Évidement, elle qui ne voulait pas lui parler, était déjà dans le vapeur à voile. C'était chouette, confortable, et la petite en oubliait presque le fait qu'elle ne devait pas suivre les gens, et parler à des inconnus... Mais ça, c'était avant qu'elle ait son escargophone. Kurumu était satisfaite des explications faite par Malégor, et comptait bien avoir le même objet pour chez elle. Au moins se serait la première personne à avoir un vapeur sur Ptyx, et surement la seconde dans le monde entier. La môme était toute excitée à l'idée de partir, et de quitter les quatre statues pour rechercher un stand de barbe à papa. Elle se posait pleins de questions comme par exemple les sensations que ça produisaient, si ça allait vite, le fonctionnement, et surtout si c'était sécurisé. Le vapeur démarrait enfin. Bon, Kurumu l'avait un peu pressé et avait dû lui demander une dizaine de fois que c'était quand qu'ils partaient. Il fallait la comprendre, la faim se faisait grandissante.
Elle renifla rapidement et senti une odeur de sucré. Kurumu en avait l'eau à la bouche et voulait se dépêcher de trouver de quoi manger. Le vapeur se déplaçait. Comment exprimer le ressentit de la petite... Elle trouvait ça génial. Bon ça n'allait pas très vite, et était un peu déçut. Elle ne s'attendait pas à une vitesse extraordinaire, mais pas non plus à aller aussi vite qu'une tortue. Mais cela lui laissa le temps d'appeler son papa pour lui donner des nouvelles. L'escargophone était un peu trop grand pour qu'il tienne dans sa main, et donc, elle posa sur ses genoux. Évidemment, son père ne lui avait pas dit comment ça fonctionnait, mais se débrouilla seule.
-"Papa ?"
-"Oui, ma fille ? As tu un problème ?" répondit-il d'un air serain.
-"Je t'aime hihihi. Mais ça va bien. Je vais pas tout te dire, je garde pour mon retour à la maison d'accord ?"
-"Moi aussi, mais si tu y tiens tant, alors je n'y vois pas d'objections."
Puis elle raccrocha. Étonnant soit-il, ni Malégor et ni Kurumu avaient essayé de faire la conversation. En même temps, un ado qui tournait aux environs de la vingtaine ne s'intéressait pas forcément à une fillette de douze ans, et vice-versa.
Au moment où Malégor freina à la dernière minute, Kurumu ne put lui faire remarquer de faire plus attention, et qu'elle n'avait pas envie d'aller à l'hôpital à cause de ses bêtises, mais, car il y avait un mais, c'était amusant.
« Petite, accroche-toi bien à tes jupes, ça va voler ! »
-"Quoi ?"
Kurumu ne comprit pas ça phrase, et regarda son bas. Elle avait bien un jupe violette, mais pas plusieurs jupes. Quand il mit la gomme, la gamine ne put s'empêcher de crier, et comprit la signification de sa phrase. Elle voulait de la vitesse, mais là, c'était trop rapide. A plusieurs reprises, elle cru perdre son argent et l'escargophone, en plus de ça, elle avait les cheveux qui volaient dans le vent, et qui cachait sa vue. Cette partie du voyage était l'anarchie, heureusement que Malégor savait ce qu'il faisait... Enfin, elle l'espérait.
Finalement après avoir traversé une bonne partie de la ville, le chauffeur du vapeur s'arrêta sous les indications de Kurumu. Elle avait senti l'odeur de la barbe à papa. Maintenant, il ne fallait plus que la suivre, et elle pourra enfin se remplir la panse. Avant de partir, elle tenait à payer Malégor pour le service rendu. De ce fait, elle ouvrit sa petite bourse remplit de billets de cinq mille berrys.
-"Monsieur, tenez. C'est pour le voyage. Par contre je sais pas trop combien ça coûte..."
Et de un, deux, trois, ..., sept, huit, neuf, dix. Dix billets se retrouvèrent dans les mains du chauffeur. Elle ne savait pas si c'était suffisant ou non, mais Malégor avait dans les mains près de cinquante mille berrys.
-"Euh... Il faudrait aussi rester dans les parages, car je sais pas où je suis. Et je sais pas comment retourner sur les quais."
Sur ces mots, elle chercha du regard le fameux stand. La tour de Domino Island n'était plus visible. Aux alentours de la petite, des immeubles de deux étages pas plus, mais surtout beaucoup de parcs, et d'endroits de détente. Au milieu à côté de la fontaine avec une statuette de sirène tenant un arc, le vendeur de barbe à papa. Kurumu se hâta, et se faufila entre les habitants, et arriva devant.
