préviously
Jaya est donc actuellement aux mains de Flist. Dans un coin de l'île se terre Elize. Tous deux se regardent et se toisent en chien de faïence. Un statu quo plus que fragile, surtout depuis que Tahar qui passait par là a séché la Sorcière. Probablement sa plus belle bêtise.
Un café noir et brûlant fut servi. Mona Lisa s'en saisit comme si de rien n'était.
Selon toute vraisemblance, Nazca se terre là-bas, dans les jupons de Flist, mais rien n'est sûr. Elle est extrêmement difficile à pister pour une gamine.
-Et les Rhinos Storms sont dans cette poudrière... ?
Même sllllupaciuuuuuufiercuuurrrrretteîleestrrimrrppossible...
-Ne buvez pas votre café pendant que vous parlez voyons...
Pardon. Même si pacifier l'île est impossible à cause de sa renommée historique, leur rôle est de détrôner Flist pour éviter qu'il ne fasse de Jaya un nouvel avant-poste du Malvoulant sur Grand Line.
-Mais même pour eux attaquer de face est trop risqué, c'est ça ?
Oui. Et visiblement, ils ont opté pour une approche plus délicate.
-Ce qui n'en est pas moins risqué.
Je suis d'ailleurs étonnée qu'ils n'aient pas encore été repérés.
-... Vous croooooyyyyyyeeeeez qu'iiiiils ooooont uuuuneuh chaaaan*
Arrête de parler en te maquillant !
-Pardon ! Je suis certaine qu'ils font ça dans certaines tribus de South Blue. Pour le deuil vous comprenez?
Tu n'es pas de South Blue.
-Je vois pas le rapport.
Moi non plus. Tu comptes enlever ta minerve sinon ?
-J'attendrai d'arriver à Jaya. Et puis c'est de votre faute si je l'ai.
Pardon ?
Une pointe de glace s’immisça dans le cœur de Rachel comme la peur la tétanisa sous le regard de Mona. Une peur qui était pourtant teintée d'admiration.
-Je rigolais.
Tu as créé cette situation, tu aurais mérité pire. Si tu avais su éviter.
-Vous voulez pas changer de sujet pendant que je me maquille ? Je pourrais jamais éviter vos attaques voyons...
Mon précédent second pouvait le faire lui. Je vais finir par le regretter.
-Quand je vois où il a fini.
Tu es faible, lente et impuissante. Tu ne t'en sortiras pas aussi bien face à Nazca la prochaine fois.
-Merci de me soutenir... Vous serez où en attendant vous ?
Nazzssssluucauuuurpet Flist ne m'intéressssluuuuurpas
-Arrêtez de boire en parlant !
Nazca et Flist ne m'intéressent pas.
-J'ai peur de la réponse, mais pourquoi êtes vous encore là alors ?
...Tu connais le Rokushiki ?
-Non, je n'aime définitivement pas la réponse.
Enlève cette minerve.
-Maiiiis j'aiiiii pas finiiii deuh meuh maquiiiiillayyy
-On est obligés de faire ça sur le pont ? J'ai déjà pas beaucoup d'autorité envers votre équipage, alors me faire battre par vous n'arrangera pas la chose.
Et puis c'est d'un cliché ! Elle s'était déjà entraînée avec Red sur le pont du Fenrir. Tout comme Red et Toji s'y étaient affrontés, tout comme Ryuuku y avait appris le geppou, tout comme Toji et Red avant lui. Non, ça aurait été mieux de faire ça dans la salle des cartes. Là où Rachel avait dû déposer sa minerve et ses dentelles au profit de l'académique manteau des officiers supérieurs. Commandante d'élite. Un titre qu'elle avait du mal à s'approprier. Trop long à dire. Et Commandante tout court n'avait pas assez de poids selon elle.
Pourtant, lorsque Rachel, talonnée par une Mona Lisa mystérieuse, posa un pied sur le pont du navire, ses peintures blanches sur le visage, la tête haute et ses yeux verts sur le qui vive, dans sa tenue de marine, elle attira les regards et -contre toute attente- un certain respect. Elle en imposait. Le bras en moins y était pour quelque chose, surtout pour ces hommes et ces femmes qui en connaissaient l'histoire. Elle ne paraissait plus fragile -et ce même si c'était encore le cas- mais au contraire, un charisme qu'elle n'aurait jamais soupçonné irradiait maintenant de tout son être. Ses cheveux nouvellement lisses ondulèrent sous cette pensée. Dans un coin, la vétérinaire discutait torchons et serviettes avec un matelot. Prise d'un soudain pincement au cœur, Rachel s'écarta de sa trajectoire pour aller la saluer. La vétérinaire avait une partie du visage embaumé par sa faute pour tout dire. Mais Mona Lisa l'en dissuada d'un claquement de langue sec et d'un regard la força à reprendre sa trajectoire. Rachel ne put que croiser celui de la vétérinaire et lui sourire avec gêne.
