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Sombre histoire de fond de tiroirs. [PV : Lilou]

Yoru rangea dans une de ses poches le matériel qu'il utilisait pour garder ses sabres parfaitement aiguisés, se leva et rengaina. Il vérifia que sa ceinture était bien serrée, ses fourreaux bien positionnés pour qu'il puisse dégainer avec une vitesse et une précision optimales. Il fit attention à ce que son Kimono soit bien mis pour ne pas offrir de prise à un éventuel assaillant et resserra le bandeau qui ceignait son front et retenait ses cheveux. Puis il se dressa devant la porte et respira lentement, se concentrant pour envisager ce qui l'attendait.

Il ne se préparait pas à entrer dans le bureau d'un des ses supérieurs en colère mais se tenait devant la porte de chez lui, sous les regards étonnés des passants qui le voyaient maintenant entamer une série d'échauffements.

Un mois ! Un mois entier qu'il n'avait pû rentrer chez lui à cause des missions à répétition que l'élite lui avait confié. Il lui arrivait souvent de partir une semaine, voire deux, mais jamais aussi longtemps. Il n'avait même pas eu le temps de passer s'assurer que rien ne manquait à Lilou et Bee durant ces trente derniers jours.

Le samouraï fronça les sourcils en songeant à ses deux colocataires. Depuis leur rencontre sur l'île de Dawn, le trio vivait dans la maison que Yoru louait pour retrouver un chez lui quand il rentrait de mission. Le salaire de l'élite étant plus élevé que celui de la Marine normale, il avait pu choisir une maison confortable bien que pas non plus luxueuse. Toujours mieux que ce que Lilou avait au Grey T, en tout cas.

Le marine finit ses échauffements et se tint prêt, l'air concentré, main sur la poignée de la porte. L'avantage d'avoir une talentueuse apprentie ingénieure chez soi, c'est qu'on était jamais dérangé par des problèmes de plomberie. Le désavantage, ce que depuis que Yoru donnait une partie de son salaire à Lilou pour que la jeune femme puisse vivre pendant son absence et acheter ce dont elle avait besoin pour bricoler, le jeune homme avait eu un certain nombre de surprises robotiques parfois explosives et souvent un rien dangereuses.

D'un geste vif, le samouraï tourna la poignée, poussa la porte, roula sur lui-même avant même qu'elle ne soit complétement ouverte et se redressa en position de défense, un sabre en main. Ses yeux balayèrent rapidement le petit couloir de son entrée mais n'aperçurent rien d'inquiétant, ni Lilou, ni Bee ni même des robots chiens de garde pas-encore-tout-à-fait-au-point prêt à l'attaquer comme l'avant dernière fois qu'il était revenu.

Toujours attentif, le jeune homme rengaina, prit le temps de rassurer les quelques passants qui s’inquiétaient de sa santé mentale avant de refermer la porte et de s'avancer prudemment vers le reste de la maison. Il passa l'entrée et s’allongea rapidement au sol pour parcourir en rampant le couloir qui desservait les pièces du rez-de-chaussé. Il se souvenait encore des détecteurs anti-intrusion que Lilou avait planqué dans les murs et qui libéraient du gaz paralysant dès que quelqu'un passait, à l'exception des robots canards et des jeunes femmes rousses.
Soit un pourcentage assez réduit de la population, finalement.
Après avoir passé son dernier week-end de perm en robe et perruque rousse, Yoru avait demandé à Lilou de retirer les capteurs mais comme il était parti avant de vérifier qu'elle l'avait bien fait, il préférait pour l'instant ne pas prendre de risque.

Il vérifia une par une toutes les pièces du rez de chaussée, n'y trouva personne, puis s'engagea dans les escaliers pour vérifier l'étage où se trouvaient les chambres. Heureusement, il se souvint cette fois du code de la porte blindée verrouillant celle de Lilou, ce qui évita que des alarmes accompagnées de jets de peinture ne se déclenchent. Oui, vivre au Grey T semblait rendre un tantinet... paranoïaque...

Ce n'est qu'après avoir exploré toute la maison que le jeune homme se rendit à l'évidence : Lilou et Bee n'étaient nul part. Peut-être étaient-ils simplement sortis. Assez satisfait de ne rien avoir trouvé d'étrange, le samouraï redescendit, se dirigea tranquillement vers la cuisine pour s'offrir un café.

Il s'immobilisa en passant devant une porte sous l'escalier. Une porte qui, il en était sûr, n'était pas là un mois plus tôt. Il l'ouvrit doucement, découvrant un escalier sombre qui s'enfonçait sous la maison si loin qu'il n'en percevait pas le bout.
Il contempla un instant ce mystère, se demandant comment Lilou était parvenue à construire un tel truc.

" Quand faut y aller... murmura-t-il."

Sur ses gardes, le samouraï s'engagea prudemment dans ce nouveau donjon.
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Plus aucun doute possible cette fois…

Tapis dans l’ombre de son labo-garage clandestin sous la maison de Yoru, la jeune rouquine avait entendu un bruit à l’étage, puis avait vu de la lumière dans le fin couloir qui descendait jusqu’ici… Ni une ni deux, elle avait plongé dans un coin après avoir planqué son compagnon palmipède dans un placard et attrapé au passage une clef à molette qu’elle gardait contre elle comme seul rempart contre le monde.

