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Welcome to the jungle we've got fun and games!

Le navire passe le goulet donnant sur l’immense baie intérieure, nous révélant alors toute l’étendue de la base G-8.

Sur le pont, je ne peux m’empêcher de retenir mon souffle. Je ne suis pourtant pas quelqu’un d’impressionnable mais cette vision, l’immensité de cette base de Navarone, suffirait à rendre humble même le plus blasé des vieux loups de mer.
Je parcours la baie du regard, cherchant à appréhender toute l’ampleur de la base. J’arrive à peine à distinguer l’autre bout de la baie, impossible de dire combien de navire s’y trouve stationnés. Mes yeux détaillent les falaises, le nombre hallucinants de canons et autres pièces d’artilleries qui les hérissent, l’immense pont de fer puis, enfin, l’imposant piton central. Sans que j’y fasse vraiment attention, ma main vient caresser la poignée de Nemesis cinglée entre mes épaules. La traversée de Reverse Mountain était moins impressionnante que cela…

Puis, alors que le navire se dirige vers les docks, je me mets à sourire et me sens envahie d’un léger sentiment de fierté. Car cette base si impressionnante, terrifiante même sans doute pour les ennemis de la Marine, j’en fais dorénavant partie. En effet, j’ai été affectée à la 101ème flotte d’élite du Colonel Tamaka, basée à Navarone. Et un tel étalage de puissance ne peut qu’inspirer de la fierté aux marins affectés ici. C’est, je crois, mon premier véritable sursaut d’orgueil depuis quelques années. Depuis les Murailles, en fait...

Le bateau accoste enfin, m’évitant de m’égarer plus loin dans ces souvenirs forts peu réjouissants. J’attrape mon paquetage puis débarque du navire, scrutant le quai. Cette base étant absolument gigantesque, on m’a signalé que quelqu’un allait me guider dans la base. Ou plutôt, c’était là la théorie. Je m’avance tranquillement sur le quai. Il ne me restait plus qu’à trouver ce fameux guide. Ou, à défaut, de lui trouver un remplacant…
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Me voilà enfin de retour à Navarone. Je suis en retard, car j'aurai du arriver en plein milieu de la nuit, mais c'est le matin maintenant. Et une nouvelle recrue doit débarquer ici, elle est affectée à la 101ème. Je crois que c'est la première fois qu'elle découvre le coin. Et puisse que tout le monde est occupé, forcément, on me la colle dans les pattes histoire de faire la nounou à la place d'un autre. Super, merci les gars. Je pensais servir la Marine, pas me trimbaler une nouvelle... Quelle poisse!

Ma caravelle fait pâle figure devant le nombre incalculable de cuirassés et autres navires en tous genres amarrés sur les docks. Il y en a un qui vient juste d'arriver. M'étonnerait pas de voir la petite nouvelle à son bord. On est trop lent, j'attends même pas la manœuvre pour stationner mon bâtiment. Je gueule les derniers ordres à mes hommes et je file dare-dare.

Bon, oubliez pas, on se revoit en salle d'entraînement après la bouffe. Soyez pas en retard, car vous allez avoir du boulot!
À vos ordres, Sergent!

Je saute sans plus attendre sur les docks. Je rejoins illico le reste du quai dans les profondeurs du port, là où s'entasse le reste des garde-ports et autres mecs chargés de vider les navires. Se serait con de la perdre au milieu de tout ce petit monde déjà bien actif pour cette heure de la matinée. Heureusement que c'est facile de reconnaître et trouver le premier venu. Je me dirige rapidement vers elle en faisant gaffe de pas bousculer un camarade sous la précipitation. Arrivée à sa portée, je l'interpelle.

Sergent Aynesworth Alice? Excusez mon retard. Je suis le Sergent Aran Z. Baal, chargé de vous conduire à vos quartiers et de vous servir de guide.

