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L'antre par delà les cimes

Rappel du premier message :

Nuit noire. Profonde. Pas de lune ni de ciel étoilé, juste un épais manteau de brume au dessus du Passeur. Le navire fend les flots, discret, silencieux comme à son habitude. Trovahechnik, nouveau maître à bord, a donné le cap à suivre pour lancer l'ultime mission de l'équipage. L'ultime croisade des Ghost Dogs pour retrouver leur Capitaine.

Pour l'heure, seuls les hommes de quart sont éveillés; les autres tâchent de récupérer au mieux, assoupis au creux de leur hamac, de rester frais et dispos, prêts à intervenir à n'importe quel moment. La quasi-totalité de l'équipage est encore présente aujourd'hui. Ils sont très rares, ceux qui ont choisi une nouvelle affectation suite au drame qui les a touchés. Non, que l'on soit vigie, canonnier ou maître calfat, on est resté à bord. Par loyauté. Par sens de la famille. L'intégralité des officiers est également là; Aegirsson, Lawblood, le Judge, Trovahechnik et même Cèldéborde, tous unis, solidaires dans l'épreuve qui s'abat sur eux.

Ils ont convenu de lancer une enquête minutieuse, de ne rien laisser au hasard, de ne rien omettre qui pourrait leur apporter le moindre indice, aussi insignifiant puisse t-il sembler. Au sortir de la réunion au sommet à laquelle ils ont tous participé, les directives ont été dispensées : les Den-Den Mushi ont lancé une vague de recherches auprès de tous les services avec lesquels l'équipage est en communication constante, on a fouillé toutes les archives, chaque dossier, chaque feuillet en quête d'une information concernant l'identité de ces mystérieux ravisseurs; et on a contacté tous les ports avoisinants pour solliciter l'aide des marines en faction là-bas pour faciliter les investigations. Le portrait robot de Hadoc a circulé sur toutes les premières îles de Grand Line; si on l'a vu, il deviendra possible de remonter la piste, de trouver son lieu de captivité. L'équipage déploie la totalité des ressources à sa disposition. Mais la bande, dont ils ne connaissent que la seule Mirabella, échappe soigneusement à leurs radars. Dans les bases de données, on ne les retrouve pas, au grand dam de Trovahechnik qui voit la superpuissance de la bureaucratie tenue en échec par ces fantômes. Les Ghost Dogs pris à leur propre piège. Comme la nuit de l'enlèvement de Hadoc. Ils se heurtent à un ennemi sans nom, sans visage, sans âme. Comment retrouver celui qui n'existe pas ?

On évite de se poser la question. Il faut lutter contre l'abattement, garder le moral. Un équipage découragé, c'est un équipage au bord du gouffre. Alors on se contente d'obéir aux ordres. On s'investit de tout son être dans sa charge, et on dort ensuite. Mais les Officiers, eux, se doivent d'obtenir des réponses. Et depuis trois jours qu'ils ont lancé l'opération, ils n'en ont aucune. À la lumière vacillante d'un chandelier, quelques-uns d'entre eux se font cet amer constat. Les regards sont lourds, les traits durs, frappés par la frustration, le mécontentement de se voir dupés par plus invisibles qu'eux. Ils sont proches de la faillite. En sont-ils réduits à se résigner, impuissants face à cet ennemi insaisissable ?

Non. Du silence accablant jaillit un bruit. Un petit Den-Den Mushi, planté devant le Capitaine par intérim. Tous les officiers présents pivotent la tête simultanément vers la source de bruit, regard animé d'un espoir retrouvé. On cherche à les joindre, au bout milieu de la nuit ? Ce ne peut être qu'important. Capital, même. Vivement, le Commandant décroche.

- Commandant Trovahechnik, Officier en chef à bord du Passeur. J'écoute.
- Commandant, ici le Directeur du Trou, Tirog Minsk. Nous avons interpelé aujourd'hui-même un individu qui tentait de s'introduire dans notre prison et qui prétend vous connaitre. Ses motivations restent obscures, mais quand nous l'avons neutralisé, il a exigé d'être mis en contact avec vous. Il dit avoir des informations pour vous.


Un intérêt nouveau s'empare de la cabine de commandement du Passeur. On sent que quelque chose est en train de se passer. De l'escargophone, un ricanement perce :

- Tja-haha ! Bien l'bonsoir, messieurs les marines. Vous voulez retrouver votre très cher Capitaine Hadoc, il parait ? Alors vous ferez exactement ce que je vais vous dire. Pour commencer, venez me retrouver à la plateforme marine du Trou. J'y ai établi mes quartiers pour un temps. Mais, faites vite, l'horloge tourne. Je n'y resterai pas indéfiniment. Tja-hahaha !
- Je dois vous prévenir, Commandant. Nous faisons ici face à une insurrection sans précédent. La situation est extrêmement délicate, si vous venez ici, ce sera à vos risques et pé...


Clock.

- On a raccroché.
    Le second émerge et les deux bagnards se questionne du regard, je devinais le contenu de leur échanges « on le dit ou pas », « non, mec je t'aime ne meurs pas » « je leur dit donc mon chou ? » « Oui vivant nous pourrons nous marier ! » . C'est beau l'amour, ça fait même parler les gens. Ainsi donc on a des taulards contre les dernières poches de résistance du trou. Ça tombe bien, on cherchait justement le .... Jason ou Brandon, on va dire Mr. Brood, voila on évite de se gourer.

    -Merci messieurs, vous ne nous en voudrez pas si on vous baillonne ?  Sur ce merci pur l'info et bonne fête de fin d'année...y'a des fêtes chez les bagnards ?...vous pouvez plus parler de toute façon...bonne fin de journée...et...

    -Abrège Yama...

    -Ok....bon a votre avis...on toque...ou ?

    Je finis pas ma phrase que le cow-boy avait déjà ouvert la porte. Cela règle les problèmes de serrures hypothétique... Une seule question reste, pourquoi gardaient ils la porte...pour que personne ne sorte ou que personne ne rentre ? Soit c'est moi qui me fait des idée...soit on est au devant de gros problèmes. Je ressent le même type d'angoisse que lorsque que par une belle journée ensoleillée on voit des nuages noirs se former à l'ouest...le tout sans savoir si le barreur va devoir se diriger vers eux ou tenter de leur échapper.

    La porte s'ouvre sur un boyaux à l'air inhospitalier, d'ailleurs aucun boyau ne l'est. A croire que les dogs sont devenu des rats ou des taupes à toujours devoir se balader 20000 lieu sous la terre...ou a peu de chose près. On pourrait pas, je sais pas moi...affronter un groupe de hippie sur une plage avec un beau soleil et un barbuc à la fin ? Les grottes, les tunnels, j'vais finir par en avoir marre moi...c'est décidé avec les swifts on lance des missions géologiques et on va plus que sur les iles qui ne peuvent pas accueillir de tunnels, na !

    Après quelques secondes de consultations de regards, on s'enfonce dans le boyau sombre. Celui ci est moins éclairé que les autres, on entends les échos des armes s’enlaçant et les cris de leur propriétaire. On avance lentement, on s'oriente dans le dédale grâce au son, Peu à peu, les chocs se font plus fort et peu à peu les odeurs se font plus fortes aussi. Nous sommes proches de la zone des affrontements. Je fais signe aux marins de se préparer, nous allons entrer dans eau trouble. Un champ de bataille dans une caverne obscure et ce en infériorité numérique.
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    -Pulu pulu.

    Mon escargophone sonne, mais je suis pas en état pour y répondre dans l’instant. Je me retiens le bide comme si j’étais pris de coliques : celles des gosses ; ça me change des hémorroïdes, c’est sur. Deux marines viennent m’apporter un secours bien accueilli parce que je tiens presque plus debout tellement ça me tiraille les entrailles. On vient m’assoir, on me fait boire, on fait appeler le docteur.

    -C’est pas lui qui va m’aider à plus avoir mal, j’peux vous le garantir !
    -Pulu pulu.
    -Lieutenant, votre escargophone !
    -Bah décroche, vas-y. On échange si tu veux…
    *Cloc*
    -C’est qui ?
    -C’est le lieutenant Grit, lieutenant.

    Grit. Je me souviens du nom. Ça sert de lire les dossiers des hommes qui m’habitent avant d’aller dormir. Ça me rappelle des souvenirs plutôt heureux, ceux d’une époque lointaine où je m’effondrai pas dans mon pieu comme un déchet. Nan, j’étudiais, un peu, certes, mais quand même assez pour savoir ce que je devais faire et connaitre mes hommes. Bref, Grit, c’est un nom qui me parle, et quand j’ai lu son dossier, je me suis dit qu’il pourrait me servir. Lieutenant Grit, la trentaine et déjà une bonne expérience dans la marine. Il a fait ses classes à Inu Town, dans la 316e division. Déjà, il montrait des qualités pour se faire obéir et organiser ses hommes pour les rendre efficaces. Un entretien lors de son passage à sergent révèle que son paternel est un ancien sergent de l’élite qui lui en a fait baver durant son enfance pour qu’il fasse mieux que son, je cite, « bon à rien de père ». Ça a pas loupé. On l’expédie l’année suivante à la Gueule du Requin où il réalisera quelques prouesses personnelles pendant le siège de la base et la conquête de la forteresse suite au coup de pouce des Sea Wolfs. Il a été particulièrement efficace pour nettoyer les profondeurs de la base où les embuscades et les pièges étaient monnaie courante. Grit est un homme expert pour mener au combat une unité réduite au combat rapproché en intérieur. Un homme parfaitement à son aise dans mon dédale intérieur.

    Une nouvelle douleur me prend. Tant pis pour les souvenirs des rapports, on passe à l’essentiel. S’il y a bien un homme indispensable dans ce genre d’occasion, c’est lui.

    -Passez-le-moi.
    -Vous êtes sûr ? Vous devriez vous repo…
    -Passez-le-moi !
    -Bien lieutenant.

    Je me saisis de l’animal qui fait la grimace de celui qui se sent dans une situation particulièrement compliquée.

    -Ici la base, je vous écoute, lieutenant.
    -Vous allez bien ? Le demi-géant que vous nous avez ramené a fait pas mal de dommage ici. Ça vous affecte.
    -Plutôt … oui. Mais j’aurais bien besoin d’un médicament efficace pour me défoncer ce microbe.

    L’escargophone sourit.

    -Je pense vous être utile.
    -Parfait lieutenant, de quoi vous avez besoin ?
    -Je crois savoir que vous pouvez bouger les murs ?
    -Ouai … Et attendez un instant que je vous localise.

    Je me concentre sur mes entrailles. En étant forteresse, je suis maitre de celle-ci comme un dieu omnipotent. Je passe au travers la douleur pour visualiser ce qui se passe sur le terrain. Je commence par l’entrée. Avec les hommes de la GM42, on en a fait un truc assez classe, mais avec le Gaktar dans la place, c’est devenu un beau foutoir. Plusieurs canons ont été détruits ou expédiés sur ses utilisateurs. Une dizaine de corps gisent le sol et si je pense être capable de sentir la vie, j’ai l’impression que celle-ci a déserté l’entrée. Je mets ça de côté, mais ça me reviendra sur le coin de la gueule, je le mérite. Le demi-géant s’est enfoncé dans la forteresse, passant dans les quartiers de vie. La cuisine est un champ de désolation et le cuistot en chef, Dino a eu l’opportunité de vendre chèrement l’honneur de ses fourneaux en embrochant la cuisse de Gaktar : normalement, elle sert pour le cochon les jours de fête. Comme quoi, on la sort pas tous les jours. Les dortoirs de garde ont aussi fini en morceau. Encore trois cadavres.

    Et j’arrive à la zone de combat. C’est un peu la croisée des chemins avec plusieurs passages menant vers d’autres quartiers de dortoirs, mais aussi un menant aux stocks de munitions et d’autres menant vers les profondeurs ; ou les hauteurs ; et des zones plus humaines de la forteresse. Là, Gaktar est tenu en respect par une trentaine de marines plus en moins en bon état. Le monstre balance des coups à tout ce qui passe à sa portée, expédiant objets et corps dans l’air. On lui tire dessus, mais il a le cuir solide. Ça ne fait que l’énerver, le ralentir au mieux. Il faudrait du plus gros calibre, ce qu’ils n’ont pas à portée de main. Et évidemment, Gaktar ne leur offre pas trop l’occasion de s’armer. Je visualise même Grit, usant plus de sa voix forte pour coordonner les hommes que de son fusil.

    -C’est bon, je vous ai.
    -J’ai une stratégie lieutenant. Il s’agirait de l’amener dans les couloirs inoccupés. Vous vous occupez de le perdre un peu ; une unité fera l’appât. Les autres amèneront des canons pour lui faire sa fête.
    -Vous vous occupez de faire l’appât ?
    -Bien sûr.
    -Alors banco. Je vous fais la voie royale.

    Je me concentre sur mon intérieur. Le mouvement des murs est pas encore trop mon truc. J’ai utilisé ça au début pour structurer la base, mais depuis plus rien. À part me moquer d’un marine ou deux en les faisant se perdre dans le dédale de couloirs. C’était rigolo avant de se coucher. Mais ça revient vite. Plusieurs murs coulissent de toute leur hauteur, séparant plusieurs escouades de Gaktar. À l’inverse, j’ouvre un large passage derrière Grit et son unité et ils s’y engouffrent sans hésiter. Grit tire une balle touchant l’œil du demi-géant, ce qui a le don de l’énerver. Et quand Gaktar s’énerve, il fonce pour se calmer. Sauf qu’il court vite et je fais en sorte de le ralentir : un mur sort du sol et il s’encastre dedans. Ça me provoque un spasme, mais j’endure la douleur en silence. Ça suffit pour le ralentir et que le groupe de marine se disperse dans les couloirs.

    -Lieutenant ?
    -J’écoute.
    -Ne bougez pas trop les murs. On s’est entrainé avec les hommes, on connait le coin comme notre poche.
    -Bien compris.

    Je laisse faire le lieutenant et j’assiste pendant une dizaine de minutes au talent de Grit et ses hommes pour attirer Gaktar dans une multitude de passages dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Les marines apparaissent et disparaissent devant le demi-géant sans arrêt, augmentant sa colère et sa frustration. Quelques fois, certes, il enfonce des murs, mais ça le fatigue plus que ça me fait mal, du coup, ça passe. De l’autre côté, les escouades ont récupéré tout ce qui pouvait ressembler à des canons et à de la poudre. Je leur ordonne de se regrouper pour le piège, mais en fait, il suffit juste de leur faire un chemin tout droit vers la destination. En évitant les éléments naturels du décor. Pas envie qu’ils me soufflent dans les bronches, tiens.
    Par contre, j’en oublie pas le monde réel, hein.

    -Caporal au rapport, lieutenant.
    -Quelle est la situation ?
    -Les abords sont dégagés et la majeure partie des lieux sont sous notre contrôle. Pour l’instant. On signale déjà que les prisonniers ont forcé le passage à l’entrée principale. Il ne faudra pas longtemps pour se faire submerger de tous les côtés.
    -On a combien de temps ?
    -Dix minutes. Peut-être quinze.
    -Okay. Prenez-en cinq pour faire reposer les troupes, s’occuper des blessés et faire le plein de munitions. Que les unités spécialisées s’apprêtent à s’enfoncer dans les tunnels. Vigilance constante, je veux pas de décisions hâtives. Que les unités dispersées battent en retraite progressivement. Pas d’héroïsme de leur part. Je me charge de couvrir leur retraite.
    -Bien compris !

    Je reprends mon escargophone ; retour aux affaires personnelles.

    -Le piège est en place ?
    -Oui lieutenant.

    Je visualise. Trois couloirs parallèles. Dans les extérieurs, il a une vingtaine de types armés de canons, ou prêt à balancer des explosifs lorsque je ferais tourner les murs sur eux-mêmes. Dans le couloir du milieu, c’est Grit en personne qui sert de lapin au grand méchant Gaktar qui se souvient encore de la balle l’ayant rendu borgne.

    -À vos postes, soldats. Piège dans dix secondes.

