Physique
« Lors de ma première rencontre avec Wakajini, j'ai eu beaucoup de mal à garder les idées claires. J'étais jeune, et elle était si belle. Sa chevelure de feu m'a immédiatement subjugué, flottant autour de son corps comme une flamme protectrice, tentatrice ; une chevelure soignée, parfaitement démêlée bien qu'en parfaite prise avec le vent. Elle s'est alors retournée, et je n'ai pas pu détacher mon regard de ses yeux de feu. J'ai mis du temps avant de comprendre qu'ils étaient ocre-rouge, et que c'était toute sa passion qui donnait à voir des flammes. Des yeux qui vous font sentir à la fois tout l'attrait qu'elle veut exercer, et tout le mépris qu'elle éprouve. Je me sentais comme un objet prêt à être mis à sa disposition. Elle m'a alors souri. Un sourire chaud, réconfortant, qui me fit bien vite oublier la sensation glaciale de son regard. Ses lèvres pulpeuses, se sont étirées pour entrer en parfaite harmonie avec un visage ovale aux traits fins, délicats. »
« Plus tard, j'ai repensé à cette rencontre et je l'ai confrontée à mes souvenirs plus récents. Elle avait vieilli, moi aussi, et le regard que je lui portais avait eu le temps d'évoluer. Ce sourire … comme il avait changé. Je ne voyais plus les lèvres vermeilles, mais ses dents, si blanches, telles des crocs prêts à déchiqueter une proie. Sa chevelure, si longue qu'elle atteignait désormais le milieu de ses cuisses, toujours attachée au milieu du crane, quelques fois tressée, n'était autre qu'un filet du diable attendant l'occasion de vous emprisonner pour que la plante carnivore puisse vous dévorer sans que vous ne la voyiez venir. J'ai aussi remarqué une cicatrice qui était apparue sur sa mâchoire, très fine. Elle la dissimulait sous un maquillage habilement appliqué, mais elle était là. Elle n'en avait l'air que plus effrayante. »
« Je ne connaissais encore rien de cette femme, et pourtant, je sentais qu'elle n'était pas tout à fait ordinaire. Ses déplacements, ou simplement la forme de son corps sans doute. Vêtue du strict minimum, j'avais tout le loisir d'admirer ses bras, son ventre, ses jambes... Son cou était fin, un peu long, ce qui renforçait cette impression de finesse et de douceur. Ses épaules paraissaient, de face, menues et fragiles, mais dès qu'elle se retournait et bougeait, je pouvais voir sa musculature plus développée que la moyenne. De même, ses bras étaient fermes, fins, et chaque mouvement semblait parfaitement contrôlé, comme si elle craignait de faire un geste maladroit ; et en même temps, on sentait une délicatesse et une fluidité impressionnantes. J'aurais tant désiré passer ma main sur ce bras, pour vérifier que sa peau était aussi douce qu'elle en avait l'air. Là encore, la couleur cuivrée semblait faire écho à un feu intérieur, comme si elle était restée trop longtemps près des flammes, et que son teint en avait adopté les tons. »
« Ce corps, je l'ai tant touché … La douceur de sa peau était à la hauteur des apparences. J'en avais été surpris lorsque je l'ai effleurée pour la première fois : je m'attendais à être déçu. Et elle était chaude ; très chaude, contrairement à la majorité des femmes. J'ai pensé un instant que cela était dû à l'émotion qu'elle ressentait lorsque j'apposais ma main sur son bras, son épaule, son ventre. J'ai vite appris qu'en fait, il ne s'agissait que de sa température normale. Elle était un vrai soleil dans ma vie, dans tous les sens du terme ! Rayonnante et chaleureuse. »
« Quelle beauté, mais quelle beauté ! J'en étais renversé à chaque fois que mon regard se posait sur elle ! Sa poitrine, ferme, seule partie du haut de son corps couverte. Je me rendais compte que pour qu'une poitrine de cette taille – pas vraiment énorme, mais déjà appétissante – tienne aussi bien, Wakajini devait sans doute avoir une musculature renforcée par un entraînement régulier, intensif même. J'en avais des frissons d'excitation dans tout le corps. Sa taille fine, et toujours aussi ferme, si seulement je pouvais un jour ne serait-ce que l'effleurer ! »
« Je ne peux la regarder sans frissonner. Sans frissonner de dégoût. Elle me fascine toujours autant, elle n'a pas perdu son aura de mystère malgré les années passées à la fréquenter, mais désormais, je vois ses côtés hideux, répugnants, repoussants. Sur son dos lisse, j'arrive désormais à discerner des dizaines, des vingtaines de très fines cicatrices ; quelques autres cisaillent ses côtes, et son ventre. Quelques fois, de nouvelles apparaissent, tandis que d'autres s'estompent et s'effacent avec le temps. Toutefois, elle a perdu cette impression de gentillesse qu'elle me faisait, dans le passé. Ses mots doux, ses flatteries, sa joie de vivre affichée, ils me semblent désormais tellement creux ! Elle m'écœure. »
« Si j'étais déjà subjugué par la partie supérieure de son corps, la partie inférieure était encore plus attrayante. J'ai eu du mal, lorsqu'elle s'est détournée de moi pour reprendre son chemin, à détacher mon regard de ses fesses, parfaitement proportionnées avec le reste de son corps, mues par un déhanché légèrement amplifié et totalement maîtrisé – comme chacun de ses gestes d'ailleurs. Elle se déplaçait avec tant d'aisance, tant de fluidité : un dauphin en eau calme ne saurait avoir plus de grâce. Je remarquai d'ailleurs qu'elle se déplaçait avec des sandalettes en cuir à talon – je notai en passant que ses pieds étaient vraiment magnifiques - sans que cela n'affecte sa démarche. Sa jupe longue, fendue sur le côté, laissait voir une cuisse tout aussi attractive que ses bras … Elle semblait faire en sorte que tous ses attributs soient mis en valeur autant que possible. »
« Lorsque je l'ai enfin vue nue, j'ai découvert que sa cuisse droite était entièrement couverte d'une brûlure mal cicatrisée. Elle ne disparaitrai très certainement jamais. Et j'ai aussi remarqué qu'elle avait un tatouage ambre qui faisait le tour de son torse, passant sous sa poitrine, et se terminant dans son dos : lui aussi est toujours dissimulé par un vêtement, bien qu'il se confonde presque avec sa couleur de peau et demande un œil attentif pour être repéré. En le voyant, j'ai cru que c'était là une fantaisie pour aguicher les mâles ; en réalité, je pense qu'elle le porte comme une honte. Je n'ai jamais su pourquoi. Au final, je m'en veux : elle m'attire toujours autant – beaucoup cèdent à son charme - mais elle m'effraye et me répugne tant pour ce que cela dissimule ... »
Psychologie
Extraits du journal de bord de Wakajini Shounetsujigoku
Jour ... - En mer depuis quatre semaines. Enfin arrivée sur terre. Voyage en compagnie de [nom indéchiffrable - tâche de café] (GL). Nous avons été accueillis par un homme étrange. Il m'a offert une bière, nous avons discuté, et sommes passés aux choses sérieuses. J'en ai profité pour lui faire quelques tortures que je tenais à tester depuis quelques temps. (NB : l'introduction annale d'objets contondants n'est pas toujours perçue comme agréable chez l'homme. Planter un ongle dans un œil est également cause de souffrance insoutenable.) J'ai aimé le faire souffrir. Comme j'aime tous les faire souffrir. J'étais de suffisamment bonne humeur pour faire l'effort de ne pas trop l'abîmer. Il en est sorti choqué, mais ne m'a pas fuie. Etrange. Nous avons ensuite parlé. Je ne suis pas sûre de l'exactitude des propos.