La Valkyrie demanda à ce que tout le monde évacue le gaillard d'avant. Ils s'exécutèrent. Rachel eut l'envie folle de les suivre et d'aller briquer le pont. Ou vider les latrines.
On va commencer par ce que tu sais déjà faire.
-J'ai des doutes, mais au moins la phrase inspire confiance...
Le Ran Kyaku.
-...J'aurais dû réfléchir avant de parler.
Tu sais faire des lames d'air avec une épée, un couteau, une faux...
-Il paraît
… alors ça devrait être simple de transposer ce savoir à un coup de pied.
-La pratique est toujours plus compliquée que la théorie dans ces cas là...
Encore une remarque et je te jette à la mer et choisis un autre second. Clair ?
-Très clair Colonel !
La demi heure suivante ne fut que coups de pieds, déséquilibres et coups de pieds. Mona Lisa montrait à Rachel comment se déhancher pour augmenter la vitesse et la hauteur du coup, lui enseigna comment déplier jusqu'à la pointe du pied le coup décoché et de quelle manière le coup de cheville était aussi important dans le Rankyaku que le coup de poignet pour faire des ricochets. Mais à aucun moment, surtout à cause des déséquilibres que son bras manquant occasionnait, Rachel ne parvint à créer une seule lame d'air. Mona Lisa, n'insista pas. Elle lui montra juste les dérivés, coups de pieds en croix, saut périlleux, lames de pied avec le talon et non plus la pointe du pied, et lui montra même une lame d'air qui fila droit vers l'horizon comme tracée à la règle. Rachel mémorisa chaque mouvement et se promit d'essayer, de s'entraîner, de persévérer. Car non seulement c'était super classe, mais en plus, maintenant qu'elle n'avait plus sa faux, ni de seconde main pour en manier une de nouveau, elle serait désavantagée en combat où elle avait auparavant un avantage technique. Il lui en fallait un nouveau, d'avantage, et le rankyaku semblait une option choisie tout spécialement pour elle. Elle soupçonna même Mona Lisa de l'avoir fait exprès.
Maintenant le Soru.
-Vous voulez dire... le pas qui va très vite ?
Va donc au milieu du pont, entre les deux mâts.
-Je peux boire avant au moins ?
Tu veux du café noir ?
-...Finalement je vais y aller de suite, hein.
Sans se faire prier, elle alla se placer entre les deux mâts, comme le lui avait demandé la Valkyrie. Au passage elle extorqua sa gourde à un matelot de passage, histoire d'avoir un peu d'eau dans le système. Qu'elle puisse de nouveau suer. Faudra qu'elle aille voir le médecin après, pour les antidouleurs. Le bras gauche la lancinait toujours. Oui, celui qu'elle n'avait plus. Ça ne l'inquiétait pas, et il fallait l'avouer, c'était moins douloureux que de devoir faire abstraction de la mort de Salem, mais à défaut d'antidépresseur, autant prendre de la morphine.
Le principe du Soru est de frapper le sol avec les pieds plus de dix fois par seconde. Quand tu auras réussi ça, tu pourras peut-être envisager de rebondir sur l'air et tu devrais plus facilement faire des lames d'air. Et dépasser le pouvoir de prémonition de l'empathie de Nazca.
-C'est encourageant...
C'est donc sur le Soru que l'on va se concentrer pour les cinq prochains jours avant d'arriver à Jaya.
-Ça l'est moins...
Messieurs, la chasse est ouverte.
Ils sortirent de nulle part. Des ouvriers, les charpentiers et métallurgiens, des rameurs, des gabiers... tous armés de marteaux, de tourne-vis et de scies, de pièces d'accastillage, de cordes et de poulies, de pièces de métal et de rondins de bois, de seaux, de boomerangs, de pinces à linge, de bidons d'huile et de lampes à huile, de punaises, de couteaux, de corbeaux, de portes, de chignons, de vestes, de stylos, d'encriers, de fourreaux et de tables, et même d'une ancre. Une goutte de sueur de la taille de la bouteille qu'elle venait de boire coula le long de la colonne vertébrale de Rachel. Sous le poids de la compréhension, la goutte d'eau s'enfuyait.