Plus aucun doute possible, donc, quelqu’un était dans la maison. Et ce quelqu’un devait probablement être ce satané voleur qui avait mis le nez dans son linge trois semaines auparavant. Au début, la rouquine n’avait rien remarqué, la vie au QG continuait en l’absence de Yoru et elle faisait en sorte de lui laisser une maison propre et fonctionnelle... Mais au fur et à mesure, Lilou nota un changement alarmant dans son nombre de soutien-gorge, notamment parce qu’ils avaient tous miraculeusement et mystérieusement disparu. Et devant cette énigme, elle n’avait que deux hypothèses : soit elle avait eu affaire à une bande de trolls obsédés, soit à un véritable obsédé en chair et en os… Et elle n’eut qu’à tendre l’oreille en écoutant ce que les habitants avaient à dire sur la réputation des locaux pour comprendre que le colonel Hyugen Komamuri y était sûrement pour quelque chose.
En découvrant le criminel, elle n’avait osé agir, pour une raison : Cet homme était à l’évidence le supérieur de Yoru, et elle ne voulait pas attirer des ennuis à son ami et hôte qui la logeait gracieusement. Ce qui se passa alors, c’est que la rouquine s’enferma dans ce local fait main pour y implanter son laboratoire et fomenter un plan parfait pour faire payer au colonel ses bassesses et récupérer ses biens…

Mais elle fut prise de court en entendant l’intrusion impromptue. En entendant les marches grinçaient sous le poids des pas de l’individu, la jeune femme resserra sa prise autour de sa seule défense. Et lorsque l’homme arriva finalement en bas, dans cette pièce immense et vraisemblablement habitée par une mécanicienne en herbe, il se prit un méchant coup sur le coin de la mâchoire, juste avant de se faire terrasser brutalement par un kick bien placé. Une clef de bras plus tard, la rouquine domina l’homme et gueula dans ses oreilles :

YAAAAAAAAAH ! Sale pervers ! Je te tiens cette fois !

Et il ne fallut pas bien longtemps pour que les menaces fusent comme des balles aux oreilles du samouraï qu’elle ne reconnut évidemment pas, certaine d’avoir mis la main sur le colonel pervers sans même être surpris de l’avoir eu aussi facilement, alors que la réputation de Komamuri n’était plus à faire soit disant en matière d’esquive… Non. Pour elle, elle l’avait eu, et il était grand temps que ces bêtises cessent !

Tu vas me rendre les fringues que tu m’as volé, ou je vais te faire bouffer tes doigts à coup de pelle ultrasonique 500 et te t’arracher les co-

Et la lumière fut, grâce à Bee qui tira sur l’interrupteur au bon moment... Tout comme la révélation qui suivit et qui calma presque immédiatement la rouquine :

Ah tiens ! Salut Yoru ! Relâchant la clef de bras, elle se releva et aida son coéquipier à faire de même, ajoutant tout naturellement : Je t’ai pris pour un autre !

Evidemment. Mais elle ne s’arrêta évidemment pas là, passant bien rapidement du coq à l’âne comme s’il ne s’était rien passé… Qu’elle n’ait pas eu le colonel n’était que partie remise, elle avait toujours un plan en tête pour lui faire payer ces vols mal placés… Pour l’instant, son attention était toute focalisée sur le propriétaire des lieux, qu’elle couvrit de questions alors qu’il se remettait à peine de l’accueil :

Alors ! Bien rentré vieux frère ? Comment ça s’est passé ?! T’as tapé sur des gens ? T’as arrêté les méchants ? Tu t’es servi du super pisteur autopropulsé que je t’ai confiés alors ? Il a marché ? J’suis sûre que c’est grâce à lui que tu as eu les sales types ! Tiens ! J’ai un peu trafiqué tes stylos, maintenant ils écrivent, crachent de l’encre sur tes ennemis, et s’évapore pour faire une fumée épaisse et permettre la furtivité !... Et euh…

Elle marqua une pause, reposant le tas de stylos qu’elle avait « soit disant » transformé en arme de destruction massive. La moue boudeuse, elle admit :

Je m’ennuuuuuuuiiiiie ! Tu m’amèneras sur ta prochaine missioooon ?
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Yoru se massait le menton en attendant de pouvoir en placer une. Habitué à l'inépuisable énergie de sa colocataire, il salua Bee et le remercia d'être intervenu pendant que la mécano en herbe débitait son flot de questions.

" Bonjour Lilou, casa-t-il quand la jeune femme eut finalement terminé. Ma mission s'est bien passée. Par contre ton heu... truc a explosé. Mais il a... disons... à peu près joué son rôle donc je te remercie. Et pour ta dernière demande, tu vas être contente, je te propose de m'accompagner pour une de mes missions, justement. "

Le samouraï sourit en voyant l'expression surprise de son amie et l'incita à le suivre dans les escaliers. Maintenant qu'il ne risquait plus de tomber dans un piège, il allait enfin pouvoir le prendre, ce café !

" C'est une mission assez simple, expliqua-t-il en montant les marches, je suis censé retrouver un voleur de sous-vêtements qui sévit apparemment sur l'île depuis quelques semaines. Jusqu'à maintenant la Marine avait des choses plus urgentes à gérer mais une de nos hautes gradées elle-même s'est faite voler. Du coup on m'a demandé de me charger de cette histoire. "

Le sourire du jeune homme s'élargit en repensant à la mine indignée de la commandante Thémis lorsqu'elle lui avait confié cette mission.

" Ce malotru m'a volé moi ! s'était-elle exclamée, incrédule, ses yeux d'or d'habitude si froids lançant alors des éclairs.
- Que vous-a-t-il pris ? avait innocemment demandé le samouraï.
- Deux soutien-gorge, un superbe ensemble en den... avait-elle énuméré avant de s'interrompre brusquement en plissant les yeux d'un air méfiant.
- Je demande pour les besoins de l'enquête, évidement, avait ajouté le marine, pince-sans-rire.
- Yoru, ce n'est pas le moment de faire de l'humour ! L'heure est grave pour la populace féminine de l'île. Trouve moi ce type ! "

Revenant à l'instant présent, le samouraï franchit la porte en haut des escaliers et s'engagea dans le couloir, toujours suivit par Bee et une Lilou apparemment très intéressée .

" Je pense avoir trouvé des ressemblances dans..
- BOUM ! "

Yoru porta une main à sa gorge, se rattrapa de l'autre au mur en observant d'un air surpris le nuage vert qui venait de lui éclater au visage.

" Lilou ! eut-il le temps de lancer avant de glisser au sol, son corps paralysé, je t'avais demandé d'enlever ce gaz ! "

~~ ~~

" ...et pour moi un risotto, merci. "

Le samouraï rendit la carte au serveur, attendit que ce dernier soit parti avant de reprendre sa conversation avec son amie. Habillé d'un élégant costume noir, il passait totalement inaperçu au sein de la clientèle aisée du riche restaurant où Lilou et lui se trouvait.

