16 juin 1620, à 14h. Saint-Urea, Affaires internes.
- Déposition du témoin n°4 concernant l’affaire de la Confrérie. Greffier paré ?
- Prêt, votre Honneur.
- Bien. Je déclare donc cette assemblée extraordinaire ouverte. Témoin, veuillez vous identifier.
- Agent Johnson, monsieur. Cipher Pol 6, monsieur.
- Johnson ? Ce n’est pas ce qui …
- C’est un nom de code, monsieur. Le Cipher Pol 6 ne possède pas d’identité propre, monsieur.
- Soit. Je porterai la déposition de votre supérieur comme garante de votre identité. Veuillez nous décrire le détail de votre mission d’infiltration au sein de l’organisme de la ‘Confrérie’. Qui, je le rappelle aux différents membres ici présents, est une organisation d’assassins professionnels vendant ses services au plus offrant.
- Et bien monsieur, permettez-moi de vous reprendre sur ce dernier point. La raison pour laquelle cette affaire a été confiée au CP6 c’est surtout grâce aux différents rapports issus de leurs activités. Nous faisons état d’un nombre d’homicides plus élevé dès lors que cela concerne les affaires gouvernementales. Sur les 343 cas identifiés, seulement 24 ne sont pas reliés à des affaires gouvernementales. Ce qui fait seulement 6,99% monsieur. Les crimes usuels ont plutôt un taux de …
- Merci pour les chiffres, cela ne sera pas utile. Poursuivez.
- Bien, monsieur. Donc l’affaire a été confiée au CP6 suite à cette découverte. Il était évident que nous avions alors affaire à quelque chose qui dépassait la simple envergure criminelle et pécuniaire. Avant de nous infiltrer, nous avons donc cherché à identifier les méthodes de cette Confrérie. Des méthodes très similaires à celles du Cipher Pol 9, monsieur. Des assassinats. Avec un goût prononcé pour la mise en scène, tout de même. Nous avons ainsi découvert plusieurs dizaines d’homicides supplémentaires, liés à de nombreuses affaires non résolues. Des gens, pour la plupart, que personne ne regrette à présent. Criminels, Révolutionnaires, Marines, Agents du Gouvernement … nous avons alors compris que cette ‘Confrérie’ ne frappait que ceux qui se pensaient au-dessus des lois, sous le couvert d’être une agence d’assassins professionnels.
- On dirait que vous les admirez, agent.
- Du tout monsieur. Ce n’est qu’un constat, les émotions n’ont pas à affecter le jugement d’un agent du CP6, monsieur. Simple respect professionnel.
- Soit. Passez-nous donc les détails techniques, venez-en au fait : avez-vous réussi, oui ou non, à infiltrer cette organisation ?
- Oui monsieur. Ce n’est en vérité pas compliqué monsieur. Il suffit de déposer un contrat, et de les intercepter à ce moment là.
- Un contrat ?
- Oui, d’assassinat. Ce sont les conditions, monsieur. J’ai pris contact avec un collègue du CP4 pour cibler quelqu’un de cohérent avec les besoins de la mission.
- Ce ne sont pas là des méthodes conventionnelles …
- Ce sont les ordres du Cipher Pol 6, monsieur. Nous devons apprendre à agir comme eux, cette décision a déjà été approuvée, monsieur.
- Soit. Donc vous avez utilisé un membre de la Marine suspecté pour attirer un assassin. Et ensuite ?
- J’ai pris contact avec l’assassin.
- C’est tout ?
- Non, monsieur. Mais vous m’avez demandé de passer les détails.
- Les détails inintéressants, agent … je me fiche de savoir ce que ces assassins mangent au petit-déjeuner …
- Bien monsieur. Après avoir tué l’agent corrompu de la Marine …
- TUE ?!
- Oui monsieur, sinon ils auraient flairé le piège. Cette décision a déjà été approuvée monsieur.
- Je … je vois. Et bien, agent, la réputation du CP6 n’est pas exagérée …
- Plaît-il monsieur ?
- Et bien, ahem … la ligne est mince entre vous et … Bref. Peu importe. Poursuivez. Nous verrons cela plus tard. Vous avez déjà entendu parler de cour martiale, agent ?
