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Stefan Defoe, navigateur pointilleux. Juste un peu

>> Defoe Stefan

Stefan Defoe, navigateur pointilleux. Juste un peu 72526224966655

Pseudonyme :: Stefi
Age: 26
Sexe: Masculin
Race: humain

Métier : Géographe, Navigateur
Groupe: Pirate, équipage des Desperados
But :Nettoyer le monde entier de la saleté. Peut-être qu'en aidant son Capitaine à trouver le One piece, il obtiendra une bouteille de javel géante ?

Aptitude que vous désirez posséder après votre validation Connaissance encyclopédique du monde (je sais, cela se rapproche un peu de la mémoire eidétique...)
Équipement  :
*Bibliothèque personnelle qu'il a installé dans son bureau du navire.
*Balai télescopique (rétractable donc) qui se présente à la base sous la forme d'un petit tube. Par pression sur un bouton, ou par un mouvement du poignet spécifique, le tube s'allonge cran par cran ou d'un seul coup pour devenir un bâton à peine moins grand que lui. En dernier lieu (ce n'est pas obligatoire), des franges sortent de l'extrémité.
*Arc fabriqué par les techniciens Desperados, avec un carquois sur mesure, et des flèches possédant différentes propriétés.

Codes du règlement :
Ce compte est-il un DC ? :non, il s'agit d'un remplacement de personnage (un pnj qui devient pj et vice-versa) : Elinor Lafayette
Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Red



>> Physique

Bonjour, Grand-Père Edward, c'est Linette. Je t'apporte des lys aujourd'hui. J'espère que ça te plaira.  Je les pose là... Je vais m'en occuper. Cela fait un moment que je n'étais pas venue te voir, j'ai du travail !
Stefan m'a contacté hier par Denden, je vais pouvoir te donner des nouvelles. Cela fait des mois qu'il est parti de la maison...

Du coup, j'ai eu envie de ranger les affaires qu'il a laissé et je suis tombée sur de vieilles photos de famille. C'est fou ce qu'il te ressemble au même âge.
Ses cheveux lisses et brillants sont cependant plus longs que les tiens, ils lui arrivent au creux des reins. Leur couleur malachite accentue la pâleur de sa peau. Il les ajuste gracieusement, soit quand il les laisse lâchés, soit il les attache en catogan. C'est drôle, mais malgré tout le soin qu'il y porte, il a toujours ses épis sur le haut du crâne qui font partir quelques mèches dans tous les sens ! Il rage tous les matins quand il se coiffe mais jamais n'a réussi à les domestiquer.
Je dois reconnaître qu'il a des traits plutôt fins pour un homme : un visage triangulaire, terminé d'un menton pointu. Pour autant, il n'est pas androgyne. Ses yeux d'un bleu tirant sur le violet lui donnent un regard dur et froid. J'ai toujours l'impression qu'il lit en moi, qu'il me transperce. Son nez, étroit et court, ses lèvres pincées, son cou gracile, concourent à lui donner une allure noble, un peu hautaine.  

Je me pose des questions sur son corps. Comment une personne qui reste aussi sédentaire a-t-elle pu rester aussi mince ? Stefi mange certes assez sainement, et il est plutôt grand. Au jugé, il doit faire dans les 1m85. Ce qui lui donne une silhouette fine et grande. Mais il devrait s'encroûter. Je le soupçonne de faire des exercices en douce dans son bureau. Il n'a pas un poil de graisse, nul part ! L'autre jour, quand je l'ai vu sortir de la douche - j'ai osé jeter un coup d’œil par la porte de la salle d'eau -  j'ai même constaté qu'il était un peu musclé, surtout au niveau des jambes, où il a toujours ses cicatrices. Cela fait cinq ans que c'est arrivé, et elles marquent toujours sa peau.
En tout cas, il est loin d'être aussi frêle qu'on peut le penser. Mais comme il cache bien cet aspect de lui par ses vêtements, beaucoup vont se méprendre sur le sujet. Il va donner l'illusion d'être vulnérable. Je n'arrive pas à déterminer si c'est ou non une bonne chose. Il risque de devenir une cible privilégiée. Peut-être en profitera-il pour prendre par surprise ?

Ce serait tout à fait son genre, l'effet de surprise. Combien de fois est-il arrivé derrière moi sans que je m'en doute et qu'il me fasse sursauter ?  Il se déplace plutôt à l'instar d'un chat. Toujours une allure lente et posée. Des gestes doux et précis. J'ai toujours cru qu'il marchait sur des œufs tellement il se montre précautionneux. Calculerait-il le moindre de ses pas, le moindre de ses gestes, ou est-ce naturel ? Quand le cas contraire, ce doit être fatiguant à la longue, un port distingué. Le dos toujours droit quand il marche. Heureusement il n'est pas toujours raide comme la justice. Vu tout le ménage qu'il accomplit, il aurait vite mal aux articulations.

Il va vraiment contraster, entre sa démarche et sa garde-robe, avec les autres bandits des mers. Je l'ai vu partir vêtu de sa tenue de prédilection. Sa Chemise blanche est assortie à une cravate à l'ancienne. Ce n'est pas du tout à fait un jabot, il n'y a pas les froufrous de cet accessoire. Il y superpose un veston jaune et beige, très travaillé, tissé main. Et enfin un long manteau noir, qui lui tombe jusqu'à mi-mollet, à la coupe harmonieuse, qui suit tous ses moindres mouvements à la perfection. Ces trois hauts sont brodés d'or fin ; le savoir-faire Zaunien, là encore. Son pantalon noir est rentré en bas dans des bottes hautes, qui le protègent jusqu'aux genoux. J'ai noté, en visitant sa chambre, qu'il avait emporté d'autres vêtements, Chemises, pantalons, essentiellement. D'autres paires de bottes. Et un nombre incalculable de gants. Le tout de couleur sombre. Il dit toujours que la saleté se voit moins de cette manière. Il est vrai qu'une tâche de sang s'y distingue moins que sur du blanc.  

