Zetsu Dorenji
Pseudonyme : Tengu Age: 24 Sexe : Masculin Race : Homme-poisson Koï Métier : Poète (Haijin et Kabuki) Groupe : Révolution But : Fleur de cerisier, Un rêve, une liberté Une ataraxie Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : Karaté des Hommes-Poissons et Zui Quan (Boxe de l'homme-ivre)... et ptet un changement de couleur de peau possible (rouge), ça m'arrangerait. Raison purement esthétique. Si possible, bien sûr. Équipement : Un bâton de bois, un chapelet et un bracelet bouddhistes, et des masques de kabuki. Une manteau à capuche, un kimono rouge, et un short kaki aussi. Codes du règlement : Parrain : Ce compte est-il un DC ? : Yep, Axel "Chainsaw" Giriko Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Louise |
Le maître :
*Toc toc toc*
Surpris, je me levai alors doucement de mon canapé. Bah oui, doucement, mon corps n'était plus si jeune... Le temps d'attraper ma canne, et bientôt je marchai. Ou du moins, je me tenais debout, c'était déjà ça.
*Toc*
Oh, ça va, ça va, j'arrive ! Cette cabane était petite. Normal, c'était une cabane. Bref, quoi qu'il en soit, j'avais entendu, j'arrive ! Et je me traînai misérablement vers la porte, après deux toussotements faiblards du petit vieillard nain que j'étais devenu... Arrivé devant cette petite porte en bois, je m'arrêtai soudain. C'est vrai, j'étais un homme-poisson. Ma cicatrice sur mon bras gauche se raviva, et me rappella ma nature. Alors je ne répondis pas. Je frappai la porte en retour. Qui viendrait me chercher ici ? Répond-moi, étranger qui était là dehors.
"Que de souvenirs,
La maison de mon maître,
Une odeur de vieux."
A ces mots j'ouvrit grand la porte, aussi grand que le sourire qui se dessinait sur mon pâle visage. Et je l'invitai à entrer.
"Entre, fils. Ze ne savais pas que tu passais."
C'était Zetsu.
Le jeune Zetsu Dorenji me salua et entra la tête baissée. Il enleva son masque de Tengu sur le visage et me conduisit vers mon siège de canapé, bien que je lui ai indiqué que ce n'était pas la peine. Une fois confortablement installé pour ma part, il vint bientôt s'asseoir sur un autre siège un peu plus loin. Et comme le vieil homme que j'étais maintenant, je me mis à l'observer avec nostalgie.>> PhysiqueZetsu... Il avait tellement grandi. Il n'avait pas tant changé que ça depuis la dernière fois que je l'avais vu, mais depuis la première... Le voilà maintenant, grand de son mètre quatre-vingt cinq, et toujours les mêmes vêtements.
Ces vêtements lâches et délabrés, ce pantalon kaki trop large pour lui, ce kimono rouge usé et taché, qui couvrait un débardeur simple et blanc. Plus tout à fait blanc pour le coup. Mais même avec cet accoutrement modeste qui représentait nos valeurs, je pouvais apercevoir derrière ce dernier que Zetsu était toujours d'une forme olympique. Il continuait de s'entraîner, et ça me rassurait. Je le trouvai aussi un peu maigre, surtout par rapport à sa grande taille. Il ne mangeait jamais beaucoup... Il portait aussi toujours ces bijoux bouddhistes qu'il avait hérité de moi. Ca me faisait plaisir. Et son masque enlevé, je pouvais voir son visage.
Cette nuque un peu courbée, ce n'était pas de sa faute. Ces nageoires sur ses branchies, qui ressemblaient aux oreilles des humains. Une boucle était sur celle de gauche, d'ailleurs, une pierre de jade. Ces moustaches perpétuelles de poisson-chat, qui ne semblaient cesser de grandir. Et ces yeux.
Ces yeux noirs, teintés de vert écaille. Ce regard si simple, si sage, si ingénu quelque part. Ce regard qui fortifiait cette aura de sérénité, de calme. Ce regard si lourd de sens, si lourd de responsabilité. Je reconnaissais bien-là mon garçon. Mon seul et unique élève. Il avait grandi. Mais il restera toujours mon fils.
