Walah des fois j’me dis j’aurais mieux fait d’me faire adopter par Salah le vendeur de grec du coin. Rien à voir avec la situation là en particulier, mais free kebab tous les jours ça doit pas être dég’. Surtout si Salah s’était marié avec Saliha la vendeuse d’épices du coin. Qui accessoirement se serait mise au commerce des sauces en tout genre. Tu vois ça, ça aurait été bien.
J’me prends un poteau dans la gueule pendant que j’étais entrain de rêvasser. Et de courir. Les deux en même temps oui tu m’cherches ? Ecoutes-moi p’tit récompenseur, c’est moi le boss ici, alors tu t’assois et tu écoutes. Enfin tu entends. TU LIS QUOI. ET EN SILENCE.
Merci.
J’dirais pas à quelques dorikis en plus aussi. T’es gentil.
Sauf que mon crew improvisé, il fait trop de bruit. Le fragile qui harcèle la donzelle, les potos qui harcèlent le fragile, la milice qui les entends, qui se mets à nous courir derrière, moi qui repense au dernier match de foot des CM2 tandis qu’on passe à côté de l’école, putain c’était serré, y’avait eu du beau jeu, puis finalement y’a eu un carton rouge et tout, évacuation des supporters, injures et cris, match annulé. Digne des plus grands.
Walah ils suivent bien la milice derrière, mais bientôt on les sème dans la foule, j’les guide, et on prends le tour à gauche. Ruelle étroite et étriquée.
Le souffle de la donzelle sur ma gueule.- Oh oui Robert ton souffle rocailleux sur mon faciès doucereux…
- Wesh frer tu dis quoi là ? Waaaaaah, m’parle plus là c’est quoi le délire.- Oh désolé je t’ai confondu avec Robert, un caillou. Tu sais je l’ai trouvé une fois dans la rue, il me regardait avec ses beaux yeux mats et…
- *Zoubir* https://www.youtube.com/watch?v=HopJnPrHjvw (tré orijinal)
- Lahchouma sur toi frèr vazy j’te parle pluuuuuuus.
Les deux potos se lèvent d’un regard partagé entre la haine et la peur qu'ils me destinent. Si j’bouge le petit doigt là j’les vois bien sursauter.
- Attendez je viens avec vous, je ne reste pas avec ce cas là, moi. Blasphème envers la sainte race masculine et sa virilité.
Ils s’cassent tous les trois. En fait, faut pas le dire, mais j’voulais juste les faire fuir. Pasqu’ils font beaucoup de bruit mine de rien, et que j’allais me faire chopper avec eux, mais mon plan machiavélique n’a pas marché à la perfection, en effet la fille est toujours là. Mais c’est pas grave, elle a la barre au dessus de sa tête colorée en vert. Ca veut dire qu’elle ne sera hostile que si on l’attaque. Des années d’rpg, ça vous forge j’vous dis. Donc ouais, j’ai pas de problème à ce qu’elle reste. Sauf si elle se fout de ma gueule ou un truc du genre. C'est pas sympa de pas respecter les gouts des gens. C'est un bobo qui prenait tout le monde de haut mais qui était pour l’égalité de tous qui l'a dit. Sisi.
Et puis, c’pas comme si l’histoire de Robert était vraie. Non, hein… Pas du tout oh. Enfin si une fois j’ai rencontré un caillou mais… ET PUIS MERDE JE M’ASSUME… A moitié. Bon en fait qu’on soit d’accord, c’était un rêve. Bon pas vraiment.
Mais on va faire comme si.
S’il vous plait.
Je suis très inspiré pour le titre
-… Naaan, Joe, attends, pars pas comme ça ! Tu veux pas qu’on aille se balader hein ?
-Il a parlé d’un caillou se nommant Robert et d’un souffle rocailleux… Si tu veux tout savoir, je préfère éviter de connaître la suite ! Ah, et le maître risque de te demander à te voir demain.
-…Non.
-Si. Ecoute chérie, c’est pas contre toi, mais t’as un problème au niveau de la gestion de la colère et de la violence… Mais lui, tu sais très bien qu’il pourra t’aider. Il a toujours une solution, quel que soit le soucis de départ.
-Mais… MAIS ! Grmmgngngniii… C’était pas de la violence !
-Tu le sais aussi bien que moi, et ce regard noir ne m’empêchera pas d’aller lui raconter l’affaire même si je t’avoue que tu fous sacrément les chocottes avec cette tête !
-JOE !
Déjà trop loin. Et vu la course qu’on venait de se faire pour fuir les Marins à nos trousses, j’aurais jamais pu le rattraper. Joe est p’têt une tapette, mais il est rapide.
J’reviens vers Akira qui s’est foutu à l’abri derrière un large empilement de caisses. Là, c’est sûr que personne ne pourra nous voir, à moins de venir dans la ruelle. Un soupir. J’m’assoie à côté de lui. Bon, faut avouer que son histoire avec le caillou là… C’tait un poil inquiétant et flippant. Et tout comme Joe, je n’avais pas besoin des détails. C’est préférable pour tout le monde au final…
J’reste avec le gars, un moment en silence. Il m’jette un regard en coin, comme si j’étais pas à ma place ici. P’têt qu’il s’attendait à ce que je parte comme les trois autres. Sauf que j’ai quelques questions à lui poser pour comprendre comment j’me suis retrouvée dans un bordel aussi monstrueux que le leur.
Se retrouver dans la maison d’une artiste excentrique et s’faire ensuite poursuivre parce que j’lui ai envoyé un coup sans faire exprès... Ça n’arrive pas tous les jours.
J’dois avouer que je me comprends plus trop après tout ça. Joe l’aurait encaissé tranquille, ma frappe. La peintre loufoque, l’a pas eu le temps. Elle a dû avoir mal. J’me sens pas tellement à l’aise. Ouais, quoi. Ça aurait pu être plus grave qu’un bleu et une bosse. Violence et colère. Mélange explosif sur moi. Ça m’dépasse et c’est effrayant. La prochaine fois que je me retrouve à m’énerver, qu’est-ce que ça donnera ? Un meurtre ?
Parce que j’l’ai senti, toute cette adrénaline, toute cette brutalité et cette agressivité. Ça palpitait dans mes veines, ça courrait dans mon cœur. Puis, tout s’est tu, mon sang s’est refroidi brusquement quand j’ai vu que j’étais allée un peu loin. Trop même.
Le silence s’éternise. L’est p’têt temps que je pose mes questions à l’adolescent.
-… J’ai toujours pas compris comment toi et l’gamin nommé Sigurd vous êtes retrouvés en caleçon ou torse nu… Tu peux m’expliquer le topo qui nous a emmenés dans un merdier pareil ?
Des gars à moitié à poil, vous en croisez beaucoup dans la rue, vous ?
…
En parlant de ça…
-Euh… Gars ? Elle est où ta chemise au juste ?
