Les Avalons - Arc III : Dérataupisation.
L'évolution n'aura pas lieu. [Log III-2]
Un joli soleil réchauffant de ses rayons le sol. Le bruit de la mer et des vagues venant se briser doucement sur les écueils. Une petite brise.
Une île pas vraiment calme. Moche, infestée de rats mutants, avec des gens puants et sous-éduqués la peuplant.
Et six abrutis au milieu du décor moitié paradisiaque, moitié apocalypse de film z.
Oui, six abrutis. T'es content ?
Je n'aurais pas dis mieux.
Franchement...
Numéro un ! Un blondinet snobinard. Un amour-propre à faire pâlir Narcisse, une cupidité à ridiculiser Midas, une arrogance à rendre humble Ozymandias. Menteur, tricheur, ne comprenant même pas que j'essaye de le liquider.
Numéro deux ! Un gamin qui semble avoir du mal à aligner deux idées. Ou à retenir un nom. Une espèce d'attardé qui voue un culte au blondinet qu'il vient pourtant de rencontrer. Un lèche-botte (pour rester poli), qui semble aussi fort qu'il est beau-parleur. Et c'est un très mauvais beau-parleur.
Numéro trois et quatre, pour un combo inédit ! Un duo de choc ! Un blondinet (encore un, comme si Lloyd ne suffisait pas à faire haïr le gène du blond par l'espèce humaine toute entière), et un borgne (encore un, comme si... Nan, en fait, oublions ça). Deux gars apparemment costauds et pourvus de fruits du démons. Mais qui suivent Lloyd. Il s'est passé quoi ? Dix heures ? Douze ? Depuis qu'on a débarqué sur l'île. Et ces deux types se sont mis AUX ORDRES DE LLOYD ? Sérieusement, ils ont quoi comme merde dans les yeux pour ne pas se rendre compte que si ce type est en diamant, sa valeur réelle est celle du gravier ? Pas de charisme, pas de cerveau, pas de navire, pas d'équipage, parfait, suivons-le ? Ouais, un bon combo d'abrutis.
Numéro cinq ! UN CHAT ! Sérieusement, Lloyd était tellement en dèche d'équipier ? Pas foutu de recruter un type potable, du coup il va à la SPA ? Tu parles d'un capitaine. Remarque, ça me facilitera la tâche. Moins j'aurais de Viald alpha ou bêta à éliminer avant de buter Lloyd, plus vite j'aurais envoyer le snob rejoindre Davy Jones et je pourrais me tirer.
HÉ, HO. N'oublie pas l'abruti le plus important !
Ouais...
Numéro six ! Ancien soldat mais pas foutu de gagner ses combats. Ancien membre du génie mais tous ses plans foirent. Un type qui réunit le QI des cinq autres mais se fait lamentablement exploiter parce qu'il est pas foutu de retrouver sa famille et qu'il s'accroche aux basques du premier venu, même si c'est de toute évidence un crétin fini. J'ai nommé, Yskino Haynell ! J'ai oublié quelque chose ?
Hmmm... Pourquoi pas, anciennement sain d'esprit ? Ou faiblard, pleurnichard et arrogant ?
Si tu savais comme j'aimerais te buter, toi aussi...
Ça, ça va être un peu compliqué mon petit. Au fait, ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie, même si tu es idiot, rébarbatif et à moitié taré. Enfin, non, complètement taré, c'est moi qui suis normal. Bref, même si je t'aime bien, mon lapin, t'es en train de te faire distancer par les cinq autres fantastiques là... Si tu te fais larguer, Lloyd va revenir te chercher à coups de poings, allez, cours après lui mon bon toutou.
"RAAAAAAAAAAAA, MAIS PUTAIN J'EN AI MARRE !"
Les cinq devant s'arrêtent. Ouais, il faut dire que ça doit être bizarre d'entendre soudain quelqu'un hurler.
"Yskino ?"
"TA GUEULE LLOYD ! ET D'ABORD ? TU VA OÙ COMME CA ? « EN AVANT TOUTE !» SUPER ! VERS LA FALAISE ? C'EST SUR, TRÈS TOURISTIQUE ! TRÈS JOLI ! OU VERS LES ARBRES ? UN BOSQUET, MAGNIFIQUE, IL FAUT LE VOIR ! OU VERS LE MONOLITHE DONT ON NE SAIT PAS CE QUE C'EST, A QUOI CA RESSEMBLE, OU BIEN OÙ IL EST ? VERS LA VILLE ? QUELLE VILLE ? VERS LE BATEAU ? QUEL BATEAU ? PUTAIN D'ABRUTI."
AHAHAH, pas mal, pas mal. On approche d'un bon état d'esprit!
"Tu ne..."
"TA GUEULE, TA GUEULE, TA GUEULE ! TA GUEULE CERVEAU DE MERDE, TA GUEULE LLOYD, VOS GUEULES VOUS TOUS. LAISSEZ MOI EN PAIX BORDEL."
Quelle paix ? Celle de vivre ta vie, tranquille ? C'est impossible. Tu le sais non ? Frappe. Frappe encore et encore, frappe le sol, tu te rappelleras pourquoi... FRAPPE!
"Ferme là. Sérieusement, par pitié. Ferme là..." Ma voix me parait à mes propres oreilles pitoyable et geignarde. Le goût du sel effleure mes lèvres. Je pleure ?
FRAPPE!
Convulsivement, mon poing s'abat sur le sol. Encore et encore. Et ce rire, ce putain de rire résonne dans mon crâne.
"La ferme. La feRME, LA FERME !"
Et je frappe encore, et encore, et encore. Le monde se réduit à une parcelle de terre, à un rire fou, et à mes mains. Une crispée, saisissant la poussière. L'autre poing serré, ensanglanté. Mon propre sang.
Ton sang ? Pauvre chou. Regarde mon grand. Voilà pourquoi ta vie ne sera jamais normale. Parce que tes mains sont couvertes de poussière et de sang. Tu as tout perdu, et tu es un meurtrier. Abandonne l'idée de vivre bien gentiment comme un humain « normal », parce que tu n'es plus qu'un taré.
"Non. Je..." Ma voix n'est qu'un murmure, et s'étouffe. Puis-je le nier ? Je me fous des vies que j'ai prise. Ce n'était que des salopards, ou des gens dont je n'avais que faire.
Oui, je mes fous de ces vies.
Non ?
Si tu t'en fous. Pourquoi tu en souffres ? Mais le plus curieux, c'est que tu continue à tuer sans remords. Je ne sais pas si tu es complètement con, complètement masochiste ou complètement taré, mais je suis sûr qu'il te manque au moins une case ou deux...
"Yskino."