-----------------------------------------------------------"Maître Tampopo, je vous sers du thé ?
-Mais non, mais non, laisse-moi faire. C'est ssez (chez) moi quand même.
-Laissez-moi y aller, Sensei."
Et sans attendre mon aval, il se leva et se dirigea vers la cuisine. Toujours aussi dévoué, ce garçon... Je m'y résignai donc.
"Entendu alors. Razoute un zeste d'orange pour moi."
Il revint alors en vitesse, soudainement.
"Vous m'avez appelé, maître ?
-Non.
-Mais si. Vous avez dit "Zetsu Dorenji".
-Mais non, voyons ! Z'ai dit un zeste ! Un zeste d'orange, le fruit !
-Ah d'accord."
Hé ben... Même après tant d'années, il avait toujours du mal à faire le lien avec le contexte. Quoique, j'étais mauvaise langue : je savais pertinemment que j'avais un défaut de prononciation, et que ce n'était facile pour personne. Mais n'empêche que ce garçon avait toujours été, et de tout temps, très spécial.>> PsychologieZetsu était une personne très calme. Il gardait toujours son sang-froid, et ce dans n'importe quelle situation. Je ne l'ai jamais vu s'énerver une seule fois depuis toutes ces années. Toujours très calme. Trop calme, même : Zetsu était narcoleptique.
Il pouvait s'endormir n'importe où, et à n'importe quel moment. Le nombre de fois où il était tombé dans les bras de Morphée alors que je lui parlais. Et puis, quelques secondes après, mon élève se réveillait et du coup, nos conversations étaient totalement décalées. Je me rappelais encore de ce jour où je lui avais parlé de mon petit-déjeuner avant d'enchaîner sur des écrits bouddhistes. Quand il s'était réveillé, il m'avait demandé si Bouddha préférait ses tartines avec ou sans beurre. Ce n'était pas de la tarte d'élever ce gamin...
Et c'était pour cela que la principale boisson qu'il consommait, c'était du thé. D'ailleurs, en plus de le tenir éveillé, le thé était sa boisson préférée. Il en buvait toujours en écrivant ses haïkus. Ah, ses haïkus ! Zetsu était passioné d'arts littéraires, en particulier la calligraphie et le théâtre. Il se promenait toujours avec un pinceau et de l'encre sur lui, et il récitait ses courtes oeuvres à tout bout de champs. Il avait un style, quoique pas toujours adapté... L'un de ses meilleurs ?
"Un vol, une abeille
Et son grand festin de miel,
Je crois que j'ai faim."
Mais bon, il s'agissait d'haïkus après tout... Egalement fanatique de théâtre kabuki, il avait toujours des masques sur lui. Tengu, Karasu, Kitsune, Totoro... Il ne s'en lassait jamais. Ou peut-être était-ce pour lui une manière d'exprimer ses sentiments ? Ou bien même pour couvrir ses sommeils sauvages ? Je n'en savais rien.
Mais, même avec toutes ses excentricités, Zetsu a toujours été un garçon d'une grande politesse et d'un grand respect. Silencieux, il ne parlait que quand il le fallait, ou quand il était éveillé. Donc il ne parlait jamais beaucoup. Il était également doué d'une grande empathie, et essayait toujours de prendre du recul sur les choses de la vie. Grand penseur, ce garçon. Peut-être même un peu trop idéaliste parfois. Mais le coeur juste, toujours.
Et en me remémorant tous ces traits de caractères, je me rappelai le chemin qu'on avait parcouru ensemble, ainsi que l'homme-poisson qu'il était devenu aujourd'hui. J'étais l'homme le plus fier de toute cette planète.
------------------------------------Et alors que je me perdais dans mes pensées de vieillard, mon élève réapparut bientôt avec le plateau à thé. Il l'installa sur la table basse entre nous, et me servit un verre, avant de se servir ensuite. Et nous le bûmes après un salut commun. Zetsu était silencieux, comme à son habitude. Quoiqu'un peu plus cette fois-ci. Mais bon, je décidai de faire abstraction pour une fois, et je lui demandai de ses nouvelles. Il me répondit que tout allait bien.
