[Présent - Solo] Pré-Arc Gavin/Zarek - Tekkaï!

▬ Moi. Darkcyan

©odage by Hathor

Ω Me voilà de retour chez moi, de retour à Navarone. Je suis fait pour servir la 101^ème division, l'élite de l'Élite. 'Faut dire que mon périple sur South Blue a été une mésaventure pénible et chiante. Le genre de truc qui tombe toujours au mauvais moment et que t'es obligé de suivre. Heureusement qu'on m'a rappelé d'urgence à Navarone. Maintenant que je sais que je peux faire mes preuves ici, je suis content et fier.

J'entre dans le bureau de mon supérieur. C'est toujours aussi sobre. Un unique bureau style Louis XIV prône au centre de la salle et des cadres représentant des héros de la Marine décorent les murs. Visiblement, Oko Takama m'attend depuis un moment. Il est vautré dans son grand fauteuil de cuir, les pieds posés sur la table comme s'il a rien fait de la journée. Pourtant, une pile de paperasse s'accumule à côté du cendrier. Ma présence lui fait pas plus d'effet que ma dernière visite. Froid, sans expression, il bouge pas d'un pouce. Finalement, au bout d'un moment, il retire ses pompes du bureau et se redresse. Je m'attends à ce qu'il s'affaisse comme une merde, mais rien.

▬ Heureux de te revoir en pleine forme, Sergent.

Y'a aucun signe de joie dans cette phrase, mais quelque part ça me fait plaisir de l'entendre de sa bouche. Je sens un certain feeling entre lui est moi. Après tout, on est cyborg tous les deux. Je sais que derrière sa façade patibulaire se cache un homme sensible. Même si on est modifié grâce à la technologie, on est avant tout humains. Je bouge pas, que faire face un homme comme lui? Je me contente de rester en garde-à-vous. J'avoue que je suis assez admiratif, c'est un costaud comme je les aime. J'attends sans un bruit ce que mon chef va me dire.

▬ Repos, Sergent. Voici ta nouvelle mission.

Il me tend un dossier que je prends aussitôt. Pendant qu'il m'explique, je regarde vite-fait le titre et le résumé.

▬ Tu connais déjà Gavin Alphens, n'est-ce pas? Il a volé un Hespéride à la Marine. Je veux que tu me le ramène et que tu me capture ce criminel.

Ah! Voilà enfin une vraie mission. En plus, j'ai une dent contre Gavin. J'ai déjà eu affaire à lui quand j'étais soldat dans la Marine régulière. Il m'en a fait voir de toutes les couleurs à l'époque. Mais maintenant, j'espère bien lui montrer que je suis plus fort que lui. Il prétendait qu'avec son Zoan il pouvait déglinguer n'importe qui. Je vais lui prouver que c'est faux!

J'aime pas les utilisateurs de Fruit du Démon. Ils sont trop fiers et trop sûrs de leur pouvoir. Peut-être que je suis jaloux, mais je peux dire que rien vaut la force de l'homme, la vraie. Moi, je peux être sûr de mes capacités et de jamais couler comme un con à cause d'une malédiction. Mais j'ai beau être une machine, je suis pas encore fort pour surmonter toutes les épreuves et gravir les échelons. Quelle frustration! Ça me fait chier. J'ose alors demander une requête à mon supérieur dans l'espoir de devenir meilleur. Même si je suis déjà le Sergent le plus fort de la base, je reste une couille molle pour un quelconque gradé.

▬ Est-ce que je peux vous demander une requête, mon colonel?

Ses yeux clignent pas, il bouge pas d'un pouce. Il dégage toujours une aura puissante à en faire fuir plus d'un. À cet instant, je me dis que je viens de faire une bourde. Maintenant, c'est moi qui bouge pas. Je détourne mon regard sur son corps mécanique pour éviter de défier le sien. Il est pas le "le Basilic" pour rien. Finalement, il me pose une question avec un ton qui trahit son manque de sentiment, même s'il se veut curieux.

▬ Laquelle, Sergent?

Je remue ma bouche, mais rien sort. Je me retrouve comme un con a pas trouver mes mots. J'avale alors ma salive et je me ressaisi. D'abord, mon ton est timide.

▬ Vous connaissez mon père Aran Z. Golgoth?

Il dit rien, mais je prends son silence pour un oui. J'explique pas qui était mon paternel, je fais aucun détail. Je cherche à être bref. Je reprends alors de l'assurance.

▬ Pendant mon enfance, il a tenté vainement de m'apprendre le Rokushiki, mais j'étais trop jeune à l'époque et pas assez fort. Maintenant, je pense pouvoir assimiler les techniques. Avec votre permission, j'aimerais que vous soyez mon professeur.

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Ω Oko Takama dégage son bureau du centre de la pièce en le poussant dans un coin aussi facilement qu'une cagette vide. Je dis rien, j'observe. Il se place à l'endroit où a été le meuble et commence l'enseignement. Et dans toutes études, il y a d'abord la théorie brève, puis la pratique.

▬ Oublie ce que ton père a pu te dire sur le sixième style. Et concentre-toi sur le présent.