    Lentement, je décompte dans mon appareil. Pas un mot dans les escouades et je peux limite sentir leur appréhension. Je sens surtout celle de Grit qui voit son avance se faire bien manger. À l’instant où le piège commence, il n’a que trois mètres d’avance. L’allonge de Gaktar est un poil inférieur et son gourdin de fortune ; un banc pour l’occasion ; passe à raz du lieutenant et vient se fracasser contre le mur. Et les murs coulissent. Gaktar s’arrête un instant, surpris, puis furieux en voyant le comité d’accueil.

    -FEU !

    Tout part. C’est un cortège d’explosion qui me secoue le torse. J’en ai le cœur qui palpite tellement ça fait du bruit. Mes hommes balancent tous ce qu’ils ont. La fumée s’élève rapidement, bloquant la vue. Et ils continuent à tirer. Dans son coin, Grit reprend son souffle. Et puis les explosions cessent. Et le calme revient. Mon ressenti est brouillé. J’ai besoin d’un visuel.

    -Lieutenant ?! On l’a eu ?
    -Je ne sais pas… Attendez.

    Silence.
    Puis un hurlement qui n’a rien d’humain. Sortant de la fumée, c’est un Gaktar en sang et meurtri qui vient ôter la vie à une poignée de marines restés médusés d’avoir survécu à ce déluge de feu et de flamme. Grit me prévient à l’instant ou je comprends.

    -Il est toujours là !

    Merde. Et le piège tourne au carnage. Gaktar est comme possédé. La douleur lui donne une force et violence hors du commun. Pas besoin de le voir pour se dire qu’aucun moyen conventionnel parviendra à l’arrêter.

    -Retraite ! Retraite ! … Que fait-on lieutenant ?!

    J’ai une mauvaise idée.

    -J’ai une idée lieutenant. Courez tout droit ! Il doit vous suivre !
    -Comment ?
    -Vous êtes pas loin du cœur ! Foncez-y !

    Il me fait confiance. Je lui fais confiance et je me retire un peu de mon intérieur. Les deux marines et le médecin me regardent combattre un mal intérieur qu’ils ne peuvent pas bien voir. Je repense à mon idée. Elle est sacrément conne, mais en théorie possible. Je zieute le médecin.

    -Filez-moi un couteau.
    -Hein ? Euh … bien lieutenant.
    -Et aidez-moi à déboutonner ma chemise.

    Là, il me regarde bizarrement. Je lui ordonne, il obéit. On est pas là pour se questionner, on est là pour agir. On me met rapidement le torse à l’air. Le médecin attend une explication, ça se voit dans son regard.

    -Le cœur, il est bien là ? Le côté droit.

    Je montre du doigt. Il me pousse mon doigt pour être à la bonne place. Enfin, la place théorique.

    -Le cœur est pas forcément de la même taille que tout le monde et pile au bon endroit. Mais je pense que c’est là.
    -Vous ... pensez ?
    -Oui.

    Je m’en contenterai. L’escargophone sonne à nouveau.

    -Lieutenant, je présume ?
    -Vous présumez bien ! Il est juste derrière moi. Il va me tuer ! Si vous avez une idée en tête, faites là vite.
    -Vous êtes bien au cœur ?
    -Je crois oui ! De l’autre côté du mur. Pourquoi ?
    -Couchez vous. Et prier.

    Je prends quand même le temps de faire une pause. C’est pas tous les jours qu’on fait ça. Je maudis un peu ma maitrise de mon fruit et je me promets de mieux bosser la visualisation de l’intérieur et la localisation entre l’intérieur et l’extérieur de mon corps. Ça m’aiderait vachement dans mon cœur.

    -Une dernière chose, doc…
    -Oui ?
    -Preparez les compresses.
    -Hein ?!

    Je mets en place.

    -Mais que faites-vous ?!

    Et là, je me poignarde le cœur.

    Enfin, pas vraiment. J’espère pas. Et le fait que ça fasse pas aussi mal ; même si c’est déjà horrible, m’indique que j’ai loupé le cœur. De peu ? C’est le but. Le médecin se jette sur moi pour éponger le sang tandis qu’on prépare des substances à m’injecter. Ils sont efficaces. J’aime ça. J’m’en fous limite de moi et de la douleur, je pense surtout à Grit. Je prends l’escargophone.

    -Grit ?
    -…
    -Grit ? Vous êtes là ?
    -…
    -Grit …
    -Lieutenant ?
    -AH ! vous allez bien ?
    -Je … je crois, lieutenant.
    -Un rapport sur la situation ?
    -Gaktar s’est fait coupé en deux.
    -Ah.
    -Il y a une sorte de lame de dix mètres de large et de un d’épaisseur qui a perforé un mur et qui l’a… Enfin … je rentre pas dans les détails, mais cette taille d’instrument, ça fait pas dans la dentelle, mais plus dans la chipolata.
    -Je visualise.
    -Vous auriez pas dû.
    -C’était une expression. Je crois voir, plutôt.
    -D’accord… C’était vous ?
    -Ouai. Parait que je peux faire des pièges, mais c’en est pas un.
    -En effet, j’ai du sang qui fuit sur mes bottes. Et c’est pas celui de Gaktar, il n’a refait que le papier peint, lui. Vous allez bien ?
    -J’ai le doc avec moi. Ça devrait aller. Occupez-vous des blessés et remettez un peu d’ordres dans tout ça. Je me charge de vous envoyer une équipe médicale.
    -Merci lieutenant.
    -De rien.
    -Ah … lieutenant ?
    -Oui ?
    -Merci du coup de main. Vous nous avez pas laissé tomber.
    -Merci à vous aussi. Et désolé.

    Je raccroche. Pour pas que ça s’éternise, mais parce que ça me hérisse un peu le poil de me dire que j’ai fait un truc bien et qu’on me remercie pour ça. Ma gêne passe pas inaperçue.

    -Effacez ce sourire de votre visage, doc, s’il vous plait.
    -Oui lieutenant…

    Il doit me rester cinq minutes avant que les prisonniers débarquent dans les environs. Les troupes aéroportées se replient par pack vers les galeries. Je ressors d’une bataille interne pour revenir dans le monde normal ou une bataille fait rage. Mais j’en oublie pas mes devoirs. Décidément, l’escargophone peut pas se reposer.

    -Le QG cérébral ? Envoyez une équipe médicale au coeur, ils en ont besoin.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t2303-fiche-du-vieux-pludbus
    • https://www.onepiece-requiem.net/t2255-toujours-pas-six-pieds-sous-terretermine-meme
    Cinq minutes, c'est très peu pour stopper une hémorragie aussi sérieuse, assurer le repli de ses troupes et dispenser ses ordres à ceux qui vont tenir les positions stratégiques du futur combat. Mais le Lieutenant n'en aura pas eu une de plus. Depuis les entrailles lugubres, la clameur a grondé, d'abord. Froide, lourde puis bien vite brûlante, démesurée. Le sol a tremblé et la bouche béante a finalement vomi des prisonniers par grappes entières. Des grands, des petits, des rapides, des lents, des maigres et des gros. Armés de leurs poings aux jointures rongées, ou de rapières rudimentaires, voire désuètes, ornées de rouille et de sang caillé pour la plupart. Les plus zélés ont mis la main sur une arme de poing et font tonner la poudre depuis longtemps, avant même d'avoir aperçu le moindre ennemi, dans une transe que seule la liberté que l'on miroite pour la première fois depuis une bonne décennie peut susciter. Enfin, plus rares, dans le flot gesticulant et brouillon qui déboule, ressortent quelques figures à la voix forte, au regard haut, au geste sûr. Les leaders naturels. Ceux-là se sont offert le luxe de choisir dans l'arsenal militaire des gardes l'arme de leur choix. Fléau, masse ou katana selon le style.

    Si les Ghost Dogs se sont heurtés un peu plus tôt à une arrière-garde étrangement positionnée à l'entrée de la gueule, ce sont maintenant le gros des troupes qui déboulent, avides d'air pur et d'évasion, dans une rage débordante. Les marines ont la science militaire et un commandant désigné pour prendre les bonnes décisions, les forçats ont eux le nombre et la haine de l'uniforme à leur opposer. Et ce ne sont pas les cadavres de leurs infortunés compagnons de cellules qui vont refroidir leur ardeur.

    Déjà, un sabre clair pointe dans la direction du blondin à la poitrine écarlate et du doc qui l'a rafistolé à la hâte. Un ennemi. Un ennemi sur lequel déverser toute leur colère. C'est tout ce qu'ils demandent. Dans un élan furieux, la vague se rue, hurlante. Ce sont des centaines, des milliers de prisonniers qui approchent en un essaim meurtrier. Ils réclament le prix du sang sous le soleil.


    * * *


    De leur côté, les infiltrés se sont approchés au plus près des combats intestinaux qui agitent les galeries. Depuis leur position, ils peuvent voir les dernières poches de résistance tomber. Il ne reste guère qu'une huitaine de gaillards à la carrure impressionnante, regroupés autour d'un individu aux yeux rouges luisants dans l'obscurité et qui tient à lui seul en respect quatre opposants, qui ne ménagent pourtant pas leur peine. Le combat se concentre à un carrefour stratégique que l'on devine mener à la fois vers la surface et vers les fonds abyssaux.

    Les marines auraient pu bénéficier de l'effet de surprise, mais l'alerte est déjà donnée par un blessé posté en retrait, à l'écart de l'affrontement qui fait rage. Sa voix aigüe surplombe un instant les bruits du combat.

    " Rog ! Rog ! Ils arrivent ! "

    Une tête pivote et toise les intrus à la lumière d'une torche vacillante. Leur chef est là, armé simplement de ses poings maculés d'un sang qui n'est pas le sien. La surprise le fige. Pas longtemps, mais on l'a bien senti. Le doute parcourt les taulards l'espace d'une seconde. Deux corps inanimés s'écroulent dans l'eau trouble qui monte jusqu'aux genoux des combattants et Brood déjà, nargue, fier malgré sa situation désespérée, son rival pour lui rappeler que c'est de lui dont il devrait se préoccuper. La perte de deux éléments et l'air méprisant de son ennemi semble ramener sa lucidité à Rog. Il pointe d'un index la position occupée par les marines et déjà, une salve de tromblons vient aboyer rageusement dans leur direction. Personne n'est touché et pour cause, c'était la paroi qui était visée. La galerie tressaille, le gravas se détache par blocs entiers; bien vite, l'artère toute entière se retrouve prise sous un éboulement digne de la plus belle avalanche.

    Ceux des soldats qui se trouvaient trop en retrait n'ont d'autre choix que de rebrousser provisoirement chemin tandis que l'accès se referme derrière les quelques-uns qui auront choisi de s'engouffrer dans la cavité avant que l'accès ne soit complètement condamné.

    Sous les pieds, le sol tremble une nouvelle fois, plus menaçant encore. Un marine se retourne vers son commandant, pris de panique :

    " Lieutenant, si nous restons ici trop longtemps, c'est la caverne entière qui risque de nous ensevelir ! "

    Comme pour lui donner raison, une nouvelle pluie de pierre vient s'écraser derrière eux. Le niveau de l'eau monte encore, jusqu'à mi-cuisse.

    Pour tous ceux qui continuent de se battre à l'intérieur de la prison, le temps est compté.
      -Faut qu’on évacue ! Ils vont nous submerger !

      Le doc’ me lève le bras pour passer un rouleau de tissu autour, un bout posé sur ma blessure au cœur, le reste servant à maintenir le tout. De l’autre main, je passe en revue toutes les fréquences que j’ai en répertoire à un rythme régulier. J’dois appeler le même type toutes les vingt secondes à ce rythme tellement je veux être mis au courant de l’avancement de la situation. Pour les adversaires, c’est râpé. On se bat à trois mètres et c’est la première vague de prisonnier armé de tout ce qu’ils ont pu trouver en chemin qui s’est abattue sur une double ligne solide de marines. La première, genoux à terre, a tiré une première salve juste avant la deuxième, debout. Puis ceux accroupis se sont relevés et ont transpercé les plus proches prisonniers. Il y a eu un instant de doute dans les rangs devant l’application stricte d’une formation de combat qui a traversé les âges, et cela malgré la pression d’une foule meurtrière de plus en plus proche. Mais même si la différence de niveau est flagrante, le nombre finira par vaincre la qualité des troupes.

      -On a besoin de plus d’hommes pour vous évacuer !

      Le doc a raison. Mais il y a des raisons qui ne valent pas un clou sur un champ de bataille. Je fais non de la tête.

      -Pas moyen que des types crèvent pour ma pomme ! Toi, tu t’appelles comment ?
      - Soldat premier classe Max Coddy, lieutenant !
      - Et bien Max, tu vas me choper avec tes gros bras et me ramener à l’arrière fissa !
      - L’hémorragie n’est pas arrêtée ! Vous êtes intransportable !
      - Bien sûr que je suis transportable, doc’. Vous me recoudrez plus tard. Si on se dépêche pas, c’est le reste de la compagnie qu’il faudra recoudre.

      Pour bien illustrer le propos, Max balade une mandale bien franche dans un prisonnier armé d’une pioche qui a su percer le mur de soldats. La pioche tombe à terre, juste à côté du docteur. Sur la pointe, du sang frais. Je le fixe avec suffisamment de défi dans le regard pour le faire craquer. Je me rappelle mes vertes années ; les anciennes, pas celle-ci ; où j’ai maté des têtes beaucoup plus dures. Il détourne le regard.

      -C’est compris.

      Je reprends mon escargophone qui chauffe dans ma main. Je lui ai pas donné l’occasion de souffler au petit père.

      -Carver ! Le chemin est ouvert ?

      L’adjudant Sam Carver est le responsable du Génie de la base, c'est-à-dire, c’est lui qui s’occupe de chapeauté la cinquantaine d’hommes chargés du gros œuvre. En tant normal, c’est aménager le brut de la forteresse pour l’adapter aux besoins de la garnison. Pour le cas présent, il a un rôle vital pour plus de cinq cents hommes : ouvrir une porte de sortie. Les sorties des galeries principales vomissent des hommes sans discontinuité et remonter le courant relève du suicide. De l’autre côté, c’est les prisonniers venant de l’extérieur de la cité administrative qui forment une marée serrée. Et c’est pas non plus une sortie viable, ça reviendrait à se retrouver dans la plaine désolée du Trou, sous le feu des canons de la cité. Du coup, la seule opportunité viable de s’en sortir est de fuir au travers d’une galerie pas encore utilisée. La roche est un gruyère et Carver a pu rapidement repérer une galerie exploitable au travers de quelques failles dans la roche. Avec un peu de matos et d’huile de coude, l’adjudant voulait ouvrir un passage.
      Verdict.

      -Le chemin est ouvert ! On a éliminé les prisonniers sans faire de grabuges. On a pas dû se faire repérer. Pour l’instant. Deux pelotons ont sécurisé l’autre côté.
      -C’est large comment ?
      -Faudra rentrer en file indienne. Même en faisant au plus rapide, ça va mettre du temps !
      -Faites aux mieux, on amorce la retraite.

      Je fais signe à Max de me relever qui compte y faire avec la plus grande délicatesse. Je lui fais non de la tête et il s’exécute. La douleur revient et la compresse se teinte de rouge immédiatement. Le doc revient à la charge.

      -Vous allez y passer !
      -On va tous y passer !

      Les balles sifflent. Les lames s’entrechoquent. Les marines faiblissent, entachés de sang et de sueur.J’avise une trentaine d’hommes qui font la jonction avec l’arrière. Signe dans leur direction. En formation.

      -En batterie deux lignes !

      L’escargophone sonne. Je décroche.

      -Qui c’est ?
      -Lieutenant ?
      -Grit ? Qu'est-ce qui passe ? Ils vous ont pas envoyé d’équipe médicale ?
      - Si lieutenant, mais on va bien. On a réorganisé les troupes et on est prêt à faire feu aux canons.
      - Bonne nouvelle. Préparez vous, on va envoyer du gravier.
      - Au fait, Lieutenant, contactez l’ingénieur Andy, ça devrait vous intéresser.

      J’hausse un sourcil avant de mettre l’escargophone de côté. C’est pas comme si la situation se prêtait à ce genre de phrase énigmatique. Je m’occupe du plus urgent et je gueule à pleins poumons aux ordres qui se battent.

      -Couchez-vous ! Exécution !

