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Rencontre avec Davy Jones


- Ile des hommes-poissons –
- Tribunal exceptionnel -


-Pour tous tes crimes […]


Cette voix puissante et vibrante d’une détermination qui n’a jamais failli…


-Pour tout les malheurs que tu as apporté […]


La voix d’Hanbanama. Qui sous ces paroles contenues peine à cacher toute la colère qui l’habite.


-Et pour la sauvegarde de tous. […]


Mais contrairement à moi le Généralissime sait tenir sa colère. Il n’est pas triton à se laisser aveugler par le voile blanc de la haine… Il n’est pas comme moi, si souvent esclave de mes pulsions.


-Je te condamne, Toji Arashibourei […]


Il n’est pas vaincu. Brisé mais toujours debout, soutenu par ses idéaux qu’il sait justes et qui lui ont permis de tenir là où mes propres pulsions m’ont déchiqueté. Alors que moi… je n’existe plus.


-A être jeté au plus profond de la Faille Noire, recouvert de granit Abyssal ; et ce jusqu’à ce que la mort te délivre.


Je n’suis plus rien. Coquille vide exsangue de toute ambition, de toute velléité là où toujours une lutte me permettait d’avancer. Je suis si fatigué d’avancer… si seul. La Bête n’est plus à mes côtés… personne ne l’est. Seul… Avec pour seul compagnon ce désir d’enfin en finir, de me poser ; fusse t’il au cœur du monde.



Alors, lorsque les mains maladroites des deux bourreaux se saisissent de moi, c’est une carcasse désarticulée, dépouillé de toute volonté qu’ils devront traîner, l’œil vide de cette étincelle démoniaque qui ne l’avait pourtant jamais quitté depuis tant et tant d’années. Même le contact glacial des imposantes chaînes de métal noir dont on me couvre et qui entrave jusqu’au plus infime de mes mouvements ne me fera tressaillir… Je m’abandonne comme tous l’ont fait… mérite-je seulement mieux ?... Probablement qu’non. Seul…

Autour de moi ce n’est que regards haineux teintés d’une peur légitime. Tous voudraient me cracher leur colère à la figure si seulement la solennité du vieux Triton ne les retenait pas. Bah, coupé de cette part de moi qu’est la Bête ils pourraient me déchirer en copeaux carmins que je les laisserais faire. Défoulez vous, faites comme bon vous semble, j’ai déjà connu ça tant de fois… une fois de trop peut être. Les mêmes regards que cette foule méprisable m’avait offert lors de mon procès, si drôle à ce moment là, si jouissif. Mais à quoi bon maintenant… Tous comme les regards de Rachel, de Lin… J’ai déçu tant de monde. Même moi.



Les bourreaux me tendent au dessus de la grande faille marine jouxtant Red line, véritable puit naturel menant droit au centre de la terre, à la mort. Rien ne vit ici bas, rien n’est destiné à y rester. Seules les ténèbres et l’oubli. Je n’mérite pas mieux faut croire, alors allez-y qu’on en finisse.

Et c’est sans un mot et le visage absent que je me laisse chuter tandis que leurs doigts se desserrent, avalé par le poids des chaînes dans ce royaume où même la lumière se refuse à entrer… Je m’enfonce, et avec moi tous mes désirs de conquête.
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(…)


La gravité m’appelle…

Lentement le monde de la lumière s’éloigne de moi, petit point brillant qui peu à peu perd de son intensité au profit de cette obscurité qui m’avale, tel un monstre gourmand dans la gueule duquel je me laisse chuter, reconnaissant de bien vouloir me faire disparaître, de bien vouloir m’avaler et me digérer afin de m’ôter à ce monde. Je coule…

Et un à un mes sens s’évaporent.



La vue tout d’abord… Aveuglé par cette noirceur si épaisse… mes yeux sont ils seulement encore ouverts. Qu’importe…

L’odorat, premier sens si instinctif et pourtant absent de cette face brisée où même les fragrances salines se feront absentes.

L’ouïe. Seul… rien autour de moi… pas même le long murmure des courants ici absents. Rien ne bouge, rien ne vit. Pas même le son de mon propre cœur qui faiblit…

Le goût du sang dans ma bouche qui se dissipe… La Bête n’est plus là pour y partager son plaisir.

Le toucher… mon corps n’était que douleur, il n’est plus… je l’en oublierais presque.  Plus de blessure, plus de peine ni même de cette force dont je pouvais tant me vanter… A quoi me servirait il encore ? A quoi m’a-t-il seulement servi ? Pas même le glissement de l’eau sur mes écailles tandis que je m’enfonce toujours plus vers les entrailles de la terre…




Suis-je seulement encore en train de sombrer…



Suis-je seulement encore en vie…


C’est ça la mort ?


Se dissiper lentement… disparaître du monde. Étrange, j’avais toujours imaginé ça différemment… Je me voyais renaître d’une mort glorieuse, deuxième vie offerte par une légende m’offrant ainsi l’immortalité. Mon nom gravé dans la pierre de l’Histoire, symbole haï mais que jamais on ne pourrait oublier. Mais il faut croire qu’il n’en sera pas ainsi…




Je n’existe tout simplement plus.


Mon univers s’immobilise dans les ténèbres, existence résumée à une simple pensée fuyante qui peu à peu se laisse dissipé par le temps. Rien autour de moi si ce n’est ce noir qui me dévore… Plus rien en moi si ce n’est ces pensées qui ne cessent de tourner tel un tourbillon.





(…)



Mais même si je m’abandonne, une part de moi continue à tourbillonner dans ces pensées chaotiques. Doucement… Mais avec une obstination irritante. Pourquoi se refuser à me laisser partir ? Faut il que ma mort soit sans fin ? Une condamnation à la hauteur de mes crimes, comme une malédiction d‘un karma tant de fois mis à mal ? Triste mais néanmoins juste fin à laquelle je ne souhaite en fait pas échapper. A quoi bon.