" Donc je disais que, d'après les témoignages que j'ai pu recueillir, les femmes dont les affaires ont été volés l'ont souvent remarqué un jour après qu'elles soient allées dans ce restau. Je soupçonne donc le coupable de s'en servir comme lieu de repérage. "

Il parcourut des yeux la foule, se cacha soudain le visage derrière sa main.

" Le colonel Komamuri, expliqua-t-il après qu'un homme séduisant soit passé pour s'installer à une table plus loin avec une jolie jeune femme. Je n'ai pas souvent eu affaire à lui mais je ne peux pas prendre le risque qu'il me reconnaisse. Le voleur, s'il est là, surveillera notre table s'il sait que je suis de la Marine. N'hésite pas à me dire si tu remarques quelqu'un de suspect, Lilou. "

Le jeune homme prit une gorgée de vin, sourit à son amie.

" Je suis content que cette mission nous permette de passer du temps ensemble. Alors, raconte moi. Qu'as-tu inventé ce mois-ci ? "
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Beeeeeh, vraiment rien… J’ai bien creusé un trou dans ton salon pour le recouvrir de carrelage juste après, histoire de faire un piège à voleur mais Bee s’est cassé la figure dedans alors j’ai abandonné l’idée. Puis celle de l’essoreuse à salade qui essore toute seule était particulièrement mauvaise ! J’ai failli y laisser un bras dans ces bêtises…

Elle poussa un long soupir désapprobateur. En fait, maintenant que son esprit était pris par des problèmes beaucoup plus importants, elle n’arrivait plus à se consacrer à des petites créations ayant des buts ludiques. La frustration de ne pas mettre la main sur ce malotru achevait progressivement son inspiration et son modjo était au plus bas ces dernières semaines. Heureusement que Yoru était revenu et qu’il l’impliquait dans cette enquête. Et comme le hasard faisait bien les choses, il s’avérait que les deux traquaient la même proie…

Non, mon temps a été pris par autre chose…

Par ce satané marin pervers, en l’occurrence. Et Lilou était contente de savoir qu’elle n’était pas la seule victime de cet infâme criminel. Même si elle ne complaisait pas non plus dans ce statut de « victime » qui la révoltait plus qu’autre chose. Elle était tellement furieuse de s’être fait avoir en ne le remarquant que trop tard qu’elle fulminait intérieurement et avait même honte de l’avouer. Mais Yoru devait connaitre l’étendu des crimes de ce sordide personnage, et vu qu’il était son ami, elle se devait de lui confier ce qu’elle avait sur le cœur :

Yoru, il faut que je te dise… Ce type, il… Commença-t-elle d’une petite voix timide, fermant les yeux en essayant de se donner du courage : M’a volé aussi…

Ouf… Finalement, ce n’était pas si douloureux. Elle se trouva même déchargé d’un poids. La rouquine releva le nez vers Yoru et lui expliqua ensuite que son présupposé de base ne marchait pas : Durant ce mois, elle n’avait que rarement mis le nez dehors, et c’était seulement pour aller acheter à manger et récupérer des pièces pour ses constructions. Accaparée par ses activités, elle n’avait pas mis les pieds aux restaurants depuis un long moment, et elle n’aurait jamais osé dépenser ce que le Samourai lui confiait pour des divertissements puérils. Alors, elle conclut ainsi :

… Et du coup, s’il vient en repérage ici, il comprendra immédiatement qui je suis, vu qu’il a déjà mis le nez dans mes tiroirs. Et il doit évidemment avoir d’autres lieux pour trouver ses futures proies…

La vie était faite de hasard tous plus gros les uns que les autres. Trouver son lieu de répérage serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin : autant dire que les chances de succès sont tellement maigres qu’elles en deviennent risibles. Par contre, il était parfois possible d’enrailler le problème, où tout du moins de le retourner… En déposant soi-même l’aiguille dans la botte et en gardant sa position dans un coin de notre tête. Restant mystérieuse et énigmatique, Lilou sortit finalement de son sac un tube de rouge à lèvres ainsi qu’une perruque rousse que Yoru connaissait bien pour l’avoir porter durant l’une de ses permissions :

Par contre, j’ai un autre plan…

Le temps que l’homme comprenne où elle voulait en venir, elle ajouta avec un petit sourire triomphant :

Tu seras l’appât !
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Yoru se renfonça dans sa chaise en écoutant les informations de la jeune femme. Le voleur serait plus difficile à attraper qu'il ne le pensait. Le dossier que la Marine lui avait confié n'était même pas complet puisque Lilou n'y apparaissait pas en tant que victime. Il devait revoir ses conclusions et essayer de réunir plus d'informations. Peut-être qu'en recrutant quelques soldats pour l'aider...  

Perdu dans ses pensés, le samouraï ne comprit pas tout de suite ce que son amie proposait.

" Tu veux que je me déguise encore en femme? réagit-il quand l'information atteint son esprit. Lilou, franchement, enchaîna-t-il précipitamment, quelle chance y a t-il pour que ce voleur s'en prenne à moi si je me travestis ? En plus, il n'attaque pas ses victimes dans la rue, il les cambriole. Même si je mettais une jupe et que je parcourais la ville de long en large toute la soirée je serais obligé de rentrer chez nous à la fin et ton plan tomberait à la l'eau quand notre coupable verrait que j'habite au même endroit que toi. Lilou ? répéta le samouraï en voyant son amie demander l'addition,  qu'est ce que tu fais ? Et pourquoi tu ricanes comme ça ? Tu m'écoutes au moins ? Bee, dis à Lilou de ne pas prendre cet air diabolique, il ne me plait pas. Bee ne fuit pas, reste à table ! Bee ! "

~~ ~~

Environ trois quart d'heure plus tard, Bee terminait de tartiner le visage d'un Yoru résigné qui attendait patiemment sur sa chaise. A cause du mascara que le canard finissait d'ajuster avec la pointe de ses plumes, le samouraï gardait les yeux fermés. Mais il savait que, s'il les ouvrait, il tomberait sur le visage bien trop satisfait de son amie rousse. Qui, quand elle s'était fixé un objectif, s'y mettait vraiment à fond. Et, apparemment, elle réfléchissait à une façon d'attraper le voleur de sous-vêtements depuis un moment.