>> Psychologie

Je suis sûre que tu t'inquiètes aussi sur son avenir. J'avoue que les membres de l'équipage que j'ai rencontré sont sympathiques, mais cela suffira-t-il pour qu'il se fasse apprécier ? Stefan n'est pas quelqu'un de méchant, mais il est tellement réservé.

Cela vient de notre condition sociale, et de notre éducation. On nous a toujours appris qu'il ne fallait pas se montrer faible et ne pas fléchir devant les autres. Il est déterminé et têtu, tout en restant discret. Il sait toujours tirer profit de la situation (même lorsqu'elle est désespérée) et se révèle être un fin calculateur. Il a obtenu très jeune la reconnaissance de ses pairs par ses compétences et son savoir qui semble illimité. Je crois que, de toute notre famille, il est le plus intelligent. Oui, même plus que toi, Grand-Père ! Il passe son temps à lire, à étudier, à travailler, à croire qu'il n'a jamais aucun loisir.
Je grossis le trait. Il y a bien une activité qu'il accomplit en dehors de tout ça. D'aussi longtemps que je me souvienne, il pratique le tir à l'arc. Cela correspond tout à fait à son caractère. Avant qu'il ne se cantonne dans ses appartements, il sortait dès qu'il en avait l'opportunité avec son arc. Il calculait les trajectoires avec précision, jouait avec la météorologie et les rebonds, comme s'il était un navigateur, prévoyait un chemin à prendre pour son navire. Un sport qui lui collait parfaitement bien, lui qui est si soigneux.

Peut-être justement est-ce cela son grand défaut. Il est trop sérieux. Même s'il comprend l'humour, on dirait qu'il se force à ne pas rire et éprouve de grandes difficultés à laisser tomber le masque. Il rit sous cape, mais à gorge déployée, jamais. Pourtant, il a son propre sens de la répartie et des bons mots.  
Sa méticulosité et son savoir ressortent trop dans les conversations, même les moins mondaines. Il ne peut pas s'empêcher de corriger les gens, de leur apporter des informations dont ils n'ont pas forcément besoin. Il se montre souvent outrecuidant. A Zaun, c'est une chose commune, c'est presque une marque de fabrique chez les natifs de cette île. Mais pour les étrangers,  il va paraître condescendant et méprisant. Il met tellement de distance entre lui et les autres.

Pourtant, je suis persuadée que c'est une image qu'il souhaite donner. Je le connais différemment des autres. Il a le cœur sur la main, et ne souhaite pas, par ses attitudes hautaines, enfoncer les plus faibles. Chacune de ses interventions a été réalisée dans le but d'aider. Sur ce point, il va à contre-courant de la mentalité de Zaun. Il est capable de compassion et d'écoute. Il se montre peu bavard sur son côté altruiste, c'est dommage. C'est une partie de sa personnalité appréciable, mais il ne la dévoile pas facilement. Tout comme il n'aime pas parler de lui en règle générale. Il doit vraiment être en confiance pour s'ouvrir.

Malheureusement, cela ne va être facile. Stefi est toujours hanté par cet accident et s'est encore plus replié sur lui-même. Le faire sortir de sa chambre pour monter sur un bateau pirate tient du miracle. Parcourir le monde avait été un de ses rêves. Rêve tombé à l'eau depuis qu'il est prisonnier de sa phobie.
Être rangé est une chose : son bureau est classé logiquement, tous les instruments ou livres ont une place déterminée. Cela lui permet d'être plus efficace.
En revanche, son obsession n'est pas naturelle. Le moindre mouton, la moindre poussière lui sont insupportables ; il doit tout nettoyer, immédiatement. Il prend une dizaine de douches par jour. Il a toute une collection d'objet de nettoyage (lingettes, balais, éponges, gants, serpillières) qu'il change une fois par semaine quand la crasse s'y accumule trop.  Il doit à tout prix avoir un environnement sain.
Il ne peut supporter ni la vue, ni le toucher de la saleté, d'où un port fréquent de gants. D'un point de vue alimentaire, il est très difficile. Il demande à étudier la traçabilité de chaque ingrédient qui ira dans son assiette. Il désespère notre cuisinière et nos fournisseurs.
Face à cette pure terreur, il réagit de deux manières. Il reste pétrifié quelques secondes, avant de partir en courant à la recherche de n'importe quoi qui puisse nettoyer. Quitte même à se gratter jusqu'au sang, bien que nous ayons tenté, sans grand succès, de l'en empêcher. De toute façon, il lui suffit de voir l’hémoglobine sur sa peau pour le calmer aussi sec.
Mais le plus souvent, il râle ou se met en colère, alors qu'il s'empare de son balai pour réparer l'outrage. Autant il peut être calme et froid envers son entourage, autant il devient volcanique quand il panique, ou qu'il constate un comportement peu hygiénique. Il perd ses capacités de réflexion au profit d'une réaction instinctive.
Cependant, cette colère, telle que j'ai pu la constater, est assez violente. Je me demande jusqu'où il serait capable d'aller quand il est en crise. Tuer quelqu'un ? J'en tremble à cette idée, mais malheureusement, je crains la possibilité. Je souhaite qu'il ne croise jamais le chemin d'un éboueur. Heureusement, lorsque la situation s'apaise, il récupère vite son sang-froid.
J'espère qu'il saura s'acclimater à sa nouvelle vie, mais j'ai confiance en lui. En dépit de ses défauts, il a une grande capacité d'adaptation. Il est intelligent et débrouillard, il devrait s'en sortir.

>> Biographie

Depuis que je suis arrivée, je ne te parle que du départ de Stefan sur un navire pirate, mais je ne t'ai pas expliqué comment une telle chose a pu arriver. Rien ne le prédestinait à cela, admettons-le.

Tout le monde sur l'île de Zaun cherche avant tout à se dépasser, à être le meilleur, en faisant preuve de combativité intellectuelle comme physique. Le plus faible est dévoré au profit du plus fort. C'est une compétitivité perpétuelle, et ceux qui n'y adhèrent pas partent ou meurent. Dès le plus jeune âge, on apprend aux enfants à être excellents à l'école, et de vite trouver leur domaine d'activité professionnelle. Les cancres n'existent pas ; ou s'ils le sont, deviennent moutons noirs.