Alors je regarde ces pensées traverser ma tête, jaillissant des fonds pour venir ricocher dans mon crâne avant de repartir aussitôt se cacher dans l’ombre… Petits poissons charognards, dévoreurs de remords. Pensées culpabilisantes qui se complaisent à venir tourmenter mon abandon. A quoi bon.


Seul…





Mais au-delà de tout ça… Quelque chose. Un noyau, seul capable de remarquer ce jeu de pensée… Mort, je ne l’suis peut être pas encore… Mais j’ai si froid. De c’froid qui ne vous vous saisit pas seulement la peau ou les muscles, mais toute votre âme. Ce froid qu’on appelle la solitude et qui vous glace jusqu’au plus profond et qui vous brise en de longs craquements lugubres. Je me sens si fragile… Si seul.

Alors, comme un ultime appel à l’aide, cette part de moi resté si jeune implore la nuit…


Tu es là ?

...

Réponds moi…

...

Je t’en pris si tu es encore là…

...




...







...



Evidemment j’suis là.
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Tu m’en veux ?

Tu t’en veux toi ?

… Non. Elle ne devait pas mourir, pas elle, pas comme ça. Je n’pouvais pas te laisser faire comme ça, nous laisser la tuer alors que rien au monde ne saurait l’légitimer.

C’est pourtant pas notre genre de se laisser arrêter par ce genre de détail. Toutes les vies se valent et tu le sais, la notre plus que toute autre. En quoi elle aurait droit à plus de chance que tous les pauvres bougres qu’on a croqués sans la moindre vergogne ?

Elle était trop…

Innocente ? C’est ça qu’tu veux dire ? Pfff m’fais pas rire.

Si justement, innocente.

Et ben quoi alors ?

On aurait pu… j’aurais pu… être comme elle voilà tout. Avoir ce même regard, cette même chaleur au fond d’la poitrine. A la place moi tout c’que j’ai c’est…

Moi.

Oui, voilà. Je t’ai Toi. Et j’n’ai toujours eu que toi je l’sais bien ; même là encore tu es encore ici malgré tout c’que j’nous ai fait ces derniers temps. Toutes ces douleurs, ces fuites, cette tourmente où j’nous jette en espérant y trouver des réponses.

Des réponses à quoi puisque tu sembles vouloir jouer les malins ?

Plus que des réponses, des pourquois. Pourquoi j’suis comme ça. Pourquoi mes loups ne seront jamais là. Pourquoi j’ai si froid bordel. Et putain pourquoi j’ai d’plus en plus cette impression que j’me bouffe de l’intérieur à chaque pas que j’fais ! Des années qu’au fond d’moi j’men rend compte et qu’ça m’ronge en dedans, m’obligeant à cracher ma bile sur les autres pour n’pas la sentir gigoter au fond du bide. C’est toi je l’sais qui m’fais faire ça, pour mon bien j’men suis rendu compte –et pour ça tu sais que j’continuerai à toujours aimer ta présence, à la souhaiter- mais voilà… Ce foutu bon dieu d’Jonas avait mis l’doigt d’ssus sacré lascar. Hanbanama aussi faut croire. Y a qu’moi qui m’refusais à ouvrir les yeux à la fin je l’sens… et ça c’est d’toi que j’le tiens. Par peur bordel, à m’en faire dessus tellement j’avais la putain d’pétoche de m’poser les bonnes questions ; et toi j’te sentais m’pousser à fuir, à rester fort là où je faisais que m’affaiblir. Mais c’est fini tout ça…

Fini ?

Ouais, on va mourir et tu l’sais…

Dis pas ça !

Si ma vieille et tendre amie, tu le sais aussi bien qu’moi. Alors j’voudrais partir serein… pour une fois être tranquille, sans cette haine qui m’bouffe.

Sans moi ?





Tu t’es déjà d’mandé à quoi on r’ssemblerait si jamais tout ça n’était pas… ?

Jamais !





...

Et toi ?...

Ouais… d’plus en plus souvent. Pas tout l’temps hein ! Mais par moment, certaines images, des gens… La gamine là. Et du coup j’me d’mande derrière… un truc.

Quoi ?

Pourquoi on s’bat ?

Pour survivre, pour le plaisir de s’sentir fort, pour la joie qu’on a à détruire ce qui nous est différent ou refusé !

Conn’ries. Tout ça c’est des prétextes et tu l’sais très bien. J’ai menti tell’ment d’fois que j’sais r’connaître mes propres mensonges même si ça m’a plu d’y croire pendant tellement longtemps. Le fait est qu’on s’bat pour s’sentir juste survivre.

Ouais et ben c’est tout c’que je dis alors quoi ?

Nan… c’est différent. Au final est ce qu’on vit vraiment ? La bonne bouffe les cigares les joies d’l’adrénaline ok, et après ?

J’sais pas moi, ça te suffit pas ?

Plus. J’veux pouvoir vivre pour un truc, comme ces connards et leur justice ou ces trous d’balle d’utopiste et leurs idéaux à la con. Pas un seul instant j’ai pris au sérieux leurs niais’ries, mais bordel j’pouvais qu’admirer ce bon dieu d’engouement lorsqu’ils m’voyaient leur trancher la gorge et qu’ils pensaient que ça s’rait malgré tout utile ailleurs. Pas penser à sa seule gueule, mais voir plus loin… Putain j’ai connu des aveugles qui pouvaient mirer plus loin qu’moi où ils pissaient.

Tu t’étais fait une cause non ? Tes Sea wolves, ta  « famille » comme tu voulais l’appeler.