Je lui tends ma main gauche. Mon côté cyborg doit sûrement faire de l'effet, sans compter ma grande taille. J'observe attentivement la nouvelle pendant quelques secondes. À première vue, c'est une sabreuse et j'aime pas les épéistes. Sans attendre une quelconque réponse, je continue de parler.

Je peux vous indiquer les endroits les plus importants après les quartiers et les couloirs ou secteurs à éviter. La cantine, la salle de détente, la salle d'entraînement, la salle de réunion, le bureau du Colonel Oko Takama, l'infirmerie et le reste du port. Par quoi on commence?

J'espère qu'on va pas tomber sur ce crétin de Lieutenant de mes couilles de Spiegermann G. Freidrich, si je le croise à nouveau je le fous mon poing dans la gueule sans réfléchir. Ça me fait déjà bien chier de m'occuper d'Alice, il a pas intérêt à se moquer de moi celui-là!

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D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'acier
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Dernière édition par Aran Z. Baal le Dim 7 Sep 2014 - 14:17, édité 2 fois
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Entendant mon nom, je me retourne. Celui qui m'a interpellé n'a, à première vue, plus grand chose d'humain. Près d'une moitié du crâne robotisée, ainsi que le bras droit, le cyborg qui me fait face est d'une taille plutôt extrêmement imposante, me dépassant de quelques dizaines de centimètres. Le constat est à peu près le même en terme de carrure. Cet "homme" doit être du genre à avoir l'habitude d'impressionner ses pairs. Mais il faut plus que ça pour me déstabiliser.
Le fixant droit dans les yeux, ignorant la dissymétrie entre son œil humain et son œil robotisé, je saisit sa main tendue, la serrant fermement.

- Bonjour sergent Aran. N'ayez pas d'inquiétude, je n'ai débarqué qu'il y a une minute.

Les mots se veulent conciliants, le ton est poli... mais glacial, teinté d'une légère pointe d'ironie. Dans mon monde, la ponctualité est une des règles de base du savoir-vivre.

Nous gardons tous les deux le silence pendant quelques secondes, durant lesquels je ne peut m'empêcher de le toiser de la tête aux pieds, cherchant à évaluer ce qu'il peut bien valoir comme combattant. Exercice difficile dans son cas, je ne suis pas habituée à observer des cyborgs. Une chose est certaine cependant : entre sa carrure et les implants, sa puissance doit être non négligeable. Pour ce qui est de la finesse en revanche, c'est un autre débat, mais on ne demande pas à un canon de gros calibre de faire dans la finesse, n'est-ce pas?

Le sergent Aran finit par reprendre la parole, me demandant par où commencer la visite. Excellente question. Je jette un regard à ma montre à gousset, vérifiant l'heure, avant de lui répondre.

- Il s'avère que je suis sensée me présenter au bureau du Colonel dès que je suis installée, nous terminerons donc la visite par cela. Commençons par les quartiers, que je puisse me débarrasser de ceci, dis-je en désignant le paquetage toujours présent. La suite de la visite n'en sera que plus agréable. Puis nous pourrions passer par les salles d'entraînement.

En l'occurrence, le choix des salles d'entraînement repose sur un constat très simple : le voyage m'avait laissé une impression d'engourdissement. Un peu d'entraînement me ferait le plus grand bien dans cette situation. Autant repérer les salles adéquates le plus vite possible...
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Je suis plutôt ponctuel, mais les circonstances ont fait que voilà. Après, je t'accorde bien qu'il m'arrive d'être très en retard quand on a tendance à me capturer ou qu'un pirate se laisse pas attraper docilement. Enfin bon, on est pas là pour parler de politesse élémentaire. Il faut dire que la Marine d'Élite est tellement bourrin qu'elle en oublierait les bases de la bonne conduite. D'ailleurs, je connais un con de Lieutenant d'Élite qui se fiche de tout ça. Le genre de mec à mépriser ses camarades de service... Bref, je m'em'Baal.