Heureusement, Stefan et moi n'étions pas de ce bois-là. Toute notre famille faisait partie d'une élite. Très vite, mon frère  en prit goût, et ne négligeait pas ses efforts. Pourtant, je pense que c'est ton influence qui lui donna envie de connaitre le monde extérieur. Tu étais l'un des rares Zauniens à avoir quitté l’île pour parcourir la planète et te procurer des informations sur d'autres pays, d'autres terres, d'autres cultures. La carte que tu avais ramené, de retour chez nous, le fascinait depuis des années et il s'amusait à la reproduire, à lire des récits de voyage ou des livres d'histoire se rapportant à ces contrées lointaines. Lui aussi rêvait de prendre la mer, et attendait l'occasion de faire connaître ses talents de géographe pour qu'il parte dans un équipage scientifique, ou qu'il se mette au service de la Marine, dont il surveillait les offres de recrutement. Mais il était encore trop jeune à l'époque pour s'engager ou partir en voyage.

Pour autant, il n'était pas resté sans rien faire bien longtemps. Nos parents rendaient souvent visite à d'autres familles de notables comme la nôtre, et trouvèrent bientôt un employeur pour Stefan, en la personne de Maitre Landers, lui permettant d'obtenir un bon salaire pour un travail d'urbanisme et d'archivistique. Stefi était si fier, et accepta avec enthousiasme. Je me souviens que tu l'étais moins. Tu pensais que l'étude des terres Zauniennes l'éloignait de son objectif. Tu n'avais pas tort sur ce point, bien que tu n'en imaginais pas encore la véritable cause.
Au départ, il établissait des plans de l'île, classait les archives, et examinait les cadastres avec soin. Il repéra très vite des approximations dont il faisait part à Maitre Landers qui partait enquêter sur le terrain. Cette tâche lui plaisait tellement que je le voyais rentrer tard et partir tôt, son regard brillant d'une lueur de joie. Manipuler des boussoles, des compas et des règles suffisaient à son bonheur, et il connaissait Zaun comme sa poche rien qu'en détaillant des plans.

Maitre Landers avait très vite reconnu les qualités de son apprenti, et lors de ses dix-huit ans, le prit comme associé dans son cabinet. Dès lors, je ne le croisais quasiment plus, à mon grand regret. Il passait son temps sur le terrain pour des examens, des calculs, des rencontres. Il se fit un nom à Zaun et on faisait souvent appel à lui pour des expertises. Il était fou de bonheur, me disait lors de nos rares rencontres qu'il ne parvenait pas à croire à sa chance. Et je pense que ces mots, justement, lui ont porté malheur.

Ton décès l'affecta profondément. Tu sais à quel point il t'aimait. Il ne pleura pas à ton enterrement, ce qui nous  déstabilisa sur l'instant. Il essayait de contenir en lui sa souffrance, afin de ne pas montrer de faiblesse aux nombreux habitants présents à tes obsèques. A l'intérieur, en revanche, il était blessé et seul. Il n'avait pas pu réaliser de ton vivant le voyage dont il rêvait, et pouvoir en parler avec toi à son retour.
Il perdit peu à peu goût à son travail, qu'il faisait avec moins de conviction, ce qui a Zaun était dangereux car très mal vu.

Mais tu continuais de veiller sur lui, ce fameux jour, comme tu l'as toujours fait. Je me souviens avoir ouvert la porte à tes amis, deux jours après la cérémonie. Tes compagnons de voyage, qui voulaient repartir en mer avec toi, réclamaient la présence de mon frère, dont tu leur avais tant parlé ! Tu penses bien qu'il aurait sauté au plafond s'il n'avait pas été aussi réservé. Sans réfléchir, il accepta. J'étais triste à l'idée de ne plus voir mon frère pendant des mois, mais heureuse pour lui. Toi, de là-haut, tu devais être aux anges.

Le lendemain, il annonçait à Maitre Landers son départ, prévu dans deux mois. Son associé regrettait de perdre un si talentueux collègue, mais ne s'y opposa pas. Il lui confia un dernier dossier, histoire qu'il puisse avoir un petit pactole qui l'aide à préparer son expédition. Le dossier de trop.

Comme tu le sais, la vie à Zaun est loin d'être sécuritaire, les disputes et les bagarres y sont monnaie courante.
Ces derniers temps, le ton montait dans un quartier de la Grande Ville entre deux personnes, qui n'arrêtaient pas de harceler tous les spécialistes disponibles au sujet d'un conflit de terrain qui persistait depuis plusieurs générations. Personne n'arrivait à trouver la solution, ce qui accroissait l'hostilité des concernés. Le Cabinet Landers & Defoe était le seul à ne pas avoir eu affaire au litige et fut bientôt mis à contribution. Stefan fut chargé de trancher : il était le plus doué dans ce domaine et reconnu en tant que tel.
L'un des deux partis, le plus agressif des deux, se trouvait être le plus floué dans l'affaire. Bien que mon frère n'eut encore pas donné son jugement, ce vieux était persuadé que quoiqu'il se passe, il serait le dindon de la farce. Il était toujours perdant dans ce dossier selon tous les précédents consultants, au point qu'il en était devenu paranoïaque. Ivre de rage, il n'acceptait pas qu'un jeune morveux, censé trancher définitivement cette affaire, le prenne de haut. En même temps, tel que je connais mon Stefi, son austérité ne jouait pas en sa faveur...