      Comme un seul homme, tout le monde passe à plat ventre, ne laissant que des prisonniers debout, surpris par la stratégie de la marine. Mon bras s’abat dans le vide, faisant signe aux trente hommes braquant leurs fusils sur eux. Les balles fusent, fauchant les malheureux. Les marines se relèvent instantanément après la vague, éliminant ceux qui sont passés au travers des balles.

      -Fuyez sur moi ! Dégagez de là !

      La moitié des hommes devant moi se retournent dans ma direction et me foncent dessus. Le pont-levis est descendu et toute la troupe disparait rapidement. Les autres se sont éclipsés derrière les hommes rechargeant leurs armes.

      -MAX !
      -Oui lieutenant !

      Je sers les dents tandis qu’il ne me prend pas les bras, m’exhibant face à la masse de prisonniers de mieux en mieux armés.

      -Grit ?
      -A vos ordres ! Feu !

      Les canons tonnent, faisant pleuvoir une pluie d’acier et de feu sur les prisonniers, propulsant les plus hardis à l’état de poussières. On me dit que les hommes qui ont embarqué se mettent aux meurtrières du château. Les boulets font alors place aux balles des fusils. J’ai été équipé avec un maximum de balles, on va peut-être voir la fin des caisses de munitions à ce rythme.

      -Vous avez mal Lieutenant ?

      Le doc revient à la charge. Tandis que le soldat Max me porte, il tâtonne mes blessures avec une compresse.

      -Très mal, doc. Mais ça a l’air d’aller.
      -Le sang ne coule plus.
      -Ouai, par contre, j’ai l’impression de me faire bruler à vif la peau !
      -Je vais voir.
      -Merde ! Dégagez ! On décroche !

      Max m’embarque, le doc sur ses talons. Toutes les troupes de l’arrière garde convergent vers la zone d’exfiltration, simple faille dans un mur de roche qui mène à un réseau de galeries encore plus dangereux que l’extérieur. Mais c’est notre seule chance. La force de l’adversaire est sa masse. L’étroitesse des galeries ne leur permettra pas de profiter de cet avantage. Pendant qu’on se regroupe autour du passage où les hommes passent chacun leur tour, l’escargophone sonne.

      -Ici la base, j’écoute ?
      -Lieutenant ? Ingénieur Andy pour vous servir.
      -J’ai trois secondes à vous accorder, alors éviter les détails.
      -Moi et mes gars, on est sur votre blessure. Et vu que vous vous êtes pas raté, on a pris l’initiative de vous colmater la brèche.
      -Hein ? Qu’est ce que vous dites ?
      -Et bien …
      -Bref, j’ai dit.
      -En gros, on vous soude des plaques de métal là où il faut pour que le sang arrête de couler.
      -Vous … vous me soudez ? Mais je suis pas un Cyborg !
      -Vous devriez ! Moi et les collègues, on serait ravis de vous bidouiller l’intérieur. Vous verrez, l’huile, c’est plus sympa que le sang ! Et puis.

      Je raccroche. Pas le temps. J’informe le médecin de ce que font les tarés de la mécanique avec mon corps. Il réagit plutôt positivement, juste qu’il espère que les plaques ne vont pas me filer de saloperies.

      -Vous me ferez le vaccin du tétanos quand ce merdier sera fini.
      -Passez devant, vous êtes encore blessés.
      -Du vent, je fais l’arrière garde.
      -Mais !
      -Quoi mais ? J’ai plusieurs centaines de fusils, ça en fait pas une belle, d’arrière garde ! Allez plutôt vous occuper des autres blessés. Exécution !

      Il finit par obéir. Pour plus de confort, Max me met dans son dos et je m’accroche à son cou comme un gosse. La situation a beau être dangereuse, ça reste assez humiliant. Avec mon escargophone, j’ordonne à toute la troupe armée de passer à l’arrière de la forteresse, c'est-à-dire, le dos. J’vais leur offrir un 180 degrés pour canarder à tout va et en l’occurrence, les canards arrivent en masse. Gueulant. Menaçant.

      -Grit ? Vous avez le feu vert.
      -Feu à volonté ?
      -Feu à volonté.

      On leur dit pas deux fois. Je fais du beaucoup de balles à la minute et c’est un autre mur de balles qui bloquent toute avancer de l’ennemi. Et on nous octroie ainsi le temps de quitter le terrain découvert. Dans la pénombre des tunnels, on est un peu plus en sécurité. Pour l’instant.

      -On fait quoi, lieutenant ?
      -Progression lente et sécurisée
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      Un pas, un battement de coeur et le son de l'acier contre l'acier, de l'os contre la chaire et de la vie contre la mort. On continue d'avancer entouré de sons de plus en plus forts. Enfin, on arrive au niveau de l'escarmouche. C'est un sale combat, pas qu'il n'existe des affrontements propres...mais celui -ci est particulièrement sale. Dans une caverne ridiculement étroite, des hommes pataugeant dans l'eau, les corps et le sang s'affrontent.


      Aucun barde ne composerait de chansons sur cette bataille. Aucun chroniqueur n'en consignera jamais les faits et aucun bouquineur ne pourra jamais s'enthousiasmer des faits d'armes. Ne claquera nul drapeaux dans le vent, nul chef adulé ne soufflera ses derniers mots à l'oreille de ses compagnons. Nul homme ne murmura à sa promise la provenance de la cicatrice qu'il possède sur le torse...il n'y aura plus que la mort. Nous nous battrons dans le crépuscule d'une caverne, les flammes des torches, muettes spectatrices, distilleront leur lueur jaunâtre ...indifférente. En ce monde, ni les morts ni les chiens de chasses ne racontent d'histoire...Le seul souvenir laissé par les trépassé sera le sang incrusté dans la roche. Nul chien, nul oiseaux, nul bagnards...juste les messagers de la mort et leur crocs scintillant.

      Il n'y a plus que quelques gardes et un homme aux yeux rouge, probablement le pote du chef taulier. Je n'ai pas le temps de plus analyser. Une grêle de tir heurte le mur, il semblerait que nos adversaires sont de mauvais tireur. Ils ne nous ont pas touchés, mais le plomb a fragilisé la salle. Un éboulement me sépare d'une grosse partie de mes hommes et d'autres rochers emportent des combattants.

      Je dégaine, imité par mes hommes. L'heure n'est plus aux hésitations, tuer ou mourir enseveli...le choix ne va pas plus loin.

      On s'enfonce dans la bataille, je frappe à droite, le corps n'a même pas le temps de se séparer que ma lame siffle à gauche laissant une traînée sanglante. A mes cotés, Cole fait rugir le feu de son colt et plante son couteau de chasse dans celui qui avait le malheur de s'être trop rapproché. Un homme lève une pioche vers moi, j'esquive le pic meurtrier d'un mouvement du torse et ma lame passant ses défenses s'immisce entre ses cotes. Tout n'est plus que boucherie, les corps tombent, le sang coule, les bras s'engourdissent et les blessures se multiplient. Je ferraille quelques secondes avec un bagnard au-dessus du lot dos à dos avec Cole, la situation n'est pas géniale. Des marins qui nous accompagnent il n'y a plus de trace, juste un cow-boy et un sabreur dans une marée de corps et d'assaillants.

      De minutes en minutes, l'eau monte et les chutes de roches se font plus importante. Il n'y a rien d'autre à raconter que les affrontements sont brutaux et sanglants. Les adversaires plus faibles et plus fort se succèdent. Certains m'ont laissés des souvenirs de leurs affrontements et d'autres juste quelques gouttes vermeilles sur ma veste. Au coeur de la mêlée, Brody et moi on s'est rencontré quelques fois. Juste le temps de s'échanger quelques phrases triviales. Après un temps infiniment long, qui aurait pu durer des heures ou des minutes, les taulards se font manquer.

      Sans que je ne l'aie réellement remarqué, tant nous étions pris dans la fureur des combats notre environnement a changé. Nous ne sommes plus dans la caverne inondée mais plus loin dans une autre salle. Certains taulards ont finis par se décider qu'il était inutile de mourir et d'autres n'ont pas eu ce choix. Je regarde le type à qui on n'avait prêté main forte

      -J'penses qu'on en a finit avec les bagnards Brood...va falloir évacuer ... On vous suit jusqu'au catapulte...pas sûr que cette fourmilière tiendra longtemps.
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      La galerie est lugubre. Étroite déjà en son embouchure, elle le devient encore plus à mesure que l'on s'enfonce dans l'obscurité. L'architecture des couloirs est telle que parfois, on craint de rester définitivement coincé, prisonnier de cet amas rocheux piégeux. Le plafond est bas, l'air est lourd. Les parois transpirent. Une humidité glaciale perle, lèche la roche pour venir se lover au creux du lit d'eau qui serpente, anodin en apparence ici, alors que quelques strates en contrebas, la noyade guette les malheureux pris au piège. Non, pour eux qui progressent prudemment, il ne règne que le silence dérangeant et les petits bruits de leurs propres pas, que l'on pourrait penser être ceux de rongeurs. En tête de file, ils n'entendent déjà plus les salves qui crépitent à l'extérieur. Peut-être ce sont-elles taries ? Mais devant la horde sauvage qui menace, cette fourmilière instable constitue la seule issue envisageable. Du moins dans l'immédiat.

      Le couloir en faux-plat descendant débouche sur une pièce plus large, pentagonale, qui constitue un carrefour de passage entre les étages inférieurs et la sortie. Il reste encore deux torches, au plafond, et un infime rayon de clarté qui se faufile entre les couches de gravas superposées. L'endroit est jonché de corps, ceux de geôliers principalement. Un râle ou deux, essoufflés, dans l'ombre, ajoutent au glauque ambiant. Et toujours, le goutte à goutte, plus présent. Rien de vraiment menaçant, on pourrait penser à un robinet d'eau oublié qui coule, coule...

      Les forces marines peuvent se rassembler ici, un instant simplement. On se renseigne sur l'état de ses voisins, on prend une gorgée d'eau; on essaie d'évaluer la situation. Mais un nouvel incident vient saboter ce moment de répit. Le sort refuse de les laisser souffler. Il les harcèle. Cette fois-ci, la menace prend la forme d'un grondement sourd; il avertit les soldats que leur initiative de s'abriter dans la forteresse rocheuse n'était pas sans défaut. Dehors, les explosions se succèdent et la roche tremble. Il est aisé de comprendre pourquoi. Les forçats veulent ensevelir leurs anciens gardiens et tous ceux qui leur portent assistance sous des milliers de tonnes de roc. Un nouveau tonnerre grogne au dessus des têtes peu rassurées. Deux ou trois chutes de gravas, encore mineures, suffisent pour intimer cette peur d'un danger contre lequel on n'a pas l'habitude de lutter dans les esprits fourbus par la succession des agressions subies. Ici, nul glaive ou mousquet, juste de lourds blocs de pierre, instruments de mort redoutables.

      On cherche à lire les prochaines pluies de roches. On se demande s'il ne faudrait pas s'enfoncer plus loin dans l'antre en quête d'un meilleur abri. Les hommes commencent tout juste à oublier la menace pirate pour se concentrer sur la colère de la Nature violente. On se consacre au danger le plus imminent. Pourtant, ils ne peuvent s'offrir ce luxe. Un jeu de lumières troubles les alerte qu'ils ne sont pas seuls. Des intrus viennent des profondeurs de la terre. Les paroles sont encore éloignées, mais on les distingue parfaitement. Ceux qui approchent ne cherchent pas à cacher leur présence. Une marque de confiance qui laisse présager de leur force... Chaque homme raffermit sa prise sur un sabre ou un pistolet. On prie pour que la poudre soit encore sèche. Et on attend les ordres, anxieux, en se retournant vers le Lieutenant qui doit à la fois gérer avec le danger venant des entrailles et celui qui gronde depuis l'extérieur.

      Que faire ?

      [...]

      " Le bagnard est fourbe. Le bagnard est infect. Mais le bagnard ne s'écrase pas si facilement que ça. "

      Brood fait craquer ses poings et évalue sans délicatesse la blessure qui entaille son flan droit, sous sa tunique. Elle est large, mais il n'y prête pas vraiment attention. Il n'en accorde pas beaucoup plus aux deux marines qui lui sont venus en aide. Bien loin de lui l'envie de les remercier. Il est persuadé qu'il aurait fait tout aussi bien en leur absence. En fait, il aurait sans doute mieux fait encore. Des gêneurs... Probablement envoyés ici par le Directeur. Celui-là... Une moue de mépris figée sur ses traits, le chef de la garde pousse du pied les cadavres et prête attention au visage de chaque taulard décédé. Rog n'est pas parmi eux. Il crache. Il a laissé s'échapper l'homme qu'il tient le plus à tuer ici. Comme c'est frustrant. Et les deux marines qui lui proposent de déserter l'endroit. Manquerait plus qu'ça.

      " La catapulte ? Kéhéhé... Je ne sors pas d'ici avant d'avoir nettoyé la place. Ça vous fait peur ? Vous voulez repartir ? Barrez-vous, j'ai pas besoin de deux pleutres dans les pattes. Mais si vous me suivez, affûtez vos lames, on part en chasse. "

      Il se tait, regarde les deux officiers. Il ne leur a pas vraiment laissé le choix. Eux ne connaissent pas l'endroit, et l'accès par lequel il se sont enfoncés dans le Trou est condamné. Ils le suivront.

      Brood sourit, narquois. Et puis, il désigne un couloir qui mène vers la surface.

      " On monte. En dessous, la flotte fera le ménage pour nous. "

      Le trio s'engage dans la galerie. Pas vif. Comme s'ils n'avaient pas entamé leurs forces. Une bonne nouvelle et pas la seule, puisqu'à l'autre bout du corridor les attend une nouvelle surprise. Les Ghost Dogs. Seul problème, ils ne sont pas seuls. Loin de là. En fait, la plateforme qu'ils viennent de rallier, probablement le dernier endroit relativement épargné par les éboulements et l'inondation jusqu'ici, constitue la terre d'asile de tous les survivants encore enfermés au Trou. Marines comme prisonniers.

      Rog est là, entouré de ses plus valeureux lieutenants et d'une douzaine de bagnards en armes, prêts à en découdre. Un peu plus loin dans l'ombre, un autre taulard. Il chuchote des sons incompréhensibles, la bouche abritée au creux de ses mains. Jusqu'à ce qu'elles s'entrouvrent, et qu'un petit insecte s'envole vers la sortie.

      Enfin, assis en tailleur, deux autres prisonniers. Leurs katanas sont rangés dans leurs fourreaux, mais ils les gardent en main, par habitude ou par précaution. Si le premier est un homme, difficile en revanche d'en dire autant de l'autre, qui est en fait un panda occupé à mordiller un bout d'eucalyptus, imperturbable.

      Sous l'arrivée des nouveaux venus, les regards se crispent, les insultes jaillissent. Toute personne douée de bon-sens l'aura compris : la situation pourrait rapidement devenir incontrôlable. Dehors, une nouvelle détonation furieuse éclate. Depuis les niveaux inférieurs, l'eau remonte, patiente...

      Il faut agir.
        -Rechargez vos armes ! Que deux escouades se chargent de regrouper les blessés pour les transporter à l’intérieur ! Positionnez-vous autour de moi et attendez mon ordre pour faire feu !

        La grotte dans laquelle on s’est stoppé fourmille en tout sens. Des chemins y mènent sur plusieurs endroits. Là, les Ghost Dogs associés à la GM42  forment un rempart humain pour contrecarrer toute tentative d’agression. Pendant ce temps, d’autres hommes se positionnent dans la forteresse, pour les blessés légers tandis que les moins touchés sortent. Grit est de ces gens là et vient se poser à mes côtés. Une dernière fois, je le remercie d’un signe de tête pour ce qu’il a fait à l’intérieur. Je grimace aussitôt tandis que le doc’ achève son bandage.

        -Ça devrait aller pour l’instant, mais promettez-moi de ne pas faire trop d’effort.
        -Vous êtes sérieux ? Dans un pareil moment, ne pas faire d’effort ?
        -Je suis médecin moi, mes recommandations passent avant les besoins de terrains, c’est tout !
        -Attention !

        Chute de pierre. Trois hommes sautent sur les côtés, le dernier n’a pas le temps de faire de même. Mais Cody intervient, se jetant sur lui pour esquiver le projectile. Le médecin se précipite sur eux avant de faire non de la tête.