La voix ferme de Lloyd me ramène à la réalité. Je suis à genoux, les coudes au sol, la tête dans les mains. Prostré devant ma vie. Putain de vie.
On m'attrape sous les aisselles, et on me soulève. Je ne suis pas si léger que ça pourtant... Mais me revoilà sur pieds, un peu surpris, devant un Lloyd qui... Se prépare à me mettre une châtaigne.
Connard de snob.
Je me retrouve de nouveau par terre, avec une belle douleur sur la maxillaire.
"Ça, c'était pour avoir manqué de respect au grand Lloyd Barrel. Et ça n'a pas intérêt à se reproduire, compris ?"
Et voilà qu'il me remet sur pieds de nouveau.
"Toutefois, c'est le propre d'un grand chef que d'être à l'écoute de ses subordonnés et de résoudre leurs problèmes. Lorsqu'on écrira ma biographie, tu rappelleras à mon nègre combien le magnifique Lloyd Barrel t'a aidé dans ta vie à résoudre tes petits tracas sordides."
Connard.
"Aussi, dis moi ce qui te gêne."
Les corbeaux, par exemple, ça te dirais quelque chose ? Connard...
Connard par-ci, connard par-là. Ton disque est un peu rayé...
Ignore-le. Ignore-le... Quelque chose pour s'occuper l'esprit... Quelque... Ils font quoi ces crétins là-bas ? Le gamin brun à la bouche ouverte et le regard vide. Il doit me prendre pour un cinglé. Venant d'un attardé, c'est vexant. Le duo de comiques semble plus ennuyé qu’autre chose. Et le chat... Ben c'est un chat, je ne suis ni de la bouffe ni un prédateur sur son territoire, donc il s'en tape.
Une bonne brochette de types inutiles. « En avant » et on marche tous au pif dans une direction.
"Putain, j'ai compris... Lloyd, tu veux le Monolithe, c'est ça ?"
"Oui. Mais je t'ai posé une question il me semble. Qu’est-ce qui te gêne ?"
"Rien de grave." Jusqu'au jour où tu auras une balle dans le crâne. Voilà, je n'ajoute pas connard, t'es content ? "Bon. On n'ira nulle part sans informations. On peut parier que ce Monolithe est sous terre, sinon, des voyageurs lambdas l'auraient déjà embarqué. Du coup, autant aller se renseigner près des mineurs dans leurs trous sordides qu'ils appellent des maisons. Sauf que se rendre tous dans le village troglodyte n'est peut-être pas une bonne idée."
"Ah ? Pourquoi ?"
Parce que j'ai poussé Varayaman à répandre une rumeur comme quoi tu étais une calamité divine et que pour preuve les Lloydiens te suivaient partout où tu allais ? Parce que s'il y a eu des survivants de ton passage sur le petit bout de chemin que tu as fait sur l'île, ils vont aller raconter tes exploits ? Et que donc on ne nous filera pas d'informations, où alors des fausses ? Crétin...
"Il ne serait pas digne du grand Lloyd Barrel de se rendre dans un endroit aussi minable et de parler à des pouilleux."
"C'est la vérité même. Je vois que tu commences à comprendre comment tourne le monde mon brave larbin numéro un."
Qui es ton larbin ? Attends voir...
"Numéro un, ce n'était pas ce type. Klan beille ou quelque chose du genre ?"
J'ai mis un froid. Dans ta gueule ! Enfin, il a l'air salement mécontent d'un coup quand même... Changeons de sujet.
"Bref... Les deux boulets... euh... Nouveaux camarades, que tu as ramassés, là, qui ont l'air plutôt costauds, ils ont des pouvoirs aussi non ?"
"Evidemment, l'équipage du sérénissime Lloyd Barrel ne comprend que des gens d'exception."
Tout à fait exact. Mais exceptionnel ne veut pas dire utile. Un pingouin né sans pieds, avec une seule nageoire dorsale et un bec de canard est sans aucun doute exceptionnel, mais bon...
Tu racontes la même merde que d'habitude toi.
"Vu les sables mouvants qu'il a fait tout à l'heure, le borgne a l'air de pouvoir agir avec la terre, ou un truc du genre, exact ? Et l'autre tout à l'heure faisait une substance blanche avec ses doigts..."
"Ils ont respectivement le fruit du sable, et celui de la cire."
"La cire ? Pas mal... Et le sable... C'est un logia non ?"
Purée, ces gars sont une mauvaise nouvelle pour moi. Un logia, puissant en plus, et le fruit de la cire connu pour avoir beaucoup de propriétés intéressantes aussi de renforcement et de construction... Un fruit qui a un très bon équilibre attaque / défense.
"Bon... On a donc quelques possibilités... Tout d'abord, faire deux groupes. Le borgne creuserait des galeries avec son fruit, le blond, ferait des piliers de cires pour les etayer, et tu irais avec eux pour les défendre contre une attaque surprise."
Et pour t'éloigner de la ville troglodyte, accessoirement.
"Pendant ce temps, le morveux, le chat et moi, on irait à la pêche aux informations dans la ville."
"La pêche ? Miaaa..."
Le chat semble avoir entendu quelques mots. Il a une bonne ouïe. Il se met à ronronner tout content, et se dirige vers Lloyd et moi. Ce qui semble décider les trois autres à bouger. Et nous voilà tous les six réunis.
"Hmm, c'est une idée intéressante."
"Deuxième possibilité. Le blond..."
Une île pas vraiment calme. Moche, infestée de rats mutants, avec des gens puants et sous-éduqués la peuplant.
Et six abrutis au milieu du décor moitié paradisiaque, moitié apocalypse de film z.
Oui, six abrutis. T'es content ?
Je n'aurais pas dis mieux.
Franchement...
Numéro un ! Un blondinet snobinard. Un amour-propre à faire pâlir Narcisse, une cupidité à ridiculiser Midas, une arrogance à rendre humble Ozymandias. Menteur, tricheur, ne comprenant même pas que j'essaye de le liquider.
Numéro deux ! Un gamin qui semble avoir du mal à aligner deux idées. Ou à retenir un nom. Une espèce d'attardé qui voue un culte au blondinet qu'il vient pourtant de rencontrer. Un lèche-botte (pour rester poli), qui semble aussi fort qu'il est beau-parleur. Et c'est un très mauvais beau-parleur.
Numéro trois et quatre, pour un combo inédit ! Un duo de choc ! Un blondinet (encore un, comme si Lloyd ne suffisait pas à faire haïr le gène du blond par l'espèce humaine toute entière), et un borgne (encore un, comme si... Nan, en fait, oublions ça). Deux gars apparemment costauds et pourvus de fruits du démons. Mais qui suivent Lloyd. Il s'est passé quoi ? Dix heures ? Douze ? Depuis qu'on a débarqué sur l'île. Et ces deux types se sont mis AUX ORDRES DE LLOYD ? Sérieusement, ils ont quoi comme merde dans les yeux pour ne pas se rendre compte que si ce type est en diamant, sa valeur réelle est celle du gravier ? Pas de charisme, pas de cerveau, pas de navire, pas d'équipage, parfait, suivons-le ? Ouais, un bon combo d'abrutis.
