Inari la nuit. Son odeur d'encens omniprésente qui tente de cacher les odeurs plus sordides dégagés par la promiscuité grouillante des milliers de pèlerins qui se pressent ici toute la journée. Son pavé doré en mémoire de la légendaire route de brique d'or qui cède à la boue collante et sale dés qu'on sort de l'ombre du Boru Bodur. Son saint rocher flottant qui même la nuit réussit à occulter la Lune et maintient sous sa coupe menaçante les pauvres mortels dans l'ombre du divin. Et enfin sa horde infernale de camelots, vendeurs ambulants, mages et charlatans qui, quel que soit l'heure et le lieu harcèlent les promeneurs les plus louches comme une horde de hyènes collant aux basques d'un jeune buffle blessé.
Hep m'sieur ? Amulettes ?
Hein ?
Amulettes, gri gri, porte bonheur, colliers de protections, symbole religieux ! J'ai tout ce qu'il vous faut m'sieur, et pas cher !
Je veux rien et j’achète pas.
Ah, mauvaise humeur... Voila ce qu'il vous manque ! Une effigie de Jorus le Jovial, patron des bienheureux. Cinq mille berrys à peine, et je ne la brade que parce que je sens que vous n'avez pas envie de négocier. Pourtant croyez bien qu'a ce prix la, j'aurais aussi vite fait de me trancher la gorge !
Dégage...
je vois, monsieur est un connaisseur et vous avez parfaitement raison, qui irait acheter de telles babioles hein? Mais regardez ça ! De véritable reliques ! C'est quelque chose hein ? Je vous fais l'orteil porte bonheur de Saint Julius le Sanguinolent à cinquante mille Berrys ! Y'a même un certificat d'authenticité avec !
Tire toi...
Et ce n'est pas tout ! Si vous le prenez je rajoute en plus gratuitement deux onces des cendres du bucher funéraire du quatrième grand Mamamouchi ! Et pour ce prix la je vous le dis, je me tranche carrément la gorge !
Rien à foutre...
Pas intéressé par les reliques ? Huum... Je vois, monsieur compte aller directement à la source. Je respecte ça. Mais vous savez qu'il y a des jours d'attente pour monter au Boru Bodur ? Non bien sur. Je ne sais pas pourquoi mais vous m’êtes vraiment sympathique alors devinez quoi ? Je vous faire une offre si spéciale que je comptais la garder pour moi. Regardez ça ! Une place VIP pour les nacelles, plus besoin de faire la queue et valable immédiatement. Vous avez du pot d’être tombé sur moi c'est sur, je vous la fait à quatre vingt mille Berrys. Rendez vous compte ! A ce prix la je me fais si peu de marge que si ça s'apprenait la guilde des commerçants viendrait tout droit ici pour me trancher la gorge !
M'en fous, lâche moi !
Vous êtes direct et vous avez raison, je me suis égaré et je vous ai assez fait perdre de temps à vous proposer tous ces trucs de gogo. J'aurais du le voir tout de suite qu'il était évident qu'un type comme vous ne se déplaçait à cette heure que pour du sérieux. Alors c'est d'accord, je peux vous mener à la Cabale. Mais la... Je ne peux pas vous demander moins de cinq cent mille Berrys. Et...
...Et pour ce prix la, je te tranche la gorge...
Quoi ?!Slash !
Dans la ruelle sordide des bas fonds d'Inari, le bruit d'un corps qui s'effondre dans le caniveau ne fait plus frémir personne depuis des lustres. Y'a bien quelques charognards qui se rapprochent discrètement pour jouer les pilleurs de corps mais ils prennent bien soin de rester à distance. Il faut dire que le type qui rigole au dessus du corps n'a rien de bien rassurant. Ni sa compagne et ses étranges ondulation serpentine a peine dissimulés par sa longue cape.
Avec quoi tu as fait ça ?
Quelque chose de coupant.
Ce n'était pas très malin. Ni très drôle d'ailleurs.
On a l'humour qu'on mérite hein, il avait qu'a nous lâcher avant.
Eurgh...
M'enfin ? T'es pas mort toi ? Tiens !
Raahh...
Mais quoi raah ? C'est pas bientôt fini ce cirque ? Crève !
Si ça se trouve il aurait pu nous aider. On tourne depuis trois heures et tu n'as pas retrouvé un seul de tes soi disant super contact pouvant nous faire pénétrer discrètement dans le Boru Bodur. Je n'ai pas l'intention de passer une nuit de plus dans ce trou. Si tu ne trouves pas un moyen je passe par la porte. Et tant pis si je dois étriper tous les marines sur le chemin.
Au vu de ce que j'ai entendu sur Hubert, pas sur qu'arriver couvert de sang soit une bonne carte de visite...
Je me moque d'Hubert ! C'est Drake que je suis venue chercher ! Et j'ai déjà trop attendu. Trouve un moyen de monter, et trouve le maintenant ! Et puis fini ce crétin, il n'est même pas mort...
Argh... Attendez... Je peux vous aider...
Et si on veut pas hein ? Et si on préférais que tu contentes de te vider de ton sang et de mourir ?
De toute façon. Eurgh. Je peux pas mourir sans vous vendre quelque chose. Erk... Ma religion me l'interdit.
C'est un défi ?