Le jour de l'examen du terrain, le vieillard y emmena mon frère qui se montra étonné par l'état de délabrement de la demeure. D'après la description du dossier, cela ne collait pas. Suspicieux, il ne voulait cependant pas croire à une malice de la part de cet homme âgé qui semblait plutôt désespéré. Stefan était là pour l'aider. C'était un défaut de mon petit frère : ne pas voir le mal chez les gens. L'expérience à venir allait lui apprendre la méfiance absolue.
Naîf, il pénétra dans la maison où régnait une obscurité totale. Impossible que le plaignait habite ici ! Il fit volte-face en réclamant une explication, mais le vieux poussa Stefan, le faisant tomber au sol. La maison était une ruine ; il n'en fallut pas beaucoup pour qu'elle s'effondre. Le sol s'écroula sous le poids du jeune homme, qui tomba d'un premier étage, puis d'un second, jusqu'à la cave.
Le choc l'ayant assommé sur le coup, il n'assista pas à la chute d'une poutre sur ses jambes. Lorsqu'il reprit connaissance, il ressentit une vive douleur au niveau de ses mollets. Ceux-ci étaient coincés par le support en bois. Impossible de bouger. Il se débattit dans ce sous-sol pendant trois jours, faisant preuve d'un instinct de survie extraordinaire, criant autant qu'il le pouvait pour être retrouvé.
L'annonce de sa disparition avait été donnée par Maitre Landers, inquiet de ne pas voir revenir son associé le lendemain de son rendez-vous.
Les secours mirent donc plus de vingt quatre heures à le retrouver, à l'aide du témoignage certes un peu tardif et vague d'un riverain. Stefan était à demi-conscient,  épuisé, et considérablement amaigri. Ses cordes vocales étaient arrivées à leur limite, sa voix était éteinte.
Le plus ironique, dans cette histoire, était que, selon les prévisions de Stefan, le vieux était dans son bon droit.

On l'amena directement auprès des meilleurs spécialistes de Zaun. La médecine de l'île étant très avancée, il fut pris en charge rapidement, et traité pour tous les maux dont il était atteint. Ses jambes guérirent, ne lui épargnant pourtant pas une difficile rééducation. Au bout d'un mois et demi, il revint à la maison. Il ne nous avait pas dit un mot depuis son réveil. Seule une personne était au courant de ce qu'il avait vécu, un médecin. Mais nous... nous étions dans l'ignorance.

***

Je sais pour ma part ce qu'il s'est passé, ma petite Linette. Et je comprends que mon petit-fils ne veuille pas en parler. Avec un peu d'imagination, on peut facilement comprendre. Oui, imaginez-vous seul sous terre, dans l'incapacité de bouger, pendant trois jours. Un toit s'est écroulé sur vous dans une maison insalubre. Que ferais-tu pour rester en vie, ma petite ? Dans ces cas-là, tout ce qui passe à proximité représente ta planche de salut. L'eau croupie ruisselant des murs sur lesquels donnent les égouts. La poussière, les animaux nuisibles. De quoi devenir fou quand on est assez raffiné que notre famille. C'est pour vous empêcher de vous inquiéter, de vous horrifier, mais aussi pour son honneur qu'il ne vous a jamais rien dit.

***

Quoiqu'il en soit, dès lors, il ne fut plus jamais le même. Il ne quittait plus la maison, faisait juste des aller-retours de sa chambre à la salle de bain, de la salle de bain à son bureau. Il était sous notre toit et pourtant on le ne voyait pas jamais. Il nous parlait à travers la porte, on lui transmettait la nourriture par un monte-charge qu'il avait fait installer par nos domestiques. Dès qu'on avait l'occasion d'entrer, il faisait immédiatement le ménage après notre départ. Il refusait de voir l'extérieur.
Les premières personnes à qui il adressa la paroles furent tes amis explorateurs, venus prendre de ses nouvelles. Ils n'étaient pas partis, l'attendant pour enfin quitter les côtes et remplir leur mission. Stefan leur fit un accueil des plus violents. Sa voix restée muette depuis son sauvetage résonna entre les murs comme des coups de tonnerre. Il congédia les scientifiques avec une violence que je n'avais jamais entendu chez lui. Nous étions mortifiés, mais nous ne pouvions rien faire. Sa volonté de naviguer était brisée.

Il démissionna de son travail, malgré nos encouragements et ceux de Maître Landers. Il s'instruisit et voyager par procuration, à travers des livres qu'il se faisait livrer par le librairie, après les avoir examiné et dépoussiéré. Il écrivait, il mesurait, il analysait, et développait ses savoirs géographiques à travers la littérature spécialisée. Nous avions bien essayé de lui faire comprendre qu'en s'éloignant du terrain, sa fonction de géographe perdrait en crédibilité et que personne ne voudrait l'embaucher, mais il se contentait de nous fixer en silence d'un regard glacial avant de nous snober. Nous, sa famille.

Vu que seule la propreté et la lecture lui importaient, nous essayions de l'aider à notre manière. Je lui offris un balai un peu spécial, pour ses vingt-deux ans, que j'avais commandé à un inventeur de Zaun. Au moins, à travers cet objet, j'avais l'impression d'être avec lui pour supporter son calvaire. C'est naïf, je sais. Mais j'aimais à le croire.
Une fois par an, il essayait de sortir. Il serrait le balai contre lui, mais dès qu'il voyait le ciel, gris ; les cheminées noires de suie... Il se mettait à trembler de tout son corps, faisait demi-tour, claquait la porte, remontait en courant dans sa chambre, entrait dans un état catatonique. Il refusait d'affronter l'extérieur.
Nos parents craignaient certes pour leur fils, mais aussi pour sa réputation. Un géographe dans une cage dorée perdrait forcément ses compétences. Les livres ne peuvent remplacer les yeux. Aussi, ils prirent contact avec la Marine pour connaître leur besoin de recrues. Après avoir obtenu des propositions d'embauche, ils présentèrent à leur fils les emplois qu'il pourrait avoir s'il quittait la maison. Des postes importants, qu'il n'était pas facile d'atteindre, et pour lesquels il avait largement les capacités. Il refusa. A chaque fois.
Pendant cinq ans, nous essayâmes beaucoup de choses. Alertes au feu, psychiatres, menaces. Rien ne  fonctionnait. Il ne dépassa pas un centimètre hors du seuil de la maison, se bornant dans son entêtement, enfermé dans sa phobie.