Yoru avait déjà été surpris en découvrant le petit apart au premier étage d'un immeuble minable que son ami avait loué pour tendre son piège, mais il était carrément resté bouche bée en constatant qu'elle l'avait en plus transformé en temple de la lingerie. Tous les tiroirs des commodes (pour la plupart laissé ouvert pour qu'on puisse bien en voir le contenu), tous les placards de la petite chambre débordaient de soutien-gorges, culottes, et autres sous-vêtements aux formes plus ou moins étranges que le jeune homme aurait été bien en peine de nommer.
Lilou avait même laissé bien en vue devant la fenêtre un étendage couvert de ce que le samouraï avait d'abord pris pour un ensemble de mouchoirs et de rubans en dentelle avant de remarquer qu'il s'agissait en fait de pièces de lingerie pour le moins.. légères.

Un sourire amusé aux lèvres, Yoru avait tenté de demander à son amie s'il s'agissait de sa collection personnelle lorsque la jeune femme lui avait brandi une liasse de tickets sous le nez.

" Pour tes notes de frais ! avait-elle expliqué à voix haute pendant que son regard espiègle ajoutait : Et j'aimerais bien voir la réaction de ta supérieure quand tu tenteras de justifier ces dépenses ! "

Ce qui avait tout de suite interrompu le jeune homme dans ses plaisanteries.

Un dernier coup de plume du canard finit de parfaire le déguisement du samouraï qui se leva en lissant machinalement les plis de sa robe avant de s'arrêter en remarquant son geste. Il allait devoir mettre un frein aux idées saugrenues de son amie avant de trop prendre l'habitude de porter ce genre d'habit !

" Bon, lança-t-il en attrapant son sac à main, je vais faire un tour. Je reviens dans à peu près une heure. "

Et dans un déhanché à faire pâlir d'envie la demoiselle, il sortit de l’appartement et s'engagea dans les escaliers menant au rez-de-chaussée. Bee allait fermer la porte lorsque la voix de Yoru résonna une dernière fois :

" Et je vous interdis de mater mes fesses par la fenêtre !"

C'est ainsi que le marine, qui se concentrait déjà pour ne pas balancer négligemment son sac à main sur son l'épaule au lieu de le garder sur son avant-bras tendu à 90° dans le vide comme le lui avait montré Lilou, partit pour une soirée shopping en espérant fortement que le plan allait fonctionner.
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ALORS ?!

Une heure et demi, comme promis.

Mais tout ça de temps à attendre son retour en regardant par la fenêtre une silhouette elancée et presque féminine se ramener à la maison. Passé l'amusement de l'étalage compliqué du fond de teint, du mascara dans l'oeil ou de la poudre sur le nez lui déclenchant une crise d'alergie sévère... l'impatience et l'inquiétude étaient de mises pour la rouquine, qui fut bien contente de le voir rentrer à l'heure prévue. Les expressions difficilement appréciables derrière cette couche épaisse de maquillage pour camoufler ses traits masculins, elle fut contrainte de lui demander en le secouant comme un prunier :

Il a suivi, c'est ça ? Il a mordu j'suis sûre ! Ce plan est génial ! Bon, on va se mettre en planque, et on va l'attendre ! Et ensuite, on va lui faire la peau ! Hahahahaha !

Passé le rire hystérique et mégalomaniaque, elle se reprit aussitôt et bouscula son ami d'un petit coup de coude dans les côtes :

Tout s'est bien passé, non ? Enfin... Tu n'as pas été reconnu par des collègues ?

Sujet angoissant pour le marine, imagina-t-elle en baissant doucement les yeux. Si ça l'avait bien amusé quelques minutes en l'habillant pour la faire belle comme il faut, pas sûre pour autant que la blague fut très appréciée du samouraï. Elle sortit alors un petit paquet de son sac et le lui tendit :

Tiens ! Pour remplacer ton stylo.

*

Le soir venu et lumières éteintes, ils firent tous deux semblants de quitter leur maison. L'une en toute discrétion, l'autre de manière plus affichée pour que le piège se tende naturellement. Ils se retrouvèrent à quelques mètres de leur planque, pour surveiller jusqu'au moment M. Et la discussion allait bon train entre les deux. Entre les anecdotes de missions de Yoru et les questions de Lilou à ce sujet, ils passèrent bien quelques heures à papoter comme des adolescents qui se découvrent. Jusqu'à ce qu'une ombre ne vienne entacher le tableau...

Furtive, précise, ouvrant la porte dans un petit grincement imperceptible avant de pénétrer dans la demeure et disparaître dans la pénombre.

Il est là ! Murmura Lilou en se relevant, prête à partir à l'attaque.

Jusqu'ici, le plan se déroulait à merveille.

Restait à lui « mettre la main dessus » qu'était la dernière partie du plan. Or, c'était aussi la partie la moins travaillée et subtile dans la tête de la rouquine.
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Yoru enleva ses talons et gravit silencieusement les marches menant à l’appartement en scrutant  la pénombre avec attention. Après avoir décidé de ne pas rentrer se changer pour être sûr de ne pas louper le voleur de sous-vêtements, il avait rassuré son amie à ce sujet : si c'était pour attraper le criminel, se déguiser en femme ne le dérangeait nullement.  
Dans l'escalier derrière lui, Lilou et Bee suivaient tout aussi furtivement. La suite du plan était simple : pendant que ses amis restait en retrait, le samouraï sautait sur le dos du voleur pris la main dans le sac et l'emmenait au QG pour l'interroger. Une fois son identité découverte, le gouvernement pourrait facilement trouver sa planque et, Yoru l’espérait, les sous-vêtements volés qui constitueraient tout autant de preuves.

Au premier, le samouraï passa prudemment la porte de l'appartement qui avait été forcée, repéra une silhouette dessinée par la lumière de la lune occupée à fouiller l'étendage tentateur près de la fenêtre. En quelques pas furtifs, le marine arriva à portée de sa victime, tendant vivement la main pour l'immobiliser avec une solide clé de bras.