Tais toi Red. Attends de voir s'il ment pour le tuer. Debout l'homme. Si tu nous aide à monter la haut avant le matin on te donnera de quoi racheter deux fois toutes tes reliques...
C'est possible m'ame, juré. Et qu'on me tra...
Non ! Plus un mot !
Et si tu ne peux pas. Moi je te tuerai !
Arrête ton char, Hubert.
C'est un ballon. On le gonfle, vous montez dans la nacelle, et dés qu'on coupe les cordes il file tout droit sur le Boru Bodur. La haut mon cousin qui est moine vous récupère et enlève la valve du ballon qui redescend et que je planque jusqu'a la nuit on ou en a encore besoin ! Génial non ?
Génial. Et pourquoi un moine aiderait des gens à rallier clandestinement son lieu de culte ? Juste par piété familiale ?
Oh non, ça c'est parce que nous sommes membres de la Confrérie des Berrys des Derniers Jours. Nous pensons que le séjour terrestre n'est qu'une étape visant à acquérir le plus de richesses possibles et qu'au jour du jugement dernier ceux qui auront amassés la plus grosse fortune auront de meilleurs place au paradis. Du coup, du moment que ça génère de l'argent le culte autorise toutes les combines. Y compris celles qui sont illégales, puisqu'elles rapportent plus. C'est même un véritable acte de foi.
Ah ouais, ça se tient. Et puis au moins y'a pas de tromperie sur la marchandise au niveau de la religion d'escrocs...
Voila c'est prêt ! Vous réglez tout de suite et je vous lance !
Tiens, paye toi.
Et bien voyons voir, un aller simple discret, plus les gâteaux fait maison que je vous ai mis dans la nacelle, plus le guide, cela va nous faire sept cent cinquante trois...
Garde tout, doit y'a avoir un million. Et contente toi de lancer ton engin.
Quoi ?! Non mais attendez, y'a beaucoup trop la ! Vous pouvez pas me donner tout ça sans même négocier. C'est pas des manières enfin ! Regardez ça, ils sont tout secs ses gâteaux, vous devriez pas débourser plus de cinq cent mille !
Ok, cinq cent mille c'est bon...
CINQ CENT MILLE !? Mais monsieur vous voulez ma ruine ? Pour ce prix le je rentre à peine dans mes frais. Vous savez ce que ça coute le remplissage de ce ballon à l'air chaud au prix actuel du bois ? et l'usure de la corde ? Et le risque ? Je refuse de descendre à moins de neuf cent mille Berrys !
Mais...
Proposez six cent.
Euh, six cent ?
Six cent ?! Mais à six cent je n'ai plus qu'a rentrer voir ma femme pour lui dire de vendre nos enfants pour manger ! Mes deux femmes d'ailleurs, vous savez ce que ça coute à entretenir deux femmes ? Non vraiment, je vous appréciais mais la ce n'est plus du marchandage, c'est une insulte ! Huit cent !
Raah... C'est pas possible ! Sept cent ?
Ah vous voyez, ça y est ça commence à venir ! Vous y êtes ! Disons sept cent cinquante trois mille Berrys et je vous laisse le thermos ? Deal ? Allez y, crachez dans vot' main.
Ptouh !
Alors, on se sent quand même mieux après avoir marchandé hein ? Vous verrez, encore quelques séances et vous y prendrez gout. Allez monsieur, bon voyage !
Corde qui claque, mécanismes qui cliquettent et coulissent. Et dans la nuit noire le faux toit qui recouvre le ballon s'écarte pour le laisser filer en grinçant vers les dessous du Boru Bodur. Quelques centaines de mètres de câble, une poignée de minutes d'ascension, et le vol s'interrompt de la même manière qu'il a commencé, dans le noir. Sauf que c'est un noir occupé par un moine avec une lanterne plutôt que par un escroc avec des trucs à vendre.
C'est vous le cousin ?
Oui m'sieur, paré à vous récupérer. Et à vous servir de guide pour la modique somme de cinq cent mille Berrys par jour.
C'est ça...
Mais... Vous ne négociez pas ? Parce qu'un guide à ce prix la c'est du vol. Vous devriez pas accepter à plus de deux cent mille et...AAAAAAAHHHH !
Et voila. Plus de guide. Bravo...
On s'en fout, le Bodur je connais bien, on a pas besoin de guide.
Et la grosse tache laissé par le corps en bas ? Tu y as pensé ? C'était bien la peine de perdre du temps à jouer la discrétion...
T’inquiètes, je l'ai balancé sur le ballon. Allez on bouge.
Red ?
C'est comme une de ses sensations que je ressens parfois dans mon bras absent. Une de ses douleurs fantômes qui me donnent l'impression que j'ai toujours deux bras mais que je ne peux ni toucher ni soulager. Une douleur lointaine.
Red ? Pourquoi on s’arrête ?
Puis ce n'est plus une sensation ni une douleur. Plutôt une absence. La disparition soudaine de quelque chose qui a toujours été la. Quelque part au loin dans cette direction, une présence vivante, rassurante. Louve. Louve qui était la et puis. Plus rien ?
Qu'est ce que tu fous ?
Je l'ai perdue.
Perdu quoi ?
La marque ! Je l'ai perdue !