-"Bonjour, je voudrais une taille ultra-giga-XXL si il vous plaît."
-"Si tu as lu le panneau, c'est petite, moyenne, grande. Mais tu peux prendre plusieurs grandes si tu veux."
Elle hésita puis lui dit qu'elle s'en prendra deux grandes alors. En attendant, elle s'assit sur un banc, en regardant son escargophone. Les minutes passaient et le vendeur ne l'avait toujours pas appelé. C'était vrai qu'il y avait un peu de monde, mais de là à la faire attendre si longtemps, c'est à dire cinq minutes, l'embêtait.
Finalement vint son tour. Elle ouvrit sa bourse et tendit quatre à cinq billets, en lui disant qu'il pouvait tout garder. Le marchand était étonné et remercia la petite de sa générosité. Voulu ou non, les billets étaient collés entre eux, et la fillette ne voulait pas se prendre la tête. Elle voulait seulement les barbes à papa. Chacune d'elle était dans une main, et pour manger, Kurumu n'avait le choix : elle devait mettre son visage dans la nourriture. A chacune des bouchées, elle émettait un petit "Mhmm", ou un "miam".
Kurumu prenait son temps pour déguster ses deux sucreries, qu'elle raffolait par dessus tout. Mais elle ne savait pas que quelque chose se tramait derrière son dos. La ville était accueillante, joyeuse, et assez peuplée. A l'endroit où elle était, il y avait quelques mômes avec leur parents mais sans plus. Elle était surement en périphérie de la ville. En attendant Malégor, elle se promenait dans la petite ville. L'ambiance devenait de plus en sordide, la gamine avait l'impression d'être suivie, mais quand elle se retournait, il n'y avait personnes. Évidement, si il y avait des individus qui la suivait, ils se cachaient forcément entre les immeubles, ou même derrière des arbres. Kurumu en avait des sueurs froides, mais ne pouvait pas s'empêcher de penser que ces soit disant personnes ne s'en prendrais pas à elle en pleine ville.
La faute à pas de chance ou non, trois personnes se pointèrent et attrapèrent la petite afin de l'emmener dans une ruelle. Un qui lui mit la main devant la bouche, et qui la porta. Les deux autres faisaient une sorte de blocus pour cacher l'enlèvement. Mais à priori les parents étaient plus occupés à surveiller leurs enfants que les mômes du voisin.
-"Alors comme ça on est fille à papa ?"dit le premier
-"Laissez moi ! Sinon je l'appelle et il va venir et il..."
Le second lui déroba son escargophone et lui mit une petite claque humiliante derrière la tête.
-"Et tu vas l'avertir avec quoi ?"
-"C'est une honte de s'en prendre à petite fille. Rendez moi ça ! C'est à moi d'abord !"
Il lui mit une seconde claque humiliante et lui arracha sa bourse avec l'argent. Kurumu avait envie de pleurer mais tout n'était pas perdu. Le troisième avant de s'en aller lui adressa quelque mots :
-"Si tu veux retrouver notre trace, tu n'as qu'à retrouver les Ghouls, qui sont reconnus par ce tatouage. Après tu n'auras qu'à te débrouiller."
-"Pourquoi tu lui as dit ça imbécile ?"
-"Bah pourquoi pas ? C'est qu'une gamine, faut bien qu'elle ait des chances de nous retrouver."
Et ils disparurent. La seule solution pour Kurumu était de les retrouver. Pourtant le trio devait avoir entre seize et dix huit ans... Cette jeunesse avec un tatouage d'un scorpion dans un coeur... La petite devait trouver de l'aide. Les racailles de Domino Island lui avaient pris son escargophone, et sa seule aide possible était Malégor. Elle demanda à chaque passant si ils avaient vu le chauffeur du vapeur, ou même le vapeur partir dans une quelconque direction. Les réponses négatives s'enchaînaient jusqu'à ce qu'une femme lui dise qu'il était allé dans le bar au bout de la rue. Kurumu se hâta et se faufila entre les gens. Plus vite elle le trouverait, plus vite elle pourra récupérer ses biens.
La môme entra en trombe, et chercha du regard Malégor qu'elle trouva sur le comptoir le verre à la main. Elle se mit à ses côtés, toute paniquée, et lui dit en le secouant :
-"Monsieur, monsieur. Il faut que vous m'aidez. Des gens m'ont tout prix. J'ai besoin de vous siouplait. Je peux payer. On doit les trouver avant qu'il dépense tout, et que je reste coincée sur cette île. Alors vous acceptez ?" disait elle les larmes aux yeux, au bord du pleurnichement.