Portant son cigare à la bouche, il fume quelques instants et reprend.

▬ Je peux t'apprendre une technique aujourd'hui, mais pas les six. Laquelle veux-tu connaître en premier?

Question pertinente. Shigan pas la peine pour l'instant, j'ai déjà un arsenal suffisant pour effectuer n'importe quelle mission. Ran Kyaku non plus. Geppou c'est intéressant, mais j'ai déjà de quoi bouger avec mon grappin. Soru c'est très tentant, car je connais des pirates puissants comme Ral Zarek qui m'ont surpris plus d'une fois. Et c'est rageant de savoir qu'ils maîtrisent cette technique alors que moi non. Kami-E une autre fois, peut-être en dernier. Tekkaï me semble plus approprié pour commencer.

▬ Sans hésité, le Tekkaï, monsieur.

Pour la première fois, je vois mon supérieur faire un sourire. Je suis perplexe tout d'un coup. Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir me faire? On dirait qu'il est contant que j'ai choisi cette technique précisément. Ça me fait peur.

▬ Très bien. Le Tekkaï c'est facile. Il faut que tu penses à la chose la plus dure au monde, tu dois devenir un roc indestructible. Contracte tes muscles.

Je sais pas quoi penser. Ça me parait dingue. Je me concentre alors, je cherche à faire comme il me dit.

▬ J'attaque et toi tu bloques.

D'un coup, un poing vient percuter ma cage thoracique, je perds presque mon souffle. J'ai décollé d'une semelle, mais j'ai une vive douleur au torse. Oko a modéré son attaque, mais elle me fait quand même super mal. J'imagine même pas la bête qu'il est. Portant ma main à l'endroit où j'ai mal, je réplique aussitôt.

▬ J'étais pas prêt, mon colonel...

Facile à dire qu'à faire, mais je pense avoir pigé. Après tout, j'ai subi un nombre incalculable de coups pendant 35ans, mon corps commence à avoir l'habitude. Raidir les muscles, vraiment? Si y'a que ça qui manque, alors je devrais pouvoir maîtriser le Tekkaï plus tôt que prévu.

▬ Oui, mon colonel.

Rebelote, Oko donne un coup de poing dans mon ventre, l'une des parties du corps le plus moue si on le travaille pas. Je me concentre au max, j'ai les joues rougies. J'ai presque l'impression que je vais lâcher une caisse en tenant cette position à attendre un coup qui jamais vient. Oko a fait un coup plus rapide au niveau de ma tête. Sa main percute mon crâne avec la même puissance que la première. Le choc en fait tomber ma casquette.

▬ Tous tes muscles doivent se raidir. Arrête de te prendre des coups, d'encaisser. Il faut que ton corps soit le plus résistant des rocs, le meilleur des boucliers.

Je veux bien, mais c'est plus compliqué que je le pensais. Je dois commander à mon corps entier, c'est un effort colossal. Je reprends ma position et je souffle un bon coup. Je fais le vide dans ma tête, je pense à une montagne. Mais je me vois pas comme un roc, la pierre c'est trop fragile pour moi. Mon corps doit être un acier, un métal fait pour toutes épreuves. Je suis une machine.

▬ Tekkaï!!

Je sais que mes muscles sont aussi dur que le titane. Oko me frappe une troisième fois. Son poing percute un corps robuste, un corps qui flanche pas. J'ai rien senti. Son attaque s'est écrasée comme une mouche sur une vitre. J'ai tellement l'habitude de me manger les coups que ça me fait un drôle d'effet. Je suis trop contant, ça a marché!

▬ C'est très bien mais crois-tu tenir longtemps?

À peine sa phrase terminée, il enchaîne une série de coups. Je suis pas préparé à recevoir autant d'attaque à la chaîne. Les premiers poings s'écrasent sur mon torse durci par mes muscles. Mais rapidement, mon corps supporte pas et cède sous la pluie de poings. J'encaisse comme à mon habitude, relâchant mes muscles malgré moi. La dernière frappe me propulse juste devant la porte. Je me relève en regardant mon supérieur, un peu intimidé. J'ai mal, mais je peux encore continuer l'entraînement

Sans rien ajouter, Oko attend que je me repositionne. Il sait que j'ai compris. Je manque juste de la pratiquement. C'est en forgeant qu'on devient forgeron, qu'on dit. Alors je vais apprendre à durcir mes muscles aussi longtemps que mon supérieur m'accordera. Je suis capable d'arriver, je le sais!

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Ω Une paire de minutes plus tard et de bleus, la séance tire à sa fin. J'ai enduré plus de coups que toute l'année de mes 20ans. Je suis presque fatigué à force de résister et de durcir tant bien que mal mes muscles. J'ai des hématomes partout et je saigne çà et là. 'Faut dire que je m'en suis mangé des beignes, aujourd'hui... Le goût est étrangement amère. Je suis étalé au sol, j'ai assez encaissé pour cette fois. Une attaque c'est rien, mais un millier, même à la suite, c'est hard. J'ai terminé mon entraînement. Je peux pas partir en mission à moitié déglingué! Mais Oko n'a pas fini avec moi.