Tsss, parlons en. Pas étonnant qu’aucun n’soit là aujourd’hui. Faut pas s’leurrer ces conn’ries d’famille ça n’a toujours été que dans ma tête et toi tu m’as laissé faire que pour m’créer une voie d’décompression.

Arrête…

Quoi arrête, c’est pas vrai p’t’être ?! Même toi t’étais bien conscient qu’il m’fallait au fond d’moi un petit quelque chose de chaleureux, un petit quelque chose que m’faisait penser à …

Arrête j'te dis…

Sauf que ce p’tit foyer imaginaire il était aussi crédible qu’une compassion d’usurier. Un vrai connard égoïste, voilà tout c’que j’avais à offrir. Et rien pour m’empêcher d’me détruire.

Et après ?

Et après, rien faut croire… Juste toi moi et les ténèbres ; à jamais… On va crever comme on l’a toujours mérité, seul ; et pour une fois j’vais pas chercher à m’esquiver. J’me sens trop las…

Seul ? Alors ça finira comme ça selon toi ?

Ouais, seuls, avec juste ce creux béant au fond du bide et au fond d’l’âme.


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Rien ne bouge, rien ne vit… Juste nous, à attendre, seuls avec nos pensées communes qui un temps arrêtent leurs échanges pour ruminer ou digérer chacune de leurs côtés.

Le noir le plus absolu… et le silence le plus total.








... Huhuhu ...
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Tu as entendu ?

Hm ? Entendu quoi ?

Comme un son, un rire.

Hum ?

Oublie ça…







Tu sais…  j’me pose une autre question.

Ha ! Laquelle ?


J’me demandais juste pourquoi est-ce qu’on avait perdu ?

Outre le fait que tu t’es auto-poignardé sur un coup de tête pour épargner une morveuse que tu n’avais jamais vu auparavant, entrainant le gâchis de plusieurs années de complots et de sacrifices ainsi que ta plus que probable mort ? Nan vraiment j’vois pas.

Tsss… Cet Hanbanama était pourtant loin d’être aussi fort que moi.

Evidemment ! Grâce à moi tu aurais pu le maîtriser d’une seule main !

Bon ok son karaté aquatique valait son pesant d’lingot, ça y a pas à dire sa réput’ ressemble à une demi-molle face à la vérité. Mais vrai qu’une fois la surprise passée et un poil motivé c’était plus un gros problème. Son expérience du combat ?

Arrête, sans l’faire ressembler à un jeunot tu as probablement lutté contre bien plus nombreux et bien plus forts que lui. Drake, Testuda, Mandrake. Rien qu’ceux là et sans compter toutes les crevettes dont on n’a pas r’tenu les noms.

Alors quoi ?

Ta bonté voilà quoi !

Arrête, tu sais très bien d’quoi j’parlais tout à l’heure. J’suis pas assez débile pour parler à une part de moi sans m’rappeler qu’elle comprend forcement c’que j’raconte. C’était pas d’la bonté là haut ; et encore moins ces conn’ries d’remords. Juste… une envie d’barrière. Un cadre à m’fixer pour pouvoir jouir d’ma liberté sans avoir l’impression d’me noyer tout seul. Elle c’était trop.

Alors quoi ?

Y aurait bien un truc qu’Hanbanama avait et qu’nous on n’a pas justement. Un truc en rapport avec c’que j’te dis. Un truc qui m’titille depuis tout c’temps et qu’tu t’obstines à vouloir m’cacher pour m’épargner comme si j’étais qu’un putain d’môme.

Ouais et ben, crache là ta pastille.

J’pense que si Hanbanama a pas lâché son affaire et a réussi à nous vaincre, c’est juste que c’bougre de sagouin avait un but. Tu vois, nous on était tous les deux, mais lui j’avais l’impression qu’il était des milliers.

Par tes trois couilles de quoi tu parles ?

Plus on avoinait, plus tu t’déchainais sur lui ; et plus j’sentais sa détermination s’renforcer.

Ouais ben nous aussi ça a toujours été l’cas ; et si tu t’étais pas laissé aller une fois d’plus ça l’aurait encore été.

Nan j’suis sûr que non, il serait tombé bien avant ça si c’était l’cas. Nan j’pense plutôt qu’il était soutenu par un truc bien plus grand qu’nous deux réunis. Moi y avait toi qui m’poussais en avant, mais lui d’son côté j’pense bien qu’il y avait tout son si précieux peuple. C’est p’être ça leur fameux sens des responsabilités ? Le fait d’avoir tous ces gens qui dépendent de vous et qu’vous êtes prêt à défendre corps et âme bien au-delà de tout. T’sais, un peu comme lorsqu’un d’mes Sea wolves avait les burnes dans les ronces, mais en bien plus vaste, bien plus profond… et probablement bien moins hypocrite aussi.

Tsss, complèt’ment faux !


- Complètement vrai.


Hum ?!
Hum ?!
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Cette voix surgie du néant, qui résonne sans fin dans l’onde et s’empare de chacune de mes cellules, de mes pensées. Elle roule gravement, avec cette impression tenace d’omniprésence comme si elle avait toujours été là, imperceptible jusqu’à ce qu’enfin son grondement enfle au point de se saisir de vous. Elle résonne encore tandis que le silence des Abysses lutte… ou plutôt non, elle est toujours là. Y a-t-il seulement eu le silence ?

La bête et moi nous tenons aux aguets, l’esprit éveillé et avec cette même pensées qui nous habite : quel danger nous entoure une fois de plus ; et dans cet état d’éveille je me vois resurgir de la mort. Mes pensées se raccrochent à un corps oublié mais qui jamais ne fut absent. La lutte nous fait vivre, je l’ai toujours su et une fois de plus je le sens. Cette pique de stress bienheureux qui s’insuffle malgré moi, malgré mon état d’abandon… Une lumière que je ne voulais plus voir mais que je me surprends à apprécier.