Ce petit manège dura donc cinq ans. Les nerfs de mes parents s'usèrent. Ils ne le considéraient plus comme leur fils, mais comme un fantôme. Je refusais de renoncer, et décida de frapper fort. Nos géniteurs partis quelques jours en congés, j'en profitais pour réaliser mon idée, totalement folle. Armée d'une certaine somme d'argent, je la divisa en deux et mit la première moitié dans une valise.
Peu rassurée, je me rendis dans un quartier peu recommandable de la ville, et demanda à voir le caïd du coin, un certain Giant. J'étais sûre qu'un malfrat comme lui accepterait n'importe quel travail pour une bonne somme d'argent. A savoir une partie dès maintenant, la suite après le service rendu.
Quand je découvris le chef du gang, je fuis surprise de rencontrer un nain (Son surnom était-il ironique ou se prenait-il réellement pour un géant ? quelle prétention !). Je lui présentais ma requête, et comme prévu, l'argent se chargea de le persuader.
L'après-midi, deux hommes de main de Giant se rendirent chez nous, dans le but de promener Stefan en dehors de la maison. En leur ouvrant la porte, découvrant deux grosses baraques, j'eus des remords. Pourvu qu'ils ne le brutalisent pas trop... Mais j'étais persuadée que c'était pour le bien de mon frère.

Je compris trop tard que Giant n'avait pas l'intention d'organiser une balade, comme je l'avais demandé. J'entendis des bruits de lutte, de chute, et les cris de colère terribles de Stefan tandis qu'il se débattait à l'étage. Au bout de longues minutes, je découvris les deux gros bras avec des bleus sur le visage. L'un d'eux marchait avec difficulté : il semblait avoir pris un coup dans l'estomac. Le second maintenait mon frère sur son épaule, encapuchonné, et ligoté. Ma commande s'était transformée en enlèvement : j'avais eu tort de m'adresser à Giant en exhibant trop d'argent. J'essayais d'intervenir mais je me pris une gifle monumentale qui me fit perdre connaissance.
A mon réveil, j'étais désespérée. J'avais perdu mon frère et gagné une demande de rançon dans l'opération. Mes parents n'étaient pas encore revenus, et il faudrait que je les mette au courant si le problème n'était pas réglé. J'avais si peur, et si honte ! Si tu savais, grand-père, comme je regrette !

A ma grande surprise, un jour plus tard, Stefan revint, accompagné de deux personnes qui m'étaient inconnues. Il accepta que je le prenne dans mes bras, une micro-seconde, me sourit avant de repartir dans sa tour d'ivoire. J'avais la preuve qu'il ne m'en voulait pas. Donc il n'était pas au courant. Je fis pénétrer ses sauveurs. L'homme était Capitaine d'un équipage pirate, Seido D. Noroma. Un homme peu commun : il bénéficiait de la fameuse volonté du D. Il m'inspira immédiatement confiance. La demoiselle était sa cuisinière, et me parut sympathique. Je leur racontais toute l'histoire. Ils me narrèrent la leur.
La jeune fille, Elinor, avait été capturée par le gang de Giant. En Zaunien typique, il n'aimait guère les étrangers. Il s'était fait rabrouer par le Capitaine pirate et un charpentier de passage. En guise de représailles, il enleva la jeune fille après l'avoir empoisonnée. Enfermée dans la même cave que mon Stefi, elle fut sauvée en même temps que lui.

Les Desperados (c'était ainsi que s'appelaient ces pirates), avaient besoin d'un navigateur pour franchir la Red Line et voyager sur Grand Line. Ils avaient proposé à mon frère de venir avec eux. Il avait refusé, comme toute proposition qu'on pouvait lui faire. Il ne savait plus dire oui. Or, je tenais là mon ultime chance de le secouer, de lui faire réaliser son rêve.
Nous établirent un plan chargé de secouer la conscience de Stefan, et nous ne nous montrèrent pas honnêtes avec lui. Puisqu'il n'aimait pas la saleté, autant lui faire une crasse !
Nous prétextâmes qu'il était en danger, qu'il allait se faire capturer à nouveau, obligé de manger des cafards, de boire de l'eau stagnante, dans une tour ouverte où pouvaient pénétrer des pigeons... Je n'étais pas très fière, nous étions vraiment des monstres, mais c'était amusant d'inventer ces mensonges. Tu le croiras ou pas, il accepta. Il faisait partie d'un équipage pirate ! Enfin, lui se croyait protégé par des pirates. Il comprendrait tôt ou tard.

Il m'a donc appelé hier, via le Denden de son navire. Cela m'a fait plaisir de l'entendre. Il semble plutôt en forme, même s'il éprouve des difficultés à se rapprocher des autres membres de l'équipage. Il me dit que le monde entier est d'une saleté inimaginable, mais qu'il parviendra à réaliser son but. Je me demande bien de quoi il peut s'agir.
Après avoir embarqué sur le "Marvel Genbu", le bateau des Desperados, il a aidé l'équipage à passer Reverse Mountain. Ce qui n'a pas été facile, selon ses dires, mais personne n'est mort. Ils reprenaient à peine la mer pour une nouvelle destination quand il a passé cet appel.

Voila, Grand-Père. Tu sais tout. Mais tu savais déjà tout, de là où tu es. Tu veilles toujours sur nous, n'est-ce pas ? Je vais passer pour une folle, parlant depuis des heures à une pierre tombale. Mais ça m'a fait du bien. Je me sens moins coupable et plus rassurée.  
Je vais te laisser, il est temps que je rentre. Je viendrais te donner des nouvelles de lui, dès qu'il rappellera. Ou pour t'annoncer, qui sait, qu'il a une prime sur sa tête ! Bonne nuit, Grand-Père Edward. A bientôt.
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Informations IRL

Prénom : Domi
Age : 31
Aime : Beaucoup de choses
N'aime pas : Beaucoup de choses aussi
Personnage préféré de One Piece : Sanji, Shanks, Zoro
Caractère : Le mieux est de vous laisser découvrir... On n'aime pas parler de ce qui n'est pas glorieux Smile
Fait du RP depuis :2000
Disponibilité approximative :régulière
Comment avez-vous connu le forum ?Top 50 des RPG Manga