Numéro cinq ! UN CHAT ! Sérieusement, Lloyd était tellement en dèche d'équipier ? Pas foutu de recruter un type potable, du coup il va à la SPA ? Tu parles d'un capitaine. Remarque, ça me facilitera la tâche. Moins j'aurais de Viald alpha ou bêta à éliminer avant de buter Lloyd, plus vite j'aurais envoyer le snob rejoindre Davy Jones et je pourrais me tirer.
HÉ, HO. N'oublie pas l'abruti le plus important !
Ouais...
Numéro six ! Ancien soldat mais pas foutu de gagner ses combats. Ancien membre du génie mais tous ses plans foirent. Un type qui réunit le QI des cinq autres mais se fait lamentablement exploiter parce qu'il est pas foutu de retrouver sa famille et qu'il s'accroche aux basques du premier venu, même si c'est de toute évidence un crétin fini. J'ai nommé, Yskino Haynell ! J'ai oublié quelque chose ?
Hmmm... Pourquoi pas, anciennement sain d'esprit ? Ou faiblard, pleurnichard et arrogant ?
Si tu savais comme j'aimerais te buter, toi aussi...
Ça, ça va être un peu compliqué mon petit. Au fait, ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie, même si tu es idiot, rébarbatif et à moitié taré. Enfin, non, complètement taré, c'est moi qui suis normal. Bref, même si je t'aime bien, mon lapin, t'es en train de te faire distancer par les cinq autres fantastiques là... Si tu te fais larguer, Lloyd va revenir te chercher à coups de poings, allez, cours après lui mon bon toutou.
"RAAAAAAAAAAAA, MAIS PUTAIN J'EN AI MARRE !"
Les cinq devant s'arrêtent. Ouais, il faut dire que ça doit être bizarre d'entendre soudain quelqu'un hurler.
"Yskino ?"
"TA GUEULE LLOYD ! ET D'ABORD ? TU VA OÙ COMME CA ? « EN AVANT TOUTE !» SUPER ! VERS LA FALAISE ? C'EST SUR, TRÈS TOURISTIQUE ! TRÈS JOLI ! OU VERS LES ARBRES ? UN BOSQUET, MAGNIFIQUE, IL FAUT LE VOIR ! OU VERS LE MONOLITHE DONT ON NE SAIT PAS CE QUE C'EST, A QUOI CA RESSEMBLE, OU BIEN OÙ IL EST ? VERS LA VILLE ? QUELLE VILLE ? VERS LE BATEAU ? QUEL BATEAU ? PUTAIN D'ABRUTI."
AHAHAH, pas mal, pas mal. On approche d'un bon état d'esprit!
"Tu ne..."
"TA GUEULE, TA GUEULE, TA GUEULE ! TA GUEULE CERVEAU DE MERDE, TA GUEULE LLOYD, VOS GUEULES VOUS TOUS. LAISSEZ MOI EN PAIX BORDEL."
Quelle paix ? Celle de vivre ta vie, tranquille ? C'est impossible. Tu le sais non ? Frappe. Frappe encore et encore, frappe le sol, tu te rappelleras pourquoi... FRAPPE!
"Ferme là. Sérieusement, par pitié. Ferme là..." Ma voix me parait à mes propres oreilles pitoyable et geignarde. Le goût du sel effleure mes lèvres. Je pleure ?
FRAPPE!
Convulsivement, mon poing s'abat sur le sol. Encore et encore. Et ce rire, ce putain de rire résonne dans mon crâne.
"La ferme. La feRME, LA FERME !"
Et je frappe encore, et encore, et encore. Le monde se réduit à une parcelle de terre, à un rire fou, et à mes mains. Une crispée, saisissant la poussière. L'autre poing serré, ensanglanté. Mon propre sang.
Ton sang ? Pauvre chou. Regarde mon grand. Voilà pourquoi ta vie ne sera jamais normale. Parce que tes mains sont couvertes de poussière et de sang. Tu as tout perdu, et tu es un meurtrier. Abandonne l'idée de vivre bien gentiment comme un humain « normal », parce que tu n'es plus qu'un taré.
"Non. Je..." Ma voix n'est qu'un murmure, et s'étouffe. Puis-je le nier ? Je me fous des vies que j'ai prise. Ce n'était que des salopards, ou des gens dont je n'avais que faire.
Oui, je mes fous de ces vies.
Non ?
Si tu t'en fous. Pourquoi tu en souffres ? Mais le plus curieux, c'est que tu continue à tuer sans remords. Je ne sais pas si tu es complètement con, complètement masochiste ou complètement taré, mais je suis sûr qu'il te manque au moins une case ou deux...
"Yskino."
La voix ferme de Lloyd me ramène à la réalité. Je suis à genoux, les coudes au sol, la tête dans les mains. Prostré devant ma vie. Putain de vie.
On m'attrape sous les aisselles, et on me soulève. Je ne suis pas si léger que ça pourtant... Mais me revoilà sur pieds, un peu surpris, devant un Lloyd qui... Se prépare à me mettre une châtaigne.
Connard de snob.
Je me retrouve de nouveau par terre, avec une belle douleur sur la maxillaire.
"Ça, c'était pour avoir manqué de respect au grand Lloyd Barrel. Et ça n'a pas intérêt à se reproduire, compris ?"
Et voilà qu'il me remet sur pieds de nouveau.
"Toutefois, c'est le propre d'un grand chef que d'être à l'écoute de ses subordonnés et de résoudre leurs problèmes. Lorsqu'on écrira ma biographie, tu rappelleras à mon nègre combien le magnifique Lloyd Barrel t'a aidé dans ta vie à résoudre tes petits tracas sordides."
Connard.
"Aussi, dis moi ce qui te gêne."
Les corbeaux, par exemple, ça te dirais quelque chose ? Connard...
Connard par-ci, connard par-là. Ton disque est un peu rayé...
Ignore-le. Ignore-le... Quelque chose pour s'occuper l'esprit... Quelque... Ils font quoi ces crétins là-bas ? Le gamin brun à la bouche ouverte et le regard vide. Il doit me prendre pour un cinglé. Venant d'un attardé, c'est vexant. Le duo de comiques semble plus ennuyé qu’autre chose. Et le chat... Ben c'est un chat, je ne suis ni de la bouffe ni un prédateur sur son territoire, donc il s'en tape.