"Oh, mais franzement. Ne vois-tu pas que ze suis en manque de fables, coincé dans mon ennui ? Tu devrais faire un zeste pour ton vieux maître.
-Mais sensei, je vous en ai déjà mis un dans votre verre.
-Mais non ! Un zeste, comme dans zestuelle ! Un mouvement de compassion !
-Ah d'accord."
Et il commença un récit à propos d'une aventure qu'il avait vécu. Après la première virgule, il tomba de sommeil. Il se réveilla quarante-cinq secondes plus tard, et continua comme si de rien n'était. Oh, il s'en rendait compte, bien sûr. Mais il n'allait pas reprendre depuis le début, ce serait plus long que ça ne l'était déjà. C'était déjà un gros effort de sa part que de se rappeler de quoi traitait la discussion avant sa sieste sauvage.
Ca ne me dérangeait pas moi. Je l'aimais comme il était. Et puis, je profitais également de ces pauses impromptues pour me remémorer ces années qu'on avait passé ensemble...>> BiographieJe me rappelai du jour où je l'avais rencontré. Cela faisait... 18 ans déjà. Moine de profession, je parcourais le monde à la recherche d'une paix intérieure. Et j'étais passé par Cimetière d'épaves. Des débris, une ambiance lugubres, des gens pas très fréquentables... Je me dépêchai de partir de là avant que des ennuis ne viennent à ma rencontre. Quand soudain, quelque chose remua dans un tas de débris. Figé par la peur, je suis resté là, tentant de ne pas me faire remarquer. J'avais vraiment la sensation que la mort m'attendait, là, à l'intérieur de ces morceaux de bateau. Et ce qui en sortit à ce moment précis... était un enfant-poisson.
Il s'effondra sur le sol, en toussotant, bruyamment. Il était affublé d'un short usé, et était en piteux état. Il tenait un morceau de tissu avec un lotus dessus. Des cernes sous ses yeux, des bleus et des traces de terre recouvrant son petit corps abîmé. Et surtout, cette marque. Cette marque en forme de patte de dragon sur son petit dos frêle. Cette marque que moi aussi je portais sur ma gorge. J'aurais bien aimé dire que la peur ne m'abhorrait pas à ce moment. Ni la pitié. J'aurais aimé pouvoir dire que je m'étais approché de lui par pure gentillesse. Mais je me sentais... si coupable. Coupable d'être un esclave au même titre que lui. Et de n'avoir rien pu faire, sinon fuir. Alors je décidai, pour une fois, d'agir. Je m'approchai et lui tendit ma gourde de thé.
Il leva la tête vers moi, et je vis dans son regard toute la haine qu'il contenait, toute la tristesse de la situation dans laquelle il était. Je vis la méfiance qu'il avait envers moi, je vis le désespoir dans ce petit poisson. Alors je me suis rappelé des paroles que j'avais prêché toute ma vie. Je lui laissai ma gourde, et lui donnai mon kimono, ainsi que mes dernières réserves de nourriture. Il hésita, et les prit finalement. Je restais assis, le regardant dévorer et utiliser avec passion chaque objet que je lui avais donné. Une fois qu'il eût terminé, il me demanda une simple chose : pourquoi ? Et à cette question-là, je ne pus lui faire de sermons. Je ne pus lui mentir sur mon courage inexistant, ou sur ma fausse bonté de coeur. Je lui répondis simplement que c'était parce que j'étais désolé.
Je partis alors, et sans dire un mot, il décida de me suivre. Et ce fut le commencement de notre périple. Homme-poisson seul, sans enfants, je me mis bientôt à considérer ce petit comme ma propre progéniture. Il me dit qu'il n'avait pas de nom, alors je lui en avais donné un : Zetsu Dorenji. Zetsu (rompre), parce que ce petit était brisé, et Dorenji (la voie du lotus) en raison du tissu qu'il gardait précieusement. D'ailleurs, en parlant de noms, il mit un temps avant de comprendre le mien. En effet, à chaque fois que je me présentais, moi, Seki Tampopo (joyau de pissenlit), il me répétait qu'il n'avait jamais connu son paternel. Et je me rendis compte que ce petit arrivait à m'arracher un sourire. Qu'il était la paix d'âme que je recherchais tant. Qu'il allait devenir l'homme que je n'ai pas pu être.
