Des perles de sueur qui viennent m'orner mes mirettes sèches. Mes palmes serrant, essorant fort mon minable T-shirt, dégoulinant d'ce fluide odorant qui arrose ce sable brûlant, qui boit ma moiteur comme s'il crevait lui-même de soif. En tailleur, torse nu, grimaçant et pestant au sommet d'une dune, rien d'autre que moi qui défie l'soleil de finir son oeuvre. J'suis pas encore sec ! J'suis pas encore sec ! J'suis toujours pas un alevin rachitique et implorant la clémence des nuages ! J'prie pas la pluie ! J'suis pas vaincu, et j'ai toujours de la ressource ! Ta friture de poiscaille est loin d'être à point !
Hihihi.
Un rictus s'est dessiné sur ma trogne et un ricanement nerveux l'a coloré. Mon statut m'fait bien rigoler, ouais. J'suis en permission, personne viendra me tirer d'ici. J'crache souvent sur mes camarades larbins d'la mouette, et c'est quand j'aurais l'plus besoin d'eux qu'je me rends compte qu'ils auraient aucun compte à m'rendre. J'ai été imprudent, j'peux en vouloir qu'à moi-même. J'ai voulu faire le mariole et ait tenté d'me forger un petit trip initiatique à travers un paysage plat et paisible, mais au final... Toutes les dunes se ressemblent. Chaque grain de sable est le frère de tous les autres. Alors à force de m'enfoncer dans la gorge sèche du désert, il a fini par m'avaler. Y a bien quelques mirages qu'ont tenté d'me redonner espoir, mais j'suis pas dupe. Dans le désert, les apparences sont trompeuses. C'aurait été bien d'me lancer à l'aventure en gardant ça en tête...
Les souvenirs joyeux qu'j'me suis payé à Hinu Town y a quelques années s'laissent écraser par mes migraines et mes coups de soleil. J'maudis ma propension à tout gâcher. J'maudis ces rares excès d'confiance qui entraînent ma raison à m'laisser croire l'incroyable. Ça remonte à quelques jours, c'est flou. Le soleil me grillait p'tete déjà les neurones. L'a p'tete suffit de deux-trois faux-contacts dans ma cervelle disjonctée, et clac ! V'là la brillante idée de déambuler dans l'désert sans guide et sans jugeote, équipé d'ma bite et d'ma gourde. Même pas un couteau. Mes crocs feraient l'affaire, j'suppose. Mais la nature n'a pas peur des morsures.
Poiscaille poisseux dont la peau s'assèche, égaré dans des contrées arides, protégé par un mignon couvre-chef enveloppant sa grosse tignasse recyclée en une éponge dégoulinante, crinière éclatante d'un fabuleux noir de nuit constellé d'étoiles ! J'préfère voir mes poils suants ainsi, de façon un peu imagée, plutôt qu'comme... bah, comme de simples poils suants et puants, comme une espèce de grosse fontaine velue.
Trois jours de vie au rythme du désert, et sa mélodie des souffles chauds qui me charme et me nargue, et cet orchestre de vilaines bêtes qui s'faufilent sous mes sapes, et cette chanson redondante des heures, le jour cuisant dansant avec la nuit glaciale.
Merde. J'ai l'esprit qui s'évapore en un nuage de poésie miteuse. J'perds la boule, la peur m'craquelle les tripes. Mais j'arrive pas à m'effrayer. J'suis trop plat pour ça. J'fais visiter la gourde à ma langue, pour tenter d'y attraper les dernières gouttes. Non, rien. Rien. Une heure que j'ai plus d'eau. Ça signe mon arrêt de mort. Moi, j'pensais que ça serait la vie et ses horribles surprises qui m'buterait à petit feu. En fait, non. Ça sera juste un désert. C'est naze. Finir comme ça. Une carcasse cramée au soleil sans panache, l'histoire d'un abruti lancé dans une aventure qui l'a trahi. S'est pris pour un espèce de requin des sables mais n'va rien devenir d'autre qu'une pitance de vautour. L'sort de tant d'autres importuns avant lui, de tant d'autres profanateurs du sanctuaire du soleil qui... Non ! J'veux pas finir comme ça, non non non.