        -Ils n’ont rien !
        -Lieutenant ! Il faut bouger d’ici ! Ou on va finir enseveli.
        -On repart dans une minute soldat, le temps de …

        Je m’interromps alors qu’une clameur se fait entendre dans les profondeurs. C’est humain, enfin, pas trop loin. Une clameur synonyme d’emmerdes en chair et en os. Dans la pénombre de la galerie, plus loin, une masse grouillante prend forme tandis que le clapotis de l’eau se fait entendre. Un soldat prévient que dans sa galerie, l’eau a rempli la galerie et s’est arrêté à un mètre en dessous de notre niveau. Dans le passage où se meuvent les prisonniers, des cris de peurs font échos à cette brusque montée des eaux. Je serre les dents. S’ils se retrouvent bloqués derrière eux, ils n’auront aucune autre alternative que de nous foncer dessus. Ça va être un massacre. Et les combats, ça commence à bien faire.

        -Lieutenant ?!
        -Vous avez vos ordres ! S’ils attaquent, nous riposterons !

        Les derniers marines se mettent en position. Les fusils sont brandis et la compagnie s’immobilise. Le silence se fait dans nos hauteurs tandis que dans les profondeurs, le bruit se fait de plus en plus lourd et intense, comme un râle d’une bête des profondeurs oubliées. La masse s’approche et déjà, on distingue leurs yeux, fuyant, apeurés. C’est étrange. Les premiers rangs ne sont pas aussi déterminés qu’on a pu voir en haut. C’est comme si leur principale menace ne se trouvait pas devant eux, mais derrière. Et que par conséquent, ils en étaient loin.

        -Si vous attaquez, nous ouvrons le feu !

        Dernière sommation. Et certains répondent.

        -Il arrive ! Ils arrivent !

        Puis le silence. Quelques instants. Puis comme le son d’une brise sur des rideaux. La masse bouge. Elle se fendille. Elle s’ouvre, formant un passage pour deux masses. Deux individus. Si l’un est grand et humain, l’autre est plus trapu, mais n’a rien d’humain. Des chaines aux mains, ce sont des prisonniers, mais la crainte qu’ils inspirent chez les autres taulards les positionne dans une tout autre catégorie de ce qu’on a pu voir jusque-là. Ils ne sont pas comme les autres. Ils ne sont pas dans leur camp, aussi.

        J’allume mon escargophone alors que j’intime l’ordre de ne pas tirer. En face, les deux individus s’avancent d’un pas lent, mais sans aucune peur.

        -QG ? Vous avez un visuel ?
        -Oui… ces têtes me disent quelque chose…
        -mmh…
        -OH MERDE !
        -Que se passe t’il QG ? Répondez ?
        -On est mort ! ON EST MORT !
        -Soyez plus clair, qui sont ces types ?!

        Ils ne sont plus qu’à cinq mètres. La haute stature du premier dévoile un visage serein, mais dégagea une puissance seulement diminuée par ces épaisses menottes aux reflets de Granit Marin. Derrière lui, c’est la masse d’un Panda qui se dessine, arborant un visage empli de sérénité. Ils ne ressemblent pas à des types qui vont nous tuer.

        -Qui c’est alors ?!
        -Le … le premier s’appelle Dessie Mingold. Il est principalement connu pour avoir été le second du Pirate Drake Percecoeur. Et le deuxième est un membre de l’équipage de Drake, Mazen.
        -Percecoeur ? Le Percecoeur ?
        -Oui. Celui qui a été arrêté avant sa conquête du Nouveau Monde par le contre… l’ex-contre-amiral Arashibourei. Mingold a été battu par l’actuel capitaine Red en particulier.
        -Red ?
        -Avec difficulté.

        Oh merde. C’est le cas de le dire. Si les Sea Wolfs au sommet de leur puissance ont eu du mal à éliminer ces types, c’est qu’ils sont d’un tout autre niveau. On ne peut pas s’opposer à eux, l’idée jaillit dans mon esprit. Je lève la main brusquement et j’ordonne sèchement.

        -Battez en retraite ! En formation ! Retranchez-vous sur la partie gauche de la grotte !

        L’aura de puissance contenue chez Dessie n’a échappé à personne et les hommes  battent en retraite dans l’ordre, désertant une moitié de la grotte, mais en brandissant toujours leurs fusils. Les deux pirates continuent leur progression vers le centre de la grotte avant  de s’y installer. Dans mon escargophone, le QG de la tête me balance toutes les infos qu’ils ont à ce sujet. 450 millions de primes. C’est vertigineux. J’ai la désagréable impression que ma dernière heure est arrivée en compagnie de ce type. De la galerie d’où il est sorti, les prisonniers sortent pour occuper la dernière partie de la grotte. Certains sont trempés, d’autres souffrent de blessures pas jolies à voir. Le médecin me jette un regard que je comprends bien. Il veut aller les aider. C’est humain. Pour une médecin, c’est la vie avant tout. Mais le laisser au milieu des bagnards, c’est hors de question. Je lui fais signe de s’occuper de nos propres blessés. Ça l’occupera.

        L’espace sonore de la grotte finit par être bien occupé. Des prisonniers insultent copieusement les marines qui restent plutôt stoïques même si l’inquiétude se lit sur leur visage. Moi, je fais un peu dans mon froc, heureusement que c’est encore qu’au sens figuré. Dessie me dévisage avec un sourire. Il a dû comprendre que j’étais le chef. En même temps, c’est moi qui donne les ordres jusque-là. Lentement, il lève ses bras, montrant les chaines entravant ses poignées.

        -Ces chaines sont lourdes.

        Il veut que je le libère. En gros.

        -Ne le faites pas ! Il a un fruit du démon !

        Je n’écoute pas cette dernière information du QG de la GM42 et je m’avance vers le pirate en faisant signe à ce qu’on me suive pas. Je refais un signe beaucoup plus strict pour leur bien faire comprendre mon précédent ordre. Les pas qui me séparent du pirate sont pas nombreux, mais ils paraissent longs à réaliser. Tout du long, il me fixe avec ce brin d’amusement dans le regard. Faut avouer que sortir de prison après quelques années pour trouver un gosse de quinze ans comme chef d’une compagnie de marine, c’est pas banal. Je lui pardonne.

        Merde. Pourquoi j’y vais, moi ?

        -Dessie Mingold ?
        -C’est moi.
        -Sous-Lieutenant Pludto.
        -Enchanté.
        -Et votre … ami ?
        -Mazen.

        Le panda penche légèrement la tête en guise de salut. J’dois dire que ça commence plutôt bien.

        -Vous seriez bien aimable de me libérer ?
        -C’est possible, mais qu'est-ce qui me dit que vous allez pas nous tuer tous une fois libre ?

        Sourire chez Mingold. C’est pile le moment choisi pour qu’une grosse pierre tombe du plafond avant de tomber net sur le pirate panda. La roche se brise sous l’impact et Mazen ne bouge pas, tout comme Dessie. Moi, j’ai sursauté de deux mètres en arrière pour me mettre en sécurité. Mazen déchire un morceau de papier en sa possession et écrit quelques mots fluidement avant de me donner le morceau.


        Dur comme un roc
        Ce n’est rien
        Qu’une poignée de sable

        Okay. Le message est clair. Ils nous défoncent sans menottes.

        -Oubliez ma question. Je reformule… euh …
        -ai-je envie de vous tuer ?
        -Ah. Oui. Très bonne question. Je vous la retourne.
        -ça se pourrait. C’est la marine qui m’a mis ici.
        -Ah non. Ce n’est pas la marine, c’est les Sea Wolfs. Et pour vous, c’est le capitaine Red.

        Une ombre fugace passe sur le visage de Dessie. Le souvenir de sa défaite ne doit pas le satisfaire. Il réplique sèchement.

        -Rossignol est un marine. Et il est capitaine maintenant ?
        -Il n’est plus un marine. C’est un pirate. Vous vous souvenez de Tortuga ? De comment c’était structuré ?
        -Oui, je m’en souviens très bien. Et ?
        -Et bien, il a lié tous le bois et les navires pour en faire une énorme structure flottante qui vogue sur Grandline. Ça s’appelle Armada. Ça fait un très gros bateau qui fait beaucoup parler de lui.

        Je vois une étincelle d’intérêt jaillir dans les yeux de Dessie tandis que Mazen penche la tête sur le côté en me fixant avec un je-ne-sais-quoi dans le regard qui m’indique qu’il sait où je veux en venir. J’y ai rapidement pensé pour potentiellement reporter la colère de Dessie sur un autre, en l’occurrence, Red, celui qui l’a vaincu. Dessie est connu pour être un collectionneur grâce à son fruit des sceaux. Et la perspective de mettre la création de Red en bouteille doit lui paraitre plutôt tentante. Avec Red en prime dans la bouteille, ça serait parfait. En faisant en sorte qu’ils n’en réchappent pas cette fois ci.

        -Intéressant. Ça me donne envie de sortir d’ici.
        -Vous ne ressortirez pas d’ici. Pas sans aide. Vous êtes obligés de prendre la catapulte et si vous n’avez pas le bon angle, vous atterrissez dans la mer. ça serait pas une belle fin, non ?
        -C’est sûr.

        Il attend quelque chose de moi. Et j’ai quelque chose à lui offrir. Je ne sais pas à quel point il peut être tenté de nous tuer, mais le calme dont il fait preuve m’indique qu’il n’est pas un homme prompt à faire couler le sang systématiquement. Ce n’est pas la réputation qu’on lui donne, en tout cas. J’ai un plan. Ce n’est pas très propre du point de vue de la déontologie, mais ça a le mérite de nous garder en vie. Et c’est le principal. Et puis, si ça peut servir d’épine dans le pied du traitre Red, c’est tant mieux. Je m’approche de Dessie et je commence à lui chuchoter sur le ton de la confidence.

        -Voilà ce que je vous propose. Je vous permets de sortir d’ici et on vous lâchera sur la prochaine ile. En échange, vous nous tuez pas.
        -Intéressant. Rien d’autre ?
        -Vous nous aidez à mater les autres ?
        -Il ne faut peut-être pas exagérer.
        -Ah, oui … pardon.
        -Je vais voir avec Mazen si nous sommes d’accord.
        Ça veut dire que la conversation s’est arrêtée. Okay. Je me retourne et je reviens vers mes rangs. Là, on me mitraille de question pour savoir ce que j’ai causé avec lui. Je prends quelques hommes pour les mettre aux parfums. Et si les têtes font la grimace, la bonne intention est perçue. De la galerie, d’autres types en sont sortis par petit groupe. Et dernièrement, c’est des marines qui viennent d’en sortir. Surprise ! C’est Yamamoto ! Mais la situation s’envenime à nouveau et on a pas le temps pour les retrouvailles joyeuses. Faut trouver une solution. Dessie me fixe, me laissant dans ma merde. Sympa. Et avec l’eau qui continue à monter et les éboulements de temps à autre, faut qu’on revienne vraiment au soleil. Je prends Yamamoto à part.

        -Bon. On peut pas se permettre de remonter en gros pâté. Ça va être un massacre dès que ça dérapera. Et si on engage là, pas sûr qu’on y survive. Tu vois les deux zigotos là ? Bah l’humain, il est primé à 450 millions de Berrys. Ça te laisse imaginer le nombre de niveaux qu’il a de différence avec nous. Du coup, ce que je te propose, c’est qu’on mette tout le monde dans la forteresse. Genre moitié moitié pour qu’on se tape pas. Et on voit les détails plus tard. Banco ?


        Dernière édition par Pludto le Mar 20 Oct 2015 - 23:49, édité 1 fois
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        Nous avions tourné dos au silence de la mort et la musique des vivants se refaisait entendre. Nous avions parcouru une galerie obscure, la mélodie de nos pas dans l'eau accompagnée ainsi que celle des pluies de roches me relaxait et me glaçait en même temps. Mais a présent, ce moment de calme prends fin, nous retournons vers l'action. On émerge dans une vaste salle, deux camps se font face.

        D'un coté, les Dogs certains montrent les crocs ,mais la plupart semblent japper. De l'autre, les bagnards, tous massé autour de deux hommes, un sabreur serein et un panda musculeux. Les deux groupes sont en chien de fusil, il suffirait de presser la gâchette pour déverser le feu de l'enfer, nous y sommes proche...et proche d'être enseveli.

        Je me dirige vers Plud, il me fait un topo rapide...c'est pire que ce que je ne l'imaginais. On a un cador en face et non des moindre, en combat singulier et au top de ma forme...j'aurai peu de chance contre lui. Il impose sa présence au milieu de cet amas de bagnards, ils le respectent et le craignent, on ne voit que lui et le panda. Le panda, animal si mignon par nature, prend une impression de robustesse à toute épreuve. Je suis fatigué et j'ai trop de meurtrissures pour les compter, ils sont trois ou quatre de mon niveau ou même supérieur... Nos forces se résument à des marins, un gamin avec un fruit du démon, un pistolero, méchant flic et un sabreur. Nos chances d'en réchapper sont trop minces...la variante chute de pierre et montée des eaux ne fais rien pour m'encourager.

        Si je n'avais pas Plud à mes coté, j'aurai probablement aussi tenté la diplomatie...ou le gamble. Tout miser sur la chance et tenter quelque chose d'insensé...Il nous faudra raisonner Brood par contre...ou le laisser mourir. Je fixe mes adversaires, les traits dur, je tente de voir si on a un autre choix...on en a pas. Je salue le sabreur d'un hochement de la tête. Il me répond, le visage toujours serein. Ce type est raisonnable ou capable de masquer ses émotions...Les criminels le respectent, tant qu'il est avec nous les choses se passeront « bien ».

        -Je suis ton plan...on avisera pour la suite. Je te fais confiance.

        On n'aide pas des criminel à s'échapper, on aide des hommes à éviter de mourir enseveli ou noyé. Je pose ma main sur l'épaule de Plud.

        -Je te laisse gérer, le tout. Je m'occupe de surveiller nos amis.

        Il me reste une dernière chose à faire et probablement la plus chiante de tous. Je me tourne vers notre taulard en chef.

        -Brood, on t'emprunte tes bagnards jusqu'à la fin des rénovations du trou.

        Il me foudroie du regard, son amour de la haine des bagnards semble plus fort que tout. Soit, il se décide à foncer dans le tas, en tue quelques un et meurt comme un con. Soit, on trouve une solution....Il risquerait de provoquer une émeute et personne ne s'en sortirait vivant. Un rocher s'écrase à quelques mètres de nous.

        -Ca serait dommage qu'un caillou en défonce un avant toi, non ?
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        Yamamoto me lâche rapidement. Heureusement. Avec sa gueule plus si propre que ça et sa main suintante de sueur, l’instant n’a pas été très folichon. Faut dire que de se faire prendre comme ça par un adulte dans des moments où le désespoir peut prendre le pas sur la raison et la bienséance de la société, ça inquiète. J’ai inspecté son regard pour y desceller les relents d’un vice longtemps enfoui au fond de son cœur et qui refait surface en ce moment critique. Peut-être que c’est pas sa faute et que c’est une tare qu’on trouve chez les gens de son coin, mais c’est pas une raison pour lui laisser l’occasion de me corrompre l’esprit avec des attouchements qui paraissent pas si anodins soudainement, quand on prend conscience de ce que ça peut impliquer. Alors qu’il s’éloigne, je me surprends à chercher un quelconque signe au niveau de son futal. Non ? Si ? Je note de se méfier. Pédéraste, va.