« T'as un sacré problème quand même. Tu ne peux pas jouir autrement ? J'ai cru que tu allais me casser les doigts ! » « Je suis une dominante. Tu n'es rien pour moi, aucun de mes partenaires n'est rien. Je vous écrase tous et vous soumets dans la souffrance. Où est le mal ? Tu as aussi pris ton pied, alors m'emmerde pas, tu veux ? » « Le mal, c'est sûr que c'est pas toi qui le subit. Tu veux dominer, mais tu vas faire fuir tout le monde avec un comportement pareil ! Me dis pas que t'as déjà gardé un mec plus d'une nuit. Une sadique comme... » « … J'ai un partenaire stable. Un mec nettement moins con et plus doué que toi. Alors ferme là deux secondes et arrête avec tes accusations. Il ne s'est jamais plaint de ce que j'ai pu lui faire, et a presque l'air d'aimer. Ça me tue. Il serait tellement mieux s'il pouvait me supplier d'arrêter … »
Comment ai-je pu dire une telle chose ? J'aurais dû rester fière, lui sourire, et retourner au lit avec lui pour lui montrer ce qu'est une vraie femme. Et lui apprendre à subir, à se soumettre. Je suis au dessus de lui, je vaux mieux que lui. J'aurais dû le faire souffrir. C'est tellement bon.Jour … - Perdue en mer depuis deux semaines (GL) – Seule Je n'en peux plus. Il me faut trouver quelqu'un. J'ai besoin de sexe. J'ai besoin de sentir une chaire humaine contre la mienne, besoin de prendre mon pied, besoin de … Cette femme, que j'ai vue l'autre jour [cf jour X – île Y], elle m'a dit que ma libido n'était pas naturelle. Elle aurait pu me traiter de nymphomane, l'idée aurait été la même. Elle avait raison. J'ai besoin de ça pour me sentir vivre. J'en ai besoin, sans cesse, avec tout ce qui passe. Je serais prête à le faire avec un animal si je ne trouvais rien d'autre. Je ne peux pas m'en passer. J'en ai besoin, j'en ai tant besoin. Si Mamoru était là, au moins, je pourrais m'amuser, me soulager, revivre. Crétin de Mamoru, jamais là quand il faut. Tant pis, je trouverai bien quelqu'un à la prochaine île. En attendant … [page déchirée]Jour … - Île non répertoriée (GL) – Equipage de feu-Rackam le Beige Tous ces pirates m'insupportent. J'apprends la navigation, j'essaye de me montrer sous mon meilleur jour. Aucun d'entre eux n'a de soupçon. Parfait. De toute façon, j'ai toujours joué la comédie à la perfection. Il faut savoir se montrer convaincante dans la vie. L'hypocrisie... certains me diraient hypocrite. Je crois qu'ils font erreur. L'hypocrisie n'est qu'un mode de protection et de domination. Les gens sont si faciles à tromper, à flatter. Qu'ils m'aiment, qu'ils me vénèrent ! Je les méprise tous. Je veux simplement qu'ils soient à mon service, qu'ils obéissent, se plient à mes désirs. Je pourrais modeler leur existence, pendant qu'ils ne deviennent que des briques pour la construction de la mienne. Misérables. Cet équipage est fait de débiles profonds. Seul le navigateur a la tête sur les épaules, mais il a peur de moi. Verrait-il que je ne suis pas cette femme souriante et charmante que j'affiche ? Que ce n'est pas moi qui suis dépendante d'eux, mais eux qui se font manipuler comme de vulgaires pantins ? … Je ne peux pas rester plus longtemps dans cet équipage. Il risque de me causer des ennuis s'il se rend compte de quelque chose.Je n'aime pas cette ville. Les souvenirs que j'y ai me dégoûtent. Jin'ai, pourquoi n'es-tu plus là ? Voilà que je doute. Je ne doute jamais, pourtant. Je suis tes conseils, Jin'ai … Ces mots, que tu m'as confiés alors que nous n'étions que deux adolescents inconscients de toute la cruauté de cette vie. « Ne t'arrête jamais à douter. Ce sont les faibles qui vivent dans l'incertitude. Va toujours de l'avant, quoi qu'il t'en coûte, et ne laisse personne se mettre sur ta route. » J'ai suivi tes conseils, Jin. Je suis devenue forte, et j'écrase les autres avant qu'ils ne m'écrasent. Je les séduis, et j'en fais ce que je veux. Et jamais je n'ai hésité avant d'abaisser ma lame. J'aurais aimé que tu puisses voir comme je suis imperturbable, et comme je suis sûre de moi. Jamais, jamais je ne m'arrête à peser mes actions. Que je fasse le bien ou le mal, je m'en moque. Je ne fais qu'appliquer ma justice, imposer ma puissance. Et je ne laisse personne se mettre sur mon passage. La compassion n'atteint pas mon cœur, l'amour non plus. Je ne veux plus perdre un être cher. Je ne veux pas être l'agneau qui se fait dévorer.Jour … - En mer (GL) – équipage de Mamoru Pauvre garçon. Il est si naïf. J'ai volé quelques livres dans la bibliothèque de [nom d'île illisible]. J'ai pu approfondir mes connaissances sur la navigation. J'aime lire, apprendre, découvrir. Les courants marins sont fascinants. [Développement sur les courants marin