-Heu...
Le but essssssstd'éllllvituuuuuuuuuerppp, d'aller vite, de ne passssluuuuuurrrrrenvpppoyer.
-Kyaaaaaaah !
Autant vous dire que ce fut un échec terrible et cuisant. Penser à éviter tout ce qui passait trop près d'elle, tout en se contenant de ne pas renvoyer les objets à leurs lanceurs d'une mandale bourrée de Haki, et en tentant par dessus le marché de faire dix pas à la seconde... C'était au-dessus de ses forces. Bon, prendre une fourchette sur le coin de la figure n'est pas forcément douloureux ou handicapant, mais se prendre une poulie dans la rotule, une corde dans les jambes et finir assommée par une ancre de passage, ça l'était plus. Non seulement elle n'avait rien évité, mais elle serait obligée de porter sa minerve toute la nuit.
Le lendemain ne fut pas moins éprouvant. Après l'ancre dans la hanche, Mona Lisa avait bien été obligée de renvoyer Rachel pour blessure. Non sans enfoncer un peu plus le clou à base d'expressions comme « Marie Joa ne s'est pas faite en un jour ». la seule différence avec la veille, c'est que l'exercice dura presque deux heures en tout et pour tout et que cette fois-ci la pluie était de la partie. Et que faire dix pas à la seconde, même motivée par une ancre assoiffée, sur un plancher trempé entraîna plusieurs chutes qui furent mortelles. Enfin, pour le bois du navire. À tel point qu'après l'entraînement, dont certains marins ne comprenaient pas bien l'utilité, un charpentier ou deux furent dépêchés pour refaire le pont. À l'heure du repas de midi, Rachel ne mangea qu'une légère salade et passa les heures suivante à lire en boucle les fiches des membres des Rhinos Storms et des membres du Léviathan. Une excuse valable pour soulager ses membres fourbus, une fois de plus. Il était intolérable qu'elle ne puisse pas toucher un supplément pour accident du travail.
Dans la liste des marins, longue comme douze bras avec les équipages qui y sont associés -Sérénity et Hypérion?- très peu de têtes connues, voire même pas du tout. Tout juste un Oswald dont le visage si beau avait déjà attiré son attention par le passé, au détour d'un article dans un journal quelconque, et qui à défaut de plus gradé, avait pris la tête du navire. Des scientifiques, des ingénieurs nautiques... le Léviathan, un laboratoire mobile. Il paraîtrait même qu'il pourrait, à terme, voler. Une double page avec la photo de Salem, barrée en rouge avec la mention « Mort durant l'exercice de ses fonctions », en plein milieu du dossier, prit Rachel à la gorge. Elle le referma et le remit sur la pille avec les autres, mis à jour très régulièrement, sans jeter un œil aux hypériens et Sérénity. Elle savait juste que ce dernier navire était un submersible.
Rachel referma la porte derrière elle et prit la pluie jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son maquillage avait tout bavé.
Elle repartit dans ses quartiers en pestant contre les Dieux d'avoir créé la pluie et de ne pas avoir de maquillage waterproof sur le navire.
Lorsque Rachel réussit son premier Rankyaku, elle s'écroula sous le poids d'une fatigue accumulée et du soulagement qui l'accabla soudain. Un sergent y perdit son chapeau et sa crête de punk. Allongée sur le dos, le bras perpendiculaire à son corps, elle respirait à si grandes goulées que sa gorge s'assécha à la vitesse de l'éclair. Se redressant d'un bond, soudain heureuse, elle alla se plonger le visage dans le tonneau d'eau potable mis à sa disposition.
Fais-en encore dix aujourd'hui et on passera à la suite.
Elle ne chercha pas à la contredire. Et puis ce serait plus simple maintenant.
Elle alla se repositionner au centre du gaillard d'avant et raffermit le contrôle sur sa respiration. Très vite, les katas que lui avait appris Mona Lisa gagnèrent en vitesse. Elle accéléra les déhanchements, décocha des coups plus rapides, augmenta son allonge et fluidifia ses mouvements, jusqu'au coup de cheville qui débita un morceau de bastingage.