Ça tombe bien, moi aussi faut que j'aille voir le Colo'. Ok, on a qu'à faire comme ça.

Mon ton est enthousiasme et amical. Je préfère m'entourer d'amis que de me faire des ennemis au sein de la base comme cet imbécile de Spiegermann. Déjà que j'ai des mecs qui me veulent la peau à l'extérieure, se serait stupide de ma part d'en rajouter. Enfin bon, vu que j'apprécie pas les sabreurs d'une manière générale, j'espère qu'on va bien pouvoir s'entendre.

Je vais vous débarrasser de ça.

Sans attendre une quelconque réponse de sa part, je lui prends son paquetage des mains et je le charge sur mon épaule d'un tour de bras. Tout en se mettant en route, je lui montre d'un mouvement large de Sombracier le reste du port.

Bon, inutile de dire que là où on est c'est le port. Juste pour que vous sachiez, ce que vous voyez là est qu'un minuscule bout. Les docks continuent là, là et là. J'avoue qu'au début, il y a de quoi s'y perdre rien qu'avec le port.

J'ai pas les qualités d'un guide expert en la matière, alors faudra m'excuser si je fais ça maladroitement. Faire nounou, c'est pas mon truc, surtout quand je suis avec une fille. J'ai rien contre les femmes, hein. Juste que j'ai pas l'habitude on va dire. Cela dit, on va pas se regarder dans les blancs des yeux pendant qu'on fait la visite, n'est-ce pas? J'aime pas rester sans rien faire, faut que je m'occupe. Si on m'avait pas collé cette obligation, je serais parti construire mon arme illico. 'Fin bon, ça fait pas longtemps que je suis à Navarone, avec le peu de vraie mission qu'on me donne, j'aurais bien le temps de commencer mes petites affaires. Guettant ton sabre d'un coin de l'œil, j'ouvre le dialogue.

Alors comme ça vous êtes sabreuse? Vous faites dans la finesse je dirais, non? Prenez pas mal, mais vous savez que c'est dur de se faire de la place et gagner de la reconnaissance dans cette foutue base? Même moi qui fait parti de la catégorie des plus bourrins on me marche dessus. Alors, en vous regardant, vous faites plutôt pâle figure pour représenter la 101ème. Cela dit, je sais que les apparences sont trompeuses et que si on vous a promue Sergent d'Élite, c'est que vous le valez. Alors vous en faites pas, moi, je suis de votre côté. Entre jeune Sergent, on doit bien se serrer les coudes, n'est-ce pas?

J'écoute attentivement ta réponse. On arrive bientôt dans tes quartiers. J'espère pour toi que tu as bien mémoriser, car c'est un vrai dédale ici. Les deux premières semaines, quand on a pas le sens de l'orientation, on se perd automatiquement. Je sais pas comment je me suis débrouillé à mes débuts, mais je me suis trompé de porte une fois en croyant aller dans la salle d'entraînement. J'ai ouvert le local où on fout le linge sale dans un conduit. Je me suis retrouvé en bas comme un con. La plupart des collègues se sont moqués de moi, surtout Spiegermann... Bref, les joies de Navarone. Bienvenue dans la jungle.

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D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'acier
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Dernière édition par Aran Z. Baal le Dim 2 Nov 2014 - 18:05, édité 1 fois
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Je fronce légèrement les sourcils alors que le Sergent me débarrasse de mon paquetage sans me laisser l’occasion de l’en dissuader. Me croit-il incapable de supporter ce poids ? Ou agit-il par excès de galanterie mal placée ? Je ne peux m’empêcher de répondre d’un ton froid :