Dernière édition par Stefan Defoe le Dim 13 Juil 2014 - 8:50, édité 5 fois
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>> Test RP


Zoan du Zyzomys : Permet la transformation du mangeur en zyzomys, soit un petit rongeur très semblable au rat. Comme tout fruit du démon de type Zoan, il permet une mutation du mangeur à la demande de celui-ci, une fois les pouvoirs assimilés correctement. L'apparence semi-humaine du zoan permet l'obtention d'oreilles rondes, de longues moustaches blanches, une queue épaisse recouverte de fourrure et des petites dents sur le devant, typiques des rongeurs. Les propriétés de l'animal se retrouvent aussi dans cette hybridation par une augmentation de la vitesse de déplacement, la possibilité de perdre la queue en cas de danger, à l'instar des lézards, et une forte inclination à devenir végétarien. Jusqu'à de plus amples nouvelles, ce fruit du démon n'a pas été mangé depuis 1490, date de mort de Zéphyr Klebert.

Ce fut sur cette notice que Stefan referma son Encyclopédie des fruits du démons, dernière édition actualisée, écrite par de grands spécialistes en la matière. Ils avaient fait le tour du monde pour enquêter et interroger des mangeurs de fruits du démon, quelque soit leur camp. Un travail long et complexe, qui donnait cependant vie à un ouvrage de référence complet et précieux, car à travers les siècles, ces écrivains s'étaient transmis leur savoir et leur passion pour ces étranges fruits.

Maintenant qu'il en avait terminé la lecture, il le replaça dans son immense bibliothèque, et retourna à son bureau où il découvrit sa prochaine lecture, l'original d'un journal de bord pirate. Une trouvaille d'Edward Tournier, grand-père maternel de Stefan et idole de celui-ci. L'ouvrage comportait une couverture en cuir. On y distinguait quelques traces d'usure, mais était globalement bien conservé. Il avait été retrouvé enfermé dans un petit coffret, lui-même serré entre les bras d'un squelette. Le mort se situait dans des cavités souterraines du désert d'Alabasta, qui abritaient de vieilles ruines.
Le jeune homme s'installa confortablement dans son fauteuil rembourré, et commença sa lecture, avec avoir vérifié qu'il avait bien nettoyé le livre en amont, sans reste de sable ou de poussière.

"Ici débute le journal de Ronald Conrald, vigie de l'équipage de la Vérité, commandé par la plantureuse Capitaine Verity D. Finnigan, originaire de la désormais disparue île d'Ohara. Notre équipage..."

Ainsi commença un récit passionnant à la plume légère et entraînante, racontant les aventures de ces pirates à la recherche d'une vérité, celle qui obsédait tant de scientifiques issus de cette île légendaire, Ohara. Leur quête les mena à en savoir plus sur le Siècle manquant. Tout leur voyage était répertorié et documenté, grâce à de magnifiques planches de croquis exécutées de main de maître par Verity elle-même. Le témoignage devait être précis, afin de révéler fidèlement le mystère de ces fameux cent ans.
Pendant des heures, Stefan ne lâchait pas cette véritable bible, évoquant des îles dont il n'avait jamais entendu parler naguère. Il en oublia de manger, au point que son repas de la mi-journée redescendit par le monte-charge, froid et intact. Jusqu'à ce que, au troisième quart du journal, il le referma du plat de la main, pensif et fixa le mur blanchi par la chaux avec préoccupation.

- Non... Ce n'est pas possible. J'ai raté quelque chose.

Il rouvrit le tout et lut la suite en biais, taquiné par un pressentiment. Le journal se terminait sur les derniers instants de Ronald. Arrêté à Alubarna, l'équipage devait être envoyé autre part, afin d'être exécuté par le Gouvernement Mondial. Sauf notre gratte-papier, qui avait réussi à s'enfuir juste avant son extradition, avec la complicité de ses amis. Enfermant le précieux bien dans un petit coffret, luttant contre les tempêtes de sable et le froid de la nuit, il tenta de traverser le désert. Hélas, il tomba dans un trou, dissimulé par le sable, et se fracassa sur le sol d'une pièce souterraine accueillant des ruines. Encore vivant, mais dans l'incapacité de bouger à cause de sa chute, il écrivit ses dernières lignes et remit son journal dans son étui de protection. Cet accident ébranla d'ailleurs Stefan, lui rappelant un douloureux souvenir.

Or, à la grande surprise du jeune Zaunien, le livre n'évoquait rien du Siècle disparu, ce qui était plutôt étrange. Le coffret était fermé à clé à la découverte du squelette, puis forcé par Edward lui-même. La dégradation du journal était donc postérieure à la mort de la Vigie.
Stefan prit le parti d'examiner la reliure, les cahiers du journal et trouva le fin mot de l'histoire. Quelqu'un avait retiré des pages avec un soin tout particulier, de sorte qu'un lecteur inattentif ne se serait aperçu de rien. Mais le nombre impair des cahiers était incohérent, et la couture de la reliure dévoilait des irrégularités. La mutilation était volontaire. Le garçon soupçonnait déjà un coupable, à lui maintenant de le confondre.

Pour cela, il fallait entrer en contact avec lui. Donc, sortir. Donc, non. Hors de question.
Mais... Et la curiosité intellectuelle ? La possibilité de savoir ce qu'il s'était passé ?
L'extérieur.
Mais... Et dire ses quatre vérités au destructeur et le faire avouer ?
L'extérieur !!!!
D'accord, d'accord. Un peu de courage. Ce ne devrait pas être bien compliqué, non ?

Il arriva au seuil de la maison, ouvrit la porte sous l’œil interrogatif de son père. Peut-être qu'il allait enfin arriver à sortir !
Stefan face au monde. Stefan face à Zaun. Stefan face à la saleté de l'extérieur, et face au jardinier en train de balayer le chemin de halage, formant un petit nuage de terre. Il claqua la porte, y plaqua son dos avec force, la respiration haletante, les mains tremblantes, une goutte de sueur lui tombant sur le front. Une goutte de sueur ? Il remonta illico presto dans sa chambre, lâcha le livre sur le lit, prit la sixième douche de sa journée, se changea, essuya le livre avec un mouchoir qu'il mit immédiatement dans la corbeille de linge sale (située dans le couloir) et redescendit voir son père.

