La pêche avait été bonne! L'vieillard était resté accroché à sa chaîne, piégé comme un animal. J'ai senti ses os se briser sous mon poing et il a disparu d'mon champ d'vision. Hummmm... Il n'fallait pas que je l'abîme de trop non plus, si j'voulais avoir une petite chance d'en tirer quelque chose. Un vieux, ça pouvait passer, un estropié, ça n'valait plus grand chose. Personne n'en voudrait, pas même pour les organes vu l'âge. Quelques côtes, ça pourrait se réparer, mais j'devais lever l'pied. Enfin déjà, il fallait que j'le retrouve.La poussière a finit par retomber et j'ai regardé autour de moi. Il avait disparu.
Devant moi, j'pouvais voir une longue trace dans la terre, là où il avait probablement atterrit et roulé après le vol plané. J'ai suivi la trace en rigolant intérieurement. J'essayais de m'visualiser la scène qui avait probablement eu lieu. Par endroit, la trainée était interrompue, signe qu'il avait fait des roulés boulés. J'finis par arriver à la fin d'la trace, à l'extérieur d'la ferme. Une silhouette nettement visible, avec deux traces de mains au milieu, là où il avait poussé pour s'relever. Bon, au moins, il marchait encore. Je l'avais pas complètement cassé. Le problème, c'est qu'on était dehors, au milieu de toutes ces pousses de blé et qu'ça allait devenir coton pour l'retrouver maintenant.
J'ai essayé de m'mettre à sa place. Il m'avait repéré, m'avait affronté et s'était fait éclater. Donc, il allait chercher à fuir. La solution la plus logique était qu'il retourne vers la ville pour trouver de l'aide. En théorie, il devrait donc se diriger par...... la! Ca y est, je repérais un léger mouvement des blés qui suiviait une ligne droite. C'était lui, il était en train de se faufiler! Courant derrière lui, j'ressentis la douleur dans mon dos. Il m'avait pas loupé, mais ça allait pas m'empêcher de l'rattraper. Il fallait simplement que j'oublie l'idée même de courir. D'temps en temps, je voyais des gouttes de sang surles tiges, c'qui m'indiquait que je tenais la bonne direction. L'inconvénient, c'était qu'une fois dans l'champ, je n'voyais plus rien, moi non plus.
Après quelques minutes, j'arrivais sur un chemin, bordé d'bottes de pailles. Les traces de sang avaient disparu. Il était forcément là, caché quelque part.
-Hey, papy! Allez, viens, j'veux juste discuter... Ca nous fera gagner du temps à tous les deux... Hgnn!
Tout en parlant, j'avais remplacé mon grappin par mon couteau et j'enfonçais la lame avec conviction dans l'tas de foin. Aucune réaction. J'avançais le long du chemin et plantais ma lame dans chaque cachette potentielle. Cela n’allait pas être long, il y avait à peine une dizaine de bottes. La deuxième, rien. La troisième non plus, ni dans la quatrième. Idem pour la cinquième. Une voix retentit soudain derrière moi. C’était deux marines. J’y croyais pas. Un mec peut-il vraiment appeler la Marine pour lui venir en aide ? C’est une attitude de gamin…
-On peut vous aider, monsieur ? Qu’est ce que vous faîtes ?
-Ca se voit pas ? J’aère les bottes de foin pour éviter qu’ça moisisse !
Ils m’ont regardé un moment, sans rien dire, intrigués par mon bras, bien sûr. Un mec avec un couteau à la place d’la main, ça soulève quelques questions… Mais ils ont finit par partir. J’pense pas qu’ils m’ont cru, mais après tout, ils avaient rien à me reprocher. Je m’suis retourné. A tous les coups, l’autre avait réussi à filer pendant c’temps.