De ce côté-ci de Grand Line, les nuits semblaient trop courtes à Rachel. Déjà sur le navire qui l'avait menée jusqu'à Jaya, elle n'avait pas réussi à bien fermer l’œil. Déjà depuis sa rencontre avec Nazca elle avait du mal à se reposer. Les oreillers lui semblaient trop confortables ou les matelas pas assez. Ici à terre, les chuchotements d'une forêt vierge lui donnaient l'impression d'une faune humaine et sauvage tapie derrière chaque arbre et sous chaque buisson un surin luisant. Combien de personnes étaient au courant de leur arrivée en fanfare, aux marins ? Combien avaient averti les grands du coin ? Probablement plus que de marins pour monter la garde au milieu du camp. Probablement plus que de marins tout court. Et dans ces conditions, réussir à dormir sur ses deux oreilles relevait de l'exploit pour une Rachel qui même en pleine mer, dans son élément, refusait de trouver l'apaisement dans le sommeil. Dans sa couche, à droite de Lilou et non loin de l'artificière Yanagiba, la brune tournait et se retournait sans cesse. Elles s'étaient couchées très tard la veille, avec Lilou. Et cette dernière avait été réveillée avant l'aube pour s'occuper de Mavim, un être de guerre qui ne s'accordait visiblement aucun repos puisqu'il partait dès le lendemain de son arrivée en mission au coeur de l'île.
Dix minutes plus tard, réveillée comme si le soleil était au zénith, Rachel se leva et s'habilla prestement. Dans le camp encore endormi mais où brûlaient des feux d'appoint un peu partout, tous ces soldats qu'elle ne connaissaient pas bruissaient de discussions basses ou de silences comme des bulles de savon. La faucheuse -ou ce qu'il en restait- se détourna de tout ça et s'enfonça dans la forêt, là où tout le monde aimait à aller, visiblement. Oswald et Craig s'y étaient aventurés la veille, Sebastian y disparaîtrait d'ici peu et même Rei s'y était réfugiée après la bataille de la veille. Avec un peu de chance, elle croiserait un sanglier ou un cerf. On avait le droit de rêver.
Passons donc les minutes, les longues minutes, d'une marche chaotique sur des chemins que même les renards n'empruntaient pas, à glisser du talon sur les pierres couvertes de mousse et le lichen froid, à suivre du regard un écureuil moins dissimulé qu'il ne le croyait ou à manquer de se casser la figure en voulant frôler un arbre de son bras manquant. L'important est ce qu'elle vit après un moment de solitude.
Dans le lointain, entre deux arbres de la taille d'une chaumière et probablement la chaumière d'un millier d'insectes et d'animaux différents, un halo orangé frémissait. Comme une lampe à huile, mais en plus gros. Intriguée, Rachel prit cette direction. Plus elle s'approchait, plus elle remarquait que les ombres limitrophes de cette lumière dans la nuit qui commençait à s'effilocher étaient grandes et agitées. Sauf une, bien plus grande, bien moins mouvante. Et horriblement tangible.
La silhouette était immense. Frôlant les deux mètres de ses longues oreilles bleues nuit, elle tenait entre ses pattes rembourrées deux enfants immobiles.
Rachel s'immobilisa à une distance respectable, une vingtaine de mètres, certaine de n'être pas sûre de la véracité de cette vision qu'elle n'aurait su catégoriser du post-it « glauque » ou « kawaii ».
Dans le doute, refais tes lacets - et garde le silence.
Dix minutes plus tard, réveillée comme si le soleil était au zénith, Rachel se leva et s'habilla prestement. Dans le camp encore endormi mais où brûlaient des feux d'appoint un peu partout, tous ces soldats qu'elle ne connaissaient pas bruissaient de discussions basses ou de silences comme des bulles de savon. La faucheuse -ou ce qu'il en restait- se détourna de tout ça et s'enfonça dans la forêt, là où tout le monde aimait à aller, visiblement. Oswald et Craig s'y étaient aventurés la veille, Sebastian y disparaîtrait d'ici peu et même Rei s'y était réfugiée après la bataille de la veille. Avec un peu de chance, elle croiserait un sanglier ou un cerf. On avait le droit de rêver.
Passons donc les minutes, les longues minutes, d'une marche chaotique sur des chemins que même les renards n'empruntaient pas, à glisser du talon sur les pierres couvertes de mousse et le lichen froid, à suivre du regard un écureuil moins dissimulé qu'il ne le croyait ou à manquer de se casser la figure en voulant frôler un arbre de son bras manquant. L'important est ce qu'elle vit après un moment de solitude.
Dans le lointain, entre deux arbres de la taille d'une chaumière et probablement la chaumière d'un millier d'insectes et d'animaux différents, un halo orangé frémissait. Comme une lampe à huile, mais en plus gros. Intriguée, Rachel prit cette direction. Plus elle s'approchait, plus elle remarquait que les ombres limitrophes de cette lumière dans la nuit qui commençait à s'effilocher étaient grandes et agitées. Sauf une, bien plus grande, bien moins mouvante. Et horriblement tangible.
La silhouette était immense. Frôlant les deux mètres de ses longues oreilles bleues nuit, elle tenait entre ses pattes rembourrées deux enfants immobiles.
Rachel s'immobilisa à une distance respectable, une vingtaine de mètres, certaine de n'être pas sûre de la véracité de cette vision qu'elle n'aurait su catégoriser du post-it « glauque » ou « kawaii ».
Dans le doute, refais tes lacets - et garde le silence.