Dans une brusque volte, le voleur se retourna et repoussa la main du samouraï qui se retrouva obligé de dévier des coups de poings d'une force impressionnante. Dans le même temps, Bee et Lilou, poussant un cri de guerre rageur et jetant totalement aux orties toutes consignes du samouraï, se précipitèrent dans l’appartement, la jeune femme avec à la main une barre de fer qu'elle avait trouvé dieu sait où. Mais un bruit de course dans l'escalier interrompit leur charge frénétique et, tandis que Yoru, peu à peu surpassé par la technique de son adversaire encaissait finalement un coup de pied qui l'envoya s'écrouler au sol, une dizaine de nouvelles silhouettes pénétrèrent à leur tour dans la pièce, incitant Lilou et Bee à reculer vers le samouraï qui se remit prestement debout et en garde.

Puis quelqu'un alluma la lumière et Yoru se figea. Devant lui se tenaient plusieurs soldats de la Marine qui les mirent tous les trois en joue.
Ce fut apparemment la seule chose qui empêcha la jeune femme rousse de se jeter sur l'homme qui venait de repousser le samouraï. L'homme que Lilou continuait à traiter de voleur et d'accuser de tous les maux en des termes assez fleuris mais que Yoru connaissait comme l'un des meilleurs membres de la Marine du coin.

Sombre histoire de fond de tiroirs. [PV : Lilou] Papyru12

" Alors vous étiez trois ! Constata le colonel Hyugen Komamuri en ignorant superbement la charge verbale de la jeune fille. Un bien étrange trio pour des vols aussi abjects ! Pas de chance pour vous, vous vous êtes attaqués à une des mes conquêtes ! Enfin une future conquête mais en attrapant les voleurs de sous-vêtements, j'ai mes chances avec elle !
-Je regrette, mais c'est une erreur, commença Yoru pendant que Bee bâillonnait Lilou de ses ailes. Nous sommes...
- Silence, faquin ! Tu as cru me tromper en te déguisant en femme pour tes repérages, mais mon œil aiguisé ne rate rien ! Et j'ai observé suffisamment de postérieurs féminins pour reconnaitre que le tiens n'en était pas un...
- Je me suis déguisé pour servir d’appât. Je suis le..
- Tu tentes encore de nier malgré ta tenue et toutes les preuves dans cette pièce ?! Tes victimes seront contentes de pouvoir récupérer leurs biens ! Je me chargerai de rendre toutes ses jolies pièces de lingeries personnellement...
- Vous murmurez des choses bizarres colonel. Écoutez, je fais aussi partie de la Ma...
- Capturez-les ! "

Le samouraï s'accorda une seconde pour soupirer avant de passer à l'action.

" Lilou, Bee, rapprochez-vous de la fenêtre ! lança-t-il  en arrachant brusquement l'un des tiroirs de la commode près de lui. SAMOURAÏ ARSENAL, ajouta-t-il en gueulant, SOUTYPHON ! "

Les soldats de la Marine furent soudain assaillit par une déferlante de soutiens-gorges que Yoru lançait frénétiquement sur eux. La manœuvre eut le mérite de les stopper dans leur assaut, les différentes tailles de bonnets jetés à leur tête les aveuglant et les gênant. Même Komamuri parut déstabilisé par l'attaque, plus cependant parce qu'il tentait de récupérer les projectiles.

" ON SE TIROIR D'ICI ! "

Joignant le geste à la parole, le guerrier de Wanokuni balança le tiroir à présent vide sur ses assaillants, se retourna vivement et, s'élançant en direction de ses amis, en saisit un sous chaque bras avant de bondir par la fenêtre. Son corps de samouraï surentrainé lui permit d’atterrir sans encombre dans la rue un étage plus bas et de s'élancer aussitôt dans une course folle.

" Pour l'instant, on court se planquer ! conclut-il, Lilou et Bee toujours sous les bras. "
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La fuite n'avait pas vraiment fait partie du plan initial. Se retrouver devant une petite escouade et un représentation de la loi les accusant des pires perversités non plus, ceci dit. Le quiproquo était pourtant si évident que Lilou voulut plaider leur cause et se justifier auprès de l'homme, mais Yoru renvoyé dans ses buts par le grand brun reniflant les soutiens-gorges eut tôt fait de décourager la rouquine, qui se dit finalement qu'en effet, prendre les jambes à son cou n'était peut-être pas une si mauvaise chose... Ce fut une première pour Lilou de se retrouver dans cette situation, montré du doigt par un type aux mœurs apparemment limite et considéré comme une criminelle sordide se promenant avec un samouraï et un canard.
C'était peut-être ça le pire dans cette histoire : Qu'on la mette dans le même sac que Yoru, qui était un peu pervers sur le bord, ou disons plutôt « cœur d'artichaut » pour rester polie, et Bee, qui semblait ne pas du tout comprendre de quoi il en retournait alors qu'ils s'eclipsaient grace à la distraction du samouraï pour se mettre à l'abri.

La rouquine fut tellement prise au dépourvu que lorsqu'ils arrivèrent à une planque de fortune trouvé par son ami, elle n'arriva à piper mot. Les yeux dans le vide et les joues rouges de honte, elle tournait et retournait le plan dans sa tête pour essayer de comprendre ce qui avait engendrer cet échec. Qu'avait-elle manqué ? Assis sur sa petite caisse en bois dans une cave humide, les jambes battant le vide, elle finit simplement par se tourner vers le Samouraï :

Comment ça a pu arriver, Yoru ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Je croyais qu'on traquait ce type, pas qu'il nous envoyait la marine aux fesses ! Et qu'est-ce que j'aimerais qu'il arrête de penser à nos fesses !

Elle se sentit trahi. Intérieurement. Par son intelligence, par sa stratégie, par son plan, par elle-même. Trahi parce que dans cette partie d'échec, le pervers avait réussi un coup de maître en les mettant en porte-à-faux. Elle haïssait ça ! Se faire avoir une fois, prendre les devants, et qu'on la lui fasse à nouveau à l'envers ! Se renfrognant, elle râla dans sa barbe en réfléchissant encore, et se répéta pour elle même : « Où est-ce que tu as merdé ? »...

