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Caprices du désert

Des perles de sueur qui viennent m'orner mes mirettes sèches. Mes palmes serrant, essorant fort mon minable T-shirt, dégoulinant d'ce fluide odorant qui arrose ce sable brûlant, qui boit ma moiteur comme s'il crevait lui-même de soif. En tailleur, torse nu, grimaçant et pestant au sommet d'une dune, rien d'autre que moi qui défie l'soleil de finir son oeuvre. J'suis pas encore sec ! J'suis pas encore sec ! J'suis toujours pas un alevin rachitique et implorant la clémence des nuages ! J'prie pas la pluie ! J'suis pas vaincu, et j'ai toujours de la ressource ! Ta friture de poiscaille est loin d'être à point !

Hihihi.

Un rictus s'est dessiné sur ma trogne et un ricanement nerveux l'a coloré. Mon statut m'fait bien rigoler, ouais. J'suis en permission, personne viendra me tirer d'ici. J'crache souvent sur mes camarades larbins d'la mouette, et c'est quand j'aurais l'plus besoin d'eux qu'je me rends compte qu'ils auraient aucun compte à m'rendre. J'ai été imprudent, j'peux en vouloir qu'à moi-même. J'ai voulu faire le mariole et ait tenté d'me forger un petit trip initiatique à travers un paysage plat et paisible, mais au final... Toutes les dunes se ressemblent. Chaque grain de sable est le frère de tous les autres. Alors à force de m'enfoncer dans la gorge sèche du désert, il a fini par m'avaler. Y a bien quelques mirages qu'ont tenté d'me redonner espoir, mais j'suis pas dupe. Dans le désert, les apparences sont trompeuses. C'aurait été bien d'me lancer à l'aventure en gardant ça en tête...

Les souvenirs joyeux qu'j'me suis payé à Hinu Town y a quelques années s'laissent écraser par mes migraines et mes coups de soleil. J'maudis ma propension à tout gâcher. J'maudis ces rares excès d'confiance qui entraînent ma raison à m'laisser croire l'incroyable. Ça remonte à quelques jours, c'est flou. Le soleil me grillait p'tete déjà les neurones. L'a p'tete suffit de deux-trois faux-contacts dans ma cervelle disjonctée, et clac ! V'là la brillante idée de déambuler dans l'désert sans guide et sans jugeote, équipé d'ma bite et d'ma gourde. Même pas un couteau. Mes crocs feraient l'affaire, j'suppose. Mais la nature n'a pas peur des morsures.

Poiscaille poisseux dont la peau s'assèche, égaré dans des contrées arides, protégé par un mignon couvre-chef enveloppant sa grosse tignasse recyclée en une éponge dégoulinante, crinière éclatante d'un fabuleux noir de nuit constellé d'étoiles ! J'préfère voir mes poils suants ainsi, de façon un peu imagée, plutôt qu'comme... bah, comme de simples poils suants et puants, comme une espèce de grosse fontaine velue.
Trois jours de vie au rythme du désert, et sa mélodie des souffles chauds qui me charme et me nargue, et cet orchestre de vilaines bêtes qui s'faufilent sous mes sapes, et cette chanson redondante des heures, le jour cuisant dansant avec la nuit glaciale.

Merde. J'ai l'esprit qui s'évapore en un nuage de poésie miteuse. J'perds la boule, la peur m'craquelle les tripes. Mais j'arrive pas à m'effrayer. J'suis trop plat pour ça. J'fais visiter la gourde à ma langue, pour tenter d'y attraper les dernières gouttes. Non, rien. Rien. Une heure que j'ai plus d'eau. Ça signe mon arrêt de mort. Moi, j'pensais que ça serait la vie et ses horribles surprises qui m'buterait à petit feu. En fait, non. Ça sera juste un désert. C'est naze. Finir comme ça. Une carcasse cramée au soleil sans panache, l'histoire d'un abruti lancé dans une aventure qui l'a trahi. S'est pris pour un espèce de requin des sables mais n'va rien devenir d'autre qu'une pitance de vautour. L'sort de tant d'autres importuns avant lui, de tant d'autres profanateurs du sanctuaire du soleil qui... Non ! J'veux pas finir comme ça, non non non.

Me relève brutalement, mon fringue sous l'bras. M'frotte les mirettes, peste contre ce sale sable qui s'colle à mon cuir crasseux et m'infecte d'un fumet d'fennec. Et moi qui m'étais fais un brin d'toilette avant de partir en balade... Chassez le naturel, il revient au galop. Que faire, alors ? Pour le moment, m'chercher un exutoire. Routine, ça, les situations pas reluisantes, et j'ai besoin d'pester quand ça m'arrive. J'suis le hochet du destin : il me secoue, me mord, me bave dessus, mais j'suis désormais bien habitué à m'sortir de ses tours malicieux. Allez, courage ! Reprends espoir ! Une fois qu'j'aurai châtié un responsable, j'me sentirai plus apte à tracer.

Alors, j'fusille des yeux la grosse boule de feu moqueuse là-haut, je m'arme d'ma langue qui tire des jurons aiguisés. Je lui hurle :

J'suis toujours pas dingue, salaud d'Soleil ! A force de tracer tout droit, j'tomberai bien sur quelque chose ! Et quand ta catin d'Lune viendra m'geler les miches, j'serai la face retournée dans un oasis, à boire, à boire comme jamais, à m'gonfler de flotte comme un gros poisson globe. La Lune en reviendra pas. Et alors, ma gueule pointera d'la surface, et lui crachera un mollard visqueux à la face, par delà les étoiles ! YAHAHAHAH-

J'ferme ma grande gueule, car un son parasite m'pique mes esgourdes. Ça ressemble à des pas froissant le sable. Des pas de gens. Des gens, encore vivants, comme moi. C'est pas possible. J'serais plus seul ? Du haut d'mon sommet, j'mire les alentours. J'débusque d'étranges silhouettes fallacieuses au loin. Foutus espoirs ! Foutus mirages ! J'gigote des bras, et m'fous copieusement des tronches de ces ombres.

EEEEEH OOOOOH !! HAHA !

Comme la réalité m'humilie, faut bien que j'canalise ma rancune sur quelque chose... Navré, les hallucinations, z'êtes chouettes. Mais j'ai besoin d'vider ma hargne, là...
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J'avançais encore et encore dans ce maudit désert à la recherche d'une plante qui ça se trouve n'existait même pas. L'Hydnora Africana, on l'appelait... Pour faire simple, il s'agissait d'une plante carnivore vivant dans le désert dont la particularité était que l'on ne voyait que le haut de la plante; le reste étant indiscernable.

Tout avait commencé au quartier de la révolution. Cela faisait maintenant quelques semaines que j'étais là et je n'avais pas encore eu l'occasion d'observer la flore locale. Je partais du principe qu'il n'y avait rien dans le désert, cependant Shiro me parla d'une rumeur locale comme quoi une plante pouvait manger les humains. J'avais du mal à y croire, mais mon instinct de scientifique me poussait tout de même à aller voir si celle-ci existait vraiment ou s'il s'agissait d'une simple légende. J'interrogeais donc les habitants pour en savoir davantage, mais la plupart ignorait tout de la flore locale. Que des ignorants... C'était pour ce genre de personnes que je voulais écrire mon atlas. Pour des personnes qui ne s'intéressaient pas à la science. Je voulais un monde accessible pour un grand nombre de personnes, pas forcement physiquement, mais mentalement. Bref, je me dirigeais donc vers le désert avec ma tenue de Berbère afin de satisfaire ma soif de connaissances.

Spoiler:

Les heures passaient et se ressemblaient, le soleil était à son zénith et je commençais à en avoir marre, pas physiquement, mais surtout mentalement. Fichtre pourquoi il y avait si peu d'oasis dans ce coin perdu. Le soleil me tapait dessus, le vent me mettait des gifles, le sable abîmait mes lunettes, soit j'en avais marre si bien que je disais

Diantre, mais il n'y a pas un foutu point d'eau dans le coin ?

J'avais bien une gourde, mais je la gardais pour un cas d'extrême survie. Ici, il s'agissait de survie toute simple. Je marchais donc dans ce calvaire à la recherche de mon précieux. Je n'en pouvais plus, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'écrire dans mon calepin la chose suivante

« Le désert... Voilà un lieu bien hostile. Le sable me faisait penser jusqu'ici à la plage, mais maintenant, je ne le verrai plus de la même façon. À partir de ce jour, je prendrais mes vacances à la montagne. Au moins, l'air y est frais là-bas. Les conditions climatiques sont tellement mauvaises que je n'ai pas encore croiser de fleurs, ce que je peux comprendre. Il y a bien ses buissons qui clairsemaient de temps à autre mon chemin, mais il s'agissait d'une flore présente dans tous les milieux pauvres en flores et faunes. En parlant de cette dernière, elle se résume pour le moment à des vautours et à des scorpions, éventuellement des cadavres, mais que je n'ai pas pu identifier. Quoi qu'il en soit plus j'avance et moins je crois en la présence d'une plante carnivore dans ce milieu aride... »

Alors que je continuais mes écrits, je fus interrompu par un cri, plutôt une voix à vrai dire. Je regardais autour de moi et je ne voyais personne si ce n'était une ombre sur le sommet d'une dune. Je m'arrêtais quelques secondes afin de réfléchir à la possibilité que ce soit un autre dans mon cas, mais je m'y résignais bien rapidement. Cependant, ma curiosité me forçait à aller voir tout de même. Je montais donc la butte quand je vis un homme face à moi qui semblait, en bien mauvais état. Homme... Poisson... Créature... Je ne savais pas trop comment désigner la personne en face de moi. Enfin quoi qu'il en soit je profitais de ce moment pour m'asseoir à côté de notre mystérieux individu, je buvais quelques gorgées dans ma gourde avant de lui dire

Vous en voulez ?

Je lui tendais la gourde qu'il avait prise plutôt rapidement. Je regardais autour de moi, puis le regardais de nouveau avant de lui dire

Mon nom est Richard et vous ? Vous êtes aussi là pour des recherches, car je cherche une plante, mais impossible de mettre la main dessus.

Lui avais-je dis tout simplement. Je le fixais du regard et il me fascinait. Je n'avais jamais encore vu de personne comme lui. J'étais surpris, pas dans le mauvais sens du terme bien au contraire. J'hésitais à lui poser la question, mais ma langue avait fini par fourcher

Quelque chose m'intrigue mon cher surtout ne le prenez pas mal... Vous appartenez à quelle ethnie, car visiblement vous, n'êtes pas un simple humain ?



Dernière édition par Richard Bradstone le Ven 25 Juil 2014 - 17:49, édité 2 fois
    Le vieux Jeremy Philoctet Lloyd aimait beaucoup la compagnie de la princesse Sania. Elle n’était pas de tout repos, certes, mais toujours enrichissante. Aussi, quand il sut qu’elle organisait une nouvelle fois une traversée du désert, il s’empressa d’enfiler une chemise verte à fleurs roses et un bermuda d’un goût tout à fait semblable, posa sur son nez une paire de lunettes on ne peut plus kitch et un chapeau de paille rapiécé sur le haut de son crâne. Il sa gratta sa barbe coupée court, attrapa ses sandales, et une fois qu’il fut totalement satisfait de sa tenue, prit une grande respiration et s’en fut demander à la princesse l’autorisation de faire partie de la caravane qui s’apprêtait à partir. Bien entendu, elle dirait oui, elle-même adorait le vieux timbré qu’il était et le prenait pour compagnon de route à chacun de ses voyages. Et elle voyageait plutôt souvent pour une princesse, elle ne supportait pas de rester trop longtemps au même endroit sans rien faire.

