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Pèlerinage à Elemiah

Mizuki était allongée sur l'herbe, elle fixait le ciel avec des yeux rêveurs. Les nuages étaient nombreux et formaient un tas de figures et de formes qui faisaient plaisir à la jeune fille : des animaux, des bonbons... L'imagination de Mizuki était débordante. Elle s'ennuyait profondément, cela faisait près de dix jours qu'elle avait quitté la base de Saturn à Hinu Town. Elle n'avait toujours pas reçu d'appel d'Harlem et elle commençait à avoir peur. Au départ, elle avait été plutôt satisfaite de pouvoir voler de ses propres ailes, mais finalement, elle était totalement perdue. Que devait-elle faire ? Lorsqu'on lui avait demandé où elle voulait aller, elle avait répondu sans hésitation Kage Berg. Lors de diverses missions au côté d'Harlem, elle avait eu vent d'une rumeur à propos de cette île et plus particulièrement d'un certain Ivan De Cimitiero, un " ange " qui aurait crée un orphelinat prospère. C'était décidé, aujourd'hui, elle allait se rendre à cet orphelinat. Durant ces dix jours, elle s'était tenue éloignée de la ville. Les marines étaient en ébullition et patrouillaient sans cesse dans toute la ville. En effet, le festival annuel de la vache devait se dérouler prochainement. L'attention des marines était totale, elle ne voulait pas se faire repérer. Même si elle n'était coupable de rien, elle avait appris à être méfiante.

Son ventre gargouilla, elle n'avait pas mangé un vrai repas depuis plusieurs jours. Elle avait dormi dans les plaines et les fermiers avaient finit par se prendre d'affection pour elle. Parfois, il lui apportait un petit quelque chose, histoire qu'elle ne meure pas de faim. Elle prit son sac et en sortit une pomme. Elle n'était plus très fraîche et semblait être légèrement pourrie. Elle croqua dedans, la pomme était infecte, mais elle avala quand même. Il ne fallait surtout pas que les vaches en mangent. Les fermiers du coin lui avaient dit que ce n'était pas bon pour leurs estomacs. Elle rangea la pomme dans son sac.

« Amamizu, on part en ville pour voir l'orphelinat. J'espère qu'on ne se fera pas remarquer par les marines. »

Elle se dirigea alors vers la ville, sa poupée à la main. Kage Berg était une île verdoyante avec de la nature à perte de vue. L'air était très pur et adapté aux maladies respiratoires. C'était vraiment une île charmante, voire paradisiaque : un lieu idéal pour l'éducation d'enfants. Elle approchait de la ville principale de l'île. Les marines étaient toujours là, patrouillant sans relâche. Même si la foire n'avait pas commencé, la ville était vivante et chaleureuse. Des dizaines de commerçants étaient en train de vendre leurs marchandises, voyant la foire comme un moyen de gagner beaucoup plus d'argent étant donné la hausse de consommateurs potentiels. Un homme lui coupa le chemin en courant, visiblement essoufflé, il allait bientôt s'arrêter.

« Arrêtez ce voleur ! »

Deux marines étaient à sa poursuite. Des simples soldats mais visiblement plus endurants, ils n'allaient sans doute pas tarder à arrêter ce voleur du dimanche. Elle qui les pensait totalement incompétents, elle se trompait. La justice existait dans ce monde, mais pas pour toutes les personnes. L'argent, les biens : c'est ce que la marine actuelle semblait défendre. Mizuki grimaça, elle changerait ce monde, c'était une certitude.

« C'est un amateur ce voleur. Tu vois Amamizu, on ne nous aurait même pas repérées. »

Elle continua de marcher, toujours en quête de l'orphelinat. Elle n'était décidément pas un as de l'orientation. Toutes les ruelles se ressemblaient avec partout la même masse de personne. Sa petite taille ne l'aidait pas non plus, la plupart des personnes la dépassaient d'une ou deux têtes. Elle arrivait devant une petite battisse, sans doute un magasin devant lequel elle vit deux enfants jouer avec un ballon : deux petits garçons. Ils avaient l'air heureux, en bonne santé et bien nourri, c'était l'essentiel. Elle s'approcha d'eux, ces derniers s'arrêtèrent et fixèrent la jeune fille. Elle tenta de sourire, mais lorsqu'elle vit le regard effrayé des deux garçons, elle arrêta. Devait-elle leur parler ? Elle les avait sans doute effrayés. Le plus grand des garçons décida d'engager la conversation

« C'est une jolie poupée que tu as là. Retourne donc chez toi jouer avec et laisse nous tranquille. Le ballon ce n'est pas un jeu de fille. »

Ce garçon, comment osait-il la traiter de la sorte. Elle aurait voulu le frapper, pour lui enseigner les bonnes manières, mais elle se résolut à engager le dialogue. C'était indigne de sa part de frapper un enfant et d'ailleurs, elle était totalement perdue, ils pouvaient l'aider.

