??? : T'es qui le clown ?
Chahid : Yosh vous avez vraiment pas de chance les gars, quelques minutes de plus et vous seriez déjà en mer !
Ce fut donc ainsi que commença cette épopée, alors qu'une bande de pirate qui venait à peine de se former faisait parler d'eux, c'était d'une rapidité assez étonnante que l'on décida de m'envoyer, moi, simple petit marine d'élite, à arrêter ces gens avant qu'ils ne passent aux choses sérieuses. La naissance de gros pirates en ces temps agitait pas mal les choses, le gouvernement ne voulant plus prendre de risque ce n'était pas rare de voir des marines envoyés ici et là pour arrêter des individus malfaisants. Je m'entraînais depuis quelques mois, me préparant pour commencer mon aventure, il était enfin temps de devenir quelqu'un, allais-je avoir une vie assez courte ? Deviendrais-je quelqu'un d'assez reconnu dans le monde ? Mon surnom imprégnerait-il ce monde jusqu'à plusieurs générations ? Il y avait un tas de questions dans ce genre qui n'arrêtait pas d'apparaître. Débarquant sur l'île il m'avait fallu une bonne journée pour trouver ces brigands, une longue bataille commença, il me fallut bien quelques dizaines de minutes pour enfin débloquer la situation.Chahid : Wouhou !!! Fêtons donc notre début d'aventure !!!
Comme toujours, je ne pouvais pas m'empêcher de fêter une nouvelle victoire, les gens de l'île étant tout de même assez sympathique, je n'avais aucun problème pour me lier avec la population. Je ne savais pas encore ce que j'allais faire dans ces mers, je comptais pour l'instant visiter pas mal d'île, affronter de puissants adversaires pour me former moralement, mais aussi physiquement, j'imagine que je deviendrais un jour assez puissant pour défier GrandLine, à ce moment-là il m'est encore difficile de connaître mon destin, peut-être que je me prendrais tellement de défaites en pleine face que je serais obligé de rester dans les mers du début, sûrement démoralisé de mon aventure, je pourrais très bien tout abandonner, mais sans pour autant être rêveur ou optimiste, je suis tout de même quelqu'un d'assez fort pour savoir que je ne ferais pas partie de ces personnes totalement détruites par Grandline. J'imagine que j'arriverais à battre de gros poissons et qu'au fur et à mesure je pourrais enfin me faire un nom dans ce monde et imposer la justice, après ça, il ne me faudrait pas beaucoup de temps pour être promu dans la marine, m'ouai, lorsque l'on me parle de ma future carrière c'est comme ça que je vois les choses, mais après tout, on ne sait rien de ce monde qui nous réserve tant de surprises.Chahid : C'est si excitant !
La foule dans la taverne commençait petit à petit à disparaître, posant ma tête sur la table, je pensais alors à ma famille, j’espérais avant tout qu'ils allaient bien et je me demandais aussi ce qu'ils pouvaient faire actuellement, certes ils devaient certainement reconstruire tout ce qui avait brûlé auparavant, mais je ne m'inquiétais pas pour eux, la seule question qui m'importait vraiment serait le moment de les revoir. Me tournant soudainement, rattachant aussi mon sabre à ma ceinture, je commandais comme dernière boisson le meilleur alcool de la taverne, appuyant mes coudes sur la table et observant tout ce beau monde, je ne pouvais que réfléchir sur ma prochaine aventure, allais-je visiter une île calme ? Non, j'aurais bien voulu rencontrer quelques pirates puissants, mais on ne pouvait jamais savoir ce qu'une île nous préparait à l'avance : «Yosh il est peut-être temps d'y aller non ?»[HRP : Désolés je suis un peu nul pour les premiers post]
Les premières rencontres
Flashback 1623.
Shell Town est une petite ville tranquille d'East Blue, elle n'a que rarement connue de réels bouleversements. Il y a d'abord eu le passage il y a de cela une centaine d'années de Monkey D. Luffy, libérateur, qui a soufflé un vent nouveau. A une époque moins lointaine, la prise de fonction du Fenyang, alors Colonel. Véritable accélérateur pour le chantier naval qui s'y trouve, à son départ les choses se sont quelques peu apaisées. Le Colonel Véhachez veille sur la ville et ses habitants, dans l'attente que la menace ose tenter un assaut. Seulement, dans l'ombre, une rumeur prend naissance. Tout d'abord, une simple conversation entre deux femmes bouleversées par ce que le mari de l'un a raconté à son épouse. Un meurtre, affreux. Qui ? Comment ? Personne ne le sait. Le danger s’immisce dans les ruelles de Shell. Les semaines s'écoulent, les meurtres avec. La rumeur grossie, diffère, mais s'accorde sur un point. Que les enfants se tiennent éloignés de la pénombre, on raconte qu'un monstre guette, à l’affût de faibles proies sur lesquelles se jeter.
Horrible. Immonde. Les autorités patrouillent nuits et jours, en vain. Le coupable est comme un courant d'air, lorsqu'on lui met la main dessus, il s'envole. Vous laisse sur place, étendu, l'expression du visage figée, froid comme la mort. Car c'est ce que vous êtes, mort. Il tuerait rien qu'en regardant ses victimes. Crise cardiaque, ou quelque chose s'en approchant. Redoutable. Que les pauvres âmes de Shell Town se rassurent, l'histoire veut que pour chaque nouveau danger qui fait surface, son Némésis naît avec lui, surgissant lorsqu'on s'y attend le moins. L'histoire ne ment jamais. Au sommet de la demeure située sur les falaises, aux pieds de la garnison de Marine, une silhouette observe de toute la hauteur que lui offre son perchoir. Bras croisés, parfaitement en équilibre sur le piquet planté au toit de la maison, stoïque face aux courants venteux, il étudie les lieux. Le vent souffle fort aujourd'hui, il balaie sa longue cape rouge comme une vulgaire brindille, sans inquiéter la stabilité de son possesseur. Qui est-il ?!
Vêtu d'un costume tout droit tiré d'un livre pour héros, aux dominances vert et noir, retenu par une ceinture dont le symbole circulaire ne signifie absolument rien. Bottes et gants en caoutchouc accompagnent sa panoplie, le plus fabuleux de tout étant ce qui masque son identité, son casque. A mi-chemin entre un casque de conducteur de yagura-bull et de celui d'un chevaucheur de yak albinos des terres enneigées de Drum. Sa visière masque totalement la partie supérieur de son faciès. Les antennes de chaque côté, pointant les cieux comme si elles voulaient capter une communication de Den-Den Mushi, lui offrent des allures d'insecte qui ne lui déplaisent pas. C'est bien les insectes, qu'il pense. Il lâche un petit rire amusé, avant de bondir d'une façon surjouée, pirouette genoux pliés, pour réception parfaite quelques mètres plus bas. Il avance d'une démarche qui se voudrait classieuse selon lui, mais totalement ridicule. Torse bombé, mains sur les hanches, sa belle guitare aux allures de clown trônant dans son dos, les gens le dévisagent, les femmes fantasment déjà.
Qui est-il ? Personne. Vraiment, personne. Le néant. Il a bien un nom, un véritable nom, Jericho Rawson. Autrement dit personne. Et c'est ce qui lui plaît, lui, la future légende. Devoir écrire son nom au cours d'aventures épiques comme celle qu'il s'apprête à vivre. Ce mystérieux truand dont on ne sait rien, il va l'arrêter. L'afficher en place public, afin que tous puissent voir qui il est. Le monde ne doit pas croire aux idioties comme les monstres dévoreurs d'enfants, ou le méchant ogre caché dans le placard à vaisselle, ou quelque chose du genre si ses souvenirs sont bons. Quand on traque quelqu'un dont on ne sait rien, on va à la pêche aux informations. C'est ce qui lui a appris son parrain Duff. Aussi s'introduit-il dans une boutique repérée tantôt, pour en ressortir une dizaine de minutes plus tard, la main droite armée... d'une canne à pêche ! Oui, notre homme n'est pas stupide, sachant pertinemment qu'on ne va pas à la pêche aux informations sans canne à pêche ! Et avec les hameçons s'il vous plaît.