Pendant seize longues années, je lui appris tout ce que je savais : je lui enseignais la lecture, l'écriture, les arts, le combat... Je lui avais transmis tout ce que je savais. Et nous nous rapprochions, chaque jour un peu plus. Nous discutions philosophie, nous nous entraînions l'un l'autre, nous partagions pensées et philosophie... Ce furent les plus belles années de mon existence. Les seules années qui parvinrent à transformer ma vie en existence. Notre pèlerinage et son éducation ne s'arrêtèrent qu'au bout de ces seize ans, quand mon corps ne put faire autrement. Nous nous retirâmes donc à Kage Berg, dans cette vieille petite cabane, isolé de tout et de tous. Zetsu était devenu un homme, et nous savions tous deux qu'il allait devoir partir.
Durant ces seize années, mon élève m'avait vu décrépir, vieillir alors que lui grandissait de plus en plus. Quand son apprentissage fut terminé, il me remercia et resta quelques mois pour veiller sur moi. Je lui répétais sans arrêt que ce n'était pas la peine, mais il continuait. Encore et encore. Trop de bonté chez lui... Il devint silencieux, vis-à-vis de ce qu'il pensait, de ce qu'il vivait. Cela m'inquiétait beaucoup, alors je ne lâchais pas prise.
Quand j'arrivai enfin à lui faire entendre raison, à le persuader qu'il avait une vie à vivre et moi plus, il me fit part de toutes ces réflexions cachées, en s'excusant. Il était reconnaissant pour tout ce que j'avais fait, mais il ne pouvait pas supporter mon mode de vie, le continuer. Ce monde que l'on traversait lui apparaissait chaque jour dans toute la splendeur de sa pourriture. Nous avions traversé guerres et violence, et marché sur des chemins devenus carmins à force de sang versé. Nous avions entendu les coups de feu et les cris qui les suivirent, et senti le tremblement dans les cœurs des victimes. Et Zetsu me répétait qu'il n'en pouvait plus de fuir. Il voulait combattre.
Comme un père, j'avais l'esprit inquiet mais heureux, agité mais confiant, triste mais soulagé. Je lui souris. Je lui dis alors que j'étais fier de lui. Fier qu'il ne soit pas devenu un lâche comme moi, comme je l'avais été toute ma vie. Fier qu'il avait trouvé le courage qu'il me manquait, fier qu'il suive sa propre voie et ses idéaux, et qu'il ne reste pas dans l'ombre de ma couardise, dans l'ombre du pleutre que j'avais été. Je lui donnai mon bâton, mes chapelets, ainsi que ma bénédiction. Les larmes aux yeux, il partit alors, portant fièrement chacun de ses masques, la détermination d'un guerrier dans son regard si profond. Il partit rejoindre la révolution.
----------------------------------------------Cela faisait un an maintenant. Je revins à moi quand Zetsu eut terminé de me raconter ses aventures. Je n'en avais pas échappé un seul bout, non. C'était juste que penser était ma seule activité depuis toute cette année passée, alors je pouvais aisément me perdre dans les miennes tout en écoutant les siennes.
"Hé bien, mon garçon ! De beaux contes que voilà ! Tu t'en tires avec aisance on dirait !
-Sensei, de quelle agence parlez-vous ?
-Non, aisance. Ce n'était pas un zozotement.
-Ah d'accord."
Il me faisait toujours rire ce garçon.
Nous bûmes notre dernier verre de thé, et il se leva. Je l'imitai, avec beaucoup plus de mal. Nous nous fixâmes droit dans les yeux pendant un petit temps. Nous savions qu'il était temps de se dire adieu.
"Mon garçon, ça m'a fait plaisir que tu sois venu me voir.
-Le plaisir est mien également, Sensei."
Je le pris alors dans mes bras. Le vieillard nain que j'étais avait désormais la tête contre le torse de son fils. Il s'agenouilla alors, et me serra fort contre lui. Je pus sentir son cœur battre fortement. Je pus entendre ses pleurs qu'il essayait de cacher. Nous savions tous les deux que j'avais déjà vécu bien longtemps, et que la prochaine fois qu'il passerait ici, cette maison sera vide.