Une bonne brochette de types inutiles. « En avant » et on marche tous au pif dans une direction.
"Putain, j'ai compris... Lloyd, tu veux le Monolithe, c'est ça ?"
"Oui. Mais je t'ai posé une question il me semble. Qu’est-ce qui te gêne ?"
"Rien de grave." Jusqu'au jour où tu auras une balle dans le crâne. Voilà, je n'ajoute pas connard, t'es content ? "Bon. On n'ira nulle part sans informations. On peut parier que ce Monolithe est sous terre, sinon, des voyageurs lambdas l'auraient déjà embarqué. Du coup, autant aller se renseigner près des mineurs dans leurs trous sordides qu'ils appellent des maisons. Sauf que se rendre tous dans le village troglodyte n'est peut-être pas une bonne idée."
"Ah ? Pourquoi ?"
Parce que j'ai poussé Varayaman à répandre une rumeur comme quoi tu étais une calamité divine et que pour preuve les Lloydiens te suivaient partout où tu allais ? Parce que s'il y a eu des survivants de ton passage sur le petit bout de chemin que tu as fait sur l'île, ils vont aller raconter tes exploits ? Et que donc on ne nous filera pas d'informations, où alors des fausses ? Crétin...
"Il ne serait pas digne du grand Lloyd Barrel de se rendre dans un endroit aussi minable et de parler à des pouilleux."
"C'est la vérité même. Je vois que tu commences à comprendre comment tourne le monde mon brave larbin numéro un."
Qui es ton larbin ? Attends voir...
"Numéro un, ce n'était pas ce type. Klan beille ou quelque chose du genre ?"
J'ai mis un froid. Dans ta gueule ! Enfin, il a l'air salement mécontent d'un coup quand même... Changeons de sujet.
"Bref... Les deux boulets... euh... Nouveaux camarades, que tu as ramassés, là, qui ont l'air plutôt costauds, ils ont des pouvoirs aussi non ?"
"Evidemment, l'équipage du sérénissime Lloyd Barrel ne comprend que des gens d'exception."
Tout à fait exact. Mais exceptionnel ne veut pas dire utile. Un pingouin né sans pieds, avec une seule nageoire dorsale et un bec de canard est sans aucun doute exceptionnel, mais bon...
Tu racontes la même merde que d'habitude toi.
"Vu les sables mouvants qu'il a fait tout à l'heure, le borgne a l'air de pouvoir agir avec la terre, ou un truc du genre, exact ? Et l'autre tout à l'heure faisait une substance blanche avec ses doigts..."
"Ils ont respectivement le fruit du sable, et celui de la cire."
"La cire ? Pas mal... Et le sable... C'est un logia non ?"
Purée, ces gars sont une mauvaise nouvelle pour moi. Un logia, puissant en plus, et le fruit de la cire connu pour avoir beaucoup de propriétés intéressantes aussi de renforcement et de construction... Un fruit qui a un très bon équilibre attaque / défense.
"Bon... On a donc quelques possibilités... Tout d'abord, faire deux groupes. Le borgne creuserait des galeries avec son fruit, le blond, ferait des piliers de cires pour les etayer, et tu irais avec eux pour les défendre contre une attaque surprise."
Et pour t'éloigner de la ville troglodyte, accessoirement.
"Pendant ce temps, le morveux, le chat et moi, on irait à la pêche aux informations dans la ville."
"La pêche ? Miaaa..."
Le chat semble avoir entendu quelques mots. Il a une bonne ouïe. Il se met à ronronner tout content, et se dirige vers Lloyd et moi. Ce qui semble décider les trois autres à bouger. Et nous voilà tous les six réunis.
"Hmm, c'est une idée intéressante."
"Deuxième possibilité. Le blond..."
"Ylvikel"
Coupe moi pour caser ton nom. Merci.
"Le blond est sur l'île depuis quelque temps non ? Varayaman m'a parlé d'un blond quand..."
Quand je lui ai parlé du blond maléfique venu apporter l'apocalypse. Ouais, omettons cette partie-ci.
"Quand j'ai eu l’occasion de lui parler un instant. S'il connaît un peu le village troglodyte, dans ce cas, il pourrait y aller avec deux ou trois autres personnes, pendant que le reste prépare des fournitures pour l'expédition. Quelques vivres, des torches, du matériel de premier secours, ce genre de chose..."
"Hmmm, c'est aussi intéressant comme idée, Ylvikel, tu as des informations conséquentes sur ce Monolithe ?"
Scriiii !
"Scrii ?"
"Manger !"
Le chat se jette sur un petit Lloydien qui a eu le malheur de venir jusqu'ici. C'est vrai que Lloyd sent toujours un peu. Il doit rester un petit peu de produit à attirer les rats sur lui...
"J'ai assez peu d'informations sur le Monolithe. Il serait idéal que j'aille avec vilyskino en chercher dans la ville."
Je me retourne vers le blond. Qui me regarde d'un sourire carnassier. Comme un prédateur devant un bon repas qui l'attend... Je n'aime pas ça du tout, et le léger frisson qui me parcours semble me hurler qu'il est dangereux.
Putain, évidemment qu'il est dangereux ! Il a l'air encore plus taré que toi !
C'est quoi ces types que Lloyd a rameuté ? Un logia et un type qui pue la mort dès que je m'approche. Ma mort.
"Troisième possibilité, on va tous ensemble en ville et on fait cracher par la force s'il le faut toutes les informations qu'ont les mineurs."
"J'aime bien ça aussi. Faire respecter l'ordre des choses et apprendre leur place à ces pouilleux. Bien, j'ai décidé. En avant."
En avant. C'est tout ? Et on fait quoi finalement ? ON N'A PAS AVANCÉ D'UN POUCE DANS LA DISCUSSION !
Et le revoilà qui s'énerve. Quel sale gosse.
Du calme... Du calme... Bon.
"En avant, d'accord, mais le chat s'est barré avec son repas."
"Je vais lui dire de venir de suite !"
C'est ça. C'est un CHAT ! Même s'il a mangé un fruit du démon. Tu crois qu'il va laisser de côté son repas pour t'obéir ? Le seul maître d'un chat, c'est lui-même...
"Oh, Mille-peaux. Non, Mille-eaux. Viens, on s'en va."
Le chat lui jette un regard attristé, semble hésiter, puis attrape le reste de rat dans sa gueule et viens vers nous. Lloyd se retourne vers moi.
"Nul ne désobéit au grand Lloyd Barrel. Pas même les chats ! Allez, on y va, suivez-moi."
D'accord.
Je ne sais pas ce qui me choque le plus. Qu'un chat ait obéit, ou que Lloyd ait pensé à la même chose que moi.