Hin hin hin hin.
Il s'amuse comme un petit fou notre chasseur de primes à l'intelligence défaillante. Sa destination ? La taverne. Là-bas, point d'explosion de testostérone et de confrontations à coups de cocktails de phalanges, non. Il ne se rend pas là-bas pour se battre. D'un bond, il fracasse la vitre de l'établissement, passant outre les débris de verres et les injures simultanées du tavernier. Depuis tout petit, il est habitué à ce que les gens l’appellent autrement que par son prénom, privilégiant les injures pas très sympathiques. Accroupi sur le rebord de la fenêtre brisée, son œil expert balaie la salle, la lumière du lustre au plafond se reflète sur la visière de son casque, les vociférations du barman attirent son attention. Il lui demande son nom.
Qui je suis ?
Prise d'air énorme, bouche grande ouverte, il se gonfle à bloc.
CAAAAAAAAAAAP'TAAAAAAAAAAIN LA PEEEEEEEEEEEECHE !
Il se sent fort, important et admiré, mais garde sa délicate mission en tête. Cap'tain la Pêche jette donc la ligne dans cet océan de bière que représente le coin, à la recherche du poisson informateur. Souvent, c'est une race bien particulière, le saumon bourré.
Dernière édition par Jericho Rawson le Dim 27 Mar 2016 - 13:34, édité 4 fois
Cette journée est pourrie.
Il y a différentes sortes de mission. Celles qui apportent la gloire et la renommée. Celles qui représentent un challenge et qui permettent d’en sortir plus grand, plus fort ou plus puissant. Ou encore celles qui apportent une récompense suffisamment conséquente pour accepter de fournir l’effort qu’elle représente. Mais cette mission est d’un autre genre encore. Elle appartient à la classe des tâches que l’on à honte de faire et qui nous font préférer prétendre être en cavale plutôt que de l’assumer. Les missions que l’on affuble du mignon surnom : « de merde » ! Une belle et parfaite mission de merde !
Posons le contexte. Barracuda avait été chargé de ramener des herbes médicinales de l’herboristerie de Shell Town pour faire plaisir à celui qui tenait au dessus de sa vie une épée de Damoclès et qui l’avait capturé, puis drogué une semaine auparavant. Hum… Cette phrase est longue. Raccourcissons-la. Il fait les courses pour son ennemi. Il vient juste de sortir de la boutique d’herbes, un petit sac ridicule au poignet, son amour propre bien enfoui dans son fondement. C’est le problème de l’humanité, tant qu’on n’est pas le plus fort, on ne peut pas donner libre cours à ses envies et vivre sa vie comme on le sent. Il y a toujours quelqu’un au dessus, plus puissant, plus fort ou plus influent qui utilise les autres à ses propres fins. Et tant qu’on n’est pas en mesure de le battre, on ne peut qu’obéir. C’est une frustration de l’esprit permanente. Fort heureusement, l’humanité avait également trouvé la solution pour ne pas sombrer dans la folie collective. Le rhum. Des milliers d’années d’évolution, d’expérimentation, de tentatives et de transmission d’expérience ont amené les hommes à transformer de simples canne à sucre sans le moindre intérêt en un liquide magique qui supprime les problèmes et laisse la grande place aux rêves et à l’imagination. C’est lors de la découverte du rhum que la race humaine a atteint le point culminant de sa sagesse. Tout le reste depuis n’est qu’un interminable déclin.
C’est donc pour rendre hommage à son espèce que le pirate se dirige d’un pas déterminé vers la taverne. La bâtisse est grande, présentant une façade de planches horizontales clouées maladroitement où trônent deux grandes vitrines séparées par une porte à double battant. A travers les vitrines, on peut voir une dizaine de personnes assises à des tables. C’est flou, impossible de distinguer les visages, ce qui rend le tableau plus mystérieux. Un homme sort de la taverne, laissant les la porte battre dans un bruit assourdissant. Les deux battants entrent et sortent, usant d’un pouvoir attractif sur l’esclavagiste en manque d’alcool. Comme s’il était hypnotisé, il avance lentement, un pas après l’autre, sans que la moindre pensée ne traverse ses deux oreilles.
-Patron, ton meilleur rhum dans ton plus grand récipient !
La commande est lancée, les fesses sont posées, l’attention attirée et le majeur levé. Le serveur lui pose un grand saladier rempli d’un liquide brun dont les simples vapeurs suffiraient à faire tourner de l’œil un bon nombre de personnes. Cette odeur est la première chose de la journée à parvenir à lui arracher un sourire. Il est bon. Le liquide descend le long de sa gorge, le brûle et le fait grimacer un moment avant de lui faire ressentir une agréable sensation de chaleur au creux de l’estomac.
-Bordel, c’est bon comme si Dieu en personne venait de m’rouler une pelle !
Non, vraiment, rien ne pourrait gâcher un pareil moment de délice. Pas même une vitrine qui explose derrière lui, envoyant des morceaux de verre un peu partout, y compris dans son saladier. Henry Morgan n’est pas du genre à geindre parce qu’il y a un cheveu dans sa soupe ou des débris tranchants dans son rhum. Sans même se retourner vers l’abruti qui hurle derrière lui, il lève la coupe à ses lèvres et avale la boisson et les éclats de verre. L’alcool est si fort que les entailles qui se forment dans sa gorge cicatrisent presque instantanément. Le gout du sang se marie très bien avec celui du rhum. Il repose le saladier et tente de faire abstraction de ce qui se passe autour de lui. Il est là pour se détendre, rien d’autre et personne ne viendra troubler cela. Même s’il doit faire semblant de ne rien voir et de ne rien entendre.
En vérité, si, il y a bien une chose, une seule, qui pourrait ruiner cet instant. Un connard avec une cane à pêche. La probabilité que cette situation se présente est très faible, convenons-en, mais après tout, l’esclavagiste avait bien gagné plus de deux millions de berrys le mois dernier en grattant un ticket « Top-site ». Comme quoi, probabilité faible et nulle sont deux choses différentes. Et justement, l’autre abruti, derrière lui, a effectivement une cane à pêche. Et de toute évidence, c’est un parfait connard. Un hameçon vole dans la pièce, suivi des yeux par tous les clients abasourdis, et vient se planter dans le bord en bois du récipient d’Henry. D’un coup sec, le nouvel arrivant tente de remonter sa prise mais ne parvient qu’à renverser tout le rhum restant sur l’entrejambe du gros black. La légende raconte que le hurlement de fureur qui a suivi a été entendu dans tout East Blue. Ce qui est certain, c’est que trois des clients les plus proches ont perdu l’usage d’une de leurs oreilles. Les énormes poings de Barracuda tremblent de rage, il n'a pas encore bougé. Seule sa tête se retourne lentement, jusqu'à croiser le regard du fautif. L'allure, la dégaine et l'accoutrement du parfait abruti.
-Toi, mon gars, t’as choisi l’mauvais gars à faire chier, au mauvais endroit, au mauvais moment et pendant la mauvaise mission ! T’as tout faux ! Et pourtant, t’es là, avec ton sourire d’grand con ! T’es content ! Mais ce sourire m’énerve ! Il y a beaucoup trop d’dents. J’vais arranger ça !