    La traversée avait pour but de faire transiter un tas de monde entre la capitale et les villages du littoral, mais surtout de réapprovisionner la ville en vivres, eau et tout ce qu’on ne pouvait y trouver faute de terrains cultivables, de textile, de matières premières en général. Car si le désert regorgeait de trésors, encore fallait-il pouvoir les exploiter…

    Ainsi, après que la princesse Sania ait accepté sa requête avec un grand et large sourire, Jeremy s’empressa d’aller chercher Klébert, son chameau domestique de course, lui accrocha un tonneau de bière sur sa seconde bosse, et une fois qu’il fut bien sanglé de partout, comme il fallait, l’enfourcha, emportant tout de même une petite gourde d’eau au passage et alla faire le pied de grue pendant trois bonnes heures devant les portes de la ville avant de se rendre compte que la caravane ne partait que le lendemain matin. Sitôt qu’il l’eut compris, il descendit du dos de l’animal, le tira jusqu’à sa maison, l’attacha à un poteau, se prépara à manger et mastiqua son repas pour passer le temps. La vie de cet homme était follement trépidante voyez-vous. Lorsqu’il eut fini d’avaler le contenu de son assiette, il se brossa les dents, se jeta sur son lit et s’assoupit aussi sec.

    ***

    « Noooooooooooooooooooonnnnn !!! »

    Bien entendu, comme dans toute bonne trame scénaristique, la caravane était partie sans lui, envolée. Et il avait deux bonnes heures de retard, jamais il ne pourrait les rattraper tout seul, même en sachant qu’il possédait le chameau le plus rapide de la ville. Surtout qu’il était fortement déconseillé de partir seul. Plus que déconseillé, c’était une grosse connerie. Il était par conséquent extrêmement malheureux, dans un lamentable état de déprime et il parcourait la ville à la recherche d’une chose intéressante à faire. Il était bien tenté de refaire son lacet, mais il fallait attendre que celui-ci se défasse, en attendant, il s’ennuyait.

    Il s’ennuyait.

    Il voulait tant traverser le désert.

    Il n’avait plus qu’à faire le tour de la ville jusqu’à percuter quelqu’un. En ne regardant que ses pieds pour être bien certain que ses lacets étaient attachés, il marcha, marcha, marcha et encore et toujours jusqu’à effectivement rentrer dans une jeune femme, la vingtaine, plutôt jolie qui, il ne le sut que plus tard cherchait à obtenir une place dans la troupe spéciale du royaume. Et il commença à la suivre en lui racontant ses malheurs les uns après les autres. Elle n’écoutait que d’une oreille et encore, pas très attentive. Ce n’est que lorsqu’il mentionna son amitié avec la princesse Sania qu’elle lui porta un véritable intérêt. Plus que ça, elle commença à discuter avec lui. Elle lui demanda mille et une précisions sur les habitudes de Sania, ses goûts, comment entrer en contact avec elle et tout ce qui va avec.

    « Boah, fit-il d’un ton amorphe et toujours aussi déprimé. Le plus simple, pour discuter avec elle, c’est pendant ses sorties, mais vous venez de manquer le départ de ce trimestre-ci, moi aussi d’ailleurs, je suis vraiment maudit ! Ne me restera plus qu’à patienter jusqu’au prochain départ, dans trois mois… Je pense que je vais en profiter pour rendre encore plus rapide mon chameau de course, et essayer de faire rattraper à son cousin dromadaire l’écart de niveau. Parce que j’ai un chameau qui s’appelle Klébert et bien figurez-vous que c’est le chameau le plus rapide de tout Hinu Town, mais j’ai aussi un dromadaire nommé Juleau, qui est très rapide aussi, mais qui n’atteint pas la vitesse de pointe de Klébert.
    -Bon, et vous connaissez l’itinéraire de cette traversée ?
    -Oui, c’est tout le temps la même chose, de toutes façons, c’est très beau, les dunes, on les redécouvre à chaque fois.
    -Et si je vous disais que je suis prête à vous accompagner pour rattraper le peloton de tête si vous me présentez à la princesse Sania, vous seriez partant ? Nous couperons un peu selon vos indications pour rattraper le temps perdu, et à l’aide de vos deux formidables coursiers, nous réussirons quand même à les atteindre rapidement.
    -Houlà, c’est dangereux le désert, tout seul.
    -Vous ne serez pas tout seul, je vous accompagne ! »

    L’envie était trop grande pour que la conscience du bonhomme, déjà pas bien grosse, prenne le dessus. Son visage s’éclaira de nouveau, son corps se souleva, plein d’une toute nouvelle énergie, et il fila chez lui tirant à travers toute la ville la jeune fille qui avait un peu de mal à suivre. Klébert était toujours attaché devant chez lui, le tonneau de bière reposant sur la bosse. Il harnacha rapidement Juleau, fit monter la demoiselle sur son dos, enfourcha lui-même le chameau, et ils partirent d’une allure plutôt rapide vers les portes de la ville.

    « Moi c’est Jeremy Philoctet Lloyd, pour vous servir, se complut le vieux à dire à sa compagne une fois qu’ils eurent bien avancé.
    -Moi c’est Elie, je suis comédienne.
    -Enchanté, ravi de pouvoir faire la route avec vous ? Vous n’êtes pas malade à dos d’animal ?
    -Euh, je n’en sais rien, c’est la première fois que je monte sur un bestiau. Pourquoi ?
    -Parce que le dromadaire, ça secoue. »

    Et Elie se demanda si c’était vraiment une bonne idée qu’elle avait eue. Surtout qu’effectivement, son estomac commençait à lui jouer des tours. Mais bon, un peu de persévérance, elle n’arriverait à rien si elle se limitait à de tels détails.
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    C'est bien c'que j'pensais. La meilleure des choses à faire quand on manque de quelque chose, c'est d'surtout pas prier le ciel. D'se contenter de faire son p'tit bonhomme de chemin, sans jamais titiller le destin, d'pas le tenter de remuer son couteau vicieux dans les plaies béantes qu'sont ces drames que j'affronte avec hargne mais sans courage. Un miracle, ça s'invoque pas, ça s'mérite. Mon calvaire s'achève ici.

    Tomber sur un chercheur en bio dans un lieu aussi mort, c'est putain d'inespéré. J'pose mes fesses sur le sable brûlant, assis à ses côtés, et j'laisse un sourire franc m'éclater sur la face lorsqu'il m'tend sa gourde. Je l'assomme de remerciements discrets comme un damné cuisant en enfer à qui on proposerait une seconde chance. J'porte cette bouteille à ma gueule et laisse des torrents m'dégouliner dans l'oesophage. Emportant dans ces flots mon angoisse et éteignant ma colère.

    Enchanté, Richard. Binoclard au collier d'barbe, la quarantaine. Fringué en ermite des sables, ça lui va pas très bien. J'me garde bien d'approfondir l'analyse, qui sort d'la boîte à pétri qui m'sert maintenant de crâne. Aveuglé, bridé, fatigué par c'foutu soleil qui m'tape sur le système. J'me laisse aller à la conversation sans réfléchir. Trois putains d'jours qu'j'étais emprisonné, seul, dans les méandres d'ma cervelle asséchée, bondée d'méditations glauques qui sentaient fort la putréfaction. C'est l'heure de réapprendre à causer !

    Hum... Je... M'appelle Craig. Enchanté. Je cherche rien, j'suis juste paumé.

    La façon dont il m'toise me dit rien qui vaille. J'connais c'regard. J'dois être son premier poiscaille monté sur échasses. La suite va pas s'faire attendre.

    Quelque chose m'intrigue mon cher surtout ne le prenez pas mal... Vous appartenez à quelle ethnie, car visiblement vous, n'êtes pas un simple humain ?

    Bingo. Il a la courtoisie de pas m'traiter comme un simple gibier semeur de haine et dresseur de peur, mais le message reste là. Eh, il m'vouvoie, carrément ! Alors qu'dans la marine, l'immense majorité d'mes boss voyait en moi du bétail sacrifiable. Juste un molosse auquel il faut apprendre à reconnaître son maître avant qu'il ne lui croque la mimine. Ou alors d'autres, aussi, qui m'prenaient en pitié et m'considéraient simplement comme un marginal sauvage immunisé au sens de la camaraderie et autant aimable et causant qu'une hache. L'un comme l'autre, c'est amer, ça m'enfonce, ça m'renferme.

    Quoiqu'il en soit, peu importe à quel point sa voix abondante de respect me change du venin verbal habituel, susciter la curiosité d'un savant errant, ça restera toujours très dégradant pour moi. J'peux pas réprimer ma grimace, qui s'échappe en laissant le malaise s'étaler sur ma face. J'élève ma voix cassée et crevarde :

    Beh, je suis un homme-requin. Les dents, l'aileron, les écailles, les nageoires...

    J'm'interromps pour déglutir et tousser du sable. Hurler à la mort face au vent était pas une idée géniale, tout à l'heure. Ma gorge est maintenant comme tapissée d'aiguilles qui forcent mes cordes vocales à jouer aux fakirs au moindre mot que j'crache.

    ... un homme-requin, quoi. Vous... Vous écrivez quoi, là ?

    Il m'jette un regard circonspect du coin d'l'oeil comme si j'venais d'lui profaner un rituel. Ses yeux croisent le fer avec mes deux mirettes de merlan frit, mais je faiblis et baisse vite le museau lorsque j'me souviens qu'ce barbu est ma seule chance d'pas terminer en collation d'charognard. Autant n'pas risquer de l'offusquer. Drôle de scientifique que les rasoirs d'un salaud d'prédateur marin n'semblent pas capables d'intimider.

    Non, rien. 'vous gênez pas...

    Le rev'là hypnotisé par son calepin. Toujours sa gourde entre mes pattes, j'en reprends une gorgée pendant qu'il scribouille. Chaque ruisseau d'eau bénite qui m'glisse sur la langue m'donne la sensation d'renaître une fois de plus et d'exorciser ma guigne. Parmi ces dunes d'or, la flotte est un putain d'platine. Après m'être rassasié, j'tâte et pince un coup ma peau sèche. J'fais la moue, frustré d'avoir du laisser le désert me prendre ma couche de crasse protectrice. Et mon imagination m'poignarde dans l'dos. Rêver d'un bain dans une mer turquoise, m'réhydratant le cuir et rejoignant mon élément, a pour seule conséquence d'me faire baver et dépenser encore plus d'eau.

    Hum. Alors mes yeux plongent dans l'fond d'la gourde de Richard pour en jauger la profondeur. Puis en décollent d'un seul bond, atterrissant directement sur l'barbu. J'lui ai laissé une bonne moitié. J'lui rends la gourde. Il va accepter d'me sortir d'ici, maintenant, au moins, hein ? Ma langue, froide, sèche et écailleuse tel un putain de serpent, siffle de façon hésitante.