Et nous voilà parti. Je marche au côté du groupe. En faisant attention de ne pas trop m'approcher du blond (pas le snob, l'autre. Saloperies de blondinets, on devrait castrer tous les blonds pour supprimer cette engeance démoniaque). Il me fait peur, je dois l'avouer. Je n'ai pas honte d'avoir peur, la peur peut vous sauver la vie. Il faut parfois faire confiance à son instinct. Et mon instinct me dit que dans le groupe, c'est lui le plus dangereux.
Parce que vous vous ressemblez un peu. Vous êtes tarés dans votre façon d'appréhender les autres.
Oh, la ferme. Tu n'as pas une réflexion profonde à faire ? Un mémoire à écrire sur la méthode de reproduction des ornithorynques ou sur la vie amoureuse des crevettes roses ?
Puisque tu en parles, j'ai mené une recherche très intéressante sur la vie symbiotique pendant que tu dormais. Savais-tu que les arbres vivent tous en harmonie avec des champignons?
Réfléchis plutôt sur comment pulvériser du diamant.
C'est ton boulot ça mon lapin.
Mouais... Je ferais le lapin à la sauce Monty Python alors.
De l'humour ? Incroyable... On va peut-être réussir à faire quelque chose de toi un jour.
Pendant que j'ai ces pensées (ou plutôt cette conversation) sublimes d'intérêts, les autres discutent.
"Capitaine, où est-ce que vous avez eu ce formidable fruit du diamant ?"
"Ah, c'est quelque chose que la destinée remet aux êtres exceptionnels mon cher serviteur. Si tu me sers fidèlement, le destin t'en offriras sans doute un aussi."
"Vraiment ? Je voudrais le fruit de l'or alors. Ou de l'argent. Pour briller à vos côtés. Oh, un ysko... un skyno... un rat mort."
"Joli travail. Apparemment, un coup de pioche. Elle a perforé la nuque au niveau de l'occiput, pour venir pulvériser le bulbe rachidien. La mort est propre et garde le corps intact, ce qui permet de le disséquer facilement. Regardez..."
Ouais. En fait, j'étais peut-être mieux à discuter de crevettes et d'arbres-champignons qu'avec ces gars... POURQUOI CE TYPE EST EN TRAIN DE DECOUPER UN RAT MORT EN PETITS MORCEAUX ET DE SORTIR LE CERVELET DE LA BOITE CRÂNIENNE ! PUTAIN DE CINGLÉ !
Bref, passons, passons...
"Bon... On peut y aller ?"
"Oui, j'ai fini.
Finalement, nous entrons dans les galeries. Bon, le cinglé blond connaît le chemin du village, au moins on y sera bientôt. Sauf inconvénient. Comme un type devant nous.
"Vous zêtes qui ? Boaaa. Peu mimporte. Ecartez-vous d'chemin du grand Rick RockKaiser gringalets."
Un grand type. Il doit faire quatre ou cinq mètres et marche du coup plutôt courbé. J'avais entendu dire qu'il y avait des gens nettement plus grand que les personnes normales, sans être pour autant de la race des géants. Je n'y croyais pas vraiment, mais en fait, ben oui, il y en a.
"Bien ton géant le gamin... Epsen, c'est ça ? Il faudra que je t'enseigne la différence entre cinq et cinquante mètres de haut..."
"Écarte toi de mon chemin, minable pouilleux, je suis le sublime Lloyd Barrel !"
L'homme rigole en entendant Lloyd l'interpeller.
"Que dis-tu, petit homme ? Tu es s'bas et si frêle que j'narrive pas à t'entendre... Monte à ma hauteur, ou parle plus fort... Ou écarte toi du ch'min du grand Rick !"
J'ai de la peine pour le type... Lloyd va certainement le broyer, vu son caractère...
"Fidèles larbins... Avancez sans moi. Je vous rejoint bientôt. Oh, et Galowyr, j'ai besoin de toi un instant..."
Je me fout de voir le type crever, mais je préfère ne pas voir le regard satisfait du blond, ni s'il va disséquer la victime du snob une fois celle-ci morte. Autant avancer. Le chat me suit, puis le gamin, et finalement, après une légère hésitation, le blond, qui a l'air déçu. Rapidement, le borgne nous rejoint. Et j’entends un éclat de voix. Bientôt, ce sera des hurlements...
Nous descendons la galerie, lentement, que Lloyd puisse nous rattraper. Et nous voilà finalement en vue de la ville.
"Au fait... Quelqu'un sait quelle option Lloyd a choisie finalement ?"
…
Ce sentiment de vacuité...
"Bon, attendons-le."
Cinq minutes passent dans le silence. Le chat finit son repas. Le borgne est toujours aussi silencieux. Le blond nettoie des couteaux et des scalpels. D'où il sort ça ? Et le gamin semble s'ennuyer maintenant qu'il n'a plus de bottes à cirer.
Dix minutes. Quinze.
"Putain, que fait ce con... Attendez-moi là, je vais le chercher."
Je remonte la galerie. Qu'est-ce qui lui prend tellement de temps ? L'autre blond n'a pas déteint sur lui, et il n'est pas en train de le mettre petit à petit en pièces j'espère...
"S'le mioche, laisse moi sortir, ou... Ouch. Arrête ça b'sang de b'soir je... Aie !"
Ok... Il est bien en train de le torturer... Quoique ce ne sont pas des hurlements horrifiants... Mais...
QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ?
Le grand Rick est enfoncé dans le sol jusqu'au cou. Ou plutôt jusqu'aux épaules, avec les bras encastrés avec le reste du corps dans la pierre. L’œuvre de Galowyr, sans doute. Toujours est-il que le pauvre type ne peut rien faire à part agiter la tête et vociférer.
Et Lloyd... Lui tourne autour de la tête du type, en boucle, en lui donnant des coups de pieds ou de genoux « par inadvertance » en faisant ses petits tours.
"Sort moi d'là ou je... Aie !"
"On me parle ? Cela viens de si bas que je n'entends rien. Monte à ma hauteur pour me parler."
"Je vais te... Ouch !"
"Cela viens de trop bas. Je n'entends rien ! De trop bas ! Je n'entends rien !"
Mais... Quel... Gamin...
"LLOYD PUTAIN, ON T'ATTENDS !"
"Encore un tour. Non, deux."
J'attrape le snob par la manche (non sans qu'il refasse un demi-tour pour filer encore un coup de pied au mineur), et l'emmène vers le bas de la galerie.
"SORTEZ MOI DE LÀ !"
Purée... Le snob et son ego... Comme si on avait du temps à perdre.
Ah oui ? Et pourquoi es-tu pressé au juste?
Oui, pas faux. Sans doute que j'ai envie de me tirer d'ici, et de repartir sur North Blue. Franchement, qu'est-ce que je fous là ?