Tomoe me regarde comme si je venais de perdre la raison. Si seulement ce n'était que ça. Si seulement... Je ne l'ai perdue qu'il y a quelques secondes et je suis déjà incapable de me rappeler comment je faisais pour savoir ou elle était, comment je faisais pour savoir qu'elle était en vie et qu'elle allait bien. C'était si évident, si facile. Juste une pensée et une caresse rassurante.
Perdue.
Il est arrivé quelque chose à Louve, mais quoi ? Si elle était morte je le saurais. Blessée aussi. Alors quelque chose à la marque ?
Il faut que j'y aille !
Y aller ? Mais ou ?
Ou ? Aucune idée. Je ne sais pas. Dans cette direction ? A moins que je ne me trompe et que je ne me souvienne déjà plus ? Elle pourrait être n'importe ou. Loin, prés, je pourrais même passer à proximité sans le savoir en la laissant en danger. Alors quoi ? Remonter Grand Line ? Retourner à Impel et la chercher à partir de la ? Aller à Marijoa au QG de la marine ?
La marine ! La marine doit savoir ou elle est, ou au moins en avoir une vague idée. Il me suffit de demander un coup de main à la garnison d'Inari. Juste la dehors, en dessous de nous.
Il faut que je sorte. Maintenant. Pas le temps de discuter avec Tomoe, pas le temps de l'écouter, c'est comme si tout ce qui n'était pas mon but se déplaçait soudain dans un brouillard épais et lointain. Je vois les mots se former dans la bouche de la sirène mais je ne les entends pas. Je vois le chemin que j'ai à parcourir pour sortir du Boru Bodur mais je n'ai pas le temps. Je dois agir pour ne pas penser à l'absence et a ce qu'elle pourrait signifier.
Agir. Ne pas penser.
Mon poing frappe le mur le plus proche c'est comme si toute la structure volante se retrouvait soudain au bout de ma main. L'onde de choc se propage, je ressens chaque pierre, chaque brique, chaque mur et couloir. Et d'une pensée je détruis tous ceux qui se dressent entre moi et le vide le plus proche.
Tomoe n'a pas le temps de jouer les étonnés devant le tunnel de murs effondrés qui vient de se dresser devant nous que j'ai déjà quitté le sol pour le ciel. Le ciel au dessus de la ville. Le ciel au dessus de la caserne.
La, juste la.
D'un Soru je m'oriente droit vers ma cible. Et je chute. Seul.
Tekkai.
Je ne suis qu'une pierre.
La caserne d'Inari est une construction de la marine classique. Quatre bâtiments fortifiés bâtis en carré autour d'une vaste cour intérieure. Une seule porte d'entrée facile à défendre, des meurtrières en guise de fenêtres et des casemates équipés de canons au coin de chaque toit.
Tout pour se défendre contre n'importe quel assaut au sol. Probable que même si un jour quelqu'un a soulevé le problème du Boru Bodur juste au dessus on s'est contenté de lui rappeler que le coin n'était plein que de moines et qu'il était hautement improbable qu'une attaque se produise un jour venant de la haut.
Hautement improbable, c'est tout moi ça...
Les types de garde sur le toit n'ont pas le temps de se demander si je suis un oiseau ou un avion que je traverse le plafond blindé du bâtiment qui doit contenir les appartements des officiers. Les laissant béat devant un trou comme des poules devant un boulier pendant que trois niveaux plus bas je regarde méchamment la vingtaine de types dont je viens de bousiller le repas de milieu de quart. La poussière met quelques secondes à se dissiper, la surprise aussi. Un des officier commence même à articuler quelque chose puis s’arrête net quand je fais un pas dans sa direction, et que dans la salle tout le monde s'effondre d'un seul coup. Touchés presque simultanément par des shikan si rapide que les tourbillons de poussière que je laisse derrière moi sont la seule chose qui demeure visible à l’œil nu pour prouver que j'ai fait plus qu'un pas.
Le colonel. Ou est le colonel ?
Mon index vient se coller sèchement contre la poitrine du lieutenant, juste avant que je le chope par le col pour l’empêcher de tomber. Suivant mon humeur un flot noir se met à couler autour de moi, affaiblissant les lumières de la salle comme des chandelles vacillant dans le vent et faisant tremble comme une feuille l'officier devant moi.
Chez lui ! Il est chez lui ! Il a une maison de fonction juste de l'autre coté de la rue, à cause de sa fille !
Le visage blafard du jeune lieutenant offre un constate intéressant avec les ténèbres qui émanent de ma main. Pauv' môme. Il est tout terrorisé. Même quand je le lâche sans le trouer comme ses collègues il reste la, figé comme épinglé sur un mur invisible à me regarder avec ses grands yeux écarquillés de terreur. Mauvais choix. Ou plutôt mauvais mur. La direction qu'il m'a indiqué est juste derrière lui, je frappe.
Ma paume file vers son cœur et ne dévie qu'au dernier moment. Même s'il croit surement le contraire ce n'est pas lui que je vise, et au lieu de réduire ses organes en charpie l'onde de choc ne fait que lui péter les tympans et le brushing. Lui laissant le loisir de se retourner pour constater que l'un des flancs de la caserne est désormais éventré et grand ouvert sur la rue. Laissant dans la façade une empreinte de main gigantesque qui donne l'impression qu'un géant enterré au sous sol a tenté de percer sa prison de pierre.
