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Un échange de bons procédés

La pièce est calme et silencieuse, on entend quelques mouches voler.
Une partie de cartes ennuyeuse pour éviter de se faire chier
Ne suffit pas à faire partir l’ambiance pourrie qui règne ici.
A chaque seconde, ça empire. Croupir ici est une connerie !

Ca fait maintenant une semaine que c’est le calme plat total.
Henry Morgan serait prêt même à faire une mission de trou d’balle,
Mais s’il ne fait pas quelque chose, un truc pour s’occuper la tête
Il va tomber dans une névrose jusqu’à s’en défriser la crête !

Lui c’est un vrai homme de terrain, il est pas là pour faire joli.
D’ailleurs on peut dire qu’ça tombe bien car ce s’rait pas très réussi…
Bizarrement depuis qu’Henry est le héros d’Carcinomia
Foster n’fait plus appel à lui, pas même un p’tit boulot, comme ça.

Il balance ses cartes avec rage en voyant celles d’son adversaire.
« Cet endroit est la pire des cages ! On peut sortir, mais pour quoi faire ?
En plus t’as une chance de cocu, j’suis sûr qu’tu triches, sale enfoiré ! »
« D’où tu sors ? Ba bien entendu, sinon comment j’pourrais gagner ? »

Exaspéré, il pousse sa chaise et se dirige droit vers la porte.
Fixant son poing à sa prothèse pour se donner une allure forte,
Il s’dirige vers le bureau du boss bien décidé a c’que ça change !
Il n’veut pas lui chercher des crosses même si faut avouer qu’ça l’démange.

La dernière fois qu’il l’a défié, c’était une drôle de correction !
Henry avait bien dérouillé sous une vraie avalanche de gnons.
L’combat a finit en K.O., Foster n’a pas été touché.
Même si c’est pas bon pour l’égo, le black a dû abandonner.

Deux gardes armés devant l’entrée tentent de lui barrer le passage
Mais Henry est trop énervé pour avoir une réaction sage.
Le premier, grand et bien bâti, le reconnaît et lui sourit.
« Salut, comment ça va Henry ? » « Dégage, il faut qu’je passe, Billy. »

« Désolé, tu sais que j’peux pas ! Foster est dans ses mauvais jours.
Si jamais j’te laisse entre là, pour sûr ma vie va tourner court ! »
Le deuxième, un peu plus timide, à l’air un peu embarrassé.
L’visage complètement livide, ses genoux se mettent à trembler.

« Non, s’il vous plaît, monsieur Morgan… N’essayez surtout pas d’entrer.
Je n’veux pas m’faire virer du clan ou encore pire… exécuter ! »
Henry n’est pas l’genre de garçon très versé dans la compassion.
Il attrape le p’tit avorton et lui fout un coup d’pied dans l’fion.

Désemparé, l’autre compère tente de maîtriser la grosse brute
Qui s’met à insulter sa mère, provoquant un début d’dispute.
Mais la porte s’ouvre à la volée, Foster sort et dégomme tout l’monde.
« C’est quoi c’bordel, vous m’expliquez ? Allez, vous avez dix secondes ! »

« Monsieur Foster ? Comment vous dire ? Attendez, j’vais vous expliquer… »
« C’est lui là ! C’est Henry, messire ! Il a voulu tenter d’entrer ! »
Le chef regarde sa jeune recrue, qui fusille du r’gard la balance.
« Donc c’est toi qui fait tout c’raffut ? J’suis de mauvaise humeur ! Pas d’chance ! »

Malgré toute la fierté du monde, Henry ne peut pas s’empêcher
De lâcher des p’tits pets immondes, comme toujours quand il est stressé.
Quand Foster balance des menaces, c’est jamais des paroles en l’air.
Henry le regarde bien en face. Est-il trop bête ou bien trop fier ?

Les deux gus sont de la même taille et se regardent tant qu’ils se testent.
La garde de Foster est sans faille, impeccable jusque dans sa veste,
Sa chevelure, sa barbe de feu entourant un visage de pierre,
L’tout souligné de beaux yeux bleus qu’il a hérité de sa mère.

En face de lui Morgan aussi a des atouts intéressants.
C’est un colosse mal dégrossi avec des muscles impressionnants.
Bâti pour la domination, il en fait sa profession.
Assouvir est son obsession, les autres n’sont que des paillassons.