    Dites... Vous m'aideriez à rejoindre la côte ?  

    Et de préférence, avant qu'la fournaise ne m'ait grillé à point ? J'coupe ce commentaire désagréable à la racine, j'lui déclare pas pour pas l'vexer. J'garde mon sourire jaune, aussi jaune que c'fichu soleil. Plante. Il cherche une plante. Dans le désert. Maintenant que j'y repense, ça m'paraît salement illuminée, comme but. Confier la suite à un total inconnu qui v'nait cueillir des fleurs dans l'désert, c'est une idée aussi fumeuse que le sera ma carcasse si j'me laisse crever ici. Pas l'choix, hein ?

    Et en échange, j'serais prêt à la chercher avec vous, votre plante !

    Ses yeux luisent et s'écarquillent, j'prends ça pour un oui.

    Mais la parlote tourne court lorsque du sommet d'notre dune, on aperçoit tous les deux d'autres branquignols squattant le désert. Avançant vers nous. Nous les avons vu, ils nous ont vu. Deux humains et deux dromadaires. Les deux dromadaires seuls nous auraient suffi désormais, j'pense, pour s'casser de cet enfer. Mais va falloir compter avec les deux autres intrus.

    Richard a déjà levé son cul, il part à la rencontre de la compagnie. Assommé par c'foutu projecteur incrusté dans la voûte céleste, confus et haletant, j'emboîte les pas du binoclard. En trois jours, j'ai croisé personne. Jusqu'à tomber sur cet espèce de carrefour des grands esprits paumés dans le néant. Une gamine, un vioque... les dromadaires. Sans l'vouloir, en croisant le regard d'ces chevaux cabossés, j'les fais hennir et mal réagir. Z'ont la trouille, ces crétins. J'vous en prie, ahuris, m'foutez pas la honte devant les nouveaux acteurs d'cette étrange sauterie du désert...
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    J'écoutais cet inconnu me parler. Ce Craig semblait perdu dans cet immense désert, ce que je comprenais dans la mesure où il n'existe aucun point de repère en ces lieux mis à part le soleil. L'étrange individu avait ensuite répondu à ma question en me précisant qu'il était un homme poisson et plus précisément de la race des requins. J'en profitais donc pour sortir mon calepin tout en lui disant

    Ce n'est pas tellement votre élément le désert, pourquoi êtes-vous ici ?

    Lui demandais-je, tout en sortant un stylo de ma poche. J'écrivais donc mes impressions sur cette rencontre et visiblement, cela n'avait pas l'air de plaire à mon compagnon de fortune. Je le comprenais dans la mesure où il devait se dire qu'il était sujet d'expérience, etc. Pour le rassurer, je lui dis

    J'écris des choses concernant mes découvertes, j'ai pour but de créer un Atlas regroupant les différents savoirs du monde... Si dans un premier temps, il concernerait la faune et la flore, je voudrais aussi en créer un autre parlant des us et coutumes ainsi que de la société dans laquelle on vit. (je prenais ma respiration avant d'ajouter) Et en vous voyant, je me dis que les hommes poissons pourraient être un excellent chapitre de mon ouvrage si bien sûr, cela ne vous gêne pas.

    Il devait se méfier de mes écrits et je trouvais ça normal. En effet qui n'a pas peur que l'on complote dans son dos. Pour faire gage de ma bonne foi, je le regardais tout en lui disant

    Si vous le souhaitez, je peux vous laisser lire mon calepin afin de vous prouver que je suis une personne de tout à fait honorable.

    S'il y a bien une chose que je respectais et que je respecte encore aujourd'hui, c'est l'éthique. En effet, je partais du principe que je pouvais agir comme bon me semble tant que cela ne se répercutait pas sur autrui. De ce fait, j'allais lui montrer mes notes si l'envie lui en prenait. Enfin soit il me demandait ensuite si j'allais l'aider à rejoindre la côte, je répondis par l'affirmatif. J'étais tellement heureux qu'il m'aide dans ce trou perdu que cela pouvait ce lire sur mon visage de beau gosse de quarante ans. Je n'allais pas l'envoyer paître sachant que le jeune homme poisson allait m'aider à rechercher ma plante. La côte, ça tombe bien, c'était le chemin par lequel Craig se dirigeait. Bref, on discutait tranquillement lorsque je vis au loin deux silhouettes. Je me levais instantanément en courant vers leur direction. Une fois à destination, je voyais un homme sur un chameau et une jolie demoiselle sur un dromadaire. C'était en quelque sorte le messie. Quoi qu'il en soit je me posais devant eux en leur disant

    Bonjour à vous nobles voyageurs, je suis Richard et mon compagnon se prénomme Craig. Nous sommes perdus et nous aimerions bien rejoindre votre compagnie afin de nous diriger vers la côte ou la ville la plus proche.

    << Bonjour moi, c'est Elie et lui, c'est Jeremy.

    Ajouta-t-elle. L'homme semblait du coin et devait être celui avec qui je devais discuter, quant à la demoiselle, je me demandais bien ce qu'elle pouvait faire ici. Elle était jolie, mais ne semblait vraiment pas du coin. Bref, je m'en fichais, car je pouvais enfin me reposer et rechercher cette plante avec Craig et mes deux nouveaux compagnons.


    Dernière édition par Richard Bradstone le Ven 25 Juil 2014 - 17:50, édité 2 fois

      En voyant arriver le barbu à leur rencontre, Elie pria pour qu’il ne demande rien, mais alors rien du tout. Il ne fallait pas qu’il fut perdu, pas qu’il demande de l’aide, pas qu’il veuille une place à dos de dromadaire, pas qu’il ait la moindre envie impliquant l’arrêt prolongé de la comédienne et du vieux timbré. Ils avaient une princesse à retrouver que diable ! Elle fit un grand sourire à Richard et dès que les présentations furent faites, jeta un coup d’œil à la carcasse dudit Craig, puis cessa totalement d’espérer.

      « Voyez-vous mes chers amis, se lança le barbu binoclard, le but de mon expédition dans ce désert aride, n’était pas tant de m’y perdre profondément, mais de trouver une certaine plante, qui complèterait mon atlas d’une si formidable façon. Serait-il envisageable, qu’en plus de nous aider à rejoindre la côte, j’ose vous demander de m’aider dans mes recherches ? Il s’agirait surtout d’un ratissage du désert, et notre nombre actuel de quatre, plus deux chameaux, nous permettrait d’être plus efficaces…
      -Juleau est un dromadaire… Il n’a qu’une bosse, c’est comme ça qu’on les reconnait. Les chameaux y’zont deux bosses, ça fait une place pour porter la bière.
      -Alors, vous acceptez ? Ce serait vraiment très charitable à vous, je vous en serait ultimement reconnaissant, je…
      -Mais jamais vous vous taisez ? Le coupa Elie.
      -Pardon…
      -…
      -Alors ?
      -Ce n’est pas un manque de volonté, mentit la demoiselle, mais vous voyez, je ne sais même pas si on a un millième de chance de la trouver votre petite plante… Tomber dessus serait du pur hasard, et la chercher serait du suicide, nous n’avons pas les réserves d’eau nécessaires, et le désert est immense.
      -Mais…
      -Monsieur, intervint Jeremy, je suis dans l’excitation toute folle et généreusement enthousiaste de vous proposer mon aide, j’ai moi-même arpenté ce désert de nombreuses fois, sans jamais y chercher rien d’autre que le traverser, chercher une plante quasi introuvable dans un immensité sablonneuse, c’est presque aussi jouissif que de se curer les oreilles !
      -Euh, veuillez me pardonner l’utilisation d’une expression aussi vulgaire, mais, il se moque de moi non ?
      -Non, il est très sérieux je crois… Confia Elie au barbu. Oui, moi aussi j’ai eu du mal au début.
      -…
      -Donc, apparemment, monsieur Lloyd souhaiterait vous aider, reprit elle dépitée. J’imagine que je n’ai pas le choix, le chameau lui appartient…
      -Dromadaire.
      -Le chameau aussi que je sache ?
      -Quoi qu’il en soit, commençons à cherche, foi de Jeremy Philoctet Lloyd, nous allons trouver cette plante ! »

      Elie n’en pouvait plus de son compagnon de route. Il avait une perception totalement décalée du commun des mortels sur ce qu’il était intéressant de faire ou pas. Compter les poils de son chameau au lieu de discuter avec ses compagnons faisait partie de ce genre de comportements gênants qui le prenaient environ toutes les cinq minutes. Elle prit le parti de ne plus rien dire tant que ce ne serait pas nécessaire.

      Le compagnon de Richard attendait toujours un peu plus loin, il n’avait pas fait l’effort de marcher les quelques mètres qui le séparait du petit groupe, Elie décida de le rejoindre. Laisser le biologiste et le timbré discuter ensemble de la manière de procéder pour trouver l’introuvable était une bonne idée, une très bonne idée. En voyant Craig d’un peu plus près, elle s’aperçut qu’il n’était pas tout à fait normal, enfin… La comédienne avait déjà rencontré un ou deux hommes-poissons, mais c’était la première fois qu’elle s’apprêtait à discuter avec l’un d’entre eux. Elle se contenta de sourire franchement, et de se présenter. Craig fit de même, d’une voix assez peu assurée, un peu effacé et timide le bonhomme.

      « Et donc vous êtes…
      -Un homme-poisson ? Oui, c’est ça, coupa le requin d’une voix grisâtre, mettant ainsi un peu de couleur dans le dialogue…
      -Non, je pensais plutôt à perdu. C’est étrange comme façon de se présenter. Est-ce que je viens vous dire « bonjour, Elie, humaine ! » ? Non je ne crois pas. »

      Elle eut un petit rire en voyant le visage un brin gêné du poisson. Imperturbable la demoiselle, et ce n’était pas vraiment le cas de l’hybride, en même temps, la jeune femme était plutôt franche et directe, c’était…

      « Perturbant ?
      -Mmh ?
      -Je ne sais pas, vous ne dites plus un mot, j’imagine que ce que je vous ai dit vous a chamboulé. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous manger. Vous venez ? Les autres sont probablement en train de chercher une direction pour trouver la plante de votre ami.
      -Je ne le connais pas.
      -Enfin bon, quoi qu’il en soit, je trouve que c’est vraiment stupide de la part de Richard de chercher la plante sans aucun équipement. D’ailleurs, qu’est-ce que vous faites là ? C’est étrange quelqu’un tout seul au milieu du désert.
      -…
      -Alors ? »

      Craig n’eut pas le temps de répondre, Jeremy s’était joint à eux, lui avait sauté dessus, dit bonjour, et lui aurait même fait la bise si l’odeur de l’animal ne l’avait pas dissuadé de le faire. Richard arrivait, traînant les deux bestiaux à bosses, il gratifia Elie d’un franc sourire de remerciement, comme si c’était elle qui avait choisi de l’aider. Apparemment, les deux hommes étaient arrivés à un tel état d’excitation qu’ils s’étaient persuadés de pouvoir trouver la plante.