Loin de s'en satisfaire, Mona Lisa aboya un bref « encore ». mais Rachel n'en avait pas fini et savait bien que la seule manière de se libérer du poids de l'apprentissage était de le parfaire. Et malgré un bras manquant qui l'handicapait pour son équilibre général, elle balançait ses jambes, sautait d'un appui sur l'autre, tournoyait autour de son axe pour le désaxer ensuite. Ça ne fonctionnait pas à chaque fois, mais elle tentait, essayait et essayait de nouveau, avec le talon comme elle lui avait montré deux jours plus tôt, se rattrapant sur son bras valide lorsqu'elle tombait, le tout sans perdre l'énergie de l'improvisation et toujours en cherchant la vitesse qu'elle lui demanderait de travailler après pour le Soru. Vitesse qu'elle commençait, lentement mais sûrement, à acquérir.
Parfois, un sifflement satisfaisant lui apprenait que son coup de pied avait produit la lame d'air espérée et elle tâchait de se souvenir des sensation, de l'impression et du mouvement adéquats. Elle se soucierait du mannequin plus tard. Parce que oui, Mona Lisa avait un mannequin dans sa cabine mis exceptionnellement à la disposition de Rachel. Un mannequin aux traits du Malvoulant. Comme quoi.
Les coups ralentissaient petit à petit comme Rachel manquait de souffle et peinait à le retrouver, mais les trois derniers coups qu'elle décocha furent empreint de réussite et elle atteint les dix Rankyaku en moins d'un quart d'heure, la laissant exsangue, essoufflée, sous le regard insistant et pénétrant de Mona Lisa.
Envoyez les boulets.
Un ordre jeté, claquant, comme on ordonne au bourreau d'abaisser sa hache sur la nuque du condamné. Rachel voulut répondre, mais sa voix mourut dans sa gorge tandis qu'elle déglutissait une salive qu'elle n'arrivait plus à produire. À cause de la fatigue. À cause de la stupéfaction aussi. La stupéfaction de voir un boulet de canon à quelques centimètres de son visage. Le réflexe salvateur fut plus rapide qu'elle ne l'aurait jamais cru. Car l'instant suivant, elle se trouvait à trois pas du projectile qui passa à deux bons mètres d'elle.
En revanche, la fierté et l'excitation attendraient. Car, et c'était nouveau, les projectiles étaient fait de fontes. Finies les poulies les cordes et les fourchettes. Place aux armes de destruction. Manquerait plus qu'ils explo*
°BOUM°
...
-C'EST UNE BLAGUE C'EST CA ?
Va fallllluuuoiuuuurrrrrleséviterrrrrrppp.
Il paraît que c'est lorsque l'on est au bout du rouleau, quand on ne sent plus ses jambes, que l'on fait les meilleurs sprints ; juste avant la ligne d'arrivée ; au coude à coude avec son rival. Il paraît aussi que l'adrénaline et l'instinct de survie envoient des trucs spéciaux au cerveau en cas d'un très grand danger.
Eh bien il était grand temps que son cerveau comprenne bien qu'elle se trouvait dans une merde noire !! Une merde noire qui lui remontait dans cou comme un pull-over en été !!
-Kyyyaaaaaaaaaaaah !
Les projectiles filaient comme des guêpes organisées en escadrons d'attaque. Ils frôlaient le corps éreinté de Rachel, la déstabilisaient et la soufflaient d'une explosion. Elle, elle roula, sauta, bondit, se baissa, courut, ventre-à-terre, virevolta, tenta vainement d'exploiter son jeu de jambe et d'accélérer une cadence qui s'enrayait. Elle était au mauvais rapport, en sur-régime, ou alors il lui manquait une vitesse. Une vitesse ripée qu'elle n'arrivait pas à passer. Parfois, alors quelle changeait de direction subitement, elle sentait cette grisante accélération qu'offrait le Soru, mais ça ne durait qu'un instant. Ces mouvements saccadés fatiguaient beaucoup trop un corps épuisé par trois jours d'entraînement.
-On ne pourrait pas (pff pff) ralentir ???
Ralentis et tu es morte.
-Alors (pff pff) je ne pourrais pas (pff) juste mourir ?
La réponse allait fuser aussi vite que les boulets de canons qui volaient autour d'elle, mais au final ce fut un oui. Simplement parce que, déséquilibrée par une de ces accélérations, au beau milieu d'un virage serré, et à cause de son bras manquant, Rachel s'écroula face contre terre. Et un boulet la prit pour cible.
°BOUM°
Tu comptes enlever ta minerve ?
-J'attendrai d'arriver à Jaya. Et puis c'est de votre faute si je l'ai.
Ressers-moi au lieu de dire des bêtises.
-Tout de suite !
Dans la salle des cartes du navire de la Valkyrie...