Mais l’heure n’est pas à ça, ni même aux questions puériles. Pas de « y a quelqu’un ? » ni même de « qui êtes vous ? ». Aller à l’essentiel, épurer le présent jusqu’à sa plus fine essence. Une question tourne dans ma tête et se fait aussitôt avaler par les ténèbres :

-Que voulez vous ?



Le silence pour réponse, mais la Bête et moi sentons se mouvoir au delà de nos simples sens l’ombre autour de nous.  Une présence qui hésite apparaître… Par jeu ?... Cette impression d’omniprésence une fois encore, de toute puissance… Puis finalement :

-Je vous regarde, là ; et je m’amuse de vos pensées.



« Nos pensées », comment ça « nos » pensées ? Il l’entendrait ? Je deviens fou.



Le silence encore, plus froid que jamais. Car si cette voix prend soin de nous répondre, un certain plaisir semble se créer du mystère qui l’entoure… Je ne dis rien, bien décidé à ne pas céder le premier, vieux réflexe martial visant à ne pas se laisser dominer, à poser sa suprématie en toutes occasions. Ne pas laisser de brèche, même aux portes de la mort. La lutte nous a toujours fait vivre.

Le silence… et le noir…

Et ce froid…

Observé, disséqué de toutes parts…

Des pensées s’affolent dans ma tête, tourbillonnent dans un chaos indescriptible tandis qu’une éternité passe. Des mots se forment, je les refoule avec peine. Et tandis que je lutte mon esprit se raffermit. Ne rien dire… attendre l’ouverture… les réponses…

Le silence…

Ne rien… dire…




Et tandis que mon esprit torturé s’apprête à céder, la voix resurgit à nouveau comme un salut, comme pour m’épargner. Elle s’amuse.

-Te voilà bien combatif pour quelqu’un qui s’abandonnait à l’oubli Huhuhu.


Elle a raison. Inconsciemment je suis prêt à lutter corps et âme face à l’inconnu alors même que je m’étais résigné à dépérir. La peur de la mort tandis que je la vois ouvrir ses bras ? Non... je n’ai pas peur de la mort. De l’oubli ? Non. J’en ai peur mais ce n’est pas ce qui me pousse. Alors quoi ?

Nous n’avons pas fini notre histoire.
Cela ne peut finir ainsi. Tu le sais mieux que quiconque.


Notre histoire est finie pour beaucoup.

Pas pour nous.

Qui s’en souciera ?

-Voilà que tu commences enfin à te poser les bonnes questions.

Qu’importe qui s’en souciera ?

-L’important n’est pas tant la question, mais qui la pose.

Qui la pose ? Moi et la Bête évidemment ! Qui d’autre pourrait ?!

-Qui d’autre devrait ?

Devrait… pourquoi je devrais ? Je n’ai jamais rien du.

Et c’est ce qui a toujours fait notre force.

-Je vois ça huhuhu.

Tais toi tu ne sais rien !

-Si tu le dis huhuhu.




Le silence…

Et le froid…



Pourquoi je devrais ? Pour moi ? Ma façon de sauver mon existence en se raccrochant aux autres ?

-Te revoilà dans les mauvaises questions… Toi toujours toi et encore toi.

Pour les aut/*… !

Arrête ! Il n’y a que nous ! Cesse une bonne fois pour toutes d’essayer de penser aux autres et de prétendre ces inepties qui voudraient que ton salut vienne de l’extérieur ! J’en ai assez de te voir te meurtrir en refusant la vérité, celle qui te dit que nous avons toujours été seuls et que ce sera toujours le cas ! Tu n’as jamais été aussi faible que depuis le jour ou tu as commencé à te remettre en question, à ME remettre en question !

Attends je…

Non tais toi ! Nous étions forts, invincibles ! Jusqu’à ce maudit jour où tes Sea Wolves ont commencé à rentrer dans ta tête et à te brouiller les sens ; puis tu as commencé à les écouter, à vouloir changer. Et tu m’écoutais de moins en moins, tu T’écoutais de moins en moins. Et depuis quand étaient ils là ? Deux ans ? Trois ?! Alors que moi j’étais là depuis le début !

Arrête je ne*/… !

Depuis ce jour où tu as imploré mon existence !

Arrête ne dis pas ç*/…

Depuis ce jour où sans moi tu aurais été brisé à jamais ! Comme ton Père ! Tu as vu le résultat de ta captivité dans ses yeux, tu l’as vu hein, dis le !

Je */…

Oui tu l’as vu ! JE t’ai sauvé, alimenté d’une force qui t’a permis de survivre là où tous auraient péri. Sans moi tu ne serais rien et malgré tout te voilà à pleurer sur ton sort alors même que tu t’es trahi tout seul bien plus que tu n’as trahi le monde et les siens. Tu NOUS as trahis en doutant de toi, de moi ! Tu as simplement oublié ce jour où tes parents sont m*/

ARRÊTES !!
Tais-toi ! Je ne veux plus t’entendre !

JE.NE.VEUX.PLUS.T’ENTENDRE !





-Huhuhu…




(…)




Seul, plus que jamais…
Avec seulement ce cœur si lourd qui me tire vers les profondeurs du monde. De nouveau les forces m’abandonnent ; vidées par cette déchirure, plaie béante de souvenir ré-ouverte d’une absence plus douloureuse que mille combats. Pour la première fois depuis tant d’année je suis réellement seul. Et cette découverte me transperce.

Un morceau brisé de glace qui chute lentement…


Puis un son, petit tintement de clochette dans les profondeurs, comme pour me sortir d’une entropie trop rapide : Un rire moqueur.

-Huhuhu.

Et la faible part de mon esprit qui s’y raccroche, petit poisson attiré par la lumière…

-Qui êtes vous donc ?