Le monstre de muscle noir se retourne et charge comme un bœuf. Il percute de l'épaule l’imprudent pêcheur, le faisant voler à travers ce qui reste de la vitrine, l’attrape en plein vol par le pied, tourne sur lui-même et l’envoie valser contre le mur de pierre de la maison attenante. De son bras de fer, il frappe violemment. Un grand fracas se fait entendre. Son poing s’est enfoncé d’une dizaine de centimètres dans la pierre, juste à côté du visage de l’homme qui l’a énervé. Henry souffle de son haleine chargée, des veines palpitent au niveau de son cou. Il a fait preuve d’un grand self-control.
-Donne moi une raison, une seule, de ne pas te broyer le crâne dans la seconde. J’espère que t’as des sous sur toi. Pour me rembourser le rhum que tu as renversé, pour le teinturier et pour ma clémence.
La pêche, c'est un peu comme ces fameux récits d'aventures qui débutent inévitablement dans le bar miteux d'une ville. Cela n'intéresse pas grand monde, on s'y ennuie rapidement et la diversité du sujet n'est pas vraiment présente. Finalement, seuls les nouveaux initiés à la pratique y prennent du plaisir, au grand damne des anciens. Jericho a horreur de cette activité ô combien déprimante et trop immobile, sans grands frissons. Il vomit sur la pêche. Cap'tain la Pêche lui, en est le grand maître. Si l'on devait réunir les cinq êtres les plus doués dans le domaine, les quatre autres formeraient un conseil dont il serait le boss. Les jeunes ambitieux devraient alors l'affronter dans un duel épique de pêche à la canne, dont ils ressortiraient irréfutablement perdant à chaque essai. Cap'Tain la Pêche ne perd jamais, c'est bien connu. Même lorsqu'il se retrouve encastré dans un mur par le bras musclé de ce qui ressemble à un taureau géant sur deux pattes.
Une version moins imposante du légendaire Minau le Thor, mais bien plus susceptible. C'est toujours pareil avec les ivrognes, un rien ne les énerve et en une fraction de secondes, cela dégénère. Celui-ci a le teint basané, la coupe à l'iroquoise, deux dents en or et une haleine de phoque, l'air patibulaire et un coffre qui rivalise avec les plus grandes castafiores des Blues. Pour un peu, la visière de son casque se serait brisée sous la puissance vocale du bœuf humain. Ah, et il a un bras d'acier, en plus d'avoir une force physique colossale. Cet homme n'est définitivement pas humain selon notre héros. Étourdi par l’enchaînement brutal qu'il vient d'endurer, Belzébuth n'en perd pas pour autant ce sourire idiot si irritant. C'est qu'il avait de la gueule cet enchaînement, mine de rien. Contrairement à son agresseur, il ne pensait absolument pas avoir ferré le mauvais poisson. Plus ils sont gros, plus ils sont alcoolisés et plus ils parlent.
Lui fournir une bonne raison de le préserver en un seul morceau ?
Je pourrais te faire découvrir le dentifrice ?
Il est content, le Rawson. Belle blague digne de lui qu'il vient de claquer au nez de la brute. Qu'il va pour ricaner, le Rawson, mais l'autre est plus réactif. D'un grognement trahissant l'agacement du gaillard, il lui bascule la tête vers l'avant pour mieux l'y enfoncer dans les brisques dans son dos. De quoi assommer un homme rouge protégé par un Tekkai. Largement dissuadant de continuer à raconter de la merde. Il tousse, crache un peu de sang aussi, avant de faire signe qu'il est prêt à parler sérieusement.
Si je te raconte comment gagner vite en moins d'une journée, je pourrais conserver mes dents ? Tu me croiras pas, mais c'est vachement chiard de causer quand t'es édenté ! L'autre jour j'ai
Nouvelle interruption, l'a pas l'air d'être ici pour écouter les croustillantes anecdotes de la débutante carrière du plus grand Chasseur de Primes de l'histoire. Ce sera donc la version abrégée.
Kirara, tu connais ? Moi non plus. 'Fin si, j'le connais forcément si je t'en parles, mais pas avant quoi. Avant de te connaître toi, je te connaissais pas et lui non plus, 'fin lui te connais toujours pas et moi non plus, mais lui je le connais et toi aussi, 'fin toi non mais c'que je veux dire, c'est que je te connais mais que lui te connais pas et toi non plus et moi je le connais et...
Court-circuit, beug dans la matrice, interruption momentanée du programme. Il n'a pas été violenté, on ne lui a pas coupé la parole, il s'est juste lui-même embrouillé la cervelle, au point de la faire fumer puis disjoncter. Et il est là, immobile, silencieux, comme inanimé. Donnant l'impression d'avoir claqué entre les doigts du Barracuda. Le pire étant que ce genre d'état second pouvait fréquemment arriver, pour peu que notre future légende ne cherche trop à réfléchir par lui-même. Quoi qu'il en soit, son retour à l'état normal s'enclencha par un fugace clignement de l’œil, puis d'un étirement du coin des lèvres et d'un léger cri d'ignorance. Plus déplorable encore, il était conscient de ses moments d'absences, mais ne pigeait rien à ce qui le frappait. Loin de s'en inquiéter, il éclata de rire, avant d'enchaîner tout naturellement.
Bref, ce type est recherché, c'est un criminel, mais attention un dangereux ! Le genre qui tue à distance et sans utiliser d'armes comme ton gros calibre ! Pas celui entre les... non non ! Ok ok, j'me calme. Il lui suffirait d'un regard, et t'es mort. Comment mystère et boule de cire. Ou boule de flipper, j'sais plus. Bref, tu me laisses en vie, j'le capture et choppe la gloire et j'te file le fric en échange. T'en dis quoi ?
Très honnête comme marché, si on omet le fait que ce Kirara n'a pas de prime sur la tête. Il faut savoir user de tromperie pour éviter d'être écrabouillé comme un salsifis, à mois que ce soit du gruyère.
Dernière édition par Jericho Rawson le Dim 26 Oct 2014 - 22:39, édité 1 fois
Le poing toujours levé, prêt à frapper au moindre mot de travers, Henry écoute ce que le pauvre débile blondinet a à dire pour sa défense. Tout ce qu’il a trouvé, c’est une promesse hypothétique de dons de berrys gagnés en capturant un tueur dont on ne sait rien à part qu’il tue ses proies sans les toucher. Y a pas à tortiller du cul pour chier droit, il vend du rêve le gars. Henry se lance alors dans un exercice qu’il n’apprécie pas particulièrement : réfléchir. D’un côté, les primes sont très souvent des sommes à 7 voire même 8 chiffres. Ca a de grandes chances de valoir bien plus que ce que ce clodo pouvait avoir sur lui. D’un autre côté, ce type ne semble pas être en mesure de savoir faire ces lacets tout seul. De fait, ils sont défaits. Il y avait donc de grandes chances qu’au final il se tape lui-même tout le boulot. Enfin, du dernier côté, oui, oui, c’est un triangle, l’esclavagiste est bien curieux de voir ce fameux tueur capable de commettre ses forfaits à distance. C’est du grand art ! Ce mec pourrait devenir une source d’inspiration.
-J’en suis. Fais voir sa petite affichette ! J’sais bien qu’vous les chasseurs de primes, vous avez toute la panoplie sur vous.