        Nouveau tremblement dans les hauteurs. On me regarde comme si je devais apporter la bonne nouvelle. Je commence à donner des ordres pour qu’on gagne en efficacité. Plus la surface occupée par des gus est grande, plus il y a de chance de faire des victimes. Et je priorise les marines, pas parce que leur vie valent mieux que les autres sur le papier, mais ce sont ceux qui sont les plus aptes à obéir rapidement parmi le panel d’individus se serrant dans cette espace pas si confort que ça. Mais la moitié de mes propos sont masqués par les invectives croissantes de différents protagonistes qui cherchent dans cette situation un plaisir certain : celui de voir son pire ennemi se faire briser les pattes par du gros gravier. Le réquisitionnèrent des bagnards par Yamamoto n’est pas du gout de Brood, et de Rog dans le même temps. Comme quoi, ça doit être la première fois que les deux individus sont d'accord sur une chose. Yamamoto, capable de faire des miracles, pas trop près de moi, hein. Le gardien en chef veut absolument en découdre avec Rog et n’a aucune envie de voir un seul bagnard quitter les profondeurs sans perdre quelques membres au passage. Questions de principe. C’est honnête de vouloir assurer les promesses qu’il leur a fait à leur arriver, mais je ne mange pas de ce pain là. De l’autre côté, Rog se fait porte-parole des bagnards qui n’obéiront pas une seule seconde aux fils de femmes de petites vertus, pour ne pas utiliser d’autres termes, que nous sommes, nous, marines, et bien d’autres joyeux noms d’oiseaux qui n’apportent pas grand-chose à l’explication de la situation actuelle, si ce n’est de donner un catalogue de vocabulaire utile pour les voisins bruyants.

        -Écoutez-moi bien ! On va se crever le derrière pour sauver votre peau, et question derrière, c’est moi qui vais en prendre le plus !

        Ça, c’est moi. Et je jette un rapide regard vers Yamamoto pour savoir s’il a tiqué. J’ai cru. Faut vraiment se méfier. Je reprends.

        -Je vous embarque un paquet de vos types dans mon corps. Et non, ce que je veux dire, c’est que j’ai mangé un fruit du démon qui fait de moi un homme-forteresse. Alors, au lieu de se ranger deux par deux, main dans la main, en file indienne pour sortir d’ici ; ce qui ne se fera pas puisque les plus cons d’entre nous ne saurons pas se retenir de foutre quelques coups de surins dans le gras du bide de son voisin de sorte que l’ambiance va être sacrément pourri au bout de dix mètres, moi, je propose de vous inviter à me souffler dans les bronches, façon premier degré, et qu’on se carapate d’ici en évitant de se prendre du granit sur le coin de la gueule.

        Je finis de dire ça dans mon dernier souffle et je ravale aussitôt une grosse goulée d’oxygène par la bouche, parce qu’il faut dire ce qui est, ça pue grave dans le coin avec les plusieurs centaines de bagnards qui ont oublié la notion d’hygiène corporelle et l’odeur rance de la peur et de la sueur qui touchent tout le monde ici. L’avantage d’avoir tout balancé d’une traite, c’est que ça a forcé les différentes grosses gueules du coin à la boucler, ne trouvant aucun angle d’attaque pour me briser dans mon élan. Et ce que je viens de leur dire, façon crachat au visage, il fait son bonhomme de chemin. J’espère.

        -Parce que tu crois que je vais amener mes frères d’armes dans ton piège ? On peut tout aussi bien vous massacrer maintenant et on sortira selon ton plan et en sécurité !

        Rog n’a pas gagné le premier prix d’instinct de survie. En même temps, pour quelqu’un qui a défié l’autorité pendant des années, il y a plus grand-chose qui lui fait peur. En face, Brood est plus terre-à-terre.

        -Et si un éboulis t’écrase, on y passe tous ?

        Par contre, lui, il fait ses preuves en matière de réflexion. J’sais pas quoi lui dire pour l’occasion et il prend ça pour une victoire, avisant Rog et en lui faisant des gestes grossiers. Le bagnard lui répond avec une véhémence et une imagination qui me ferait applaudir en d’autres circonstances. Là, je suis purement dépité par tant de gamineries. C’est un comble. Et alors que ça s’apprête à repartir dans une engueulade menaçante, v’là que Dessie et le panda s’approchent de moi. Imposant sa haute stature au milieu des débats stériles, le pirate apporte un silence uniquement brisé par l’éboulement lointain, mais de plus en plus proche. Vague de peur dans les rangs. Dessie me pointe du doigt avec un sourire.

        -Je prends la suite quatre étoiles, pas d’objection ?
        -Euh … pas du tout. Par contre, ça restera assez spartiate.
        -Plus qu’ici ?
        -C’est … c’est une bonne comparaison. Ça devrait aller. Cherchez le dortoir des officiers et prenez la chambre B2. C’est celle du Commandant Trovahechnik. Faites  comme chez vous, mais s’il vous plait, ne cassez pas les deux mugs avec son nom dessus. Il y tient … beaucoup…

        Il continue de me regarder pendant que ma voix s’éteint dans un silence gêné. Je vais peut-être arrêter là. De toute façon, Lou sera hors de lui à l’idée de savoir que sa piaule a servi pour un pirate de l’envergure de Dessie. Tant que celui-ci a dégagé le plancher une fois que le Commandant y repassera, c’est tout ce qui importe. Ouvrant l’accès à Dessie, celui-ci s’y engouffre, suivi par le panda qui me glisse un sourire humble au passage. La disparition des deux pirates laisse un gros vide, et je ne dis pas qu’ils sont gros. L’agitation gagne les bagnards et malgré les regards noirs de Rog, certains s’approchent de moi pour suivre les pirates. Je comprends. Si Dessie y est allé, c’est que soit il a confiance, soit il est suffisamment fort pour s’en sortir quoiqu’il se passe. Et autant mettre sa vie pas loin de celle de Dessie pour avoir une chance de s’en sortir. Vivant si possible. J’ouvre les accès. Une entrée pour les marines, une autre pour les bagnards en priant pour que ça se passe bien. Rog se fait de plus en plus vindicatif à l’égard de ses troupes ébranlées par les désertions tandis que Brood se moque ouvertement de son ennemi juré et de son incapacité à se faire respecter. Quand je parlais de gamineries…

        J’espère que tout se passera bien, mais ça, c’est le meilleur des mondes qui n’existe que dans les rêves. Et le rêve vire au cauchemar quand un pan entier de la caverne décroche d’un coup et vient transformer une vingtaine de bagnards en galette de viande tartare. Le reste est pour bientôt et il faut pas trainer. C’est dans ces moments là qu’il faut rester maitre de soi-même et réagir avec sang-froid tout en montrant l’exemple.

        -CASSEZ VOUS !

        J’ai pas dit que je le serais forcément. Et pour la deuxième fois en très peu de temps, Rog et Brood sont d'accord. Peu importe les marines, les bagnards ou les gardiens, tout le monde s’empresse de s’enfoncer dans les passages censés mener vers les hauteurs. Censé, c’est triste à dire. La simple perspective de voir son destin couper net par un cul-de-sac totalement fortuit n’est pas la plus réjouissante. Par contre, la peur de se faire écraser par du roc en masse ne fait pas disparaitre les animosités excitées à leur paroxysme entre les différents protagonistes. Et si ça court pour sa vie, ça multiplie les saloperies pour que la vie des autres tourne court. Moi-même, je cours ; parce que je suis pas en acier, hein, plus en sucre. Et déjà, le parcours est plus traitre à cause d’hommes blessés au milieu du chemin que de rochers. Avec mes hommes les plus proches, j’en embarque le plus possible parce qu’on abandonne personne, c’est une règle. Ou en tout cas, on récupère tout ce qu’on peut. Pas forcément une bonne idée pour ceux de l’intérieur qui voient débouler des potos qui sont pas dans cet état uniquement par la faute de Mère Nature et qui s’en prennent violemment aux accusés d’office. Génial. Comme si c’était vraiment l’occasion pour ce genre de trivialité. J’ai besoin d’aide, alors, je me tourne vers un officier d’exception, mais pas trop près de moi, quand même.

        Yamamoto ! Fais quelque chose ! Ou ça va tourner à la boucherie !

        Et ça, c’est à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur. Il a pas forcément le don d’ubiquité ; enfin, pas aux dernières nouvelles ; et ça va être craignos de s’occuper de tout. Mais l’un ou l’autre, ça ne peut qu’aider. Pendant ce temps, j’arrive à glisser quelques mots à l’escargophone, contact avec l’infirmerie de bord, pour mettre le paquet niveau soin d’urgence. Si c’est encore possible. Derrière, ça s’éboule sans retenue. T’as même de l’eau qui arrive parfois en cascade glaciale par des ouvertures dans le plafond. Le passage se transforme rapidement en une marée de chair, de roche et de sang. Et au fur et à mesure qu’on récupère des types, je finis rapidement en queue de peloton. Encore heureux que je me sois pas fait piétiner en passant.

        Ce qu’il a de bien, avec l’arrière de la masse de gens, c’est qu’ils sont tous un peu là pour aider les autres. T’as des marines, mais t’as aussi des bagnards. Ils récupèrent tout le monde, marines comme prisonniers. Pas de distinction. Que de la débauche d’énergie sans pensée à en garder pour soi. A l’arrière, les gens sont humains. C’est fort. Et on est bras dessus, bras dessous, à s’arracher sous les quatre éléments pour s’en sortir, en essayant à ce que personne reste sur le carreau. A l’intérieur, c’est pas si blanc que ça. Devant nous aussi. Mais chez nous, on est bien, mais ne viens pas, parce que si tu viens, c’est que t’es pas loin de clamser.

        Et en parlant ça, la sortie est plus très loin. Dehors, je sais pas ce qui se passera, mais ça pourrait être la fin à ce rythme. Où qu’ils sont les renforts ? Où qu’il est le Commandant ? Il serait grand temps que la cavalerie arrive.


        Dernière édition par Pludto le Jeu 28 Mai 2015 - 19:04, édité 2 fois
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        Je fixe le couple Rog-Brood. J'les verrais bien ensemble ces deux la, toujours un mot sympathique pour l'autre. J'en étais pas sur, mais Brood à l'instar du Dirlo s'amuse aussi avec les bagnards...avec des penchants un peu plus sado-maso sans doute. Tant qu'ils se lancent pas dans des ébats irraisonnés devant tout le monde ça me va...mais vu comme ils se chauffent ... Je m'attends au pire. Ce bagne porte bien son nom...le trou. Entre temps, le gruyère s'émiette et menace les souris qui y ont élu domicile.

        On voit de tout dans cette colonie : Du bagnard qui fanfaronne l'index pointé vers le plafond défiant le destin, celui qui se lamente voyant venir une fin digne d'une série Z, celui qui s'en bat royalement les steaks et celui qui a pour priorité d'en foutre une à son voisin qui l'a dépassé à la cantine. Ça se chahute, ça se chamaille et ça semble pas disposer à à rentrer dans Plud...bus... Je suis fatigué je pense... Peu à peu des rixes éclatent...C'est vraiment le bordel.

        L'un des mecs à l'air badass se ramène au coté du vieux gamin, ils s'entretiennent et ils finissent par donner l'exemple. Heureusement qu'y a des bagnards pour rattraper les autres, Rog et Brood continuent de s'agonir mais au moins certains types prennent le pas. Mais ce n'est pas suffisant, un craquement sinistre se répercute dans la caverne et quelques secondes plus tard tout n'est plus que chaos poussière et cris. Un éboulement plus conséquent que les autres venait de faucher une belle brochette de bagnard...C'est triste mais ça en fais moins dehors, non ?

        A présent, va falloir bouger, sous peine de ne plus le faire avant longtemps. Peu à peu la tension monte et elle m'atteint, je ne pense pas que comme à mon habitude sortir quelques conneries me calmera. Ce n'est pas la peur d'un combat, c'est une terreur plus viscérale ou s'allie la peur du noir et les dernières racines animale qui composent notre instinct de survie. Quelle mort horrible, se retrouver enfermer dans une grotte, dans le noir complet et dépérir peu à peu par manque d'eau, de nourriture et d'oxygène...et ça si on a la chance de pas passer par la case d'attendrisage de la viande.

        Je respire un bon coup autant pour remplir mes poumons de ce qui pourrait me manquer mais aussi pour tenter de me calmer et balancer un ordre...mais Plud me prends de vitesse avec un « Cassez Vous », plus correct que « Bougez vous le fion » mais plus apeurant qu'un « Dégagez ! ». Déjà qu'y a pas assez de stress qui me vient des bagnards maintenant on a aussi les potes qui flanchent...C'est moi qui doit garder mon calme c'est ça ? Hé bien, c'est normal...Ne suis pas le sublim-- ouh le gros rocher...Bon ok, j'ai compris la caverne, je me taille.

        C'est la panique, la débandade, la ruée, le désordre, l'anarchie. Chacun veut être le premier à goûter l'air frais quitte à écraser le mec avec qui t'a joué au dé la veille ou celui qui t'as sortit de l'alcool frelaté de contrebande. On voit aussi la nature humaine, les nakamas qui se soutiennent quitte à partir ensemble, les altruiste qui relève un homme à terre et le traîne, les opportunistes qui se collent aux plus fort histoire de sortir plus vite, les bêtes qui ruent pour passer...Il serait si simple de faire un tri de ce qu'on garde et jette de la société ici...mais ce n'est pas la question.

        Plud semble me demander à l'aide dans la cohue, mais je n'arrive pas à le localiser. J'aperçois mon second qui pousse les bagnards vers la sortie et je lui indique qu'il devrait trouver Plud. J'avise deux groupes qui se bataillent pour savoir qui passera le premier...je n'ai pas le temps de la jouer diplomate. J'avance vers eux non sans balancer quelques gars vers la sortie manquant de les faire trébucher. D'un coup d'oeil je détermine qui sont les leader et les calme d'un direct au foie avant de les passer à leur pote histoire qu'ils le transportent...L'un d'eux me foudroie du regard...mais ils ont compris dans l'ensemble le message, Cassez vous ou je vous fous tous à terre. Ils s'entraident même.

        Je passe de groupe en groupe tentant de prodiguer un peu d'aide...mais surtout de me rapprocher de la sortie. J'attrape la main d'un bagnard qui me tire en avant pour me sauver d'une mauvaise chute...il n'y a plus d'ennemis ou d'ennemis juste un groupe d'humain qui tente de survivre. J'hisse un homme assommé sur mes épaules et accompagné d'un mec qui se présente sous le nom de « Isdaag Haston » on avance. Soutenant d'autre bagnards ou marin, cela n'a pas d'importance...Ce qui compte c'est sortir.

        D'un coup d'épaule, le cow boy pousse un gars qui bouche le passage. Non sans lâcher un « Foie jaune d'adorateur de Pyrite », personne ne semble comprendre de qui il parle. Il se demande si c'est pas pire dedans que dehors. Y'a plein de pieds-tendres qui se considèrent à l'abri et se laisse tomber contre le premier mur venu, même qu'y en a qui laisse leurs jambes tendues dans l'allée... Il met donc de l'ordre à grand coup de diplomatie Santiag. Il serait bien tenté d'imposer le calme d'un coup de semonce, mais un blanc-bec lui a expliqué qu'il risquait juste de plomber l'intérieur de Plud...Ce qui était pas con en soit.
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        La course-folle vers la surface laisse l'occasion d'admirer les attitudes diverses et variées de tous ces spécimens que cherchent à écraser comme des mouches les blocs de gravas de plus en plus massifs qui se décrochent de la paroi. Et l'exercice de l'esquive se révèle laborieux quand on trépigne jusqu'à mi-cuisses dans une eau boueuse, dense à souhait, parfaite pour freiner une fuite. Devant l'ampleur de la catastrophe, certains s'entraident. Les retardataires, les plus faibles; ceux-là sont indifférents aux étiquettes, conscients que le danger que représente une brique puissance cent sur la casaque est autrement plus sérieux que tout le reste. Alors ça vaut bien le coup de faire une entorse à ses principes - cracher sur l'uniforme, ne jamais abandonner le combat, promettre la corde de chanvre à tous ces vils boucaniers... - en espérant que celui d'à côté le remarquera et prendra le temps de nous aider à se relever si d'aventure on se vautre. Quand bien même il serait de l'autre bord. Vis à vis de la justice et de rien d'autre.

        À l'inverse, devant, certains ont encore la force de s'arsouiller sévèrement. L'avalanche qui tombe dru et écrase les crânes comme des coquilles de noix, ça les impressionne pas. Leur carburant, c'est la haine qu'ils vouent à ceux d'en face. Même qu'ils sont à côté, en ce moment. Ça expliquerait pourquoi ils avancent plus vite que les braves gars qui se serrent les coudes, un peu en retrait. Tous ces fameux philanthropes se tirent dans les pattes malgré tout parce qu'ils ont fait ça toute leur vie et qu'ils ne savent rien faire d'autre. Quitte à rejoindre l'au-delà, autant se payer une dernière tranche d'algarade - relevée d'une litanie d'insultes et de menaces qui aident à respirer - avant le grand voyage pour ne pas avoir de regret.

