Port de Norland. 23h00.
Un bateau se rapprochait lentement des côtes, à proximité du port, mais cependant en retrait. Il n'était guère recommandé pour des pirates d'accoster trop près de la civilisation. Rebelles certes, mais avec des limites ! Le but était pour eux de se reposer suite à une traversée mouvementée, suite à une petite tempête rafraîchissante mais stressante. Tout le monde s'était donné pour la franchir sans encombre, aucun dégât n'était à noter. Une certaine fatigue, tout au plus. Ainsi, avant de prendre le chemin qui les mènerait un beau jour sur Grand Line, ceux qui s'appelaient les Desperados voulaient profiter d'un peu de calme pour jeter l'ancre et se reposer.
Tandis que le soleil dardait ses rayons sur un type blanc aux cheveux blancs et manteau rouge qui avait trouvé le moyen de s'endormir sur le pont sans arriver jusqu'à son lit, les premiers éveillés firent un petit bilan de leur situation.
- Je crois qu'on a une fuite.
Une fuite ? Non, pas d'eau dans le navire, bien merci. Les Desperados avaient toujours eu à leur bord un charpentier, pas de quoi s'inquiéter. Par contre...
- Dans mes réserves, oui. J'étais sûre d'avoir pris plus de nourriture que ça.
De quand datait leur dernier ravitaillement ? Quelques jours, sur une autre île.
- La facture indiquait tout, mais je me suis faite avoir à la livraison.
Elinor, la cuistot, avait demandé à un homme subjugué par ses charmes incontestables de lui faire parvenir au bateau une liste très complète de victuailles nécessaires à la navigation en mer pendant plusieurs jours. Finalement, la tempête s'était montrée plutôt bénéfique, car elle avait obligé la jeune femme à faire le tour du propriétaire et constatée que pour une pirate, elle avait encore à faire des progrès. Surtout en matière de naïveté, puisqu'elle s'était faite arnaquée en beauté par l'outrecuidant commerçant roublard et malhonnête. Bien sûr, elle aurait dû vérifier le paquet lors de la livraison, mais l'enthousiasme du départ lui avait ôté toute prudence. A part jurer, insulter, et soupirer, elle ne pouvait rien faire d'autre d'utile, et se résigna à partir en ville pour rattraper son erreur. Elle se dirigea hors de sa cuisine, attrapa par le col le premier membre d'équipage qui lui tombait sous la main (de préférence avec des muscles pour porter les paquets, et avec l'air revêche pour effrayer les empêcheurs de tomber en rond). Et ce fut ainsi qu'Axel fut désigné volontaire.
Luvneelgraad. 10h00
Il leur fallut un peu de marche pour atteindre Luvneelgraad, mais c'était là-bas que se trouvaient le quartier commerçant de cette île enjouée et semblant connaitre une éternelle ambiance festive. Outre les couleurs les plus éclatantes explosant aux yeux des visiteurs (tentures, étalages, fleurs, vêtements des passants), les rues étaient emplies de musiques variées, mais toujours joyeuses. Un instant Elinor prit la main d'Axel et se mit à danser avec lui, jusqu'à ce qu'elle comprit qu'il n'était pas doué pour la chose et abandonna l'idée. On ne peut pas être doué pour tout.
Après avoir trainé, la jeune femme distingua enfin l'échoppe qui lui convenait. Son expérience en cuisine l'avait mené sur les différents terrains du métier, y compris le choix d'un fournisseur. D'accord, elle s'était faite avoir la dernière fois, mais sur la livraison, pas sur la qualité des produits. Et là dessus, elle se trompait rarement. Elle examina donc l'ensemble de chaque vitrine, scruté les moindres détails, chassé les plus petites anomalies. Elle se doutait que ce n'était pas une activité passionnante pour un non-initié mais elle avait besoin de bras.
Elle commença à accumuler dans le panier du vendeur de qualité les ingrédients nécessaires à la popote quotidienne. Elinor était intransigeante. Elle voulait que les membres de l'équipage soient satisfaits, et pour cela, elle resterait ici des heures s'il le fallait.
- Fais pas cette tête, Axel, c'est pour la bonne cause.
Quand elle eut enfin fini, elle posa (Axel posa, pardon) le panier (le chariot) devant le commerçant qui se mit à faire les comptes. La note s'allongeait au fur et à mesure et le prix tomba. Parfait, le devis lui convenait, à la jeune fille, c'était dans les cordes des Desperados.
A condition d'avoir pensé à prendre de l'argent en quittant le Marvel... La cuistot se pencha vers son ami charpentier, et lui demanda s'il avait commis la même bourde, ou si par bonheur il avait pensé à prendre quelque chose avec lui.
Dernière édition par Elinor Lafayette le Lun 16 Juin 2014 - 8:04, édité 1 fois