supprimé]. Quand je pense que Mamoru ne s'est pas rendu compte que c'était pour trouver tout ça que j'ai demandé à aller là-bas en particulier. Je lui fais croire que je suis gentille, affectueuse. Je lui souris, je le flatte, et il prend ses grands airs. Je suis impatiente de pouvoir prendre la mer seule. Je pense voler un log pose aussi vite que possible pour me débarrasser de ces marins. J'aurais préféré quitter Grand Line plus rapidement avec eux, mais ils sont trop lents. Je ne pourrai peut-être pas jouer la comédie indéfiniment. Au moins, je me console dans les livres. Et je travaille en collaboration avec un navigateur hors du commun. Il m'étonne chaque jour plus. Et pas seulement par ses talents intimes.
Le problème est que je me sens étouffer ici. J'ai besoin de ma liberté, de sentir que je peux à tout instant m'isoler, voire m'en aller. Faire ce que je veux, sans limite, sans obligation, sans contrainte. Tant que je suis avec eux, je dois tenir une certaine apparence, peser mes mots, faire attention à ce que je vais faire à tout instant.
J'aime tellement mieux vivre ma vie comme bon me semble... Mamoru croit qu'il peut faire de moi sa compagne, il n'a pas compris que je suis trop indépendante pour ça. Je préfère encore coucher avec … j'ai oublié son nom. Ces coups d'un soir, d'une nuit, d'une après midi … Ils ne m'obligent à rien. Ils ne m'engagent à rien. C'est tellement agréable ...Jour … - Île de Baterilla – South Blue La belle vie. J'évolue en solitaire, je ne rends de compte à personne. J'aime être seule. Je peux enfin le traquer comme je veux. J'aurai sa peau, je le jure. Comme j'ai eu celle de tous les autres criminels. J'ai été chercher ma prime, et un Marine m'a fait une réflexion que j'ai peu appréciée.
« Capturer des pirates pour l'argent … C'est comme ça que vous autres chasseurs de prime concevez la justice ? Vous n'avez aucun sens de l'honneur et de la droiture. »
Cet idiot n'a rien compris. Il pense peut-être qu'il a de l'honneur à se plier aux ordres, et à tuer sans avoir à en prendre la responsabilité ? Le chasseur de prime agit selon sa propre notion de justice. Ma justice est violente, sanglante, radicale. Mais jamais personne ne viendra la contester, et j'y gagne toujours quelque chose : argent ou satisfaction personnelle. De l'honneur, il en a, lui ? Il attend qu'on lui dise quoi faire, il reste enfermé dans le carcan de sa Marine, et il n'est pas capable de réellement apprécier la vie.
A chaque instant, je goutte à la peur, au risque, au danger. Je peux perdre ma vie n'importe quand, mais c'est ce qui est grisant, excitant. La vie ne rimerait à rien sans cela. Et je ne laisse personne échapper à mon jugement.
Cet homme périra dans la nuit, je m'y engage.
Biographie
« Hahaha ! Tu veux connaître mon passé ? Non mais, quelle idée !? - S'il te plaît, Waka ! J'aimerais vraiment en connaître plus sur toi. - Un autre jour, peut-être … Si tu es sage. »
Nous avions eu cet échange à l'un de nos premiers rendez-vous. Elle m'avait dit cette dernière phrase avec légèreté, le sourire aux lèvres et le regard brillant de malice, m'embrasant totalement. Je ne pensais pas que le soir même, elle me raconterait une anecdote de son enfance alors qu'elle avait toujours été extrêmement réservée sur tout ce qui la concernait, sauf lorsqu'il s'agissait de parler des têtes qu'elles avaient rapportées au gouvernement, et de ses amants. Putain d'amants.
Nous étions à Alabasta, là même où nous nous étions rencontrés plusieurs mois plus tôt. Je venais régulièrement sur Sandy Island pour effectuer des missions en tant que membre du CP 2, et je prenais soin de consacrer une partie du temps à la belle rousse qui m'avait séduit dès le premier regard. Cette fois-ci, j'avais eu la chance d'être venu le jour de la fête nationale : on célébrait le retour de la pluie et la défaite de Crocodile, et des spectacles de rue fleurissaient partout en ville pour le plus grand bonheur des voyageurs et des autochtones.
« J'aime cette fête, elle me rappelle mon enfance ! Je donnais des spectacles quand j'étais petite. J'attendais toujours avec impatience la fête nationale pour pouvoir montrer ce dont j'étais capable ! »
Je la voyais s'enthousiasmer, attendri. Elle me parlait calmement, mais je crois qu'elle aurait été capable de s'emballer et de parler à toute vitesse si elle n'avait pas craint de m'inonder de paroles. J'avais l'impression de la voir perdre dix ans, elle qui était pourtant si mature d'ordinaire. Alors que nous passions devant deux jeunes femmes qui effectuaient une danse traditionnelle d'ici, elle s'arrêta, serra ma main dans la sienne, et elle se lança dans des explications.