        Enfin, il y a ceux qui ont compris que le bon train à prendre, c'était le Pludto Grand Vitesse, même si le vieux-jeune doit avoir l'impression d'avoir ramassé session wasabi dans les intestins en ce moment. La faute aux plus belliqueux parmi les passagers qui à l'intérieur de la forteresse reproduisent le même schéma que leurs camarades grandeur nature dehors, à savoir se chercher des crosses. Un clan harangue, l'autre montre les dents, et l'escalade mène vite chacun à pointer un sabre ou un pistolet venimeux vers celui d'en face. On s'approche de la générale et tout le monde va y prendre part si le terminus tarde trop à arriver. Exception faite des deux pointures qui ont investi les quartiers des officiers et que personne n'emmerde. Chacun a admis qu'ils étaient effectivement un poil trop castards et qu'il valait mieux les laisser à leur partie de dominos.

        La situation est désespérée à tous les étages, les pertes s'accumulent. Pourtant la sortie se rapproche pour les survivants. Ce qui n'est en soi qu'une demi-bonne nouvelle pour les mouettes, si l'on considère le cortège d'accueil qui louche sans doute sur chaque trouée, pressé de transformer chaque marine à pointer le bleu de son uniforme en passoire. Engagez-vous, qu'ils disaient...

        Mais, quand les premiers rayons de clarté se font plus distincts, quand les plus pressés croient enfin entrevoir leur délivrance, une nouvelle explosion plus féroce que toutes les précédentes vient redistribuer les cartes. Encore une fois. La voûte rocheuse entière se disloque, un rayon laser perce le manteau de gravas pour sécher trois malheureux qui criaient victoire trop tôt et même les plus teigneux se retrouvent pris sous l'éboulement. Le Trou s'effondre. Personne ne peut s'extirper à temps. Quand la poussière se dissipe, la prison souterraine n'a plus de toit, les corps sont prisonniers d'un étau formidable, certains même sont emmurés vivants sous ce tapis rocheux. Les rares courageux pris à la surface et encore conscients - de Rog à Brood - s'imaginent victimes d'une hallucination collective devant le spectacle qui s'offre à eux.

        Le plateau entier n'est que combats. Un Marinford miniature prend place ici. Les hordes de taulards sont aux prises avec une dizaine de géants mécaniques que les officiers peuvent identifier comme des Pacifistas deuxième génération. Et au milieu de ces monstres d'acier, rigoureusement protégée par un duo de méchas plus sophistiqués que les autres, une femme donne de la voix, autoritaire, implacable pour commander aux tas de ferraille. La lutte est âpre, dure, totale. L'issue est indécise, le nombre des forbans s'opposant à la puissance de chaque Pacifista.

        Des gibets de potence qui se trouvent au plus près des ruines, deux particulièrement zélés s'approchent déjà des soldats qui n'ont su se défaire du joug des pierres. Ils constituent là des cibles de premier choix. Il est tellement plus simple de les éliminer maintenant que de les affronter dans quelques minutes quand ils seront de nouveau libres de leurs mouvements. Pludto et Yamamoto, impuissants, croient déjà assister à la mise à mort sordide de leurs troupes quand deux traits fendent l'air, depuis derrière eux, pour venir transpercer les bourreaux. Deux crayons. Trovahechnik est là. Il les surplombe, désagréable, comme il se doit. De part et d'autre de lui, il y a aussi Soren et le Judge, qui tiennent en respect d'autres évadés et aident leurs hommes à se libérer du joug des pierres.

        Hâtez-vous, messieurs. Vous n'attendez tout de même pas que je fasse tout moi-même ?

        Le regard du bureaucrate se porte sur le prisonnier qui avait approché le capitaine des Dawn Swift un peu plus tôt. Son petit index sentencieux le désigne.

        Cet homme détient des informations capitales sur les ravisseurs de Hadoc. Je me charge de sa surveillance. J'espère que ces gravas l'étouffent bien. Gnéhé.

        Trovahechnik s'assied. Ainsi mis, il est à hauteur des deux autres officiers, enserrés jusqu'à la taille dans les ruines.

        Vous êtes encore là ?
          J’suis resté un instant à gratter le sol, coudes posés, observant l’affreux commandant de GM42 me dominer physiquement, ce qui n’est pas des plus agréables, connaissant la taille de l’individu. Déjà qu’il domine toujours dans les débats, le leadership de la chaine de commandement et le choix des provisions pour le navire, laisser Lou gagner dans ce domaine, c’est le fond du trou alors qu’on vient d’en sortir. Je pourrais me dire qu’il a patiemment attendu à cet endroit avant que l’on sorte, afin d’inscrire dans les mémoires cette pose de puissance et de majesté, combattant les bagnards et sauvant les innocents d’une mort rapide et violente. Mais je ne me le dis pas. Parce que c’est Lou. Et que des notions comme la classe, le prestige et la science de bien faire son entrée en scène lui sont totalement étranger. Il reste fidèle à lui-même. Alors que Roy Bean déploie ses cordes pour attraper l’intéressant prisonnier, le visage laid de Trovahechnik vient s’abaisser à mon niveau comme une métaphore physique de sa supériorité hiérarchique et que, de plus, il est le commandant de mon corps, sa chose.

          Bref, avec Yamamoto, ils forment un duo assez peu recommandable à mes côtés.

          Je reprends assez rapidement le contrôle de mes pensées pour lui exposer un rapport complet, mais rapide de la situation. Je parle surtout de mes entrailles qui sont livrées à un pugilat chaotique entre des marines, des gardiens et des prisonniers. J’omets volontairement de parler de Dessie et son copain le panda. Lou est intransigeant. Il ne laissera pas partir un prisonnier aussi dangereux. Il préfèrera mourir plutôt que de faire ça. Je n’ai pas cette envie. Et la perspective de me faire découper en deux de l’intérieur me réjouit encore moins. Il prend ça avec une austérité qui en ferait pâlir plus d’un bleu. Ce visage de marbre pourrait presque signifier la déception de toute une vie alors qu’on vient d’annoncer fièrement tout ce que l’on aurait voulu faire sans jamais penser en être capable. J’ai l’habitude. Je ne lui fais pas l’offense de lui faire perdre du temps en lui demandant ce qui se passe, de toute façon, c’est assez clair. Les renforts sont arrivés et ils sont arrivés en force. Et même si je n’arrive pas à mettre un nom sur la dirigeante de cette escouade de cyborg de choc ; sa jeunesse étant une explication tout à fait logique, je ne peux que constater que les Pacifistas de deuxième génération sont toujours aussi efficaces. Un instant, je suis pris de la nostalgie de cette époque lointaine ou je déployais des Pacifistas comme on déploie des chopes de bières sur une table d’un rade quelconque. Avec force et tant pis si ça déborde.

          Bien, GM42, vous allez intégrer l’homme ci-présent et l’exfiltrer vers l’extérieur de cette ile. Le lieutenant Bean et moi-même ne le quitterons pas d’une semelle tandis que le Lieutenant-Colonel Lawblood s’occupera de mettre de l’ordre dans ma base. Lieutenant Kogaku, j’espère que vous êtes toujours opérationnels pour assurer la protection de la GM42 jusqu’à la catapulte. Le Colonel Anderson y assure actuellement la défense.

          Tout le monde acquiesce sans trop rechigner. C’est Lou en même temps. L’intéressant bagnard est poussé vers mon intérieur par The Judge, précédé de Lou entrant d’un pas déterminé, presque conquérant dans sa base. Soren les suit avec plusieurs dizaines de soldats fraichement débarqués pour assurer la sécurité intérieure. Je regarde Yamamoto et je tire la langue. On est encore côte à côte en première ligne. On prend une demi-minute pour organiser les troupes. Une partie des Ghost Dogs et les derniers gardiens ont formé un mur défensif sur une petite crête, encadré par deux Pacifistas faisant pleuvoir la lumière de la mort sur les plus téméraires. Avec moi, il ne reste principalement que les hommes d’Elite de Yamamoto. Même si les Ghost Dogs forment un équipage exceptionnel aux capacités certaines, l’endurance et la force de l’Elite ne sont pas non plus une légende urbaine. Les visages sont graves, parfois blessés et suant, mais la flamme dans leurs yeux brillent toujours autant. Yamamoto lance le mouvement. Deux lignes de soldats de part et d'autre pour assurer la sécurité. Un soldat m’aide à marcher, parce que ce n’est pas non plus la samba au niveau de ma blessure. Je sais que des hommes tentent de la soigner ; et je pense avec horreurs aux plaques de métal qu’on cherche à me coller pour endiguer le flot sanguin. Je serre les dents. On est plus très loin.

          Je pense soudainement à un truc. Si Lou va vers son bureau, il va tomber sur Dessie ! Et je doute que Lou laisse son antre se faire envahir aussi facilement. Pas que la mort de Lou soit un crime abominable pour l’espèce humaine, mais il s’agirait pas de perdre l’indic, Bean et tout le monde dans un rayon d’un kilomètre à la ronde parce qu’un pirate très puissant à poser ses fesses sur le siège rembourré de Trovahechnik après avoir regardé dédaigneusement la couverture peu engageante d’un volume du B2. Je laisse ma vie entre les mains de Yamamoto pour appeler quelqu’un, tout de suite.

          -Quelqu’un ! Vite !
          -Lieutenant ? Ici Grit.
          -Grit ? Qu’est ce que vous foutez … on s’en fout en fait. Foncez vers le bureau de Trovahechnik ! Maintenant !
          -Que se passe-t-il ?
          -Il se passe que si Lou rencontre Dessie, il lui balancera un crayon dans la tête. Je vous fais pas un dessin de la suite !
          -Bien compris. Je vais voir ce que je peux faire.
          -Ne voyez pas ! Faites le !

          Je raccroche. Et l’escargophone sonne instantanément. Je décroche.

          -Oui ?!
          GM42. Votre escargophone était occupé. A qui parliez vous ?
          -Euh … j’essayais de joindre le médecin.
          Le médecin GM42 ? Vous ne pouvez être blessés, GM42.
          -C’est parce que je me suis poignardé…
          Vous vous êtes poignardés, GM42 ?
          - Oui.
          Destruction volontaire d’une propriété du Gouvernement Mondial. Vous savez que si votre utilité n’était pas aussi indispensable, je vous aurais fait arrêter, GM42 ?
          -Sans doute oui.
          Je n’aime pas beaucoup votre ton, GM42. Bref. Nous en parlerons plus tard. Je ne vous oublierais pas.

          Il raccroche. Ça aurait pu être pire. Pendant que je discutais, j’ai moyennement suivi le déroulement des affrontements. Et si la catapulte n’est plus très loin et que l’on peut voir la haute stature d’Anderson asséner sa foi au travers de ses poings, il y a un adversaire qui ne semble pas prêt à nous laisser partir.

          Rog bondit et il n’est pas loin de me fracasser le crâne.
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          Les bords de ma visions s'obscurcissent et luttant contre mes jambes ne voulant plus me porter, je tente de me remettre d'aplomb. L'hématome que je m'étais tapé sur le front n'était pas la pour la déco. J'attends quelques secondes, histoire de reprendre mes esprits sans plier à la violente tentation de m'allonger ou de m'asseoir. Je dégage mon pied droit des gravats, ça me rappelle cette journée à la plage...des potes avaient eu la merveilleuse idée de tenter de m'enterrer...seul bémol c'était un putain de plage de galets...C'était aussi chiant qu'aujourd'hui... Pour le coup, on peut vraiment rebaptiser l'île le trou, l'île s'est effondrée sur elle-même offrant une prison éternelle aux plus malheureux et un tapis vers la liberté pour les autres. Ça fait plaisir de revoir le ciel...Mais trêve de poésie...Il y a sûrement encore du boulot qui m'attend.Je relève le mec à mes cotés qui semble avoir eu un peu moi de chance que moi.

          -Oublie pas qu'on doit se boire un coup une fois sortit de ce merdier...


          Des taulards plus vigoureux que leur congénères toujours pris dans les décombres s'avance vers nous. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à présent, mais mes hommes étaient restés a mes cotés. D'un geste du poignet je leur expédie un ghost-wing. Le coup ne fait pas mouche et loin de la, mes membres tremblent trop et je n'ai pas encore récupéré assez d'énergie pour leur faire manger une lame d'air...Merde je fais quoi. Deux sifflements familiers et nos assaillants mangent la poussière, je tourne la tête. Il ya les autres Ghost qui se sont joint à la fête et qui s'occupent des gars qui cherchaient l'ambulance. Un bourdonnement indéfinissable se fait entendre et un trait de lumière dézingue un gars qui aurait dû faire le mort. Une jolie fille, entourée de grands gars baraqués que j'identifie comme des pacifistas se sont aussi joint aux festivités. Des années de progrès et toujours la même sale gueule et un goût vestimentaire d'eau de chiotte. Ça sait leur faire tirer des lasers...par contrer leur donner un air moins grotesque ça on sait pas. Heureusement qu'il y a la demoiselle la-bas pour les commander, mon quota de sale gueule vue avait déjà dépassé un seuil critique . Elle ne doit pas être plus vieille que moi...vu de loin de moins, avec un peu de chance elle en aura marre des tas de ferraille et on pourra faire connaissance...

          Notre tas de boulon national m'annonce que mon nouveau copain sait où se trouve Hadoc...étrangement, il m'avait pas manqué celui-la... L'alcoolo de service tricote à Isaac un petit gilet plein d'amour à se demander comment il peut être aussi précis malgré les litres d'alcool bas de gamme qu'il s'envoie par le gosier. Lou me demande si je suis encore opérationnel pour l'action, il croit quoi lui...Moi toujours ...même endormi je possède la puissance de frappe d'un croiseur et la rapidité d'un mec qu'a la diarrhée...alors en mode licorne...j'éclates qui tu veux. A moins qu'on ne dise rhino...je tâte timidement la boule choco-framboise ornant fièrement le haut de mon crâne...on est plus proche du narval finalement.... Mais bon, mon charisme exceptionnel ne me permet pas de sortir ce genre de subtilité à un bureaucrate à col blanc...par contre...sur mon honneur d'homme à corne je ne peux pas lui laisser le dernier mot.

          -Si j'ai droit à un bisou magique de la fille là-bas...Je le serai encore plus...

          Plud me sort une grimace, quoi il veut aussi concourir pour le titre de chevalier servant de la dame aux monstres d'acier ! Je relève le défis ! J'inspire et me redresse, les choses sérieuses recommencent. Si ce vieux pervers dans le corps d'un mioche espère me la voler il risque de déchanter...Je le vois mal avec une fille tient... « T'en fais pas y'aura juste un régiment qui prendra part à nos ébats »...vivre en lui...ca doit vraiment pas être marrant tous les jours.

          -On a assez roupillé les gars ! Yato pense à ton gamin ! Nagi y'a du méchant à poutrer ! Riujy le mec la-bas s'est foutu de ta gueule ! Mike, oublie pas que t'as réservé la dernière part de gâteau ! Raf ce soir c'est pizza ! Clara ils pensent que t'es grosse !

          Je continue à les haranguer en continuant à avancer aux coté du Plud. C'est ainsi que les soldats prennent confiance, en leur rappelant des simples choses ... Ça les remotives et leur rappelle leur devoir de soldat...mais surtout de vivant. J'accompagne mes paroles de gestes autoritaires pour leur demander de reformer les rangs. A les codes militaire...quelle invention prodigieuse donner des ordres sans se fatiguer les cordes vocales...le rêve de tout paresseux.

          Notre progression est lente, mais tant qu'on garde en tête que chaque pas nous rapproche de la catapulte on résiste. Sans être au bout du rouleau, on est loin d'être en forme. Mon corps ne cesse de se plaindre des plaies qui lui sont affublées et de la fatigue qui l'accable. C'est le cas pour tous, mes gars sont bien entraînés mais je le vois à leur démarche et le regard hagard de certain...il ne faut plus s'attarder.