- Merci, mais j’aurais tout à fait pu le transporter moi-même

Le remerciement n’est bien sûr là que par pure politesse. J’emboîte ensuite le pas au Sergent qui s’est mis en route, sans faire grand cas de ma réplique.  Je me concentre alors sur les  indications de mon guide, dont le caractère un peu approximatif confirme que mon collègue a du se voir confier cette tâche parce qu’il était disponible à ce moment, plus que pour ses qualités en tant que guide. Non pas que cela me pose un quelconque problème, je ne m’attendais pas exactement à bénéficier d’un guide touristique de Navarone…
Une moue hautaine constitue ma première réaction au petit discours de mon homologue. Je m’attendais de toute façon à ce que l’environnement de Navarone soit rude et je ne crains nullement d’avoir à faire mes preuves. J’aurais même été déçue qu’il en soit autrement.
En revanche, plusieurs réponses cinglantes me traversent l’esprit face à l’apparent scepticisme du sergent concernant mes capacités à représenter la dixième. Je m’efforce toutefois de ne pas les formuler. L’idée de m’attirer l’inimitié de celui qui est sensé me guider dans l’immensité de la base ne m’enchante guère. Je me contente donc de répliquer, d’un ton assuré.

- Soyez assuré Sergent que ma lame ne constitue pas qu’un simple ornement. Et si d’aventure quelqu’un venait à en douter, je suis tout à fait prête à le détromper.

A mesure que nous avançons, j’essaie de me concentrer sur ce qui m’entoure, limitant de fait mes interventions orales. Cette base est effectivement un véritable dédale et si je ne fais pas très attention, il est possible que je m’y perde les premiers jours et je détesterais avoir à demander mon chemin à quelqu’un.

Nous croisons par ailleurs quelques marines portant les galons des marines d’élites. Une chose est certaine, je suis plutôt curieuse à l’idée de rencontrer les autres membres de la flotte. Après un cyborg de plus de 2 mètres, que peut bien me réserver la 101e ?

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Intéressant. Je suis mal placé pour lui expliquer qu'il faudrait éviter de taillader le premier con qui voudrait l'embêter. Je suis comme elle, celui qui doute de mes capacités de cyborg en m'insultant de machine à laver, je cherche pas plus que ça et je le défonce. Peu importe qui est cette personne. Et j'ai déjà eu des problèmes à cause de ça. Je compte plus le nombre de fois où j'ai frappé un collègue.

Et comme par hasard, il faut que la 101ème nous réserve cette mauvaise surprise. L'enfoiré de Spiegermann et toute sa clique est là en train de chahuter d'autres Marines. Et il faut qu'on tombe nez à nez avec lui. Putain! On est même pas encore arrivé dans la chambre d'Alice qu'il faut qu'on se fasse emmerder. En me voyant avec la nouvelle, il relâche un pauvre soldat et hésite pas à me chercher toute de suite, ce qui fait évidemment marrer ses amis. Complètement apeuré, le mousse bouge plus du tout et se colle aux autres soldats. J'espère pour eux qu'ils ne font pas partie de sa division.

Tiens, tiens, mais que vois-je? On dirait que la machine à laver à enfin retrouvé son chemin vers la base. Depuis le temps les gars! Aahahahah.

Lorsque j'étais affecté à Navarone après avoir démissionné du Cipher Pole, Oko m'avait filé une mission à la con à l'intérieur de la base. Je devais enquêter sur la disparition des rations de bouffe. Tu parles d'une mission! Évidemment, j'avais cette raclure dans les pattes et c'était à cause de lui que je m'étais retrouvé sur un navire allant sur les Blues. Et à cause de cette mésaventure, j'étais obligé de faire une mission à la con autour de Saint-Uréa... Bref, c'était la joie. Je m'étais alors débarrassé de la mission fissa fissa et j'étais revenu à Navarone. Seulement, sitôt chez-soi, sitôt embarqué dans une nouvelle mission. Je me demande si c'était mieux quand j'étais ailleurs ou quand j'étais à la base.