« Tu vois, ma mère et ma sœur aînée faisaient la même chose ! Elles s'entraînaient tous les matins, j'adorais les regarder ! Parfois, je restais un peu trop longtemps, et mon grand père me traînait à mes exercices par la peau du cou. Il me faisait faire des tours d'équilibre et le jonglage. Il me mettait sur un fil tendu, et hop, je devais sauter, essayer de jongler avec trois, quatre balles. Et quand l'une tombait, il faisait une mimique un peu étrange. Il fronçait les sourcils – Wakajini fronça les sourcils en même temps –, il secouait la tête en serrant les lèvres – là encore, la jeune femme imita le geste – et après, il sautait sur le fil pour me faire tomber en riant ! Qu'est-ce que j'ai été fière, à mes huit ans, quand il a essayé de me faire tomber et que je n'ai pas bronché ! Et qu'est-ce qu'il était content lui aussi ! Il me faisait un peu peur, mais je crois que j'étais sa préférée. »
Nous nous étions déplacés pendant qu'elle parlait. Les deux danseuses ne semblaient pas l'intéresser plus que ça, en fait. Elle m'avait expliqué plus tard qu'elles n'étaient pas très bonnes. Je l'avais écoutée en silence, buvant ses paroles avec un intérêt non dissimulé. Comme ça, elle avait été dans une famille de saltimbanque ! Dire qu'elle me parlait si peu d'elle, alors que son passé devait être plein d'histoires passionnantes. J'étais désormais avide de tout savoir d'elle, même si j'avais peu d'espoir !
En avançant, nous croisâmes plusieurs stands, les narines envahies de l'odeur du pain chaud et de la viande qui rôtissait de ci et de là, tandis que les rires, les musiques, les conversations résonnaient à nos oreilles, nous faisant prendre conscience de toute l'ambiance festive. Je guettais une réaction particulière de ma compagne, espérant à chaque sourire, à chaque exclamation, qu'elle m'en apprenne plus sur ce passé empli de spectacles, de musique, et de soirées autour du feu – ma vision de la vie de saltimbanque était bien naïve, je le sais désormais.
Mes espoirs ne furent pas vains. Un peu plus loin, nous trouvâmes un homme qui faisait un spectacle de contorsion, et la pipelette enflammée repartie dans sa nostalgie.
« Il est amusant ce bonhomme ! Avec sa tête toute rouge, on dirait un peu mon frère qui essayait de soulever mon père ! Ils faisaient des exercices d'équilibre, tous les deux. Ils m'ont souvent demandé de participer. J'étais la plus jeune, la plus petite, et ça impressionnait les gens que je tienne sur la tête de mon père. Je m'entraînais des heures et des heures avec eux. En fait, je faisais que ça de ma vie : m'entraîner. Ce que je préférais, c'était quand même lorsqu'on travaillait avec les animaux. Mon frère avait capturé deux tigres sur une autre île, lors d'un voyage qu'on avait fait, et il essayait de les dompter pour faire un spectacle. C'était amusant de le voir essayer de faire obéir un fauve qui avait une mâchoire aussi grosse que sa tête. »
Et elle me racontait, comme ça, des bribes de son passé. Je compris ainsi qu'elle avait trois sœurs et deux frères, avec qui elle vivait tous les jours. Son père et sa mère partaient régulièrement faire des tours sur d'autres îles, et essayaient parfois d'emmener les trois plus vieux (deux filles et un garçon) avec eux pour s'enrichir en dehors de l'île, confiant les plus jeunes aux grand-parents. Les périodes où ses parents étaient absents étaient, étrangement, celles où Wakajini se sentait le mieux. La pression était relâchée, et elle n'avait plus à s'exercer des heures durant sous le soleil frappant de midi.
C'était également pendant ces absences qu'elle apprenait le maniement du fouet, et du bâton avec son frère et son grand-père. Ses parents s'opposaient radicalement à toute formation martiale de leurs filles malgré l'insistance des grand-parents, persuadés que ce n'était pas là le rôle des femmes. J'ai cru comprendre que c'était aussi cette conception des rôles sexués qui avait convaincue Wakajini de quitter ses parents tôt. Sa vie de jongleuse acrobate avait occupée ses douze premières années environ. Elle me fit le récit de petits évènements, et je compris rapidement qu'elle était particulièrement attachée à son second frère, celui qui dressait les animaux. Les autres semblaient être relativement exclus de son existence, tous trop investis dans leur 'carrière'. Il était au centre de tous ses tours de jeunesse.
Un jour, elle avait essayé de voler avec lui une robe que sa mère lui avait refusée.
« Tu vois, elle trouvait ça inutile puisque j'avais des tenues de scène très bien. Mais je la voulais moi, cette robe rouge ! Alors j'ai été chercher Jin'ai, et je lui ai dit que je voulais qu'il m'accompagne pour « regarder un truc ». Comme toujours, il m'a suivie, il ne refusait jamais rien. Je sautais partout tellement excitée, et il essayait de me calmer parce qu'il n'aimait pas trop attirer l'attention ; on n'était pas très aimés, et surtout pas de cette vendeuse. Les gens nous prenaient pour des voleurs vagabonds. Quels idiots. Enfin bon. On est arrivés devant la boutique, et je lui ai montré la robe en lui disant « Jin, je veux cette robe. Tu me l'achètes s'il te plaît ? » avec un regard tout mignon. Sauf qu'il n'avait pas d'argent ! Alors on a élaboré un plan, et hop ! On est partis. J'allais voir la vendeuse en pleurant parce que j'avais perdu mes parents, et pendant qu'elle essayait de me consoler, mon frère piquait le vêtement ! Je m'amusais bien moi, à réclamer ma mère : « je veux ma mamaaaaan !! Mamaaaaaan ! ». Finalement, elle m'a reconnue, et elle a vu que Jin'ai avait sous le bras la robe que je voulais. On a dû partir en courant, poursuivis par cette bonne femme qui hurlait « au voleur !! Arrêtez ces enfants ! ». La garde nous a attrapés, mais je me suis tellement amusée que même lorsque mes parents m'ont grondée, j'ai gardé le sourire au lèvre … Et quelle râclée on s'est pris ! Ah, c'était bien drôle. »
Elle me raconta quelques autres histoires comme celle-ci, devant un verre, à table, ou sur l'oreiller. J'en ai oublié certaines, d'autres sont restées. Cette période d'épanchement ne dura cependant pas longtemps. Je repartis six mois en mission, loin d'Alabasta et de son ambiance festive, et à mon retour, ce fut une femme changée que je retrouvais.