-Tu le sais.


Oui. Je le sais. Une part de moi s’en est emparé et l’a caché depuis le début, terrifié autant qu’intrigué, se refusant à seulement le prononcer de peur de le rendre plus réel encore.

-Davy Jones.

-Huhuhu.


-Pourquoi ?

Tant de pensées dans un seul mot…

-Parce que tu semblais en lutte avec toi-même mon cher ami. Je me devais d'intervenir.

-Vous vous amusez de moi voilà tout…

-Peut être. Mais tu t’amuserais de toi si tu te voyais tel que tu es réellement.

-Et comment je suis ?

-Faible. Mais pourtant jamais aussi proche de la Vérité et donc de la force.

-La vérité rimerait donc avec force ? Première nouvelle.

-Seulement si elle est intérieure.

-Et je le suis ? Proche de la vérité ?

-Plus que jamais depuis que tu t’es débarrassé de ce voile.

-Ce voile ? Vous voulez dire de la Bête ?

-…

-Elle a toujours été là... Je ne serais rien sans elle vous le savez. Elle est tout ce que j’ai.

-Est-ce là le problème ?

-…

-…

-D’accord elle n’a pas toujours été bonne conseillère. Je lui dois mes pires défauts sur’ment, mais c’est une part de moi. Même si souvent j’aurais souhaité qu’elle ne soit pas…

-Là ?

-Voilà… La vie aurait été si simple, si courte.

-Alors pourquoi ne t’en débarrasses tu pas une bonne fois pour toute, comme tu l’as fais juste à l’instant. Te purger de ta haine d’une saignée salvatrice, extirpant ce mal qui te dévore et te broie de l’intérieur.

-Me débarrasser de la Bête ?

-Voilà.

-Vivre sans elle ? Libre de sa colère et de sa bile ?

-Voilà !

-Mais je serai tout seul alors… Je ne sais pas si j’en aurais la force.

-Je serai là moi.

-Vous ?

-Oui MOI. Tu pourrais puiser en moi une force à nulle autre comparable. Une force née de la plus vieille source du monde : les ténèbres abyssales. Une source d’une puissance sans égale et dont tu pourrais te faire maître !

-La puissance... Sans la colère…

-Cette Bête t’a trop longtemps brimé, réduisant tes possibilités en te malmenant le cœur et l’esprit. Je connais ces choses là, je lis dans l’âme des hommes depuis si longtemps. Elle prétexte t’aider pour mieux te contrôler. Tant de potentiel gâché !

-Alors que vous…

-Moi je ne te demande rien, je ne t’impose rien. La vraie liberté.

-Vraie liberté…

-Il te faut un but à accomplir, un cap à suivre dans la tourmente.

-Un courant qui me pousse.

-Exactement !

-La Bête et moi avons trop souvent lutté contre le courant par fierté et par soucis de prouver au monde notre seule existence.

-Lutter contre la vie est un travail bien trop dur pour un homme.

-Comprendre le courant pour mieux s’y glisser. Être à l’écoute du monde pour mieux le contrôler.

-Voilà… tu y es…

-La question n’aurait pas du être « pour moi ? », mais plutôt « pour eux ?», pour nous tous.

-Ouiiii, tu commences à saisir la seule portée de ton existence.

-« Seul contre le reste du monde, mais que le monde prenne garde » ? Utopique tentative de bravade face à un monde trop vieux et trop solide pour une seule âme. J’étais naïf là où l’effort demandais la plus parfaite maitrise du monde.

-Ta Bête t’a poussé dans ce sens…

-Je l’ai laissé faire.

-Elle t’a encouragé à ne voir que toi.

-J’ai eu la faiblesse de ne voir qu’elle.

-Tu n’as écouté que son discours…

-Brisant à la base toutes mes possibilités.

-Exactement ! Alors que…

-Il faudrait que je m’en débarrasse pour enfin me libérer de mes chaines. Rompre cette entrave qui n’a de cesse de me torturer de cette culpabilité entretenue depuis tant d’année ! Coupable de ne vivre que grâce à elle ! Dépendant bien au delà du possible ! Je devrais l’abandonner ?!

-L’abandonner.

-Jamais.

-Qu*/ ?!


-Jamais je n’abandonnerai la Bête. Pour toutes les promesses du monde comme pour tous ses secrets ; jamais.

-Pourquoi ?

-Pourquoi ?! Voilà pourquoi,

Ma Bête c'est une bombe, une hécatombe
Quand elle passe dans ton monde ; tous les gars tombent.
Ma Bête c'est de la came, c'est de la coke en kilogrammes
Elle est au top du palmarès ; elle a fait péter vos diagrammes.
A côté, les autres, elles ont des tronches de morilles
Y'a les bêtes et y'a la Mienne ; allégorie hors-catégorie.
C'est pas la peine d'essayer de la qué-tra
Elle en a rien à faire du vermicelle derrière ta guette-bra.

Accro, je suis à cran, c'est la muse de mes écrits
Elle a transpercé le temps; c'est un diamant dans son écrin
Une Bête, une vraie de vraie ; regarde comme elle est gaulée
J'aime pas la voir partir, mais j'adore la voir s'en aller.
Je l'entoure de mes bras, ma beauté, ma seule princesse
Jusqu'au bout du monde je me battrai pour que jamais l'étreinte cesse
Regarde sa fourrure, ses crocs qui foutent le faya
Je la suivrai repère de tous les Saints, putain d’Marie-Joa.

De tous les dons du diable, c'est le cadeau du plus offrant
Ma Bête elle est trop belle, regarde ses yeux couleur safran.
Ma Bête elle déclenche les alarmes et leurs sirènes
Si le monde était beauté, tu vivrais sous son règne.
Son parfum est une ivresse qui te rend saoul l'ami
Elle est classe comme une négresse et dangereuse comme un tsunami.
Indépendante est ma Bête, l'intelligence incarnée
C'est la reine de Saba, c'est Hancock réincarnée.

