Dans l’épisode précédent : Henry Morgan a eu vent de la présence d’un fruit du démon sur l’Archipel Vert. Mais la Triade l’a chargé de la lui ramener contre une grosse somme d’argent ou sous peine de mort en cas d’échec. Il est donc parti le récupérer.
Archipel Vert, très tôt.
Haaaaaaaa !!! Putain ! Ça faisait du bien de r’partir un peu à l’aventure ! C’était mauvais d’rester inactif pour le corps. C’était dingue ! Accroché là, au bastingage d’la proue à m’prendre des éclaboussures plein la gueule et à hurler après les mouettes ! Ça tanguait dans tous les sens, la houle était hyper forte et j’prenais mon pied comme jamais ! Un rire sortit sans que je l’sente venir et a couvert le boucan du vent et des vagues. Je m’sentais comme un gosse qui prend la mer pour la première fois. Ça faisait… deux ans que j’avais pas quitté Las Camp. Une éternité ! Franchement, même si ma piste ne menait à rien, j’serais pas déçu.
D’un coup, alors que l’navire était sur l’point de redescendre d’une grande vague, j’ai aperçu une île. L’archipel vert ! On arrivait ! J’ai hurlé c’que j’venais d’voir à l’arrière et on a légèrement viré sur tribord. En regardant l’archipel grossir à mesure qu’on approchait, j’ai plongé la main dans mon sac et j’ai sorti l’couteau que j’ai enfoncé dans l’interstice d’ma main gauche. Ca allait chier comme jamais ! BWAHAHAHAHA !
-C’est bon les gars ! Barrez-vous ! Je gère !
Le pont s’est relevé et les mecs ont foutu l’camp sans demander leur reste. Ils repasseraient quatre jours plus tard pour m’récupérer. Je l’savais parce que j’les payerais qu’au retour. Ce qui voulait dire que j’avais que quatre jours pour trouver l’fruit et rejoindre la plage. Ce serait largement suffisant. C’est pas une plante qu’allait m’les briser ! Et puis, cet archipel n’avait pas l’air bien méchant. Une plage de sable fin, une mer totalement transparente qui bordaient une forêt vierge et bien dense.
J’ai réajusté la sangle d’mon sac et je suis entré tête baissée dans les branches. En une seconde je m’suis retrouvé dans l’obscurité. Les cimes des arbres de différentes hauteurs se superposaient pour bloquer la quasi-totalité des rayons du soleil. J’y voyais vraiment rien. Avec ma main, j‘repoussais les feuilles qui m’arrivaient dans la tronche et avec mon couteau, je tranchais les lianes qui m’barraient la route. J’entendais des bruits bizarres qui provenaient d’un peu tous les côtés. Des oiseaux, des bestioles, des craquements… Un peu de tout ça. Mais dans tout c’bordel, j’ai reconnu le bruit d’un ruisseau. Déjà, c’était un bon plan ça, j’allais pas crever d’soif. Mais j’étais pas en vacances, j’devais trouver ce fruit du démon.
En m’enfonçant dans la jungle, je m’suis mis à penser à quel fruit cela pouvait être. La plupart des logias répertoriés avaient déjà des hôtes. Célèbres, bien entendu. On peut pas rester dans l’anonymat après avoir acquis un tel pouvoir. J’espérais tomber sur un zoan mythique ou un paramécia dévastateur comme le Gura Gura no Mi, le Gomu Gomu no Mi ou le fruit du poison. Je l’aurais mangé et jamais madame Singh n’serait venu m’demander des comptes. Pas même Kakihara. Mais j’aurais pas été capable de l’identifier seulement en l’voyant de toute façon.
-Mais qu’est c’que c’est qu’ce truc ! Lâche-moi !
Un machin qui ressemblait à un gros serpent s’était enroulé autour d’mon bras gauche et me tirait vers le haut. J’avais beau tirer de toute mes forces, c’était hyper puissant ! J’ai décollé du sol et j’me débattais comme un diable. J’frappais l’air de mes jambes mais, sans appui, j’étais complètement sans défense. A plus de deux mètres du sol, j’ai réussi à prendre une position qui m’permit d’trancher cette saloperie avec mon bras droit. Je m’suis ramassé comme jamais. A mes pieds, j’ai vu que c’était une sorte de tentacule végétal qui m’avait agrippé. Il se tordait et se retordait comme s’il souffrait atrocement. On aurait dit une liane agitée d’spasmes. J’avais jamais vu ça. En tout cas, c’était pas amical.
Je m’suis mis à rigoler en imaginant que c’était par c’poireau pourri que les gars d’la Triade s’étaient pris une raclée. Impossible, même une petite vieille aurait pu couper ce machin. En tout cas, c’était pas une broutille pareille qu’allait m’faire reculer. Je m’suis relevé, j’ai récupéré mon sac et je m’suis remis en route. Il y avait des fleurs magnifiques un peu partout, mais certaines d’entre elles se refermaient en claquant. Flippant ! Je m’suis approché d’une qui était ouverte et j’ai mis mon couteau devant sa gueule. Elle s’est refermée dessus avec violence et a tenté de l’avaler dans des bruits de succion répugnants.
-Charmant ! Ca doit être ça, le langage des fleurs. Et là, c’est pas une déclaration d’amour. Bon, je vais faire une pause à côté du ruisseau. C’est là que j’vais établir mon point d’chute.
L’eau était fraîche, et il y avait une petite clairière juste là où l’eau jaillissait de la roche. Un énorme rocher où je pouvais voir d’nombreuses crevasses. J’ai posé mes fesses dans l’herbe et j’ai commencé à bouffer l’sandwich que j’avais emporté. C’était le seul. Après ça, il allait falloir qu’je chasse. Alors que j’allais mordre ma première bouchée, mon sandwich a disparu et j’me suis méchamment mordu l’doigt. Après avoir balancé une puissante série d’insultes en tout genre, j’ai rouvert les yeux pour voir mon sandwich s’élever dans les airs, coincé par une liane du style de celle que j’avais tranché. Le tentacule se déplaça quelques temps dans les airs avant de disparaître dans une des crevasses.
-Hey ! Saloperie ! Reviens ici avec mon casse-croûte, bordel !