      « Jeremy a vraiment une façon de penser incroyable ! Bon, un peu étrange par moments, certes… Il vient de me proposer une solution tout à fait convenable pour trouver la plante sans trop de problèmes.
      -C’est-à-dire ? »

      Richard désigna successivement le chameau et la bière. Elie se demanda ce qu’ils pouvaient bien avoir inventé. Craig était perplexe. Jeremy était surexcité. Le biologiste demanda alors au vieux en chemise et bermudas à fleurs d’expliquer en quoi un tonneau de bière et un chameau de course pouvaient être une bonne solution pour trouver une plante dans un désert aussi grand et cette phrase sans virgules est beaucoup trop longue pour ne pas essouffler le lecteur donc la narration va la terminer immédiatement tout de suite dans l’espoir suprême qu’on y verra que du feu.

      « Klébert n’est pas un chameau ordinaire, commença le vieux Lloyd d’un ton tellement dramatique qu’on eut cru qu’il racontait une véritable légende. En plus d’être doté d’une célérité suprême, il est entraîné à repérer toute source de vie dans un certain rayon, c’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes tombés pile sur vous, Klébert vous avait senti et s’était naturellement dirigé à votre encontre, il est formidable, n’est-ce pas ?
      -Formidable ! Quel rapport avec la bière ? Et en quoi ça va nous aider à trouver la plante ?
      -J’y viens, ne soyez pas impatiente mademoiselle. La bière est une production maison, et c’est grâce à ses propriétés exceptionnelles que mon chameau repère les choses vivantes, et pour votre gouverne jeune fille, une plante est un être vivant, aucune raison que ça ne fonctionne pas !
      -Et si on en prend tous, on sera plus efficaces, non ? »
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      C'est un chameau alcoolique, hum. Ses yeux vitreux auraient pu m'laisser m'en douter. Mes mirettes à moi, elles trouvent bien peu d'cases sereines où s'planquer, au milieu d'cette troupe de joyeux délurés. Seule la donzelle indulgente adoucit les moeurs. Celles d'ma cervelle chauffée à blanc dont les pensées s'mélangent et commencent à former d'troublantes chimères. Hébété et béat, ces trois jours à médire en solo ont largement eu l'temps d'évaporer l'peu qu'j'avais d'sociabilité. Levant une sale vapeur qu'embrume ma raison. J'suis un baroudeur maladroit et poussiéreux. Pas pour ça qu'j'ai perdu mon instinct d'conservation. La tournure du binz m'paraît d'plus en plus louche. On emboîtera donc les pas d'la bête bossue bourrée, alors ? On lui confie nos vies, en gros ? Quand mon regard croise le sien, le dromadaire s'emballe, grinche et fait la moue. Et moi de même, pour le coup. Inquiet, l'vioque me dévisage un coup.

      Klébert ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Oooh ! C'est le requin qui te fait peur ?

      La grimace qui vient m'fracturer ma gueule d'ange n'arrange ni l'état d'ce pochtron d'chameau, ni celui du vioque, qui passe ses paluches dans le pelage de l'ensaboté tout en lui susurrant des mots doux. J'détourne le museau et laisse tomber mes mirettes sur mes pieds, faute d'avoir la force de les lever au ciel.

      Ça ne devait pas être qu'à cause de vos grandes dents ! Klébert est farouche, un adorable animal des villes. Il déteste l'eau, et votre apparen...
      Bon, vous lui faites boire ?
      Oui !

      Sa face s'éclaire et il s'empare de sa bière. J'recule d'un pas pour rassurer l'animal. La donzelle, aussi sceptique qu'moi, hausse les épaules en m'adressant un regard désolé. Désolé... Pas possible d'l'être autant qu'moi. J'percute le regard de Richard qui semble davantage en attente, toujours muni d'son calepin et du crayon, d'un phénomène extraordinaire, que réellement avec moi les pieds sur terre. Avec moi qui rougit d'mes deux grosses joues blanches. J'le trouve un brin gauche et charlot, le binoclard. Fasciné par ses observations, passionné et tolérant, c'déjà ça. J'risque de fausser ses estimations sur mon espèce, moi, l'erreur de statistiques. L'est pas tombé sur l'plus fier des poiscailles, pas tombé sur l'plus représentant des atroces activités qu'agitent les abysses. Qu'il colle une photo d'ma gueule dans un encart anecdotes croustillantes avec "intrus chez les intrus" comme légende, dans son encyclopédie des curios. Là, il retranscrira bien ma place sur la scène du monde.

      L'dromadaire a fini sa picole. On attend, tous, maintenant, mirant fixement l'animal, en attente que quelque chose d'formidable se produise. Que des ailes lui poussent au sommet des bosses, ou qu'il se transforme en robot, ou que sais-je. La m'dame élève la voix, tandis que j'me gratte les fesses d'un air que j'devine blasé.

      Eh bien ? Alors ?

      Pertinent, ça. J'espère qu'il faudra pas attendre qu'le dromadaire digère sa cuite avant de devenir magique.

      Patientez... Ah ! Voyez comme ses yeux s'illuminent !
      Ils me paraissent plus globuleux qu'lumineux, personnellement...

      Le soleil et la chaleur rendent tout le monde balourd, flasque et lourd, et on risque de s'enliser ensemble dans les sinueux sables mouvants d'la folie. Ça commence par donner foi aux mirages, puis ça adresse la parole à la plus sadique des étoiles du ciel, puis ça continue par s'imaginer qu'un cheval difforme nous ouvrira la voie... puis ça fouine dans une éternité de sable pour y trouver une seconde de vie. Une foutue plante bouffeuse d'hommes. On s'en va chercher un végétal qu'existe p'tete même pas. Les circuits ont déjà cramé, là-dedans...

      Regardez ! Il est paré !
      Nous n'avons plus qu'à le suivre ?

      J'dois être le plus lucide, malgré ma propension à m'voir déjà les orbites ensablées sur mon cadavre putride boulotté par les vautours. Mon pessimisme est bien installé dans mon esprit. Ça peut pas plus mal tourner, hein ? Ceci dit, j'empêche ma négativité d'fuiter jusqu'à ma face, histoire d'pas rabattre la joie d'ce joyeux groupe d'illuminés. Autant éviter d'saper le moral du groupe avec mon affreuse et légendaire nonchalance. Alors, j'garde ma trogne apathique des beaux jours. Celle qui glace parfaitement mon four intérieur pour le transformer en parfaite froideur.

      Hmm. J'tire un peu trop la gueule. Hmm.
      Puis un rictus nerveux trop sarcastique m'barre le visage quand j'vois l'animal s'exciter, le vieillard l'enfourcher et la compagnie l'suivre comme un messie.

      En route, les amis !

      Encore de la marche...
      • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
      Je discutais avec Jeremy et il me semblait vraiment sympathique, bien qu'étant aussi bavard voir plus que moi. Il avait de bonnes idées, mais certaines étaient tordues et pourtant, j'étais ouvert à toutes sortes de propositions. Faire boire un animal... Je ne comprenais pas en quoi ça pouvait m'aider à trouver mon Graal. Quoi qu'il en soit le chameau avait sifflé une bonne partie de la bière qu'on aurait pu se partager, puis il avança. Notre groupe le suivit donc en espérant que cela nous mène à quelque chose. Je faisais mon petit bonhomme de chemin avec la compagnie en restant toujours au côté de Jeremy, car j'aimais bien lui parler et surtout parce que les autres ne semblaient pas d'humeur à écouter mes propos

      Vous savez, cette plante que je recherche, il s'agit d'une des plus grandes plantes carnivores de ce monde, voir la plus grande. J'aimerai bien la croiser et éventuellement la disséquer si possible.

      Je suis fan des expéditions, mais je n'ai pas envie que vous piquiez la fleur, surtout si elle est rare

      Soit... Et sinon votre chameau, il boit autre chose que de la bière ? Il aime le vin, la vodka, le rhum ou le saké ?

      À vrai dire, il ne fait pas la différence entre les alcools, c'est pour cela qu'il carbure à la piquette et à la binouze.

      Je vois... Et vous avez fait quoi comme découverte avec votre chameau ?

      Rien de bien folichon, à chaque fois, c'était un homme perdu dans le désert ou une carcasse d'animal !

      Me disait-il alors que l'on croisait justement des os d'animaux morts le long de notre route. Le désert est impitoyable et j'en avais la preuve. J'avais lu dans des ouvrages que le soleil n'était pas le seul prédateur dans le désert, puisque les scorpions ou les rapaces étaient tout aussi dangereux. En parlant de cela, un scorpion venait de faire son apparition ce qui faisait peur aux animaux qui levaient leurs pattes avant après avoir fait tomber Jeremy et Elie. Le scorpion nous regardait avant de continuer son chemin comme si de rien n'était. Les protagonistes s'étaient remis en selle lorsque la jolie demoiselle ajouta

      Ils sont vachement froussards vos animaux !

      Vous savez les scorpions, c'est comme les hémorroïdes ce n'est pas cool.

      Très distingué...

      Bon on avance c'est que j'crève de soi mwa !

      Craig venait de parler. C'était la première fois notre départ. Il semblait contre ce périple, ce que je pouvais comprendre. Enfin soit, le groupe avançait plus ou moins joyeusement jusqu'au moment où l'on était entré en contact avec une sorte de cuvette. J'avais du mal à distinguer la chose au fond alors j'avais dit

      Qui voudrait bien m'accompagner, j'ai comme l'impression qu'il y a quelque chose en bas.

      Ce n'est pas sur...

      Je veux bien !

      Je passe mon tour.

      Spoiler:

      On était donc parti ainsi. Craig et Elie allaient rester en haut pendant que Jeremy et moi allions en bas du trou. Je prenais le soin de descendre tranquillement, mais bien rapidement la pente m'emporta. Jeremy quant à lui avait réussi à descendre tranquillement. Je glissais donc sur le sable tel un enfant sur un toboggan lorsque je vis une grosse fleur au centre. J'avais comme l'impression qu'il s'agissait de mon Graal. Je ne voulais pas me faire manger alors je tentais de me relever et de courir sur la montée de sable, mais mon compagnon d'un jour me rentra dedans si bien que l'on déboula la pente tous les deux jusqu'à se retrouver au pied de le plan, enfin à côté dans la mesure où cette dernière n'a pas de pied. Je me relevais en aidant mon collègue, puis je contemplais cette espèce locale avant de dire

      Je serai pas venus pour rien mon cher, cette planque est magnifique (tout en dessinant la plante dans mon calepin j'ajoutais) Mon ami vous n'auriez pas un morceau de viande à jeter à la créature ?

      C'est-à-dire que je n'avais pas prévu de faire un barbecue.

      Regardez dans mon sac, j'ai de la viande séchée, on peut toujours essayer ça.

      Jeremy avait pris le morceau de viande séchée avant de le lancer dans la plante. Celle-ci s'était refermée et lorsqu'elle s'ouvrit de nouveau, le morceau de viande avait disparu. Je poussais un ouf de soulagement, puis je me mis à danser avant de dire

      C'est bien ma plante, un bon carnivore celle-ci !