Celle la ?
Le hochement de tête suffit. Je lâche le soldat qui saisit l'opportunité de s'évanouir et de quitter enfin la scène sans douleur et sans que ça n'intéresse personne. Pour ma part je suis déjà dans le salon en face après un trou de plus dans un mur. Mais celui d'un colonel cette fois, ça vaut surement plus.
Avec un peu de temps je décrirais surement l'intérieur cossu de l'officier de gout bien établi dans la coin et visiblement tout à fait d'accord avec le fait d'y finir tranquillement sa carrière. Mais la rapidité de réaction du colonel ne laisse pas le temps de contempler le décor. Quel que soit l'homme il a de beaux reste et n'a pas fait sa carrière que derrière un bureau. Et bien qu'il n'ait pas la moindre chance de s'opposer à moi il faut reconnaitre qu'il essaye quand même. La seule conséquence est au bout du compte une démolition conséquente du salon, mais comme on dit, au moins l'honneur est sauf. Et cette explication rapide nous permet de poser rapidement les bases de notre relation. Moi en position de force et lui effondré dans un coin du salon. Aussi raide, paralysé et couvert de sang qu'un billot de bois après une décapitation publique.
Je suis Red. J'ai besoin de renseignement provenant du Qg de la marine. Et de tes identifiants pour y avoir accès. Si tu refuses, je te tue...
Alors tue moi. Si c'est assez important pour que tu en ais besoin je préfère mourir que de t'aider à les obtenir.
C'est un problème récurent dans le renseignement. On ne peut pas discuter de façon simple avec un vrai patriote. Heureusement qu'il y a toujours un levier facile à trouver pour peu qu'on connaisse sa cible, ou qu'on ait un peu de chance. Ici le levier s'appelle Claire, elle a six ans, des tresses avec des noeuds, un singe en peluche, et se jette obligeamment dans la gueule du grand méchant Red en venant voir pourquoi papa fait autant de bruit au milieu de la nuit. Je n'ai qu'a jouer les ordures et à lui coller un index ensanglanté sur le front pour que le colonel change soudain s'avis et se dise que finalement, me laisser jouer avec les communications de la marine n'est pas si dommageable que ça.
Brave homme.
Main dans la main ou presque on retourne dans la caserne ou cette fois tout le monde est bien levé. Entre l'otage auquel tout le monde tient et la nappe noire ou s'enfonce les marins trop braves ou trop curieux, personne ne cherche a nous empêcher de traverser la base pour aller s'asseoir tranquillement devant le Giga den den qui permet de communiquer directement avec le QG. PPK évidemment. Y'a de quoi devenir nostalgique...
Et après avoir reçu une dernière fois l'assurance qu'une erreur coutera la vie de sa môme, le brave colonel s’exécute et me met en relation avec le département renseignement du QG de la marine.
Rachel, trouvez moi Rachel.
Dernière édition par Red le Mar 20 Mai 2014 - 8:23, édité 1 fois
C'est pourtant facile ! Blacrow ! Bravo Lima Alpha Charlie Roméo Oscar Whisky. BLACROW !
C'est une blague c'est ça ? C'est toi Teddy ?
Quoi ?!
Héhé, genre... Corbeau noir, ça c'est du nom à coucher dehors. Mais on me la fait pas à moi ! Je t'ai reconnu Teddy, fais pas la gueule !
Ce n'est pas Teddy...
Ouais c'est bon hein, c'est plus drôle ! Comme dirait l'autre, les blagues les plus courtes sont les moins longues. Alors maintenant tu arrêtes de jouer et tu dégages la ligne, je bosse moi !
Mais vous êtes tous devenus cons aux communications ou quoi !? CE N'EST PAS TEDDY ESPÈCE DE SOMBRE CRÉTIN ! DEMEURÉ ! BLAIREAU !
Oui bon ben ça va. Pas la peine d’être insultant non plus...
Insultant ?! Attend que je vienne te faire bouffer ton escargophone et tu vas regretter les insultes ! Est ce que tu sais seulement qui je suis hein ? Je suis le putain de cap...
Euh, le colonel Boris Kojevic, de la garnison d'Inari ?
Grrr... Ouais c'est ça. Je suis le colonel Boris. Et maintenant au boulot bordel ! Trouvez moi ou bosse le commandant Blacrow !
Alors Blacrow, B... B... B... Blacrow ! Je l'ai. Mais avouez que ça ressemble à un nom de code, c'est confusant...
Dites moi juste ou elle est et fermez la d'accord ?
Bon bon, moi je dis ça, c'tait pour meubler et pas vous mettre la musique d'attente. Alors, Rachel L Blacrow, affectation, l'équipage des Sea Wolfs sous les ordres du contre Amiral Toji Arashibourei ! Voila colonel, pour vous servir !
...
Pour raccrocher il faut appuyer sur votre den den.
...
Colonel ? Un souci ?
Vous ne lisez jamais les journaux hein ?
Seulement ceux des archives. Vous saviez que les Gun's and Guns avaient attaqués le QG de North Blue ? C'est dingue non ?
Ouais... C'est dingue... CE QUI EST DINGUE C'EST QUE VOS FICHES AIENT SIX MOIS DE RETARD !