« Ouais, ouais, c’est moi, j’suis désolé ! J’suis pas v’nu foutre le bordel.
Ca fait des s’maines qu’on se fait chier à un point dev’nu irréel !
Si j’ai accepté d’vous rejoindre, c’est pas pour glander comme un con.
J’ai fait l’effort de v’nir me plaindre, maint’nant filez moi une mission ! »
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Le boss du clan d’esclavagistes a des étincelles dans les yeux.
Il adore quand on lui résiste, enfin quelqu’un qui joue le jeu !
Il est passionné de baston, mais avec les lâches qu’il s’trimballe
Il n’y a pas d’place pour sa passion, ils ont trop peur, bande de pédales !

Mais le nouveau au corps d’ébène n’est pas comme tous les autres poltrons.
Il a pas peur d’cracher sa haine, pas même au visage du patron.
Foster, d’un coup, éclate de rire devant ses sbires un peu méfiants.
« Putain, ça, je te l’fais pas dire ! Y a rien à faire en ce moment.

Cette semaine, c’est au clan Darkness d’utiliser le sous-marin,
Crois-moi ce n’est pas par paresse que je ne vous demande rien.
Les seuls choses à faire ces temps-ci, c’est des p’tites missions de gestions
Qui me pourrissent d’ailleurs la vie, je ne trouve pas de solutions… »

Henry le regarde un instant, cherchant à lire dans ses pensées.
Il entre dans l’bureau, s’demandant jusqu’où l’bouchon peut-être poussé.
Une fois la porte refermée au visage des deux abrutis,
Il lui demande de s’expliquer, de lui faire part de ses soucis.

« C’est ce con de White Barnaby, je crois qu’il essaye de m’avoir.
Même si nos clans sont ennemis, on essaye parfois de se voir
Pour se rendre des services mutuels, un échange de bons procédés
Comme un p’tit stock de somnifères contre une poignée de prisonniers.

Mais cette semaine, sans l’sous-marin, je n’ai pas pu payer ma dette
Et maint’nant il me force la main, prétendant que j’suis pas honnête !
Tiens bah, parfait, vu qu’tu t’ennuis, c’est un truc que tu pourrais faire.
Va donc rencontrer Barnaby pour solutionner cette affaire. »

La porte se referme sur le black qui ne sait plus trop quoi penser
Au moins c’est pas c’fou de Jack Black qu’il va devoir aller chercher.
Mais quand même ça ne l’enchante pas d’aller traîner dans un autre camp.
Pas sûr qu’ce clan appréciera d’voir débarquer Henry Morgan.

Notre cher héros sort du palais, au milieu d’la place du marché.
Henry sort sa petite monnaie pour s’payer une bouteille de bière
Qu’il s’envoie en trois-quatre gorgées afin de se calmer les nerfs.
Il va risquer de s’faire tuer pour quelques boîtes de somnifères !

En pestant contre sa bêtise, il tape du pied dans un caillou.
C’est clair qu’il y a eu méprise, un truc qu’est pas passé du tout.
On peut parler de qui proquo, comme une sorte d’incompréhension
Entre l’neurone de son cerveau et c’lui qui s’trouve dans son caleçon.

Il aurait du fermer sa gueule au lieux de vouloir faire le beau
Il se serait pas r’trouvé seul à rendre visite à des rivaux.
Malgré l’pacte de non-agression, il arrive des p’tits accidents.
Même lui, parfois, à l’occasion, fais disparaître un imprudent.

Il est finalement arrivé, à leur quartier, à leur QG.
C’est un grand bâtiment carré d’une blancheur plus qu’immaculée.
Il frappe contre l’grand portail blanc et puis appuie sur la poignée.
La sale gueule du loup s’ouvre en grand, invitant Henry à entrer.

La porte s’ouvre sur un grand hall blanc avec plein de puissantes lumières
Qui envoient un flash aveuglant, l’forçant à plier les paupières.
« Arrêtez avec ce faisceau, je ne viens pas comme un ennemi,
Foster m’a fait venir. Il faut qu’on parle de vos petits soucis ! »

Sans même un seul avertissement, une trappe dans l’sol s’ouvre sous ses pieds
Le faisant chuter brutal’ment dans une pièce très peu éclairée.
Une peu sonné, Henry essaye de se relever comme il le peut
Malgré une douleur sans pareille qui le lance des orteils aux ch’veux.