"Bien, mes fidèles serviteurs..."
Ah. nous revoilà auprès des quatre lascars...
"Nous allons nous séparer dans la ville et trouver des informations sur le Monolithe. Rendez-vous ici même dans deux heures."
C'est ça le plan ? Option quatre, on se promène et on interroge des gens aux pifs ? Quel crétin...
Mais les autres semblent s'en satisfaire. Bon allez, je me tire d'ici.
Je finis la descente vers la « ville », si on peut appeler ce trou à rats (ahah, fabuleux jeu de mots!), une ville. L'endroit semble un peu agité d'ailleurs... Et... Purée... Lloyd l'avait assommé, mais là, c'est bien Varayaman que je voit, dans la ville, un bandage sur le crâne.
Et alors, on s'en tape de ce prophète à la gomme... Quoique, attends...
Réfléchis, idiot.
C'est toi qui me dis ça ? On aura tout vu...
Si Lloyd lui tombe dessus. Ou un de ses nouveaux larbin débile... Et que ce crétin de prophète leur apprend que j'essayais de monter la ville contre le snob...
Lloyd pourrait ne pas y croire. Mais il pourrait aussi décider que maintenant qu'il n'est plus tout seul avec toi, tu lui es moins indispensable...
Mouais... Lloyd a déjà eu des compagnons, aucun n'est resté bien longtemps. Je ne serais pas surpris que ceux-là se tirent aussi dès qu'ils réaliseront la stupidité de leur chef. Quoique le gamin a l'air d'un bon lèche-botte de base.
Mais pour l'instant, vous n'êtes pas que deux, et donc...
Pas de témoin gênant !
Et revoilà le tueur.
Ta gueule, tu penses à la même chose que moi.
Je ne le nierais pas.
Je m'éloigne aussitôt du centre des rues, et longe les murs, au maximum dans l'ombre.
Personne aux alentours, parfait...
Varayaman descend la rue, rapidement. Je l'intercepte et l'attrape par derrière, passant mon bras autour de sa gorge.
Un coup de couteau, dans le dos, perçant le cœur, pendant que je le bâillonne, puis un autre sur la trachée, pour être sur, et je tire un cadavre dans un coin sombre. Voilà, ni vu, ni connu.
Ou plutôt vu et connu...
"Joli coup de couteau. Tu as peut-être un brin de fibre artistique... Même si tu m'a énervé à me faire courir, je vais peut-être te laisser vivre un peu."
"..."
Je réponds quoi à ça ? Taré ?
Enfin, Ylvikel se barre. Et j'ai éliminé le témoin gênant qui... Attend, il me suivait ? Pour me buter ? Putain de blond taré ! Mais si j'arrive à le monter contre Lloyd, les chances de survie du snob vont baisser...
Bref... Des informations...
J'entre dans ce qui semble être, euh... une maison ?
"Il y a quelqu'un ? Excusez-moi..."
"Quoi ? Quoi qu'vous voulez ?"
Personne ne sait parler correctement ici ou quoi ? J'en ai marre de cette manie d'avaler les mots qu'ont ces foutus mineurs... Ou d'en inventer de nouveaux.
"J'aurais quelques questions..."
"V'zetes chez moi..."
"On peut sortir, si vous voulez. Et je suis même près à payer quelques pièces pour avoir des réponses..."
"Quoi qu'vous voulez savoir ?"
Dès qu'on propose de payer... Putain de mineurs vénaux.
"Vous avez entendu parler du Monolithe ? C'est quoi exactement, et il est où ?"
"Oui, l'Monolithique. HAL en parle parfois. Il dis qu'il faut eggstère-miner les rataupes pour le trouver. S'tun caillou."
"Exterminer. Pourquoi ? Les rataupes vivent dedans ou quoi ?"
"J'sais pas moi. Mais le seul endroit de l'île que HAL a pas fouillé, c'est là d'où que sortent les rataupes qui le gêne. Donc il nous dit d'aller par là-bas."
"Ça a une certaine logique... En gros il faut chercher où les rataupes vivent du coup."
"V'voulez venir avec nous ?"
"Avec vous ?"
"HAL, il ordonne des attaques. Et il les mène parfois. Aujourd'hui, on doit attaquer la galerie la plus au sud. Vlà toujours plein de rataupes par l'coin là-bas. Si v'voulez donner un coup de main, on y va à trois heures..."
"J'y réfléchirais... Et ce HAL, c'est qui ?"
"S'tun robot tout-puissant qui écrapatchouille les ennemis avec ses poings. Ça fait sprotch quand il se bat."
"Un robot ?"
Sur cette île sous-développé, un robot ?
"Par contre, l'sécolos, y zont eu vents de l'attaque d'aujourd'hui, et y veulent défendre les rats. "
"Les écolos ?"
"Ouais. Mamzelle JoAnne et M'sieur Gojira qu'il se nomment. Des beaux salauds."
"D'accord... Donc, si je résume... Un robot pense que le Monolithe, dont on ne sait pas ce que c'est, se trouve là ou il y a plein de ces rats dégueulasses. Donc vous allez attaquer les rats, avec peut-être l'aide du robot en question s'il se sent l'envie de venir, mais des écolos vont essayer de vous en empêcher."
"C'est ça."
C'est quoi le bordel avec cette île...
"Le blond est sur l'île depuis quelque temps non ? Varayaman m'a parlé d'un blond quand..."
Quand je lui ai parlé du blond maléfique venu apporter l'apocalypse. Ouais, omettons cette partie-ci.
"Quand j'ai eu l’occasion de lui parler un instant. S'il connaît un peu le village troglodyte, dans ce cas, il pourrait y aller avec deux ou trois autres personnes, pendant que le reste prépare des fournitures pour l'expédition. Quelques vivres, des torches, du matériel de premier secours, ce genre de chose..."
"Hmmm, c'est aussi intéressant comme idée, Ylvikel, tu as des informations conséquentes sur ce Monolithe ?"
Scriiii !
"Scrii ?"
"Manger !"
Le chat se jette sur un petit Lloydien qui a eu le malheur de venir jusqu'ici. C'est vrai que Lloyd sent toujours un peu. Il doit rester un petit peu de produit à attirer les rats sur lui...
"J'ai assez peu d'informations sur le Monolithe. Il serait idéal que j'aille avec vilyskino en chercher dans la ville."
Je me retourne vers le blond. Qui me regarde d'un sourire carnassier. Comme un prédateur devant un bon repas qui l'attend... Je n'aime pas ça du tout, et le léger frisson qui me parcours semble me hurler qu'il est dangereux.
Putain, évidemment qu'il est dangereux ! Il a l'air encore plus taré que toi !
C'est quoi ces types que Lloyd a rameuté ? Un logia et un type qui pue la mort dès que je m'approche. Ma mort.