Ah ben hé oh, pas ma faute hein, moi je lis...
Et ben lisez mieux ! Vous avez surement manqué un truc !
Ah ben oui tiens, y'a un ajout en bas. C'est fou que je l'ai pas vu... Alors attendez, oui ! ça date de cette année on dirait. La Commandante Rachel a été transférée dans le groupe d'intervention de la colonel d'élite Mona Lisa.
Développez mon vieux développez. Un groupe d'intervention ça a un but, c'est quoi pour celui la ?
A priori, la colonel est aux trousses d'une pirate dénommée Nazca. Hum... Moi ça ne me dit rien. Et à vous ?
Moi si. Évidemment. La colonel a posé un plan de route ? Des destinations possibles ? Des pistes ?
Et ben y'a une liste... Mais ça à l'air vague. L'ile des amazones, Jaya, Tortuga, Citadel, Dead End, Second Peace. Y'a vraiment des coins qui s'appellent comme ça ?
Hum... Attention, ça va couper.Clap
Allo ? Colonel ? Allo ?
Bizarre. Il a raccroché...
-Ici Vigie. Communications down, y'a plus un den den qui marche dans la zone à part les nôtres. Mais un truc ne plait pas, j'ai un mauvais pressentiment, l'impression qu'il se doute de quelque chose.
-Psychote pas mec. Il peut se douter de ce qu'il veut c'est pas ce qui va nous empêcher de lui tomber dessus. Je suis en position avec Belle. Et prêt à le coller aux fers dés qu'on à le signal. Alpha ?
-Ici Bullet, Alpha est hors com pour l'instant. J'ai le contrôle tant qu'il joue au loup solitaire. Gros tu ouvres la danse dés que Fantôme donne le top. Les autres suivent selon le plan.
-Moi je suis toujours prêt Bullet, cible en ligne et paré à arroser, ça va ventiler sec. Fantôme ? T'en es ou de ton coté ?
-Ici Génie, en couverture. Fantôme est dans la place et finit de poser mes petits jouets, oubliez pas vos caches oreilles parce que ça va faire du bruit.
-Ici Surin, y'en a marre, c'est toujours le même qu'on attend, c'est moi qui aurait du y aller !
-Ici Belle. Tu ne voudrais quand même pas m'abandonner sans couverture. Allons mon gros loup, tu sais que j'ai besoin de toi...
-Ici Fantôme. Over.
-A tous ! Go go go !
Une conversation qui devrait se faire sans témoins. Devrait. Sauf que Vigie n'a pas tort niveau mauvais pressentiment, et que même si le mien n'est pas très bon non plus il a au moins le mérite de me prévenir juste à temps. Une alerte qui avec l'empathie me permet de ne pas louper une miette des dernières consignes avant assaut du GIGM, le pire groupe jamais formé par le Cipher Pol. Un groupe qui doit surement à ma guigne légendaire d'être déjà présent dans le coin pour une mission quelconque, seule cause logique à une intervention aussi rapide dans un coin aussi tranquille qu'Inari. Comme d'habitude une emmerde ne se déplace jamais seule. Pas de bol. Vraiment pas de bol.
Je bouge au moment ou, à la limite de ma perception, Gros presse la détente de son canon à main et balance à travers les murs de la caserne un projectile explosif issu de l'imagination fertile de Génie. Souffle, gaz, étincelle. A l'image de ce qui devait m'arriver, les escargophones de la salle de télécom se retrouvent écrasés contre les murs par l'air soulevé par l'explosion avant d’être instantanément carbonisés par la combustion du gaz contenu dans l'engin. Pauv' bêtes...
-Impact !
La ou Gros s'occupe des couvertures et des dégâts de zone. Bullet gère plutôt le tir sur cible. A l'époque ou je bossais au CP j'aurais probablement parié que même la championne de tir du Bureau ne pouvait pas choper un type en plein Soru. J'aurais parié et j'aurais perdu... Le projectile qui m'est destiné anticipe parfaitement ma sortie brutale de la caserne par les airs et pendant un instant je le vois clairement me traverser la poitrine en démolissant tout sur son passage. Puis les ténèbres se jettent à sa rencontre et au lieu de me percer le cuir il disparait dans le trou noir jaillit de ma paume.
-Cible au sol, à toi Fantôme !
Le problème de l'empathie c'est qu'une fois qu'on a pris l'habitude d'anticiper on le fait tout le temps. Et le paranoïaque au fond de moi ne peut s’empêcher de penser que si en face un type anticipe aussi il pourrait bien se servir des autres pour élaborer un piège précisément à l'endroit ou mon anticipation du leur me conduira. Le piège dans le piège, combien de fois j'ai fait ça au CP ? Ils me veulent au sol, j'y vais.
-Je le prends !
Je tombe à la rencontre du piège monté par Fantôme. Un type sympa ce Fantôme. Et un vrai expert dans son domaine de démolition. La cour prévue pour ma chute après l'abattage en l'air explose d'un seul tenant, vu du ciel c'est comme si le sol pavé s'était soudain transformé en un creuset de flamme, ou un cratère volcanique. Et la vague de flamme monte tout droit à la rencontre du flot de ténèbres que je lâche devant moi. C'est comme jeter une bassine d'eau sur un feu de camp. La lueur qui éclairait le Boru Bodur comme en plein jour se voile soudain et la nappe noire m'évite le coup de soleil et les brulures pendant que je fond sur le sol vitrifié par l'explosion, absorbant l'explosion de mes ténèbres comme on moucherait une bougie avec les doigts. Et Fantôme bondit soudain à ma rencontre.