L'adresse fut autant pour elle que pour Yoru. Il était tombé sur un gradé à l'oeil avisé, qui savait reconnaître des courbes masculines derrière une robe ou un costume travaillé. Elle ne voulait pas être réputée comme une fétichiste des petites culottes, ni que l'on parle du samouraï comme un type aimant s'habiller en femme. C'était beaucoup trop bizarre pour être acceptable...

Ta chef pourra nous sortir de là, ou tu crois qu'il nous a fait une réputation irréversible qu'on va devoir se traîner à vie comme un boulet ?

Un coup de denden et c'était réglé. Du moins, c'était ainsi que Lilou voyait la chose... De là à dire que c'était ce qui allait se passer...

Plus j'y pense, et plus ça me paraît dingue mais... Peut-être qu'il garde un œil sur ses anciennes victimes ! Evidemment ! La rouquine eut l'impression que les planètes s'alignaient sous ses yeux et de dénicher la raison de son existence sur terre : Ça fait sens, non ?! Sinon, comment pouvait-il savoir qu'on était après lui, et nous prendre à revers comme ça ?!
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" Effectivement, j'aimerais bien qu'il arrête de penser à nos fesses, murmura Yoru en frémissant de dégout. "

Le samouraï s'assit sur un tonneau qui trainait, ouvrit un vieux placard qui tombait en poussière et brancha la machine à expresso qui se trouvait dedans. Pendant que le liquide noir coulait, il sortit d'autres endroits dissimulés des gâteaux et des couverts pour que ses amis se remettent de leur émotions.

" J'ai moi-même dressé la liste du matériel pour cette planque, commenta-t-il en sirotant sa propre tasse. "

Lilou venait certainement de mettre le doigt sur quelque chose : le voleur devait se tenir informé du devenir de ses anciennes victimes. Un colonel de la Marine aurait évidement le pouvoir de faire ça mais l'idée gênait Yoru : certes Hyugen était connu pour son amour immodéré du sexe faible, mais de là à voler des sous-vêtements... Pour quelqu'un ayant une réputation de grand honneur et plus connu pour ses déboires sentimentaux... cela ne collait pas.

" Lilou, je ne pense pas que le colonel soit le véritable coupable. Attends, attends, ajouta-t-il en voyant son amie se renfrogner et ouvrir la bouche pour une nouvelle tirade, je ne dis pas que ce n'est pas lui mais que nous n'avons finalement aucune preuve de sa culpabilité. Il nous a eu ce soir, mais lui aussi a pu être piégé. "

Le samouraï reposa sa tasse vide, se leva pour marcher et réfléchir : la seule piste un tant soit peu tangible qu'ils avaient restait le colonel, qu'il soit innocent ou non.

"  Je vais suivre Hyugen le reste de la nuit, décida-t-il en sortant des vêtements civils entièrement noirs d'un meuble pour se changer. Je préfère ne pas prévenir Thémis -ma supérieure- pour le moment. Son intervention pourrait nous laver de tout soupçon mais risque de rendre les choses encore plus compliquées et de faire peur au coupable. Il faut plutôt agir pendant que ce voleur pense avoir l'initiative. Je vais vous filer une autre adresse pour une planque plus sûre, allez-vous y cacher. Je vais aussi vous donner une arme discrète au cas où, je serai plus rassuré. "

Joignant le geste à la parole, le samouraï manipula une pierre dans un mur de la cave et un placard secret made in Vegapunk s'ouvrit, révélant une large collection de sabres. Uniquement des sabres.

" Ah oui, heu... c'est vrai... c'est moi qui ai aménagé la planque, murmura Yoru pour lui-même. Heu.. on va oublier l'arme discrète, d'accord ? Mais de toute façon, vous n'en aurez pas besoin, évidement, parce que cette fois vous allez suivre mes consignes et rester planqués, hein ? "


~~ ~~


Le samouraï longea prudemment le couloir du premier étage de la maison de Hyugen plongée dans le noir. Le colonel avait apparemment décidé de finir sa soirée au bras d'une jolie blonde et de laisser ses sous-fifres fouiller les rues à la recherche " du duo abject de voleurs de lingerie féminine. Et du canard ". Le suivre en évitant les patrouilles n'avait pas été évident mais le samouraï y était tout de même parvenu sans se faire repérer. Escalader le mur de la maison du colonel pour y entrer par une fenêtre ouverte avait été après ça la partie la plus facile de la filature.  

Yoru descendit prudemment un escalier sombre, s'approcha suffisament d'une porte entrouverte laissant filtrer un trait de lumière pour comprendre les voix étouffées du couple.

" Alors c'est sûr que c'est eux ? demanda une voix de femme qui minaudait.
- Oui, ma mie, nous les avons pris la main dans le sac après que tu les ais reconnu au restaurant. Mes hommes sillonnent la ville, le traitre à la marine, le canard louche et la fille perverse ne nous échapperont plus très longtemps. Tu n'as plus rien à craindre et je vais retrouver tes précieux sous-vêtements ! ça va me valoir des points ça...
- Mon héro ! Tu me sers un verre pour fêter ça ?
- Bien sûr ma mie, je vais nous chercher mon meilleur champagne ! "

Pendant que le bruit des pas de Hyugen s'éloignait, Yoru s'approcha un peu plus pour observer par l'interstice de la porte. Il reconnut la jeune femme blonde dans la pièce : il s'agissait de la compagne du colonel au restaurant. Celle-ci profita de l'absence de son cavalier pour sortir de son décolleté un den-den mushi.