« Bonjour, pourrais-je vous poser une question ?
- On nous a appris à ne pas parler aux étrangers !
- Tu viens de me parler à l'instant. »

Le sourire du petit garçon s'effaça. Piégé à son propre jeu, Mizuki jubilait mais ne laissait rien transparaître. Elle reprit de plus belle

« Je cherche l'orphelinat d'Elemiah, sauriez-vous où il est ?
- Pourquoi ? Qu'est-ce que tu nous veux ?
- Rien du tout, j'aimerai juste le voir.
- T'es une orpheline ?
- Oui j'en suis une.
- Il fallait le dire tout de suite, suis-nous. Tu vas voir, c'est un endroit formidable »

Si simple ? Il devait y avoir anguille sous roche. Les deux garçons partirent à une allure folle, ils caracolaient à travers les rues de la ville. Mizuki n'avait aucun mal à les suivre cependant d'ordinaire, elle prenait le temps de marcher. Elle appréciait beaucoup regarder l'architecture d'une ville. Après une courte course, elle arrivait finalement devant l'orphelinat. Elle sourit, mais cette fois-ci c'était un vrai sourire.
    Mizuki était totalement ébahie, elle avait les yeux grands ouverts. Elle affichait une tête surprise à la limite de l'admiration. L'orphelinat, il était là devant elle et il était bel et bien réel. Le jeune garçon frappa sur le portail :

    « C'est nous, ouvrez ! »

    Rapidement, le portail s'ouvrit, dans la cour, des jeunes enfants jouaient à toutes sortes de jeux : marelles, chats, cordes à sauter. Au centre, il y avait une jeune femme, belle ... C'est le premier mot qui venait lui en la voyant. Elle était longiligne, ses cheveux étaient très longs et semblaient être doux et soyeux. Elle portait une fleur rouge dans ses cheveux. Elle était adorée des enfants, une figure maternelle sans équivoque.

    « Qui est cette jeune femme ?
    - C'est notre grande sœur Inna !
    - Je vois, elle est gentille ?
    - On l'adore ! »

    Les orphelins ne semblaient manquer de rien, ils avaient un foyer, un toit, de l'affection et une éducation. C'était vraiment un cadre de vie parfait. Ivan de Cimetiero avait fait un travail remarquable, c'était en quelque sorte un héros des temps modernes. Les deux orphelins l'emmenaient en direction d'Inna.

    « Où étiez passer tous les deux ?
    - On jouait au ballon en dehors de l'orphelinat. On a trouvé une autre orpheline dans la ville !
    - Vraiment ? »

    Inna la regardait de la tête au pied, comme si elle était capable de savoir de vue qui était orphelin ou non.

    « Bienvenue, comment t'appelle tu ?
    - Je m'appelle Mizuki et voici Amamizu, ma poupée.
    - Très bien, c'est un joli prénom. Suis-moi, je vais te faire visiter l'orphelinat. »

    Elle se tourna vers les deux garçons.

    « Vous pouvez aller jouer avec les autres. »

    Les deux garçons ne se firent pas prier et foncèrent rejoindre leurs camarades. Quant à Inna et Mizuki, elles entrèrent dans le bâtiment. L'intérieur n'était pas luxueux comme un hôtel, mais il valait son pesant d'or. Il était très bien organisé et il n'y avait aucune perte d'espace. Inna commença alors sa visite, le salon, la cuisine, la salle à manger ; tout était parfaitement adapté pour l'éducation des enfants. Il y avait également une salle de classe avec quelques enfants à l'intérieur et un homme à l'apparence assez étrange en guise de professeur.

    « Ici, c'est la salle de classe. Le monsieur que tu vois au fond est mon père Evgeni. Il a l'air assez excentrique, mais c'est vraiment un grand homme. »

    La prochaine étape de la visite était les dortoirs, ils étaient séparés pour les deux sexes ainsi que les salles d'eau. C'était tout à fait normal en soi. Elle aurait aimé grandir ici, c'était vraiment un endroit plaisant. Elles arrivaient devant une porte.