- Sais-tu si le Commodore Zipan est toujours sur Zaun, ou est-il parti en mer ?

Son père lui assura qu'il avait bien croisé l'ami d'Edward, ancien commodore de la Marine, deux jours auparavant, au centre financier.

- Pourrais-tu lui demander de venir me voir ?

A ces mots, le paternel afficha un grand sourire, trop grand même. Voire carnassier.

- Toi, pour réclamer un invité, c'est que tu veux absolument savoir quelque chose. Surtout que tu avais dit à tous les membres de l'équipage de Grand-Père que tu ne voulais plus jamais les revoir.

- Je sais, je sais... et bien ?

- Et bien, pour ça, il te faudra SORTIR, mon fils !" dit-il avant de laisser son enfant seul avec ses démons.
Il savait à partir de maintenant que son père allait voir toute la maisonnée, et les empêcher de lui donner un coup de main. Sa famille utilisait n'importe quel moyen pour l'obliger à sortir.

Pourtant, il tenta le coup avec sa sœur Linette, qui fourmillait de bonnes idées. Il lui expliqua son problème. Le Commodore ne possédant pas de Denden (il était revêche aux nouvelles technologies), celle-ci s'accorda un temps de réflexion, avant d’acquiescer et de lui proposer une solution.

- Tu l'auras dans dix minutes, à ton bureau.

***

Stefan regardait la bestiole dans ses yeux où brillait une grande intelligence (c'est un sarcasme). Une veine battait sur sa tempe gauche, tandis qu'il faisait des mouvements vifs de la main pour chasser l’importun.

- Allez, ouste ! Va-t-en !

Mais le pigeon voyageur n'était guère enclin à lever le camp. D'abord, on l'avait envoyé ici pour remplir une mission. Ensuite, cet encadrement de fenêtre était tellement propre qu'il conviendrait parfaitement à l'élaboration d'un petit nid douillet. Stefan plongea ses yeux froids dans ceux vides du columbia livia, et un duel digne de Sergio Leone débuta. Un silence d'une minute s'en suivit, avant que le pigeon ne se mette à roucouler et à battre des ailes. Le jeune homme leva les yeux au ciel, fit volte-face et fusilla sa sœur du regard tandis qu'elle ricanait, accoudée au chambranle de la porte.

- Et tu te trouves spirituelle ?

- Je trouve ça plutôt amusant, en effet.

Finalement, ce fut par la façon la plus élémentaire du monde qu'il parvint à ses fins. Par la corruption. Il se rendit dans les appartements des domestiques et réclama la présence de la vieille intendante. Il lui fit une proposition qu'elle ne pouvait refuser. Elle accepta sans rechigner : souffrant de mal de dos, faire le nettoyage devenait une plaie. Une pause de sept jours, en échange d'un message à transmettre, était une bénédiction. En revanche, elle se doutait de l'importance que revêtait ce troc aux yeux du jeune maître. Faire le ménage dans la cuisine durant une semaine en était le symbole, quand on connaissait sa répugnance pour les souillures. Elle passa outre l'interdiction des Defoe de consentir à cette demande, et quitta le domicile pour se rendre chez le Commodore.

***

Le lendemain, le retraité de la Marine arriva dans l'immense maison, fut introduit dans le salon, où Stefan l'attendait, assis dans un canapé. Il invita Archibald Zipan à s'asseoir en face de lui. Tout sourire, le vieil homme interrogea son hôte sur l'objet de sa convocation.

- Et bien, mon garçon, que puis-je faire pour toi ?

Le géographe détailla l'homme de la tête aux pieds, et ne put s'empêcher de retenir un frisson. Archibald venait du dehors, ses semelles avaient foulé le pavé, la terre, les eaux usées. Stefan dut fournir un effort monumental pour passer outre cette constatation. La gorge sèche, il jeta le journal de bord sur la table basse qui les séparait. Comme il s'en doutait, le Commodore retiré tiqua et devint sombre. L'ancien militaire ne savait pas bluffer, il s'était trahi à la simple vue du journal de bord.

- Edward te l'a finalement transmis ?

- Je suis même étonné qu'il soit arrivé jusqu'à moi, vu le contexte.

- J'ai bien essayé de le faire. Mais Edward était mon ami, et il tenait vraiment à te transmettre cet ouvrage. Il savait qu'il te plairait, avec toutes ces descriptions et ces informations sur les nombreuses mers qui jalonnent notre monde. J'espère qu'il ne s'est pas trompé.

- En effet, ce journal est fort instructif.

- Comment as-tu deviné que j'étais l'auteur de la censure?

- C'était tellement évident, et à la portée de n'importe quel idiot, que ma déduction n'a aucun mérite. Le journal était forcément intact lorsqu'il a été retrouvé sur le squelette. C'était le vœu de l'équipage de la Vérité ; qu'il apporte un témoignage essentiel. Et il l'aurait été si vous n'aviez pas tronqué les pages. Car après le Buster call d'Ohara, personne n'était apte à connaitre la réalité sur l'Episode Disparu des Cent ans.

- Cela aurait pu être ton grand-père, ou un autre membre de l'équipage.

- Impossible. Mon grand-père portait une grande attention à tous les objets qu'il récupérait. Il m'avait clairement décrit les circonstances de sa découverte. Je connais tous les explorateurs de cet équipage, Commodore. Et personne, à part un ancien membre de la Marine, ne pouvait s'opposer à une révélation d'envergure. Vous avez lu ce journal et vous en avez retiré les pages gênantes avec beaucoup de minutie.

- Pas assez, à ce que je vois. Selon toi, pourquoi ne l'aies-je pas détruit ?