" C'est moi, dis-t-elle d'une voix beaucoup moins suave, c'est bon, il est persuadé d'avoir les vrais coupables. Non il ne les a pas encore attrapé mais coup de bol incroyable pour nous : il les a surpris dans une pièce pleine de sous-vêtements. Non, pas une de nos planques, je ne sais pas comment ça se fait. Je t'avais dis qu'il fallait se méfier de cette fille rousse. On a failli tomber dans pleins de pièges quand on l'a cambriolé et elle se pointe au restaurant avec un marine... Oui... Bon, je te laisse avant que Hyugen ne revienne. Ne t'inquiète pas, je fais tout pour le garder sous contrôle, cet abruti ! Oui.. "

Yoru réfléchissait intensément : il avait devant lui sa meilleure piste depuis le début de cette affaire, il ne devait pas la laisser filer ! Il devait prendre une décision avant que le colonel ne revienne où les choses allaient se compliquer : devait-il essayer de voler le den-den ? Vu l'endroit où la jeune femme le rangeait, ça n'allait pas être facile de le piquer discrètement. Dvait-il plutôt attendre que la jeune femme parte pour la suivre ? Mais plus il tardait, plus il mettait Lilou et Bee en danger... sans compter qu'il n'était pas sûr qu'elle s'en aille et qu'il n'avait pas vraiment envie de rester écouter aux portes dans ce cas là...
Il devait se décider, agir en samouraï et choisir rapidement la meilleure solution !


~~ ~~


" Bon, je reconnais... ce n'était peut-être pas la meilleure solution. "

Yoru prit un instant pour regarder la jeune fille blonde assommée, bâillonnée et menottée à une chaise avant de revenir sur les regards accusateurs de Lilou et Bee.

" Je pouvais pas la laisser partir et Hyugen arrivait ! se justifia-t-il. Parfois, dans la Marine d'élite, on est autorisé à prendre des décisions radicales ! Enfin, heu, je crois... Je me rappelle plus trop de la page "enlèvement" du manuel... "

Ses deux amis continuèrent à le regarder fixement. Bee lacha même un couac désapprobateur.

" De toute façon maintenant, c'est fait. On va l'interroger. Et je te rappelle qu'elle t'a volé des sous-vêtements, Lilou ! conclut le samouraï dans une dernière tentative pour convaincre la mécano d'arrêter de le fusiller du regard. "

Il secoua doucement la jeune femme qui se réveilla en sursaut et écarquilla les yeux de peur. Elle voulut crier mais le bâillon l'en empêcha.

" Mademoiselle, la salua Yoru, nous avons des questions à vous poser. Je vais donc retirer ce bâillon et vous demander de ne pas crier.  Je me doute que vous n'avez pas envie de m'écouter mais je vous conseille de le faire. Sinon, continua-t-il en désignant tour à tour Bee qui tenait un lance-flamme portatif (une arme "discrète" selon Lilou) et une pile de sous-vêtements, ce canard se fera une joie de cramer ces magnifiques dessous. "
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Lilou avait été contrainte et forcé de changer de planque, à la demande de Yoru. Elle avait été forcément dubitative lorsqu'il lui avait dit son plan : Pour elle, ça allait forcément être un échec. Sans le vouloir, et sans le savoir, elle s'était confrontée à plus fort qu'elle, d'une certaine manière. Plus malin, plus habile. Et ça la décourageait. Être humiliée était déjà une chose qu'elle avait du mal à accepter compte tenu de sa fierté mal placée et de son ego surdimensionné, mais l'être plusieurs fois à la suite, non merci, très peu pour elle.

Elle avait néanmoins obtempéré à la demande de Yoru. Gardant ses armes dans un sac à dos, elle avait enfilé une grosse veste, un jean, et son ami Samouraï lui avait collé une perruque sur la tête pour cacher sa chevelure de feu. A son départ, elle avait pris soin de déguiser Bee également. En chien. Rien que le fait de le faire était en soi absurde, mais elle n'avait pas eu le choix. Le canard avait ainsi enfilé une tenue bien particulière, des fausses pattes avant, une fausse queue, un faux museau, de fausses oreilles... Au bilan, à la fin, il n'y avait plus rien de vrai chez lui.

Ils réussirent tous deux à faire la moitié du chemin avant de se faire interpeller par une patrouille. Déguisés et louches comme ils l'étaient, Lilou se demanda sérieusement pourquoi ils n'avaient pas été arrêté avant, d'ailleurs. Mais son but n'était pas de se faire enfermer dans l'immédiat, et la rouquine qui n'en était plus une du inventer une histoire formidablement capillotractée pour qu'on lui fiche la paix. Bee dut par ailleurs se résoudre à aboyer pour terminer de convaincre la patrouille qui, bien que troublés par le déguisement du canard pas forcément des plus visibles mais qui restait étrange, décida d'aller voir ailleurs s'ils y étaient.

Cette histoire de vol de sous-vêtements était prise bien trop au sérieux. Et c'était sûrement en partie de sa faute. Si elle n'avait pas fait des pieds et des mains pour piéger la maison pour lui refaire le portrait, elle n'en serait pas là. Mais dans les faits, Lilou prenait le problème à l'envers. Ça n'était que Justice. Et pour la Justice, il n'y avait pas de demi mesures, ou de demi teintes. Un vol était un crime, et elle en était la victime. Peut-être était-ce seulement avec le statut de victime qu'elle avait du mal. Sûrement, oui.

Du coup, elle gagna la seconde planque de Yoru, et fut rejoint par lui très rapidement. Et pas seulement par lui. Elle n'eut même pas à attendre une heure pour que le samouraï revienne avec une compagne attachée et ballonnée. Passé les commentaires de la rouquine qui tenta vaguement de donner un cours de séduction à son ami, notamment sur le fait que kidnapper des jeunes filles ne voulait absolument pas dire qu'il avait une touche et qu'il pouvait la ramener chez lui en l'état, l'homme lui expliqua les tenants et les aboutissants de cette prise unique. Et bizarrement, Lilou eut beaucoup moins de scrupules à lui faire passer un interrogatoire.

Tous deux eurent l'occasion de poser bien des questions... Sur une liste bien longue :
Qui était-elle ?
Qui était son complice ?
Pourquoi faisaient-ils ça ?
Avaient-ils beaucoup de victimes ?
Pourquoi des sous-vêtements ?
Et surtout, pourquoi ceux de Lilou ? (bon, en vrai, ça, c'était une question de la rouquine, mais on s'en doutait un peu...)