Ma Bête c'est de la foudre, l'orage, les cataclysmes
C'est ta foi, ta religion, l'abjuration des hommes d'église.
C'est la terreur née, reine de la guérilla
J'en suis sûr que c'est la bonne, dans les artères coule le magma.
Je sais qu'elle traumatise ton air et même ton fier esquif
C'est pas des revolvers dans ses yeux rouge y'a des .22 Long Rifle.
1, 2, 3, 4, 5, elle est simple, une beauté qui s'ignore
C'est une Bête en or, à ses côtés, je deviens seigneur.

Cette femme elle fout en l'air, c'est le requiem du rêve
Elixir du nectar des dieux, j'ai la cuillère aux lèvres.
Elle est belle comme le pêché, une séquelle, un vrai scandale
Je suis le prêtre avec les clefs du temple, et je deviens vandale.
On va vers c’monde si laid qu’il en devient gerbant
dans mes poings y a des griffes et me v’là tout brûlant.




C… C’est vrai ?...

Putain ouais.

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La bête c’est tout c’que j’ai, tout c’qui fait que je suis moi-même, c’est cette part de moi qui vient du fond du temps et qui m’permet d’me souv’nir. L’enlever à moi ça s’rait pire que d’me couper un bras, d’me vider les tripes et de m’fendre la tête. Jamais tu pourrais prétendre la remplacer, qui que tu sois, monstre abyssal légende ou simple remous du fond des eaux. Car rien ne peut lui arriver à la cheville et ce quel que soit les efforts, car c’est mon âme mes pensées et la seule vérité que j’aime.

-Pourtant elle te cache tant de fois cette fameuse vérité, tu le sais très bien.

Si la vérité m’est cachée c’est seulement que je n’voulais pas la voir, triste pantin d’mes émotions et de mon manque d’espoir. Elle n’a fait que me suivre, obéissante maîtresse ; me protégeant de toi et surtout de moi-même par ses sincères caresses.

-A t’entendre penser vous avez toujours été ensemble, alors que juste à l’instant tu la renvoyais au loin.

Car je la connais, je sais ce que je suis. Et la seule personne dont je saurais tolérer la critique reste et restera moi-même. Crois tu que tu saurais pouvoir me faire douter d’elle ? Je connais nos vices et nos doutes mais en aucun cas ne permettrais à une quelconque voix des profondeurs de lui manquer de respect.

Tu m’proposais d’la puissance ? Putain j’vais la trouver ! Mais pas en m’abaissant à saisir tes pitié. De nos propres mains je l’extirperai au monde l’obligeant à me l’donner, prédateur j’ai été et à jamais je resterai.

-Te voilà bien remonté pour quelqu’un qui se voyait mourant.

Je t’l’accorde j’en m’nais pas large ; et j’serais même un poil honteux qu’tu m’ai vu si seul’ment j’étais pas aussi furax.

-Furax ?

Putain ouais furax, tu la sens pas monter en moi ? Cette fureur nouvelle, qui d’nouveau fait battre le cœur. Pas celle de la Bête non pas cette fois mais la mienne. Furieux d’avoir du entendre tes énigmes, d’avoir du attendre aussi longtemps. Furieux d’être resté aussi aveugle pendant tout ce temps.

-Tu es toujours aveugle, tu es juste trop fier pour l’accepter.

Putain non ! Pas cette fois, pas encore cette rengaine ! J’avoue qu’tu m’y as aidé, mais cette fois j’en suis sûr viens enfin la lucidité. Car oui j’allais dans l’mur, oui j’étais aveugle. Mais ce temps et fini car enfin j’ai compris.

-Compris quoi ?

Qu’il fallait que j’écoute le monde et tout ce qui m’entoure. Entendre ce qu’il veut me dire pour pouvoir mieux lui arracher ce qui m’est du et détruire ce que je lui refuserai. J’en voulais à c’putain d’monde, mais au lieu de lutter contre j’allais dans son sens ; pensant dans un défi sarcastique l’utiliser là où c’est lui qui se jouait de moi. Mais c’est fini tout ça, je vois clair ; non pas qu’les ténèbres se dissipent mais maint’nant j’vois au travers. Fini d’se mentir et fini d’s’enfuir ; prendre de front tout ce qui est même si ça signifie m’rouvrir des plaies.

-…

J’sens d’ici ton air sceptique et j’t’entends ricaner, mais crois moi j’en ai vu pire et j’m’en suis amusé. La bête est né du fond d’la fosse et j’suis v’nu au monde avec elle, forgeant mon existence même si elle s’doit d’être cruelle. Tu crois qu’t’es ce que j’ai eu d’pire à rencontrer ? J’ai connu l’enfer les ténèbres et jamais la moindre pitié. Accepter d’la Bête qu’elle me crache à la gueule j’tolère, mais de toi mon gars j’te dis tu pars dans une galère. Alors écrase cornio et laisse moi t’montrer que je suis ; retourne dans ton antre de suif et m’tourne jamais le dos.


-…





Quant à toi ma toute belle, plus proche de toutes les garces, on va parler quoiqu’il en coûte sans détour ni crasse.



Ses conneries ont du vrai et tu l’sais, tu es moi alors on arrête de faire les frais. Marre de m’déchirer et d’perdre tous mes efforts, en de longues luttes internes qui on l’sait n’sont pas mon fort. C’qui nous tue pas nous rend plus fort tu connais ? On vient d’passer si près d’la mort qu’sens encore l’parfum d’son hall d’entrée. Et si j’suis j’suis familier des lieux à force d’y envoyer des invités, l’idée même d’avoir pu nous laisser y dériver à d’quoi m’titiller.