      Dernière édition par Richard Bradstone le Ven 25 Juil 2014 - 17:50, édité 2 fois

        Richard et Jeremy s’étaient dangereusement avancés à la rencontre de la plante. Lorsqu’ils lancèrent un bout de viande séchée provenant du sac du biologiste, celle-ci l’avala en à peine quelques secondes. Sur leur promontoire, Elie et Craig regardaient la scène. S’il y avait le moindre problème, que pourraient-ils faire ?

        « Il y a moyen que vous alliez les sauver si ça dérape ?
        -Euh…
        -Je veux dire, vous êtes costaud, vous pourriez aller les chercher, non ?
        -C’est-à-dire que…
        -Vous voudriez dire qu’avec le physique que vous vous trimballez, impossible de faire quoi que ce soit contre une vilaine plante mangeuse de chair ?
        -Je n’ai pas dit ça.
        -Alors ?
        -Je pourrais tenter quelque chose, mais…
        -Mais vaut mieux qu’ils se débrouillent tout seuls, j’ai compris. Monsieur Lloyd !! Monsieur Richard !!! Revenez, c’est trop dangereux ! S’époumona la comédienne. »

        Le scientifique se retourna, mais le vieux timbré semblait déjà s’être intéressé au nivellement de la pente, et surtout, au nombre de grains de sables par seconde qui dévalaient la pente. Plus il appuyait du pied par terre, et plus ce nombre augmentait. Fabuleux, non ? Il pouvait se targuer auprès de ses spectateurs d’être à un nombre ultimement supérieur au leur. Plusieurs millions de grains de sable par seconde, c’était un effort considérable, il pompait avec le pied, de haut en bas, de plus en plus rapidement.

        « Ne vous inquiétez pas, demoiselle Elie, j’ai déjà eu affaire à des plantes carnivores assez dangereuses, il n’y a aucune raison que celle-ci ne me fasse quoi que ce soit. En faisant bien attention, j’arriverais sûrement à l’étudier sans encombre.
        -C’est formidable, sans appuyer plus fort qu’avant, mon nombre de grains de sable par seconde augmente très vite !
        -Je reste juste quelques minutes et je remonte, ça ne sera pas long !
        -Houlàlà, je suis formidable ! Ça coule vraiment très vite, plusieurs milliards à la seconde !
        -Tiens oui, c’est étrange, tout ce sable qui coule vers le centre de la cuvette… »

        D’en haut, l’homme poisson et la comédienne ne se rendaient encore pas vraiment compte que la plante faisait siphon pour attirer ses proies. Et comme Richard en était encore à se demander ce qu’était cet étrange phénomène, et que Jeremy comptait ses grains de sables, absolument personne n’avait conscience du danger. Jusqu’à ce que le biologiste essaie de remonter un peu la pente. Sans succès bien évidemment. Et bien entendu, il commença à paniquer. Parce que le sable sous ses pieds l’attirait de plus en plus fort vers la mâchoire acérée de son objet d’étude.

        « ELIE ! CRAIG ! JE CROIS QU’IL VA FALLOIR QUE VOUS NOUS AIDIEZ À REMONTER !!!
        -Oh, non, mon nombre de grains de sable par seconde augmentait…
        -Jeremy, si nous restons ici, nous risquons de finir croqués par cette plante !
        -Ce sont des choses qui arrivent…
        -Mais vous êtes complètement malade ??!
        -Vous voulez vraiment remonter ? On s’amusait bien…
        -Oui, je veux vraiment remonter, et si possible avant qu’elle ait entamé son processus de digestion, je préfère rester entier.
        -Bon. D’accord.
        -Vous comptez nous sortir d’ici comment ?
        -KLEBERT !
        -Encore ? »

        Le chameau ne se fit pas prier, à l’appel de son maître, il parcourut la distance qui le séparait de son maître en ligne droite, bousculant au passage la comédienne et le Marine en permission. Craig fit un écart pour éviter au maximum l’animal et parvint à rester éloigné, mais Elie fut emportée, le pied accroché au filet du bestiau qui descendait à vive allure en direction de la plante carnivore. Si le sable amortissait les chocs suffisamment pour qu’elle ne se blesse pas, elle était quand même bien ballottée.

        Son pied se détacha, elle tourneboula le long de la pente, tentant vainement de se raccrocher, agrippant le sable par poignées, attirée inévitablement vers le centre, elle chuta jusqu’à ce que le biologiste la rattrape. Le chameau avait été rattrapé par Jeremy, qui avait tout de suite calmé la bête, et Richard s’était occupé de réceptionner la comédienne.

        « Mademoiselle Elie ? Vous allez bien ?
        -Oui… Je crois…
        -Essayez de vous asseoir.
        -Je ne suis pas sûre que ce soit le moment de s’occuper de moi, essayez plutôt de trouver un moyen de remonter.
        -Non, levez-vous, fit-il en tentant de la remettre sur pied.
        -Oh… J’ai la tête qui tourne.
        -Bon bon, restez assise, je vais vous trouver de l’eau.
        -Ne perdez pas de temps, nous glissons petit à petit en direction de cette gueule béante, et je ne veux pas terminer en charpie ! Lui ordonna-t-elle, toujours dans les vapes.
        -Jeremy ! Vous auriez de l’eau ?!
        -Nah, je m’occupe de nous faire remonter, vous ne voyez pas ?
        -Vous donnez encore de la bière à votre satané dromadaire ?
        -Chameau.
        -Ne jouez pas sur les mots, à quoi ça va nous servir ?
        -À remonter, c’est bien ce que vous voulez, non ?
        -Je… »

        CLACK !

        La plante venait de faire claquer ses mâchoires gigantesques, elle se trouvait désormais à moins de cinq mètres de distance du petit groupe. Là-haut l’homme-requin regardait de ses yeux affolés ses nouveaux compagnons, attirés irrésistiblement vers le prédateur floral. Il lui fallait agir, il le savait, trouver un moyen de sortir tout ce monde du pétrin dans lequel ils s’étaient fourrés, et si possible, en sauvegardant ses propres miches.

        Richard, de son côté, tentait de convaincre Jeremy de bazarder le tonneau de bière, qui était un poids trop grand pour le chameau qui peinait à remonter la pente, malgré l’alcool tonifiant qu’il venait d’ingurgiter. Il tenait la jeune femme d’un bras, et s’agrippait tant bien que mal à l’animal, joignant ses efforts à ceux du camélidé pour contrer le flot de sable qui les poussait vers le bas de la cuvette.

        « Détachez ce tonneau ! Je vais finir par devenir vulgaire et vous insulter !
        -Comment que je vais le faire avancer mon chameau sans ma binouze ? Vous y avez pensé à ça ? Je ne crois pas.
        -En tout cas, si nous finissons en gueuleton pour végétal mangeur de viande, vous ne pourrez plus du tout le faire avancer votre chameau !
        -…
        -Allez !
        -…
        -S’il vous plait, c’est une question de vie ou de mort ! »

        Jeremy finit par obtempérer, ce n’était pas la personne la plus difficile à convaincre, loin de là, mais dans des cas aussi extrêmes, perdre ne serait-ce qu’une poignée de secondes pouvait s’avérer mortel. Heureusement, tenant d’une main la selle de l’animal, il put détacher de l’autre, plutôt lentement, il faut le dire, la corde qui retenait le tonneau. D’un air profondément triste, il le regarda tomber alors qu’enfin le chameau parvenait à grappiller quelques centimètres vers le haut.

        Le tonneau roule jusqu’à la plante, qui, ne différenciant pas un objet inanimé d’un être de chair et de sang, avant d’avoir gouté, broya d’un coup le bois, ingurgitant en quelques secondes quelques litres de bière maison aux propriétés peu communes.

        « CRAIG ! AIDE NOUS À REMONTER, JE CROIS QUE NOUS N’Y ARRIVERONS PAS TOUT SEULS ! »
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        Remonter ! J'trouve pas l'temps d'en vouloir au ciel pour menacer d'faire disparaître mes innocentes chances de survie dans l'suc de la plante carnivore tant... trop convoitée. J'cogite à toute berzingue, mais la panique m'ronge la raison. Trépignant du haut d'mon promontoire, leurs appels à l'aide m'parviennent en masse et j'y réponds, affolé, sans trouver comment joindre la parole à l'acte. Le chameau, plus costaud et mieux équipé pour s'river au sable grâce à ses sabots, s'alarme moins que ses compagnons. Il a p'tet un plan, tandis que moi, j'patine...

        Ouais ! Ouais ! Attendez !
        Mais faites quelque chose !

        J'surplombe la donzelle qui crawle dans l'torrent de sable chutant en cascade dans la gueule de la créature. Mes mirettes faisant des aller-retour entre l'gouffre et les alentours morts et sans l'moindre outil capable de m'aider à les tirer d'là. Mon bras est trop court, alors j'ai rien à leur tendre. L'désert pardonne pas à ceux qui l'sous-estiment autant qu'moi et ce groupe d'illuminés. J'ai pas une seule arme à opposer au végétal carnivore, si ce n'est ma tronçonneuse buccale. Pas les burnes de sauter dévorer c'monstre vert, d'apporter au monde la preuve que j'suis végétarien, et d'me goinfrer d'cette plante carnivore et d'ses mandibules appétissantes. Parce que ça serait au premier qui bouffe l'autre, et j'ai pas la hargne de prendre le pari. Alors, j'ai d'moins en moins d'espoir, si ce n'est celui d'avoir, pour une fois, l'occasion d'passer outre ma condition d'poissard pour devenir héros d'la minute si j'pouvais trouver l'illumination. Et à force d'me gratter férocement la tignasse comme pour tenter d'en extraire une idée géniale, j'parviens qu'à en tirer d'quoi paraître un brin déphasé. Un peu dingue. Comme d'hab.

        J'me désape. J'enlève le haut. J'utiliserai ma chemise pour rattraper la donzelle, plus haute, et l'chameau, plus important. Les autres... ma culpabilité m'ronge d'avance à leurs propos. Une peste qui prend les devants et m'envoyant déjà l'impuissance m'obscurcir la vision. J'peux rien faire pour eux, et ça m'bute... Marine, mais totalement impuissant... J'suis qu'un... lâche, qui s'apprête peut-être à voir ses compagnons d'fortune crever sans rien tenter. J'suis pas bien futé. La solution pour sauver tout le monde est p'tet évidente, quelque part sous mon grand nez, me narguant et fustigeant ma culpabilité, mais...

        Bah. Rien n'est complètement perdu. J'ai ma chemise...

        Qu'est-ce que vous faites ? C'est le moment d'avoir chaud ?!
        Attention aux coups de soleil !

        Me v'là torse nu, exhibant mon fier corps d'athlète rachitique, mal nourri, mal entretenu, l'affreux cuir écailleux tout droit sorti des abysses de la dignité. Un bide de fennec imberbe anémique. Comme un apollon maigrichon sculpté dans la vase. En temps normal, j'serais bien mortifié d'avoir à déballer mon vilain ventre comme ça. Mais l'altruisme étouffe ma pudeur, et j'considère ça comme un strip-tease salvateur. J'enroule avec poigne ma veste, l'essorant par la même occasion. Alors il pleut sur le sable, le sang d'mon moral... Une cascade de sueur, imbibée de toute ma peur. Une fois un peu plus sèche, et réduite en une espèce de corde, j'enroule l'extrémité d'ma veste autour d'mon poignet et lance le reste à la demoiselle.