Fantôme. L'assassin mérite bien son nom, même mon empathie ne le perçoit pas avant qu'il passe soudain de l'immobilité à l'attaque, apparaissant d'un Soru juste dans mon dos pour me planter sa lame dans les reins. Rapide, précis, mortel. Mais j'ai appris à jouer du couteau avec Toji et si fort soit'il Fantôme ne lui arrive pas à la cheville. Son poignet se brise net quand ma main se referme dessus, sa tentative de contre attaque avorte dans l’œuf quand mon poing de métal lui sectionne son bras mécanique avant même qu'il ait esquissé un geste et que je retourne sa lame contre lui en lui enfouissant dans le ventre.
-Belle ! Surin !
Vision soudaine d'une nouvelle pluie de balles qui s'abattent sur moi, Tenant fantôme devant moi je pivote pour me couvrir, mais aucun tir. Juste un autre camouflage dont profite Belle pour faire jaillir soudain une paire de chaines de l'autre bout de la cour. M'arrachant des mains le Fantôme brisé pour le trainer à l'écart.
-Mange ça !
Surin, le tueur du CP9. Lui aussi est rapide. Et malin. Les couteaux qu'ils me lancent et qui disparaissent dans les ténèbres ne sont que des leurres. Leurres aussi ses attaques éclairs qui le voient apparaitre tout autour de moi avant de se remettre immédiatement hors de portée. Leurre aussi la fumée qu'il disperse dans la cour et que mes ténèbres s'empressent d'avaler... Leurre toujours les tirs de Bullet qui m'obligent à rester mobile...
Il n'y a qu'une attaque qui compte, une seule. Celle de Belle et de ses chaines aux menottes en granit marin qui jaillissent soudain de sous les pavés pour me saisir les pieds. Deux chaines ? Quatre ? Six ? Pas encore assez pour me surprendre. Sautant à la rencontre du Boru Bodur je monte haut dans le ciel avant de broyer la base à mes pieds sous mes coups. Imprimant ma paume dans chacun des bâtiments comme un enfant ravagerait un village de poupée.
Un des obus de Gros explose suffisamment prés de moi pour que la chaleur de l'explosion me crame flingues et peau et l'instant d’après son poste de tir est emporté par une onde de choc qui le frappe de plein fouet. Le laissant au sol avec l'impression d'avoir rencontré un cuirassé lâché de très haut.
Les projectiles de Bullet saturent l'espace et leur nombre leur permet de trouver leur chemin dans les trous noirs qui me protègent et dans le Haki qui me recouvre pendant que les assauts de Surin m'interdisent de me concentrer sur une riposte efficace vers un seul de mes deux adversaires.
Il faut choisir. Accepter l'attaque de l'un pour éliminer l'autre. Surin d'abord.
je fais mine de me tourner vers Bullet, prenant pour cible de mon shikan chacun des projectiles de sa salve avant de la percer à son tour. Et comme prévu Surin frappe. Son bras se referme autour de ma gorge, son couteau me traverse le ventre. Et d'un soru je me jette en arrière pour l'écraser de toute ma vitesse contre une des chaines du Boru Bodur.
Choc sourd. Sonné par l'impact Surin laisse échapper sa lame et me relâche un instant de trop, assez pour que je...
-Assez la meute ! Il est à moi.
Voix de commandement. Juste la, au dessus de moi sur un autres des maillons de la chaine. La depuis le début ? Surement.
Alpha. Bien sur, ç'aurait été trop demander que de n'avoir que le reste de l'équipe...
Mano à mano c'est ça ? Moi, toi, et tes hommes ?
Une perspective peu alléchante. Je ne sais pas grand chose sur Alpha mais le peu que je sais incite à la prudence. Il n'a pas suivi l'entrainement CP et doit avoir évité Raoul, mais c'est bien la seule bonne nouvelle de son CV. Parce qu'un type qui a refusé un poste à la Flèche n'est clairement pas un rigolo.
En plus je suis quasiment sur qu'il n'a pas de fruit, pas vraiment une bonne chose au vu de mes pouvoirs. Et y'a un coup de couteau qui bien que léger me lance salement quand je bouge, heureusement que le sang ne se voit pas sur les fringues rouge, c'est mieux pour craner.
Tu penses que j'ai besoin de ça Red ?
Je pense qu'il faut être très con pour ne pas profiter de toutes ses cartes. Mais comme pour cette fois ça m'arrange, je te pardonne. Maintenant vas y, essaye donc de m’arrêter.On va voir si tu vaux Tetsuda...
Et pendant que je cause, je frappe, avant qu'il ne le fasse ou qu'il ne se ravise sur la participation du reste du groupe. Qu'est ce qu'il croit ? Qu'on est au JO ? Mon poing frappe la chaine, et le Haki fait le reste. L'onde de choc que je dégage traverse la chaine qui se secoue comme si on venait de ferrer un léviathan avec, et au moment ou elle atteint le maillon sur lequel est accroché Alpha je la libère, dispersant l'énorme bloc de fonte façon explosif.BOUM !