- Par respect pour le travail de mon Grand-Père. Vous étiez d'excellents amis ; cela n'a pas pu m'échapper lors de votre éloge funèbre. Vous avez bien sélectionné les passages du journal, au point même que l'ensemble paraissait cohérent. Vous avez transformé ce brûlot en un simple carnet de voyage. Néanmoins, le souci du détail et l'engagement de cet équipage étaient tels qu'il était impossible qu'ils taisent ce qu'ils avaient appris à ce "Sujet". Où sont les pages manquantes ?

- Brûlées. Sur notre navire. Les cendres jetées à la mer pendant une tempête.

- Ce n'est pas bien de polluer les eaux.

Le vieux se releva, considérant qu'il n'avait plus rien à dire. Stefan le raccompagna, mais juste avant de quitter le salon, Archibald Zipan saisit le jeune homme par le revers de sa veste et prit un air à la fois menaçant et paternel.

- Ecoute-moi bien, mon garçon.

Stefan se débattit en répondant sèchement ...

- Lâchez-moi.

... avant de repousser violemment l'ancien gradé, criant presque.

- Lâchez-moi !!!!!!

Le commodore lâcha, mais continua son propos : "Il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer en ce monde. Vu ta curiosité, Stefan, laisse-moi te dire quelque chose d'important. Ce qu'il t'est arrivé est grave, et je suis triste pour toi de voir à quel point tu es prisonnier de toi-même, au point d'avoir refusé de partir en mer avec nous. Néanmoins, avec le recul, je dois dire que c'est une excellente chose. Il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à connaître. Plus tu resteras enfermé, moins tu en sauras, et plus tu vivras longtemps. Ta myxophobie est une bénédiction pour toi, mon garçon. Passe une bonne journée."

Stefan fronça les sourcils, proche d'éclater de colère, mais demeura immobile, ses bras repliés sur lui-même, ayant hâte de se laver pour effacer le contact avec l'homme de l'extérieur. D'un ton glacial, il répliqua : "Ne vous inquiétez pas. Un jour, je saurais ce que vous m'avez caché. Faites-moi confiance."

Le vieux se mit à éclater d'un rire jovial - celui du papy fier de l'insolence de son petit-fils - lui tourna le dos en le saluant par dessus l'épaule. Il ne croyait pas un mot de ce pauvre garçon. Il suffisait juste de le voir quitter le salon à toute vitesse, en direction de la salle de bain, pour prendre sa septième douche. Non, aucune crainte à avoir : Stefan ne quitterait jamais son domicile. Jamais.


Dernière édition par Stefan Defoe le Ven 11 Juil 2014 - 15:34, édité 5 fois
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Rebienvenue Stefan ! V'là sans plus tarder un test RP :

Cloîtré dans ta bibliothèque, journée parfaitement lambda à te noyer dans tes livres.

Plongé dans un fascinant journal de bord de pirate, tu en oublies, comme souvent, le monde autour de toi.

Mais tu refais surface brutalement lorsque tu découvres qu'en plein milieu d'un passage trépidant, tout un lot de pages s'est retrouvé déchiré et manque à l'appel.

Comment vas-tu gérer cette puissante obsession qui naît en toi ?

Tu peux bien sûr en demander un autre si celui-ci ne te convient pas pour x raison.

Bon courage et à bientôt !
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Bonjour,
Juste un petit mot pour signaler que j'ai terminé mon test rp. Bonne lecture et bon courage !
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Yo Stefan, un poiscaille puant vient te donner son avis sur un érudit maniaque. Le seul avis, puisque c'est un PNJ aux D fixés par ceux d'Elinor, et que le rendu global est très bon et mérite totalement son nombre final. Alors, je crains que l'avis qui suit ne soit qu'essentiellement décoratif hihi.

=> Point forme. Niveau ortho, c'est plutôt impeccable. Rien trouvé à souligner. Rien qui accroche l'oeil pendant la lecture.

=> Le physique est très bien rendu, ainsi que très complet. On visualise l'ensemble du bonhomme sans problèmes, jusque dans la démarche, l'allure et les fringues.

=> La psy nous peint un rat de bibliothèque renfermé, sacrément taciturne, le genre de perso bourru et solitaire dont les interactions avec d'autres PJ peuvent se montrer, du coup, compliquées et limitées. Mais t'as l'air de bien t'en accommoder, puis le côté maniaque obsessionnel et un brin pédant malgré lui doit bien dérider le bonhomme.

=> Question pratique, et subjective, j'ai trouvé que l'ensemble de la bio ne donne pas des masses de latitude aux flash backs. Je sais pas si tu comptes en faire avec ce perso ou si tu le joueras seulement en compagnie de son équipage, mais le passé d'un reclus sur Zaun ne me semble pas ouvrir des masses de possibilités de FB. Ça gênait pas pour un PNJ, mais maintenant que tu le reprends comme perso principal, ça pourrait te brider désormais au niveau des possibilités de RP. A toi de voir.

Concernant le reste, pas d'incohérences, une utilisation sympa et intelligente du bg de Zaun, des persos attachants qui gravitent autour de l'existence du bonhomme malgré tout bien riche en péripéties, j'ai rien à redire. C'était autant bon qu'agréable à lire.

=> RP. L'ayant trouvé excellent, j'arrive pas à chipoter. Les obsessions et émotions de Stefan très bien retranscrites, on sent qu'il est rongé par l'envie de savoir mais paralysé par sa peur du dehors. Les persos secondaires, vivants et cohérents, notamment le vétéran qui lui fait la morale de façon bien sarcastique, animent sans accrocs le décor. Toute une bardée de petits détails qui contribuent à rendre l'ambiance bien solide du début à la fin. Et on ressent bien l'isolement du bonhomme à cette époque de sa vie.

J'ai trouvé qu'il y avait un truc dans ce style d'écriture qui donnait la sensation que le monde tournait autour de Stefan, et ça sied à merveille au bonhomme, forcément. Si c'est voulu, c'est très bien rendu.
Bref, très bien géré, et très agréable à lire.

En tant que PNJ accompagnateur d'Elinor, compte tenu qu'il portait 1/3 des doris de sa maîtresse, il tape dans le 844 D. Et pour info, dans des circonstances habituelles, j'aurais probablement tablé sur 800.
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