Jaya est donc actuellement aux mains de Flist. Dans un coin de l'île se terre Elize. Tous deux se regardent et se toisent en chien de faïence. Un statu quo plus que fragile, surtout depuis que Tahar qui passait par là a séché la Sorcière. Probablement sa plus belle bêtise.
Un café noir et brûlant fut servi. Mona Lisa s'en saisit comme si de rien n'était.
Selon toute vraisemblance, Nazca se terre là-bas, dans les jupons de Flist, mais rien n'est sûr. Elle est extrêmement difficile à pister pour une gamine.
-Et les Rhinos Storms sont dans cette poudrière... ?
Même sllllupaciuuuuuufiercuuurrrrretteîleestrrimrrppossible...
-Ne buvez pas votre café pendant que vous parlez voyons...
Pardon. Même si pacifier l'île est impossible à cause de sa renommée historique, leur rôle est de détrôner Flist pour éviter qu'il ne fasse de Jaya un nouvel avant-poste du Malvoulant sur Grand Line.
-Mais même pour eux attaquer de face est trop risqué, c'est ça ?
Oui. Et visiblement, ils ont opté pour une approche plus délicate.
-Ce qui n'en est pas moins risqué.
Je suis d'ailleurs étonnée qu'ils n'aient pas encore été repérés.
-... Vous croooooyyyyyyeeeeez qu'iiiiils ooooont uuuuneuh chaaaan*
Arrête de parler en te maquillant !
-Pardon ! Je suis certaine qu'ils font ça dans certaines tribus de South Blue. Pour le deuil vous comprenez?
Tu n'es pas de South Blue.
-Je vois pas le rapport.
Moi non plus. Tu comptes enlever ta minerve sinon ?
-J'attendrai d'arriver à Jaya. Et puis c'est de votre faute si je l'ai.
Pardon ?
Une pointe de glace s’immisça dans le cœur de Rachel comme la peur la tétanisa sous le regard de Mona. Une peur qui était pourtant teintée d'admiration.
-Je rigolais.
Tu as créé cette situation, tu aurais mérité pire. Si tu avais su éviter.
-Vous voulez pas changer de sujet pendant que je me maquille ? Je pourrais jamais éviter vos attaques voyons...
Mon précédent second pouvait le faire lui. Je vais finir par le regretter.
-Quand je vois où il a fini.
Tu es faible, lente et impuissante. Tu ne t'en sortiras pas aussi bien face à Nazca la prochaine fois.
-Merci de me soutenir... Vous serez où en attendant vous ?
Nazzssssluucauuuurpet Flist ne m'intéressssluuuuurpas
-Arrêtez de boire en parlant !
Nazca et Flist ne m'intéressent pas.
-J'ai peur de la réponse, mais pourquoi êtes vous encore là alors ?
...Tu connais le Rokushiki ?
-Non, je n'aime définitivement pas la réponse.
Enlève cette minerve.
-Maiiiis j'aiiiii pas finiiii deuh meuh maquiiiiillayyy
*****
-On est obligés de faire ça sur le pont ? J'ai déjà pas beaucoup d'autorité envers votre équipage, alors me faire battre par vous n'arrangera pas la chose.
Et puis c'est d'un cliché ! Elle s'était déjà entraînée avec Red sur le pont du Fenrir. Tout comme Red et Toji s'y étaient affrontés, tout comme Ryuuku y avait appris le geppou, tout comme Toji et Red avant lui. Non, ça aurait été mieux de faire ça dans la salle des cartes. Là où Rachel avait dû déposer sa minerve et ses dentelles au profit de l'académique manteau des officiers supérieurs. Commandante d'élite. Un titre qu'elle avait du mal à s'approprier. Trop long à dire. Et Commandante tout court n'avait pas assez de poids selon elle.
Pourtant, lorsque Rachel, talonnée par une Mona Lisa mystérieuse, posa un pied sur le pont du navire, ses peintures blanches sur le visage, la tête haute et ses yeux verts sur le qui vive, dans sa tenue de marine, elle attira les regards et -contre toute attente- un certain respect. Elle en imposait. Le bras en moins y était pour quelque chose, surtout pour ces hommes et ces femmes qui en connaissaient l'histoire. Elle ne paraissait plus fragile -et ce même si c'était encore le cas- mais au contraire, un charisme qu'elle n'aurait jamais soupçonné irradiait maintenant de tout son être. Ses cheveux nouvellement lisses ondulèrent sous cette pensée. Dans un coin, la vétérinaire discutait torchons et serviettes avec un matelot. Prise d'un soudain pincement au cœur, Rachel s'écarta de sa trajectoire pour aller la saluer. La vétérinaire avait une partie du visage embaumé par sa faute pour tout dire. Mais Mona Lisa l'en dissuada d'un claquement de langue sec et d'un regard la força à reprendre sa trajectoire. Rachel ne put que croiser celui de la vétérinaire et lui sourire avec gêne.
