Dans le cabinet de travail, alors que la nuit était tombée depuis longtemps déjà, un jeune homme s'escrimait à comprendre un fait inexpliqué se déroulant sur la si singulière île de Zaun. Prêt à y passer des heures encore, il examinait les moindres détails d'un plan rigoureusement tracé, représentant l’Île selon un découpage précis, référençant les parcelles de propriétés foncières de la grande ville. Aux côtés de cette carte gisaient des lettres de demande de transfert de propriété par des gens plutôt fortunés, ce qui donnaient à la transaction un caractère des plus étranges. Pourquoi diable cherchaient-ils à donner leur terre ? Ils n'étaient pas dans le besoin, certes, mais de là à se montrer généreux à ce point, c'était impensable. Surtout lorsqu'on connait la mentalité des gens d'ici.
S'accordant une pause, l'homme déposa sa plume sur le bureau, poussa son fauteuil et s'y allongea tout en croisant les bras sur son torse. Pensif, il réfléchissait. Il devait trouver la solution. Même s'il savait que ce n'était pas ce qu'on lui demandait.
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Stefan Defoe était alors âgé de 20 ans, et travaillait dans le cabinet de Maître Landers. Associés depuis la majorité du garçon, ils se voyaient confiés de dossiers de mises à jour du cadastre local, de gestion foncières et terriennes, d'héritages aussi. Chaque affaire avait un lien avec la terre, une habitation. Pendant longtemps, le jeune homme se chargeait de dessiner des cartes, revoir les tracés, classer les dossiers. Mais depuis peu, il était devenu l'égal de son mentor, et recevait des demandes de clients.
Ce fut ainsi qu'il tomba sur les fameuses lettres de propriétaires et leur cession à titre gracieux à un bénéficiaire anonyme. La coïncidence temporelle (les dons avaient commencé récemment et s’enchaînaient avec le temps à une vitesse extraordinaire) l'avait aussitôt alerté. De sorte qu'au lieu de procéder à des modifications des plans, il se posait des questions. Oui, il prenait une initiative. Oui, il se mêlait des affaires des autres. Oui. Car il y avait anguille sous roche. Et qu'il aimait que les choses soient bien faites et justes.
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Lorsque Stefan ouvrit les yeux, il constata qu'il s'était assoupi, alors qu'il voulait juste faire une pause avant de reprendre son travail. Il devait reconnaître qu'il ne parviendrait pas à grand chose s'il manquait de repos. Un esprit fatigué n'est jamais efficace. Il s'étira, se leva. Rangea toutes les pièces du dossier sous une lame du plancher de la pièce (oui, il lui arrivait de cacher les documents à risque. Précaution utile après que l'Office n'aie déjà été visitée par le passé). Il ferma précautionneusement les locaux à clé, et partit en direction de sa maisonnée pour un repos bien mérité.
Dernière édition par Stefan Defoe le Jeu 17 Juil 2014 - 9:21, édité 4 fois