        Attrapez !

        Le tissu puant part à la rencontre d'la mimine délicate et suppliante d'la donzelle. Sa trouille écrase son dégoût. C'est juste un peu de sueur, après tout. Ça a jamais tué personne, contrairement à ce prédateur végétal.
        Elle attrape fermement mon fringue en s'pinçant le nez, j'agrippe d'mes deux mains ma canne improvisé et parvient à remonter lentement ma prise. Quand elle parvient à mon niveau, ma palme prend la relève et la tire en sécurité. Sur le rassurant plancher d'sable stable. Elle laisse s'échapper sa frousse dans un intense soupir de soulagement, avant d'être prise d'un sursaut de dégoût à l'encontre d'la méduse blanche gorgée maintenant d'la plus immonde des eaux. Ma veste... assaisonnée au sable dilué dans la sueur...

        Hmm. Vous me rendez ma veste ?
        Avec plaisir, oui... Vous allez... remettre ça ?
        Bah ouais.

        Comme si j'avais le choix... J'me rhabille. Le spectacle a trop duré.

        Dans le même temps qu'l'aventurière est de nouveau à mes côtés, l'animal sensible s'est aussi hissé à mon niveau, larguant sa selle flottant dans l'fleuve de sable, dont la sangle est toujours solidement rivée à son gros dos, et qui pourrait servir maintenant d'échappatoire aux deux originaux. Trouvant encore le temps de discutailler là-dessous, alors qu'ils sont sur le point d'se faire grignoter par le désert lui-même, le vioque et le géologue semblent détendus mais pas résignés. Comme perchés dans les nuages, les nuages du déni. Ou pas. J'en sais rien. Ils sont juste perchés, j'crois.

        L'chameau m'adresse un regard mi-inquiet, mi-repentant. M'énerve, cette bestiole. En me piétinant, et en me bousculant, ce hooligan aurait pu m'envoyer valdinguer direct dans la gueule de la gourmande reine des sables, et n'avoir été qu'une simple quille face à une boule de bowling, ça m'reste comme un os pointu en travers de la gorge. Mais y a pire. A flipper quand j'la mire yeux dans les yeux, à jouer ensuite l'effarouchée et la princesse auprès d'son maître, l'animal ivrogne s'livre à une danse bien agaçante sur mes nerfs hérissés d'frustration et d'impatience. Qu'il fasse gaffe où il met les sabots, c'canasson difforme...

        T'as fais le con, ouais. Pas qu'un peu... Hmmf.
        A qui vous parlez, au juste ?
        Au chameau. Ça va vous ?
        Je m'en sortirai. Mais eux ?!
        • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig
        Alors que j'aurais pu m'alarmer sur mon sort, je préférais discuter avec Jeremy. C'était un homme bien, même s'il fallait avouer que son esprit était plus loufoque que le mien. Je parlais donc de cette plante carnivore et de celles que j'avais déjà vues, pendant qu'Elie remontait grâce à Craig qui semblait jouer le héros à ce moment précis.

        Vous savez Jeremy, je ne regrette vraiment pas d'être venu, grâce à cette journée, j'ai pu faire la connaissance de l'homme que vous êtes et accessoirement découvrir la plante que je convoitais.

        Vous savez, moi aussi, je trouve que vous êtes quelqu'un de sympathique et de plus bavard que la jolie demoiselle.

        Je vous entends...

        Ajouta-t-elle. Les minutes passèrent et je tentais désespérément de remonter, pendant que Craig se chargeait d'aider la demoiselle en détresse. Je l'enviais le poisson, à sa place, j'aurais demandé un bisou en dédommagement pour les efforts accomplis. Enfin soit Elie était maintenant en haut, suivi par le chameau qui semblait s'amuser de la situation. Le bougre me regardait et rigolait. Je ne savais pas comment réagir, car il s'agissait de mon potentiel sauveur et du personnage clé de la journée. En effet, sans lui je n'aurais jamais pu trouver la fameuse plante si bien que je devais lui payer une bière à la fin du voyage. Alors que la discutions suivait son cours avec Jeremy, une des sangles de la selle tomba dans le sable. J'étais content, car il s'agissait de ma porte de sortie. Je regardais Jeremy avant de lui dire

        Après vous mon cher.

        C'est fort aimable à vous.

        Il s'accrocha à la selle pendant que je tenais fermement sa jambe. Je partais du principe que le chameau pouvait maintenant se débrouiller et nous remonter facilement. Klebert semblait avoir eu une once d'inspiration, car il se mis à faire un sprint. Bien que je ne le voyais pas, je le déduisais des paroles de Craig et Elie

        Fais gaffe !

        Il est excité cet animal.

        La course du chameau entraîna ma personne et celle de Jeremy hors du trou. J'étais content et je remercia toute la clique pour leur aide

        Merci de nous avoir sauvé Craig, et merci Klebert.

        Pas de soucis.

        Je me relevais tout en sortant une flasque de whisky de ma poche. Je me dirigeais vers le chameau qui avait mérité sa récompense. Je lui fis ingurgiter le breuvage en disant

        Brave bête, voilà ta récompense.

        Mais vous êtes inconscient !

        Klebert n'est pas un habitué des alcools forts.

        La créature me regardait avec des grands yeux et un sourire comme si elle en voulait encore. Jeremy prépara sa monture pendant que tout le monde se remettait de ses émotions. Elie monta sur le dromadaire, Craig et Jeremy étaient sur Klebert pendant que je les suivais à pied. J'étais de ceux qui aimaient la marche, si bien que de ne pas être sur un chameau ne me dérangeais pas, qui plus est quand la dite bête avançait en titubant à cause des effets de l'alcool. Jeremy me regarda d'un air amusé en me disant

        C'est officiel, Klebert ne tient vraiment pas à l'alcool fort.

        Vous savez, pour un chameau, je trouve qu'il a une bonne descente tout de même, il faut le féliciter pour ça, qui plus est, il est le héros de ce jour.

        Effectivement, l'animal avait trouvé deux hommes en plein milieu du désert, une plante impossible à trouver et à sauver la joyeuse compagnie dont je faisais partie d'une mort certaine.


        Dernière édition par Richard Bradstone le Ven 25 Juil 2014 - 17:50, édité 2 fois

          « Mmmm mmbbbbbb beeeeeuuuuuuuuuurrrrrrrrrrrr bbbbbbbb bbbbaaaaa aaaaauuuuuu ! Mmmm mmmmmm hhhhhhhhhhh ! Mmmmmmmmmmmm mmmmmmmmmaaaaaaa ! »

          L’animal blatérant déblatérait. Il causait à tout ce qu’il pouvait trouver alentour. En l’occurrence, alentour, il y avait Richard, et par conséquent, il lui parlait. Il lui racontait sa tendre enfance à gambader tranquillement aux côtés de ses frères et sœur et de ses parents dans l’étendue immense qu’était le désert, jouant à se retenir de boire le plus longtemps possible, et quand, au bout de deux ridicules petits jours, il cédait à la tentation de plonger sa langue dans un seau du liquide rafraichissant, il se disait que dans quelques années, il pourrait tenir beaucoup beaucoup plus ! L’entraînement faisait tout. Il raconta aussi à Richard le moment où Jeremy l’avait recueilli, l’instruisant jour après jour aux joies de la course, le moment où il avait commencé à consommer de la bière, lui expliqua les raisons pour lesquelles il ne pouvait plus s’en passer, et continua encore et encore à disserter sur sa grande vie, somptueuse et riche.

          Bien entendu, tout cela, Richard ne le comprenait guère, il n’avait pas un niveau linguistique suffisant pour capter ne serait-ce que le moindre cha-mot sortant de la bouche de l’animal. Il n’y avait que Jeremy qui, la larme à l’œil, un sourire en coin semblait attentif au discours du camélidé.

          « Il arrête de geindre comme ça ! Il nous casse les oreilles, grommela Elie.
          -Oh, ne lui en voulez pas, c’est à cause du whisky, il ne supporte pas ça et il devient nostalgique de ses jeunes années…
          -N’empêche ! Il n’y a aucun moyen d’arrêter ce tintamarre ?
          -Mademoiselle Elie, vous ne voyez pas que cet animal se détend ! Après tout ce qu’il a fait pour nous sortir de ce mauvais pas, pourquoi ne pas le laisser dépenser sa salive ?
          -Oui, voilà, monsieur Richard a raison !
          -Monsieur Richard oublie surtout que s’il a dû nous tirer d’une mauvaise situation, c’est que quelqu’un nous y avait traîné de force, hein ?
          -Hum, désolé, vraiment.
          -Et puis, sans ce cher Craig, le chameau n’aurait rien pu faire !
          -Enfin bon, je n’ai fait que mon devoir, et pas très…
          -Tututut, vous m’avez sauvée, c’est amplement suffisant. »

          Cela n’arrêta pas pour autant l’animal qui continua son discours larmoyant. Ce qui amusait un brin Richard et Jeremy qui s’étaient plutôt bien trouvés, malgré la bizarrerie du second. Par contre, concernant la demoiselle, ça lui tapait sur le système. Malheureusement, elle n’avait l’appui de personne alors elle ralentit la cadence de son dromadaire pour suivre une vingtaine de mètres plus loin et s’éloigner le plus possible du boucan de l’animal bourré. Cela lui permit dans un premier temps de s’éviter les beuglements et d’avoir un œil d’ensemble sur ses compagnons.

          La scène était plutôt cocasse vue de l’arrière. Klébert zigzaguait en avançant, manquant de peu d’écraser Richard tous les cinq mètres. Sur la bosse avant, Jeremy avait lâché les rennes et s’était presque allongé, un sourire confiant aux lèvres et quand Craig, à l’arrière, lui avait demandé si c’était bien sûr de laisser l’animal en roue libre, il avait répliqué que son chameau avait une autonomie de plusieurs jours et qu’il était impossible qu’il se perde avec son Groggy Power Sensitive, même en étant sous l’emprise d’alcools mauvais comme le whisky.

          « Mais euh… Lui peut tenir plusieurs jours… Et nous ? Interrogea l’homme poisson.
          -Nous avons une gourde !
          -À moitié vide.
          -Ne soyez pas pessimiste monsieur Craig, vous voyez bien qu’elle est à moitié pleine !
          -Je vois surtout que nous n’allons pas tarder à crever.
          -Crever ? Aucune chance.
          -Et pourquoi ?
          -J’ai pas rendu sa pelle à Michel.
          -…
          -Bah oui, je lui ai promis, je ne peux pas crever avant.
          -…
          -Et puis, dans le pire des cas j’ai mais fusées de détresse !
          -Vous avez des fusées de détresse ?
          -Toujours dans le désert, c’est important, c’est comme ça que les sauveteurs vous localisent s’il y a pépin. Vous vous enfoncez dans cette immensité sans savoir ça ?
          -Non, c’est plutôt, vous avez des fusées de détresse et vous ne les avez pas encore utilisées ?
          -Il y a eu un mort ?
          -…
          -Vous voyez, pas besoin de fusées de détresse. »

          Craig regarda Jeremy avec des yeux effarés. Comment pouvait-on être aussi stupide ? Enfin merde, il était en train de multiplier par dix leurs chances d’être tués. Quel malheur qu’il soit le seul en possession des feux, sinon, ils auraient été sauvés depuis bien longtemps. L’homme poisson n’aimait pas ça, mais il faudrait bien le convaincre, de gré ou de force, de demander l’aide des secours avant qu’il ne soit trop tard pour l’un d’entre eux.