Je te l'ai déjà dit boite de conserve, on n'a pas besoin de toi ici. Surtout si c'est pour que tu joues les nounous avec les nouvelles recrues.
Dis-moi ma jolie, tu t'es trompée d'endroit. Ici, c'est une base de la Marine, pas un salon de maquillage. Ahahah.

Boredel, il va trop loin. Il y a forcément quelqu'un qui le couvre pour qu'il puisse agir comme ça sans qu'un supérieur vienne le remettre à sa place. Ça me fait chier d'être qu'un Sergent face à lui, mais je jure que c'est pas le grade qui va m'empêcher de lui refaire le portrait. Et il sait que je peux le taper s'il me cherche. Déjà qu'il agresse un soldat, qu'il me cherche, mais maintenant qu'il offense Alice, il va voir qu'avec moi on respecte ses camarades.

Spiegermann est un jeune Lieutenant, il a du se faire pistonner vu son âge. Il a une tronche de rat avec ses cheveux longs et son visage pâle. Un émo comme on les déteste. Il méprise les autres sans se soucier des circonstances. Il considère les officiers inférieurs comme des inutiles, voir comme des sous-merdes. Ce genre de type n'a pas sa place dans la Marine! Pour moi, un homme qui aime pas les faiblards est justement un faible de puissant quatre. Sans faire attention à Alice, je lève d'un geste menaçant Sombracier.

Fais gaffe à ce que tu dis, Spiegermann. La dernière fois, je me suis retenu, maintenant tu...
Téh, téh, téh, téh. Attention, tu t'adresses à un supérieur, Sergent.

J'espère pour toi Alice que ton tempérament est pas aussi fort que le mien, car à cause de moi tu commencerais avec un avis négatif. C'est le genre de chose qu'il faut éviter d'entrée de jeu, surtout dans une base grande comme Navarone!

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En cet instant, je dois mobiliser tout ce que j’ai de volonté pour me souvenir de mes leçons au BAN sur le respect de la hiérarchie.
L’homme qui se tient devant nous, flanqué de ce qui ressemble fort à une clique de flagorneurs, porte les galons d’un lieutenant d’élite et est donc théoriquement mon supérieur. Mais pourtant il ne m’inspire pas la plus petite once de respect. Peut-être est-ce dû au fait que nous venons de le voir martyriser plusieurs marins, peut-être est-ce dû à l’insulte méprisante dont il vient de me gratifier…

Non, tout bien réfléchi, tout dans sa personne me déplaît. Cet homme vient certainement de battre le un record, considérant à quel point l’estime que je lui porte est basse, alors que je ne l’ai rencontré que depuis deux minutes, tout au plus.

Néanmoins, il reste mon supérieur. Et lui manquer de respect d’une quelconque façon, en lui rétorquant par exemple que lui aussi s’était trompé d’endroit et que les latrines n’étaient pas ici, serait potentiellement très compromettant pour ma carrière.
Voyant le Sergent Aran s’emballer, j’opte donc pour une réponse plus… Diplomatique, même si la tentation de remettre le Lieutenant à sa place se fait très forte. Je pose ma main sur le bras robotique du Sergent pour tenter de le calmer, puis me redr

« Laissez Sergent, cela n’en vaut pas la peine »

Mon regard reste fixé sur le Lieutenant et si mes paroles sont polies, le ton et l’attitude le sont nettement moins. Je suis incapable de dissimuler complètement le mépris que m’inspire cet homme.

« Par ailleurs, je vous remercie pour le compliment Lieutenant, mais il s’avère que je suis sortie en tête de promotion au BAN. Je pense par conséquent avoir tout à fait ma place dans une base de la Marine. Et mes ordres d’affectation tendent à corroborer mon opinion.»