- Non, monsieur. Pourquoi ?
- Pour rien, pour rien. Continuez.
- Donc j’ai pris contact avec lui et ils ont testé ma détermination. Ça, c’était il y a environ six mois. Leur ordre connaît une hiérarchie très stricte, monsieur. Mais une fois parmi eux, j’ai pu en apprendre un peu plus. Sur le fait qu’en réalité, ils étaient bien révolutionnaires : ils suivent fanatiquement un chef spirituel nommé ‘Il Assassino’. J’ai appris que ce dernier était celui qui avait créé l’ordre, le crédo comme ils l’appellent.
- Le Crédo ?
- Oui. C’est une sorte de code qu’ils appliquent à la lettre et qu’ils récitent tout le temps, histoire de justifier leurs actes. Je vous ai dit qu’ils aimaient particulièrement la mise en scène ?
- Oui, oui. Le Crédo donc ?
- Trois lignes qu’ils se répètent invariablement : garde ta lame de la peau d’un innocent, montre toi mais reste invisible et … ne compromet jamais la Confrérie. Du boniment révolutionnaire, monsieur.
- Donc ils sont formellement reconnus en temps que tel, selon vous ?
- Non, pas vraiment. Ils ont une sorte d’analyse des contrats avant de les exécuter qui vise à enquêter sur l’émetteur. Ensuite, ils punissent l’émetteur ou la cible selon si cette dernière entre dans leur crédo ou pas. Ah oui, j’oubliais. En plus du crédo, dieu que c’est compliqué, ils ont une sorte de maxime qu’ils répètent aussi tout le temps entre eux : j’ai du mal à comprendre ce qu’on peut trouver d’attirant chez eux … bref. Rien n’est vrai tout est permis.
- Ce qui signifie ?
- Aucune idée, monsieur. Mais visiblement, cela tient à signifier que le gouvernement ment et que du coup, ils peuvent tout se permettre. C’est une maxime dont le sens est révélé un peu plus haut dans la hiérarchie paraît-il. J’ai pu rapidement obtenir le rang juste en dessous de la réelle intronisation grâce à mes talents de Cipher Pol. Mais je suis loin d’avoir les compétences d’un CP9, qui seraient selon moi plus aptes à infiltrer leur organisation. Vous aie-je déjà dit qu’ils étaient plutôt proches en termes de compétence ?
- Oui, agent. Donc, confirmez-vous le changement de statut de cette organisation de criminelle à révolutionnaire ?
- Oui, monsieur. Tout comme j’aimerai émettre un mandat à l’encontre de ce Il Assassino. Je possède une description malheureusement assez sommaire de lui, mais cela permettra de savoir qui nous traquons, monsieur. Il a fondé cette organisation, ainsi, si nous le neutralisons, cela tombera avec lui.
- Bien, agent. Est-ce tout ce que votre témoignage peut nous apporter ?
- Et bien oui, malheureusement. Il faut attendre l’Intronisation pour monter réellement les échelons de la Confrérie, monsieur. Mon supérieur a jugé utile de faire transférer le dossier de cette Confrérie dans les locaux du CP6 monsieur, pour plus de facilité et de budget. Il pense qu’à termes, ils pourraient nous permettre d’en savoir encore plus sur les révolutionnaires. Ils semblent avoir en effet un lien avec eux et des procédés d’échanges d’informations qui nous seraient utiles. Ils ne font pas que tuer, mais volent aussi de nombreuses informations à leurs victimes, monsieur.
- Donc nous avons bel et bien affaire à une menace de taille. Pourraient-ils rivaliser à terme avec nos organismes, selon vous ?
- Ce n’est pas une piste à écarter, monsieur. Ils se battent comme nous, pensent comme nous … mais ont un petit je-ne-sais-quoi fanatique qui les fédère. Très dangereux, monsieur. Surtout si on les laisse se répandre.
- Bien, agent. Nous enregistrerons votre déposition et nous statuerons quant à la menace de cette Confrérie. D’autres remarques ?
- Non, monsieur. Je ferais suivre mon prochain compte-rendu à mon supérieur.
- Merci, agent Johnson.
Dernière édition par Solomon Grundy le Ven 5 Sep 2014 - 10:56, édité 5 fois