Pas très malin en fait. Brisée nette, la chaine sur laquelle je suis posé chute vers le sol ou elle va probablement broyer les maisons de pleins de braves types qui auraient du écouter leur instinct de survie au moment d'acheter pas cher sous le Boru Bodur. L'autre bout va se balancer lentement sous la structure volante. Aucune importance, Alpha n'est plus dessus.
En utilisateurs familier du Geppou nous ne sommes gênés ni l'un ni l'autre par l'absence de sol sous nos pieds. Le sabre qu'il vient de dégainer heurte la lame amovible qu'Izya a eu la gentillesse d'inclure dans ma prothèse, fer noir contre fer noir. Haki contre Haki, on pourrait surement se battre avec des feuilles de papier pour un effet équivalent, ce n'est plus la lame qui compte, juste la volonté de celui qui la manie. Je me demande si c'est que Gharr essayait de m'inculquer à l'époque ou je prenais des cours de sabre, quand il disait que la lame n'est forte que par celui qui la tient...
Pas sur qu'Izya soit d'accord...
Dans le ciel nocturne d'Inari le spectacle doit commencer à être impressionnant. Pas vraiment a cause de nos deux silhouettes en train de s’échanger des coups à la vitesse de l'éclair, mais plutôt à cause des à coté qui rappellent que malgré les apparences, les coups qu'on stoppe ou qu'on dévie sont bien au delà des capacités des locaux. Aidé par ma seconde d'avance j'expédie Alpha dans les chaines d'un coup de pied vicieux assez puissant pour donner l'impression aux moines la haut qu'un tremblement de terre est remonté jusqu'a eux. Il riposte par une lame d'air surement capable de me trancher en deux et qui ne laisse aucune chance à la pauvre nacelle suspendue derrière moi. Et reprenant le centre du ring on s'empoigne à nouveau. Et le combat dure. Le Teawase m'a appris très vite tout ce que je voulais savoir, je suis le plus fort, de peu. Mais je ne suis pas rodé comme lui aux combats de longue haleine entre égaux. Quand je frappe c'est pour en finir vite, contre des adversaires qui sont moins forts ou que mon fruit peut anéantir d'un seul coup. Mais il n'a pas de fruit. Et il est coriace. Et comme à chaque fois que je joue du couteau contre un expert, je perds. Ma seconde d'avance s’avère juste suffisante pour parer des coups de plus en plus tortueux et alambiqués, et que ce soit ma lame ou mon âme qui soit plus mal trempée que la sienne, le fil de mon arme commence à se fendre sous les coups répétés de la sienne. Et quand un coup plus malin que les autres déclenche le mécanisme qui la range dans son logement il en profite immédiatement pour me coller en pleine poitrine un coup d'estoc que je ne bloque que de justesse. Et pour cause. Bloquer avec une seule main s’avère nettement moins efficace...
Je te pensais meilleur que ça Red. Ou alors on surestime beaucoup Tetsuda.
En fait, je ne sais pas pourquoi je m'obstine à combattre au sabre. Je suis bien meilleur en combat à mains nues.
Avec deux mains peut être. Mais maintenant ?
Ses deux mains se referment sur la garde de son sabre et il pousse. Lentement. Et bien que ma main soit fermée sur sa lame, l'absence de prise de ma main gauche m’empêche de bloquer complétement son avance. Et millimètre par millimètre sa lame continue son chemin vers mon cœur. C'est comme un de ses duels d'entrainement au ralenti, ou chacun des participants décompose un à un chacun de ses mouvements pour être sur de les exécuter de façon correcte. Nous ne bougeons qu'a peine, campés comme des lutteurs de part et d'autre de ce bout de métal ou se concentre toute notre énergie et que seuls nos pouvoirs respectifs empêchent d'exploser.
Ma paume se met à saigner à son tour et Alpha esquisse un sourire. Quelques minutes de plus à ce rythme et je vais me retrouver percé de part en part. Mais impossible de reculer, le moindre relâchement maintenant ne fera que hâter le coup mortel. Il faut que je trouve comment me sortir de la... Et que je trouve maintenant...
Si tu parviens à trouver la source de ta propre énergie tu peux la transmettre pour animer des objets inanimés. Toi et l'objet ne faites plus qu'un. Il devient l'esclave de ta volonté et de ton esprit.
Message du subconscient affolé ? Les conseils des vieux maitres ont vraiment le chic pour réapparaitre aux moments les plus cruciaux. Mais celui la n'a guère l'air utile. Bien que je ressent chacun des grains de la lame me me blesse je suis incapable de la détruire. Alpha utilise le haki comme moi et le contrôle qu'il exerce sur son arme est plus fort que le mien. Attends...
Il disait, animer des objets inanimés ?
L'armure noire qui m’enveloppe faiblit un instant pendant que je tourne mon attention vers autre chose et Alpha en profite pour m'enfoncer quelques centimètres de lame dans la poitrine. Mal nécessaire pour que mon esprit envahisse le bout de métal qui me sert de bras. Qui me sert ? Non, ce n'est pas une prothèse, ce n'est pas une extension lourde et inutile. C'est mon bras. ça doit l’être si je veux vivre.