          « Elie ? Appela-t-il, haussant le ton de manière plus qu’inhabituelle.
          -Non, je ne reviendrais pas vous faire la conversation tant que ces braillements inaudibles n’auront cessés, même si vous promettez de ne pas me laisser parler toute seule !
          -…
          -C’est pas la mort non plus ! Vous pouvez rester loin de moi cinq minutes.
          -…
          -Non, je ne céderais pas.
          -…
          -…
          -…
          -Raaah, qu’est-ce que vous voulez encore ? »

          Cédant aux supplications muettes du requin, Elie talonna le dromadaire, tellement éclipsé par son confrère chameau que le narrateur ne se souvient plus du nom qu’il lui a donné et a grandement la flemme de chercher ce détail si insignifiant. Craig l’informa de ce que lui avait dit le vieux fou. Elie resta calme. Il n’y avait pour le moment aucune véritable raison d’appeler les secours, le chameau, bien que joyeux continuait de les guider à travers l’étendue sablonneuse, et ils ne savaient pas vraiment combien de temps ils auraient à tenir avec le demi-contenu de la gourde. Il était tout de même préférable de convaincre Jeremy de lui confier les fusées de détresse, l’homme poisson avait sur ce point, raison de s’inquiéter. S’il fallait appeler du secours de toute urgence, mieux valait que le moyen de le faire soit entre les mains d’une personne ayant la tête sur les épaules.
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          La tête sur les épaules. La tête sur les épaules. Ma tête a grossie, elle est plus qu'un vrai boulet à pointe, gris et écaillé, alourdie par les pressentiments malsains et les ressentiments violents, et plantée sur une gorge serrée et de nouveau raide et aride comme une canalisation rouillée.

          Mais surtout, non, ma tronche, elle est plus sur mes épaules. Une bourrasque de pathos l'envoie valdinguer, dans une tornade de frustration. Tomber sur des salauds, des psychopathes et des menteurs, c'est ma routine. Mais mirer un tel vertige d'inconscience et d'imbécilité, ça malaxe un peu davantage la fondue qu'est devenue ma cervelle, ça m'fout la nausée, ça m'aiguise l'agressivité.

          J'reste calé sur les rails de pas dessinés par Jeremy. La marche est devenue silencieuse, l'atmosphère m'paraît écrasante, malgré l'sourire niais du vioque et l'flegme plat du binoclard. La donzelle, moins perchée, s'est enfermée dans ses pensées. M'reviens l'devoir, moi marine, moi squale, moi qui rassemble mes miettes de volonté, moi qui prend les choses en palmes, m'reviens l'devoir d'convaincre ce vieux fou d'me refiler ses fusées, notre salut. Et comme un tic-tac d'horloge qui s'obstinerait à lui harceler les esgourdes, j'insiste, inlassablement, sur tous les tons, sous tous les rôles.

          J'la joue conseiller.

          Vous devriez vraiment me filer ces fusées.
          Ne vous inquiétez pas, elles sont bien en sécurité dans mes poches !

          J'colore ma voix de bleu. De l'autorité bleue.

          Chuis marine, voici mon badge. J'réquisitionne ces fusées.
          Oh ! Vous avez un mandat ?

          J'piétine même ma nature profonde ! Pacifisme écrabouillé par l'instinct de survie : l'heure de grogner, d'crisser des crocs. J'ai l'corps d'un enfoiré de caïd marin, merde ! Mon regard bovin est si peu intimidant qu'ça ? J'dégaine les dents. J'durcis mes yeux, gros raisins tout secs dans leurs orbites. La menace explose et en fout partout.

          J'vais finir par vous mordre, vous savez ?!
          Je vous le déconseille ! Je ressors d'un urticaire fulgurant et je ne crois pas être encore tout à fait rétabli. Je m'en voudrais si vous tâchiez votre joli minois d'affreux boutons rouges à cause de moi.

          J'reste aimanté à ses petites mirettes brunes pétillantes d'affection quelques secondes. Dans un magnétisme bien retors. Mes neurones s'éteignent un à un, j'le sens. Les connexions grillent, les fusibles pètent, la surchauffe déchaîne les alertes rouges. J'ai les yeux qui voudraient s'humidifier, mais j'y arrive plus. Alors ma palme vient d'elle-même râcler ces deux globes secs et désespérés. Et dans mon museau, la morve s'agite. J'renifle.

          Vous... Vous pleurez, monsieur Craig ?
          Jeremy, les fusées !
          Ooooh... J'ignorais qu'elles comptaient autant pour vous. Tenez, tenez ! Prenez les ! Séchez vos larmes !

          Il interrompt l'convoi. Me tend un p'tit sac de tubes rouges. D'une poigne farouche, j'lui arrache des mains. Question d'prudence. Qu'il voudrait continuer son numéro de matou qui joue avec ma pelote de nerfs...  

          Ça va mieux ?

          C'est Richard, ça, il semble autant rongé de pitié qu'l'autre cinglé. J'ai plombé l'ambiance, elle part maintenant en vrille.

          Snif.
          Vous les avez, vos fusées, maintenant. Nous allons continuer, mais vous, si vous avez besoin d'une pause, n'hésitez pas. Nous repasserons vous chercher plus tard.
          Euh. Vaut mieux pas, j'crois.
          A votre guise !

          S'est aussi évaporée la logique de ces grands gosses. Hein ?
          On s'remet à avancer. J'subis quelques regards circonspects. Dont celui du soleil qui nous toise toujours plus haut d'au-delà du ciel, et dont les rayons inquisiteurs m'accablent crescendo alors que l'affreuse boule de feu nous surplombe. Le zénith s'profile, le Coup de Grâce du désert.

          Et en plus, le chameau ivre fonce tout droit en direction d'un gros bazar de sable hurlant.

          On se dirige vers une tempête de sable, là, non ?
          Oui.

          ... Manque tout un pan d'ta réponse, clown décrépit.

          ... Vous avez un plan ?
          Ne vous inquiétez pas, héhé. Suivez le guide !

          A ce rythme, ses bouffonneries me tueront avant le soleil.

          Le chameau ?
          Oui, le guide !

          C'est toi l'chameau, ouais !
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          On venait d'entrer dans une tempête de sable. Incapable de voir à plus de deux mètres, on suivait désespérément un chameau qui ne semblait même plus avoir de logique, s'il en avait une à la base. Le sable qui me claquait à la tête, il y avait tout pour se plaindre, mais je ne le fis pas. Cependant, je pouvais entendre ma collègue gémir et l'homme poisson grincher des dents, sans doute parce que la situation s'aggravait de minute en minute et qu'ils n'avaient pas demandé à suivre deux érudits complètement obsédés par la science.

          Le groupe avançait comme il le pouvait dans cette tempête tandis que Jeremy tentait de détendre l'atmosphère à sa façon

          J'aurais dû prendre mes lunettes de soleil, le sable picotent les yeux.

          Tu m'étonnes, pourquoi on a suivi un animal ivre.

          On a toujours les fusées au cas où.

          Je doute que les fusées soient efficaces avec cette tempête, je pense qu'il vaudrait mieux attendre d'être sortis de là.

          Les conseils des scientifiques, je pense que l'on peut s'en passer.

          Je ne suis qu'un commerçant avec son chameau.

          Ne sachant que faire, le groupe fonçait toujours tout droit en se disant qu'il s'agissait de la voie la plus rapide pour quitter cet enfer. Il s'agissait surtout de l'avis d'un animal à vrai dire, et comme il était le plus apte à survivre dans ce milieu, j'étais contraint de le suivre avec le reste du groupe.

          Les minutes passèrent lorsque le chameau s'arrêta d'un coup net par peur. Je ne comprenais pas au début, mais je vis bien rapidement qu'il y avait un scorpion. Ne sachant que faire, j'attendais que la situation avance. Elie qui semblait s'impatienter ajouta

          Pourquoi on s'arrête ?

          C'est-à-dire que mon Klebert et bah, il a peur des scorpions.

          Des scorpions, juste ça...

          Craig prit sa gourde qu'il jeta sur le scorpion. Il s'agissait pour moi des signes d'impatience, mais si cela pouvait permettre d'avancer, je n'étais pas contre. Jeremy semblait triste de la situation si bien qu'il lançât

          Pauvre bête, elle ne méritait pas une mort atroce.

          Nous ne méritons pas de mourir non plus !

          Je suis tout à fait d'accord avec Elie, il faut parfois faire des sacrifices afin de pouvoir survivre.

          Elie et moi remercions Craig d'un signe de tête avant que l'expédition ne reprenne de plus belle. On se dirigeait vers ce qui semblait la sortie, car à mesure que nous avancions, le nuage de poussière paraissait de moins en moins dense. Le groupe finit donc par trouver la sortie.

          J'avais en face de moi une petite oasis en plein milieu du désert. Cela me semblait fou, mais pourtant s'était vrai. Alors que l'on s'approchait doucement de se point d'eau visible au loin, le chameau s'arrêta une nouvelle fois. Je me demandais ce qu'il se passât, mais Craig semblait plus rapide que moi pour le coup

          L'animal, il a quoi c'te fois si ?

          Regardez, il semblerait que des hyènes aient pris possession des lieux, vous pensez faire quoi

          Éviter le danger...

          Les étudier !

          Boire.

          Visiblement, le groupe n'était pas d'accord et une réponse s'imposait, car le soleil étant au zénith, on ne pouvait pas se permettre de cuire sur place.

            Que fait-on, lorsqu’on est une personne au physique fort normal –et qu’on ne survit usuellement aux péripéties les plus dangereuses que grâce à une quantité d’esbroufe admirable– quand on est confronté à une pluie de problèmes concrets ? De deux choses l’une ; soit on panique, soit on feint un malaise dans l’espoir que nos partenaires du moment, autrement plus loufoques, et dont le corps semble adapté à n’importe quelle bizarrerie, nous sortent de ce sacré pétrin…

            La situation d’Elie présentait à peu près toutes les circonstances sus-citées. Cependant, elle n’avait pas la moindre once de confiance en ses partenaires du moment ; vous savez, les loufoques. Elle vida donc son esprit de toute perturbation inutile ; comme la peur, la prudence, le tact- et, jetant un regard furibond à ses partenaires, fonça le plus directement possible vers l’oasis infestée de Hyènes. Des Hyènes… Non, mais sincèrement, vous avez déjà vu des Hyènes en plein milieu du désert ?