Plein de spots s’allument et le braquent comme une vulgaire bestiole traquée.
« Vous faîtes juste ça parce que j’suis black ! J’vous dis que je viens en allié !
Maintenant tout l’monde souffle un bon coup et il n'y aura pas d’problèmes. »
Endolori, s’frottant le cou, il a frôlé les chrysanthèmes.

Une porte s’ouvre à l’autre bout d’la salle et un homme en blouse blanche s’approche
Avec une attitude royale et plonge sa main droite dans la poche.
Il en sort un petit cal’pin et lui souris en griffonnant.
« Pas d’soucis, je te connais bien. Tu es l’homme au bras en argent.

Tu travailles pour le clan d’Foster. Il m'a promis depuis un mois
en échange de mes somnifères, quelqu'un pour tester l'Oméga.
On dirait qu’après tout ce temps, il m’donne enfin ce qu’il me doit.
Un cobaye en pleine forme et grand ! Pour faire mes essais, ça ira. »

Barnaby White sort de son sac un masque qu’il pose sur son visage.
Henry sent arriver l’arnaque et tente de refouler sa rage.
Il court partout, cherchant en vain la sortie de ce guet-apens
Mais un gaz envahit soudain la pièce et foudroie le forban…


Dernière édition par Henry Morgan le Lun 8 Sep 2014 - 20:54, édité 1 fois
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Ligoté comme un gros jambon, les pieds et les mains attachées,
Une sangle en cuir lui tient le front et le prive de sa liberté.
La salle est vaste mais un peu vide à part tous ces lits alignés
Où des cobayes au teint livide bavent et tremblent, complèt’ment drogués.

Barnaby White s’tient près de lui une petite seringue à la main.
Sa blouse par dessus ses habits, il fait preuve du maintien certain
De ceux él’vés dans la rigueur. Chaque petit détail est soigné,
Ses cheveux verts, ses yeux d’tueur, cet air de compassion dénué.

Henry essaye de se débattre mais White le gifle, plein d’impatience.
« Je ne suis pas là pour t’abattre, c’est juste une petite expérience.
Après le succès du Virgo, j’ai du trouver encore mieux qu’ça.
T’as l’honneur d’être l’patient zéro, le premier goûteur d’Omega ! »

« Laisse moi partir, sans déconner, m’approche pas avec ta piqûre!
Je ne suis pas un sale drogué, je ne touche pas à tes mixtures !
C’est toi l’Virgo, sale enfoiré ? Je te jure que je vais t’buter ! »
Barnaby est bien trop pressé et s’approche de son prisonnier.

Il s’approche, lui attrape le bras et repère la veine basilique,
Y injecte une dose d’Omega en s’excusant si ça le pique.
« Si tu veux ressortir vivant, il va falloir coopérer,
Alors explique moi maintenant ce que tu ressens comme effet. »

Henry s’est attendu au pire mais final’ment rien ne se passe.
« Tu vas être déçu mais sans rire, ça me fait rien, c’est de la chiasse.
Maintenant que tu es fixé, tu peux peut-être me détacher. »
« Attends, ne sois pas si pressé. Ca n’est pas encore activé. »

Toujours rien, pas d’signe apparent du plus ridicule des effets.
Une question le taraude pourtant : Pourquoi Barnaby est violet ?
Et pourquoi la salle rétrécit ? Pourquoi ne sent-il plus ses bras ?
Il ressent partout des fourmis grouillant sur ses jambes et ses bras !

Barnaby se retourne vers lui avec sa tête d’alligator
Surmontée d’une coiffe fantaisie ! Putain, la vache, ça c’est trop fort !
« Alors, ça y est ? Tu sens quelqu’chose ? » demande le reptile à chapeau.
Lorsqu’une pluie de ballons rose tombe et rebondit dans l’chaos.

Henry est juste mort de rire, cette situation est démente !
Il n’a même plus envie d’partir, il veut un sorbet choco-menthe !
Des dragées, des yakitoris et du saké pour faire glisser !
Submergé par toutes ces envies, son ventre se met à gargouiller.

Un grondement sourd et terrifiant s’élève, résonne et s’amplifie.
Le mur du fond s’tord en grinçant puis explose en plein d’confettis.
Un crâne géant aux grands yeux noirs, un bébé noir avec une crête
Pousse un long cri de désespoir, se met à pleurer et s’arrête.