"Tu as fait de moi le plus heureux des hommes, Zetsu. Tu as donné un sens à ma vie. Tu es l'accomplissement pour lequel j'ai prié maintes et maintes fois. Merci. Et prend soin de toi."
Il m'enlaça une dernière fois, et mes larmes coulèrent quand j'entendis ses paroles.
"Merci. Merci pour tout... papa."
>> Test RP
"Dorenji..."
...
"Hey, Dorenji..."
... Hmnh ?
"Oh, le con, il dort encore."
A ces paroles, j'ouvris les yeux. Je vis une grosse veine rouge à deux doigts d'exploser juste devant moi. Et accessoirement, le visage balafré qui allait avec. Je me redressai. D'ailleurs, je me rendis compte que j'étais assis, et pas confortablement. L'homme devant moi, je le connaissais. Un révolutionnaire, comme moi. Bergson, qu'il s'appelait, il me semble. Un homme très musclé, avec une barbe conséquente, une balafre le long du visage, et une veine qui menaçait d'exploser sur son front. Dieu qu'il semblait être en colère.
"Bordel ! Mais comment-tu peux arriver encore à dormir dans une situation pareille, Dorenji ?!"
Il s'exclama en se relevant, et en se tournant alternativement vers chacun des quatre murs de la pièce. Il n'était pas bien. Remarque, moi non plus. Et depuis quelques temps déjà.
Je me levai alors du vieux pilier romain et délabré sur lequel j'étais assis. Et je décidai de faire un état des lieux, comme à chaque fois que je sortais de ma narcolepsie. Je contemplai la "situation pareille" dans laquelle je ne devrais soit disant pas dormir. Sauf que ce que t'avais pas compris Bergson, c'est que j'avais pas vraiment choisi de dormir.
Mes souvenirs se mêlaient à ce que je voyais, et je me rappelais de la situation. Une des premières missions que la révolution nous avait donné à nous, jeunes recrues, et qui avait dérapé en queue-de-poisson. J'espérais juste que ça allait pas être la mienne. On avait été obligé de se forcer un passage vers un abri miteux et vétuste, en haut d'une colline. Avec la Marine à nos trousses. On se débrouillait, tout de même. Mais entre les attaques des soldats bleus et nos réserves qui s'épuisaient, ce n'était pas le cas de notre mental. Ouais. Ça faisait plus d'une semaine qu'on était bloqué ici.
Coincés, avec des patrouilles qui n'attendaient que nous à chaque sortie du bâtiment. Coincé entre ces quatre vieux murs, tapissés de poussière et sentant le mort. On était cinq, dans cet abri poussiéreux. Y avait Bergson, Hawkins, Fletcher, Norman et moi. Le seul homme-poisson de la troupe. Et vu l'état de nos esprits troublés, ça allait bientôt être pour ma pomme.
"'Tain !! J'en ai ma claque !"
Et Bergson de s'énerver et de taper contre un mur. Encore. Mais bon, j'étais heureux qu'il nous confondait pas encore avec les murs. Même si ça allait pas tarder. Je voyais Hawkins en face, assis, lui aussi sur une colonne, silencieux. Un gars bien, ce Hawkins. Il savait garder son calme. Plus loin, Norman, dans un coin, qui se rongeait les ongles furieusement. Roulé en boule, alors qu'il y avait même pas assez de lui pour en faire un entier déjà, tellement il était maigre. Et allongé sur le sol, contre un mur, la tête dans les mains, c'était Fletcher. Lui, il nous voyait déjà tous morts. Et moi, j'étais là, debout, à les observer, derrière mon masque de Tengu. Je ne me cachais pas, ils savaient que j'étais un homme-poisson. Mais si jamais quelqu'un passait à la casserole, j'avais pas envie que ma tête soit la première chose qu'ils remarquent.
Et dire que c'était la première fois qu'on se voyait.
"Ta gueule, Bergson ! De toute manière, on est foutus."