Elle était devenue irascible, fermée, distante. Je ne l'avais connue que chaleureuse, et j'ai donc eu du mal à comprendre ce que j'avais pu faire pour qu'elle se comporte de la sorte avec moi. Je ne pouvais pas l'approcher sans qu'elle ne me lance un regard noir ; chaque parole que je lui adressais semblait être une insulte. Dépité, j'ai quitté Sandy Island pour deux années complètes le jour même de mon arrivée. J'allais oublier cette femme, passer à autre chose. Elle avait dix-huit ans, j'en avais vingt et un. Nous nous en remettrions tous les deux.
Je ne pensais alors pas que nos routes allaient se croiser de nouveau deux années plus tard.
… J'étais sur une île de Grand Line dont j'ai oublié le nom, et je l'ai croisée, par hasard, dans un magasin d'armes. Elle s'achetait un sabre d'une taille plus qu'impressionnante, et semblait avoir retrouvé sa joie de vivre d’antan. Je l'ai invitée, et elle m'a raconté comment elle était arrivée ici.
Peu après mon départ, elle avait également quitté Sandy Island pour voyager sur Grand Line. Son frère était mort, assassiné d'après ce que j'ai cru deviner – elle avait refusé de répondre à mes questions – et elle avait décidé de se reconvertir comme chasseuse de prime, non pour des questions de justice, mais seulement dans le but de se venger des meurtriers de son frère. Depuis, elle voguait d'île en île, capturant tous ceux qui pouvaient lui ramener le moindre petit berry, la plupart du temps en jouant de ses charmes.
« Je t'ai raconté comment j'ai capturé cet idiot de Rackam le Beige ? Rien que son nom est pathétique... J'ai fait un tour à Jaya pour faire tomber quelques têtes, et gagner un maximum d'argent en un minimum de temps. Je me suis faite emmener par une bande de pirates qui avait fait une escale à Alabasta. Ils ne connaissaient vraiment pas grand chose à la navigation sur Grand Line, heureusement que j'étais là pour les aider ! Le capitaine m'a fait « l'honneur » de m'accueillir dans sa cabine. Mmh, je passais de bonnes nuits sur ce bateau... Enfin, je ne veux pas te rendre jaloux. Respire, tu deviens tout rouge mon pauvre Mamoru ! Je te disais donc, je suis arrivée à Jaya, et j'ai récolté quelques informations sur ce Rackam, qui avait pris ce nom à la mémoire de Rackam le Rouge, comme s'il pouvait rivaliser. Figure-toi qu'il se promenait partout en exhibant sa fiche de prime : 20,000,000 B. Une jolie somme ! J'ai eu la chance d'être la première à tomber sur lui, dans un coin de rue. Il tabassait je ne sais quel autre capitaine pirate avec son équipage quand je me suis interposée. Ah ! Tu aurais dû voir la tête qu'il faisait ! Il m'a vue me placer devant lui, et il est devenu rouge comme une pivoine ! J'ai bien vu que tous ses camarades étaient déjà sous le charme, le travail était déjà mâché. »
Elle m'expliqua comment elle avait embobiné le pauvre capitaine pirate. Elle lui avait expliqué qu'elle s'était perdue, qu'elle cherchait une chambre confortable pour passer une ou deux nuits et qu'elle était disposée à rendre tous les services qui lui seraient demandés. Absolument tous. Mon sang n'avait fait qu'un tour lorsqu'elle m'avait dit ça, et je dus subir une nouvelle fois son rire moqueur. Je savais pourtant qu'elle était libertine, et appréciait la compagnie de tout ce qui pouvait lui apporter du plaisir de quelque manière qu'il soit, mais je ne pouvais me retenir de me sentir blessé.
Elle ne me ménagea pas les détails. Elle avait possédé – oui, c'est elle qui vous possède et non l'inverse – une bonne demi-douzaine d'hommes ce jours là. Puis le capitaine, jaloux de ce succès, l'avait emmenée dans sa cabine, pour y faire lui aussi son affaire. L'erreur à laquelle il ne réchappa pas. Après qu'elle eut tiré de lui tout ce qu'elle voulait, Wakajini lui brisa la nuque, le décapita avec son propre sabre, et s'échappa par un hublot sans que personne ne s'en aperçoive, la tête du pirate dans un sac. Le plus ironique dans l'histoire ? C'est qu'elle revint sur le bateau quelques jours plus tard, et qu'elle fit croire à tout le monde que le tueur l'avait assomée, kidnappée, et séquestrée pendant ces quelques jours. Le nouveau chef de l'équipage lui proposa la protection de l'équipage jusqu'à la prochaine île.
Au final, elle passa près de deux mois avec eux, poursuivant ses activités de chasseuse de prime discrètement, utilisant sans cesse la séduction pour faire tomber les têtes les unes après les autres. C'est à cette période qu'elle apprit la navigation : un de ses amants – putain d'amants ! - était le navigateur de l'équipage, et, plein de naïveté, celui-ci avait partagé avec elle une partie de ses connaissances. Elle avait ainsi acquis des bases sûres, qu'elle n'eut qu'à exploiter et entretenir lors de ses multiples périples en mer. Je n'ai remarqué que plus tard qu'elle s'était montrée très proche avec le navigateur de mon équipage, lorsque nous avions voyagé ensemble.