Tout en disant ça, il se relève, non sans remettre une petite gifle au passage histoire de donner le ton. Ils ne sont pas amis. En aucun cas. Ce n’était pas dû au fait que Jericho soit un chasseur de prime, au contraire, Henry avait toujours trouvé que leurs deux métiers se ressemblaient beaucoup. Après tout, ils capturaient des gens et les donnaient à d’autres gens contre de l’argent. La seule différence, c’est que les chasseurs de prime les remettaient à la Marine. Et lui à tous les autres.
Bon, s’ils voulaient tomber sur ce mec, il fallait se mettre à sa place et déterminer où il frapperait de nouveau. Se mettre dans la peau d’un assassin, ce n’était pas compliqué pour le gros black. Il suffisait de trouver tous les lieux de ces anciens crimes, et trouver un lien entre eux. Ou faire pareil avec les victimes.
-Bon, tu la trouves cette affiche oui ou merde ?
Il tire le gringalet par le bras pour le faire avancer en lui demandant ce qu’il savait déjà sur l’affaire. Même le dernier des imbéciles ne se lance pas à la poursuite d’un type visiblement dangereux sans un minimum d’information. Un plan. Une idée…. N’est-ce pas ?
Petite claque de l'amitié que le grand bourrin lui administre, consentant finalement à le relâcher, intrigué par sa petite histoire de criminel. Il lui demande de lui montrer l'avis de recherche dressé contre Kirara. Moment de panique, instant de réflexion intense en accélérée, sur fond de comédie faciale pour ne rien laisser paraître. Quelques gouttes de sueur qui perlent, traîtresse, sauf que le casque empêche le tas de muscles de le voir. Ce qu'il n'a pas compris, évidemment. Une tendance à oublier ce genre de détail, ou de se croire dans une situation misérable alors que ce n'est pas le cas, c'est aussi ça être une légende en apprentissage. Qu'il fait mine de vérifier sous sa cape si le morceau de papier ne s'y trouverait pas. Si les Chasseurs de Primes compétents, rodés au métier, ont effectivement tout un stock d'affiche concernant la valeur des criminelles et leurs visages, le Rawson n'en est pas encore là.
Je... oui... deux secondes l'ami... elle doit pas être bien loin...
Qu'il s'impatiente, l'autre. Fort heureusement, il n'a pas encore totalement cerné dans quoi il vient de s'embarquer. La plus grande aventure de toute son existence, ou la plus désastreuse. Entraîné de force et par la brutalité par son acolyte d'une affaire, tous deux quittent les lieux. Pas avant d'avoir ramassé au passage son fidèle gadget, sa canne à pêche. On ne fait pas de Cap'tain la Pêche sans canne, c'est idiot. Laissant une taverne quelque peu déboussolée. Vitre fracassée, alcool renversé, clients dans incompréhension. Qu'ils ne savent pas s'il s'agissait d'un divertissement offert par la maison, où si ils venaient réellement de voir une grosse brute furibonde, fracasser contre les briques un super-héros de la pêche aux ivrognes. Surréaliste. Cap'tain la Pêche, dans son grand numéros de survie, fait mine d'oublier la recherche de l'avis de recherche lorsque le représentant des mecs joyeux et pacifistes souhaite un topo sur la situation.
Bah... avant que tu t'en mêles, je cherchais justement des informations sur notre homme. J'étais certes là car on m'y avait forcé au départ, mais je cherchais aussi des renseignements. Et t'as tout foutu en l'air, bravo. Du coup, ce que je sais déjà, son nom, son mode opératoire, où il pisse et boit son lait, où il achète ses fringues et où est-ce qu'il donne ses représentations.
Outre l'inutilité ou l'improbabilité de certaines choses révélées, c'est la façon d'un naturel déconcertant dont il déballe le tout qui rend la chose déroutante. Sait-il réellement renseigner sur l'emplacement exact où le tueur soulage sa vessie ? En est-il réellement fier ? Le reste est-il vrai ? Certes, il est sur cette histoire depuis son arrivée à Shell, mais cela semble peu probable qu'il soit aussi doué dans son métier. C'est plus le genre à se jeter dans les ennuis sans une once de stratégie. Mot dont il ne connaît de toute façon pas la définition.
Ce que je te propose, c'est d'abord de se rendre à l'emplacement de son dernier meurtre, proche de l'église, au niveau du cimetière d'à côté. Non, c'est pas ici qu'il pisse. Encore moins là-bas que s'entasse ses quelques adorateurs complètement déchaînés par le phénomène. Avant de s'y rendre, tu dois absolument te protéger...
Oui, il est très sérieux. Non, il n'a pas d'idée perverse en tête en lui refilant ce conseil. Clairement, il n'aurait pas dû s'arrêter aussi brusquement dans sa phrase, carrément que ça le fait marrer de laisser planer le doute ! Qu'il ricane, ce son si spécifique au rôle qu'il endosse aujourd'hui. Véritable performance qu'il dévoile aujourd'hui. Comportement différent, capacités différentes, tenue vestimentaire différente, reste la partie psychologique trop endommagée pour différée. Les efforts sont visibles, au moins. Il précise finalement le fond de sa pensée, se protéger de manière à ne pas finir comme tous les autres qui se sont lancé à la poursuite de Kirara. Crise cardiaque, c'est ça qu'il veut ? Non, alors il se doit de masquer son identité, dissimuler son visage bourru, car il ne lui faut que cela au tueur pour faire gronder la mort.
Tu comprends maintenant pourquoi Cap'Tain la Pêche est sur le coup ?
Identité secrète, sécurité assurée. Le super-héros est très sérieux, il n'avancera pas tant que son compagnon n'aura pas quelque chose sur la caboche. Ensuite, il ne restera plus qu'à rejoindre le cimetière, et enquêter sur les lieux.
Dernière édition par Jericho Rawson le Dim 26 Oct 2014 - 22:40, édité 1 fois
Toute cette histoire commençait à ne pas sentir très bon pour l'esclavagiste qui doutait de plus en plus du sérieux de cette affaire. Et comment lui en vouloir ? Fallait-il porter crédit à un homme qui se baladait déguisé en cafard, une cane à pêche à la main et qui pourchassait un criminel dont il n'avait même pas l'avis de recherche ? Et surtout, était-il possible qu'il soit parvenu à trouver les lieux où l'hypothétique criminel allait uriner sans jamais le voir en personne ? C'était absurde ! Ce personnage l'était ! Cette situation l'était ! Même leur cible l'était ! Un criminel qui tue ses cibles sans les toucher... Où était le plaisir ? La seule explication plausible pouvant naître dans l'esprit étriqué de l'esclavagiste était l'utilisation d'un fruit du démon particulièrement redoutable. Et si tel était le cas, il avait tout intérêt à laisser l'autre demeuré passer devant. C'est pourquoi il décida de le suivre en direction de ce fameux cimetière où le dernier meurtre aurait été commis. Au fond de lui, Henry Morgan priait un Dieu auquel il ne croyait plus qu'il ne s'agisse pas du délire d'un malade mental se prenant pour un soi-disant super-héros nommé Cap'taine La Pêche. Hypothèse non négligeable quand on regardait le bonhomme.
-Ola, ola, ola, j'ai rien à protéger moi ! J'ai pas l'intention d'faire prendre l'air à l'anaconda avec tes p'tis potes derrière l'Eglise ! Hein ? Mon visage ?