Fletcher râlait. Encore. Il énervait tout le monde, plus que Bergson lui-même. D'ailleurs, en parlant de lui, il commençait à vraiment péter les plombs.
"C'est toi qui nous a vendu, hein, Fletcher ?! Avoue, c'est toi !
-Oh, calmos Bergson. T'utilises de la salive pour rien."
Hawkins répondait à la veine rouge qui menaçait de sauter sur le premier qui faisait quelque chose. Moi, je me rasseyais. Calme, impassible, préparé, Hawkins était vraiment le plus agréable des quatre. Il semblait s'agir d'un militaire : le crâne rasé, une musculature développée, des habits verts, et des nerfs d'acier. Il se contentait de charger et de décharger son pistolet six coups, depuis quelques heures. Ça devait l'aider à tenir. Bergson, quant à lui, ne pouvait plus faire taire sa veine frontale. Comme chacun de nous, il pensait que si cette mission avait échoué, c'était à cause d'une taupe. Sauf que lui, il ne tenait plus en place.
"J't'ai pas causé, Hawkins !
-Moi, je sais... Moi, je sais qui nous a vendu..."
Cette petite voix, toute fuyante, tremblante, se faisait entendre et résonnait désormais dans chacun des coins de la pièce. Tout le monde se tut pour l'écouter. Et à l'exemple de sa voix, Norman tremblait aussi. De froid, de peur, l'importance de la cause était moindre, au fond. Mais ce qui avait de l'importance, c'est son index tout maigre qui vint se caler dans ma direction.
"C'est lui, là..."
Moi, j'avais pas de nom aux yeux de Norman. D'ailleurs, je me demandais, comme chacun d'entre nous, si on avait de l'importance aux yeux des autres. Mais cette question passait toujours en seconde position, derrière : "Est-ce qu'on va s'en sortir ?"
Suite à l'accusation du gringalet qui convulsait, seul dans son habit noir et caché de ses cheveux longs, je me contentai de l'observer, un moment, puis de tourner ma tête en direction du sol, et de la secouer. Mais Fletcher n'aimait pas ce geste. Ou ne m'aimait pas moi, au choix. Dans tous les cas, il se sentit obliger d'ajouter quelque chose.
"C'est vrai que tu causes pas depuis tout à l'heure, Dorenji. Je trouves ça suspect, pas vous les gars ?"
Pas un seul ne répondit. Mais pas moyen de savoir si ils étaient de mon côté ou de celui des désespérés de service. Ils réfléchissaient, simplement. Le négativiste continua :
"Tu m'inspires pas du tout confiance, Dorenji...
-Alors ne me fais pas confiance dans ce cas. Si je vous avais vendu, j'aurais au moins fait en sorte de m'en sortir."
Mon regard de Tengu se posa sur lui alors que ces mots tombèrent de mes lèvres trop sèches. Toute ma philosophie voulait que je ne les juge pas, à aucun moment. J'attribuais ça à leur fatigue, et à nos états desséchés après des jours sans provisions dignes de ce nom. Mais n'empêche qu'à ce moment, ils voulaient ma peau. Ils cherchaient juste une excuse.
Même Bergson était silencieux maintenant. La pression montait, alors que moi et Fletcher ne nous lâchions pas du regard.
"Ptet que t'en as pas eu l'occasion."
Je démentis son accusation, encore une fois. Mais Fletcher et sa barbe mal rasée ne lâchaient pas prise. J'étais innocent, je le savais. Et je n'allais pas m'abaisser à l'accuser en retour. Ça allait sûrement me coûter la vie. Mais alors que sa voix acide et tranchante tentait de m'agresser, il fallait au moins que je réponde.
"Quelle importance maintenant, de toute façon ? Nous sommes dans la même galère."
Et Fletcher de relever la tête, et de me dévisager. Avec son regard narquois, à la limite du sadisme. Je voyais presque un petit sourire sur le coin de ses lèvres.
"L'importance ? C'est que personne ici n'aime les traîtres. Par contre, tout le monde adore le poisson frit."
Et merde.