… J'étais éperdument amoureux. Le jour où elle m'a dit que nous pourrions quitter Grand Line ensemble, et rejoindre South Blue, la région dont j'étais originaire, je ne me sentis plus de joie. Depuis nos retrouvailles, elle était restée avec moi, navigant à mes côtés, et m'apportant tout ce dont j'avais besoin : attention, affection, tendresse. Nous collaborions étroitement. Elle respectait les règles du navire, et je l'emmenais en mer. Lorsque je partais en mission pour le gouvernement, elle m'accompagnait, et allait chasser des têtes. Je pensais qu'elle avait changé de méthode d'approche ; l'avenir me prouva que j'ai été l'homme le plus cocu de l'histoire. Je m'en étais douté, mais j'étais tellement persuadé qu'elle m'aimait réellement, tandis qu'elle méprisait les autres et ne les utilisait que pour assouvir ses pulsions sexuelles.
Nous avons navigué ensemble pendant une année entière, attendant impatiemment la possibilité de quitter la route de tous les périls. Nous menions une vie hédoniste, et je pense que c'est la période la plus belle de ma vie, et de la sienne. Alors que par le passé, j'avais toujours trouvé en elle une once de tristesse enfouie sous son apparente joie de vivre, je n'en voyais désormais plus trace. C'est aussi pendant cette période que j'ai le mieux appris à la connaître ; elle se montrait plus ouverte, moins farouche. Elle n'allait presque pas voir ailleurs. Je crois qu'elle a réellement éprouvé quelque chose pour moi, même si elle m'a abandonné, laissé tombé, anéanti.
Nous avons enfin trouvé l'occasion de nous rendre à South Blue. Nous étions supposés nous installer ensemble sur mon île natale, abandonner nos activités. Je m'étais engagé à devenir Marine pour ne plus avoir à parcourir la mer de long en large, et elle me promettait de cesser ses activités comme chasseuse de prime. Je m'imaginais déjà avec deux beaux enfants, blonds et roux, gentils et pleins de fougue. Sauf que le comportement de Wakajini a changé du tout au tout à l'instant même où je lui ai annoncé que nous mettions le cap vers South Blue. L'euphorie qui l'habitait ces derniers temps sembla s'être accentuée, mais je sentis qu'au fond, une nouvelle blessure venait de s'ouvrir. Je ne savais pas – je ne pouvais pas savoir – pourquoi. J'ai découvert la raison de son changement d'attitude deux ans plus tard seulement, alors qu'elle était déjà bien loin de moi.
Il ne nous a fallu que peu de temps pour quitter la Route de Tous les Périls. Je rêvais éveillé, jusqu'à ce qu'un matin, après que nous ayons fait notre première escale sur une île de South Blue, je découvrisse que nous avions perdu un membre : Wajakini. Elle s'était évanouie dans la nuit, sans un mot, sans un bruit, et avait déserté le navire pour faire sa vie au loin. Désespéré, je me suis lancé à sa poursuite. Le gouvernement m'a toutefois repris à l'ordre, et j'ai été menacé d'être renvoyé du Cipher Pol si je n'abandonnais pas toute idée de la retrouver.
J'ai été forcé de renoncer, et n'ai gardé d'elle que l'argent qu'elle avait laissé dans sa cabine, ainsi que son journal de bord. Je n'ai jamais dépensé les berries, et j'étais résolu à ne pas lire son journal de bord.
... Je ne l'ai revue que plusieurs années plus tard. J'avais gravi les échelons, et je pouvais me délivrer plus aisément de mes supérieurs. J'avais décidé que je la retrouverai, et j'y parvint. Je la trouvai dans une taverne, à moitié ivre, faisant du rentre dedans à deux jeunes femmes qui m'importaient peu. Ainsi, elle était toujours sur South Blue. Elle s'était embellie, mais je l'avais tant maudite pour son attitude que je ne fus pas ému – pas trop – en la voyant. Je l'ai abordée, et elle ne m'a pas reconnu. A moins qu'elle ait simplement fait semblant de ne pas me reconnaître. Je préfère me convaincre que ce n'était encore qu'une stratégie. Je suis parti immédiatement, sans demander mon reste, et j'ai décidé de la rayer définitivement de ma vie.
De retour sur mon navire, je sortis de mon tiroir son carnet de voyage, que j'avais gardé précieusement, et je l'ouvris afin d'en lire le contenu. Son écriture était précise, le tracé était assuré, et je pouvais y voir toute sa détermination. J'inspirai, avant de me lancer dans la lecture.
Je ne reporterai pas ici ce que j'y ai lu, par respect pour cette femme que j'ai aimé, et continue d'aimer. Ce que je peux toutefois dire, c'est que j'étais un homme blessé. En fermant le carnet, je saisis une allumette, et j'y mis feu. Je détruisais par les flammes ce qui me restait de celle qui m'avait détruit par ses flammes. Je ne peux vous dire que deux choses : j'avais été manipulé depuis le début. Elle ne s'était rapprochée de moi que pour quitter Grand Line, et venir sur les Blue seas afin de venger la mort de son frère, et d'autres. La seconde chose est qu'elle m'avait caché toutes les parties les plus obscurs de son passé, et qu'à sa façon, elle était probablement autant criminelle que n'importe quel pirate. Elle n'avait pas hésité à faire des meurtres, des vols, du chantage, et ceci pour son propre intérêt, sans jamais se soucier des lois. Elle avait été néanmoins suffisamment habile pour ne pas être démasquée par les autorités.
J'étais brisé, à l'idée de voir qu'il n'y avait aucun cœur dans ce corps tant admiré, et de voir que j'avais gaché plusieurs années de ma vie dans un mensonge, une vulgaire comédie.
