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L'île du Centre et Moi.

J’ai toujours pensé que la vie n’était pas du gâteau. Pourtant, je découvre ces derniers temps que ce n’est pas de la tarte, du pudding, du fromage ou encore de l’olive. Voilà maintenant une semaine que ma lourde carcasse glisse dans l’Archipel du Royaume de Shishoku. Mazette, qu’il est intéressant de se retrouver au sein d’un monde d’opulence où la corne d’abondance est détenue par les larges pognes d’un roi suffisamment intelligent pour avoir conscience qu’il la détient.

Il est vrai que l’arme la plus forte d’un Homme est de comprendre qu’il la tient. J’ai la gourmande sensation, et ma certitude ne cesse de croître, que ces 5 petites îles alimentaires constituent un moyen d’évoluer dans l’échelle sociale. Certes, quelques barreaux lâcheront sous mon poids, mais j’espère que les copeaux écorcheront ceux qui rigoleront de ma raie.

Je suis assis sur le rebord d’une fontaine de nougat, le large monument est le centre de la grande place de l’île au cœur du Royaume. A mesure que ma longue paresse se poursuivait, la chaleur écrasante du l’astre diurne faisait fondre une partie de l’édifice et me scotchait le pantalon à lui. J’ai bien eu l’idée de bouger, mais au vu du nombre de touristes et de locaux qui arpentent la grande place, je redoute la pitrerie de la manœuvre. Ma décision fut donc d’attendre la soirée.

J’ai donc eu tout le loisir extrême d’écouter les messes basses du peuple, de ses soldats, ses voyageurs de passage et des renégats qui se dissimulent. Le pays n’est guère ouvert aux honteuses magouilles et pillages en règles. La politique est aussi simple qu’un bouillon de légumes.  Il est autorisé de manger ce qu’on trouve, mais pas de piller et d’emporter quelque chose avec soi. En soi, on pourrait trouver cette règle ridicule et impossible à mettre en pratique, néanmoins, les forces locales permettent de mettre en application chaque souhait du roi Homer Sibien, nom porté en  héros par la populace. Un homme que je me promets de rencontrer. Beaucoup de respect pour lui, même si être de sang bleu ne doit point être un handicap afin d’accéder à ce genre de position. Mazette que je suis mal né.

Quelle chaleur.

J’ai pu découvrir une myriade d’informations croustillantes à me mettre sous le tentacule en laissant aller mes oreilles. Le royaume est composé de 5 petites îles annexées à une principale. La particularité croustillante de celles-ci est sans aucun doute les propriétés nourrissantes qui composent chaque parcelle du royaume. Je ne sais pourquoi, mais la nourriture semble pousser comme Berrys dans les mains d’un Dragon céleste. Cinq îlots, cinq menus. Meat Paradise semble être le paradis de la bonne chaire, jambon, saucisson et bacon qui pousse comme s’ils étaient organiquement reliés à la terre. Remarque, je dis terre, mais il n’est même pas sur qu’en-dessous de la merguez, il n’est pas autre chose que de la merguez. Gageons que le gras individu, qui ne souhaite pas être qualifié ainsi, est un homme puissant du nom de Jacob Hélix. Sugar Place est tenu par une pétillante Miss Candy. Les éloges de sa gourmandise ont eu le mérite de me faire fondre et les senteurs de son petit territoire de sucreries m’invitent même à aimer le sucre. Malheureusement, bonne mère nature, m’a doté d’une intolérance aux desserts trop chargés. Quoi d’autres ? Hm. Erika Chaos, il me semble est celle qui déclenche terreur et crainte de la part de la gente masculine. Une petite peste de chocolat qui détient Choco-Island. Les versions sur les manières qu’elle expédie les assaillants de sa beauté sont chaque fois différents, mais la version la plus crédible serait qu’elle les enveloppes de chocolat et les statufie sur les remparts de son palais. Mazette, chouette gamine au peuple des sculpteurs. Si je compte sur mes tentacules, il m’en manque deux. L’avant dernier est Mera Tatouille, un jeune homme à la paresse renommée qui domine son petit monde de légumes. Selon certains, il connait chaque faits et gestes de quiconque pénètre ses terre potagères. Habile pour un tenancier de jardin. Enfin, la terre d’Oazisse est le petit îlot fruité qui alimente la population en superbes fruits gorgés de vie. Pour vitaminer cette affaire là, c’est Jim Tonic qui détient les clés-groseilles de l’île. Un enfant, certes, mais à en croire les chuchotements, il est le bretteur le plus talentueux du secteur. Sacrée clique tout ça.

Une journée en plein soleil m’a fait passer du turquoise au groseille.