            « Richard ! Venez ici !
            -Euh… Mademoiselle Elie ?
            -C’est vous le biologiste, non ?
            -Ou.. Oui.
            -Du coup, vous connaissez un peu la faune ?
            -Un peu.
            -Et l’habitat naturel de la Hyène, c’est ?
            -C’est ?
            -Réfléchissez cinq secondes…
            -La savane ?
            -Et voilà ! Du coup ?
            -Oui ?
            -Pourquoi votre mirifique cerveau ne nous as pas directement indiqué que la vision de ces animaux en plein milieu du désert d’Hinu Town était fort peu probable ?
            -Euh… Vous me faites peur quand vous êtes en colère.
            -Certes, intervint Craig qui les avait rejoint. Mais comment on explique le fait qu’on voit un troupeau de bêtes au faciès repoussant, qui boivent l’eau d’une oasis en plein désert ?
            -Bêtes au faciès repoussant ? J’espère que vous parlez de vous et pas de mon chameau, il en serait vexé, grommela Jeremy.
            -Et donc ? Vous pensez que c’est quoi ?
            -Un mirage ?
            -Non, sachez mademoiselle, qu’un mirage, ça ne se présente pas…
            -Non, Richard, je ne voudrais pas être désobligeante, mais vos discours à la mords moi le nœud, j’en ai soupé, abrégez et dites-moi plutôt ce que c’est ?
            -Euh… Des Hyènes ? »

            Elie ne savait pas exactement si elle avait envie de l’emplafonner, de lui couper la tête ou de lui rentrer dans le lard à coups de chameau, mais comme elle ne se sentait pas la force d’exécuter aucune des trois actions précédentes, elle lui jeta une poignée de sable au visage avant de courir en direction de l’eau. Et, avant même de regarder plus précisément ce que pouvaient être les soi-disant Hyènes, elle plongea la tête dans l’eau et y but jusqu’à plus soif.

            « Ahhhh… Soupira-t-elle, désaltérée. Eh bien, vous voyez, aucune crainte à avoir, ce ne sont que des animaux en carton-pâte.
            -Les animaux en carton-pâte, ça grogne ?
            -Jeremy, taisez-vous !
            -Je crois qu’elle est un peu énervée. Nous devrions attendre qu’elle ait rentré les crocs.
            -Elie ?
            -Oui Craig ?
            -Vous devriez revenir par ici doucement et sans crier.
            -Raah ! Mais c’est quoi cette bande de mauviettes ! »

            La petite meute d’animaux noirs que le groupe avait repérés, n’était en fait qu’une bande de chiens assoiffés et probablement affamés, qui montraient les crocs en souriant. Miam, de la viande. Elie s’était retournée brusquement, pour bien montrer à ces poltrons qu’il n’y avait rien à craindre et sa confiance s’était rapidement évanouie. Reculer doucement, voilà qui était une bonne idée. Malheureusement, les chiens avaient décidé de la suivre, et aussi lentement qu’elle se repliait vers ses acolytes assoiffés, les molosses avançaient dans sa direction.

            « RODOLPHE, MILOU, MAX, BUTOR, SHIPPU ! COUCHE ! »
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            Après avoir plongé tout le museau jusqu'aux branchies dans cette eau si fraîche et pourtant si crade et peuplée qu'elle en devient plus opaque encore que ma folie, je ne demandais qu'un défouloir pour purger les mauvaises idées qui m'trottent dans ma cervelle rabougrie, cuite à point dans son sang. Foutues hyènes.

            Bouillir me propulsait de la hargne plein les poignes. J'aurais volontiers, à ma grande surprise, pris un de ces clebs pour taper sur les autres. La frustration fait tomber un voile de rage aveugle autour de mon esprit, quand elle n'est pas occupée à me saper mes minces réserves de volonté. Et manque de pot, combiné à une profonde dalle qui m'obnubile l'esprit au point de le vider de toute résistance à la colère, l'incendie aurait pu m'envahir sans rien de capable de l'apaiser.

            Et manque de pot -encore-, ces sales -ou pauvres ?- bêtes ont un maître. Ce ne sont pas de simples pantins largués là, dans le désert le plus peuplé du monde, pour canaliser mon ire, cadeaux d'un scénariste sous crack qui s'emmêle dans ses pions.

            J'crache un mollard compact qui s'éclate en crépitant sur le sable comme un jaune d'oeuf sur sa poele à frire. Un maigre exutoire qui empêche mes nerfs de chauffer à blanc.
            Et j'laisse les négociations au personnel compétent. Celui qui n'a pas la langue fourchue.
            On a un gars coincé entre deux âges, au teint rocailleux et aux mirettes globuleuses, orné de fripes et de bijoux poussiéreux, une imposante hallebarde qui pointe ce satané soleil rivée au dos. Et il nous toise, incrédule, comme si on déboulait d'une autre dimension.

            Hinha. Z'êtes des étrangers, hein ?
            Bonjour !
            Euh...
            M'appelle Ornik, j'suis chasseur. Et vous, z'êtes des touristes paumés, c'est ça ?
            Quelle perspicacité !
            J'crois qu'mes bestioles ont flairé votre poisson, là. Sans elles, croyez moi, même avec mes belles mirettes toutes sèches, jamais j'vous aurais retrouvé là-dedans !
            Incroyables, ces petites bêtes !
            Vous êtes équipés comme si vous alliez à la plage, pas vrai ? Pas prudent du tout. Un seul chameau, et une seule gourde, c'est un coup à terminer dans l'estomac des pigeons, ça.
            Merci pour vos conseils !
            ...
            ...

            Y a beaucoup d'implicite qui s'incruste dans ce silence pesant. Mais j'pense être le seul qui y soit sensible.

            ...
            ...
            ... bon bah, portez vous bien...
            Attendez !
            Gmouais ?

            Il s'enfonce l'auriculaire entier dans le pif pour en dénicher un monument nasal. Pendant la manoeuvre, son pif convulse comme s'il s'apprêtait à s'déchirer. Ça semble écoeurer l'actrice. Habitué à me vautrer dans mes propres sécrétions et à trifouiller dans des bides ouverts, ça me fait, perso, ni chaud ni froid. J'continue à sa place, de ma voix devenue nasillarde, lui balance la question qui nous survolait tous.

            Vous nous ramèneriez en ville ?
            Euh... Si vous voulez. Bah, c'est pas loin du tout... L'affaire de 500 mètres...

            Jubilation dans la caboche. J'suis plus excité qu'une mouche dans une charcuterie. Ça me grave un grand sourire plein de dents jusqu'aux oreilles...
            ...puis, quand j'me repasse ce que le traqueur lépreux vient de me baver, je...

            500 mètres ?
            Yep, Hinu Town est à 500 mètres par là-bas, derrière les trois dunes.
            500 mètres seulement... On s'est si peu éloignés de la ville ?
            Que le monde est petit !

            Hinhin. L'ironie est une douche froide.

            Bon, vous campez là ou vous m'suivez ?
            • https://www.onepiece-requiem.net/t10413-fiche-de-craig

            Le groupe suivit donc le mystérieux étranger en direction d'Hinu Town. Je me rendais compte que l'on n'avait pas beaucoup avancé en fait.

            Mine de rien c'est marrant, comme quoi le soleil peut nous faire perdre littéralement nos sens. Je souhaitais donc détendre l'atmosphère à ma façon

            Je vous l'ai bien dit que l'on était dans la bonne direction.

            Vous voulez dire que Klebert nous l'a dit.

            Mais taisez-vous bon sang...

            Elie avait l'air furax et je pouvais la comprendre. Ce n'était pas comme si l'on avait passé plus d'une demi-journée dans le désert sous un soleil de plomb. Surtout que dans les faits, c'était un peu ma soif de connaissances qui avait bien failli nous laisser la vie.

            Je marchais donc avec le groupe en espérant que mes camarades ne me tiendraient pas rigueur de mon comportement, mais au vu de certains regards qui m'étaient lancés ce n'était pas gagné. Cela n'empêche qu'au final, j'ai tout de même pu voir ma plante.

            Comme dirait l'autre tout est bien qui finit bien.

            Le groupe marcha en quête d'Hinu Town, toujours accompagné par leur fier guide qui semblait tout droit sorti d'un autre temps. Je n'osais pas critiquer son style de vagabond, tout simplement parce qu'il nous avait tout de même sauvé la vie mine de rien et mine de rien, je me devais de le remercier

            Merci à vous, c'est fort aimable.

            Ya pas de quoi !

            N'empêche que Klebert nous ait guidé vers le bon chemin.

            ...

            ...

            Un blanc se fit sentir... Moi-même y participant, je me disais qu'il valait mieux se taire et visiblement c'était le cas également de mes collègues.

            Jeremy comme à son habitude monopolisa la parole en espérant échanger avec l'habitant, mais visiblement il semblait aussi réceptif que Craig à ce niveau-là. Tout ce qui lui importait visiblement était de nous amener en ville avant de pouvoir partir. Chose qu'il réussit à faire au bout d'un bon quart d'heure de marche.

            Le groupe et moi étions donc maintenant arrivés dans cette ville qui semblait avoir poussé au milieu de nulle part. Le guide nous amena jusqu'à une place avant de nous saluer et de partir. Je regardais mes collègues et eux firent de même. Ils espéraient sans doute que quelqu'un prenne la parole afin que le groupe puisse se séparer et que chacun vaque à ses occupations. Je pris donc cette initiative, principalement pour couper le silence qui régnait depuis une bonne minute maintenant

            Bon, ce n'est pas que je n'apprécie pas votre compagnie, mais la fatigue se fait ressentir et j'ai comme qui dirait le besoin urgent de trouver une auberge.

            Déjà Richard ? Je pensais que l'on pourrait passer la soirée ensemble...

            Ah ça non, j'ai suffisamment fait avec vous aujourd'hui.

            Elie prit le soin de nous saluer une dernière fois avant de prendre ses affaires et de s'éclipser au loin. Nous étions donc plus que trois hommes plantés en plein milieu d'une place, attendant sans doute qu'un autre parte. Je n'aimais pas partir dans les premiers, car je trouvais ça impolis. Par chance Craig semblait avoir entendu ma pensée et lança une dernière parole avant de partir

            C'est pas que l'horloge tourne, mais j'suis creuvé.

            À la prochaine Craig.

            Si jamais vous revenez par ici, faites-moi signe.

            Je vis Craig prendre ses cliques et ses claques sans faire attention à la phrase que venait de lancer Jeremy. J'aimais bien les érudits, mais je devais avouer qu'il était encore plus bavard que moi et pourtant je trouvais ça difficile. J'ai bien cru qu'à certains moments de cette journée que j'allais agir violemment envers lui, mais la sagesse m'empêcha de faire ça. Je disais cela, mais en même temps c'était grâce à son chameau si nous avions pu survivre aujourd'hui.

            Jeremy me fixait en espérant que je passe la soirée avec lui. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs alors je lui lançai

            Mon cher, je vais maintenant y aller, mais sachez que si jamais je repasse par là un de ces jours je compte bien vous rendre visite.

            À la prochaine alors Richard !

            Jeremy s'en alla de son côté tandis que je me dirigeais du côté opposé afin de trouver un hôtel.

            N'empêche en y repensant, je me disais que cette journée fut riche en émotion. Trouver une plante au milieu de nulle part et encore mieux de nouvelles connaissances... Je trouvais beaucoup mieux que de rester derrière un bureau même si c'est beaucoup plus difficile.