          Rog ou quel que soit son nom se rapproche dangereusement de Plud bien décidé à en découdre. Voilà trop longtemps, qu'il fait chier...il aura droit à un traitement de faveur. On a dépassé la majeure partie des éboulis et le plancher est relativement égal. D'un coup de soru je me retrouve a coté de lui, ma main libre s'enroule autour de sa gorge, poussant un hurlement et concentrant toute ma force, mon poids et ma rage accumulée depuis ce matin. J'écrase le type au sol. Un nuage de poussière nous enveloppe et la pierre gémit sous l'impact, se fissurant même. Il ne se relèvera plus, je lance un sourire pouce tendu à Plud et retourne vers mes hommes essoufflé j'en ai peut-être trop fait. Qu'importe...la catapulte n'est plus qu'à quelque mètres.


          A l'intérieur, c'est un chaos sans nom, pire que dans le pire des saloon tenu par le pire des barmen incapable de mettre une ambiance de baston festive. Des groupes se forment, et des rixes éclatent. Certains marins sont pris à parti et d'autre tente simplement d’empêcher le carnage. Le cow-boy en tient quelques un en respect...c'est déjà assez compliqué comme ça de mettre un homme hors d'état de nuire et vivant à l'aide d'une pétoire et ça l'est encore plus qu'en t'en a une tripotée qui veulent en découdre. Il va falloir trouver une solution miracle pour les calmer...
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          À l'intérieur de la forteresse, les renforts menés par Soren ont permis de conduire le prisonnier détenant la clef du mystère planant autour de la localisation de Hadoc en lieu sûr, sous bonne garde. Et ce sans émoi. Suite aux directives de Pludbus, ses subordonnés ont réussi à convaincre les pirates de troquer leur cabine pour une autre, évitant une rencontre fatale à l'entente en vigueur dans la Citadelle entre Dessie, son ami panda et le Lieutenant Trovahechnik. S'il n'était pas mort sur le coup, horrifié de voir un symbole de la Justice et de l'Ordre aux mains de renégats, nul doute que le petit bureaucrate aurait engagé un combat perdu d'avance avec le duo de redoutables pirates. Danger écarté.

          Pourtant, la situation n'est pas régularisée pour autant. Devant l'arrivée d'un tel contingent de soldats, les forbans qui avaient bénéficié de l'abri surnaturel pour échapper à l'effondrement des galeries de la prison se rebellent, désordonnés, apeurés. Ils se voient déjà troquer une cellule pour une autre et cherchent désormais à prendre le contrôle de la forteresse par un raid éclair. Entre les unités détachées au colmatage de la plaie profonde causée par le poignard, celles assignées à la surveillance de Isaac et celles enfin qui tiennent les canons, il ne reste plus grand monde de valide côté marine pour maintenir l'ordre dans les couloirs. Les insurgés comptent bien en profiter. En une attaque habilement conduite, ils déferlent. Renversant tout sur leur passage, il dépassent l'estomac et remontent dangereusement via les artères principales vers le cœur et les cabines occupées par les officiers et leurs invités de marque non déclarés.

          Pludbus peut sentir un hoquet le gagner, et ses tripes travailler sous l'effet des escarmouches. Il faudrait tuer dans l'œuf la révolte avant que la situation ne dégénère, mais... une communication le prévient qu'il est déjà trop tard.

          GM 42. Que font ces hordes de rebuts de l'humanité dans la base ? Serait-ce là une tentative odieuse visant à m'ôter la vie pour échapper à mon contrôle ?

          Les fritures sur la ligne l'informent que Trovahechnik se trouve déjà tout près de l'épicentre des heurts. Il a même abandonné sa cabine et le prisonnier qu'elle renferme aux bons soins de Roy pour aller au front, galvanisé par sa haine du crime. Une demi-minute de bruits de lutte plus tard, Lou reprend :

          Sachez que votre coup d'état a échoué. Nos troupes défont actuellement les derniers gredins inconscients qui s'en sont pris à nous. Ils vont être acculés et contenus dans la cabine du Sergent Bean puis conduits aux geôles et jugés à nouveau une fois l'ordre rétabli. Par moi. Ils regretteront vite leur ancienne sentence. Gnéhé.

          Rien de vraiment exceptionnel en soi. Pourtant, un détail pourrait bien faire capoter ce réjouissant programme. La cabine du Judge est précisément celle dans laquelle Dessie et Mazen ont été installés en catastrophe. Une fois encore, la menace se précise. Le Sous-Lieutenant n'a devant lui qu'une poignée de secondes pour éviter le drame qui se joue dans ses tripes.


          * * *


          La catapulte est âprement défendue par le Colonel Aegirson et ses hommes devant les boucaniers qui la leur disputent. La plateforme constitue le point-clef du combat. Si elle tombe, il sera impossible de contenir les insurgés sur l'île qui est elle déjà perdue. Pour le moment, ils sont encore trop nombreux aux prises avec les Pacifistas pour vraiment se concentrer sur cet objectif crucial. Le manque de cohésion dans les clans de prisonniers pourrait bien leur coûter la liberté.

          Rapidement, les Dawn Swift viennent prêter main-forte à leurs frères d'armes et les deux forces combinées repoussent tant et si bien leur ennemi qu'elles s'offrent une minute de répit. Les officiers inquiets peuvent admirer le champ de bataille, qui se déporte lentement mais sûrement dans leur direction. Les Pacifistas qui jusqu'alors se répartissaient en grappes les forces adverses se sont réunis pour proposer un tir nourri sur toute la largeur de la ligne de front créée et ainsi anéantir toute chance de progression pirate. L'ingénieure à leur tête coordonne leurs actions et commande aux machines un repli stratégique suffisamment lent pour favoriser l'envol des troupes déjà présente sur la plateforme. Mais à un moment, sa voix forte hurle un cessez-le-feu, à la surprise générale. Un silence froid s'empare de l'île. Soldats et criminels s'interrogent sur la raison de l'ordre.

          Afin de ne pas laisser ses alliés à leur incertitude, la scientifique accourt à la catapulte. Elle ne prend pas même le temps de se présenter aux officiers, devant l'urgence qui les presse.

          Cette île est un véritable gruyère. Des galeries souterraines y ont été creusées sur toute sa surface, elles menacent à chaque instant de s'écrouler sous nos pieds. Si j'ordonne aux Pacifistas de faire feu, le sol ne résistera pas à leur puissance.

          Comme pour lui donner raison, quelques sillons mineurs viennent serpenter jusqu'aux abords de la plateforme. Les crevasses se multiplient. On croirait avoir affaire à une terre à l'agonie devant l'absence d'irrigation. Aegirson appelle ses hommes à se replier avant de lancer, mine grave, à ses homologues :

          Le temps presse.

          D'abord méfiants, douchés par la supériorité des Pacifistas, les pirates retrouvent de leur contenance et s'enhardissent devant l'inaction de ces engins de guerre tout-puissants. Peu à peu, chacun remarque la friabilité du sol et en vient à comprendre l'aubaine qu'elle constitue. La nature pourrait tous les engloutir. Mais eux, simples taulards, n'ont rien à perdre, ou si peu, comparés à leurs ennemis. D'ailleurs, les marines ne sont-ils pas tous en train de rejoindre la catapulte pour s'enfuir ? Doucement, la rumeur monte. Devient grondement. Puis clameur. D'une seule voix, plus d'un millier de fieffés tueurs lancent, ivres de combat :

          Chargez !


          Dernière édition par Rik Achilia le Mer 21 Oct 2015 - 21:48, édité 2 fois
            Il ne faut pas longtemps pour qu’on me mette au courant de la situation dans mes entrailles. Grit est décidément un officier qui n’oublie pas de prévenir son supérieur. Comme moi qui ne prévient pas mon supérieur de la présence d’un duo bien trop puissant pour sa Justice dans ses murs. Mes murs. Enfin, peu importe. On va de Charybde en Scylla. Si les quartiers de Lou sont plutôt centralisés, avec pas mal de couloirs permettant une exfiltration rapide du duo de pirates, le coin dans lequel s’est installé Roy et ses cordes est un peu moins fréquenté, un peu moins assaini, d’ailleurs. C’est au plus près des travaux que le Juge peut motiver les travailleurs de la GM42. Travailleurs qui m’ont déjà fait remonter l’acharnement de Roy à accélérer les cadences. Il faudra que j’en cause deux mots à Lou quand on sera sorti de ce merdier. C’est tout de même drôle d’avoir l’esprit occupé par ce genre de détail totalement inutile alors que l’on va droit vers un conflit diplomatique dans mes entrailles et vers une exposition prématurée desdites entrailles au soleil tellement les rangs des prisonniers semblent décidés à nous éventrer. La scientifique et ses pacifistas se sont rabattus vers la catapulte où la retraite s’opère déjà. Problème : la catapulte n’est pas gigantesque et nos troupes sont nombreuses. Sans compter les Pacifistas. Il va falloir diminuer le nombre d’éléments. Si la solution de la forteresse est une idée, il ne faut pas non plus dégarnir le front et repousser les prisonniers. J’ai déjà eu à voir les capacités des Pacifistas. Malgré leur air pataud, ils sont agiles et puissants. J’attrape le bras de la scientifique qui a la surprise de poser les yeux sur l’adolescent que je suis. Je fais court.

            -Base GM42 de la marine.

            Lou serait fier s’il avait possédé ce sentiment.

            -Les Pacifistas sont suffisamment solides pour transporter des hommes. Que les plus valides montent sur eux et s’accrochent aux cyborgs à l’aide de tout ce qu’ils peuvent trouver ici. Et qu’ils continuent à tirer. Que les plus fragiles entrent dans la GM42. Il faut fuir cette ile au plus vite !

            Je ne lui laisse pas trop l’occasion de répondre. Elle connait secrètement la vie privée de ses joujoux, je me suis arrêtée au catalogue. Ils sont plus puissants, plus solides et plus rapides. Même si le sol s’effondre sous eux, ils sauront s’en extirper, emportant avec eux les marines sur eux. À côté de la catapulte, il y a du matériel, des cordes par exemple, des filets. N’importe quoi d’utile pour ce que j’ai dit de faire. Et en l’occurrence, tous les moyens sont bons pour gagner du temps dans la retraite. Je reprends une posture défensive, encadré par deux Pacifistas totalement immobiles, en train de se recouvrir d’hommes. Je contacte l’artillerie de mon ventre. Ça a été le chaos, mais la riposte de Lou a été efficace. Toutes les pièces ne sont pas disponibles et l’on réarme les fusils. Tant mieux. Si les lasers des Pacifistas sont trop puissants pour le sol, les boulets de canon ne le sont pas et offriront quelques instants de répit en plus par des tirs précis et stratégiques. Si ça peut s’écrouler pour eux et pas pour nous, c’est tant mieux. Les artilleurs ont la pression, mais c’est leur boulot de réussir là où on les demande.

            Je passe alors à l’autre problème urgent, escomptant qu’à l’intérieur, ça s’est bien passé ; on peut pas toujours tout faire ici. Sondant mes tripes, je constate que les poches de résistance ont été dévastées par leur arrière. Dessie et son animal de compagnie semblent ne pas avoir apprécié cette horde de types lambda leur gueuler de venir combattre avec eux ou de mourir. Ils sont morts. Le souci, c’est que Lou et Roy Bean s’avancent dans ce couloir où la mort a fait sa récolte.  C’est surprenant, des cadavres, non ? Heureusement, Grit a réussi à convaincre les deux pirates de changer de lieu pour un endroit un peu moins fréquenté. Il les a mis dans une zone pas très bien explorée. A priori, cette zone sera transformée en dortoir une fois les travaux d’assainissement terminé. Pour l’heure, c’est pas loin du dépotoir. Pas la meilleure place pour les deux invités prestiges. On va espérer qu’ils ne sont pas trop portés sur la qualité du service hôtelier. Au pire, ça doit être mieux que la prison.

            Pour faire les choses bien, je referme derrière eux en faisant coulisser un mur de brique en travers du seul accès. Visualisant grosso modo là où ça se situe dans mon corps, une idée me vient, rapidement balayée par une vague contraire me disant de ne pas faire ça. Vraiment. Ça ne serait pas du joli. Ça serait digne de Pludbus. Est-ce que c’est moi, ça ? Non. Mais bon. Il faut parfois mettre les mains dans les trucs les plus sales pour parvenir à ses fins. Je contacte Grit qui ne sait pas trop quoi faire alors que le juge arrive.

            -Grit. J’ai un plan.
            -D’accord. Et bien joué pour le mur.
            -Merci. Bref. Vous allez courir dans leur direction en disant de fuir.
            -Fuir ? Pourquoi ?
            - ça ne sera pas très joli. Mais c’est nécessaire. Ça couvrira toutes les traces, si je puis me permettre l’humour.
            -Je ne vois pas …
            -Ne voyez pas. Courez. Et pardonnez-moi.
            -Bien. Je vous fais confiance.

            Je raccroche et je le sens suivre mes instructions. Déjà, il arrive dans le champ de vision du juge. Soit. Quand il faut y aller, faut y aller. J’ouvre un tout petit passage dans l’un des murs près du cul-de-sac. Un liquide en sort. Puis la pression agrandit le trou, m’arrachant une petite crispation de douleur avant que l’intégralité de mes intestins s’engouffre dans le couloir. L’odeur pestilentielle est le signe avant-coureur de l’infection et il ne faut pas longtemps pour que le groupe fasse volt-face. J’ai pas les boyaux très pleins, mais c’est suffisant pour condamner tout le secteur pour un moment. Crade. Je sais. Mais les deux invités sont hors d’atteinte.

            Au niveau macro, c’est pas la joie. La fuite suit son cours, mais les prisonniers sont sur nous. Le feu de mes canons est parvenu à faire écrouler quelques zones, réduisant la ligne de front à une bande de terre qui ne demande qu’à être réduite. Je propose l’idée à la scientifique de procéder à quelques tirs stratégiques pour diminuer la lande de terre nous reliant aux prisonniers. On peut pas tout détruire, ça reviendrait à détruire le sol sous nos pieds. Je ne vois plus qu’une seule solution. Pour gagner du temps, il faut attaquer avec des éléments courageux et efficaces qui iront au-devant de l’ennemi. Des experts. Mais les Ghost Dogs sont une assemblée d’experts, c’est bien connu.

            ***

            Quelque part, dans les couloirs obscurs et humides de la GM42.

            Au travers du mur, Dessie peut entendre la catastrophe s’abattre sur les marines. Il réprime un sourire, sur le qui-vive, ne sachant pas ce qui peut se produire dans ce lieu. Si besoin, il s’ouvrira une ouverture à la force d’un sabre qu’il a récupéré dans l’épuration de prisonniers. Il finit par retourner son attention sur Mazen qu’il surprend en plein examen d’un mur plongé à moitié dans la pénombre. Le panda semble avoir découvert quelque chose. Dessie s’approche et constate que la roche est irrégulière, prouvant bien que ce coin de la forteresse n’est pas encore réhabilité. Mais là où un type normal ne verrait qu’un mur dans un état discutable, un œil avisé se rendrait compte que la paroi a été taillée exprès de la sorte. Les irrégularités de la roche forment des arabesques, des figures dont le sens échappe au Panda. Mais quelque chose lui dit que ce n’est pas anodin. Dessie s’approche de lui en lui disant :

            -Qu’en penses-tu ?

            Et Mazen se retourne, impassible, écrivant lentement un haiku pour son ami qu’il lit dans un silence religieux.

            La pierre immuable.
            Mais une pierre dans la chair.
            N’est pas que du sable.


            Et dans l’obscurité, Dessie croit comprendre.
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            Les bonnes nouvelles ne sont pas au rendez-vous et le temps des embrassades avec la larme à l'œil en parlant de cet affrontement n'arriveront pas directement. Des détonations surviennent, mais il ne s'agit sûrement pas des bouteilles de champagne qu'ouvrent les vainqueurs ,mais bien des balles qui sifflent avant de se loger dans leur fourreaux de chaires pourpres. La roche friable encore plus perforés que les intestins d'un quidam qui aurait confondu sa tequila avec un bol d'acide sulfurique ne pouvait plus encaisser les tirs puissants et nourris de ces monstre d'aciers dressés. Privé de cette puissance de feu certes inattendue ,mais au combien salvatrice il faudra mettre d'autant plus la main au haché. Il ne reste plus que quelques mètres avant de rejoindre notre abri relatif, digne d'un parapluie troué en pleines tempêtes. Je garde en tête une citation que mon coach de l'équipe bataille de boule de neige se plaisait à répéter « L'homme qui marche cent mètres en a marché nonante-neuf ». Je donne de la voix n'hésitant pas à envoyer une claque dans le dos ou de pointer un doigt encourageant vers notre misérable troupe.

