés vers l'horizon.
La réponse était ‘trois’.
« Parmi eux, quel est le plus sacré ? » continua Vérité, son regard revenant vers son interlocuteur.
La réponse était ‘garde ta lame de la peau d’un innocent'.
« Comment devras-tu vivre ? » poursuivit l’Assassino.
La réponse était ‘cache-toi de la vue de tous, ne fais qu'un avec la foule’.
« Et le dernier, qui te préservera de la lame de tes frères ? » demanda Radà, libérant le passage entre la dernière étape de l'intronisation et l'assassin qui lui faisait à présent face.
La réponse était ‘ne compromets jamais la Confrérie’. Ne restait alors plus que l’épreuve du saut, qui représentait sa confiance infaillible en ses frères et son mentor. Plus bas trônait le fleuve, plus d'une vingtaine de mètres les séparant de lui. Il ne connaissait ni la profondeur, ni l'endroit où il serait en sécurité s'il sautait. Cet acte insensé ne reposait que sur une seule chose : la confiance totale, et absolue. Un véritable saut de foi, que ceux qui frayaient avec la cause ne pouvaient craindre. Un seul instant d'hésitation et ce serait la mort.
D’un geste, l’assassin jeta une poudre ocre dans les braises et les flammes se firent plus denses. La lumière se fit une place dans les ténèbres et révéla au sein du braséro une pince noire chauffée à rouge. Dans un bruissement ordonné, ses frères se tournèrent vers le centre de la pièce et placèrent leur poing gauche sur leur cœur. Sur leur gantelet apparaissait le même symbole que sur les draperies : le symbole de la Confrérie. Puis ceux qui était du côté de la nouvelle recrue lui firent face et s’écartèrent encore d’un pas pour lui ouvrir la voie. Guidé par ses frères. L’instant était solennel, cérémonieux à outrance. On ne prenait pas à la légère ce genre de chose parmi les assassins, et entrer dans la Confrérie signifiait aussi ne plus en sortir vivant.
« Laa shay'a waqi'un moutlaq bale kouloun moumkin. » prononça l'homme en noir, dans une langue que bien peu connaissaient en ces lieux.
« Toute la sagesse de notre crédo est contenue dans ces paroles. » reprit-il, enjoignant l’apprenti à s’agenouiller et faire preuve d’humilité devant ses frères réunis.
Derrière le maître assassin, trônait un autre homme à la tenue bleu foncée. Mangés par une barbe broussailleuse, ses traits étaient gravés dans le marbre. Il paraissait plus vieux que le Mentor et on lui attribuait le nom de « Vérité ». Le maître de la guilde de North Blue avait fait vœu de participer à l’intronisation de la nouvelle recrue. Il était là en place d’honneur, certainement le meilleur parmi ses frères. Il salua la recrue d’un signe de tête, il était une légende dans son milieu, tout autant qu’Il Assassino, qui portait d’ailleurs le surnom de « Justice » parmi ses frères. Il en était ainsi pour chacun des frères les plus gradés. L'assassin vêtu de noir se pencha alors pour saisir la pince chauffée dans le braséro, s'emparant du métal chaud sans sourciller.
« Nous agissons dans l'ombre pour éclairer le monde. Nous sommes des assassins. » continua-t-il, se retournant vers la recrue, lui faisant signe de se relever.
Il demanda au futur initié de lever sa main gauche et de tendre ses doigts vers lui. Lui, avait sacrifié son annulaire gauche pour la Cause, mais il ne demandait pas pareil sacrifice à tous ses frères. C’était le meilleur moyen de se faire repérer, après tout. Ainsi, en mémoire de ce sacrifice, il ne leur demandait que de se soumettre à l’épreuve du feu et de la douleur. Le bruissement de la chair brûlée se fit entendre, et une odeur âcre envahit la scène.
« Rien n'est vrai, tout est permis. » termina-t-il, d'une voix grave tandis que le futur initié portait sa main à son coeur, tel ceux qui étaient dorénavant ses pairs.
Mais l'intronisation des assassins ne s'arrêtait pas là. Après les sacrements, il fallait répéter le code et prouver sa foi. D'un geste, l'assassin en noir indiqua une porte dérobée, où le symbole de l'ordre était gravé. Derrière cette porte, des escaliers menaient au sommet du bâtiment, au plus haut clocher de la ville. Un endroit rêvé pour éprouver la loyauté et la confiance sans faille de cette nouvelle recrue, dont personne ne doutait. Aucun ne faillait à sa tâche, tant ils étaient éprouvés pendant leur apprentissage. Ensembles, ils gravirent les marches, les menant à l'épreuve finale. Rapidement, les assassins goutèrent l'air froid et humide de l’île, se frayant un chemin entre les poutres. L'assassin en noir s'arrêta à côté d'une corniche qui s'avançait dans le vide. Il fit signe à la nouvelle recrue de se placer là, au sommet du monde. Vérité vint se placer à côté d’eux, ne pouvant réprimer un petit sourire de satisfaction. La nouvelle recrue ferait partie de sa guilde, ainsi prenait-il la suite de l’intronisation en main.
« De combien de versets se compose notre vie quotidienne ? » demanda-t-il, les yeux fixés vers l'horizon.
La réponse était ‘trois’.
« Parmi eux, quel est le plus sacré ? » continua Vérité, son regard revenant vers son interlocuteur.
La réponse était ‘garde ta lame de la peau d’un innocent'.
« Comment devras-tu vivre ? » poursuivit l’Assassino.
La réponse était ‘cache-toi de la vue de tous, ne fais qu'un avec la foule’.
« Et le dernier, qui te préservera de la lame de tes frères ? » demanda Radà, libérant le passage entre la dernière étape de l'intronisation et l'assassin qui lui faisait à présent face.
La réponse était ‘ne compromets jamais la Confrérie’. Ne restait alors plus que l’épreuve du saut, qui représentait sa confiance infaillible en ses frères et son mentor. Plus bas trônait le fleuve, plus d'une vingtaine de mètres les séparant de lui. Il ne connaissait ni la profondeur, ni l'endroit où il serait en sécurité s'il sautait. Cet acte insensé ne reposait que sur une seule chose : la confiance totale, et absolue. Un véritable saut de foi, que ceux qui frayaient avec la cause ne pouvaient craindre. Un seul instant d'hésitation et ce serait la mort.