La Valkyrie demanda à ce que tout le monde évacue le gaillard d'avant. Ils s'exécutèrent. Rachel eut l'envie folle de les suivre et d'aller briquer le pont. Ou vider les latrines.
On va commencer par ce que tu sais déjà faire.
-J'ai des doutes, mais au moins la phrase inspire confiance...
Le Ran Kyaku.
-...J'aurais dû réfléchir avant de parler.
Tu sais faire des lames d'air avec une épée, un couteau, une faux...
-Il paraît
… alors ça devrait être simple de transposer ce savoir à un coup de pied.
-La pratique est toujours plus compliquée que la théorie dans ces cas là...
Encore une remarque et je te jette à la mer et choisis un autre second. Clair ?
-Très clair Colonel !
La demi heure suivante ne fut que coups de pieds, déséquilibres et coups de pieds. Mona Lisa montrait à Rachel comment se déhancher pour augmenter la vitesse et la hauteur du coup, lui enseigna comment déplier jusqu'à la pointe du pied le coup décoché et de quelle manière le coup de cheville était aussi important dans le Rankyaku que le coup de poignet pour faire des ricochets. Mais à aucun moment, surtout à cause des déséquilibres que son bras manquant occasionnait, Rachel ne parvint à créer une seule lame d'air. Mona Lisa, n'insista pas. Elle lui montra juste les dérivés, coups de pieds en croix, saut périlleux, lames de pied avec le talon et non plus la pointe du pied, et lui montra même une lame d'air qui fila droit vers l'horizon comme tracée à la règle. Rachel mémorisa chaque mouvement et se promit d'essayer, de s'entraîner, de persévérer. Car non seulement c'était super classe, mais en plus, maintenant qu'elle n'avait plus sa faux, ni de seconde main pour en manier une de nouveau, elle serait désavantagée en combat où elle avait auparavant un avantage technique. Il lui en fallait un nouveau, d'avantage, et le rankyaku semblait une option choisie tout spécialement pour elle. Elle soupçonna même Mona Lisa de l'avoir fait exprès.
Maintenant le Soru.
-Vous voulez dire... le pas qui va très vite ?
Va donc au milieu du pont, entre les deux mâts.
-Je peux boire avant au moins ?
Tu veux du café noir ?
-...Finalement je vais y aller de suite, hein.
Sans se faire prier, elle alla se placer entre les deux mâts, comme le lui avait demandé la Valkyrie. Au passage elle extorqua sa gourde à un matelot de passage, histoire d'avoir un peu d'eau dans le système. Qu'elle puisse de nouveau suer. Faudra qu'elle aille voir le médecin après, pour les antidouleurs. Le bras gauche la lancinait toujours. Oui, celui qu'elle n'avait plus. Ça ne l'inquiétait pas, et il fallait l'avouer, c'était moins douloureux que de devoir faire abstraction de la mort de Salem, mais à défaut d'antidépresseur, autant prendre de la morphine.
Le principe du Soru est de frapper le sol avec les pieds plus de dix fois par seconde. Quand tu auras réussi ça, tu pourras peut-être envisager de rebondir sur l'air et tu devrais plus facilement faire des lames d'air. Et dépasser le pouvoir de prémonition de l'empathie de Nazca.
-C'est encourageant...
C'est donc sur le Soru que l'on va se concentrer pour les cinq prochains jours avant d'arriver à Jaya.
-Ça l'est moins...
Messieurs, la chasse est ouverte.
Ils sortirent de nulle part. Des ouvriers, les charpentiers et métallurgiens, des rameurs, des gabiers... tous armés de marteaux, de tourne-vis et de scies, de pièces d'accastillage, de cordes et de poulies, de pièces de métal et de rondins de bois, de seaux, de boomerangs, de pinces à linge, de bidons d'huile et de lampes à huile, de punaises, de couteaux, de corbeaux, de portes, de chignons, de vestes, de stylos, d'encriers, de fourreaux et de tables, et même d'une ancre. Une goutte de sueur de la taille de la bouteille qu'elle venait de boire coula le long de la colonne vertébrale de Rachel. Sous le poids de la compréhension, la goutte d'eau s'enfuyait.