▬ Ce n'est pas terminé, Baal.

Sans demander mon avis, il me prend par le pied, ouvre la fenêtre et commence à marcher dans l'air. Mais que fait-il? Il veut m'apprendre le Geppou dans la foulé? Je suis H.S. Je m'attends au pire. Peu à peu, on s'éloigne de la façade rocheuse à mon grand désarroi. Longeant des passerelles et des canons, on continue notre voyage sous les regards étonnés des copains. 'Faut dire qu'on voit pas tous les jours le commandant de la 101^ème se promener dans les airs pour le plaisir. Les soldats au sol profitent du spectacle peu commun pour arrêter temporairement leur travail. Mais où est-ce qu'Oko n'emmène, bordel? Finalement, j'ai ma réponse, on s'arrête au-dessus d'une plateforme en béton armé épais de plusieurs mètres. Je crains vraiment le pire maintenant. Mon supérieur me pose une question, question dont il a déjà la réponse.

▬ Tu as déjà fait une chute de plusieurs mètres, Baal, n'est-ce pas?

Des kilomètres même! Hé oui, j'ai déjà vécu cette expérience terrible dans ma vie et je pensais pas la revivre de sitôt. À l'époque, je suis tombé littéralement à Navarone. Le navire volant dans lequel je me trouvais a explosé. C'est un souvenir douloureux, j'aime pas en parler. Je préfère l'oublier.

▬ Me dites pas que vous allez vraiment faire ça?!

Il évalue la distance entre nous et le sol. Il décide de monter plus haut encore. Il sait que le métal qui recouvre mon corps est assez résistant pour supporter un impact aussi violent qu'occasionnerait la chute.

▬ Ah! C'est pas vrai, il va vraiment le faire! Mais Monsieur, vous avez pas une autre méthode?? C'est pas drôle!

Putain! Je commence à faire dans mon froc. Je l'imaginais pas comme ça le Oko. J'ai pas envie de revivre l'expérience, c'est juste horrible. J'ai pas envie de me remémorer l'incident qui a failli coûter ma vie. J'ignore comment j'ai fait concrètement pour survire la dernière fois, mais c'était sûrement pas le Tekkaï! Malheureusement, mes supplications font rien, décidément bien insensible le chef. Il s'arrête d'un coup de grimper. J'ose même pas voir de combien on a gagné d'altitude.

▬ Ce n'es pas toi qui m'a demandé d'apprendre le Rokushiki? N'oublie pas ce que je t'ai enseigné. Soit le roc, devient l'acier qui parcourt ton corps, rien d'autre. Ne flanche pas. Contracte bien tes muscles à l'atterrissage et tout se passera bien. C'est le danger qui te forme.

Je tombe dans les pommes avant ou bien...? Oko me lâche le pied. Et ce qui doit arriver arrive. Je tombe inlassablement, la vitesse augmente au fur et à mesure que je m'approche du sol. La dernière fois j'avais au moins un drap pour ralentir la chute, mais là j'ai désespérément rien. Je vais mourir!

▬ Noooooooonnnnnnn!!!!!

Pendant que je cherche une autre issue, Oko me double en couplant ses Sorus et ses Geppous en direction du bas. Il m'attend à la sortie. Bordel, je tiens à la vie, moi. Je regarde partout, mais on est trop loin d'une quelconque structure. Je peux oublier mon harpon. Mon supérieur a foutrement bien choisi l'endroit. Merde! Il me reste que le Tekkaï. Encore cent mètres, encore cinquante, vingt, dix, cinq.

Je me concentre à peine, c'est de l'instinct qui parle. Mes muscles se contractent immédiatement, comme sentant le danger.

▬ Tekkaaaaaaaaaï!!!!!

Entre mon corps propulsé à grande vitesse à cause de la chute et le Tekkaï, je vaux plusieurs boulets à moi tout seul. L'impact est violent. Un cratère se créer, fissurant toute la plateforme en béton. Des nuages masquent le trou que j'ai formé en un instant. J'ai rien senti. J'ai même pas flanché malgré la légère fatigue. Je suis en vie! Quand la poussière retombe, je vois quelques soldats courir dans ma direction pour savoir ce qu'il s'est passé. Oko se tient près de moi, debout. Visiblement, il affiche aucune joie.

▬ Avec un peu plus d'expériences et de pratiques, tu devrais pouvoir maîtriser le Tekkaï, Sergent. Félicitation. Peu de gens sont capables d'apprendre vite.

Sans attendre une seconde de plus, il se propulse avec un Geppou dans les airs, comme si rien s'est passé et me dit une dernière chose.

▬ Termine ta mission et je t'apprends les autres techniques.

Il m'abandonne aussitôt comme si je n'ai jamais existé, me laissant seul avec des soldats. 'Vont me faire chier cela... Je sors à peine d'une vive émotion là. J'espère que cette chute vaut vraiment la chandelle. Y'a plus qu'à tester la technique contre Gavin, on verra bien...

©odage by Hathor