L'idée du chasseur de prime présumé, Jericho, était qu'en masquant son identité, il pourrait éviter de subir le même sort que les précédentes victimes, à savoir une crise cardiaque foudroyante. Seul un esprit malade pouvait avoir un raisonnement amenant à une telle conclusion. Le colosse d'ébène tenta de garder son calme et essaya patiemment de lui expliquer, à grand renforts de métaphores, que ne pas savoir qui se trouve en face n'a jamais empêché une balle de traverser une tête. Et quand bien même ce serait le cas, il n'était pas du tout connu sur East Blue et que donc le fait de voir son visage ne donnerait aucunement son identité au tueur. Mais on ne peut raisonner un fou... Jericho n'en démordit pas et refusait de continuer tant que son visage ne serait pas masqué. En soupirant, Henry retira son blazer et l'enroula autour de sa tête comme un turban, ne laissant transparaître que ses yeux.
-Putain de merde, la prime a intérêt à être à la hauteur de tout ce merdier que tu m'fais endurer, mon gars ! Sinon, n'oublie pas ! J'te vends pour m'rembourser le temps perdu !
Ils arrivèrent finalement à l'Eglise, plus précisément derrière, à côté du cimetière. Il restait encore une trace brune là où la dernière victime avait relâché ses sphincters en poussant son dernier soupir. On l'oublie bien souvent, mais lors de la mort, la « dernière expiration» s'effectue aussi bien par l'orifice du haut que celui du bas. Une odeur immonde embaumait la petite placette. Juste à côté, une tache sombre d'humidité commençait le long du mur et s'allongeait en long rubans sur le sol. C'était vraiment là que le tueur venait pisser visiblement... Henry ferma les yeux et se contrôla. Il était en train d'enquêter sur une tache de pisse et une tache de merde... Zen...
En observant bien la disposition des tâches et leur état, le vendeur d'esclave conclut que les deux tâches dataient à peu près du même moment. Sa conclusion fut que la victime avait surpris le tueur en train de se soulager, ce dernier s'était retourné -à en juger par le long filet de pisse qui partait sur le côté- et l'avait tué sans même lâcher son membre. Le pauvre voyeur était mort debout et s'était effondré en arrière par la suite, ce qui expliquait pourquoi la tache brune avait cet aspect écrasé, explosé. Son caleçon était déjà rempli avant l'impact au sol. Morgan se tourna vers son débile d'acolyte et déclara :
-C'est une mort foudroyante par contact visuel. En effet, on a du lourd là...
Yeah ! Cap'Tain la Pêche et Terminaturban sont sur le coup ! On fonce au cimetière !
Il s'élançait déjà, les deux poings en avant, courbé vers l'avant, imitant un super-héros en plein envol, la cap au vent. Autant vous dire que les menaces de son collègue, il ne les écoutait même pas. Dans son élément, à la place où il avait toujours voulu être, il déambulait dans les rues de la ville, fièrement. Persuadé qu'il redonnait de l'espoir dans le cœur des personnes qu'ils croisaient, à défaut de comprendre qu'il se tournait en ridicule. Pour un peu, s'il n'était pas déjà pris par cette identité du grand maître pécheur justicier, il se serait saisi de sa guitare pour jouer une chanson dont il en a le secret. Ils atteignirent finalement l'église, puis la nécropole, quelques mètres plus loin. L'ambiance lugubre des lieux imposa le sérieux aussi bien chez le bourrin bourru que l'attardé blondinet. On ne rigolait pas avec les morts.
Savais-tu, Terminaturban, qu'ici repose depuis des centaines d'années la légende du redoutable Somone Surymy ? J'en frissonne rien qu'à l'idée d'y penser...
Il avait une voix grave, presque tremblante, et n'avait de cesse de jeter un œil derrière-lui, comme pour se rassurer que rien ne viendrait l'agripper dans son dos.
On raconte qu'il était un homme-poisson, sans jamais savoir ce qu'il était réellement. Beaucoup penchent pour un saumon, très peu affirment que c'était impossible. Il aurait été mangé une nuit de vingt-quatre décembre, et ses restes jetés ici, dans cet endroit. Son esprit vengeur l'aurait réveillé bien des années plus tard, sous la forme d'un super-zombie. Avec une mémoire limitée, et seulement une comptine en tête...
Le regard sombre qu'il posa sur le Morgan trahissait du sérieux de la situation, il n'inventait rien.
Somone Surymy,
Pondu un lundi,
Éclot un mardi,
En migration un mercredi,
Arrivé à maturité un jeudi,
Capturé un vendredi,
Dévoré un samedi,
Jeté comme une ordure un dimanche.
Voilà la vie de
Somone Surymy.
Il se tut un instant, comme pour rendre hommage au défunt et apaiser l'esprit vengeur de ce dernier, espérant ainsi être épargné.
C'est une des légendes les plus connues chez tout bon pêcheur.
Qu'il conclut finalement, avant de reporter brusquement son attention sur les lieux du crime.
Donc, nous avons bien là le mode opératoire de nos suspect. Contact visuel, mort immédiate. Je passe en mode vision de détection du pêcheur.
Son doigt vint presser un bouton sur son casque, ce qui sembla jouer sur la vision que lui offrait sa visière. Sentant l'ébahissement de son acolyte, il prit le temps de lui expliquer son petit gadget.
Vois-tu, Terminaturban, désormais je peux analyser l'urine de l'agresseur et la faire ressortir du décors par une couleur orangée, et ainsi suivre à la trace la fuite du coupable, qui a oublié de se rhabiller lorsqu'il a fuit dans la précipitation.
En effet, tel le petit poucet semant les cailloux, Kirara avait laissé échapper des gouttes d'urine le long du chemin. La réalité offrait une toute version des faits, en réalité Jericho ne distinguait que des taches sombres et rien d'autre, son imagination faisait le reste.
En avant, fidèle acolyte ! La piste est encore fraîche d'hier, il ne faut pas laisser l'urine se volatiliser !
Et il s'élança sur la piste du criminel, les yeux braqués sur le sol, accroupi, concentré dans sa mission. Henry derrière-lui, c'était comme voir un homme promener son chien. D'une balade qui dure quelques minutes, qui fait visiter Shell Town, qui vous amène dans des recoins que vous n'auriez jamais soupçonné si le fameux clébard ne vous y avait pas conduit. En l’occurrence, cette fois il s'agissait d'un établissement quelque peu particulier. Un théâtre. Mais pas n'importe lequel des théâtre, ni le plus grand théâtre du monde. Un théâtre pour Okamas. Dugazzon Bosquet Family Way, qu'il se nomme. La façade est lumineuse, rose et pailletés, et deux grands cygnes se croisent pour former un cœur. Notre héros manque de faire une rupture d'anévrisme tandis qu'il contemple cette horreur. Il coince sévère. Derrière son casque, sa gueule se déforme. Ses lèvres tentent d'emprunter deux chemin différents tandis qu'un œil dit merde à l'autre.
GNEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ?!
Dernière édition par Jericho Rawson le Dim 17 Jan 2016 - 0:01, édité 1 fois
Henry était au comble de l’exaspération. Après avoir dû écouter une histoire totalement inintéressante et absurde à propos du fantôme d’un homme-saumon, voilà que maintenant, il était en train de suivre un débile profond qui marchait en canard au milieu des rues de la ville en suivant une piste de gouttelettes de pisse. Mais attention ! Le débile en question était équipé du top du top de la technologie, le Super-Pisse-Detector-3000-Premium-Gold ! Non, mais vraiment, comment pouvait-on décemment être équipé d’un détecteur de pisse !? Il fallait être sacrément givré de base ! Surtout que bon, la pisse, sur la pierre, ça fait une tache sombre, tout le monde peut la voir sans le moindre équipement.