-Heu...
Le but essssssstd'éllllvituuuuuuuuuerppp, d'aller vite, de ne passssluuuuuurrrrrenvpppoyer.
-Kyaaaaaaah !
Autant vous dire que ce fut un échec terrible et cuisant. Penser à éviter tout ce qui passait trop près d'elle, tout en se contenant de ne pas renvoyer les objets à leurs lanceurs d'une mandale bourrée de Haki, et en tentant par dessus le marché de faire dix pas à la seconde... C'était au-dessus de ses forces. Bon, prendre une fourchette sur le coin de la figure n'est pas forcément douloureux ou handicapant, mais se prendre une poulie dans la rotule, une corde dans les jambes et finir assommée par une ancre de passage, ça l'était plus. Non seulement elle n'avait rien évité, mais elle serait obligée de porter sa minerve toute la nuit.
*****
Le lendemain ne fut pas moins éprouvant. Après l'ancre dans la hanche, Mona Lisa avait bien été obligée de renvoyer Rachel pour blessure. Non sans enfoncer un peu plus le clou à base d'expressions comme « Marie Joa ne s'est pas faite en un jour ». la seule différence avec la veille, c'est que l'exercice dura presque deux heures en tout et pour tout et que cette fois-ci la pluie était de la partie. Et que faire dix pas à la seconde, même motivée par une ancre assoiffée, sur un plancher trempé entraîna plusieurs chutes qui furent mortelles. Enfin, pour le bois du navire. À tel point qu'après l'entraînement, dont certains marins ne comprenaient pas bien l'utilité, un charpentier ou deux furent dépêchés pour refaire le pont. À l'heure du repas de midi, Rachel ne mangea qu'une légère salade et passa les heures suivante à lire en boucle les fiches des membres des Rhinos Storms et des membres du Léviathan. Une excuse valable pour soulager ses membres fourbus, une fois de plus. Il était intolérable qu'elle ne puisse pas toucher un supplément pour accident du travail.
Dans la liste des marins, longue comme douze bras avec les équipages qui y sont associés -Sérénity et Hypérion?- très peu de têtes connues, voire même pas du tout. Tout juste un Oswald dont le visage si beau avait déjà attiré son attention par le passé, au détour d'un article dans un journal quelconque, et qui à défaut de plus gradé, avait pris la tête du navire. Des scientifiques, des ingénieurs nautiques... le Léviathan, un laboratoire mobile. Il paraîtrait même qu'il pourrait, à terme, voler. Une double page avec la photo de Salem, barrée en rouge avec la mention « Mort durant l'exercice de ses fonctions », en plein milieu du dossier, prit Rachel à la gorge. Elle le referma et le remit sur la pille avec les autres, mis à jour très régulièrement, sans jeter un œil aux hypériens et Sérénity. Elle savait juste que ce dernier navire était un submersible.
Rachel referma la porte derrière elle et prit la pluie jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son maquillage avait tout bavé.
Elle repartit dans ses quartiers en pestant contre les Dieux d'avoir créé la pluie et de ne pas avoir de maquillage waterproof sur le navire.
*****
Lorsque Rachel réussit son premier Rankyaku, elle s'écroula sous le poids d'une fatigue accumulée et du soulagement qui l'accabla soudain. Un sergent y perdit son chapeau et sa crête de punk. Allongée sur le dos, le bras perpendiculaire à son corps, elle respirait à si grandes goulées que sa gorge s'assécha à la vitesse de l'éclair. Se redressant d'un bond, soudain heureuse, elle alla se plonger le visage dans le tonneau d'eau potable mis à sa disposition.
Fais-en encore dix aujourd'hui et on passera à la suite.
Elle ne chercha pas à la contredire. Et puis ce serait plus simple maintenant.
Elle alla se repositionner au centre du gaillard d'avant et raffermit le contrôle sur sa respiration. Très vite, les katas que lui avait appris Mona Lisa gagnèrent en vitesse. Elle accéléra les déhanchements, décocha des coups plus rapides, augmenta son allonge et fluidifia ses mouvements, jusqu'au coup de cheville qui débita un morceau de bastingage.