    « Fin de la visite, je vais te présenter à notre directeur. Tu seras ensuite officiellement des nôtres. »

    Devant elle, une porte avec un écriteau : M. De Cimetiero

    « Ivan ...  » murmura t-elle
      Inna et Mizuki entrèrent dans la pièce. C'était une pièce assez sobre, mais qui était remplie par de la paperasse en tout genre : dossiers, factures ... Un vieil homme était assis et semblait être occupé par un livre. Il portait un costume gris-noir. Ses cheveux blancs inspiraient le respect et la sagesse.

      « Je te présente Mizuki, c'est une nouvelle orpheline que des enfants ont repérée dans la ville. »

      Le vieil homme leva les yeux de son livre et se leva. Il se dirigeait vers elles.

      « Tu peux disposer Inna, merci de me l'avoir amené. » Dit-il

      Inna sortit de la pièce et referma la porte. Mizuki était troublée, elle était en face d'Ivan de Cimetiero. Il était un héros ... Son héros. Elle lui devait le respect, elle s'agenouilla alors et baissa les yeux.

      « C'est un grand honneur pour moi de vous rencontrer M. De Cimetiero. Vous êtes un héros à mes yeux. Créer cet orphelinat est un acte généreux et courageux. Vous êtes mon modèle ! »

      Le vieil homme la regarda d'un air surpris et sourit : « Relève-toi mon enfant. Tu te trompes, je ne suis pas Ivan. Je suis Dimitri De Cimetiero, le responsable de l'orphelinat. »

      La jeune fille se releva, elle était interloquée et elle avait du mal à cacher sa honte. Elle avait été bête, ce vieil homme ne pouvait être Ivan. On l'avait souvent décrit comme un jeune homme, puissant et plein de convictions. Ce Dimitri ne correspondait en aucun point à la description d'Ivan.

      « Je perçois ta déception mon enfant. Tu n'es pas une orpheline normale n'est-ce pas ?
      - Non ...
      - Que veux-tu à Ivan ? Il n'est pas ici, tu risquerai de perdre ton temps. »

      Cet homme ... Il y avait quelque chose de rassurant en lui, elle sentait qu'elle pouvait se confier.

      « À vrai dire, je ne sais pas ce que je veux. Il y a dix jours, je croyais dur comme fer que je pourrai annihiler la maltraitance infantile. Mais au final, je me rends compte que je suis rien. Je ne suis qu'une idiote, incapable d'être autonome. J'ai peur du monde extérieur, je ne suis qu'une enfant, faible et fragile.
      - Ne dis pas ça, tu es forte, plus que tu ne le crois. Tu lui ressembles, tu sais ? Vous êtes tous les deux allumés par la flamme de la justice. Moi-même, j'avais cette flamme.
      - Que voulez-vous dire par là ?
      - La révolution est la meilleure solution pour ce monde, peu importe nos objectifs, nous sommes tous des frères.
      - Comment savez-vous que ...
      - ... Cela se voit sur ton visage, ta conviction te rend vivante et guide ta vie. C'est le fil conducteur de ton existence. Tu possèdes toutes les qualités pour réaliser ton rêve, celui d'Ivan, mon rêve : notre rêve. C'est à toi de les éveiller et de les utiliser de la meilleure manière qui soit.
      - Je ... Je ...
      - N'aie crainte mon enfant, tu réussiras. Je le sens au plus profond de mon cœur. Il est rare de voir des êtres aussi purs que toi de nos jours. »

      Mizuki ne pouvait pas se retenir, elle pleura chaudement. Ce que lui avait dit ce vieil homme l'avait véritablement touchée. Elle était forte ... Elle était forte. Elle pouvait réaliser son rêve et changer le monde. Comme Ivan l'avait fait ici sur Kage Berg.

      « Merci Monsieur.
      - Ne me remercie pas, c'est mon travail de former la jeunesse ! D'autant plus que nous sommes de la même famille, la famille révolutionnaire. Je te souhaite une bonne chance pour ta quête. »

      Après cette discussion, Mizuki décida à contrecœur de partir. Elle salua Dimitri et Inna, ainsi que tous les enfants de l'orphelinat. C'était vraiment un endroit merveilleux. Désormais, elle devait suivre les traces d'Ivan, peu importe le temps qu'il faudra : elle réussira. Après une longue marche où elle pensa beaucoup à sa vie, elle approchait désormais du port.


      Pulu pulu pulu ... Pulu pulu pulu


      Son Den Den Mushi sonnait, Harlem ... Elle le sortit de sa poche.

      « Salut ma poupée, quoi de neuf ? Alors, toujours sur Kage Berg ?
      - Oui ...
      - Tu t’intéresses au festival annuel de la vache ?
      - Non, pas du tout. Je m'apprêtai à quitter l'ile.
      - Parfait, un bateau t'attend au port, j'ai une mission pour toi ! »