Afin d’éviter d’être catalogué « ami du débile », Henry avait pris soin de marcher au moins cinq mètres en arrière et passait son temps à regarder les alentours, les vitrines et l’architecture comme s’il en avait quelque chose à carrer. Ce qui n’était pas le cas. Du tout. Shell Town était en effet une île particulièrement inintéressante. La chose la plus dingue qui soit arrivée ici, c’est la construction d’un navire de la Marine… Voilà, on voit le niveau… Mais bon, l’important c’était d’éviter que des rumeurs soient colportées sur son compte à propos d’une quelconque relation amicale avec celui qu’il avait déjà rebaptisé « débile ».
Mais le cœur du pirate se crispa quand il vit que le blond l’avait emmené droit devant un théâtre pour travestis ! Un truc immonde, débordant de rose, de paillettes, de gnangnan, de gouzigouzi et autres onomatopées suintant le kawaï dégueulasse ! Il y avait même deux énormes cygnes qui faisaient un cœur avec leurs cous. Henry s’énerva et attrapa le chasseur de prime par le col, avant de le coller au mur.
-J’espère que t’as aucune idée derrière la tête, espèce de taré !
-Houuu les gars ! Attendez au moins d’être à l’intérieur !
Deux grosses tantouzes se tenant la main leurs balancèrent un clin d’œil avant d’entrer dans le fameux théâtre. Pestant, Henry balança le débile au sol. Pouah ! Non, mais sans déconner, qu’est-ce qu’il ne serait pas prêt à faire pour de l’argent ?! Il traîna l’autre qui gémissait en se débattant. Maintenant qu’ils étaient là, ils n’allaient pas renoncer. D’un bon coup de pied au fion, il force le débile à entrer et pénétra, enfin entra, derrière lui. Si la façade était à vomir, l’intérieur était un véritable enfer sur Terre. Partout, on pouvait voir des coussins en forme de cœur, des pylônes dorés ; des boas de toutes les couleurs et du rose. Du rose, du rose, du rose, partout. Spontanément, Henry frappa sur le comptoir d'accueil qui se brisa instantanément. Le blond ne semblait pas bien plus à l’aise, ce qui le rassura. Il était accroupi, agrippé à un poteau et regardait partout autour de lui.
La clientèle était en grande partie des femmes avec des poils sur les jambes et une barbe mal rasée ou bien des hommes aux yeux de biches et à la poitrine proéminente. Non, il y avait clairement quelque chose de malsain ici, la nature n’y avait pas sa place. Une voix retentit derrière Henry qui sursauta et se retourna, prêt à frapper.
-Seigneur dieu ! C’est vous qui avez cassé le comptoir ?
-Non, il était comme ça quand je suis arrivé. Dîtes, vous auriez pas vu passer un homme, dans la nuit, qui aurait eu l’sexe à l’air ?
-Ho grand dieu, c’est vague comme description ! J’en ai vu une bonne dizaine, grand fou !
-Appelle moi encore une fois « grand fou » et j’te jure que j’te défonce !
-Mais enfin ! Vous pourriez au moins m’offrir un verre avant ! Enfin bref, vous n’avez pas plus de détails à me fournir ? Vous ne voulez pas assister à la pièce? Nous allons produire "Le féminin malgré lui" dans cinq minutes.
-Raaaahhhh!
Il se tourna vers le chasseur de prime qui n’avait pas bougé. Le tirant, il le décrocha du poteau et le planta devant le (ou la) réceptionniste. C’était lui qui avait les détails concernant leur cible après tout, il pourrait peut-être donner plus d’infos.
Non... NON ! LACHE-MOI ! JE VEUX PAS Y ALLER ! LACHE-MOI TERMINATURBAN ! PAR PITIE JE T'EN SUPLLIE ! FAIS-NOUS SORTIR DE CET ENFER ! NAOOOOOOON !
Une scène déchirante que celle d'un super-héros en larmes, les bras enserrés autour d'un poteau, tentant de s'accrocher à ce dernier comme on s'accrocherait à la vie. Il le sait, il le sent, il doit tenir bon. Il ne doit en aucun cas s'aventurer dans les tréfonds de cette abomination okamesque. Rose. Rose, rose, rose. Partout. Où qu'il pose les yeux. Cela brille, cela tape l’œil, agresse la rétine, donne la gerbe. Décoration okama max. Alerte kawai niveau surréaliste. Évacuation immédiate du bâtiment avant autodestruction de la cervelle. Fuir et survivre, ou rester et se travestir. Le choix était déjà fait depuis bien longtemps pour le Rawson déguisé en Cap'tain la Pêche. Seulement voilà, il y avait l'autre bourru. Le bœuf sur deux pattes. Le violent, le castagneur, les muscles du binôme. Il voulait l'argent à tout prix le salopard, ne partirait pas d'ici avant d'avoir attrapé Kirara. Quoi qu'il en coûte. Malgré le risque imminent de subir un profond changement de nature.
J'ai menti ! J'ai menti ! J'AI MENTI ! C'EST PAS ICI QUE L'URINE S’ARRÊTAIT ! C’ÉTAIT UNE BLAGUE ! Le bâtiment d'à côté... le bât YAAAAAAH ! VIRE TES SALES PATTES DE MOI TRAVLO A LA NOIX ! GYAAHAAHAAAAA !
Allons mon chou, il faut te détendre mon dieu ! Tu es tout stressé, c'est pas bon pour ton joli minois toute cette agitation ! Prends donc un de nos fabuleux cocktails ! Fraise, framboise, sucre, vanille, copeaux de chocolats, une touche de lait et surtout, beaucoup de
Bière ?!
Non, grand fou ! Un okama ne boit pas de bière, grand dieu non ! Non, beaucoup de chantilly je voulais dire, hihi !
Je veux mourir...
Oh, tu en veux ?! C'est vrai ?!
NON ! PLUTOT ECOUTER LA COMPIL DE KARLA LA BRUNE QUE DE BOIRE TA PISSE ! ET PUIS MERDE, UN COCKTAIL SANS ALCOOL
Sans alcool, la fête est plus folle hihi !
C'EST CONTRE NATURE ! COMME TOI ET TA SALE BANDE DE
Joyeux Okamas hihi !
DE TANTOUSES !
Rah le cul de ces conneries !
L'expression du visage plongée dans une profonde colère, Henry Morgan arracha le blondinet musicien des mains du/de la réceptionniste dont la surprise se matérialisa par un petit cri aigu au sommet de la virilité. Jericho, en pleine panique par l'expérience traumatisante qu'il vivait, s'agitait dans tous les sens, hurlant, suant à grosses gouttes, priant tous les dieux de ce monde pour qu'une intervention divine l'arrache à ce funeste sort. Tout ce qu'il récolta fut une volée de baffes claquantes et lourdes, marquant profondément son visage et ayant pour effet de lui faire retrouver son calme. Ce qui dans son cas, n'était pas totalement différent de quand il paniquait. Dans le doute, barracuda lui administra une doublette supplémentaire, juste pour être certain...
Bon, maintenant tu m'écoutes et t'arrête de chialer comme une tar... comme eux, ou sinon j'te fais bouffer chaque putain de plumeau qui se trouve dans le coin et crois-moi, tout va pas rentrer par la bouche ! Décris à ce guignol tiré d'un défilé de pédales à quoi ressemble Kirara qu'il confirme s'il est ici ou pas.
Hochement de tête du musicien raté, il a pigé. C'est déjà une réussite. Mais à peine relâché, à peine se retourne-t-il pour faire face à l'okama que la panique le gagne à nouveau. Son cœur s'emballe et tout son être lui hurle de s'enfuir à des milliers de kilomètres de là. Kirara. Trouver Kirara, tel est son but, il ne devait pas l'oublier. S'ils ne lui mettaient pas la main dessus, les meurtres continueraient et la population souffrirait davantage. En tant que Cap'tain la Pêche, héros de Shell Town, il ne pouvait permettre cela ! Un peu de courage que diable ! Il se racla la gorge, et tacha de rassembler ce qu'il avait établi du profil du criminel. Instant d'intense réflexion comme il en avait le secret. Concentration profonde, analyse de la mémoire en cours, en attente de résultats. Une dizaine. Deux dizaines. Trois dizaines. Quatre dizaines. Cinq dizaines de secondes s'écoulent avant qu'enfin...
