Temps passé, quelque part sur North blue.
Une étincelle dans la nuit. Une luciole au milieu de l’infini. Voilà ce qu’observait le tout jeune enfant lorsque la bougie s’éloignait de lui tout en sillonnant la grande mer du Nord. Lui n’y voyait pas qu’une simple lumière dans le noir. Il revoyait le visage de celle qui comptait plus que tout, celle qui s’en était allé de l’autre côté pour que lui demeure dans le monde des vivants. Un monde sombre et chaotique à l’image des ténèbres qui s’étendaient à perte de vue. Ses yeux grands ouverts observaient avec attention et défiance les eaux qui s’étendaient à ses pieds jusqu’à l’horizon. Et puis, son imagination esquissa des visages, des visages qui appartenaient aux monstres qui l’avaient précipité dans l’enfer de la solitude et de la peine.
Le colonel, un homme dans la force de l’âge, se tenait quelques pas en arrière, le regard posé sur ce petit garçon dans un costume de deuil. Plus que ce vêtement, il avait surtout revêtu un habit encore plus sombre que le noir. Tissé dans la rancune et la haine, il pesait lourdement sur les frêles épaules de l’enfant. Un poids bien trop lourd et qu’il lui fallait toutefois porter et apprendre à vivre avec jusqu’à sa fin.
Tu sais Sorrento, la haine n’est pas un sentiment. C’est un lieu. Un lieu où se réfugient ceux qui n’ont pas pu surmonter leur tristesse.