>> Test RP Capturer un pirate dans une maison close
« Greg le Gorille. Prime de 15,000,000B. »L'avis de recherche entre les mains, Wakajini ne tenait plus sur place. Elle avait passé une quinzaine de jours à traquer sa proie. Elle avait récupéré toutes les informations dont elle avait besoin, et savait désormais où était ce fameux Greg. Elle accosta sur l'île du Karaté en fin de journée, fatiguée, mais excitée. Elle sentait qu'elle arrivait au bout de son voyage. Elle allait s'offrir une chambre de reine ce soir ! Elle prit la direction de la ville la plus proche, quittant l'équipage de marchand qui l'avait menée jusque là sans oublier de les remercier poliment - elle aurait probablement besoin d'eux pour repartir. D'après ses sources, Greg dirigeait un établissement de plaisir réputé sur cette île, près du lieu d'organisation des grands championnats. Elle n'aurait pas de mal à s'infiltrer sur place afin d'atteindre sa cible. Avant d'entrer en ville, elle sortit de son sac un morceau de tissu avec lequel elle emmaillota sa lame, qu'elle replaça ensuite dans son dos. Elle saisit son bâton, et s'engagea dans les rues en effervescence. Elle arrivait pile à la bonne période : le grand championnat d'arts martiaux débutait le jour même. Elle sentit ses lèvres se retrousser en un sourire satisfait comme elle réalisait qu'elle n'aurait pas pu trouver meilleur moment pour passer inaperçu. Vivement, elle déambula dans les rues à la recherche de l'établissement du Gorille. Elle n'eut aucun mal à trouver les quartiers « peu fréquentables » mais elle n'entendit pas une seule rumeur concernant sa cible. * Enfoiré … tu te caches derrière un faux nom !! *Cette enflure méritait bien de se faire découper tous les orteils avant qu'elle ne le ramène aux autorités pour toucher sa prime. Elle pensait que sa tâche serait du gâteau, et voilà qu'elle allait encore enquêter pendant plusieurs jours peut-être avant de mettre la main sur ses sous. Aaaaah !! Si elle le tenait, elle lui aurait arracher chacun des poils de son corps à la pince à épiler ! Elle s'emportait toute seule, lorsqu'elle entendit quelqu'un qui essayait d'attirer son attention de manière plus que discrète et poétique. « Psssst !! Viens par là ma pouliche ! »Attirée, Wakajini s'approcha sans crainte de l'homme qui l'avait appelée. Il était malingre, l'air crapuleux mais pas dangereux. Et puis, si elle devait périr en cet endroit, qu'il en soit ainsi. Elle s'en moquait bien. Il se présenta sous le nom de Shû. Il travaillait dans le commerce du plaisir, et cherchait de nouvelles femmes pour satisfaire les clients. Deux prostituées étaient portées disparue, ce qui avait ralenti l'activité de la maison pour laquelle Shû recrutait. Il arpentait les rues depuis plusieurs jours déjà en quête de quelqu'un pour combler le manque. Il se lança dans des détails inutiles que Waka n'écouta pas ; sa décision était déjà prise. Puisqu'il fallait qu'elle trouve un propriétaire de maison close, autant qu'elle s'y mette tout de suite. ... Elle fut menée dans une établissement des plus luxueux. Dire qu'elle avait craint devoir loger dans un hotel miteux, maintenant elle pouvait se prélasser dans un bon bain chaud : elle était nourrie, logée, habillée, et elle avait des mâles à sa disposition. Dommage qu'elle soit ici pour le travail, elle aurait bien profité un peu plus. Elle était arrivée suffisamment tard, et on l'avait tout de suite envoyée se préparer sans qu'elle n'ait son mot à dire. Elle ne rechigna pas parce qu'elle savait que la détente allait suivre, mais soyez sûrs que dès qu'elle aurait terminé ses petites affaires, elle ferait payer à ces gens leur manque de savoir vivre à son égard. Lui donner des ordres et la traiter comme un vulgaire objet, voilà quelque chose de bien dangereux. Shû avait essayé de la débarrasser de ses affaires, sans doute dans l'espoir de les revendre au noir. Alors qu'il insistait, Wakajini avait fini par l'assommer d'un coup de bâton à la nuque, avant d'aller tout installer dans la chambre qui lui avait été octroyée pour la nuit. Elle n'avait plus qu'à attendre les clients. Elle en reçu cinq, peut-être six cette nuit là. Elle tenta de soutirer à chacun des informations, mais aucun ne semblait préoccupé par autre chose que le vagin de la chasseuse de prime. Aussi décida-t-elle de changer son attitude du tout au tout. Il fallait qu'elle parle à un responsable. Elle s'échappa en catimini de la chambre qui lui avait attribuée, vêtue uniquement d'un voile transparent, opaque au niveau de la poitrine. Pensez bien que la pudeur n'était pas un problème pour elle, et elle traversa donc les couleurs à la recherche d'un possible bureau où le dirigeant des lieux pourrait être installé. Elle eut tôt fait de trouver, puisque c'était la seule pièce dont aucun son ne sortait. Dès qu'elle aurait fini, il faudrait qu'elle essaye de voir si un plan à plusieurs n'était pas possible ; ça lui manquait aussi ! La rousse entreprit de fouiller soigneusement chaque recoin de la pièce vide. Elle ouvrit les tiroirs du bureau qui trônait au centre de la pièce, et passa en revue les divers documents. Commandes de nouveaux draps, recensement des travailleurs et travailleuses, bénéfices au mois... Des données chiffrées, mais aucun rapport sur les concurrents, sur les dialogues entre les différents possesseurs de maisons closes. « Mais merde ! Je veux mon fric moi ! »Dans un élan de rage, elle saisit une chaise qu'elle envoya contre le mur, avant de se diriger vers une bibliothèque pour la renverser, le tout en jurant et en poussant divers cris de rage. Pourquoi ?! Pourquoi pourquoi pourquoi ne trouvait-elle rien ?! Le travail était plus facile d'habitude ! Deux heures et le problème était règlé ! Elle était sur l'île depuis presque huit heures et il n'y avait toujours rien ! Un livre fila à l'autre bout de la pièce ; un nouveau meuble fut