Loin de s'en satisfaire, Mona Lisa aboya un bref « encore ». mais Rachel n'en avait pas fini et savait bien que la seule manière de se libérer du poids de l'apprentissage était de le parfaire. Et malgré un bras manquant qui l'handicapait pour son équilibre général, elle balançait ses jambes, sautait d'un appui sur l'autre, tournoyait autour de son axe pour le désaxer ensuite. Ça ne fonctionnait pas à chaque fois, mais elle tentait, essayait et essayait de nouveau, avec le talon comme elle lui avait montré deux jours plus tôt, se rattrapant sur son bras valide lorsqu'elle tombait, le tout sans perdre l'énergie de l'improvisation et toujours en cherchant la vitesse qu'elle lui demanderait de travailler après pour le Soru. Vitesse qu'elle commençait, lentement mais sûrement, à acquérir.
Parfois, un sifflement satisfaisant lui apprenait que son coup de pied avait produit la lame d'air espérée et elle tâchait de se souvenir des sensation, de l'impression et du mouvement adéquats. Elle se soucierait du mannequin plus tard. Parce que oui, Mona Lisa avait un mannequin dans sa cabine mis exceptionnellement à la disposition de Rachel. Un mannequin aux traits du Malvoulant. Comme quoi.
Les coups ralentissaient petit à petit comme Rachel manquait de souffle et peinait à le retrouver, mais les trois derniers coups qu'elle décocha furent empreint de réussite et elle atteint les dix Rankyaku en moins d'un quart d'heure, la laissant exsangue, essoufflée, sous le regard insistant et pénétrant de Mona Lisa.
Envoyez les boulets.
Un ordre jeté, claquant, comme on ordonne au bourreau d'abaisser sa hache sur la nuque du condamné. Rachel voulut répondre, mais sa voix mourut dans sa gorge tandis qu'elle déglutissait une salive qu'elle n'arrivait plus à produire. À cause de la fatigue. À cause de la stupéfaction aussi. La stupéfaction de voir un boulet de canon à quelques centimètres de son visage. Le réflexe salvateur fut plus rapide qu'elle ne l'aurait jamais cru. Car l'instant suivant, elle se trouvait à trois pas du projectile qui passa à deux bons mètres d'elle.
En revanche, la fierté et l'excitation attendraient. Car, et c'était nouveau, les projectiles étaient fait de fontes. Finies les poulies les cordes et les fourchettes. Place aux armes de destruction. Manquerait plus qu'ils explo*
°BOUM°
...
-C'EST UNE BLAGUE C'EST CA ?
Va fallllluuuoiuuuurrrrrleséviterrrrrrppp.
Il paraît que c'est lorsque l'on est au bout du rouleau, quand on ne sent plus ses jambes, que l'on fait les meilleurs sprints ; juste avant la ligne d'arrivée ; au coude à coude avec son rival. Il paraît aussi que l'adrénaline et l'instinct de survie envoient des trucs spéciaux au cerveau en cas d'un très grand danger.
Eh bien il était grand temps que son cerveau comprenne bien qu'elle se trouvait dans une merde noire !! Une merde noire qui lui remontait dans cou comme un pull-over en été !!
-Kyyyaaaaaaaaaaaah !
Les projectiles filaient comme des guêpes organisées en escadrons d'attaque. Ils frôlaient le corps éreinté de Rachel, la déstabilisaient et la soufflaient d'une explosion. Elle, elle roula, sauta, bondit, se baissa, courut, ventre-à-terre, virevolta, tenta vainement d'exploiter son jeu de jambe et d'accélérer une cadence qui s'enrayait. Elle était au mauvais rapport, en sur-régime, ou alors il lui manquait une vitesse. Une vitesse ripée qu'elle n'arrivait pas à passer. Parfois, alors quelle changeait de direction subitement, elle sentait cette grisante accélération qu'offrait le Soru, mais ça ne durait qu'un instant. Ces mouvements saccadés fatiguaient beaucoup trop un corps épuisé par trois jours d'entraînement.
-On ne pourrait pas (pff pff) ralentir ???
Ralentis et tu es morte.
-Alors (pff pff) je ne pourrais pas (pff) juste mourir ?
La réponse allait fuser aussi vite que les boulets de canons qui volaient autour d'elle, mais au final ce fut un oui. Simplement parce que, déséquilibrée par une de ces accélérations, au beau milieu d'un virage serré, et à cause de son bras manquant, Rachel s'écroula face contre terre. Et un boulet la prit pour cible.
°BOUM°
*****
Tu comptes enlever ta minerve ?
-J'attendrai d'arriver à Jaya. Et puis c'est de votre faute si je l'ai.
Ressers-moi au lieu de dire des bêtises.
-Tout de suite !