Je me relevai et reculais doucement. Fletcher aussi était debout maintenant, accompagné de Norman. Et ils avançaient vers moi. Je serrais mon bâton dans ma main droite. Dur de dire qui devaient être considérés comme ennemis : la Marine dehors, ou mes confrères qui voulaient me cuisiner ? Bergson, lui, n'avait pas décroché un mot depuis que Fletcher me faisait des menaces. Et il n'agissait pas non plus. Ce n'était pas comme si j'espérais de l'aide. Moi, tout ce que je voulais, c'était de la paix. Et s'il fallait donner des coups pour l'avoir...
"Woh, on se calme."
Un cliquetis se fit entendre, et Hawkins se leva. Il attendit quelques secondes, et interrogea le seul n'ayant pas donné son avis sur les sushis à venir.
"Bergson, qu'est-ce que t'en penses toi ?"
Le balafré réfléchit un instant face au militaire, et puis ne répondit pas. Il se contenta de reculer d'un pas. Hawkins s'approcha alors et pointa son arme dans ma direction.
"Moi, je pense qu'il y a bel et bien une taupe ici, et qu'elle va claquer."
Je vis son doigt sur la gâchette, qui se pressait petit à petit. Si je réagissais pas, j'allais crever. Dommage, j'aimais bien Hawkins. Mon bras se serrait sur le bâton, quand je remarquai soudain le regard du militaire. Et j'avais une impression bizarre. Je ne le connaissais pas du tout. Il avait une arme sur moi. Mais l'espace d'un instant, je décidai de lui faire confiance.
En une fraction de seconde, mon bâton s'abattit sur Fletcher, qui fut projeté au loin. Un coup de feu suivit, alors qu'Hawkins tirait sur le crâne de Norman. Le maigrichon tomba comme une masse, inerte, alors que Bergson s'exclamait.
"Mais qu'est-ce que vous foutez les gars ?!"
Hawkins, un sourire malin aux lèvres, s'approcha de sa victime et examina ses mains. Il en sortit un petit DenDenMushi bleu, minuscule. Il le montra à Bergson, et l'écrasa du pied. Il avait dit qu'il y avait une taupe. Il n'avait jamais précisé qui c'était. C'était un pari plutôt risqué, mais on avait tous besoin de savoir qui était le traître. Le balafré hocha la tête. Moi, soulagé, je m'approchai doucement de ma cible personnelle, qui avait le nez en sang. Je le pris par le col et je le tins bien contre le mur.
"Révise ton jugement, mécréant. Si tu arrives à te faire embobiner par l'ennemi juste parce que ton allié est différent de toi, alors tu n'as rien à faire dans la révolution."
Je le lâchai, et nous nous regardâmes tous les trois, avec Bergson et Hawkins. Nous savions ce qu'il avait dû être fait, et ce qui allait se passer. Le militaire rechargea son pistolet. Le balafré prit son fusil. Et le poisson mit son masque de Oni. Et d'un pas décidé, nous allions enfoncer la porte. Nous n'avions plus de taupes maintenant. Plus de poltrons. Nous étions simplement les guerriers que nous étions censés être. Nous ne doutions plus. Nous n'avions plus peur. Nous allions nous battre, et nous frayer un chemin à travers cet enfer. Et peu nous importait si l'on allait tomber au combat. Peu nous importait si les balles allaient avoir raison de nous, qui ne sommes que de la chair à canon. Parce que si cette chute advenait, alors nous sourirons. Parce que nous allions nous battre pour ce en quoi l'on croyait, la raison pour laquelle nous avions rejoint la révolution.
Hasta siempre la libertad.
Informations IRL
Voir présentation d'Axel "Chainsaw" Giriko.
Oui, je connais la maison, et c'est même pour ça que je vous épargne le fait de me dire re-coucou, bandes de workaholics. Donc... En attente de Test RP ! (Bah oui, je suis comme ça moi).
Voir présentation d'Axel "Chainsaw" Giriko.
Oui, je connais la maison, et c'est même pour ça que je vous épargne le fait de me dire re-coucou, bandes de workaholics. Donc... En attente de Test RP ! (Bah oui, je suis comme ça moi).
Dernière édition par Zetsu Dorenji le Mar 24 Juin 2014 - 1:12, édité 3 fois