renversé. Elle fit un tel tohu-bohu que des pas précipités retentirent bientôt dans le couloir, et deux hommes armés de sabres déboulèrent. Sans chercher à comprendre qui était cette furie, ils l'attaquèrent. « Ces messieurs cherchent la bagarre … »Les mots étaient sortis tels un souffle, et la tueuse entrait en action. Elle fit une rondade suivie d'un flip pour s'éloigner rapidement de ses adversaires, en même temps qu'ils s'arrêtaient dans leur précipitation. Ils devaient avoir compris qu'ils n'avaient pas affaire à une débutante. Les choses sérieuses commençaient. Le plus grand des deux, brun, s'élança sur elle pendant que l'autre gardait ses distances. Il tenait son arme en position offensive, pensant sans doute qu'il atteindrait Wakajini sans trop de mal. La jeune femme attendit, puis, au moment où le garde était suffisamment proche, elle fit un saut de main. Ne s'attendant pas à ce que l'ennemie se rapproche aussi rapidement de lui, il stoppa net sa course alors que la rousse était en appui sur ses mains, et se préparait pour la réception sur ses pieds. Il avait eu la réaction espérée. Elle écarta les jambes, et au lieu de pousser sur ses bras, elle se contenta de laisser tomber ses membres postérieurs écartés sur les épaules du garde. Elle prit appui sur lui, força sur ses abdos, et se redressa assise, la tête de l'autre entre les cuisses. Le second qui avait observé la scène s'élança à son tour, le premier se débattait pour se libérer du poids qui pesait sur lui, totalement désorienté par la partie génitale de la jeune femme qui se trouvait juste sous son nez. Il trébucha en arrière. Waka donna un coup de hanche pour le faire tomber. Le sabre fendit l'air, emportant quelque suns de ses cheveux. « Ne t'inquiète pas, mon chou ! Je m'occupe de toi tout de suite ! »En effet, tandis que le grand brun chutait, elle n'eut qu'à se réceptionner sur ses pieds, et le laisser s'assommer à terre. Il n'en restait plus qu'un. Du gâteau. Elle esquiva un nouveau coup qui lui était porté en se projetant entre les jambes du survivant, ramassa le sabre du non-survivant, et se remit sur pieds, en position de combat. L'autre combattant s'était retourné et lui faisait face, conscient désormais de la menace que représentait la jeune femme. « Tu vas voir sale pute, je vais te crever ! »« Enfin, mon mignon. Tu n'as aucune chance. »En même temps qu'elle disait ceci, elle se débarrassa du voile, découvrant son corps entièrement nu. L'autre n'eut qu'un instant d'hésitation. Un instant qui lui fut fatal. La lame siffla, et vint lui traverser le foi. Il périrait d'une mort lente et pénible. La chasseuse eut un sourire satisfait, fit tourner la lame dans la chaire, se délectant des cris de douleurs de sa victime, avant de retirer la lame et de s'en aller de cette pièce. Son homme n'y était apparemment pas. A quelques pas de la porte, elle revint, saisit la langue de celui qui était assommé, et lui coupa la langue d'un geste précis, ce qui le réveilla et provoqua un hurlement de douleur ; un souffle réconfortant pour le cœur de la sadique. Elle enchaîna en lui crevant les deux yeux, et partit enfin. Il ne fallait qu'aucun témoin puisse témoigner : quoi de mieux que de rendre cet individu infirme pour le restant de ses jours ? ... L'incident fit énormément de bruit, mais personne ne sut jamais qui en avait été responsable. Wakajini put donc rester travailler sur place pendant quelques jours, essayant de glaner des informations comme elle pouvait. Le hasard fut plus conciliant que le destin, puisqu'un soir, l'arrivée du propriétaire fut annoncée. Le nom n'était pas le bon, mais il était la copie conforme du portrait de l'avis de recherche. Greg le Gorille portait bien son nom. Il avoisinait les deux mètres de hauteur, et devait bien peser ses cent-cinquante kilos. Son corps était couvert de longs poils noirs. En bref, un gorille. Et en plus, il puait ! Ça sentait la sueur et le sang séché sur un périmètre de trois mètres autour de lui. Wakajini ne dissimula pas une grimace de dégoût qui retint l'attention de son « patron ». Il voulut la gifler pour la punir d'un tel manque de respect. Sa main alla s'écraser contre un mur. La situation ne se présentait pas bien : Waka allait devoir capturer ce pirate, dans sa propre demeure, et sans le tuer. Il fallait qu'elle trouve rapidement un plan. Avant que son esprit n'ait formulé une stratégie correcte, ses jambes l'emmenaient hors du bâtiment ; Greg lui emboita le pas. Il n'avait pas suffisamment confiance en ses hommes pour les laisser s'occuper de cette dinde, et il comptait lui régler son compte lui même. Ça lui apprendrait à le ridiculiser en public, sous son toit. Furieux, il renversa une pile de caisse qui traînait dans une ruelle adjacente à la maison close, tandis qu'il tentait de suivre la crinière de feu qui disparaissait entre deux bâtiments. Wakajini avait pris une ruelle sur le côté, assez étroite pour qu'elle puisse prendre appui tantôt sur un mur, tantôt sur l'autre, afin de grimper sur le toit d'une maison basse. De son perchoir, elle observa les mouvements de sa proie. Elle vit un peu plus loin les hommes du Gorille qui cherchaient à suivre la trace de leur chef, mais il était déjà trop tard. Ils ne pourraient pas le sauver. Greg passa en dessous de la jeune femme, qui n'eut qu'à lui tomber dessus, et à le rendre inconscient d'un coup sur la nuque. Elle n'eut qu'à le traîner jusqu'au premier bureau du gouvernement venu. ... La nuit suivante, elle s'introduisit dans l'établissement de Greg en toute discrétion, afin de reprendre ses affaires laissées là-bas. Cependant, elle fut repérée et dut fuir la ville immédiatement pour sauver sa peau. Le sac contenant les 15,000,000B resta dans l'auberge où elle avait pris une chambre. Elle devrait trouver une nouvelle tête pour remplir de nouveau sa bourse.
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