Nom d'un castor croisé avec une loutre ! Je sais pas à quoi il ressemble, en fait ! Hin hin hin...
La paume de main du colosse au teint basané s'écrase avec violence sur son front, alors qu'il lâche un profond soupir.
Je vais te tabasser jusqu'à ce que tu craches n'importe quel indice physique sur ce Kirara !
Flippant...
Il fait craquer ses phalanges, son énorme pogne tombe sur l'épaule du chasseur de primes et lui broie pratiquement le trapèze, faisant hurler et grimacer l’intéressé de douleur.
Ca commence à te revenir, maintenant ?!
Nope. Et si tu veux mon avis, ta méthode de rafraîchissement de la mémoire laisse à
Mais tu vas la fermer ta gueule !
La dextre du Morgan s'abat sur le casque du justicier et l'envoie au tapis, groggy par le coup et la puissance brute avec lequel il a été envoyé. Un vrai danger, ce type.
Mesdames, Mesdemoiselles ! Chers Okamas ! Bienvenue au grand théâtre Dugazzon Bosquet Family Way, AOUW ! Au programme de ce soir, une touchante et vibrante pièce intitulée ''Le féminin malgré lui'' ! L'histoire d'un jeune homme, beau et séduisant, attiré par la féminité jusqu'au bout des ongles et le combat qu'il va mener dans sa vie pour faire accepter sa véritable identité ! Profitez du spectacle, mes chers Okamas ! AOUW !
Tout la pièce est plongée dans l'obscurité, seuls les projecteurs braqués sur la scène, dans un coin de la salle sont source de lumière. La pièce a fait se rassembler tous les clients à leurs places respectives, et les applaudissements explosent de concert lors de l'apparition de la vedette de la soirée, l'acteur principal de la pièce, dont le bruit des pas résonne doucement sur les planches de l'estrade.
Elle s'avance, la vedette de la soirée. La démarche aussi élégante qu'un soiffard un lendemain d'une longue journée de sevrage. De ses jambes poilues et masculine comme on en fait plus, elle marche jusqu'au milieu de la scène, tête baissée. Croisant les jambes à chaque pas exécuté, bras le long du corps, les doigts écartés, ongles manucurés, mains figées. Son costume, rose flashy parsemé de paillettes étincelle à la lumière des projecteurs si bien qu'il est difficile d'accrocher le regard sur le personnage. La musique d'entrée, une chanson résonnant comme la douce voix d'une adolescente hurlant à la mort son chagrin d'amour, s'interrompt brutalement tandis que les lumières s'éteignent, la star est engloutit par l'obscurité. Le silence pose ses épaisses fesses velues durant de longues secondes. Dix. Vingt. Trente...
Réapparition de la chanteuse sous d'épais faisceaux lumineux. Celle-ci est désormais dans une position différente. Jambes écartées de la largeur des épaules, bras gauche le long du corps, le droit fièrement dressé vers le plafond. Sa mains fermée tient le micro, tandis que l'index et le majeur pointent en l'air dans un signe de victoire. Impossible à l'heure actuelle de discerner son visage, seule l'épaisse tignasse jaune fluorescente est visible. La foule retient son souffle. Jericho continue de pioncer. Henry renifle vulgairement, un brin agacé par tout cette mise en scène. Mouvement du bassin, première explosion de feux d'artifice dans son dos. Relevé de tête pour la basculer en arrière, seconde explosion des feux.
ELLO EVOUIBAUDI !
…
AIOU WAIIIIIIIDY ?!
…
LAIKE IOU MAI LAUVES !
EH LA PIMBECHE ! T'ES VENUE POUR CHANTER OU POUR FAIRE TA POUF SUR SCÈNE ?!
AIXKYUZE-MI BEUT... PHOQUE AUF !
ET ON COMPREND QUE DALLE A CE QUE TU DIS !
C'EST DU LANGLET BANDE DE JALOUSES ! Cela ne fait rien bicauze...
Elle se décide finalement de redresser la tête et faire face à son public...
DE SHO MEUST GO HAUUUUUNE !
Déclenchement à la chaîne de feux d'artifice, les feux des projecteurs qui deviennent fous, la musique qui démarre, les applaudissements fusent, la voix faussement suave et délicieusement nasillarde du chanteur efféminé résonne alors dans tout l'édifice...
Impti speissiz, ouat aw oui living faur ?
DANS NOTRE LANGUE CHERIE !
??? playssiz, ai guèss oui no ze scaur ?
ON COMPREND RIEN MA BELLE !
Auuun ind auun !
TOUJOURS PAS PUPUCE !
Daz einibaudi nau ouat oui aie lou ??? faur !
Y'EN A MARRE GROGNASSE !
ANAUZHEUR IRAU, ANAUZHEUR ??? ???
T'AS PAS FINIS AVEC TON CHARABIATCH ?!
Biaind de cœur ???, ine de paintoumaime !
HEY ! C'EST MARIE LEEN QUI T'AS APPRIS A CHANTER OU QUOI ?!
Auld de laaaaaaiiiine !
BOUUUUH ! REMBOURSE !
Daz einibaudi ouant tou taique it einimaure ?
AU BUCHER !
DE SHO MEUST GO HAUUUUUNE !
NOM D'UN GUITARISTE MANCHOT ! C'EST PAS BIENTÔT FINI CE BORDEL OUI OU MEEEERDE ?! T'AS L'INTENTION DE NOUS TORTURER LES TYMPANS ENCORE LONGTEMPS LA VOCALISTE DU DIMANCHE ?! MEME ZAZABELLE CHAUDFROID ELLE FILAIT PLUS LA TRIQUE QUAND ELLE BRAILLAIT DANS SON MICRO ! ET CROIS-MOI NOM D'UNE TORTUE GRAILLEUSE DE PIZZA QUE C’ÉTAIT PAS UNE MINCE AFFAIRE ! ON AURAIT PLUS DE RÉUSSITE SI ON TENTAIT DE TRAVERSER LES MINES DE LA MAURYA LES YEUX BANDES, PIEDS ET POINGS LIES ! OU EN REMONTANT LE TEMPS POUR SAUVER LES FESSES D'UN BEUQ !
Oh le taré, ferme-la tu veux, elle a compris.
OU DE SE FAIRE LARGUER SUR UNE ÎLE AVEC MA QUEUE ET MON COUTEAU ET ONZE PUTAINS DE PSYCHOPATHES QUI VEULENT MA PEAU ET D'IMAGINER SURVIVRE MÊME JUSTE UNE NUIT ! ET D'EN FAIRE UN FOUTU JEU RETRANSMIS DANS LE MONDE ENTIER !
ON A PIGE OU TU VOULAIS EN VENIR SALE DÉGLINGUÉ ! ALORS FERME TA GRANDE GUEULE D'ABRUTI ! MERDE !
OU DE
TITAN PUNCH MASTER !