"Troisième possibilité, on va tous ensemble en ville et on fait cracher par la force s'il le faut toutes les informations qu'ont les mineurs."
"J'aime bien ça aussi. Faire respecter l'ordre des choses et apprendre leur place à ces pouilleux. Bien, j'ai décidé. En avant."
En avant. C'est tout ? Et on fait quoi finalement ? ON N'A PAS AVANCÉ D'UN POUCE DANS LA DISCUSSION !
Et le revoilà qui s'énerve. Quel sale gosse.
Du calme... Du calme... Bon.
"En avant, d'accord, mais le chat s'est barré avec son repas."
"Je vais lui dire de venir de suite !"
C'est ça. C'est un CHAT ! Même s'il a mangé un fruit du démon. Tu crois qu'il va laisser de côté son repas pour t'obéir ? Le seul maître d'un chat, c'est lui-même...
"Oh, Mille-peaux. Non, Mille-eaux. Viens, on s'en va."
Le chat lui jette un regard attristé, semble hésiter, puis attrape le reste de rat dans sa gueule et viens vers nous. Lloyd se retourne vers moi.
"Nul ne désobéit au grand Lloyd Barrel. Pas même les chats ! Allez, on y va, suivez-moi."
D'accord.
Je ne sais pas ce qui me choque le plus. Qu'un chat ait obéit, ou que Lloyd ait pensé à la même chose que moi.
Et nous voilà parti. Je marche au côté du groupe. En faisant attention de ne pas trop m'approcher du blond (pas le snob, l'autre. Saloperies de blondinets, on devrait castrer tous les blonds pour supprimer cette engeance démoniaque). Il me fait peur, je dois l'avouer. Je n'ai pas honte d'avoir peur, la peur peut vous sauver la vie. Il faut parfois faire confiance à son instinct. Et mon instinct me dit que dans le groupe, c'est lui le plus dangereux.
Parce que vous vous ressemblez un peu. Vous êtes tarés dans votre façon d'appréhender les autres.
Oh, la ferme. Tu n'as pas une réflexion profonde à faire ? Un mémoire à écrire sur la méthode de reproduction des ornithorynques ou sur la vie amoureuse des crevettes roses ?
Puisque tu en parles, j'ai mené une recherche très intéressante sur la vie symbiotique pendant que tu dormais. Savais-tu que les arbres vivent tous en harmonie avec des champignons?
Réfléchis plutôt sur comment pulvériser du diamant.
C'est ton boulot ça mon lapin.
Mouais... Je ferais le lapin à la sauce Monty Python alors.
De l'humour ? Incroyable... On va peut-être réussir à faire quelque chose de toi un jour.
Pendant que j'ai ces pensées (ou plutôt cette conversation) sublimes d'intérêts, les autres discutent.
"Capitaine, où est-ce que vous avez eu ce formidable fruit du diamant ?"
"Ah, c'est quelque chose que la destinée remet aux êtres exceptionnels mon cher serviteur. Si tu me sers fidèlement, le destin t'en offriras sans doute un aussi."
"Vraiment ? Je voudrais le fruit de l'or alors. Ou de l'argent. Pour briller à vos côtés. Oh, un ysko... un skyno... un rat mort."
"Joli travail. Apparemment, un coup de pioche. Elle a perforé la nuque au niveau de l'occiput, pour venir pulvériser le bulbe rachidien. La mort est propre et garde le corps intact, ce qui permet de le disséquer facilement. Regardez..."
Ouais. En fait, j'étais peut-être mieux à discuter de crevettes et d'arbres-champignons qu'avec ces gars... POURQUOI CE TYPE EST EN TRAIN DE DECOUPER UN RAT MORT EN PETITS MORCEAUX ET DE SORTIR LE CERVELET DE LA BOITE CRÂNIENNE ! PUTAIN DE CINGLÉ !
Bref, passons, passons...
"Bon... On peut y aller ?"
"Oui, j'ai fini.
Finalement, nous entrons dans les galeries. Bon, le cinglé blond connaît le chemin du village, au moins on y sera bientôt. Sauf inconvénient. Comme un type devant nous.
"Vous zêtes qui ? Boaaa. Peu mimporte. Ecartez-vous d'chemin du grand Rick RockKaiser gringalets."
Un grand type. Il doit faire quatre ou cinq mètres et marche du coup plutôt courbé. J'avais entendu dire qu'il y avait des gens nettement plus grand que les personnes normales, sans être pour autant de la race des géants. Je n'y croyais pas vraiment, mais en fait, ben oui, il y en a.
"Bien ton géant le gamin... Epsen, c'est ça ? Il faudra que je t'enseigne la différence entre cinq et cinquante mètres de haut..."
"Écarte toi de mon chemin, minable pouilleux, je suis le sublime Lloyd Barrel !"
L'homme rigole en entendant Lloyd l'interpeller.
"Que dis-tu, petit homme ? Tu es s'bas et si frêle que j'narrive pas à t'entendre... Monte à ma hauteur, ou parle plus fort... Ou écarte toi du ch'min du grand Rick !"
J'ai de la peine pour le type... Lloyd va certainement le broyer, vu son caractère...
"Fidèles larbins... Avancez sans moi. Je vous rejoint bientôt. Oh, et Galowyr, j'ai besoin de toi un instant..."
Je me fout de voir le type crever, mais je préfère ne pas voir le regard satisfait du blond, ni s'il va disséquer la victime du snob une fois celle-ci morte. Autant avancer. Le chat me suit, puis le gamin, et finalement, après une légère hésitation, le blond, qui a l'air déçu. Rapidement, le borgne nous rejoint. Et j’entends un éclat de voix. Bientôt, ce sera des hurlements...
Nous descendons la galerie, lentement, que Lloyd puisse nous rattraper. Et nous voilà finalement en vue de la ville.
"Au fait... Quelqu'un sait quelle option Lloyd a choisie finalement ?"
…
Ce sentiment de vacuité...
"Bon, attendons-le."
Cinq minutes passent dans le silence. Le chat finit son repas. Le borgne est toujours aussi silencieux. Le blond nettoie des couteaux et des scalpels. D'où il sort ça ? Et le gamin semble s'ennuyer maintenant qu'il n'a plus de bottes à cirer.
Dix minutes. Quinze.
"Putain, que fait ce con... Attendez-moi là, je vais le chercher."
Je remonte la galerie. Qu'est-ce qui lui prend tellement de temps ? L'autre blond n'a pas déteint sur lui, et il n'est pas en train de le mettre petit à petit en pièces j'espère...
"S'le mioche, laisse moi sortir, ou... Ouch. Arrête ça b'sang de b'soir je... Aie !"