Me relève brutalement, mon fringue sous l'bras. M'frotte les mirettes, peste contre ce sale sable qui s'colle à mon cuir crasseux et m'infecte d'un fumet d'fennec. Et moi qui m'étais fais un brin d'toilette avant de partir en balade... Chassez le naturel, il revient au galop. Que faire, alors ? Pour le moment, m'chercher un exutoire. Routine, ça, les situations pas reluisantes, et j'ai besoin d'pester quand ça m'arrive. J'suis le hochet du destin : il me secoue, me mord, me bave dessus, mais j'suis désormais bien habitué à m'sortir de ses tours malicieux. Allez, courage ! Reprends espoir ! Une fois qu'j'aurai châtié un responsable, j'me sentirai plus apte à tracer.
Alors, j'fusille des yeux la grosse boule de feu moqueuse là-haut, je m'arme d'ma langue qui tire des jurons aiguisés. Je lui hurle :
J'suis toujours pas dingue, salaud d'Soleil ! A force de tracer tout droit, j'tomberai bien sur quelque chose ! Et quand ta catin d'Lune viendra m'geler les miches, j'serai la face retournée dans un oasis, à boire, à boire comme jamais, à m'gonfler de flotte comme un gros poisson globe. La Lune en reviendra pas. Et alors, ma gueule pointera d'la surface, et lui crachera un mollard visqueux à la face, par delà les étoiles ! YAHAHAHAH-
J'ferme ma grande gueule, car un son parasite m'pique mes esgourdes. Ça ressemble à des pas froissant le sable. Des pas de gens. Des gens, encore vivants, comme moi. C'est pas possible. J'serais plus seul ? Du haut d'mon sommet, j'mire les alentours. J'débusque d'étranges silhouettes fallacieuses au loin. Foutus espoirs ! Foutus mirages ! J'gigote des bras, et m'fous copieusement des tronches de ces ombres.
EEEEEH OOOOOH !! HAHA !
Comme la réalité m'humilie, faut bien que j'canalise ma rancune sur quelque chose... Navré, les hallucinations, z'êtes chouettes. Mais j'ai besoin d'vider ma hargne, là...
Hihihi.
Un rictus s'est dessiné sur ma trogne et un ricanement nerveux l'a coloré. Mon statut m'fait bien rigoler, ouais. J'suis en permission, personne viendra me tirer d'ici. J'crache souvent sur mes camarades larbins d'la mouette, et c'est quand j'aurais l'plus besoin d'eux qu'je me rends compte qu'ils auraient aucun compte à m'rendre. J'ai été imprudent, j'peux en vouloir qu'à moi-même. J'ai voulu faire le mariole et ait tenté d'me forger un petit trip initiatique à travers un paysage plat et paisible, mais au final... Toutes les dunes se ressemblent. Chaque grain de sable est le frère de tous les autres. Alors à force de m'enfoncer dans la gorge sèche du désert, il a fini par m'avaler. Y a bien quelques mirages qu'ont tenté d'me redonner espoir, mais j'suis pas dupe. Dans le désert, les apparences sont trompeuses. C'aurait été bien d'me lancer à l'aventure en gardant ça en tête...
Les souvenirs joyeux qu'j'me suis payé à Hinu Town y a quelques années s'laissent écraser par mes migraines et mes coups de soleil. J'maudis ma propension à tout gâcher. J'maudis ces rares excès d'confiance qui entraînent ma raison à m'laisser croire l'incroyable. Ça remonte à quelques jours, c'est flou. Le soleil me grillait p'tete déjà les neurones. L'a p'tete suffit de deux-trois faux-contacts dans ma cervelle disjonctée, et clac ! V'là la brillante idée de déambuler dans l'désert sans guide et sans jugeote, équipé d'ma bite et d'ma gourde. Même pas un couteau. Mes crocs feraient l'affaire, j'suppose. Mais la nature n'a pas peur des morsures.