Il m’est impossible de faire plus diplomatique comme réponse et je ne suis pas vraiment du genre à courber l’échine sous l’insulte. Cela m’a déjà valu plus d’une réprimande, mais bon.  En tout cas, je n’ai pas envie de m’attardez en compagnie du Lieutenant Spiegermann. J’espère franchement qu’il nous laissera tranquille, mais étonnamment, j’en doute…



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La main d'Alice se pose sur Sombracier, signe que ça vaut pas la peine que je m'emballe, mais c'est lorsque je l'entends répondre à Spiegermann que je retrouve mon calme. Je reste toutefois mitigé sur l'efficacité de la parole. Des fois, une bonne claque permet de remettre de l'ordre. Mais avec un gars de la trempe de Spiegermann, il faut parfois utiliser des méthodes plus convaincantes. Et l'envie de lui en coller une est irrésistible. Je vois qu'une solution pour pouvoir le baffer en toute légalité. Non pas que je veuille montrer mes muscles à la belle, mais ça me défoulerais vraiment. La goutte est débordée du vase.

Éh bien, Monsieur.

Le "Monsieur" est accentué de telle manière qu'on sent que je me fous de sa gueule, même si j'emploie des mots qui se veulent polis. Ma voix trahis la mauvaise émotion que je dégage. Bien que je tutoie les salopards dans son genre d'habitude, je me force à le vouvoyer pour être plus en respect avec la hiérarchie de mes couilles.

Avec votre accord, je vous lance un duel. On se frite comme des hommes, poings contre poings. On verra bien si vous méritez votre grade de Lieutenant. Vous devez certainement avoir une force incroyable pour inspirer la terreur au sein de la base. Je vous promets de me soumettre si je me fais battre, chef.

Je suis sûr de ce que je fais. Mes propos suscitent le ricanement chez les acolytes de Spiegermann, alors que chez les autres Marines, l'inquiétude. Je mets au défi mon supérieur plus pour moi-même que pour protéger la veuve et l'orphelin. Connaissant ce genre de bonhomme, il restera assez con pour accepter mon offre histoire de pas perdre la face devant ses collègues et ceux qu'ils venaient de martyriser.

J'aurais bien accepté, Sergent. Mais n'as-tu pas une mission à accomplir avant?
Ça ne prendra pas cent sept ans pour faire visiter la base. Cet après-midi à 15h, je serai tout à fait libre pour un duel.
Très bien. On se revoit dans la salle d'entrainement 3 de la section F à 15h. J'aurais le plaisir de te remettre à ta place une bonne fois pour toute. Si tu perds, Sergent, tu seras de corvée et sous mes ordres pendant 1an. Le moindre signe de rébellion ou de mépris pour ton supérieur te vaudra un aller simple en prison. Entendu?

J'accepte les conditions illico, car je sais que je vais le botter les fesses en moins de deux. S'il croit me faire peur c'est raté. Je me débarrasserai enfin de ce couillon de mes deux. La tension est redescendu. Je fais signe à Alice de me suivre. On laisse Spiegermann et les Marines maltraités derrière-nous pour pouvoir continuer la visite. Puis, ça me permet de dire des choses "en privé".

Je vous remercie d'avoir tenté de calmer le jeu, mais il fallait à tout prix que ce Lieutenant cesse de faire les caïds à Navarone. Vous allez certainement croire que j'agis pour mes intérêts, mais je vous assure que je vais tout faire pour le dégrader ou pour le renvoyer de la base, histoire de faire du bien à tout le monde. Il a pas sa place au sein de la Marine.

L'affrontement contre Spiegermann se déroule après l'entraînement que j'avais programmé pour mes hommes. Mes camardes mangent à 11h et doivent débuter les exercices à 14h.

On arrive dans vos quartiers. Je vous laisse vous débarrasser de vos affaires. Du coup, étant donné les circonstances et puisque vous voulez voir le colo' également, je vous propose qu'on aille le voir tous les deux, puis qu'on aille bouffer vers 11h. Et on terminera la visite par la salle d'entrainement. Vous aurez même le droit à un spectacle, héhéhé.

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