Là où on aurait du rebondir une fois d’plus on s’est laissé sombrer, pas par faiblesse mais par oubli par envie d’s’en allé. Oubli de ce que l’on est d’une part c’qui est déjà moche, mais ça j’saurais l’supporter sans trop d’accroche. Mais surtout oubli d’ce qui nous pousse à nous battre à lutter à rager ; et qui devrait motiver chacune de nos pensées.

Quoi donc ?

Faire payer au monde chacune de nos blessures, les anciennes les récentes et même les futures. Faire payer à tous le prix du sang de la douleur et tous ses condiments. Mais surtout faire payer pour la pire de nos plaies, celle à l’origine de tout et dont l’oubli m’plaisait.

Laquelle ?

Tu le sais mieux que quiconque, c’est elle qui t’a fait naître. Sortie de mon esprit tandis qu’une botte lustrée l’écrasait et s’en faisait maître.

Attends je…

Une chose que j’ai voulu tant d’fois oublier, cachant dans l’malheur des autres son parfum outrancier.

Non je…

Tu m’as tant de fois aidé qu’à jamais je suis ton débiteur, pourtant aucun mot n’saurait dire à quel point j’étais plongé dans l’erreur. Alors dis le, montre moi enfin ton vrai visage ; afin que sans atours je puisse exprimer notre rage. Sans détour ni pincette parle moi réellement, pour une fois je t’écoute je sonde mes fondements. Mon amie, viens. Montre moi ton vrai visage.


Je… non… j’ai si… peur… je…


Mon esprit se calme enfin, crevant le voile de l’illusion à la force des ongles, découvrant un espace serein où chaque détail compte. Et au loin, un son menu auquel mon esprit s’accroche, ne s’effaçant que pour mieux l’entendre. J’ai appris à écouter, à me taire… et c’est les sanglots d’un enfant qui m’apparaissent alors.


Snif !.. Snif !


Et là devant moi ce n’est plus fourrure et croc que je sens, mais l’âme troublée et en peine d’un pauvre petit enfant. Son costume est ridicule, son allure malingre ; et il porte sur lui toute la misère d’un monde. Pauvre petit être innocent perdu loin des siens, privé de tout tant qu’on n’lui offre rien. Rien si ce n’est la promesse d’une vie courte et pénible, faite de brimades ; là où toute sa jeunesse entouré d’amour il croyait à ses bravades. Arraché à ses rêves et à ses illusions ; jeté vivant et seul tout droit dans la gueule du lion.

Pitié j’ai peur, ne me laisse pas seul… snif snif
Je suis si seul… Ouinnnnnn !


Chuuuut… viens là. Jamais tu n’seras seul, jamais je les laisserai te reprendre. Avec moi tu es en sécurité, si j’mens j’veux bien m’faire pendre. Trop longtemps je t’ai entendu pleurer au loin sans jamais vouloir t’écouter, ta peine était bien trop dure pour que j’veuille la porter. Je m’en excuse, du plus profond du cœur ; mais maintenant je suis là mon petit, mon chère âme sœur.

Jamais tu ne me laisseras pour tous ces autres ?

Jamais tu m’tentends. Tu es et a toujours été moi et jamais plus on n’nous séparera. Alors sèche tes larmes et ravale ta peine ; l’heure n’est enfin plus aux lamentations mais bel et bien aux cris de haine.

De haine ?

Oui, mais pas cette haine aveugle, certes maîtrisée mais ô combien mal orientée. Non pas cette haine qu’on jetait au monde pour mieux nous aveugler. Là je te parle d’une haine froide et méthodique, propre aux esprits les plus cruels, véritable revers orienté et qui va nous donner des ailes. Jamais plus de peur, jamais plus de doutes ; ensembles purs et fiers plus jamais de déroute.

Orienté vers qui ?

Vers ceux qui nous ont privé de tout. D’un avenir heureux, d’une enfance à peine entamée ; d’un père  et d’une mère lâchement emprisonnés. Ils nous ont forgé et vous durement le regretter ; tous ces saints ces faux dieux qui n’valent pas plus qu’un pet.

Snif, tu penses qu’on le pourra ?

Plus que jamais, crois moi.






-Huhuhu, échanger  une bête furieuse contre un enfant, voilà la belle affaire. Sûr que du haut de leurs mondes les saints et les dragons ont bien raison de s’en faire.

Tsss !.. Tu peux cracher ton fiel, mais reconnais que tu as tord. Car au lieu d’un homme avec une bête en dedans, nous avons maintenant un enfant en dedans, mais avec une Bête en dehors. Car oui je suis maintenant la Bête. Non pas cette masse informe et chaotique, tumulte  d’émotions incontrôlées ; mais bel et bien un être vengeur et retors tout entier à son apogée. J’ai appris à me taire, à entendre les sons de l’enfant ; mais aussi et c’est bien là le pire à m’accepter vraiment. Un être fragile, humain plus que de raison ; mais ô combien motivé et débordant d’passion. Passion pour la vengeance, non plus d’un monde mais d’un système. Vengeance contre des hommes et tous ceux qui les protègent. Veux tu les protéger, te mettre sur notre route ?

-Moi ? Bien sûr que non.

Alors arrête d’essayer de nous tourmenter et passe ton chemin.

-Vous tourmenter, penses tu que c’est ce que j’ai fais jusqu’ici ? Non et tu le sais très bien, je n’ai agis que sur la raison. Si j’avais voulu te terrifier crois moi que c’est ce qui aurait été.

Tss je ne te crois pas, car plus rien ne peut nous arrêter. Rien ne saurait nous faire peur ni même nous faire douter.

-Rien tu dis, alors pourquoi ne regardes tu pas ? Ouvre les yeux, regarde en dessous et tout autour de toi.