Mon Haki enveloppe le métal pendant que je me rappelle des sensations qui occupaient autrefois mon membre absent. Je peux le sentir, le sentir comme s'il était la, comme s'il n'avait pas disparu pour être remplacé par le froid du métal.
Je l'ai bougé !
Alpha n'a pas le temps de se poser de question que mon poing de fer s'ouvre et se referme à son tour sur sa lame. Force brutale contre force brutale, et cette fois c'est moi qui gagne. Sa lame se brise d'un coup sec entre mes mains. Et le temps qu'il continue son attaque j'ai frappé, retournant la pointe restant dans ma main pour lui plonger dans l'épaule.
Impossible !
Je te l'ai dit, je suis bien meilleur à la main.
Et pendant qu'il contemple mon bras de fer qui semble bouger comme du métal liquide doué d'une vie propre, je frappe. Des deux mains contre une seule des sienne. Et le combat change de sens. Son sang se met à couler comme le mien. Ses esquives se font plus lentes, son Haki moins fort. D'un assaut je le colle contre le dessous du Boru Bodur avant de le marteler de coups pour l'y enfoncer en secouant toute la structure au dessus de nous. Cette fois c'est pour lui que ça sent le sapin, et c'est bon...
Bang !
L'empathie me prévient avant que j’entende la détonation, et c'est aussi bien vu la gueule du projectile que je dévie d'un coup de poing avant qu'il ne me chope. La meute a sorti ses membres des décombres de la caserne et revient dans la course. Merde !
Heureusement que pour neutraliser des tireurs il suffit de sortir de la ligne de mire.
Ran Kyaku Amanedachi !
Virevolte aérienne et lame d'air. L'onde de découpe circulaire que je lance quitte le dessous du Boru Bodur en tranchant tout ce qui se trouve entre lui et le sol. Câbles, chaines, pylônes. Tout redescend en pluie sur la ville et le Boru Bodur oscille un instant, visiblement suspendu entre gravité et mysticisme. Hésitant probablement à confirmer la rumeur disant que les chaines le retiennent ou celle qui prétend qu'elles le tiennent en l'air. Puis il se met à bouger...
Alpha se dégage de l'empreinte de la main qui l'a écrasé comme un moustique et me retombe dessus. Me gênant assez pour qu'un projectile de Bullet me traverse la cuisse façon boulet.
Geppou !
Temps de mettre un truc entre elle et moi. Alpha à bout de bras je perfore les niveaux du Boru Bodur comme une balle une cloison de papier, ne le laissant se dégager qu’après avoir traversé le sol de l'esplanade centrale de la citadelle. Loin sur le dessus.
Si tu me sors une citation sur l'Alpha et l'Oméga, je te descends en te faisant souffrir.
Je te laisse les locutions grecques si ça t'amuse. Et pour le coup, c'est toi qui descend.
Autour de nous pèlerins et moines tournent en rond comme des poulets décapités. Sur qu'entre les secousses, le largage, et les types qui surgissent du sol c'est le bon moment pour s'inquiéter. J’espère qu'Hubert va pas bouder...
Tu sais. Je suis sur qu'on avait tous les deux prévus d'autres trucs à faire. Alors finissons en...
T’inquiète pas pirate. Je vais faire en sorte de te finir vite.
Et c'est la qu'un flash lumineux familier vient nous éblouir tous les deux. Juste entre nous vient de se laisser tomber un type que je connais suffisamment pour être sur de l'avoir vu mourir. Un géant doré ressemblant à une statue et dont le regard calme est empreint d'une certaine fureur divine.
Drake ? Hubert ?
Faut croire qu'il y a un cyborg qui s'est pas payé ma tête finalement.
CESSEZ IMMÉDIATEMENT DE VOUS BATTRE ET DÉPOSEZ LES ARMES !
Il n'a pas crié et pourtant je l'ai entendu si fort que j'ai l'impression d'avoir mis ma tête dans une cloche à l'heure des cérémonies... Et combien on parie que c'est le cas pour tout le monde ? Encore un pouvoir méconnu du fruit du Boudha? Il n'a prononcé qu'une phrase et pourtant un flot d'émotions qui ne sont pas à moi m'envahissent. Culpabilité, besoin de se faire pardonner, sentiment d'horreur devant le tabou brisé...
NUL NE SE BAT SUR LE LIEU SAINT QU'EST LE BORU BODUR !
Autour de nous tout le monde vient de se jeter à genoux. Je regarde Alpha, Alpha me regarde et hausse les épaules. Match nul on dirait. Il a du bol. Même si à tous les coups il pense la même chose en me regardant.
Pendant qu'on se fait à l'idée qu'on est sur un terrain neutre, Hubert/Drake rassure les présents de quelques paroles, rien de vraiment constructif mais quand on est un géant doré les gens ont tendance a vous croire quel que soit ce que vous dites. Puis il se tourne vers nous et joue encore le type qui parle dans nos têtes.
JE VOUS RECEVRAIS EN AUDIENCE DANS UNE HEURE. NE FAITES RIEN DE DOMMAGEABLE D'ICI LA.
Mouais.
Une heure. En une heure je dois bien avoir le temps de me débarrasser du GIGM et de trouver un navigateur qui saura me dire ou va le machin flottant. Et retrouver Tomoe aussi.
Au boulot.