Le Pirate venait de tourner sur lui-même afin de donner plus d'élan au coup de poing qu'il fracassa sur le casque d'un Cap'Tain La Pêche furibard. Bonus du gant en métal à la clé. Le casque de justicier implosa tandis que le corps de son détenteur décollait malgré lui du sol. Il valdingua telle une vulgaire cacahuète éjecté par un doigt à travers la salle, pour s'écraser avec un fracas assourdissant à travers un pan de mur qui céda à l'impact. Le chasseur de primes continua son envolée de l'autre côté et le bruit de sa chute parvint jusqu'aux oreilles du Morgan, accompagné d'un nuage de poussière qui s'échappait de la toute nouvelle ouverture. Trop, c'était trop. Les nerfs du colosse avaient fini par lâché. Désormais, il s'occuperait seul de la suite des opérations.
Kirara était ce travesti se donnant en spectacle sur la scène, il en était persuadé. Ce qu'il ne parvenait pas à comprendre, c'était le fait qu'aucun des spectateurs n'avaient encore succombé d'une crise cardiaque alors qu'ils ne le lâchaient pas des yeux depuis le début du show. Enfin, cette dernière information n'était plus exacte depuis que le forban à la peau mate venait de propulser son camarade hors du décors. Une telle intervention suintant la virilité avait attirée les radars calculateurs de testostérones des dizaines d'okamas présents au théâtre. Certains bavaient, d'autres avaient des étoiles pleins les yeux, d'autres mouillaient dans leurs culottes... Tous avaient un point commun, outre leur orientation sexuelle douteuse, ils venaient de trouver leur homme. Toute l'attention concentré en un point, un homme qu'il est grand, un homme qu'il est fort, un homme qu'il est élégant...
Bah quoi, z'avez quoi à tous me mirer avec vos tronches de tantouzes ? Bordel, j'ai un truc coincé entre les chicots ?
La démarche lourde, les bottes qui claquent au sol, visage fermé, le pirate aux allures de mastodonte roule une fois des épaules, fait craquer les jointures de ses mains. Si aujourd'hui il avait perdu le compte du nombre de personnes qu'il avait passer à tabac, cette fois serait particulière. Toute la journée cet abruti de chasseur de primes avait joué avec ses nerfs, l'entraînant dans une chasse complètement hallucinante, grotesque, étrange. Maintes fois il s'était imaginé lui encastrer sa petite tronche de déglingué dans le bitume, lui arrachant les dents à chaque répétition, provoquant multiple fractures du nez, faisant éclater ses arcades sourcilières. Si pour son cas il avait dû se contenter de lui expédier son gros bras à travers la trogne pour l'expédier hors de l'action, il se défoulerait sur Kirara. Perspective foutrement réjouissante qui le motivait à passer à l'action sans plus tarder. Plus que quelques mètres le séparait désormais de sa cible, qui tellement apeurée qu'elle était, n'osait même pas le regarder en face...
Bah alors ma jolie, peur du grand méchant loup ?
Il gela ses pas un instant, se maudissant de l'avoir ouvert de la sorte. Avec ce genre de zigues à la féminité poussée, la moindre phrase pouvait être mal interprétée. Reprenant sa marche, il se propulsa sur la scène d'un bond disgracieux, sa masse impactant lourdement à la retombée. Déterminé à en finir, il tenta d’agripper par le col la chanteuse masculine également tueuse de sang-froid, lorsqu'une multitude de projectiles brisèrent de l'extérieur les vitres du bâtiment, se dispersant un peu partout dans la salle. Trois d'entre elles roulèrent jusqu'aux pieds des deux protagonistes, laissant le soin au barracuda d'examiner la chose d'un rapide coup d’œil. Des billes explosives toutes marquées d'un symbole distinctif, la silhouette d'un cygne.
Qui dit billes explosives, dit explosions. Celles-ci se déclenchèrent toutes à l'unisson, à travers tout le théâtre et le souffle des trois petites déflagrations séparèrent l'okama criminel de son bourreau à la peau d'ébène.
Les clients cédèrent immédiatement à la panique, le nuage de fumée mêlé à de la poussière provoqué par l'assaut accentuant cet état de désordre total s'étant emparé des lieux. Seuls des silhouettes indistinctes se déplacèrent à travers l'écran de poussière, aidèrent Kirara à se remettre sur ses jambes et l’entraînèrent avec eux dans leur fuite. Sans que personne ne s’aperçoive de rien. Lorsque la visibilité revint, Henry Morgan constatant avec rage que son argent s'était volatilisé et, écrasant de son poing le mobilier, se rua à l'extérieur pour tenter de se lancer à la poursuite de ces salopards. Jericho Rawson lui, le nez ensanglanté, des vagues de douleur lui martelant le crâne, s'extirpa des décombres pour tenter de comprendre qu'est-ce qu'il avait bien pu manquer. Les flammes dévoraient les meubles, une forte odeur de poudre et brûlé écrasait l'air, et il pouvait apercevoir ici et là les corps des okamas touchés par ce qui ressemblait à une attaque à la bombe. Paralysé par cette vision d’horreur, il observait impuissant le feu ronger les fondations...
Le corps tremblant, les membres défaillant, c'était un véritable combat qu'il menait pour ne pas tomber à genoux et éclater en sanglots. La mort. Il n'aimait pas ce concept. Ne plus bouger. Ne plus respirer. Ne plus vivre. Ne plus profiter de la vie. Il la fuyait, la détestait, la combattait. Même le plus gros des idiots devait faire face à ses plus grandes peurs. La sienne était là, sous ses yeux. Venait de s'abattre fatalement, emportant avec elle les vies d'innocents. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Henry avait fait ça ? Cette espèce d'ordure avait fait couler tant de sang pour attraper Kirara ? Cette raclure de bidet ancestrale, fallait-il vraiment qu'il déclenche un incendie pour mettre la main sur ce qu'il convoitait ?
Ai... aidez... aid... aidez-moi...
Un survivant ? Tenez le coup monsieur ! CAAAAAAAAAAAAP'TAIN LA PECHE ENTRE EN ACTION ! ARCANE SECRETE DU MOULINET ANCESTRALE ! TECHNIQUE DU FOUET !
La position est parfaite, il effectue une rotation de l'épaule et une légère du thorax, poignet coincé dans le prolongement de l'avant-bras, raide, index allongé sur la poignée, au-dessus du moulinet, coude fléchi à 90 degrés. Sa canne, courte et rapide lui permet d'effectuer ce mouvement digne des plus grands maîtres pêcheurs de l'Otrich. Ce n'est pas fini. Dans un même élan, sans une once d'hésitation, il déroule trois mètres de fil qu'il arrache vers l'arrière d'un double geste, laissant sa main gauche récupérer le tout. La droite elle, par flexion du coude, est projetée à hauteur d'épaule amenant la pointe de la cane viser le plafond, un poil décalée vers la droite. Qu'il bloque sa canne pratiquement à la verticale, deux secondes, laissant le fil se dérouler vers l’arrière et tendre la canne. Il sourit. Propulse le tout vers l'avant, le fil prenant la trajectoire d'une boucle serrée et précise en direction de la victime, deux mètres au-dessus du sol, à l'horizontale. L'hameçon termine son envolée solidement accroché aux fringues du malheureux.
YEAAAAH ! Y'a plus qu'à tirer un bon coup !
Swanarang !
L'arme tranchante, de la taille d'un shuriken, aux propriétés similaires à celles d'un boomerang et dont l'apparence rappelle celle d'un signe découpe le fil de la cane avant que Jericho ai le temps d'extraire le blessé. Cette arme, cette voix. Le Rawson change immédiatement d'expression, reconnaissant que trop bien à qui cela appartient.
Désolé Jéri, mais ce n'est pas aujourd'hui que tu joueras les héros ! Swan-an-an-an-an !
Toi...
Lui. Swan Arabeska. Ni plus ni moins que l'ennemi juré du musicien déjanté...