Allongé là, juste sur son lit, Barracuda fixe le plafond.
Dans le silence, il réfléchit, en proie à une foule de questions.
Pourquoi si vite ? Pourquoi maintenant ? Est-ce donc ça la liberté ?
Qui est-il vraiment à présent ? Est-il un homme ou un trophée ?
Depuis tout p’tit il appartient à tous ceux qui le manipulent,
A ceux qui lui ont t’nu la main seul’ment pour mieux le contrôler.
Il tente souvent d’changer l’destin, avançant bien quand ils reculent,
Mais y a des fois tu n’y peux rien, ton chemin est déjà tracé.
D’abord le fils de sa vieille mère, puis l’enfant sale du quartier nord,
Le rejeton de la misère, le p’tit ami d’Eleanor
L’employé du vendeur d’esclave, et puis celui de la mafia
Le trésorier de l’équipage, le larbin de ses nakamas
Trahit par tout ceux qu’il croyait, ceux qu’il pensait être ses amis
Abandonné sous les boulets et la haine de leurs ennemis,
S’agrippant de toutes ses forces à une vulgaire planche en bois
Il parvint à trouver la force de survivre, vivre, encore une fois.
Dés son retour il retomba dans les filets de la mafia
Son rêve de liberté tomba, à double tour se cadenassa
Sa mission fut de capturer, de kidnapper, oui, d’enlever
Des gens lambdas, simples paumés dont le seul tord fut d’exister
Un jour il en a eu ras l’bol, a décidé de s’rebeller
Attrapant ses couilles à pleines mains, il réclama sa liberté
Il lâcha même des paroles folles, des demandes sous forme de menaces
Madame Singh ne répondit rien mais elle ne resta pas de glace
Sa liberté elle concéda mais contre un dernier p’tit service
Elle avait besoin de sa force et de sa propension au vice
De sa p’tite tête, de ses gros bras, pour stopper la vente de Virgo
Une substance addictive atroce. La concurrence, elle aime pas trop.
Il put quitter cette île pourrie, encore esclave lâche et soumis
A cette garce vendeuse d’opium protégée par Kakihara
Qui lança un ultimatum et chamboula la vie d’Henry
Quand le Virgo s’ra démoli, c'est seulement là, qu'il partira.
Mais en chemin il fut frappé, assommé, ligoté, traîné
Enchaîné à un mur de pierre, laissé pourrir comme un esclave
Frappé comme un prêtre en enfer, devenu fou, un vrai cinglé
Il tua le gardien des clefs et se sentit redev’nir brave
Son exploit plut bien à Foster, le chef du clan qui le dét’nait
Il gagna l’droit d’défendre sa vie dans un combat de gladiateur
Dont le gagnant s’rait accueilli dans le groupe qui les entourait
Tandis que le pauvre vaincu trouverait la mort, sans honneur
Malgré la fatigue, la douleur, il remporta ce duel malsain
Vola la place du mort dans l’heure en lui écrabouillant le crâne.
Il était devenu à son tour, pour un nouveau maître, le pantin
Et il se demande toujours « Mais qu’est-je donc fait de mon âme ? »
Avec son passé assombri, peut-il prétendre au titre d’homme ?
Pour une poignée de berrys il a vendu l’élue d’son cœur
Et chaque jour, encore, encore, les cris de son amie résonnent
Il a trahit Eléanor et son comportement l’écœure.
Il n’se l’est jamais pardonné, c’qui fit d’lui cet homme tourmenté
Qui depuis, comme pour oublier, dans l’esclavage s’est enfoncé.
S’il en augmente la quantité peut-être qu’un jour dans des années
La honte de son premier forfait pourra se voir un peu diluée.
Tourmenté en permanence par ces démons surgit de l’enfance,
Il se sentait pulvérisé par des tonnes d’regrets et d’remords.
Si la folie s’tient à l’écart de ce qu’il lui reste de conscience,
Il s’l’est promis, se l’est juré, il retrouvera Eléanor.
Dernière édition par Henry Morgan le Mer 3 Sep 2014 - 1:44, édité 1 fois