Je n’ai pas franchi l’un des cinq ponts reliant les îles entre-elles. Depuis mon arrivé en bateau touristique, je zone dans l’île principale. Diable que c’est ennuyant de ne pas payer pour manger, J’ai étais obligé de dépenser l’ensemble de mes 100 000 Berrys en frais d’hôtel et en boissons. Parce que, soyons bien clair là-dessus, il est autorisé de manger ce que l’on veut, mais boire, voilà une entreprise plus délicate. Le pays se fait de la marge sur chaque gorgée que nous pouvons avaler. Il n’existe aucun restaurant dans la zone, trop délicat de faire affaire dans l’alimentaire quand la moindre bouche d’égout est plus appétissante qu’un plat trois étoiles, cependant, il existe une quarantaine de tavernes. Eau, bière, rhum, jus de fruits et soda. Tout ce que le pays n’a pas et est obligé de produire. L’usine à boisson se trouve d’ailleurs sur l’île centrale, principal métier de la plupart des locaux.
Je sens le nougat qui se fraye un chemin en zone basse.

Mais là où ça devient intéressant, c’est que je sais une chose par expérience.

Tout ce qui est beau et simple n’est que laideur et magouille.

Et ça, j’en ai la certitude grâce à l'homme-poisson que je fais poireauter en plein soleil depuis ce matin. Il ne cesse de m’espionner depuis mon arrivé sur cette île et après une journée à observer la circulation du secteur, je puis assurer que chaque nouvel homme et nouvelle femme débarquant ici se voit attribuer un espion. Ce qui, par déduction, doit être le second métier de l’île.

Quel homme intelligent ce Homer.


« Dîtes voir, ce soleil doit commencer à vous épuiser, non ? Venez donc prendre un bain involontaire de nougat avec moi. Gageons que vous avez encore le choix, mais que dans quelques minutes, l’édifice risque de lâcher sous mon poids et inonder la grande place ! Goh Hoh Hoh ! »

L'île du Centre et Moi. Sans_t10
    Le voilà qui se sauve avec ses pantoufles coquillages jusque derrière un lampadaire de sucre d’orge. Quel drôle de personnage, il dépasse autant à tribord qu’à bâbord et sa face est collée contre l’objet.

    « Vous savez que je vous vois »

    « Hm »

    « Je disais, je vous vois »

    « Hm Hm »

    « Ah… Vous vous êtes coincé le visage contre le sucre, c’est ça ? »

    « Hm »

    Mazette. On n’est pas tous égaux face à la nature.

    Je me lève et je sens le nougat qui forme un lien entre mon caleçon et la fontaine. Le filament de sucrerie lâche à la manière d’un élastique qui me fouette avec violence. J’en ai vu trois qu’ont rigolé au fond. Pas tous égaux, en effet.

    « Attendez que je vous aide. En effet, c’est bien collé mon ami… Le problème avec cette île et notre race, c’est les écailles. Trop humides pour le sucre, on colle à tout ce qui nous frôle… Voilà ! Goh Hoh !! »

    « M’ en parlez pas… Hmpf… Merz’i… Z’apriz’ti ! Vous ne devriez pas me parler ! »

    « Mazette ! Pourquoi donc ? »

    « Mais parz’que je vous ez’pionne ! Z’apriz’ti ! J’en ai trop dis ! »

    « Rassurez-vous, je ne dirais rien. Entre individus de race similaire, c’est un minimum »

    « Vrai ? Chouette alors ! Mais je ne me z’uis pas préz’enté ! Horaz’e Melburg ! Et vous ? »

    « Je pense que vous le savez déjà »

    « Pourquoi on z’e connait ? Zut ! »

    « Non, non ! Ma foi, vous m’embarrassez, au bout d’une semaine à me suivre, je pensais avoir déjà renseigné mon identité »

    « Je m’en souviens plus ! Z’apriz’ti ! »

    Farceur va.

    « Vous cachez bien votre jeu ! Mais, soit, Big Fish pour vous êtres aimable »

    Il sort son carnet de sa poche et note.

    « Permettez, z’est pour mon rapport »

    « Mais fait donc ! Dîtes-voir, vous prendrez bien une tasse de thé aux algues en ma compagnie ? »

    « Z’i mon patron me voit… »

    « Allons ! Juste une tasse, je vous renseignerai de toutes mes intentions si vous le désirez lors de cet échange entre poissons ! Goh Hoh Hoh ! »

    Il se gratte l’étoile de mer et arbore son plus large sourire.

    « Vous z’avez, ma fianz’é m’en voudrait z’i… »

    « Vous ? Fiancé ! Mais parlez-moi d’elle ! »

    « Et bien, diz’ons qu’elle ne z’ait pas qu’on est fianzé mais c'est… »

    Et voilà qu’on entre dans la débit de boisson copains comme poissons.