Mais la blonde ne donna évidemment pas toutes les réponses. Malgré les hurlements stridents qui sortaient de ses lèvres lorsque la rouquine se mettait à brûler, découper, ou tout simplement découdre des soutien-gorges de marques sous le regard perdu de leur victime.

Au bilan, ils réussirent à savoir plusieurs choses : elle n'était qu'une complice parmi tant d'autres, il y avait un homme à sa tête. Elle était payée grassement pour distraire le colonel de la garnison et semer des preuves pour détourner l'attention chez lui. Au vu de sa réputation, ça n'était pas très utile, mais c'était s'assurer une sécurité supplémentaire. Que leur but était de voler des vêtements des femmes réputées des garnisons pour remplir des garnisons de fanatiques qui payaient cher pour ça, qu'ils n'avaient pas sévi qu'ici évidemment. La liste des victimes de cette absurdité était longue, bien trop. S'ils n'obtinrent pas le nom souhaité, ils apprirent une chose très importante :

La tête pensante de cette mascarade était actuellement sur l'île pour organiser les vols, qu'il n'y resterait pas longtemps, et qu'il se trouvait sur un navire qui se faisait passer pour un navire marchand.

Avec toutes ces cartes en main, Lilou remit le ballon sur la bouche de la jeune femme, et se tourna vers Yoru. C'était le premier interrogatoire musclé qu'elle faisait passer. C'était quand même vachement grisant comme première fois !

J'ai un plan ! fit-elle soudainement. Je propose qu'on y aille, qu'on le trouve, et qu'on lui pète les dents !

Subtil comme toujours.

Sauf si tu as mieux.

Ou au moins plus précis qu'elle.
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« Tu sais quoi Lilou ? Ton plan me paraît parfait. On se dépêche de chopper la tête pensante de tout ça avant qu’il ne prenne peur et s’enfuit. En route ! »

Faisant signe à ses amis de le suivre, le samouraï ouvrit la porte menant à l’extérieur d’un air déterminé. Il fut aussitôt assailli par des cris poussés d’un peu partout dans les rues. « Halte ! Vous, contrôle d’identité ! » « Que faisiez-vous il y a environ une heure ? » « Ce sont vos vrais cheveux ? », entre autres.

Yoru interpella un fêtard qui titubait dans la rue.

« Excuse-moi l’ami, c’est quoi ce boucan ?
_Il parait que de dangereux criminels ont kidnappé la nouvelle copine de Komamuri ! expliqua le type en s’appuyant sur un mur pour ne pas tomber.
_ Noooon ? c’est dingue ça ! compatit le samouraï en refermant légèrement sa porte derrière laquelle se tenaient deux demoiselles dont l’une bâillonnée et solidement attachée à une chaise.
_ Le colonel est furieux et a envoyé les troupes du QG fouiller les rues. C’pour ça que je rentre, ils gâchent la fête. Ouvre l’œil si tu sors ce soir mon gars ! conclut-il en s’éloignant. »

Yoru ferma doucement la porte et prit le temps de réfléchir.

« Lilou, tu as beaucoup de tes gadgets avec toi ? »

~~ ~~

Le Samouraï marchait au beau milieu d’une des rues les plus importantes de la ville. Devant tous les bars qu’il voyait, des soldats interrogeaient les derniers survivants de la soirée. Une tache fastidieuse vu qu’à cette heure, la plupart n’étaient plus trop en état de comprendre la raison de toute cette effervescence.
Les marines étaient en tout cas très concentrés sur leur tâche, à tel point que Yoru patienta un certain temps au milieu de sa rue avant que quelqu’un daigne le remarquer.

« Hé… c’est le type qu’on recherche ! »

En quelques instants, le samouraï se retrouva face à une petite armée qui l’observait d’un air méfiant. Le guerrier de Wano n’avait pas l’air commode, après tout.

« Rends toi ! lui intima quelqu’un.
_ Cessez ces recherches, soldats, ordonna Yoru en portant la main à ses sabres, ou je serai obligé de vous montrer ce dont est capable un samouraï… »

~~ ~~

Cachée derrière une caisse de marchandise sur les quais, Lilou observait un bateau à quelques pas d’elle. Si il faisait trop noir pour qu’elle distingue précisément les occupants appuyés sur le bastingage, elle était suffisamment proche pour entendre ce qu’ils se disaient.

« Nous devrions partir, boss, répétait une voix de femme teintée d’inquiétude. S’ils fouillent le bateau, nous sommes foutus.
_Nous n’avons pas encore récupéré tous ce qu’on a volé ! répliqua une voix masculine. Les acheteurs fétichistes demandent plus !
_ Nous trouverons d’autres victimes ailleurs, insista la première voix. Les marines qui fouillent le port se rapprochent.
_ Tu as raison, finit par admettre l’homme. Tant pis pour Laura, elle n’aura qu’à se débrouiller avec son chef Marine. Moi, Hercule Hot, ne me ferait pas capturé. On mets les voiles ! »

Tandis que les ombres disparaissait de la vue de Lilou, nul doute que la jeune femme bouillonnait sur place. Mais elle hésitait à sortir de sa cachette. En effet, à quelques dizaines de mètres, des hommes en uniforme exploraient chaque recoin du port à la recherche des kidnappeurs. C’était déjà un miracle qu’elle soit parvenue jusqu’ici sans encombre avec Bee.

Alors qu’elle se demandait quand est ce que son ami, qui lui avait dit s’occuper de tout, allait se décider à agir, un drôle de bruit commença à résonner sur les quais. Elle mit quelques instants à identifier un rire un peu fou.

« Hahahhahahahahahahahaaaahahahahaha ! »

Surgissant en trombe d’une rue, Yoru traversa le port comme une flèche, suivit de près par une bonne partie de la garnison de l’ile qui tentait de le coincer.

« Vous n’attraperez jamais un samouraï ! gueula-t-il avant de se remettre à rire comme un fou et de disparaître, lui et ses poursuivants, par une autre rue. »

Les marines sur le port restèrent un instant interdit avant de partir brusquement se mêler à la course.
Le calme revint sur les quais. Lilou avait le champs libre.
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