Ok... Il est bien en train de le torturer... Quoique ce ne sont pas des hurlements horrifiants... Mais...
QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ?
Le grand Rick est enfoncé dans le sol jusqu'au cou. Ou plutôt jusqu'aux épaules, avec les bras encastrés avec le reste du corps dans la pierre. L’œuvre de Galowyr, sans doute. Toujours est-il que le pauvre type ne peut rien faire à part agiter la tête et vociférer.
Et Lloyd... Lui tourne autour de la tête du type, en boucle, en lui donnant des coups de pieds ou de genoux « par inadvertance » en faisant ses petits tours.
"Sort moi d'là ou je... Aie !"
"On me parle ? Cela viens de si bas que je n'entends rien. Monte à ma hauteur pour me parler."
"Je vais te... Ouch !"
"Cela viens de trop bas. Je n'entends rien ! De trop bas ! Je n'entends rien !"
Mais... Quel... Gamin...
"LLOYD PUTAIN, ON T'ATTENDS !"
"Encore un tour. Non, deux."
J'attrape le snob par la manche (non sans qu'il refasse un demi-tour pour filer encore un coup de pied au mineur), et l'emmène vers le bas de la galerie.
"SORTEZ MOI DE LÀ !"
Purée... Le snob et son ego... Comme si on avait du temps à perdre.
Ah oui ? Et pourquoi es-tu pressé au juste?
Oui, pas faux. Sans doute que j'ai envie de me tirer d'ici, et de repartir sur North Blue. Franchement, qu'est-ce que je fous là ?
"Bien, mes fidèles serviteurs..."
Ah. nous revoilà auprès des quatre lascars...
"Nous allons nous séparer dans la ville et trouver des informations sur le Monolithe. Rendez-vous ici même dans deux heures."
C'est ça le plan ? Option quatre, on se promène et on interroge des gens aux pifs ? Quel crétin...
Mais les autres semblent s'en satisfaire. Bon allez, je me tire d'ici.
Je finis la descente vers la « ville », si on peut appeler ce trou à rats (ahah, fabuleux jeu de mots!), une ville. L'endroit semble un peu agité d'ailleurs... Et... Purée... Lloyd l'avait assommé, mais là, c'est bien Varayaman que je voit, dans la ville, un bandage sur le crâne.
Et alors, on s'en tape de ce prophète à la gomme... Quoique, attends...
Réfléchis, idiot.
C'est toi qui me dis ça ? On aura tout vu...
Si Lloyd lui tombe dessus. Ou un de ses nouveaux larbin débile... Et que ce crétin de prophète leur apprend que j'essayais de monter la ville contre le snob...
Lloyd pourrait ne pas y croire. Mais il pourrait aussi décider que maintenant qu'il n'est plus tout seul avec toi, tu lui es moins indispensable...
Mouais... Lloyd a déjà eu des compagnons, aucun n'est resté bien longtemps. Je ne serais pas surpris que ceux-là se tirent aussi dès qu'ils réaliseront la stupidité de leur chef. Quoique le gamin a l'air d'un bon lèche-botte de base.
Mais pour l'instant, vous n'êtes pas que deux, et donc...
Pas de témoin gênant !
Et revoilà le tueur.
Ta gueule, tu penses à la même chose que moi.
Je ne le nierais pas.
Je m'éloigne aussitôt du centre des rues, et longe les murs, au maximum dans l'ombre.
Personne aux alentours, parfait...
Varayaman descend la rue, rapidement. Je l'intercepte et l'attrape par derrière, passant mon bras autour de sa gorge.
Un coup de couteau, dans le dos, perçant le cœur, pendant que je le bâillonne, puis un autre sur la trachée, pour être sur, et je tire un cadavre dans un coin sombre. Voilà, ni vu, ni connu.
Ou plutôt vu et connu...
"Joli coup de couteau. Tu as peut-être un brin de fibre artistique... Même si tu m'a énervé à me faire courir, je vais peut-être te laisser vivre un peu."
"..."
Je réponds quoi à ça ? Taré ?
Enfin, Ylvikel se barre. Et j'ai éliminé le témoin gênant qui... Attend, il me suivait ? Pour me buter ? Putain de blond taré ! Mais si j'arrive à le monter contre Lloyd, les chances de survie du snob vont baisser...
Bref... Des informations...
J'entre dans ce qui semble être, euh... une maison ?
"Il y a quelqu'un ? Excusez-moi..."
"Quoi ? Quoi qu'vous voulez ?"
Personne ne sait parler correctement ici ou quoi ? J'en ai marre de cette manie d'avaler les mots qu'ont ces foutus mineurs... Ou d'en inventer de nouveaux.
"J'aurais quelques questions..."
"V'zetes chez moi..."
"On peut sortir, si vous voulez. Et je suis même près à payer quelques pièces pour avoir des réponses..."
"Quoi qu'vous voulez savoir ?"
Dès qu'on propose de payer... Putain de mineurs vénaux.
"Vous avez entendu parler du Monolithe ? C'est quoi exactement, et il est où ?"
"Oui, l'Monolithique. HAL en parle parfois. Il dis qu'il faut eggstère-miner les rataupes pour le trouver. S'tun caillou."
"Exterminer. Pourquoi ? Les rataupes vivent dedans ou quoi ?"
"J'sais pas moi. Mais le seul endroit de l'île que HAL a pas fouillé, c'est là d'où que sortent les rataupes qui le gêne. Donc il nous dit d'aller par là-bas."
"Ça a une certaine logique... En gros il faut chercher où les rataupes vivent du coup."
"V'voulez venir avec nous ?"
"Avec vous ?"
"HAL, il ordonne des attaques. Et il les mène parfois. Aujourd'hui, on doit attaquer la galerie la plus au sud. Vlà toujours plein de rataupes par l'coin là-bas. Si v'voulez donner un coup de main, on y va à trois heures..."
"J'y réfléchirais... Et ce HAL, c'est qui ?"
"S'tun robot tout-puissant qui écrapatchouille les ennemis avec ses poings. Ça fait sprotch quand il se bat."
"Un robot ?"
Sur cette île sous-développé, un robot ?
"Par contre, l'sécolos, y zont eu vents de l'attaque d'aujourd'hui, et y veulent défendre les rats. "
"Les écolos ?"
"Ouais. Mamzelle JoAnne et M'sieur Gojira qu'il se nomment. Des beaux salauds."
"D'accord... Donc, si je résume... Un robot pense que le Monolithe, dont on ne sait pas ce que c'est, se trouve là ou il y a plein de ces rats dégueulasses. Donc vous allez attaquer les rats, avec peut-être l'aide du robot en question s'il se sent l'envie de venir, mais des écolos vont essayer de vous en empêcher."
"C'est ça."
C'est quoi le bordel avec cette île...