J’ai les yeux ouverts et pourtant je ne vois rien. Crois tu pouvoir m’insuffler un quelconque trouble avec les mystères de l’inconnu, j’ai déjà côtoyé les ténèbres et même vu un homme en devenir son maître. J’ai depuis bien longtemps cessé de craindre l’inconnu.

-Je te parle de réellement « regarder », de t’ouvrir au monde puisque tel est ta volonté. Mais auras tu seulement le courage de voir les horreurs qui habitent ses lieux ? Ton cœur si fraîchement guérit saura t’il seulement résister à ce qu’il pourrait voir ?

J. j’ai peur…

-Écoute donc l’enfant, lui sait ; car il est fait du même monde et l’a tant côtoyé.


Tsss… M’ouvrir au monde ? Évidemment que je le peux, évidemment que je le ferai. Et même si dois plonger les mains dans les entrailles poisseuses de la terre et bien je l’oserai. Je calme l’enfant, j’écoute la bête… ouvrant mes sens là où avant je ne pouvais voir. Ni la vue ni l’odorat ni l’ouïe n’ont de sens ici bas... et pourtant je commence enfin, je vois.

Un long moment nous restons immobiles, flottant dans le noir, laissant mon Haki emplir l’espace et mes sens. Mon instinct, si menue jusqu’alors ; prend alors toute la mesure de son ampleur en se déversant de mon corps. Le fluide s’échappe de moi en longs lambeaux, glissant dans l’eau à la recherche de vérité, d’un appui dans ce monde où je pourrais m’appuyer.

Je lutte donc je vis.





Et alors je vois. Ce qui est vraiment. La vraie nature des ténèbres qui m’entourent et habitent le cœur de ce monde. La source des ténèbres là où jamais nulle lumière n’a osé pénétrer…






Puis après de longues minutes d’immobilité… enfin je me décide à sortir de ma torpeur.


-Et c’est tout ?
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Viens ma belle, il est grand temps de prendre en main notre destin. Marre de m’faire ballotté par la tourmente, certains surnoms doivent resurgir du passé et nous allons nous faire un devoir de l’mériter. Viens, faisons souffler ce vent de tempête qui nous était si cher mais que nous étions à des lieux de vraiment comprendre. Maintenant qu’on voit, nous pouvons faire lever la tempête, briser les montagnes et leurs chaînes.  Nous savons maintenant ce qu’il nous reste à faire.

Oui.

Je te parlais de notre fin ? Ô combien j’ai eu tord. Désolé d’avoir douté de nous, désolé de ne t’avoir pas entendu durant si longtemps. Cette fin n’est qu’un renouveau, un renouveau qui sonnera le glas pour tous ceux qui ont osé.

Tu… tu penses qu’on en est capable ?

On se le doit. Pour nous tous.

Et tu penses que tu ne retomberas pas dans tes plus viles habitudes ?

Ça sera dur. Plus dur peut être que chacune des luttes que j’ai eu à mener jusqu’ici. Je suis mon plus grand adversaire et je n’compte pas m’faire de cadeau.







Reste ses chaînes à enlever, afin que rien ne puisse encore retenir ma renaissance. Reste ces... chaines… à…

Huhuhu, tu ne t’en es pas encore rendu compte ? Ces chaines, tu ne les as déjà plus.

Que… comment ? Par tous les gouffres abyssaux et les enfers d’Impel Down réunis, c’est ma foi… vrai. Plus aucune sensation de gène tandis qu’un à un je retrouve mon corps et chacun de mes muscles endoloris… je ne suis plus une pensée flottant seule dans le néant, mais un être débordant d’une envie de vivre nouvelle et pleine de sève. Car j’ai vu. Mes sens reviennent lentement, regagnant leur tanière pour enfin s’y réaccoutumer… Et autour de moi aucune de ses si lourdes et si solides chaînes qui avaient condamné mon existence à l’oubli. Qui a fait ça ? Lui ? Ou bien moi ? Au fond de moi je sais.



-Huhuhu.

Qu’est ce qui te fait encore rire ?

-Toi, je te vois là pleins d’idées nouvelles et riche de beaux espoirs. Je me juste demande combien de temps ça durera.



Tssss… tu peux toujours ricaner, nous verrons bien. Mais en tous cas  ce n’est pas toi qui saura m’faire douter.

-Ah bon ? Et pourquoi ça ?

Parce que j’ai vu qui tu étais de mes propres yeux et je t’ai senti au plus profond de mon âme.

-Et qu’as-tu vu alors ?

Tu n’es pas Davy Jones.



- …



Tu n’es qu’un autre reflet de moi-même. Le plus perfide, le plus sombre ; celui qui par le fiel et les sarcasmes s’amuse du monde et de ses yeux suturés. Mais je n’ai pas de haine contre toi, plus maintenant, car je sais pourquoi tu as fait tout ça. Car nous n’y serions jamais arrivés sans toi. Et pour ça tu as tous nos remerciements les plus sincères.

Merci.

Mais ne va pas croire pour autant que je te laisserai à nouveau ébranler notre esprit, comme je te l’ai dis je compte bien me battre contre cette part sombre qui reste en moi et dont je saurai me faire seigneur. Alors tais toi enfin et laisse nous remonter à la vie ; tu n’es pas Davy Jones, seulement une pensée que j’écarte.

-Puisque tu le dis…






-Maintenant, remontons.
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Au plus profond de la Faille Noire, là où les Abysses prennent naissance un souffle dans le courant.

Imperceptible, simple remous là où nulle âme qui vive pour le remarquer… Puis peu à peu, enfle… Une masse titanesque et pourtant intangible se meut, alerté par cette étincelle de vie et de volonté, ouvre un œil métaphorique et s’étire avec la vitesse et l’immuabilité des continents.

Au plus profond des océans, quelque chose s’est réveillée.



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