Barracuda est terrifié devant ce visage familier.
Il s’agite, tente de s’libérer en voyant ce monstre s’approcher.
La tête se penche au dessus d’lui avec un sourire carnassier
A un hoquet et puis vomit des insectes grouillants par milliers !

Barnaby regarde son essai avoir des spasmes, s’égosiller.
Il note dans son petit carnet que la dose est peut-être élevée.
S’il veut que son produit se vende, il faut un effet agréable
Sinon son produit d’contrebande fera des revenus minables.

Alors qu’Henry veut échapper à son passé dev’nu présent,
Le sol commence à s’fissurer des fumées s’échappent en sifflant.
Le carr’lage tombe dans l’infini, les flammes de l’enfer le remplace
Et avalent tous les autres junkies, les consumant sans laisser d’traces !

Ses poignets sont ensanglantés par la puissance de ses pulsions !
Il donn’rait tout pour échapper, à toutes ces hallucinations !
Si ce cauchemar continue, il va y perdre sa raison !
C’est dans une terreur absolue qu’il continue dans ses visions.
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Les yeux hagards, la bave aux lèvres, le cobaye de la nouvelle drogue
Le teint blafard, poursuit son rêve, son requiem, son épilogue.
Dans un vacarme assourdissant, la faille dans le sol se collapse.
Mais cependant, pendant ce temps, c’est la folie dans ses synapses.

Henry, dans un brouillard intense est harcelé par ses démons
Il est victime de cette substance qui contrôle toutes ses sensations.
Autour de lui Eléanor, la petite amie d’son enfance,
Lui balance à la gueule ses tords en effectuant une petite danse.

Visible en deux cents exemplaires, elle l’insulte, le traque, le harcèle
Pour l’horreur qu’il a osé faire ! Il a osé solder sa belle !
C’est vrai, il n’a pas hésité à vendre la seule personne qui l’aimait
Contre une pauvre poignée d’billet. Il n’se l’est jamais pardonné…

Recroquevillé dans un coin de cet espace noir infini,
Henry cherche à fuir son destin mais son calvaire n’est pas fini !
Maintenant les choses se précisent et prennent un tournant fatidique.
Il voit Eléanor assise sur le lit d’un gros porc lubrique.

L’homme s’approche de sa bien aimé suintant grassement la luxure,
Commence à se déshabiller, arrache vivement sa ceinture.
La fille terrifiée se débat ce qui excite encore plus l’homme.
Henry refuse d’regarder ça, il veut chasser tous ces fantômes !

Se balançant, les yeux fermés, il essaye de faire abstractions
De ces horribles cris apeurés qui le recouvrent d’affreux frissons !
Il est total’ment démuni et aimerait exprimer sa rage
Contre cette espèce d’enfoiré qui lui inflige les derniers outrages.
 
En un éclair tout ça s’arrête, l’obscurité s’envole soudain.
Le cobaye retrouve toute sa tête. Barnaby le libère d’ses liens.
« Alors dis moi, comment c’était ? Tu as plané ? Tu t’sentais bien ?
Tu n’avais pas vraiment l’air frais, tu hurlais des trucs indistincts. »

En guise de réponse, du vomi s’étale le long d’sa belle blouse blanche.
A bout de forces, sans énergie, voilà notre Henry qui flanche.
Le patron du clan Omega n’est pas réellement satisfait.
Apparemment son produit n’a pas eu les effets escomptés.

Deux hommes en blanc sortent de nulle part et soulève le bestiau groggy.
« Allez, virez moi ce cafard, j’en ai suffisamment appris !
Foutez moi ce balourd dehors et filez lui les somnifères !
Et rev’nez vite, on doit encore améliorer la formule mère. »

La joue collée sur le trottoir, Henry r’viens peu à peu à lui.
Les passants l’évitent sans un r’gard, il ne veulent surtout pas d’ennuis.
Ce qui se passe entre les clans ne regarde pas les citoyens.
Sa bouche a un vieux goût de sang, il ne se sent vraiment pas bien.

Avec difficulté, il s’lève et s’appuie sur la caisse en bois.
C’en est fini du mauvais rêve, il s’en est sorti. Quel exploit !
Il agrippe la caisse, la soulève et rugit vers son tortionnaire.
« Je te l’promets, un jour j’te crève ! J’te poursuivrai jusqu’en enfer ! »
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