Poiscaille poisseux dont la peau s'assèche, égaré dans des contrées arides, protégé par un mignon couvre-chef enveloppant sa grosse tignasse recyclée en une éponge dégoulinante, crinière éclatante d'un fabuleux noir de nuit constellé d'étoiles ! J'préfère voir mes poils suants ainsi, de façon un peu imagée, plutôt qu'comme... bah, comme de simples poils suants et puants, comme une espèce de grosse fontaine velue.
Trois jours de vie au rythme du désert, et sa mélodie des souffles chauds qui me charme et me nargue, et cet orchestre de vilaines bêtes qui s'faufilent sous mes sapes, et cette chanson redondante des heures, le jour cuisant dansant avec la nuit glaciale.
Merde. J'ai l'esprit qui s'évapore en un nuage de poésie miteuse. J'perds la boule, la peur m'craquelle les tripes. Mais j'arrive pas à m'effrayer. J'suis trop plat pour ça. J'fais visiter la gourde à ma langue, pour tenter d'y attraper les dernières gouttes. Non, rien. Rien. Une heure que j'ai plus d'eau. Ça signe mon arrêt de mort. Moi, j'pensais que ça serait la vie et ses horribles surprises qui m'buterait à petit feu. En fait, non. Ça sera juste un désert. C'est naze. Finir comme ça. Une carcasse cramée au soleil sans panache, l'histoire d'un abruti lancé dans une aventure qui l'a trahi. S'est pris pour un espèce de requin des sables mais n'va rien devenir d'autre qu'une pitance de vautour. L'sort de tant d'autres importuns avant lui, de tant d'autres profanateurs du sanctuaire du soleil qui... Non ! J'veux pas finir comme ça, non non non.
Me relève brutalement, mon fringue sous l'bras. M'frotte les mirettes, peste contre ce sale sable qui s'colle à mon cuir crasseux et m'infecte d'un fumet d'fennec. Et moi qui m'étais fais un brin d'toilette avant de partir en balade... Chassez le naturel, il revient au galop. Que faire, alors ? Pour le moment, m'chercher un exutoire. Routine, ça, les situations pas reluisantes, et j'ai besoin d'pester quand ça m'arrive. J'suis le hochet du destin : il me secoue, me mord, me bave dessus, mais j'suis désormais bien habitué à m'sortir de ses tours malicieux. Allez, courage ! Reprends espoir ! Une fois qu'j'aurai châtié un responsable, j'me sentirai plus apte à tracer.
Alors, j'fusille des yeux la grosse boule de feu moqueuse là-haut, je m'arme d'ma langue qui tire des jurons aiguisés. Je lui hurle :
J'suis toujours pas dingue, salaud d'Soleil ! A force de tracer tout droit, j'tomberai bien sur quelque chose ! Et quand ta catin d'Lune viendra m'geler les miches, j'serai la face retournée dans un oasis, à boire, à boire comme jamais, à m'gonfler de flotte comme un gros poisson globe. La Lune en reviendra pas. Et alors, ma gueule pointera d'la surface, et lui crachera un mollard visqueux à la face, par delà les étoiles ! YAHAHAHAH-
J'ferme ma grande gueule, car un son parasite m'pique mes esgourdes. Ça ressemble à des pas froissant le sable. Des pas de gens. Des gens, encore vivants, comme moi. C'est pas possible. J'serais plus seul ? Du haut d'mon sommet, j'mire les alentours. J'débusque d'étranges silhouettes fallacieuses au loin. Foutus espoirs ! Foutus mirages ! J'gigote des bras, et m'fous copieusement des tronches de ces ombres.
EEEEEH OOOOOH !! HAHA !
Comme la réalité m'humilie, faut bien que j'canalise ma rancune sur quelque chose... Navré, les hallucinations, z'êtes chouettes. Mais j'ai besoin d'vider ma hargne, là...