            -Dites-vous qu'il pleut pas les mecs...


            Bien maigre encouragement, mais je suis trop occupé à vérifier nos alentour pour penser à quelconque remarques spirituelles... en espérant qu'il ne s'agira pas de la dernière. Ce serait assez ironique de se faire descendre après avoir sortis ce genre de phrase et je ne suis pas particulièrement en état d'apprécier l'ironie. Alors, mettant à l'action la dernière partie de mon cerveau qui n'était ni dans l'action ni la pensée, je lâche ce qui pourrait être une phrase tout aussi mémorable ,mais encore plus ironique.

            -Celui qui ose claquer, je le retrouve et lui botte le cul !


            Plud lance une idée, se cramponné au gros monsieur et les utiliser comme rampe de lancement en cas d'éboulements. C'est un plan comme un autre, on s'élance donc sur la roche traître, un pas, deux pas, trois pas nous y sommes. Je fais volte-face, Si on n'a plus de tir à large spectre fallait les remplacer. D'un geste de la main j'ordonne à mes hommes de monter sur les épaules de papa comme des enfants bien sages, bien que je doute qu'ils aient attendu mon approbation. Je campe mes deux pieds au sol et inspire profondément mes doigts rendus moite par l'effort enserrent étroitement le pommeau de ma lame et mes épaules grince. Il n'était plus question de propager un idéal ni de faire ce qu'il me semblait juste, il était question de survivre. D'un énorme mouvement digne de la faucheuse, je projette une véritable lame d'air sur cette foule aux yeux injectés de sang. Elle fonce vibrante et stridente comme accompagnée d'une troupe de Banshee. Les bagnards sont culbutés projetant des arcs de sang briller dans l'air empoussiéré. Heureusement qu'il n'y a aucun civil présent pour tenir le compte, c'est un jour sombre pour l'équipage forcé a rejeter ses principes... le drap blanc de notre navire n'en sera probablement pas entaché du sang pourri de ces pirates.
            Il sera bientôt temps de décoller de cette terre dévastée laissant monceaux de cadavres inconnus et emportant bagnards émérites.


            *
            * *

            La bataille fut rude et acharnée ,mais grâce aux directives que le Cow-boy lui-même aurait traité de cinglé toqué couverts d'encore plus de puces que le dernier des cabots du dernier des bidonvilles. Cole n'oubliera jamais le commentaire désobligeant que celui-ci fit sur son Stenson, son beau Stenson hérité de son père. Celui fait de la peau du bétail familial et dont la couleur avait été lavée par la terre sèche. Manque de pot, il s'était paumé, dans un recoin aux relents de bouis-bouis. Le genre d'excuse de pub où les pochtrons ne fessaient pas l'effort de quitter la salle pour se vider bien qu'il y eut peu de chance que ce genre d'établissement possède de telles commodités.

            Soudain accompagné d'un bruit de vanne, un liquide peu ragoutant se lança à l'assaut des bottes du cow-boys. Depuis ce jour, Steve et ses copains racontent à qui veut l'entendre qu'un homme couru plus vite qu'un train à vapeur contrôlé par un maniaque en pleine ligne droite. Oubliant de mentionner l'état de leurs habits après avoir été frappé par la vague déferlante ni les trois bains qu'ils prirent pour tenter d'en faire disparaître l'odeur.
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            La base GM42 est quelque chose d’important. Je devrais le garder en tête. Je ne devrais pas limiter ma vision des choses à ma petite personne, mais à la flopée d’êtres humains qu’abritent mes entrailles. Je ne suis pas seul. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de ne penser qu’à moi. Je me sais condamner. Je sais que je ne peux pas tromper la mort indéfiniment. Elle m’attrapera un jour. Peut-être même que mon destin n’est pas de mourir de maladie. Non. Mon destin est tout simplement de faire ce que j’ai toujours fait. Combattre pour la marine. Combattre pour la Justice. Combattre pour mes frères d’armes, pour qu’ils puissent retrouver leur famille, leur foyer. Ils sont l’avenir. Malgré tout, j’appartiendrais toujours au passé. Et dans une situation aussi difficile que celle-là, il ne faut pas sacrifier les plus jeunes pour les anciens. C’est l’inverse qui doit se produire. L’expérience doit sauvegarder la jeunesse.

            Brandissant Salem, le sabre que Yamamoto m’a forgé, j’avance face à l’ennemi, offrant, non pas un adolescent sans défense aux hordes de prisonniers, mais un roc. La GM42. Avec en son sein des centaines de cœurs battant à l’unisson pour affronter l’ennemi. Un ennemi qui baisse sa garde, d’abord confronté à mon aspect juvénile qui tranche beaucoup avec la froideur immortelle des Pacifistas. Puis quand le feu crache depuis mon corps, la moquerie laisse place au doute et à la colère. Ils deviennent davantage féroces. Ils chargent. Mais en face, c’est un mur de balles qui les fauchent. Ils ont beau se protéger, rien ne peut arrêter une aussi grande concentration de balles. Celle-ci ricocherait même entre elles tellement elles sont nombreuses. Tous les canons et les fusils en état de fonctionner au sein de la forteresse servent à cet affrontement. Pour gagner du temps. Quelques secondes pour que d’autres fuient. Des pacifistas partent déjà. Il ne reste plus grand monde. Un instant, je me perds dans l’immensité de la vague de prisonniers. Et si ma fin était ici, en fait ? Ma blessure me fait encore souffrir. J’ai beaucoup fait.

            Mais je ne suis pas seul.

            Ils sont là. Ils sortent pour mieux frapper, abattant ceux qui s’étaient trop approchés. Il y a le lieutenant Grit, je reconnais aussi le soldat Max. Même l’ingénieur Andy est de la partie, jouant de la clé à molette comme jamais. La soudaine apparition d’une vingtaine de combattants enragés stoppe la progression adverse. C’est le moment choisi par mes subordonnées de faire volt-face et de décamper vers la catapulte, Max m’attrapant au passage, ne me laissant aucune once de fierté dans ses bras puissants. On retourne à la catapulte, la clameur sur nos talons précédant les rangs innombrables. Aergirson est pressé de prendre le prochain envol malgré son refus. La scientifique est déjà dedans, donnant ses derniers ordres à ces pacifistas. On va le faire.

            Et c’est le drame.

            Le sol se fendille brusquement. Un bruit monstrueux se fait entendre et la poussière s’élève un peu partout sur le plateau de la prison. C’est clair. Tout s’effondre. Genre maintenant. Je sens Max manquer de se casser la figure, c’est parce que juste derrière ces pieds, c’est un fossé qui vient de les séparer des prisonniers. Un fossé qui s’agrandit à grande vitesse. Les marines donnent tout ce qu’ils ont pour ne pas être rattrapés par la vague d’effondrement tandis que de toute part, la clameur guerrière a été remplacée par les cris de désespoir, les menaces sous le coup de la frustration et les encouragements pour éviter de mourir dans l’épreuve. Ça peut être pire et ça l’est encore. Une faille apparait directement sous la catapulte. Il reste encore un trio de pacifistas et quelques hommes. Deux tombent à la renverse dans une faille s’ouvrant sous leurs pieds. Pas le temps de les pleurer, ni même de les sauver, Grit saute dans la catapulte et récupère tout le monde un par un, jusqu’à moi. Pile au moment où Max saute dans la catapulte, Aergirson la déclenche, nous propulsant dans les airs une fraction de seconde avant que le sol ne s’effondre sous la catapulte. Celle-ci finit par se disloquer et disparaitre dans le nuage de poussière et de gravats que devient le paysage du Trou.

            Alors que l’on s’élève dans les airs, rassuré de s’en être sorti, on aperçoit les derniers Pacifistas s’élancer à travers la plaine instable avec une maitrise et une grâce que l’on ne devinerait pas chez ces gros monstres de métal. Car sous leur visage glacial, il y a des merveilles de technologies qui les dirigent vers le chemin le plus sûr. Leur force leur permet de s’élancer haut au-dessus du sol et de faire. Sur leur dos, les derniers hommes sur place ne devraient pas avoir de mal à quitter l’ile.

            Devant nous, c’est maintenant le ciel. Et puis ce sera la mer. Et au bout du parcours, il y aura Gharr. Surement.

            Enfin.
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            -Allez Jacky fonce !

            Juché en position à dada sur les épaules du mastodonte de métal, j'encourage la bestiole à bouger ses tiques pour atteindre la catapulte. On avait été en prise un bref instant avec les pirates avant que Jacky ne se décide de les laisser en plan et de se diriger vers notre point d'extraction, j'avais à peine eu le temps de me raccrocher, encore un peu et on m'oubliait comme un gosse à la station-service... j'aurai pu me démerder, mais ça aurait été plus chiant...

            Un craquement sinistre plus puissant que les autre fait vibrer l'air, le trou n'en a plus pour longtemps avant de se faire renommer les décombres... dire que j'en suis un petit peu responsable, ça va me faire apparaître comment dans la postérité ? L'homme qui a échappé à une mort dans l'écroulement d'un établissement carcéral précaire ou le bourrin de l'élite qui a foutu le boxon et détruit le trou de par sa puissance. Si c'est la deuxième option, le maton en chef va peut-être porter plainte contre moi pour la perte de ses chers pensionnaires chéris. Donc je dois porter plainte contre lui pour son incompétence à garder sa prison salubre et ses bagnards calme. En plus il devra me repayer ma chemise et mon futal, il sont foutu...

            -On décolle !
            -Hein ?

            Laissant à la postérité cette phrase d'une éloquence rare et possiblement le pire dernier mot possible, je décolle comme si un géant avait balancé de la compote sur son voisin d'un coup de cuiller, ce qui était une métaphore assez proche de la réalité. C'est vraiment marrant à quel point l'esprit humain tente de se concentrer sur autre chose. On se retrouve dans une situation fortement mortelle sur laquelle on n'a plus de prises et Paf ! On part dans un schéma de pensée absurde pour ne pas penser à la possibilité d'une mort prochaine. On pourrait espérer que cette prise de vitesse et d'altitude se mêlant avec le sentiment grisant qui l'accompagne pourrait me pousser à me concentrer sur la situation présente, mais non !

            -Sinon Yama... je pense qu'on aura un soucis de parachute.

            Voilà donc de quoi mon esprit tentait de se détourner... le parachute... espérons qu'on aura un grand matelas à la sortie ou que comme dans les films tomber dans la mer ça fait pas mal. Bien que tout le monde sait que la mère est dure pour les enfants qui montent trop eau. Génial ! Je fais même des jeux de mots vaseux maintenant, Putain ! Quoi maintenant, quelle analogie scabreuse va tenter de me distraire de la tâche très complexe d'avoir un air indifférent ou enjoué dans cette situation périlleuse, comme un funambule sur le fil. Qui n'a pas intérêt à se retrouver en équilibre sur le fil décousu de ma pensée, car il s'en trouverait dans une situation précaire. D'ailleurs, si nous n'étions pas dans une société grégaire et qu'il fallait que les bagnards vivent ensemble, on n'aurait pas eu cette situation. Situation qui se trouve être actuellement très haut dans le ciel au-dessus de la mer qui nous attend à bras ouvert. Ouvert à cette joute de pensée, je ne suis pas d'ailleurs on ne sera pas vert on sera rouge à l'arrivée ! D'ailleurs, il n'y avait personne pour expliquer au mec qu'une situation aussi grotesque pouvait arriver dans sa cabane. Je te parie que les mecs qui se sont dit que faire une prison que l'on ne pouvait que rejoindre par catapulte étaient des bouseux nés dans une putain de cabane au milieu des bois avec des parents consanguins ! D'ailleurs, je ne suis pas ailleurs mais ici, la dans le ciel à coté des mouettes, j'ai compris, je suis mort en fait !
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            Yamamoto n'est pas mort, pas plus que les autres marines à avoir embarqués à bord des derniers Pacifistas en partance pour la base. Après un vol supersonique, les imposantes machines retombent lourdement au sol, endommageant largement leur piste d'atterrissage. Non loin de là, le directeur Minsk assiste impuissant à l'ensevelissement de sa prison chérie. Creuser si profond a un prix, dont sont en train de s'acquitter les milliers de forbans piégés, happés par les courants furieux vers une noyade fatale.

            Parmi le lot des rescapés, Brood, visage marqué, traits tirés, a tôt fait de rejoindre son supérieur pour lui demander quels sont ses ordres. Mais derrière le masque de fer et de rigueur, l'homme est en proie à une colère noire. Devant la catastrophe, il oublie son devoir et s'abandonne à son énervement. Loin de se soucier de la question de son homme de main, ni même du sort des malheureux engloutis par l'océan, il explose :

            Ils vont me le payer ! Les traîtres, les assassins ! L'œuvre de toute une vie réduite à néant par ces scélérats de marine ! Ils me doivent une prison ! VOUS me devez une prison, reprend Minsk en pointant un doigt menaçant sur Pludbus.
            GM42 n'a pas à répondre de ses actes devant un simple directeur de prison, fait une voix nasillarde depuis les sabords.

            Minsk fronce les sourcils, cherche qui s'adresse à lui de la sorte. Il n'aperçoit pas Trovahechnik. Le petit bureaucrate ne dépasse pas des remparts de la forteresse. Le directeur a presque l'impression qu'une pièce d'artillerie de trente-six livres vient de l'apostropher. Jusqu'à ce qu'enfin, le Commandant ne monte sur le tabouret que lui apporte diligemment un seconde classe. Ainsi campé, il reprend, hautain, sentencieux :

            Personne ici n'a à se justifier devant vous d'ailleurs. En revanche, il sera bien assez vite temps pour vous de rendre des comptes aux autorités. Les fondations de la prison ne répondaient à aucune norme en vigueur, votre négligence a directement engendré la perte d'une infrastructure du Gouvernement Mondial. En outre, vous avez mis en péril notre intervention sur place. Vous êtes dans de sales draps. Mais en attendant d'aller rejoindre les gredins qui peuplaient l'endroit, faites repêcher tous ceux qui n'ont pas fini de purger leur peine.
            Mais... c'est le cas de tous les prisonniers.
            Alors, il faut les repêcher tous. Jusqu'au dernier. On ne se souscrit pas ainsi à une sentence. Chaque homme porté disparu sera considéré comme déserteur et je veillerai personnellement à ce que vous essuyiez le blâme pour cette déroute si vous n'obéissez pas sur le champ.

            Le ton cassant de Trovahechnik et les lourdes menaces qu'il laisse planer au-dessus du directeur douchent rapidement sa crise. Penaud, il ordonne - relayé par un Brood guère convaincu de la nécessité d'empêcher la nature de faire son office - que l'on aille secourir les malheureux qui se débattent dans l'eau et bien vite, tout le monde s'exécute.

            Pendant de longues heures, les chaloupes continuent inlassablement leur action de sauvetage. Du Trou, il ne reste bientôt guère d'un promontoire rocheux ridicule, tout juste bon à héberger un homme. Devant l'arrivée massive de prisonniers transis, Aegirson se propose de rester sur place pour assurer leur surveillance. À la nuit tombée, il est pourtant déjà l'heure de repartir pour le Passeur et ses hommes. Un peu plus tôt, Soren et Lou sont ressortis de la salle d'interrogatoire, le pas vif. Ils ont obtenu de leur prisonnier une réponse satisfaisante.

            Devant l'ensemble de l'équipage rassemblé en toute hâte sur le pont, le Commandant reprend, dur :

            Il a parlé. Nous savons où est détenu notre Capitaine.

            La nouvelle est accueillie par une vague de cris joyeux. Les hommes sont fourbus mais les cœurs restent vaillants. Aucun d'eux ne se ménagera avant que l'opération soit couronnée de succès.

            Cap sur l'île de l'Absurde. Allons sauver Hadoc, messieurs.
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